Category: Asile

  • [DOSSIER] COVID et Politique migratoire 

    Action du 7 mai à la Tour des finances. Photo : Collectif Krasnyi

    Le capitalisme ne peut pas répondre aux besoins des travailleurs migrants et leurs familles

    Depuis 30 années de politiques néolibérales, les inégalités ont explosé au cœur du système capitaliste. Si la pandémie est révélatrice des inégalités engendrées par un système qui écrase la majorité de la population, elle les approfondit encore plus. Cela nous montre l’incapacité et le manque de volonté politique de la classe capitaliste pour répondre aux besoins des plus démunis, les travailleurs migrants et leurs familles.

    Par Pietro (Bruxelles)

    Le mercredi 7 mai 2020, à Malte, en pleine pandémie, une cinquantaine de migrants naufragés ont été repoussés alors que leur embarcation avait déjà pénétré la zone de secours relevant de cet État membre de l’UE (1). D’après une enquête détaillée du New York Times (2), le gouvernement maltais aurait affrété trois navires privés pour intercepter des migrants en Méditerranée et les renvoyer vers la Libye, malgré la crise sanitaire mondiale. L’opération a eu lieu dès le début du mois d’avril.

    Le gouvernement maltais avait prévenu qu’il ne pouvait plus garantir de porter secours aux naufragés ou de leur permettre de débarquer sur l’île, toutes ses ressources étant occupées par la lutte contre le Covid-19. C’est donc à cela que ressemble la politique migratoire européenne en temps de crise du coronavirus.

    La politique mortifère de l’Union Européenne

    Les États-membres de l’Union européenne ont décidé, mercredi 27 mars, de retirer leurs navires militaires engagés en Méditerranée dans le cadre de l’opération militaire dite « Sophia », au moins temporairement. Depuis 2015, ces bateaux ont pourtant permis de sauver la vie d’environ 45.000 migrants.

    Avec l’augmentation des infections en Afrique et au Moyen-Orient, les migrants vont continuer à quitter leur pays, avec le risque de provoquer des épidémies dans les énormes camps de réfugiés. Ces camp sont des lieux où s’entassent les gens dans d’horribles conditions, sans hygiène de base ni aide médicale. Un chiffre pour illustrer cette réalité : le camps grecs accueillent actuellement plus de 40.000 migrants alors qu’ils n’ont officiellement de place que pour 7.000. Près d’un tiers des personnes qui s’y sont retrouvées sont mineurs d’âge, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR).

    Si les dirigeants européens refusent d’investir afin de sécuriser la vie de la population migrante et de la régulariser, ils ne manquent pas de stratagèmes concrets pour empêcher les migrants d’atteindre l’Union européenne. Leur idée est d’élargir les pratiques de refoulement (ou « push back ») des demandeurs d’asile y compris par le recours à des entreprises privées.

    Au lieu d’exiger la protection des migrants dans les circonstances de la crise sanitaire, les mesures de confinement imposées par la pandémie du Covid 19 représentent un nouveau prétexte non seulement pour fermer les frontières de l’UE, mais aussi pour enfermer des dizaines de milliers de migrants en Europe, dans des camps aussi insalubres que favorables au développement de l’épidémie.

    Les autorités appliquent l’enfermement des réfugiés dans les camps de Grèce en particulier dans le « hotspot » surpeuplé de Moria sur l’île de Lesbos tandis que les ports italiens et maltais sont fermés et qu’il ne subsiste qu’un seul bateau de sauvetage encore actif en Méditerranée centrale. Les naufrages d’embarcations emmenant migrantes et migrants vers l’Europe se multiplient.

    Le système capitaliste – avec ses guerres, son exploitation et sa destruction de la nature qui a notamment comme effet de provoquer des pandémies globale telle que celle du COVID-19 – force des millions de personnes sur la planète à fuir leurs pays.

    Le racisme comme arme contre le COVID

    Au début de la crise sanitaire, la propagande raciste qui empoisonne la société depuis des décennies a déjà conduit à des attaques racistes contre des Chinois ou d’autres personnes d’apparence “asiatique” en France, en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne, en Russie, aux États-Unis et dans d’autres pays.

    L’extrême droite s’en prend déjà aux migrants et aux réfugiés en utilisant le Covid-19 comme excuse, notamment en Grèce. Bientôt, sans aucun doute, elle sera suivie par divers partis traditionnels, y compris des partis sociaux-démocrates et verts apparemment “progressistes”. Ces partis tenteront de mettre en œuvre des règles de migration encore plus racistes, de construire des murs et de renforcer le principe de l’Europe-Forteresse, en faisant valoir que cela est nécessaire pour « se protéger » contre le virus. Sans réaction de la part du mouvement ouvrier sur cette question, même des gens de gauche et des travailleuses et travailleurs pourraient avoir le sentiment que, même s’ils n’aiment pas les mesures adoptées, ils n’ont d’autre choix que de les accepter.

    Mais le Covid-19 est “antiraciste” : il se moque du genre, de la religion ou de la nationalité. Toute mesure fondée sur de telles caractéristiques est donc, au mieux, inutile. Mais ceux qui utilisent le virus pour créer la division nous empêchent de collaborer ensemble pour stopper la propagation du virus et résoudre la crise. Les classes dirigeantes et la gestion de la société via la concurrence du libre marché ont démontrée toute l’étendue de leur incapacité à gérer cette pandémie mondiale.

    Aucun contrôle aux frontières ne peut empêcher tous les réfugiés d’entrer sur le territoire, et encore moins n’importe quel virus. « On ne peut pas murer un virus », a expliqué Larry Gostin, professeur de droit de la santé mondiale à l’université de Georgetown. La raison pour laquelle les gens craignent les migrants et les réfugiés est l’incapacité de la classe dominante de répondre avec des mesures sérieuses contre le Covid-19. Les énormes inégalités créées par ce système notamment via les politiques migratoires inhumaines et le manque total d’investissements publics dans les soins de santé illustre que les classes dirigeantes vont faire payer la crise aux travailleuses et aux travailleurs, dont les réfugiés et encore plus les travailleuses et travailleurs sans-papiers

    Mais ni les réfugiés ni les travailleurs ne sont responsables de la guerre, du changement climatique et de la pauvreté et la mauvaise gestion de la pandémie – les raisons habituelles pour lesquelles les gens doivent fuir leur foyer.

    L’hypocrisie des gouvernements européens, le Portugal et L’Italie

    L’idée d’une possible « régularisation » pour permettre aux États de faire face aux retombées de la crise sanitaire fait petit à petit son chemin en Europe.

    La Ministre italienne de l’Agriculture a plaidé ce mardi 14 avril pour la régularisation de 600.000 clandestins afin de faire repartir l’économie durement touchée par l’épidémie de coronavirus. Le Mouvement 5 Etoiles s’est tout de suite opposé à cela en disant que ce n’était pas le moment pour un « appel d’air ». Les fédérations patronales elles-mêmes, surtout dans le secteur de la grande agro-industrie, reconnaissent que la migration est une réponse nécessaire aux besoins économiques des régions.

    En France, 104 parlementaires issus de 10 partis ont adressé il y a quelques jours une lettre au Premier ministre Edouard Philippe pour réclamer la régularisation des sans-papiers face à l’épidémie de Covid-19.

    Les pouvoirs publics portugais ont aussi annoncé, samedi 28 mars, la régularisation temporaire des immigrés en attente de titre de séjour. Il s’agirait de se montrer solidaire avec les plus démunis dans une situation d’urgence, c’est en tout cas comme cela que le gouvernement a justifié la mesure exceptionnelle de régularisation. Même si, en termes de santé publique, la mesure est à féliciter, elle n’est pas du tout suffisante. La réalité, c’est que ce type de mesures dévoile le véritable objectif de la classe dominante : utiliser la main d’oeuvre migrante à bon marché pendant la crise pour répondre aux besoins dû manque de main d’ouvre dans les secteurs en pénurie. C’est notamment le cas des Brésiliens qui, en attendant leur carte de séjour, travaillent souvent dans le secteur du tourisme, totalement à l’arrêt, ou encore les travailleurs agricoles asiatiques du sud du pays. Il est clair que l’attitude de la classe dominante est de mettre toujours les profits avant des intérêts de la majorité de la population.

