Category: Asile

  • L’esclavage existe toujours au 21e siècle

    Image: fers d’esclaves, Wikipedia.

    Un reportage tourné fin octobre 2017 et diffusé sur CNN à la mi-novembre mettait au-devant de la scène l’existence de marchés aux esclaves en Libye. Le trafic d’êtres humains ne se limite pas à ce pays plongé dans le chaos, en raison notamment de l’intervention militaire de forces armées occidentales en 2011. On parle d’une industrie planétaire qui fait des millions de victimes sur la planète, essentiellement des femmes. Selon l’ONU, 71% des victimes identifiées sont des femmes.

    La traite des êtres humains représente le troisième trafic le plus lucratif au monde, derrière la drogue et la contrefaçon. L’Organisation des Nations unies estime ces profits à plus de 27 milliards d’euros par an. Les réseaux de trafiquants alimentent le travail forcé, l’exploitation sexuelle, le trafic d’organes… Des victimes venues de 137 pays ont été identifiées dans au moins 69 Etats différents. Les régions les plus touchées par ces trafics sont l’Asie du Sud-Est, l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine, l’Europe de l’Est, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

    La responsabilité de l’Union européenne dans le cas Libyen

    Les premières négociations entre l’Italie et la Libye de Kadhafi concernant la manière de bloquer les réfugiés en Libye remontent à 2000. Accords et aides financières pour des camps de réfugiés et pour des opérations de garde-côtes se sont succédé depuis lors. Mais depuis l’éclatement de la guerre civile, le blocage est devenu un immense piège.

    La Libye est progressivement devenue un enfer pour les migrants, un enfer alimenté par les financements de l’Union européenne qui a accordé plusieurs millions d’euros aux garde-côtes libyens et aux ‘‘autorités’’ du pays, dont les exactions sont pourtant dénoncées par les grandes organisations des droits humains. La politique migratoire européenne participe sciemment à la torture, au viol et désormais à la mise en esclavage d’individus.

  • Des milliers de personnes manifestent pour la régularisation des sans-papiers

    Ces dernières années, la Belgique s’est de plus en plus enfoncée dans une politique agressive contre les personnes sans papiers et dans la répression à l’encontre des responsables de leur actions pour exiger leurs droits. La résistance n’a pas été évidente. Hier, une nouvelle manifestation nationale pour la régularisation des sans papiers a démontré que le mouvement bénéficie encore d’un large soutien. Des milliers de personnes étaient présentes en dépit du mauvais temps.

    > Déclaration du PSL publiée dans le cadre de la mobilisation vers cette manifestation

    Reportage photos de Mario

    Manif sans-papiers // Mario

  • Des communes hospitalières contre le racisme d’État ?

    Liège pourrait-elle bientôt devenir la première ‘‘ville hospitalière’’ pour les migrants ? Un groupe de travail sera en tout cas constitué pour analyser la question de l’accueil des migrants sur le territoire de la Ville de Liège. Cette annonce fait suite à une interpellation citoyenne au conseil communal du 2 octobre dernier, une initiative prise dans le cadre de la campagne des ‘‘communes hospitalières’’ initiée par le CNCD-11.11.11.

    Ce soir -là, il y avait du monde aux portes de l’Hôtel de Ville. Des dizaines de personnes étaient venues soutenir plusieurs interpellations communales : ‘‘commune hospitalière’’, celle de la Voix des sans-papiers (VSP) concernant l’avenir de leur occupation, celle visant à supprimer le règlement communal sur la mendicité ou encore celle du collectif de riverains opposés au projet immobilier dans la zone du Ry-poney. Cette belle mobilisation n’est bien entendu pas étrangère à la décision du bourgmestre Willy Demeyer (PS) de créer un groupe de travail sur la question migratoire à Liège. Il y a également fort à parier que les récents sondages – très favorables au PTB et à Ecolo en Cité ardente – poussent les autorités à être plus sensibles aux mobilisations sociales.

    Qu’est qu’une commune hospitalière ?

    La campagne revendique notamment que la Ville de Liège mette à disposition ‘‘des logements adaptés et abordables’’ pour les familles migrantes, mais aussi ‘‘pour toutes les personnes dans le besoin’’. Elle réclame également le soutien de la ville aux occupations de bâtiments par les sans-papiers ou encore que la police opérant sur Liège ne procède pas à l’arrestation de familles en situation illégale et, entre autres, ‘‘qu’aucune personne en séjour irrégulier venant déposer plainte, car elle a été victime d’un abus ou de violence’’ ne reçoive l’ordre de quitter le territoire.

