Category: Ecologie

  • Débat écologie.

    Nous avons reçu une lettre intéressante d’un de nos lecteurs qui conteste divers points du dossier écologie paru dans le numéro de juillet-août. Nous sommes heureux de publier ici cette lettre et notre réponse. Si vous aussi, vous voulez réagir à un article, apporter des informations ou donner votre point de vue sur le journal, écrivez-nous. Ce journal n’est pas seulement celui de notre organisation mais il veut être aussi une tribune et un lieu de débat pour ceux qui veulent lutter contre le capitalisme. Alors, à vos bics et à vos claviers !

    > Ecologie et capitalisme: Lutter pour l’un, c’est détruire l’autre


    Ne caricaturez pas la critique « écologiste » du système !

    Cher Nicolas,

    Je vous rejoins entièrement sur l’idée que sauver l’environnement sous le capitalisme est une ineptie (voir dossier écologie, AS n°123). Là où je ne vous suis plus, c’est dans la caricature que vous dressez de la critique « «écologiste » du système.

    Vous présentez le bio comme une arnaque qui « joue sur le sentiment d’insécurité alimentaire » (sic) pour faire un max de profits « sans que l’on sache ce qui est véritablement bio ou pas ». A vrai dire, il suffit de lire les étiquettes…

    Dans les faits, vous reprenez mot pour mot les arguments des tenants de l’industrie agroalimentaire (qui pensent, comme vous, que la chimie est « toujours une source de progrès considérables », adage qu’ils se plaisent à appliquer à grands de pulvérisations car, ô progrès, on récolte plus de blé quand il a poussé sous les engrais et les pesticides) dans un front commun inédit entre marxisme révolutionnaire et multinationales de la bouffe sous vide.

    Si, en attendant la révolution, vous ne voyez pas d’inconvénients à ingurgiter de la viande parfumée aux hormones, des poulets élevés en camps de concentration et des salades respirant des pesticides sous leur cloche en plastique, grand bien vous fasse. On peut se résigner à manger de la m… mais on peut aussi se battre pour que le bio devienne la norme et qu’il soit accessible à tous.

    Pour ma part, je trouve aussi important – oserais-je dire plus ? – de se battre pour manger plus sain que de dénoncer l’augmentation du prix des sacs-poubelles. Car l’augmentation du niveau de vie depuis 30 ans, c’est aussi le boom de la consommation, l’aliénation sur écran plat, les caddies qui débordent de boustifaille industrielle, les jantes chromées pour avoir l’impression de briller et les frites grasses les soirs de foot.

    Pas de niveau de vie sans qualité de vie et vice versa. Luttes économique et lutte politique. IL faut se battre sur tous les fronts. Le bio ne changera pas le monde mais les 32 heures sans perte de salaire non plus. Toute critique du système (de gauche s’entend) est bonne à prendre, encore plus quand des gens s’organisent pour la transformer en lutte. Plutôt que de faire de chaque contestation une impasse, voyez-y plutôt une porte ouverte… parce que, quand vous assimilez la logique des partisans de la décroissance à celle des gouvernements qui appliquent des politiques d’austérité, vous sombrez dans le sectarisme burlesque.

    Il ne s’agit pas seulement de prôner un nouveau parti des travailleurs sur papier, il faut surtout prendre des positions politiques concrètes qui vont dans ce sens. Il ne faut pas diviser artificiellement, il faut unifier.

    Au plaisir d’en débattre avec vous.

    Bernard MOCH,

    Prof et berger


    Nous ne pensons hélas pas le faire…

    Cher Bernard,

    Nous accordons bien évidemment une grande importance à la qualité de vie de la population et dénonçons donc l’utilisation irresponsable de produits chimiques dans l’alimentation. Mais pour nous, lutter pour une alimentation saine passe obligatoirement par le changement radical du système. Et il ne s’agit pas d’attendre celui-ci, il s’agit d’en favoriser l’arrivée le plus rapidement possible.

    Pour obtenir une « étiquette bio», il faut respecter les termes d’une charte dont différents organismes de contrôles assurent le respect. Même si des tricheries existent, elle semblent moins nombreuses que dans d’autres domaines, et c’est heureux. Mais derrière ce terme de bio, différentes réalités existent, du bio artisanal au bio industriel, du bio local aux produits suremballés ramenés de l’autre bout du monde pour seules raisons d’avantages financiers. Même des multinationales pharmaceutiques investissent maintenant dans ce marché devenu très porteur et rentable.

    De l’autre côté, si nous admettons bien qu’il existe toujours – dans le sens de « encore actuellement » et pas de « du début à la fin des temps » – des progrès apportés par la chimie, nous ne nous plaçons pas du même côté que les multinationales qui utilisent ce fait comme feuille de vigne pour cacher leurs pratiques dictées par la seule logique de profit. Pas de front commun inédit cette fois-ci, donc…

    Si nous sommes, vous et nous, d’accord sur l’absolue nécessité de sortir du capitalisme, la majorité des militants « bio » veulent convaincre les gens un à un d’une autre manière de s’alimenter, dans un système où les médias, l’éducation et la distribution alimentaire sont aux mains des capitalistes ou de l’Etat qui les protège. Pour beaucoup de ces militants, produire et manger bio est même devenue une fin en soi, qui rend superflue une véritable activité politique.

    Pour nous, c’est le processus de la lutte collective qui permet de créer les conditions matérielles pour intervenir sur les mentalités. L’éducation seule ou la petite production « éthique » à l’intérieur du capitalisme ne peut suffire à ronger jour après jour des habitudes entretenues par celui-ci.