    Et en Belgique….

    En Belgique sévit une crise sanitaire et sociale sans précédent. La population a quasiment été mise sous couvre-feu afin d’empêcher la propagation du coronavirus. Les mesures de confinement ne sont pas capables de préserver les publics fragiles dont l’exposition au virus peut se révéler dramatique, dont les personnes âgées, les malades, les plus vulnérables,… Parmi les plus vulnérables actuellement abandonnés par la classe dominante se trouvent les travailleurs migrants qui souffrent tout particulièrement de ce confinement. Les laisser hors état de droit est un crime contre l’humanité. Un crime que nous devons combattre pour le bien-être de tous !

    Dix années ont passé depuis les derniers grands mouvements sociaux de sans-papiers en Belgique. Dix années durant lesquelles les gouvernements successifs ont mis en places des politiques inhumaine en laissant de centaines de milliers de personnes illégales sur notre territoire. Un simple coup d’œil sur le passé révèle l’échec cuisant du modèle actuel, en termes d’humanité et d’efficacité ! La leçon qui s’impose est que ce n’est que via l’organisation d’un rapport de force conséquent et d’une alliance entre les différents collectifs de sans-papiers, les syndicats et toutes la population opprimée que l’on pourra gagner la régularisation de tous les sans-papiers.

    La classe dominante avait par contre la claire volonté politique de laisser sans papiers autant autant de travailleurs afin de renforcer le dumping social et d’attaquer les conditions de travail de l’ensemble des travailleurs. Le but était de créer de la main d’oeuvre à bon marché pour les secteurs non délocalisables (comme l’horeca, la logistique, le nettoyage, la construction, etc.).

    La crise globale du capitalisme à l’ère de la pandémie frappe également de manière très importante de nombreuses femmes sans-papiers dans les soins aux autres. La grande majorité des femmes sans papiers en Belgique remplit le vide crée par des décennies de coupes budgétaire dans les services publics et dans le soin aux autres. De plus, avec cette crise, la majorité des sans-papiers ne peuvent plus travailler, et toutes les sommes d’argent envoyées toutes les semaines à leurs familles au pays a été stoppée. Cela aura un énorme impact dans les pays du monde néo-colonial, où la majorité des emplois sont dans l’économie informelle tandis qu’une partie importante de la population survit tout simplement avec l’argent envoyé de l’étranger.

    Tout cela représente l’horrible tableau de l’impact de la crise du coronavirus en Belgique. Et quand le chômage va exploser dans la prochaine période, il y aura une énorme concurrence sur le marché du travail au noir, ce qui va instaurer une pression à la baisse sur les salaires en mettant en compétition de plus en plus de Belges avec les travailleurs sans-papiers. C’est une véritable bombe sociale à retardement.

    Déjà en plein confinement, le 20 avril 2020, une action a été lancée par un groupe des militants sans papiers (relayée par le réseau Migrant libre) qui a mis l’attention de l’opinion public sur la régularisation. Suite à cela, ce lundi 4 mai, les organisation syndicales FGTB-CSC et les associations de soutien des migrants du côté francophone mais aussi néerlandophone (qui se regroupent dans une plateforme plus large IK BEN SOLIDAIR) ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux : Contre le Virus, la régularisation c’est maintenant !

    C’est un bon pas en avant vers la construction d’un soutien large à la cause des travailleurs migrants, mais il nous faudra aller plus loin dans la construction d’une relation de force et d’actions de solidarité avec la population.

    Jusqu’à présent, ces arguments n’ont pas convaincu les autorités en charge du dossier. En commission de la Chambre, la ministre de l’asile et de la migration Maggie De Block (Open-VLD) ne s’est pas montrée fort emballée par la proposition. « Les personnes en séjour illégal étaient censées avoir quitté le pays souvent depuis bien longtemps. La crise sanitaire actuelle n’est pas une raison qui, à elle seule, permet de régulariser leur séjour, même temporairement ». Et d’ajouter : « Actuellement, les demandes de séjour sont toujours traitées au cas par cas, donc sur une base individuelle. Aucune initiative n’est prévue pour une régularisation de type collectif à destination des personnes en séjour illégal en Belgique »(3).

    Selon Le Soir, c’est la coalition fédérale MR-VLD-CD&V dans son ensemble qui ne verrait pas d’un bon œil une régularisation temporaire inconditionnelle, surtout avec une N-VA en embuscade, prête à dégainer au quart de tour sur les questions d’asile et de migration. Les partis traditionnels et le gouvernement en pouvoir spéciaux s’entêtent à nier l’impact positif qu’aurait la régularisation de la situation administrative des sans-papiers dans la gestion e la crise sanitaire et sur le financement de la sécurité sociale. Cela représenterait 58 millions d’euros par semaines via les cotisations sociales des travailleurs sans papiers pour financer nos caisses collectives. À l’heure des restrictions budgétaires, ce choix est incompréhensible ! Non seulement le gouvernement ne veut pas aller chercher l’argent où il est, chez les actionnaires et les riches, mais il ne nous permet pas de financer les caisses communes du mouvement ouvrier, tout cela pour assurer le maintien des bas salaires.

    Si on se base sur les estimations du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE), il y avait en 2015 entre 85.000 et 160.000 sans papiers en Belgique. C’est donc potentiellement des dizaines de milliers de personnes qui passeraient sous les radars du dépistage, ce qui pourrait diminuer l’efficacité du déconfinement.

    Notre programme

    Dans ce contexte, les marxistes et le mouvement ouvrier doivent défendre un programme pour les travailleurs migrants et les réfugiés. Dans un premier temps, l’argent qui sert à subventionner les grandes entreprises telles que les compagnies aériennes et le secteur militaire devrait être utilisé immédiatement pour protéger les migrants.

    Nous voulons lutter contre les causes qui poussent les gens à fuir. Les guerres, les interventions impérialistes, la surexploitation des gens et de la nature : voilà? ce qui pousse tant de personnes a? fuir la violence, la misère et les catastrophes.

    Des emplois décents, des investissements publics massifs dans le logement social, l’éducation et les soins, etc. sont nécessaires. Mais cela nécessite de rompre avec la logique de profit du capitalisme, ou? la concentration des richesses chez une infime élite signifie misère et risque sanitaire grandissante pour le reste de la population. Encore l’année dernière, l’OTAN a appelé ses Etats-membres à dégager 2% de leur budget pour la défense. Pour se rapprocher de ce chiffre, notre gouvernement a dégagé 3 milliards d’euros pour de nouveaux avions de guerre. Ils sèment la misère et pointent des doigts les victimes.

    Dans le contexte actuel de crise du capitalisme, pour arracher chaque réforme, il nous faut une lutte révolutionnaire. La régularisation nécessitera une lutte de masse de la majorité des travailleurs sans-papiers alliée aux organisations du mouvement des travailleurs et aux couches larges de la population. Il faudra aussi mettre en avant l’égalité salariale pour les travailleurs migrants selon barèmes de chaque secteur et assurer assurer la protection des travailleurs sans papiers qui portent plainte contre leurs employeurs en exigeant que l’inspections sociale ne s’effectue pas avec la police pour arrêter les travailleur sans-papiers.

    Ces revendications doivent être couplées à une lutte incessante pour l’unité du mouvement de tous les travailleurs contre les politiques d’austérité et le racisme, pour une société libérée de toutes les inégalités. Il faut nous opposer à ce système qui engendre misère et exploitation et qui repose sur la guerre et le pillage néocolonial poussant tant de personnes à fuir leur région au péril de leur vie.