    Toute une série d’autres mesures sont aussi réclamées visant à garantir les droits des personnes sans-papiers en termes d’aide au CPAS, d’information quant à leurs droits et à la manière de les défendre, d’accès aux soins de santé, de cours de français-langue étrangère ou encore à l’éducation de manière générale (surtout pour les mineurs étrangers non accompagnés).

    Cette campagne ne se limite d’ailleurs pas à Liège. En septembre, des actions ont eu lieu le même jour dans 53 communes, ce qui représente tout de même une commune francophone sur cinq !

    Quelles perspectives pour la suite ?

    La première chose est de rester vigilant et de maintenir la pression sur le conseil communal afin que le groupe de travail n’accouche pas de miettes symboliques. Dans le tract distribué par le PSL au rassemblement du 2 octobre, nous écrivions notamment : ‘‘Une pression efficace sur une autorité s’exerce par le nombre (…) les différentes mobilisations devraient être attentives à leurs revendications respectives et y faire échos, mais devraient également tenter davantage de lier leurs causes avec les intérêts de la population liégeoise dans son ensemble. (…) les personnes migrantes doivent recevoir un accès au logement, mais l’ensemble des Liégeois a intérêt à ce que la ville investisse dans un programme massif de construction de logements de qualité à prix abordable ou applique la loi sur la réquisition des logements inoccupés. De même, demander à la police communale de ne procéder à aucune arrestation pour irrégularité sur le territoire n’a aucun sens si dans le même temps, on criminalise les SDF et les mendiants.’’

    Nous terminions en expliquant que ‘‘lier les revendications, unifier les luttes, c’est donc tisser les liens de solidarité et accroître la mobilisation qui permettra à toutes et à tous de l’emporter. Et c’est du même coup inciter d’autres localités à entrer en lutte pour imposer un agenda de progrès social. Loin d’être isolée, Liège pourrait alors être un tremplin pour étendre la mobilisation à d’autres localités.’’

    La meilleure manière d’en finir avec la politique raciste de ce gouvernement serait de le faire chuter. Une occasion s’était présentée avec le plan d’action syndical de l’automne 2014 qui avait culminé avec la grève générale du 15 décembre 2014. Mais cette opportunité n’a pas été saisie. La campagne des ‘‘communes hospitalières’’ offre le potentiel d’une politique locale de rupture avec celle du fédéral. À moins d’un an maintenant des élections communales de 2018, cela aura le mérite de participer au débat sur le type de politique progressiste dont nous avons besoin et sur la manière de construire un éventuel réseau de communes progressistes qui pourraient accompagner la lutte sociale contre le gouvernement fédéral et le gouvernement wallon.

  • 12 novembre : manifestation nationale de la Coordination des sans-papiers

    Depuis presque 1 an et demi, des groupes de sans-papiers subissent les assauts du gouvernement actuel et de ses politiques migratoires répressives, en Belgique en général et à Bruxelles en particulier. User de racisme, de discrimination et de répression afin d’écraser le migrant : c’est la devise du secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Theo Francken.

    Par Rabia, militant sans-papiers membre du PSL et de la coordination des sans-papiers de Belgique

    Tandis que les néonazis peuvent librement manifester leur haine, se rassembler et obtenir des locaux (comme c’était le cas du regroupement néonazi européen APF à Ixelles), les migrants, eux, sont de toutes parts victimes de rafles, d’oppression et d’expulsions violentes. Ces dernières années, les expulsions de migrants, la répression policière, ainsi que les contrôles sont devenus systématiques et quotidiens (dans les bus, les trams, les métros, les trains,…).

    La situation des personnes sans-papiers est des plus précaires. Sans droit, ils sont obligés d’accepter les pires jobs au noir, avec des salaires de misère et sans protection. Cette politique consciente vise à exercer une pression vers le bas sur l’ensemble des salaires et des conditions de travail de la population belge et ainsi diviser les travailleurs pour mieux faire passer les politiques d’austérité.

    Les sans-papiers travaillent dans l’ombre, sans droits, pour rénover le métro, construire des bâtiments, soigner des malades, garder des enfants, assurer la plonge et le nettoyage dans l’Horeca,… La plus-value de leur travail va dans les poches de leurs employeurs, alors qu’eux gagnent moins que le revenu minimum garanti et n’ouvrent aucun droit à la Sécurité sociale par leur travail. Quand des travailleurs si flexibles se trouvent à portée de main, pourquoi donc engager d’autres travailleurs qui, en plus, coûtent plus cher ? Se développe ainsi une économie informelle qui profite aux patrons. Profitant de la précarité administrative de plus de 100.000 travailleurs sans-papiers (selon les estimations les plus courantes), elle exerce une pression à la baisse sur les salaires et sur les conditions de travail, sans parler de l’absence de cotisations pour la Sécurité sociale.