    A ce titre, une revendication comme le partage du temps de travail entre les travailleurs et sans perte de salaire (les 32 heures) est un mot d’ordre qui nous semble bien plus capable de modifier le système dans la mesure où il met en lumière l’opposition entre les besoins pressants de la majorité et le droit de propriété d’une minorité.

    Je terminerai cette (courte) réponse en précisant que mettre en avant nos critiques est un gage d’honnêteté et non de sectarisme. C’est à notre sens une base plus saine pour envisager des actions en commun, en connaissance des positions de chacun. J’espère donc vivement vous retrouver bientôt dans les luttes à venir, côte à côte malgré nos divergences.

    Nicolas CROES

  • Marx et Engels : défendre les travailleurs, c’est défendre leur milieu

    Certains, dès le 19e siècle déjà, ont cependant refusé de se laisser enfermer dans de faux problèmes comme d’opposer l’écologie à la technique ou de dire que le combat environnemental dépasse les clivages politiques. Parmi eux se trouvaient Karl Marx et Friedrich Engels, les auteurs du Manifeste du Parti Communiste.

    Nicolas Croes

    Friedrich Engels disait par exemple : « qu’il s’agisse de la nature ou de la société, le mode de production actuel tient uniquement compte du résultat immédiat manifeste ». Pour eux, c’est le capitalisme, et non l’industrie, qui est le véritable virus à la base de la dégradation de l’environnement. Les intérêts à court terme de la minorité qui possède les moyens de production et contrôle la société vont à l’encontre de ceux de l’humanité, avec des conséquences évidentes pour le respect du milieu de vie.

    En prenant exemple sur l’agriculture, Marx déclarait par exemple, bien avant l’utilisation massive des pesticides : « Tout l’esprit de la production capitaliste, axée sur le gain d’argent immédiat, est en contradiction avec l’agriculture, qui doit desservir l’ensemble des besoins permanents des générations humaines qui se chevauchent». Il précisait : « Chaque progrès de l’agriculture capitaliste représente un progrès non seulement dans l’art de dépouiller le travailleur, mais dans celui d’appauvrir la terre ; toute amélioration temporaire de la fertilité des sols rapproche des conditions d’une ruine des sources durables de cette fertilité ».

    Engels, dans son ouvrage La dialectique de la nature, allait dans le même sens : « Nous ne dominons nullement la nature à l’instar du conquérant d’un peuple étranger, comme si nous étions placés en-dehors de la nature (…) toute la souveraineté que nous exerçons sur elle se résume à la connaissance de ses lois et à leur juste application, qui sont notre seule supériorité sur toutes les autres créatures. En effet, chaque jour, nous apprenons à mieux pénétrer ses lois et à reconnaître les effets plus ou moins lointains de nos interventions (…). » Il avertit cependant qu’arriver à une solution « exige de nous autre chose qu’une simple connaissance », et « nécessite le bouleversement total de notre production, y compris l’ordre social actuel dans son ensemble (…) Le profit obtenu par la vente est le seul et unique mobile du capitaliste (…) ce qui advient ultérieurement de la marchandise et de son acquéreur est le dernier de ses soucis. Il en va de même quand il s’agit des effets naturels de ces agissements».

    Tous deux ont finalement démontré que la société industrielle et la nature ne sont pas incompatibles. Mais la production industrielle doit être organisée de manière consciente, planifiée dans les intérêts de tous et avec la participation de tous, afin d’éliminer les gaspillages et la logique de profit à court terme qui définit notre société actuelle. C’est cette dernière qu’il faut changer de fond en comble, radicalement. Toute position intermédiaire ne saurait être que l’équivalent d’une aspirine donnée à un cancéreux.

    URSS et Chine « populaire »

    Bien évidemment, quant on met en avant comme solution de détruire le capitalisme pour résoudre, entre autres, les problèmes environnementaux, un simple regard porté sur la pollution qui sévit en ex-Union Soviétique ou en Chine ne pousse pas à aller plus avant sur cette voie. Actuellement, un cinquième de la population russe vit dans une région tellement sinistrée écologiquement qu’elle est un danger pour la santé. De même, les pluies acides couvrent un tiers du territoire chinois.

    Pour nous, le « socialisme » qui a été appliqué dans ces pays n’a finalement été qu’une caricature sanglante caractérisée notamment par un productivisme à outrance. Pour fonctionner, une économie planifiée a besoin de démocratie comme un corps a besoin d’oxygène. En ce sens, le règne dictatorial de la bureaucratie dans ces pays n’a pas eu uniquement comme conséquence la répression, les déportations et le goulag mais aussi des dégâts causés à l’environnement qui devront encore être supportés par de nombreuses générations. De plus, tant le passage brutal de la Russie à l’économie capitaliste que la transition accélérée sur la même voie qui se déroule actuellement en Chine n’ont en rien atténué cette situation. Bien au contraire.

    Sauver l’environnement par la lutte collective

    En définitive, le peu de mesures qui ont été prises sont concentrés dans les pays développés, là où la pression de l’opinion publique et parfois les mobilisations populaires ont pu porter. Mais la pollution n’entre que légèrement en ligne de compte dans les politiques des gouvernements et des dirigeants des multinationales. Sinon, une autre politique serait mise en œuvre, basée sur le développement des transports publics, une meilleure utilisation des transports ferroviaires et fluviaux, une relocalisation des activités de production,…

    En France, la première législation face aux effets toxiques aux environs des usines date de 1810, bien avant toute loi en faveur des travailleurs et même des enfants. Si les travailleurs ont réussi entre-temps à obtenir des améliorations de leurs conditions de travail, c’est par leur lutte collective pour arracher des acquis aux exploiteurs des industries et de la finance. La lutte pour la sauvegarde de notre planète doit suivre la même voie. Par la lutte, retirons des mains des profiteurs la direction de la société !