    Dire que les moyens manquent pour offrir un bon avenir et de bonnes conditions de vie à la population – quelle que soit son origine – est un mensonge. Ce qui se produit dans les faits, c’est que les gros actionnaires et grands patrons pillent les caisses de la collectivité, la richesse créée à la sueur de notre front, pour ne laisser que des miettes tout en proclamant les poches et la bouche pleines ‘‘attention, les immigrés veulent vous voler ce qui reste !’’ Comme le dit le slogan : ‘‘le problème, c’est le banquier, pas l’immigré’’ !

    La seule issue de sortie réaliste de la crise des réfugiés est une lutte unitaire de tous les travailleurs, indépendamment de leur origine, de leur genre ou encore de leur orientation sexuelle, pour arracher les leviers de l’économie des mains de l’élite capitaliste. Il sera ainsi possible de disposer des moyens nécessaires pour mettre fin aux guerres, à la misère, à la destruction de l’environnement. Seule l’instauration d’une nouvelle société, une société socialiste démocratique, sera de nature à voir naître un monde où la liberté de circulation sera réelle et débarrassée de la logique d’exploitation.

    • Régularisation immédiate de tous les sans-papiers.
    • Création d’un mouvement pour défendre les migrants contre la violence et l’intimidation de l’extrême droite.
    • Mettons fin à toutes les attaques meurtrières contre les réfugiés qui s’approchent des frontières européennes sur le continent et en mer.
    • Annulation de la suspension de l’enregistrement des réfugiés et de toutes les demandes d’asile et d’introduire de procès accélérés en vue de la régularisation.
    • Fournir sans délai de la nourriture, des vêtements, des abris et des médecins/services médicaux, dépistage massifs à tous les réfugiés bloqués aux frontières.
    • Créer davantage de bureaux d’asile afin que toutes les demandes d’asile puissent être rapidement examinées, ce qui permettrait d’accorder le statut de réfugié ou d’autres statuts juridiques et de permettre aux réfugiés de se rendre sans entrave dans le pays de leur choix.
    • Démanteler l’accord raciste et inhumain entre la Turquie et l’UE, ainsi que l’accord Dublin III, afin que les réfugiés puissent demander l’asile dans tous les États membres de l’UE.
    • Appliquer une répartition proportionnelle des réfugiés dans l’UE.
    • L’UE est suffisamment riche pour financer une telle politique, et elle peut lever plus d’argent en taxant les riches et les multinationales, ce qui n’existe pas, c’est la volonté politique des patrons de l’UE.
    • Pour un plan massif d’investissements publics : logements sociaux, enseignement de qualité et gratuit, des vrais emplois décents avec un salaire de minimum 14 euros de l’heure et dépistage pour tous.
    • Abolition des politiques inhumaines de détention et d’expulsion massive, tous les migrants doivent bénéficier de tous les droits légaux.
    • Luttons contre les causes qui poussent à se fuir : la guerre, le terrorisme, l’exploitation et la destruction de l’environnement. Dans ce cadre, le non-paiement de la dette est une revendication cruciale.
    • Défendons une alternative au capitalisme : une société socialiste ou? seraient prioritaires les besoins de de la majorité de la population et non les profits d’une poignée grâce à la nationalisation sous contrôle et gestion démocratique des secteurs clés de l’économie.

    Notes :

    1) https://www.mediapart.fr/journal/france/070520/malte-enrole-des-chalutiers-prives-pour-repousser-des-migrants?utm_source=20200507&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20200507&M_BT=1740178511094

    2) https://www.nytimes.com/2020/04/30/world/europe/migrants-malta.html

    3) https://plus.lesoir.be/297882/article/2020-04-29/le-front-commun-syndical-appelle-regulariser-temporairement-les-sans-papiers

  • [VIDEO] Rabia : “Régularisation des sans-papiers !”

    Dans la vidéo ci-dessous, Rabia (qui a lancé le groupe sur Facebook Migrant Libre) défend la régularisation des sans-papiers. Cette revendication a gagné une nouvelle pertinence dans cette période de crise du coronavirus, car la régularisation de tous les sans-papiers a un objectif sanitaire évident au regard de l’ensemble de la population puisque cela leur donne accès aux soins de santé.

    Dans le programme que le PSL a élaboré autour de la crise du coronavirus, nous exigeons également la réquisition de chambres d’hôtels ou de centres de loisir, avec indemnisation sur base de besoins prouvés, en prévoyant des espaces séparés pour de potentiels malades mis en quarantaine, afin d’y loger les sans-abris et les sans-papiers dans de bonnes conditions, dans la perspective d’un plan massif de construction de logements sociaux, y compris par la saisie de bâtiments inoccupés à des fins spéculatives, une fois la période de confinement passée.

  • Liège. Un collectif de femmes sans-papiers confectionne des ‘‘Masques solidaires’’

    Face au manque de masques chirurgicaux un collectif de femmes sans-papiers en confectionne de manière artisanale depuis dimanche dernier. Nous avons discuté de cette initiative avec Rosario Marmol Perez, militante à l’ASBL La Cible, également impliquée dans ce projet.

    Propos recueillis par Clément

    D’où vient cette idée de confectionner des masques de protections solidaires ?

    L’idée a émergé chez des mères sans-papiers participant à l’atelier couture de la Voix des Sans-Papiers ainsi qu’à l’Ecole des Solidarités.

    Elles se sont dit qu’elles avaient des compétences pour jouer un rôle utile et solidaire dans cette crise que nous traversons, et notamment cette possibilité de coudre des masques solidaires. Solidaires parce qu’il faut savoir que ces masques sont donnés. Pour qui le souhaite, il est possible de faire un don pour le fond de solidarité. Grâce à ce fond de solidarité, nous pouvons acheter les fournitures nécessaires à la production de nouveaux masques, mais aussi soutenir les mamans qui n’ont aucun revenu.

    Quel est le sens de cette démarche ?

    Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que pour les personnes qui confectionnent ces masques, la solidarité est très importante. Il s’agit de personne qui n’ont pour ainsi dire aucune reconnaissance : de leur droits, de leur niveau d’étude, etc. Bien souvent, elles n’ont pas la possibilité de travailler faute de permis de travail. Dans ces conditions, autant dire que la solidarité revêt un aspect très concret.

    Cette initiative a été très bien reçue. Nous avons à ce jour reçu plus de 2500 demandes. Il s’agit de particuliers, mais aussi d’associations, et même d’institutions d’aide aux personnes. Il faut prendre conscience d’à quel point la situation est catastrophique. Il y a des pénuries dans les hôpitaux, mais aussi dans les maisons de retraites, là où des travailleurs et travailleuses des soins travaillent au contact des plus vulnérables au virus et sont obligés de travailler sans protections, ce qui les mets en danger, mais aussi bien entendu leurs patients. Il y a également des pénuries chez les aidants aux personnes handicapées, etc…

    Parmi ces mamans, plusieurs travaillaient dans le secteur des soins de santé comme infirmières ou aides-soignantes, et elles comprennent parfaitement que si ceux qui prennent soin des malades au jour le jour tombent eux-mêmes malades, alors on courra à la catastrophe.

    On voit aussi l’extrême droite qui tente de profiter de cette crise… S’agit-il d’une sorte de réponse ?

    Nous sommes évidemment convaincus que les travailleurs sans-papiers sont des travailleurs comme les autres. L’extrême droite tente de manipuler l’opinion en laissant entendre que les questions migratoires seraient un facteur de la crise actuelle. Il faut résister à ça parce que c’est faux : les personnes migrantes font -comme l’ensemble des travailleurs de Belgique- partie de la solution. La régularisation des personnes sans-papiers est d’ailleurs d’une importance cruciale. Ces mères sans-papiers, elles considèrent la Belgique comme leur pays d’accueil, ni plus ni moins. Et puise genre d’initiative, ça montre aussi que la réalité concrète donne tort à la propagande d’extrême droite : les migrant.es ont toujours été et sont encore actuellement un apport essentiel pour le pays d’accueil.

    Enfin, quelles sont pour toi les manières de répondre au type de crise que nous traversons ?