    Ces attaques contre la couche la plus précarisée de la population s’inscrivent dans une offensive plus globale contre l’ensemble des travailleurs. Elles démontrent à quel point les un comme les autres ont des intérêts communs, et à quel point ils doivent se battre ensemble contre ceux qui les exploitent.

    Pour la régularisation de tous les sans-papiers !

    Malgré les difficultés, le mouvement des sans-papiers continue de s’organiser et de manifester pour exiger des droits légitimes. Ainsi, la Coordination des sans-papiers organise une grande manifestation nationale le 12 novembre prochain. Les militants sans-papiers du PSL soutiennent cet appel et estiment, en effet, que la mobilisation des sans-papiers et de leurs soutiens est incontournable pour mettre un terme à cette politique raciste.

    Les revendications de la coordination sont simples : la régularisation de tous les sans-papiers, le droit au logement, l’abolition des centres fermés, la liberté de circulation, l’arrêt des expulsions et de la criminalisation des sans-papiers, la fin du racisme et de l’hypocrisie de l’État, le respect des droits fondamentaux comme l’accès aux soins médicaux, à l’éducation et à la formation.

    Mais tout cela doit être couplé avec une lutte incessante pour l’unité du mouvement de tous les travailleurs contre les politiques d’austérité et le racisme, pour une société libérée de toutes les inégalités, pour une société socialiste !

    À l’échelle internationale, la politique migratoire de Francken ne fait pas figure d’exception. Le 10 août dernier, le cabinet britannique de gestion de risques Verisk Maplecroft a publié un rapport sur l’augmentation du risque d’esclavage moderne. Aujourd’hui, 46 millions de personnes à travers le monde seraient touchées par la ‘‘traite des êtres humains et les formes d’exploitation inhérentes’’. Selon l’agence britannique, et sans surprise, le risque d’esclavage moderne aurait explosé dans les trois quarts des pays de l’Union européenne, notamment en Belgique.

    Aux USA, la politique raciste de Trump a favorisé une augmentation de l’émergence de groupes d’extrême droite et cela leur a donné la confiance pour commettre des exactions. La présidence de Trump est une expression de la crise profonde dans laquelle est plongé le capitalisme. La colère de la population n’a fait que croitre face à l’explosion des inégalités et à la généralisation de la précarité.

    C’est pour cette raison que nous devons nous opposer à ce système qui engendre misère et exploitation et qui repose sur la guerre et le pillage néocolonial poussant tant de personnes à fuir leur région au péril de leur vie.

  • Anvers. Marche contre la politique migratoire raciste de Theo Francken

    Hier, Theo ‘Trump’ Francken était à Anvers, à l’invitation du cercle universitaire catholique conservateur KVHV. Entre 250 et 300 manifestants ont battu le pavé au même moment pour protester contre la politique raciste du gouvernement. Ce fut le résultat de la réunion de deux initiatives de protestation contre Francken qui ont finalement œuvré ensemble.

    Pour Theo Francken, la politique d’asile, c’est juste une question de chiffres. Il ne s’intéresse qu’au nombre d’expulsions. Mais derrière les chiffres, il y a des gens. Des gens comme Mohammed, un militant du Cachemire qui a régulièrement été présent lors de précédentes actions antiracistes et antifascistes de la campagne Blokbuster. Cet été, il a été renvoyé au Pakistan avec sa famille. Un mois plus tard, son fils a été tué. La politique d’asile répressive détruit des vies et en fait porter la responsabilité aux victimes. Quelques activistes du Cachemire nous ont demandé cet été d’organiser une action contre Francken. Ensuite, nous avons pris l’initiative d’une marche de protestation.

    Il est positif qu’une deuxième initiative ait vu le jour, principalement l’œuvre de Comac, l’organisation de jeunesse du PTB, avec d’autres organisations (Tout Autre Chose, Jong Groen, Jongsocialisten,…). Dans ce bastion de l’extrême droite du Vlaams Belang et de la droite populiste de De Wever qu’est Anvers, il est très positif que nous ne soyons plus seuls à mobiliser pour des actions de protestation antiracistes.

    Vidéo de la manifestation, par Stream Media:

    Protester est nécessaire contre une politique ferme qui s’en prend aux plus faibles pour cacher qu’elle est en fait des plus modérées contre les plus forts : les super-riches. Les migrants, mais aussi ceux qui ici aussi ne parviennent pas à garder la tête hors de l’eau, sont attaqués fortement. Ceux qui estiment que tout cela se fait pour défendre ‘‘nos’’ conditions de vie ou ‘‘notre’’ sécurité sociale font fausse route. Cela fait partie d’une attaque généralisée contre nos conditions de vie. Après les migrants, les chômeurs et les personnes sans-abris, c’est au tour des travailleurs. Des néolibéraux comme la N-VA ne sont pas des défenseurs crédibles d’une sécurité sociale qu’ils veulent eux-mêmes briser. Ils ne défendent que les intérêts des Super-riches.