  • Ecologie et capitalisme: Lutter pour l’un, c’est détruire l’autre

    Chaque année, la forêt amazonienne, qui représente le tiers des forêts tropicales au monde, perd près de 30.000 km2, soit une superficie proche de celle de la Belgique. Plus de 30.000 espèces végétales, dont une grande partie ont des vertus médicinales, sont en conséquence menacées. Ce poumon vert disparaissant est révélateur d’un cancer généralisé de notre environnement.

    Dossier par Nicolas Croes

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    Quelques données intéressantes…

    Vous l’aurez remarqué, ce dossier n’a pas vraiment été élaboré pour être une analyse des aspects techniques des problèmes écologiques. Il nous paraissait plus intéressant de développer ici comment, en tant que marxistes, nous nous positionnons contre la dégradation de notre milieu de vie.

    En partant de l’idée que le lecteur était plus intéressé par le fait de découvrir cet aspect – et partait donc avec un minimum de conviction sur l’intérêt de se préoccuper des enjeux environnementaux – cet article ne pouvait que manquer de chiffres et de données sur l’ampleur de cette problématique. Toutefois, comme ce texte est également une base pour que chacun puisse argumenter autour de lui, voici une liste de quelques données « choc », hélas loin d’être complète…

    • A l’échelle de la planète, sont produits chaque année :

      – 2 milliards de tonnes de déchets industriels solides

      – 350 millions de tonnes de déchets dangereux

      – 7.000 tonnes de déchets nucléaires, alors qu’on ne sait toujours pas comment faire pour s’en débarrasser.

    • Les entreprises des pays riches, membres de l’OCDE, sont responsables à 90% de la production de ces déchets.
    • La pénurie d’eau constituera à l’avenir une grave source de conflits. Entre 1960 et 2025, la ressource en eau par personne sera passée de 3.430 mètres cubes à 667. Le seuil d’alerte est de 2.000 mètres cubes…
    • La désertification fait disparaître 6 millions d’hectares de terres cultivables par an.
    • 6.000 espèces animales disparaissent chaque année.
    • La déforestation, une des causes majeures de l’effet de serre, fait perdre aux forêts tropicales, qui hébergent 70% des espèces vivantes recensées sur la terre, de 1,5% à 2% de leur territoire par an.
    • A titre d’exemple, en France, les transports représentent 34% des émissions de gaz carbonique. Mais ce ne sont pas les voitures qui causent l’écrasante majorité de cette pollution. Les transports de marchandises par les routes, plus rentables que par voie ferrée à cause des très mauvaises conditions de travail et de salaires des routiers, représentent 94% de ce chiffre.
    • Le protocole de Kyoto ne contient aucune obligation pour les pays signataires. Ses objectifs sont pourtant très modestes… et ne constituent que 3% de l’effort à réaliser pour freiner effectivement le réchauffement climatique ! S’il était vraiment respecté, il ne correspondrait qu’à une diminution de la température de 0,6°C pour une hausse évaluée entre 2°C et 4°C pour 2050. En guise de comparaison, lors du maximum de la dernière période glaciaire il y a 18.000 ans, la température n’était que de 4°C inférieure à la moyenne actuelle… A l’époque, le niveau des mers était 100 mètres sous le niveau actuel et les deux tiers de la France étaient recouverts de glace. Cela ne donne qu’une légère idée des bouleversements qui nous attendent.

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    A cela il faut ajouter que de nombreux peuples d’Amazonie qui n’ont quasiment jamais eu de contacts avec le monde moderne ne prennent donc conscience du danger qui leur fonce dessus que lorsque les bulldozers écrasent leurs villages. Avec la plus grande audience que reçoivent désormais les problèmes environnementaux, c’est l’ensemble de la société aujourd’hui qui semble être un de ces villages reculés faisant face à une désolante réalité. Avons-nous également aussi peu de moyens que les Indiens amazoniens pour défendre la qualité de vie sur notre planète?

    De cette question découle bien évidemment une avalanche d’autres. Et pour nous, qui nous revendiquons du marxisme révolutionnaire, vient s’ajouter une question supplémentaire : ne doit-on pas mettre de côté la lutte pour le socialisme pour parer au plus pressé ? Ne doit-on pas en premier lieu se soucier de la terre qui porte l’Homme avant de se soucier de la manière dont est organisée sa société ?

    Comme le titre de cet article l’aura indiqué, il s’agit au contraire pour nous d’un seul et même problème. Ce qui nous différencie avant tout des « écologistes » officiels est que – pour la plupart d’entre eux, et dans le meilleur des cas – ils se limitent à une critique de certaines caractéristiques du système d’exploitation capitaliste sans approfondir plus avant la réflexion sur les causes mêmes de ces symptômes.

    Ecologie et progrès : conciliation impossible ?

    Evidemment, les lésions provoquées à l’environnement du fait des activités humaines ne sont pas un phénomène neuf. Les auteurs antiques, par exemple, mentionnaient déjà dans leurs textes les problèmes écologiques créés par le développement de l’Empire romain. Mais au niveau environnemental également, l’émergence et la domination de la grande industrie capitaliste a été une date fondamentale, le début d’une dégradation écologique qui n’a cessé de s’amplifier jusqu’à l’aggravation dramatique de ces dernières décennies.