    Nous avons absolument besoin d’attitudes collectives de solidarité. Aujourd’hui, il y a de nombreuses personnes qui félicitent -à juste titre- les soignantes et soignants pour le travail et les sacrifices qu’ils fournissent.

    Et en même temps, les chiffres des économies réalisées par Maggie De Block et les précédents gouvernements, et ce que ça implique comme dégradation de notre système de soins, deviennent pour beaucoup des réalités concrètes, et plus seulement des chiffres.

    Il est primordial que toutes ces personnes qui applaudissent aux fenêtres à 20h pour soutenir le personnel soignant, dès que la crise de coronavirus arrivera à son terme, descendent dans la rue aux côtés de ces travailleurs et travailleuses, des syndicats, des citoyens pour exiger du gouvernement un refinancement du système de soins de santé, mais aussi une revalorisation de l’ensemble du service public.

    Nous devons également faire sortir ces sans-papiers de l’ombre, et revendiquer des critères clairs et permanents de régularisation.

    SOUTENEZ CE PROJET

    Pour soutenir le collectif « Masques solidaires », vous pouvez faire un don au n° de compte BE48 8777 9900 0127.

    L’argent versé sur ce compte servira à l’achat de fournitures pour leur confection ainsi qu’en soutien aux femmes et mamans qui n’ont droit à aucun revenu.

    Les masques sont offerts aux personnes et chacun est libre de faire un don sur ce compte s’il/elle le souhaite.

    Pour les institutions et/ou associations, si elles le peuvent, les masques sont vendus à 3€ pièce afin de permettre aux femmes de rentrer dans leurs frais. Nous sommes bien en-dessous du coup réel, le travail est bien fait et prend du temps.

    COORDONNÉES

    0487 20 62 86 // eds.liege@gmail.com

  • Des millions de personnes fuient à cause du changement climatique

    On entend parfois dire que la gauche veut davantage de réfugiés. C’est absurde : personne ne fuit par plaisir. La gauche se bat pour que chacun dispose du droit à un avenir digne, y compris ceux qui sont obligés de fuir leur région. Contrairement à la droite et l’extrême droite qui ciblent les réfugiés, la gauche émet des propositions pour s’attaquer aux racines des migrations.

    Par Stef (Anvers)

    Le nombre de réfugiés climatiques est en augmentation : il s’agit de personnes fuyant en raison de changements brusques ou de transformations à long terme du climat local. Les causes de leur fuite sont diverses : conditions météorologiques extrêmes, modification de la qualité de l’eau, appauvrissement des sols, sécheresse,… Selon The Internal Displacement Monitoring Centre (‘‘l’Observatoire des déplacements internes’’), en 2010 et 2011, il y avait 42 millions de réfugiés climatiques en Asie et dans la région Pacifique. Ce nombre peut encore augmenter : 145 millions de personnes vivent à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer. Les scientifiques estiment que, d’ici 2050, entre 150 et 300 millions de personnes auront été déplacées par le changement climatique. Le risque de déplacement dû aux catastrophes naturelles a doublé en 40 ans.

    La majorité des personnes qui se déplacent pour des raisons environnementales le font dans leur pays d’origine. Seuls 37% traversent une frontière nationale et vers un pays voisin dans neuf cas sur dix. La grande majorité se retrouve dans les pays ‘‘en développement’’. Mais le changement climatique devient un plus grand défi également dans les pays ‘‘développés’’.
    En janvier 2019 a été publié un article scientifique intitulé ‘‘Climate, conflict and forced migration’’. Il examine le lien entre le changement climatique et les conflits armés. Il y est fait une distinction entre réfugiés climatiques directs (inondations, conditions climatiques extrêmes, salinisation des terres agricoles, érosion des sols, désertification, …) et indirects. Ce dernier groupe fuit en raison des conséquences du changement climatique en termes de tensions sociales et de conflits régionaux. Le changement climatique n’est pas encore reconnu comme une raison de prendre la fuite de son lieu de résidence. Le fameux Pacte de Marrakech a été un premier pas dans cette direction, mais il n’est pas contraignant et il est controversé en raison de la déshumanisation des réfugiés depuis de nombreuses années.

    Les questions climatiques jouent un rôle important dans de nombreux conflits, par exemple en Afrique subsaharienne ou dans la guerre entre le Soudan et le Soudan du Sud. L’effet est renforcé par une production agricole unilatérale sous la pression du capitalisme international. Autour du lac Tchad, dont des millions de personnes dépendent pour leur approvisionnement en eau, l’instabilité a été exacerbée par la sécheresse et la modification des régimes pluviaux. Cela a joué un rôle important dans l’avancée de groupes réactionnaires tels que Boko Haram, qui répondent au malaise et à l’absence de réponse de la part des autorités.

    Le sous-continent indien est une autre région qui connaît un problème croissant particulièrement important en raison du changement climatique. Le Bangladesh est l’un des Etats les plus pauvres du monde, et jusqu’à 20% du pays risque d’être occupé par la mer. 70% déjà de la longue frontière entre l’Inde et le Bangladesh a été clôturée par des clôtures et du fil barbelé. L’Inde, par exemple, veut empêcher l’entrée des réfugiés du Bangladesh, dont environ un million de réfugiés Rohingyas de Birmanie. Pendant que les zones côtières luttaient contre l’eau, une vague de chaleur mortelle a touché le nord de l’Inde cet été. Des centaines de personnes ont été tuées et des villages entiers ont été vidés.

    Outre les conséquences du changement climatique, les interventions conscientes des gouvernements et des entreprises jouent parfois un rôle. L’Etat israélien prive les Palestiniens d’eau, détruit les infrastructures et transforme des hectares de terres agricoles en zones résidentielles. Des multinationales utilisent les milices de la forêt amazonienne pour défendre leurs intérêts. Les énormes feux de forêt en Amazonie sont considérés par le gouvernement Bolsonaro comme le travail des ONG, mais font souvent partie de programmes de déforestation dans l’intérêt des grandes entreprises.

    Les effets du changement climatique se font également sentir ici. L’été dernier, on a connu certaines des journées les plus chaudes jamais mesurées. Cela met les plus faibles en difficulté et rend nécessaire la prise de mesures en faveur des travailleurs. Nous ne sommes pas (encore) forcés de fuir, mais il est clair que la qualité de vie se détériore.
    Sous le capitalisme, les réponses sont généralement très limitées. Certains capitalistes voient de nouvelles opportunités dans la crise climatique, par exemple dans l’exploitation des matières premières dans certaines régions (d’où la proposition de Trump d’acheter le Groenland). Les catastrophes sont également utilisées pour mettre en œuvre des mesures néolibérales plus dures. Par exemple, les destructions causées par l’ouragan Maria à Porto Rico ont été utilisées pour privatiser l’éducation, et les entreprises privées qui ont organisé l’accueil de réfugiés ont gagné beaucoup d’argent.

    L’absence d’une réponse fondamentale au changement climatique signifie que ses effets augmentent. Il renforce les tensions et les conflits sociaux, mais il peut aussi être un facteur de luttes sociales. Une telle lutte est nécessaire pour rompre avec le capitalisme, un système qui menace l’avenir de l’humanité. A l’inverse, nous mettons en avant une société socialiste, une vie digne pour tous sur une planète vivable.

  • Sauvé par la ‘‘Loi climat’’ ? Que cache l’establishment…

    Avec l’impressionnant nombre de manifestants et de grévistes pour le climat de ces derniers mois, le thème est incontournable. Aucune réponse n’est venue des bancs politiques ou patronaux, à l’exception de propositions symboliques comme les sessions de sensibilisation dans les écoles effectuées par une douzaine de ‘‘coaches climat’’.