    Il était important de faire le lien à cette action avec la résistance contre la commercialisation du secteur social à Anvers. Si cela ne dépendant que du collège communal de droite à Anvers, le secteur social deviendrait un travail de police : contrôle et répression au lieu de l’accompagnement social pour parvenir à une meilleure société. Pour notre part, le lien avec les protestations contre cette commercialisation et la protestation antiraciste pouvait être plus fort. Un groupe a rejoint la Groenplaats où les travailleurs du secteur social menaient une action après la manifestation antiraciste. Quel aurait été l’effet si le cortège entier avait pris fin à cet endroit pour concrétiser cette nécessité de la solidarité dans notre lutte !

    Contre la politique de division et le racisme de la politique dominante, nous luttons pour un autre type de société : une alternative contre ce système capitaliste pourri qui favorise le type de politique pourrie de Trump et Francken. Nous luttons pour un système qui ne rend pas nécessaire que des gens fuient leur environnement. Un système où la majorité de la population ne doit pas être sacrifiée pour que les riches soient encore plus riches – cette politique qui a conduit au fait qu’aujourd’hui, les 8 personnes les plus riches au monde sont plus riches que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. En finir avec tout cela exige que la majorité de la population prenne en main cette société et la manière dont les richesses sont produites. C’est ainsi qu’il sera possible de développer un plan public d’investissements massifs pour des logements publics, des services publics, l’infrastructure, des emplois décents,… Une société qui repose sur la satisfaction des besoins de la population et non pas vers la soif de profits d’une infime élite. Nous ne pourrons y parvenir que si les secteurs-clés de l’économie sont sous notre contrôle et notre possession. En bref, nous avons besoin d’une société socialiste.

    Nous devons nous battre et faire face contre toutes les formes de discrimination. Le 12 novembre prochaine, il y aura une manifestation des personnes sans papiers à Bruxelles et, le 25 novembre, il y aura une manifestation contre la violence contre les femmes. Cette marche contre le racisme était une bonne étape, mais ce n’est qu’un début!

    Reportage-photos de Mario:
    Mars tegen Francken // Mario

    Reportage-photos de Liesbeth:
    Mars tegen Francken // Liesbeth

  • Crise migratoire. Le gouvernement s’enfonce dans le racisme d’Etat

    Le 10 août dernier, le cabinet britannique de gestion de risques Verisk Maplecroft a publié un rapport préoccupant au sujet de l’augmentation du risque d’esclavage moderne. Aujourd’hui, 46 millions de personnes à travers le monde seraient touchées par la ‘‘traite des êtres humains et les formes d’exploitation inhérentes’’(1). Selon l’agence britannique, et sans surprise, le risque d’esclavage moderne aurait explosé dans les trois-quarts des pays de l’Union européenne. Notamment en Belgique.

    Par Cathy (Liège), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Pour Francken, chaque demandeur d’asile est suspect

    La refonte des droits des étrangers votée par la Commission de l’Intérieur de la Chambre en juillet dernier est-elle de nature à diminuer ce risque ? Bien au contraire. Comme le dénonce notamment le CIRÉ (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), la méthode utilisée par le gouvernement est scandaleuse (un vote intervenant 17 jours à peine après la présentation d’un texte de 400 pages préparé par les autorités durant 4 ans) et les modifications de fond font ‘‘froid dans le dos’’.

    Dans son communiqué de presse, le Ciré explique : ‘‘60 à 70% des demandeurs d’asile mentiraient au cours de leur procédure d’après le Secrétaire d’État… et c’est sur cette estimation ni vérifiée, ni vérifiable qu’est basé tout l’esprit du projet de loi : sanctionner la fraude, enfermer à tour de bras. Même s’il s’en défend, cela pourrait aboutir à un enfermement quasi-systématique des demandeurs d’asile (…). Cela reflète une connaissance très faible de la réalité du calvaire enduré par ceux qui atteignent la Belgique, ayant appris à se méfier, à ne pas tout dire, à cacher leurs documents tout au long du parcours migratoire, pour simplement survivre. Cela en dit long sur la volonté d’instrumentaliser le droit d’asile pour faire valoir une vision purement et simplement xénophobe (…).’’(2)

    Le nombre de morts ne cesse d’augmenter en Méditerranée (3800 en 2016 selon le Haut-Commissariat des Réfugiés de l’ONU) et l’année 2017 est en passe d’être la plus meurtrière. La route des Balkans est déjà bloquée, amenant hommes et familles à emprunter des trajets toujours plus dangereux. Le blocage de la route libyenne est considéré par Francken comme une solution face aux décès de la Méditerrannée. Mais il s’effectue par le biais de bandes de bandits et ne fait que déplacer le problème vers la Libye. Pendant ce temps, les différentes puissances impérialistes continuent d’entretenir conflits armés et exploitation partout dans le monde. La Belgique, elle, ‘‘emboite le pas des pays les plus répressifs en légiférant sur base de craintes, de stigmatisations et d’estimations’’.(3)