    Mais si l’on constate déjà les dégâts des fumées malsaines qui couvrent les villes industrielles anglaises au 18e siècle, si dès 1860 des scientifiques pointent du doigt les risques d’un changement climatique dû au rejet industriel de gaz carbonique, les questions posées comprenaient une bonne dose de fatalisme : le massacre de la nature n’est-il pas inévitable avec le « progrès » ? Faut-il rejeter la grande industrie en tant que telle ?

    Ces courants précurseurs de l’écologie étaient en fait issus de couches relativement aisées de la société qui avaient le loisir de se soucier de leur qualité de vie. La classe ouvrière se préoccupait elle aussi de sa qualité de vie, misérable, mais celle-ci se heurtait frontalement à l’exploitation du système capitaliste, alors que les couches plus aisées n’en percevaient en fait que les effets secondaires.

    Ce constat vaut également pour les mouvements écologistes qui sont apparus dans le courant des années ’70. Faute de véritable analyse de fond de la société, bien des « solutions miracles » proposées par ces groupes aboutissaient, et aboutissent encore, à une impasse dès qu’ils sortent de leur petit cas personnel.

    L’impasse des solutions individuelles

    Il y a par exemple la théorie de la surpopulation. Il y aurait ainsi trop d’humains sur la terre (et ce sera encore pire demain) par rapport à ses réserves énergétiques et aux ressources alimentaires. Et compte tenu de l’impact croissant sur l’environnement, la nature ne pourrait ainsi pas supporter tout le monde. Elle a bon dos, la nature. Cette idée est surtout l’expression d’un refus de changer quoi que ce soit. Comme la population augmente plus vite dans les pays du Tiers-Monde, cela revient à dire qu’il faut s’en prendre aux plus pauvres : ne changeons rien à notre gaspillage, les autres peuvent bien souffrir ! Nous pensons au contraire qu’il n’y a pas de surpopulation absolue et que les dernières décennies montrent que la croissance de la population diminue fortement avec l’élévation du niveau de vie, d’éducation et de santé (notamment à travers les progrès de l‘émancipation des femmes et la création de systèmes de sécurité sociale qui ne sont plus limités aux liens familiaux).

    Le retour aux valeurs prétendument « authentiques » est une autre ineptie « écologique ». Dans les années ‘70, il s’agissait d’aller à la campagne pour vivre comme un berger, maintenant on préfère mettre en avant la nourriture bio. Mais la science ne saurait être accusée de tous les maux, et l’opposition à la chimie, devenu synonyme de poison, est par exemple une bonne manière de ne pas se poser trop de questions. De plus, en jouant sur le sentiment d’insécurité vis-à-vis de l’alimentation, les produits biologiques peuvent être vendus à un prix plus élevé (avec bien entendu des profits plus élevés). Car l’alimentation bio est maintenant devenue un véritable business, alors que ce qui est ou n’est pas un produit véritablement biologique n’est pas très clair… au contraire du montant à payer !

    La chimie a été une source de progrès considérable et c’est toujours le cas. Ce n’est en rien la science ou le progrès qui est à dénoncer, mais bien son utilisation – à courte vue et de façon systématiquement orientée vers la recherche du profit – dans le cadre du système capitaliste. En poussant cette logique erronée de rejet du progrès, certains groupes écologistes ont même été jusqu’à refuser les vaccinations obligatoires, au risque d’être eux-mêmes porteurs de maladies pour les autres.

    Autre théorie : celle de la décroissance soutenable. Face à des ressources qu’il convient de ne pas épuiser davantage, la solution serait simplement… de consommer moins. Il vaudrait ainsi mieux défendre le milieu de vie plutôt que le niveau de vie. Cette logique de la pénurie est finalement un pendant « progressiste » de la logique d’austérité défendue par les gouvernements et la bourgeoisie (pour les autres…) depuis le début de la crise en 1973-1974. C’est une fois de plus une théorie qui vise à culpabiliser les consommateurs, cette fois en critiquant leur acceptation du système.

    Mais la seule manière d’arriver à stopper le gaspillage n’est pas de s’en prendre à des individus qui ne contrôlent pas la société, mais bien de mener la lutte pour une société orientée différemment, vers les besoins de tous. Doit-on mettre les victimes de l’exploitation capitaliste sur le même pied que les responsables de cette exploitation ?

    Si les partis « écologistes » traditionnels ne sont d’une manière générale pas embourbés dans de pareilles théories, ils n’en demeurent pas moins porteurs de méthodes sans lendemain. Ainsi, « l’union nationale pour le climat » proposée par ECOLO part de l’idée que toute la population est logée à la même enseigne : propriétaires d’entreprises et travailleurs seraient également pollueurs et victimes. Il suffirait donc de réunir tout le monde autour de la même table pour trouver des solutions. C’est volontairement mettre de côté que les plus grands pollueurs sont les entreprises, qui par ailleurs décident de ce qui est produit et de la manière dont est organisée cette production, en fonction de leurs seuls intérêts et non de ceux de la collectivité. C’est aussi une belle preuve de naïveté. Pour les patrons et les actionnaires, tout est à sacrifier à l’autel du profit. La rentabilité et la compétitivité des entreprises seront toujours favorisées au détriment de l’environnement tant que la population n’imposera pas par la force le respect du bien commun.