    Par Arne (Gand), article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Les politiciens établis et les grandes entreprises sont réticents à faire quoi que ce soit, mais ils savent se blâmer mutuellement. C’est l’approche de la campagne ‘‘Sign for my future’’, biais par lequel des grandes entreprises déclarent qu’elles voudraient bien aider, mais que le politique ne veulent pas. La manière de faire est bien pratique pour éviter de discuter de ce qui est nécessaire et permettre à des entreprises comme BNP Paribas de se présenter au monde comme des entreprises vertes ! S’il existe bien des projets drastiques chez les entreprises, ils nous emmènent tout droit dans le mur. Le magazine The Economist a ainsi rapporté début février qu’ExxonMobil prévoit d’augmenter sa production de gaz et de pétrole de… 25% d’ici 2025 par rapport à 2017 !

    La ‘‘loi climat’’ : une nouvelle manœuvre de diversion ?

    L’idée d’une ‘‘loi climat’’ a fait son apparition, mais ce que cela pourrait signifier concrètement reste encore flou. Nous devons concrétiser nos revendications, cela s’impose pour davantage développer le mouvement pour le climat et aider à mobiliser pour imposer un changement véritable. Le meilleur endroit pour en discuter est selon nous au sein de comités d’action créés dans les écoles, les facultés et les lieux de travail.

    Début février, un groupe de scientifiques a élaboré une ‘‘loi spéciale sur le climat’’ devant passer à travers tout le tracas bureaucratique des différentes régions, de la Chambre et du Sénat. Ecolo et Groen ont soumis le texte sous forme de projet de loi. Selon les scientifiques, le texte est immédiatement applicable et, selon Meyrem Almaci, présidente de Groen, le grand avantage du texte est qu’il a été écrit par des scientifiques, de sorte ‘‘qu’il ne doit plus y avoir de débat idéologiques’’.

    Le fait que la loi soit immédiatement applicable serait une bonne chose. Des changements profonds s’imposent d’urgence. Malheureusement, la loi spéciale sur le climat ne les garantira pas. Le projet de loi ‘‘aspire à la création d’une conférence interministérielle sur le climat, d’une agence interministérielle du climat et d’un comité d’experts indépendants’’. Seuls des objectifs sont fixés, l’accent étant mis en particulier sur une réduction de 95 % des émissions d’ici 2050. La loi se garde toutefois bien de préciser comment y parvenir et qui en fera les frais… En voilà un de débat idéologique ! Ce débat ne porte pas que sur le nucléaire. Où trouver les moyens nécessaires pour adopter des mesures audacieuses ? Chez les particuliers ? Par des économies dans les budgets publics ? Les soins de santé ? L’enseignement ? Ou alors chez les grandes entreprises et les ultra-riches ? Nous savons pertinemment quelle sera la réponse en restant dans le cadre du capitalisme. Et en restant dans ce cadre, les émissions ne seront de toute façon pas réduites de manière aussi drastique que nécessaire.

    Même les responsables politiques verts ne vont pas plus loin que des taxes écologiques, des taxes sur le carbone, des accises sur les produits polluants, des incitants individuels pour des panneaux solaires, par exemple, ou les normes d’émission contraignantes. Mais ces mesures existent depuis des années et les grandes entreprises les contournent facilement. Les entreprises au ‘‘CEO vert’’ ayant signé l’appel ‘‘Sign for my future’’ ne sont pas les alliés dont nous avons besoin ! La soif de profit s’oppose à l’écologie : on ne peut pas rendre un tigre végétarien !

    Les 30.000 plus gros pollueurs d’Europe ne seront pas affectés de manière significative par une loi sur le climat. Ils sont couverts par le Système communautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE) et ne doivent donc pas tenir compte des lois nationales sur le climat. Ils essaieront même de détourner les lois climatiques pour justifier d’en faire payer le prix (et même plus) à la collectivité. ‘‘System change not climate change’’ : cela exige plus qu’une simple loi sur le climat.

    “Changer le système”, mais comment et pourquoi ? Viens en discuter à notre week-end “Socialisme 2019” ces 30 et 31 mars !

    Nous en avons marre et nous allons nous battre ! Les manifestations internationales pour le climat en sont le meilleur exemple. Nous ne sommes pas seuls dans ce combat. Ces dernières années, de plus en plus de jeunes femmes, mais aussi d’hommes sont entré en lutte contre le sexisme omniprésent. Les provocations des populistes et des racistes de droite se heurtent régulièrement au dégoût et à la résistance de nombreux jeunes et antiracistes.

    La volonté d’agir et de se battre est croissante ! Mais pour quelles solutions ? Quelles réponses ?

    Quelles leçons tirer des luttes d’ici et d’ailleurs ? Comment les renforcer ? Comment peut-on unifier la colère ? Sur base de quel programme ? De quelles méthodes ? Les élections de mai prochain peuvent-elles assister la lutte sur le terrain ?

    Le week-end Socialisme 2019 est une occasion unique qui réunit des syndicalistes, des féministes, des activistes de toutes sortes et de simples curieux pour débattre ensemble de la manière de défier le chaos capitaliste pour le remplacer par une alternative socialiste où l’économie sera démocratiquement planifiée pour satisfaire les besoins de tous dans le respect de notre environnement.

    Petit avant-goût du programme :

    • Nous accueillerons RUTH COPPINGER, députée irlandaise, figure clé de la victoire pour le droit à l’avortement en Irlande. Elle animera un atelier de discussion consacré à l’impact de la victoire sur le droit à l’avortement sur les luttes sociales dans le pays. cet atelier prendra place le samedi 30 mars, de 16 à 18h.
    • Le mouvement pour le climat sera bien entendu présent durant ce week-end de discussion. Le samedi 30 mars, le programme et les méthodes d’action nécessaires pour le mouvement seront abordés dans un atelier qui prendra place de 16h à 18h. Le dimanche 31 mars, de 10h30 à 12h30, un grand meeting central aura lieu sur le thème “Socialist change not climate change !” Lors de ce meeting, nous aborderons pourquoi la planification socialiste est la meilleure réponse à la catastrophe climatique. Nous partirons ensuite ensemble vers la Marche pour le climat (Rise4Climat 13h gare du Nord).

    Vous voulez en savoir plus et vous inscrire ? C’est par ici que ça se passe !

  • [PHOTOS] Manifestation nationale contre le racisme !

    Pour la deuxième année consécutive, une manifestation nationale contre le racisme a eu lieu à Bruxelles. Plusieurs milliers de personnes ont répondu à l’appel de dizaines d’organisations et sont descendues dans les rues de la capitale à l’occasion de la journée internationale de lutte contre le racisme (le 21 mars). Samedi, à Amsterdam, c’est plus de 10.000 personnes qui ont également manifesté contre le racisme et l’extrême droite. La percée du bien mal nommé Forum pour la démocratie (extrême droite) de Thierry Baudet lors des dernières élections a provoqué un choc chez nos voisins du Nord.

    Le danger de l’extrême droite est toujours présent en Belgique. En décembre, nous avons connu la plus grande mobilisation de l’extrême droite depuis des années avec la ‘‘Marche contre Marrakech’’. Le Vlaams Belang espère progresser aux élections de mai prochain, raison pour laquelle il a intégré le néonazi Dries Van Langenhove (Schild & Vrienden). Les étudiants du Vlaams Belang (NSV) veulent manifester à Louvain le 9 mai pour remettre la migration en tête de l’agenda politique, ou plus exactement : remettre le racisme au centre du débat public. Pour tenter de détourner l’attention des conséquences de sa politique antisociale, la N-VA est également de plus en plus audacieuse dans l’expression de son racisme.

    Il reste important de mobiliser contre le racisme : dans une société reposant sur les inégalités et l’exploitation, l’establishment a besoin de division et de discrimination. Tout ce qui nous divise nous affaiblit dans la lutte pour une autre société ! Nous défendons un antiracisme et un antifascisme combatifs autour de revendications sociales telles que des emplois bien rémunérés, des investissements publics massifs dans les services publics (éducation, transports publics, soins,…) et le logement social, une sécurité sociale forte,… Lors de la manifestation du 24 mars, nous avons distribué un tract qui, avec cette approche, a appelé à organiser une contre-manifestation le 9 mai à Louvain.