    La situation préoccupante des MENA

    Le secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations Théo Francken (N-VA) a récemment proposé de doubler la capacité des Centres fermés (où sont détenus les personnes en situation irrégulière avant leur expulsion) afin de pouvoir à nouveau placer des familles, ce qui sous-entend d’y enfermer des enfants, un dramatique retour en arrière puisque cette pratique avait disparu depuis 2008. Le Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe avait pourtant exhorté le gouvernement belge ‘‘à ne pas renouer avec la pratique consistant à détenir des familles avec enfants’’ lors d’une visite en 2015. Francken veut également tenter de faire passer une série de mesures en octobre-novembre 2017 afin de directement envoyer tout demandeur d’asile arrivant en Belgique en Centre fermé le temps de sa procédure.
    Les MENA (mineurs non accompagnés) n’échappent évidemment pas à la chasse aux sorcières, dont ils sont déjà les victimes depuis plusieurs mois. Myria, le Centre fédéral Migration, défend que ‘‘lorsqu’il existe un doute sur la minorité, le MENA devrait être traité comme s’il était mineur, jusqu’à preuve du contraire’’. La réalité est toute autre. Car l’âge du jeune est déterminé non pas par le discours de son vécu mais par un triple test osseux de la mâchoire, de la clavicule et du poignet, une méthode remise en question quant à sa fiabilité, la marge d’erreur étant de 2 à 5 ans…

    Les situations kafkaïennes vécues tant par les assistants sociaux que par les psychologues se multiplient.

    Une jeune fille de 16 ans a ainsi vu sa date de naissance reculée de 4 ans. Elle a ainsi non seulement été privée de ses droits à suivre une scolarité mais a aussi automatiquement été mise en échec dans les formations suivies au vu des évidentes carences de son apprentissage de base. La perte du statut de MENA signifie aussi perdre le droit de disposer d’un tuteur pour jouir d’un accompagnement dans les différentes démarches.

    Comme remède à la chasse aux sorcières, la solidarité !

    Théo Franken n’a jamais fait mystère de ses opinions réactionnaires dans ce domaine. Déjà en mars dernier , il écrivait des tweets acerbes contre Médecins sans Frontières en accusant l’organisation de contribuer à la traite des êtres humains et d’encourager l’immigration illégale avec ses actions de sauvetage en mer. ‘‘Par vos actions de sauvetage juste devant les côtes, vous créez un effet d’aspiration et donc plus de morts’’, avait-il écrit, ajoutant : ‘‘Ils font de la traite d’êtres humains. Cela n’a plus rien à voir avec les réfugiés. Migration illégale.’’

    Charles Michel a eu beau reprendre Francken sur certains propos, il n’en suit pas moins sa logique perverse. Ces derniers mois, les lieux d’occupations collectives d’organisations de sans-papiers à Bruxelles ont subi une répression systématique : les évacuations successives visant à rendre l’organisation du mouvement encore plus difficile. Divers dirigeants du mouvement ont été arrêtés, diverses arrestations s’effectuent par ailleurs hors balises légales et avec violation de domicile (la Police ne peut normalement pénétrer chez un individu qu’avec un mandat délivré par un juge). Les contrôles effectués par les forces de police ont été accrus dans les transports en commun, des convocations mensongères ont été envoyées à des fins d’arrestation. Etc.

    Si la politique migratoire du gouvernement Michel a pu se durcir dans des proportions aussi dramatiques, c’est parce que suffisamment d’espace lui a été laissé de poursuivre ses ravages. Le puissant mouvement de grèves contre le gouvernement de l’automne 2014, auquel avaient participé les organisations de sans-papiers, avait fait vaciller ce dernier. Mais l’absence de suite sérieuse a ouvert la voie à la poursuite d’une politique brutale d’austérité à laquelle s’est couplée une politique migratoire réactionnaire.

    Opposons la solidarité et la lutte collective à cette approche qui s’en prend aux victimes du système ! La défense de la régularisation des sans-papiers est dans l’intérêt de tous les travailleurs, car la répression qu’ils subissent les maintient dans des conditions d’exploitation extrême qui constituent une pression à la baisse sur les conditions de travail et de salaire de tous. Nous devons également nous opposer à ce système qui repose sur la guerre et le pillage néocolonial, qui pousse tant de personnes à fuir leur région au péril de leur vie.