  • Changements climatiques : Les prix vont suivre la température

    La question de l’écologie et de la préservation de notre environnement est vue parfois comme un problème secondaire, comme une préocupation réservée à ceux qui n’ont que cela à faire. Le cynisme n’est pas étranger au regard que certains portent sur les modifications du climat : « plus de soleil, plus de bronzage ! ». Pourtant, il s’agit d’un problème crucial et pour notre avenir immédiat également.

    Souvent, les militants écologistes ont été vus comme des farfelus. Mais bon, il est vrai que pour un travailleur aux prises avec l’exploitation qu’il subit sur son lieu de travail – avant de replonger dans la vie familliale et les problèmes des enfants, des factures à payer,… – il n’est pas toujours évident d’être sensible au drame que représente la disparition d’un petit mammifère en Asie. D’autant plus que les solutions proposées par les Verts – « officiels » et autres – n’ont régulièrement été que des délires utopistes ou des taxes supplémentaires (évidemment, uniquement pour les consommateurs afin de ne pas effrayer les principaux pollueurs que sont les entreprises).

    Depuis quelques temps, les rapports du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), d’autres organismes similaires ou encore ceux de l’ONU ont fait la une de l’actualité. Il est maintenant devenu complètement absurde de nier les effets de l’activité humaine sur la terre. Mais pour beaucoup de gens, les chiffres donnés restent abstraits ou lointains. Pourtant, 50 millions de « réfugiés écologiques » en 2010 à cause des sécheresses et innondations croissantes, ce n’est pas rien. Le culte de l’individualisme qui a déferlé sur la société ces dernières années n’est pas pour rien dans le désintérêt surprenant à l’égard des enjeux du problème.

    Un article paru dans le « Wall Street Journal » et relayé dans le « Courrier International » du 10 au 15 mai donne des données beaucoup plus concrètes sur l’impact du réchauffement climatique sur notre quotidien immédiat. Tout l’article est centré autour de la flambée des prix (l’inflation) alimentaires qui va découler des mauvaises récoltes dues aux températures anormalement élevées et à l’absence de pluie.

    Par exemple, dans le Land de Saxe, dans l’est de l’Allemagne, les prix des denrées alimentaires ont augmenté quatre fois plus que les autres produits de consommation durant le mois de mars de cette année. Et dans l’ensemble du pays, le volume des pluies a été 90% inférieur à la normale durant le mois d’avril. « C’est le mois d’avril le plus sec, le plus chaud et le plus ensoleillé jamais enregistré » déclare le service national de météorologie allemand.

    En France, les températures durant ce mois ont été globalement 10% supérieures aux moyennes saisonnières tandis qu’en Espagne, les bassins de rétention d’eau ne sont remplis qu’à 40% de leur niveau normal. De fait, le mois d’avril 2007 a été le plus sec depuis au moins un siècle en Europe ; jamais en Belgique nous n’avons connu de pareilles chaleurs en avril depuis au moins 1830.

    En Italie, l’organisation patronale redoute les fermetures d’usines durant l’été et le gouvernement est sur le point de décréter l’Etat d’urgence.

    La Banque d’Angleterre a, quant à elle, expliqué que si le Royaume-Uni a eu une inflation de plus de 3% c’était en raison « d’une hausse des prix alimentaires provoquée par une réduction mondiale de l’offre en raison des conditions climatiques ». Et si l’inflation annuelle a atteint 3,1% en mars, les prix de la production agricole ont connu une inflation deux fois supérieure.

    Le tableau est similaire partout en Europe. « L’augmentation des prix est imminente » déclare le patron de Pinguin (conditionneur belge de légumes surgelés). Les prix se situent à « un niveau trompeusement bas depuis des années» dit-il encore.

    Il y a d’ailleurs encore quelques mois, les organisations agricoles misaient sur des récoltes exceptionnelles en raison de l’hiver particulièrement doux que nous avons connu. L’Union Européenne avait même commencé à vendre ses stocks de blé, ce qui avait en conséquence fait diminuer (un peu) les prix.

    Le problème ne se situera pas seulement au niveau de l’alimentation, mais également au niveau de l’électricité car la pénurie d’eau aura aussi des effets sur les centrales électriques.

    A cela, on peut encore ajouter que la canicule de 2003 avait causé plus de 70.000 décès à travers l’Europe et que les services de soins de santé publics se sont dégradés depuis lors…

    Tout ces éléments démontrent que les questions environnementales nous concernent réellement tous. Il est urgent de réfléchir aux solutions à mettre en oeuvre face à la dégradation de l’environnement et ses conséquences, comme par exemple la montée des prix de l’alimentation.

    Conscientiser… ou culpabiliser ?

    De nombreuses campagnes sont mises en oeuvre pour « conscientiser le citoyen ». Il est certain que le gaspillage d’eau et la pollution sont l’oeuvre de toutes les couches de la société, mais en définitive, les véritables responsables ne sont pas les personnes visées par ces campagnes. Culpabiliser le « citoyen » est un moyen commode pour masquer les premiers pollueurs.

    Dans un système basé sur la compétition entre entreprises, il est logique de voir leurs propriétaires faire ce qu’ils peuvent pour éviter de couler. La course aux profits est une nécéssité si un entrpreneur ne veut pas finir dans les poubelles de l’économie. Alors, avec une logique pareille, l’environnement, on s’en préoccupe peu. Pas assez rentable. Frein à la liberté d’entreprendre.