    Photos de Liesbeth:

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    Photos de Jean-Marie Versyp:
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    30 & 31 mars. SOCIALISME 2019 : du ras-le-bol à la riposte !

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  • Vottem, 20 ans… Il faut en finir avec ce camp de la honte !

    10 mars : luttons pour la régularisation de tous les sans-papiers !

    14h, place Saint Lambert

    Depuis 20 ans, le centre fermé pour étrangers de Vottem (près de Liège) constitue pour beaucoup le symbole hideux de la politique raciste de l’Etat envers les personnes migrantes. Depuis 20 ans, des activistes de tout le pays battent chaque année le pavé pour réclamer la disparition du centre et de tous ceux du même genre à l’appel du CRACPE (Collectif de Résistance aux Centres pour Etrangers). Le rendez-vous de cette année sera d’autant plus crucial, pour essayer de relancer une mobilisation plus large pour la régularisation de tous les sans-papiers et pour discuter des stratégies pertinentes pour poser les prochains pas.

    Par Simon (Liège)

    Nos gouvernements successifs imposent aux personnes sans-papiers des conditions de vie inhumaines : traques policières, aucune existence légale et donc aucun droit ni possibilité de se construire un avenir. Les conditions de détention dans les centres fermés sont aussi scandaleuses : mauvais traitements, manque d’accès aux soins de base qui provoquent maladies, troubles psychologiques et suicides. Ces éléments seuls sont déjà des raisons suffisantes de s’indigner contre l’existence des centres fermés et le refus des autorités d’organiser un accueil digne et une régularisation massive des sans-papiers.

    Alors que personne ne quitte son pays natal par plaisir et que les démographes et les économistes sérieux ont démontré que l’immigration rapporte plus à nos économies que ce qu’elle ne coûte, les politiciens traditionnels et leurs relais médiatiques continuent inlassablement à prétendre le contraire et à présenter l’immigration comme un problème, un fardeau, voire un danger. Faire des immigrés la cause de tous nos problèmes constitue un moyen facile de nous détourner des vrais coupables bien de chez nous : ceux qui organisent méthodiquement la casse sociale et le chômage de masse.

    Ces discours xénophobes et le maintien dans la clandestinité d’une grande quantité d’immigré permet également d’offrir une main d’œuvre docile et bon marché à des patrons sans scrupules. Ceci permet de faire pression à la baisse sur les salaires des travailleurs légaux. La classe dominante a intérêt à diviser ceux qu’elle opprime. Elle a raison de vouloir nous diviser : la force des travailleurs, c’est son nombre. Divisés, nous ne sommes rien, réunis nous sommes tout. Et garantir qu’aucune catégorie de travailleurs ne soit laissée seule face à ses problèmes spécifiques, c’est renforcer les combats de toute notre classe.

    En 1998, à la suite de la mort de Semira Adamu, c’est la mobilisation de masse qui avait poussé le ministre de l’intérieur Louis Tobback à suspendre les expulsions de sans-papiers puis à démissionner. Ces dernières années, le mouvement a été confronté à une répression accrue et a été acculé à une attitude défensive. L’an dernier, après la mort de la petite Mawda, les responsables politiques de ce drame n’ont pas dû rendre de comptes, en l’absence de mouvement de protestation significatif. Mais ce potentiel des mobilisations de masse à engranger des victoires, fussent-elles partielles, n’a pas disparu. En témoigne la mobilisation extraordinaire de la jeunesse sur le climat, qui a poussé à la démission la ministre flamande de l’environnement Joke Schauvliege.

    L’atmosphère change actuellement dans la société : les jeunes activistes climatiques et les Gilets Jaunes ont encouragé les syndicats à mobiliser pour une journée de grève le 13 février dernier. Le mouvement des sans-papiers pourrait profiter de cette atmosphère combative pour ouvrir un front supplémentaire et solidariser de nouvelles couches avec ses revendications.

    En février, une nouvelle plateforme s’est mise sur pieds à Liège : le Front antifasciste 2.0, avec une première assemblée de plus de 200 personnes. Le fait que la FGTB y ait pris une place centrale est une bonne nouvelle. Un des défis du mouvement sera de réussir à attirer davantage de syndicalistes et d’intégrer les méthodes syndicales dans la lutte contre le racisme. C’est avec ces méthodes, avec des assemblées ouvertes et en essayant systématiquement d’élargir la mobilisation que les bases pourront être posées pour une lutte d’ampleur qui pourrait imposer la fermeture des centres, une régularisation massive et une politique d’asile basée sur la solidarité. Ça commence le 10 mars : tous à Vottem !

  • La question qui fâche: pourquoi fuit-on son pays?

    Début janvier, dans une interview accordée à De Zondag, le président du sp.a (parti social-démocrate flamand) John Crombez, a défendu une politique stricte de refoulement des demandeurs d’asile. ‘‘La migration vers l’Europe doit être réduite’’, a-t-il dit. Cette déclaration a été largement diffusée par d’autres médias.

    Par Kim

    La guerre civile syrienne a commencé en 2011, sa fin n’est pas encore en vue. Certains réfugiés vivent dans des camps depuis 8 ans. Il n’est dès lors pas surprenant que certains choisissent de continuer leur vie en tentant leur chance en Europe. Les structures d’accueil dans la région ne contrarieront pas cette tendance à moins que de véritables villes soient construites pour les réfugiés, avec tout ce que cela implique pour y mener une vie digne de ce nom.

    Cette interview a fait fi de la question la plus importante : pourquoi donc les réfugiés existent-ils ? Pourquoi des gens fuient-ils leur pays, leur culture et leur environnement pour tenter une chance avec peu, voire pas de moyens, dans un endroit inconnu, aux coutumes et à la culture inconnues ? Pourquoi choisit-on de se ‘‘déraciner’’ ? Comment pouvons- nous contrer cela ?

    Ce qui pousse les gens à fuir, c’est la guerre et la misère. Ces deux phénomènes sont causés ou renforcés par les interventions des puissances occidentales et impérialistes dans le monde néocolonial. Sans l’invasion de l’Afghanistan – qui n’a pas libéré la population de la barbarie mais a approfondi cette dernière – il y aurait eu moins de réfugiés afghans. Al-Qaïda a été vaincu, mais le terrorisme a pris son envol. L’invasion de l’Irak a déstabilisé l’ensemble du Moyen-Orient et de nombreux membres de l’ancien régime de Saddam Hussein ont trouvé une nouvelle place chez Daesh. Les interventions actuelles de l’impérialisme occidental au Moyen- Orient ont contribué à l’émergence et au renforcement d’un islam politique radical, fortement anti-occidental.

    D’autres parties du monde néocolonial subissent le pillage de la part des entreprises occidentales. Le Nigeria est pillé de son pétrole, l’Est du Congo de diverses matières premières rares et les mines d’or aux salaires de misère fonctionnent à plein régime en Afrique du Sud. Toutes les richesses remplissent les poches des actionnaires d’entreprises occidentales et d’une élite locale corrompue, alors que la population subit la pauvreté. En dépit de ce que l’on prétend parfois ces richesses ne profitent pas à la population occidentale ordinaire, seule une infime élite en bénéficie. A l’Est du Congo, divers camps de cette élite se battent pour l’accès aux matières premières. La population locale en paye le prix en subissant la violence des milices armées.

    Le capitalisme lui-même crée les conditions qui poussent les gens à fuir. S’en prendre efficacement à ce qui pousse les gens à fuir implique de lutter pour une société socialiste, qui veillerait au développement de toutes les parties du monde. Entre-temps, une approche véritablement socialiste et internationaliste consiste à se montrer solidaire de tous les réfugiés. Ce ne sont pas eux qui menacent nos conditions de vie, ce sont les multinationales et les grandes entreprises qui volent des milliards à la Belgique et au monde néocolonial. Mais une telle manière de voir les choses, c’est de trop pour le sp.a de John Crombez.