    (1) Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Walk Free
    (2) https://www.cire.be/presse/communiques-de-presse/refonte-du-droit-des-etrangers-de-la-democratie-a-la-theo-cratie-communique-de-presse-du-cire-12-juillet-2017
    (3) Ibidem

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    Le parcours du combattant des demandeurs d’asile

    Lorsqu’une personne en situation irrégulière arrive sur le territoire belge, elle doit déclarer son existence à l’Office des Etrangers. On lui accorde alors une place dans un Centre Croix-Rouge ou un Centre Fédasil où elle vivra le temps de sa procédure (de 4 mois à deux ans) dans une chambre dans laquelle les conditions de logement sont extrêmement difficiles (6 à 8 personnes dans une chambre confinée) et auxquelles s’ajoutent encore la barrière de la langue et les chocs culturels.

    Les demandeurs d’asile ont droit à 7 euros par semaine, voire quelques euros supplémentaires pour des petits ‘‘contrats’’ pour effectuer le ménage ou des travaux dans le centre. Avec ce mince apport, ils doivent effectuer des démarches demandées par le CGRA (Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides), telles qu’obtenir des preuves administratives de leur origine ou des preuves du calvaire qu’ils ont fréquemment vécu au pays, des démarches qu’ils ne peuvent donc souvent pas réaliser, faute d’argent ou compte tenu de la situation politique ou du niveau de développement du village duquel ils proviennent.

    Dans cet intervalle, ils sont convoqués au CGRA où ils passeront une audition de 3 à 6h en trois étapes : déterminer s’ils viennent bien du pays qu’ils déclarent, fournir les détails de leur famille proche et entourage communautaire et les raisons de leur départ ainsi que les conditions de leur voyage. Les conditions de l’interview sont extrêmement pénibles pour ces gens déracinés, traumatisés et anxieux de cet examen qui déterminera s’ils seront expulsés ou non vers les situations dramatiques qu’ils ont fui, quelles qu’en soient les raisons.

    Si la réponse est positive, le demandeur d’asile reçoit un accord de rester en Belgique, sinon, il peut introduire un recours devant le Tribunal des Contentieux, ce qui lui coûte 50 euros et, s’il a l’accord, repasser devant le CGRA. Si la réponse est négative, il reçoit un ordre de quitter le territoire et devra quitter le Centre dans les plus brefs délais. Une deuxième demande pourra être introduite mais il n’aura plus alors droit qu’à l’aide médicale urgente.

    Depuis 1988, il existe également en Belgique la détention administrative dans les Centres fermés. Lorsque la procédure aboutit à un avis négatif ou que les papiers accordés sont retirés car la personne perd son travail, que la femme arrivée par regroupement familial mais souffrant de violences conjugales se sépare de son mari (liste non-exhaustive), la personne peut alors être arrêtée et enfermée dans des conditions carcérales identiques à quelqu’un condamné pour avoir transgressé la Loi.

     

  • Une déléguée se préoccupant du sort des réfugiés licenciée par la Croix-Rouge

    La Croix-Rouge de Flandre a annoncé le 20 juin dernier avoir l’intention de renvoyer Melissa, une déléguée du SETCa. Le 4 juillet, son contrat de travail a été suspendu dans le cadre de la procédure de licenciement. L’affaire est portée au tribunal du travail d’Anvers le 5 septembre. Melissa a travaillé huit années durant dans un centre pour demandeurs d’asile, dont 5 en tant que déléguée syndicale.
    La raison officielle de ce renvoi est un appel au personnel de Fedasil et de la Croix-Rouge pour participer aux actions de la Journée mondiale des réfugiés (20 juin). Les procédures de demande d’asile sont longues et éreintantes, pour les demandeurs d’asile bien entendu, mais tout n’est pas rose pour le personnel des centres.

    Sur le texte de l’appel figuraient les logos de la Croix-Rouge et de Fedasil. Suite à une demande effectuée le 14 juin, ceux-ci ont été retirés par la déléguée. Cela n’en a pas moins constitué un motif de renvoi une semaine plus tard sous le prétexte qu’une action menée lors de la Journée mondiale des réfugiés est un acte qui critique Fedasil alors que la Croix-Rouge travaille pour Fedasil.

    Visiblement, se préoccuper du sort des demandeurs d’asile est une cause de licenciement pour la Croix-Rouge. Se sentir concerné par ceux-ci n’est pas une approche correcte pour le gouvernement. Défendre un accueil humain des demandeurs d’asile, dans des centres décents est pourtant chose logique, tant pour les personnes concernées que pour le personnel qui travaille dans ces centres.