    Alors, comme l’ensemble des politiciens tiennent pour acquis que ce sont les entreprises qui créent l’emploi et qu’il faut les séduire et non les effrayer, on ne fait rien à leur niveau. Et si des lois passent, leur respect est encore tout théorique, sans parler des entreprises qui préfèrent payer des amendes qui reviennent de toute façon moins chères que le respect des normes.

    Donc… on s’attaque au « citoyen ». Mais les taxes touchent tout le monde de la même manière : le patron de Fortis paie la même taxe sur sa cannette de Coca que le livreur intérimaire de Pizza Hut. Il en va de même avec les incitants pour produits écologiquement meilleurs, comme par exemple les voitures moins polluantes. Mais, dans les faits, ce n’est même pas le cas. Car quand on a les moyens, ce n’est pas un problème de changer de voiture, d’installer une série de panneaux solaires ou de consommer des produits plus respectueux de l’environnement, mais aussi plus chers. En définitive, quand on « conscientise le citoyen », on attaque en réalité les travailleurs, les chômeurs, les femmes au foyer, les jeunes,… La majorité de la population ne pourra pas adapter son comportement puisqu’elle n’en a pas les moyens, et en a d’ailleurs de moins en moins.

    De toute façon, les nouveaux impôts ne servent bien souvent même pas à augmenter le budget pour la protection de l’environnement.

    Que faire donc ? L’écologie et le capitalisme sont opposés. Lutter pour préserver l’un, c’est détruire l’autre. Le capitalisme est basé sur le gaspillage. La loi du marché et de la concurrence signifie que personne ne sait ce qui est produit avant que cela le soit. Un peu comme si un étudiant allait à son examen de math pour voir ce qu’il doit étudier. Dans ces conditions, on produit trop et sans que cette production ne soit même nécessaire puisque la base est de rapporter aux actionnaires et aux chefs d’entreprises et non de satisfaire les besoins de la population.

    Le système qui préserverait le mieux l’environnement est une économie démocratiquement planifiée, c’est-à-dire où les moyens de produire sont aux mains des travailleurs – et non pas d’une minorité de profiteurs – qui décideraient eux-même de ce qu’ils doivent produire en fonction de leurs besoins. Et parmi ces besoins figure la protection de la planète. L’écologie et le marxisme révolutionnaire sont étroitement liés, contrairement à l’image qu’à pu en donner la caricature productiviste stalinienne des ex-pays « socialistes ». A la lutte pour nos emplois, contre la cherté de la vie, contre le racisme,… doit être liée la lutte pour la préservation de notre éco-système.

  • Réchauffement climatique: et s’il était déjà trop tard?

    Un capitalisme écologique est-il possible?

    Les grands développements industriels sous le capitalisme se sont appuyés sur l’exploitation de ressources énergétiques non renouvelables, principalement le charbon et le pétrole, libérant quantité de gaz -dont le CO2- qui provoquent ce qui est appelé “réchauffement climatique”.

    Vincent Devaux

    Les conséquences des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre sont connues depuis des dizaines d’années. Ainsi aux USA, en 1979, le rapport Charney (du nom du météorologue du M.I.T.), commandé par le gouvernement, concluait déjà "Si les émissions de dioxyde de carbone continuent d’augmenter, le groupe d’étude ne voit aucune raison de douter que des changements climatiques en résulteront, et aucune raison de penser que ces changements seront négligeables" (1). Ce même rapport prévoyait l’augmentation de la température moyenne de la surface du globe… mais le capitalisme raisonne à court terme.

    Aujourd’hui on ne peut que constater à quel point ces experts et beaucoup d’autres avaient raison. Il est désormais admis par la grande majorité de la communauté scientifique – et même des politiciens – que le réchauffement climatique est la conséquence des activités de l’être humain et qu’il va entraîner de grands changements capables de remettre en question le bien-être de centaines de millions de personnes.

    Les effets de ce réchauffement sont multiples – réchauffement de l’atmosphère, réchauffement et acidification des océans, fonte des glaces maritimes, retrait des glaciers – et les scientifiques s’affrontent désormais pour donner une estimation de la gravité des effets et de leurs conséquences "secondaires". Dans les milieux scientifiques, on parle beaucoup de ‘rétroaction positive’, ce qui signifie que les conséquences négatives du réchauffement provoquent elles-mêmes d’autres aggravations; un peu comme en économie, les intérêts d’une dette importante amplifient la dette elle-même (l’effet "boule de neige"). Et comme le CO2 persiste des dizaines d’années dans l’atmosphère, le pire est à venir.

    Les conséquences directes pour l’homme sont d’ores et déjà importantes: modifications de la biodiversité, augmentation de maladies comme le paludisme et le choléra, famines, inondations, vagues de chaleur et de sécheresse, avancées de la désertification. Selon les perspectives de l’ONU et le récent Rapport Stern, il pourrait y avoir 50 millions de "réfugiés environnementaux" en 2010 et 200 millions en 2050 (2).

    Une prise de conscience?

    Si on suit l’actualité, on pourrait croire que les politiciens prennent désormais le problème à bras le corps (ils pourraient même le penser eux-mêmes). Le docu-film d’Al Gore, La vérité qui dérange, fait le tour du monde depuis le mois d’octobre. Du 6 au 17 novembre s’est tenue à Nairobi, capitale du Kenya, la 12e Conférence mondiale sur le réchauffement climatique et quelques jours plus tôt est sorti le Rapport Stern (3), du nom de l’ancien économiste de la Banque Mondiale, analysant en termes financiers les conséquences du réchauffement. Stern a évalué l’impact de celui-ci à 5.500 milliards d’euros d’ici 2050 et prédit que le réchauffement aura un impact comparable à celui des guerres mondiales ou à la crise économique de 1929.