  • Manifestation contre la politique d’asile antisociale et inhumaine

    Malgré la pluie, plus de 2.500 manifestants se sont rassemblés hier à Bruxelles pour protester contre les politiques répressives et antisociales qui rendent les réfugiés responsables de leur situation. Après des années de dures attaques contre les travailleurs, les allocataires sociaux, les pensions, etc., les réfugiés et les migrants sont pointés du doigt comme une des causes des économies budgétaires. Soyons clairs : ce ne sont pas les réfugiés qui sont responsables des déficits sociaux, mais les politiques néolibérales qui ne servent que les intérêts et les profits des grandes entreprises.

    Ces derniers mois, le caractère répressif de la politique à l’égard des migrants a été exacerbé. La déshumanisation du sujet a conduit à la mort de la petite Mawda. Ce n’est pas parce que Francken n’est plus secrétaire d’État à l’asile et à la migration que nous pouvons être rassurés. Francken n’a fait que poursuivre la politique de son prédécesseur, qui est aussi son successeur : Maggie De Block. Tous les partis établis s’inscrivent dans la logique de la répression et de la politique de bouc émissaire.

    La manifestation d’hier a constitué une importante riposte à la logique défendue par les partis établis. Il faut maintenant partir à l’offensive dans le débat sur les raisons qui poussent tant de gens à fuir : la guerre, la misère et le pillage néocolonial. Toutes les victimes de la politique antisociale doivent s’unir et combattre ensemble autour de revendication unificatrices : des emplois décents pour tous, des pensions décentes, de bons services publics, etc.

    Lors de cette manifestation, nos militants ont distribué un tract appelant à lutter contre l’extrême droite. Ces derniers mois, l’extrême droite s’est sentie renforcée. Il y a eu la marche contre Marrakech à Bruxelles et la manifestation de Ninove le 3 janvier dernier. A chaque fois, l’initiative était issue d’une alliance autour du Vlaams Belang dans laquelle les néo-nazis de Schild & Vrienden ont joué un rôle de premier plan. Maintenant que le “patron” de Scild & Vrienden Driss Van Langenhove a annoncé être sur la liste du Vlaams Belang au Brabant flamand pour les prochaines éelctions, la manifestation annuelle du NSV (cette année à Louvain) menace de devenir le prochain rendez-vous de ce gang d’extrême droite. Nous ne devons pas laisser passer cela : la résistance antifasciste est nécessaire !

    Photos de Liesbeth:

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  • USA. La caravane des migrants : la corruption du capitalisme mise en lumière

    Une caravane de milliers de migrants s’est constituée à Tijuana, à la frontière américano-mexicaine, près de San Diego. Migrants demandeurs d’asile fuyant la violence dans leurs pays d’origine, le Honduras, le Guatemala et le Salvador, ils ont voyagé pendant des semaines rien que pour atteindre la frontière. À leur arrivée, ils ont été accueillis avec une frontière militarisée et des gaz lacrymogènes. L’administration Trump a qualifié la caravane d’invasion de terroristes et de gangsters financée par George Soros. Cependant, les travailleurs doivent voir cette manifestation tragique pour ce qu’elle est vraiment : une mise en accusation du capitalisme mondial.

    Par Christopher Carroll, Socialist Alternative (Etats-Unis)

    La réponse de Trump et le manque de réponse des démocrates

    À l’approche des élections de mi-mandat, Trump a commandé à la hâte 5 800 soldats à la frontière américano-mexicaine. Nous devrions voir cela pour ce que c’est : une manœuvre électorale grossière et farfelue, conçue pour enflammer la base électorale de Trump. Suite à cette manœuvre cynique, Trump a presque complètement cessé de parler de la caravane après le jour du scrutin, comme l’ont souligné certains médias.

    Pendant ce temps, les troupes sont occupées à installer des barbelés tout en pratiquant des scénarios de jeu de guerre contre une caravane de personnes âgées, d’enfants et de parents épuisés. Faisant écho à son allié, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Trump a déclaré : «?S’ils lancent des pierres, nos militaires réagiront. J’ai dit [aux officiers de la garde nationale] de considérer [les pierres] comme un fusil?». Les groupes anti-immigrés ayant des antécédents violents, comme les Minutemen, sont également à la frontière, sous l’impulsion de la rhétorique vile et haineuse de Trump.

    L’asile est un processus d’obtention de la résidence dans un autre pays, car il n’est pas sûr pour vous de rester dans votre pays d’origine en raison de la persécution ou d’autres raisons. Pour pouvoir demander l’asile aux États-Unis, vous devez déjà être aux États-Unis. Ainsi, le fait de refuser l’entrée aux personnes est l’une des tactiques de la droite pour empêcher les migrants de recevoir l’asile. L’une des premières démarches de Trump a été de refuser l’asile à toute personne entrant dans le pays en dehors d’un point d’entrée, créant ainsi un nouvel obstacle à l’application. En réalité, Trump tente de mettre fin à l’application d’un droit humain internationalement reconnu (même s’il est souvent violé dans la pratique) à la frontière du sud. Bien entendu, cette «?interdiction d’asile?» serait contestée devant les tribunaux, mais même si un juge fédéral l’invalide, nous ne pouvons pas compter sur la Cour suprême pour défendre le droit d’asile.

    Les migrants ont commencé à atteindre la frontière le 20 novembre. Trump a ordonné que seuls 100 demandeurs d’asile par jour puissent être traités. Cela a entraîné des retards importants et une tension accrue, aboutissant à l’utilisation de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc par les troupes américaines sur des migrants sans défense. Certes, une poignée de roches ne fera pas tomber les militaires les plus puissants de la planète. Comme pour toutes choses venant de Trump, cette crise de l’immigration actuelle a été dramatisée à l’extrême. Ce n’est pas seulement aux États-Unis : le nouveau gouvernement italien dans lequel un parti d’extrême droite joue un rôle clé refuse d’autoriser tout navire de migrants en provenance d’Afrique du Nord à débarquer. En Hongrie, le gouvernement de droite a construit une barrière frontalière pour empêcher l’entrée de migrants en provenance de «?pays musulmans?».

    Ces dernières années, la xénophobie à ciel ouvert a pris de l’ampleur, et est activement encouragée par la droite, en particulier par Trump. Historiquement, des sections de la classe dirigeante ont attisé la xénophobie afin d’exploiter la peur et l’insécurité économique de certaines couches de la classe ouvrière. La grande majorité des travailleurs américains font face à une économie sans emplois aux salaires décents, offrant des emplois de plus en plus mal rémunérés, non syndiqués, et les privant de services sociaux vitaux.

    Le discours anti-migrants ressemble à ceci : les migrants viennent soit pour occuper des emplois de travailleurs américains, soit pour se livrer à des activités criminelles. Le nouveau tournant dans l’ère post-11 septembre est la désinformation selon laquelle des terroristes djihadistes pénètrent dans la frontière au sud alors qu’ils se cachent parmi les demandeurs d’asile. Mais les migrants n’ont pas créé les conditions économiques qui laissent tant de travailleurs américains sans emploi, appauvris et profondément anxieux – ce sont les grandes entreprises et le système économique capitaliste qui le font. Les migrants réagissent simplement à des conditions économiques similaires, souvent plus graves, dans leur propre pays.

    Pendant ce temps, la classe dirigeante bénéficie une fois de plus de l’opportunité de semer une division artificielle parmi la classe ouvrière. Manipulant ses conditions économiques médiocres et à l’étranger, la classe dirigeante s’engage dans un exercice d’équilibre qui cherche à acquérir un flux constant de main-d’œuvre migrante exploitable, tout en menaçant d’expulsion ces travailleurs afin de renforcer leur statut de deuxième classe. Dans le passé, les grandes entreprises américaines ont soutenu la «?réforme de l’immigration?» tant qu’elles conservent un statut de deuxième classe pour la plupart des «?sans-papiers?» actuels.