    De toute évidence, la Croix-Rouge a cherché une excuse pour se débarrasser d’une déléguée encombrante. Fin du mois d’avril, Melissa avait défendu des collègues sévèrement punis dans un centre en raison d’une négligence qui n’était pas de leur ressort. Ce n’est du reste pas la première fois que la Croix-Rouge licencie des délégués syndicaux gênants.

    Le 5 septembre, une action de soutien à Melissa et en défense des droits des délégués a lieu à Anvers. Les syndicats doivent prendre cette problématique en main : une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous. Si cela passe, d’autres délégués subiront le même sort à la Croix-Rouge.

    5 septembre, 14h30, Palais de Justice d’Anvers

  • [PHOTOS] Rassemblement de soutien à la Voix des Sans-Papiers de Liège

    La “Voix des Sans Papiers de Liège” occupe depuis presque deux ans les bâtiments de l’ancienne école d’horticulture de la Ville de Liège. Malheureusement, ces bâtiments ont été vendus et doivent être libérés par l’occupation le 30 juin. Malgré les recherches d’autres bâtiments, aujourd’hui, il n’y a pas encore de solution tangible. Les occupants craignent d’être contraints de rendre les lieux disponibles alors qu’aucune solution de relogement n’a été trouvée, ce qui mettrait les membres du collectif à la rue.

    Un rassemblement a donc été appelé hier soir face à l’Hôtel de ville qui a réuni une petite foule de sympathisants de la lutte des sans-papiers.

    Prochain rendez-vous à Liège, l’action contre la montée du FN en France ce mercredi 26 avril, à 18h place de la République française !

  • Soirée “Liège, ville refuge”. Une belle réussite!

    Une cinquantaine de personnes ont participé hier à la soirée “Liège, ville refuge” organisée par les JOC (Jeunes Organisés et Combatifs) et EGA (Etudiants de Gauche Actifs).

    Pour discuter de ce thème, nous avions comme orateurs François Grenade (chargé de la campagne “justice migratoire” au cncd), Amélie Feye (travailleuse de l’asbl d’aide aux sans-papiers Point d’appui), Pietro Tosi (permanent au MOC pour le comité des travailleurs sans-papiers) de même que plusieurs sans-papiers du collectif la Voix des Sans Papiers (VSP) de Liège.

    Cette soirée fut extrêmement riche, tant en termes d’informations concrètes que de partage d’expériences. Nous aurons l’occasion de revenir bientôt sur cette soirée et sur les diverses propositions qui y ont émergé en défense des droits des personnes migrantes.

    En attendant, le prochain rendez-vous est déjà connu: ce lundi 18h pour une manifestation de soutien à la VSP devant le conseil communal.

    La “Voix des Sans Papiers de Liège” occupe depuis presque deux ans les bâtiments de l’ancienne école d’horticulture de la Ville de Liège. Malheureusement, ces bâtiments ont été vendus et doivent être libérés par l’occupation le 30 juin. Malgré les recherches d’autres bâtiments, aujourd’hui, il n’y a pas encore de solution tangible. Les occupants craignent d’être contraints de rendre les lieux disponibles alors qu’aucune solution de relogement n’a été trouvée, ce qui mettrait les membres du collectif à la rue.

    Ce rassemblement devant le conseil communal vise à exiger que Liège devienne une ville hospitalière et que les autorités communales liégeoises trouvent au plus vite une solution de relogement pour les habitants de Burenville.

    => Evénement Facebook

    Merci à Cathy et Emily pour ces quelques photos.

    Soirée "Liège, ville refuge"

  • [INTERVIEW] Lutte des sans-papiers et combat anticapitaliste

    Au centre, derrière la banderole de gauche : Rabia

    ”La lutte des sans-papiers ne peut pas être détachée de la lutte plus générale pour en finir avec le système capitaliste !”

    La situation pénible vécue par les sans-papiers a récemment refait surface avec le cas de Mohamed, un sans-papiers qui a travaillé pour divers sous-traitants dans une station de métro bruxelloise en 2013. Il était payé en-dessous du salaire minimum et ne bénéficiait d’aucune protection au travail. Nous avons discuté de la lutte des sans-papiers avec Rabia Benkhabba, membre du PSL et de la Coordination des Sans-papiers de Belgique.

    Rabia, quelle est ton histoire? Comment as-tu a décidé de t’engager politiquement ?

    ‘‘Je suis arrivé en Europe il y a 5 ans et ici à Bruxelles il y a deux ans, en passant par le Danemark, l’Italie et la Suisse. Pendant ce parcours, tout était difficile : trouver un logement, trouver un travail, apprendre les langues et se refaire une vie. Au début, j’étais complètement révolté mais, par après, surtout une fois à Bruxelles en m’engageant dans le mouvement des sans-papiers, j’ai commencé à prendre du recul par rapport à ma situation personnelle. J’ai commencé à me demander pourquoi j’étais sans-papier et c’est ainsi que j’ai compris que c’était avant tout une question politique. Je suis donc devenu militant.’’