    Toutes ces initiatives, si elles ont le point commun positif de populariser la problématique, ont également un point commun plus inquiétant: elles n’apportent pas de solutions à la hauteur du problème.

    Ainsi le Protocole de Kyoto, censé réduire l’émission de CO2 au niveau international, n’a, malgré ses objectifs limités, été ratifié ni par les USA qui sont le plus grand pollueur de la planète (4), ni par l’Australie. Le Canada – qui a augmenté ses rejets de CO2 de 30 % – parle de se désengager, la Russie ne doit le respect des normes qu’à l’effondrement de son économie après 1991. Beaucoup de pays occidentaux continuent à polluer plus qu’autorisé par Kyoto en "rachetant" des volumes de CO2 aux pays moins industrialisés.

    Les pays les plus pauvres attendent des mécanismes de solidarité de financement des pays riches qui n’arrivent pas (le cas de l’Afrique est flagrant). Les solutions – d’inspiration néo-libérale et néo-coloniale – comme les "quotas de CO2" et les "puits de carbone" sont douteuses et contre-productives. Ainsi le système consistant à faire payer par les pays industrialisés le financement de "plantations industrielles" dans les pays du Sud comme puits de carbone retarde la prise de décisions pour réduire l’émission de CO2 dans ces pays industrialisés; de plus, on ne fait qu’exporter le problème du rejet massif de carbone puisqu’un jour ou l’autre, le carbone accumulé dans ces végétaux sera libéré.

    Le nucléaire proposé comme alternative…

    Le protocole de Kyoto est désormais aussi utilisé comme prétexte pour justifier la construction de nouvelles centrales nucléaires, comme "seule alternative crédible au pétrole". Marc Verwilghen, ministre de l’énergie, s’appuie en cela sur le rapport de la commission "Energie 2030", commandé par ses soins sur les besoins énergétiques en Belgique. Ce rapport estime que "la Belgique devrait (…) garder l’option nucléaire ouverte et reconsidérer la fermeture des centrales" (5). Ce type de solution serait du goût du président de la Fédération des patrons d’industrie technologique Agoria et du groupe Umicore, Thomas Leysen, à la recherche d’énergie soit-disant bon marché. Ce n’est pourtant là qu’une manière d’échapper à bon compte à la vraie question qui est celle de financer la recherche et le développement d’énergies renouvelables. Car si on ne met actuellement pas de moyens conséquents permettant d’améliorer leur efficacité et ainsi d’assurer leur généralisation, c’est parce que beaucoup de ces moyens partent vers la recherche nucléaire, en dépit notamment des dangers que représentent les déchets nucléaires pour les générations futures.

    Au cours des 20 dernières années, les Etats membres de l’OCDE ont versé 160 milliards de dollars de subventions au secteur nucléaire rien que pour la recherche et le développement, et il faut à cela ajouter le coût du traitement des déchets et la sécurité. De plus, le projet de fusion nucléaire ne serait fonctionnel au plus tôt que dans…50 ans. De nombreuses questions seraient aujourd’hui résolues si l’argent consacré au nucléaire avait été utilisé en vue d’une politique durable pour développer des énergies respectueuses du cadre de vie des gens. Mais une telle orientation paraît douteuse dans la société de marché.

    Hypocrisie et "solutions" à court terme

    Celui qui apparaît actuellement sur les écrans comme le porte-drapeau de la cause environnementale – Al Gore – est à l’image des limites du système: n’avait-il pas – lorsqu’il était le vice-président de Clinton dans les années ’90 – autorisé le déversement de dioxine dans les océans, et conclut l’ALENA (6) qui définit les réglementations sur l’environnement comme des "distorsions de marché" illégales relevant des tribunaux (7)? Pourrait-il appliquer un programme environnemental radical en étant élu avec l’argent du secteur pétrolier? Pour paraphraser le théoricien socialiste allemand Engels (8), parlant du problème de l’hygiène dans les villes industrielles au siècle dernier, et qui vaut également aujourd’hui sur la question de l’énergie: la bourgeoisie n’a qu’une méthode pour résoudre la question de l’environnement à sa manière, c’est de la résoudre de manière que la solution engendre toujours à nouveau la question… La réponse de la bourgeoisie aux problèmes dans le mode de production capitaliste ne les élimine pas mais se contente de… les déplacer!

    Tant qu’une société permettra que les grandes orientations énergétiques soient aux mains d’actionnaires ne pensant qu’en termes de profits immédiats, dans un système basé sur la concurrence à outrance, nous perdrons du temps et nous aggraverons la situation. Les solutions doivent être trouvées afin de résoudre les problèmes environnementaux ET les problèmes sociaux et non pas les uns aux dépens des autres.

    Un processus transformant radicalement la manière d’utiliser l’énergie ne peut émerger que par la prise du contrôle de la société par les travailleurs conscients des problèmes, au travers de mouvements de luttes sociales et environnementales de plus en plus larges. Et cela en remettant le secteur énergétique, y compris les connaissances et des brevets en matière d’énergie durable, sous le contrôle des travailleurs.