    Cette main-d’œuvre migrante bon marché contribue également à réduire les niveaux de salaire des travailleurs nés aux États-Unis. La déportation sert également à intimider les travailleurs immigrés pour qu’ils n’adhèrent pas à un syndicat, tout comme la menace de sous-traiter leurs emplois à l’étranger dissuade les travailleurs nés aux États-Unis de s’engager dans des activités syndicales.

    La direction du parti démocrate se présente comme opposée au fanatisme de Trump et aux attaques contre les migrants. Elle s’est opposée à la construction du mur et à la séparation des familles; certains démocrates influents sont allés plus loin et ont soutenu l’appel à «?abolir ICE?» (United States Immigration and Customs Enforcement, agence de police douanière et de contrôle des frontières). Mais ont cédé maintes et maintes fois au moment décisif. Et bien sûr, l’administration Obama a déporté plus de personnes que toutes les autres administrations précédentes combinées! À ce stade, les démocrates ne semblent avoir aucune politique d’immigration cohérente.

    La politique d’immigration américaine est un désastre humanitaire. Elle est anti-ouvrière et de plus en plus agressive et brutale. ICE détient actuellement 44.000 personnes. Des archives judiciaires récentes montrent qu’il reste encore 171 enfants séparés de leur famille et détenus aux États-Unis plus de quatre mois après qu’un juge ait ordonné à l’administration Trump de réunir toutes les familles séparées à la frontière américano-mexicaine.

    Mais à un niveau plus profond, toute la «?crise?» à la frontière du sud est fabriquée. Plus tôt cette année, un titre dans le New York Times disait tout : «?Les postes-frontière ont diminué depuis des années, malgré les déclarations de crise de l’immigration clandestine?» (20/06/18). La plus grande source d’immigration aux États-Unis aujourd’hui vient d’Asie.

    Pourquoi la caravane s’est-elle développée?

    Toutes les démarches de l’administration Trump ont été soutenues par une campagne de propagande soutenue qui tente de décrire les migrants désespérés comme une armée envahissante de terroristes et de gangsters.

    Cependant, il y a de vraies personnes et d’importants problèmes en jeu. Les migrants de la caravane sont des personnes en quête d’asile qui fuient la misère et la désintégration violente de la société.

    Voici un échantillon de ce que les migrants ont dû affronter au cours de leur voyage depuis l’Amérique centrale : extorsion de fonds par la police; extorsion par des gangs organisés; les violences d’État commises par des militaires mexicains à la frontière entre le Guatemala et le Mexique; traversées de rivières dangereuses avec des nourrissons, des enfants et des personnes âgées; faim constante, déshydratation et épuisement. Historiquement, la migration en solo a été une expérience encore plus périlleuse pour les travailleurs, en particulier les femmes victimes d’agression et de viol. Il convient de noter que les caravanes de migrants ne sont pas un phénomène nouveau. En raison des dangers de voyager à travers le Mexique, les migrants trouvent qu’il est plus sûr et moins coûteux de voyager par groupes au Nord. La caravane actuelle a été créée au départ pour des raisons de sécurité, pas pour envahir les États-Unis.

    Histoire de l’impérialisme américain

    La politique étrangère américaine, particulièrement brutale en Amérique centrale, a conduit à des régimes particulièrement brutaux et à des zones de domination des cartels de la drogue. C’est le résultat de la politique de «?guerre à la drogue?» menée par les administrations américaines successives. Des centaines de milliers de personnes fuient la violence et l’instabilité. L’argent des contribuables américains a également été utilisé pour financer la School of the Americas de Fort Benning, en Géorgie, où des officiers de l’armée de plusieurs pays d’Amérique latine ont été formés à la contre-insurrection et à la torture.

    Un exemple récent est le Honduras où Barack Obama et Hillary Clinton (quand elle était secrétaire d’État) ont soutenu le coup d’État militaire de 2009 du président Zelaya, un populiste de gauche qui avait adopté de légères réformes du travail et de la terre. Après des élections factices soutenues par l’administration Obama, plusieurs militants du Front national de résistance populaire et plusieurs journalistes ont disparu, rappelant ainsi l’histoire profondément répressive de la région. Notamment en 2016, la dirigeante environnementale et autochtone Berta Caceres a été assassinée après des années de lutte contre les inégalités, la dégradation de l’environnement et le pouvoir des multinationales centrées autour du barrage hydroélectrique Agua Zarca.

    Sur le plan économique, les accords commerciaux multinationaux successifs, tels que l’Accord de libre-échange centre-américain (CAFTA), ont entraîné une augmentation des inégalités et une pauvreté extrême. Ces accords garantissent le statut d’une toute petite élite dirigeante qui supervise le sous-développement permanent de leurs pays respectifs pendant que les États-Unis exploitent leurs matières premières et leur main-d’œuvre bon marché. Les peuples d’Amérique centrale ont besoin d’une coopération régionale fondée sur la solidarité de la classe ouvrière et non sur les bénéfices des multinationales. Une telle confédération socialiste des Amériques entraînerait un transfert massif de ressources qui profiterait énormément aux pays et régions les plus pauvres et permettrait aux populations de vivre en sécurité avec des emplois décents dans leur pays d’origine.

    Solidarité des travailleurs et travailleuses!

    Soyons clairs, chers collègues : les migrants sont des travailleurs et travailleuses qui demandent l’asile à des gouvernements répressifs et cherchent désespérément du travail pour pouvoir subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Ce ne sont pas des terroristes. Ils et elles ne sont pas des gangsters. Ce sont des ouvriers. Nos sœurs et frères, nos nièces et nos neveux. Des innocents liés dans un système coupable. Un système coupable d’exploitation, de privation et de désespoir. Coupable de négligence cruelle ou d’oppression meurtrière.

    Le Capital ne reconnaît pas les frontières nationales. Il traverse librement les frontières à la recherche de profits, laissant derrière lui la misère et la destruction. Les forces puissantes qui contraignent ces migrants, ces réfugiés économiques et demandeurs d’asile, sont produites par le capitalisme. Le chaos du marché mondial et la soif de profit impérialiste déplacent des millions de travailleurs et de pauvres dans le monde entier.

    Le seul moyen de garantir l’élévation du niveau de vie de tous les travailleurs est d’exiger des droits et des avantages pour tous les travailleurs. De plus, les syndicats doivent jouer un rôle actif et décisif dans le dossier de l’immigration, rejetant et plaidant contre les idées anti-immigration.

    Ce que Socialist Alternative demande :

    • Retirer les troupes de la frontière immédiatement. Non à un mur frontière militarisé.
    • Construire un mouvement pour défendre les immigrant·e·s de la violence et de l’intimidation de la droite;
    • Embaucher plus de personnes pour traiter toutes les demandes d’asile dès que possible;
    • Les entreprises américaines ont réalisé des milliards de dollars en exploitant l’Amérique centrale, qu’on impose à ces grandes entreprises de payer pour la réinstallation des réfugié·e·s et des demandeurs d’asile, tout en construisant des logements abordables pour tous;
    • Abolir ICE et mettre fin aux politiques de détention inhumaine et d’expulsion massive, ainsi que redonner des droits légaux complets pour tou·te·s les immigrants;
    • Mettre sur pied un programme massif de reconstruction des infrastructures nationales sur des lignes vertes, créant des millions d’emplois syndiqués bien payés pour les non-migrants et les migrants. Taxer les grandes entreprises pour financer une éducation, un logement et des soins de santé de qualité pour tous;
    • Instaurer un salaire minimum national de 15 $ et des droits syndicaux pour tous les travailleurs.

    La caravane de migrants à laquelle nous assistons n’est pas le théâtre de l’absurde. C’est le réel dans sa forme la plus brute et inflexible. C’est une mise en accusation du capitalisme et de l’impérialisme en temps réel. Un miroir brisé appelant tous les travailleurs à la solidarité. Dernière révélation du choix ultime de l’humanité : la barbarie ou le socialisme.

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