    Quel changement a produit en toi le fait de devenir militant ?

    ‘‘J’ai considéré les choses de manière différente. Beaucoup de sans-papiers vivent depuis longtemps en Europe dans des situations inhumaines et difficiles et, des fois, ils ne se plaignent même pas. Je ne comprenais pas comment ils pouvaient accepter leur situation sans poser aucune revendication pour défendre leurs droits. C’est comme ça que j’ai commencé à plus m’impliquer, pour essayer de mobiliser au maximum, pour que les sans-papiers se réveillent et entrent en action. C’est ainsi que j’ai rejoint la Coordination des sans-papiers de Belgique.’’

    Comment t’es-tu engagé dans le combat syndical ?

    ‘‘Un jour, en marchant dans le métro Arts-loi, j’ai vu un camarade que je connais personnellement qui était affiché en grand dans une photo des travaux de cette station de métro. En discutant avec lui, nous avons décidé de dénoncer l’exploitation des sans-papiers et nous avons pris contact avec le comité des travailleurs avec et sans papiers de la CSC.

    ‘‘Il est inacceptable que les sans-papiers soient exploités sur des chantiers publics, avec l’argent du contribuable, comme à la STIB, mais aussi dans tout autre secteur où les sans-papiers travaillaient chaque jour : l’horeca, la construction, la logistique, le nettoyage, etc. Nous savons très bien à quoi servent les travailleurs sans-papiers dans notre système économique : à baisser les conditions de travail de tout le monde. Les travailleurs sont mis en concurrence les uns avec les autres pour détruire leurs droits. Être sans-papier, ce n’est pas un handicap, c’est le produit de la volonté politique de ce système pourri.

    ‘‘Le syndicat est dès lors un outil important pour dénoncer l’exploitation mais surtout pour faire converger au maximum les luttes contre les politiques d’austérité et de dumping social qui divisent et affaiblissent les travailleurs. L’unité des travailleurs avec et sans papiers pour la régularisation et pour la défense de bonnes conditions de travail pour tous, voilà la solution contre le racisme qui nous divise.’’

    Que penses-tu de la revendication syndicale d’un permis de travail pour les sans-papiers ?

    ‘‘Le permis de travail reste une revendication intermédiaire vers la régularisation de tous les sans papier. Elle doit être destinée à renforcer le mouvement des sans-papiers et à lui donner une perspective politique de lutte qui remette au centre du débat la question du travail, de la solidarité entre tous les travailleurs et de la lutte des classes.

    ‘‘La revendication d’un permis de travail est une revendication centrale pour les syndicats afin de rétablir de l’enthousiasme au sein du mouvement des sans-papiers et de construire la plus grande solidarité de classe pour défendre les droits de tous les travailleurs contre le patronat. Ce serait une bonne chose que les syndicats organisent aussi des rencontres entre les travailleurs sans-papiers et les délégations syndicales pour construire l’unité et discuter d’une stratégie de lutte commune.

    ‘‘Les partis traditionnels ferment les yeux sur la situation, les partis populistes de droite l’utilisent pour semer le racisme dans la société et diviser la classe des travailleurs. Quant aux patrons, ils se remplissent les poches. Le mouvement des sans-papiers doit se mobiliser contre toutes les formes de populisme de droite, c’est pour cela que nous mobiliseront pour le rassemblement du 24 avril Place de la Monnaie à Bruxelles (au lendemain du premier tour des élections françaises) contre tous les Franken, les Marine le Pen, les Wilders et les Trump de la planète. Ce dernier sera d’ailleurs en Belgique les 24 et 25 mai prochains.’’

    Pourquoi as-tu rejoint le PSL ?

    ‘‘J’ai rencontré des camarades du PSL à une manifestation de sans-papiers. Je les ai approchés pour leur demander ce qu’était leur parti et à quoi peut bien servir un tel parti. Dès que j’ai vu le nom, Parti Socialiste de Lutte, j’avais compris. La lutte pour mes papiers ne peut pas être détachée de la lutte plus générale pour en finir avec le système capitaliste qui nous bouffe tous à la même sauce.

    ‘‘De plus, j’ai pu énormément apprendre en participant aux réunions de section au sujet des différentes méthodes de lutte et des différents combats que mène le PSL sur plusieurs terrains. C’est ainsi que je me bats aujourd’hui pour une société socialiste sans classe où les travailleurs et les citoyens pourront eux-mêmes démocratiquement décider de la manière dont fonctionne la société, non pas sur base du profit, mais pour répondre aux besoins de tous et toutes. Justice, liberté, égalité pour tous : voilà pourquoi je suis devenu membre !’’

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