    Ces mouvements vont s’amplifier de plus en plus et ils ne seront pas en reste dans les pays du Sud qui sont confrontés de manière plus aiguë au problème. Notre tâche est d’aller vers ces mouvements et d’y intervenir en défendant une solution socialiste. Cela implique de tisser des liens entre les mouvements environnementaux et les mouvements sociaux et de cristalliser ces luttes au sein de larges partis des travailleurs reprenant les revendications environnementales et se donnant les moyens d’abolir le mode de production capitaliste.


    1. Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The New Yorker " Dans l’arctique en plein dégel ".
    2. Le Soir, 18-19/11/06, " Une vague de réfugiés environnementaux "
    3. http://www.hm-treasury.gov.uk/independent_reviews/stern_review_economics_climate_change/stern_review_report.cfm
    4. Avec 5 % de la population mondiale, les USA rejettent 25 % du total mondial de CO2
    5. Le Soir, " Le nucléaire resurgit ", jeudi 16 novembre 2006
    6. Accord de Libre-Echange Nord Américain, conclu entre les USA, le Canada et le Mexique
    7. Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The Independant , juin 2006
    8. La Question du logement, Friedrich Engels
  • Changement climatique. Un point de vue socialiste

    Les terribles conséquences du cyclone Katrina ont ouverts les yeux des américains sur la politique menée par Bush et Cie. Mais ces effets désastreux soulèvent également des questions sur l’impact du changement climatique. Les scientifiques se disputent aujourd’hui sur cette question: dans quelles mesures l’activité humaine peut-elle être une cause du changement climatique, lui-même à l’origine du nombre croissant de catastrophes naturelles?

    Bart Vandersteene

    En tant que socialistes révolutionnaires nous savons que cette planète est en perpétuel développement, donc que le climat, très lentement, se modifie constamment. Nous savons également que le capitalisme a d’énormes conséquences, pas seulement sur les personnes et leurs relations sociales, mais également sur l’environnement. Dans la discussion scientifique, il n’est pas toujours simple de distinguer les faits de la propagande. Sous le capitalisme monopolistique, la science est aussi un produit commercial. Ceux qui ont de l’argent peuvent diriger des recherches dans le sens des intérêts qu’ils veulent défendre. Mais malgré tout, il y a un consensus sur le fait que la terre se réchauffe, principalement à cause des gaz à effet de serre.

    Les accords de Kyoto de ’97 avaient pour but de réduire les gaz à effet de serre d’environ 5% pour 2012 par rapport à 1990. Des experts pensent qu’une diminution de 60% est nécessaire. La date de référence 1990 n’est pas choisie innocemment. Elle correspond à l’effondrement des Etats staliniens d’Europe de l’Est. Les économies de ces pays étaient presque totalement ruinées et la forte diminution des émissions de gaz à effet de serre qui en découle permettait de rendre les objectifs de Kyoto réalisables.

    Ce qui est étrange, c’est que les accords de Kyoto donnent la possibilité aux Etats de négocier et vendre leurs quotas d’émissions de CO2. Peut-il y avoir encore plus ironique que le ministre Ecolo Deleuze qui propose que la Belgique vende son air propre à la Russie ? Un autre problème avec Kyoto, c’est évidemment qu’il ne propose aucun projet pour après 2012. La problématique nécessite une planification de coordination sur le plan international pour des décennies. Or, le chaos anarchique du capitalisme nous empêche de tenir une planification sur le long terme.

    “Les émissions de gaz à effet de serre (…) sont à l’origine d’un réchauffement de la planète qui revêt aujourd’hui un caractère alarmant et connaît un rythme insoutenable à terme. Quand je dis à terme, je ne veux pas dire à l’horizon de quelques siècles. Je veux dire dans les années que connaîtront mes enfants, et peut-être même durant ma propre existence. Et quand je dis insoutenable, je ne vise pas un phénomène qui nous obligera à certains ajustements. J’entends par là un bouleversement d’une telle ampleur et d’une telle irréversibilité dans ses effets destructeurs que la survie même de l’espèce humaine s’en trouve menacée.”

    Ce discours date de septembre 2004 et a été prononcé par le Premier ministre britannique Tony Blair. Celui-ci donne un aperçu du problème et met en avant la nécessité de diminuer le dioxyde de carbone de 60% d’ici 2050. Mais toute initiative concernant du changement climatique est basée sur les intérêts des grosses entreprises. En fait, l’émission de CO2 en Grande-Bretagne n’a pas baissé, mais a augmenté même de de 2,2% en 2003 et de 1,5% en 2004.

    La seule méthode réaliste pour diminuer l’émission de CO2 de manière drastique est de stopper la consommation de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz) et de produire de l’énergie qui ne provoque pas de réchauffement climatique. Tentant de respecter les normes de Kyoto, les différents gouvernements ont étudié à nouveau la question d’investir dans l’énergie nucléaire, celle-ci ne provoquant pas d’effet de serre. Ce n’est pas de cette manière que les socialistes cherchent une solution.

    Une solution durable reposant sur la situation actuelle des sciences et technologies peut seulement être envisagée par l’utilisation plus répandue d’énergies renouvelables comme les énergies éolienne, solaire ou marémotrice. Ces sources d’énergie ont certes des limites: elles sont beaucoup plus présentes certains jours, dans certains lieux, à certains moments de la journée,… et la quantité d’énergie produite reste encore relativement limitée. Il sera donc nécessaire de planifier le développement de ces sources d’énergie au niveau international et de mettre l’entièreté de l’industrie énergétique dans les mains de la communauté. Tout ceci ne peut se faire quer dans une société socialiste basée sur la coopération et non sur la rivalité impérialiste entre les nations comme nous le connaissons sous le capitalisme.

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