Category: Asile

  • Stoppons l’extrême-droite avant qu'elle passe à la violence contre les réfugiés

    Rendez-vous ce 15 septembre à Bruxelles: 19h à Madou

    Affiche_antifa_LePenLes divers courants d’extrême-droite espèrent profiter de la crise des réfugiés. Des éléments plus radicaux espèrent pouvoir passer aux incendies et à la violence contre les centres d’asile, tandis que d’autres vont faire passer ce même message de haine de manière «civilisée» lors d’un colloque au parlement.

    En général, l’extrême-droite parle d’une «invasion», elle maintient toujours le mythe qu’une bonne politique d’accueil crée un «effet d’aspiration». Comme si les gens quittaient leur pays et leur famille dans des zones de guerre parce qu’ils ont entendu parler d’un camp de réfugiés à Sijsele, par exemple! Filip Dewinter, porte-parole du Vlaams Belang, y croit dur comme fer. «Ouvrir des places d’accueil supplémentaires crée un effet d’aspiration croissant», a-t-il défendu au parlement. Et non, la désastreuse politique d’accueil en Belgique est généralement connue des réfugiés. Mais beaucoup ne voient quand-même pas d’autres options que de faire un voyage dangereux pour mener une vie difficile dans un pays inconnu. L’autre «option», c’est une mort certaine dans leur propre pays.

    Pour faciliter sa propagande, l’extrême-droite jette tous les Syriens dans le même sac. Dans ce pays, il y a des combats, et l’Etat Islamique y est impliqué. Donc, parmi les réfugiés, selon le site du Vlaams Belang RechtsActueel, tous des «réfugiés illégaux et non-désirés», il y a surement «un nombre inconnu de terroristes de l’Etat Islamique». La «solution» que proposent Dewinter et le Vlaams Belang est simple : «il faut beaucoup mieux protéger les frontières». L’exemple Hongrois d’une grille à la frontière est loué. Si cela ne dépendait que du Vlaams Belang, il faudrait une «forteresse Flandre» au sein de «l’Europe Forteresse». Cela mettrait-il un terme à la guerre en Syrie ? Pas vraiment.

    Il est d’ailleurs remarquable que Filip Dewinter soit en train de crier ici contre la venue des réfugiés Syriens pendant qu’il s’est chaleureusement fait accueillir par le dictateur syrien Assad. Avec sa visite en Syrie et en se positionnant clairement derrière la dictature syrienne, Dewinter fait lui-même partie des combattants à l’oeuvre en Syrie. Quelqu’un lui bloquera-t-il ses comptes bancaires (et ceux de son parti, qui paye ses petits diners et ses petits voyages) ? Qui lui retirera ses droits civiques? Ou alors cette approche ne vaudrait selon le Vlaams Belang que pour les combattants qui soutiennent un autre camp dans la guerre en Syrie?

    Nous n’avons pas non plus oublié que le Vlaams Belang, au début de la guerre en Irak, menait des actions de protestation contre le mouvement anti-guerre. Ce parti qui a soutenu les guerres en Afganistan, en Irak et aussi en Syrie veut maintenant que les victimes de ces guerres deviennent les responsables! L’hypocrisie est un trait général de l’extrême-droite.

    Un des points les plus bas de cette hypocrisie était une réaction de Pegida-Flandre, le front anti-immigrés du Vlaams Belang et des groupes plus radicaux comme Nation, sur l’image poignante du cadavre d’un enfant de trois ans rejeté sur la plage turque. «Quand un enfant se noie pendant un voyage illégal sur une mer dangereuses les coupable ce sont les parents, ET PAS les Européens», était-il écrit sur une image de Pegida-Flandre qui annonçait au même moment une action au nouveau centre d’asile de Saint-Nicolas.

    Les actions contre les réfugiés, voilà quelque chose que l’extrême-droite fait assez souvent. Même ceux qui prétendent être «anticapitalistes» ne s’orientent pas vers les responsables du système actuel, mais bien vers ses victimes. Ils ne plaident pas pour plus d’égalité en tant que réponse contre l’inégalité grandissante qui conduit à toujours plus de misère, d’exploitation, de guerres et donc aussi à des vagues de réfugiés, dont seulement quelques uns arrivent jusqu’en Europe. Non, l’extrême-droite mène des actions contre les réfugiés. Pegida voulait encore le faire ce 7 septembre à Saint-Nicolas. Un des activistes à la base de cette action était le néonazi néerlandais Ben van der Kooi, également présent aux actions précédentes de Pegida. À l’occasion des photos d’un centre d’asile dévasté par le feu en Hongrie il a fait remarquer sur Facebook : «GENIAL quelles belles photos. Regardez ce bâtiment, c’est bien brûlé… EN-TIE-RE-MENT brûlé jusqu’à terre. Résultat magnifique. Cela donne envie d’encore beaucoup plus!! Les intrus (islamiques) de l’Afrique ne font pas parti de l’Europe fière et libre.» Le fossé qui sépare l’organisation d’actions de protestation devant les centres d’asile d’actions plus radicales est assez petit pour ces gens-là.

    Le Vlaams Belang a également sauté sur l’occasion. Dans les coulisses, le parti soutient l’action de Pegida Flandre. Pour mettre en avant le nom du parti, ses militants tiennent un colloque au parlement flamand, pour lequel ils ont invité Marine Le Pen sous le titre de «Placer des frontières, maintenant!». Il est demandé aux participants de venir en «tenue d’affaires», mais le contenu des prises de parole ne sera pas moins toxique à cause de cela. Avec cette soirée, le Vlaams Belang veut soutenir et développer les sentiments racistes envers les réfugiés. En même temps on met sur pied des actions avec des éléments plus radicaux.

    Avant l’été, il y a déjà eu des tentatives de certains de ces éléments de passer à la violence physique contre les réfugiés. Au Parlement Européen, une action de sans-papiers a subi une action de provocation et, ensuite, une nouvelle tentative de les provoquer a suivi. Les sans-papiers et les antifascistes ayant pu contrer cette tentative de manière disciplinée, les militants du groupuscule néonazi Nation s’en sont alors pris à un sans-abri, tabassé à six.

    Afin de stopper la violence de l’extrême-droite contre les réfugiés, il est nécessaire de se mobiliser. Ce 15 septembre, les Étudiants de Gauche Actifs sont à l’initiative d’une manifestation contre le meeting raciste du Vlaams Belang avec Marine Le Pen à Bruxelles. Nous voulons manifester contre sa venue, mais aussi contre le danger de la violence d’extrême-droite contre les réfugiés, un danger entretenu par le Vlaams Belang. En même temps nous protestons contre l’Europe du capital qui renforce les inégalités, aussi bien en Europe que sur le plan international, et qui porte une très grande responsabilité pour les drames sociaux.

    MANIFESTATION ce mardi 15 septembre, à 19h, Madou, Place Surlet de Chokier, à Bruxelles.

    => Évènement Facebook

    => Tract de mobilisation en version PDF

    =>Affiche en format PDF

    Cette manifestation est à l’initiative des Étudiants de Gauche Actifs et de la campagne antifasciste Blokbuster avec le soutien de : Association Joseph Jacquemotte, CADTM – Belgique, Collectif Antifascisti Bruxelles, FEWLA, FAF (Front AntiFasciste), Initiative Solidarité avec la Grèce qui résiste, Jeunes FGTB-Charleroi, JOC-Bruxelles, Mouvement Anti-FN (France), PSL-LSP, Syndicalisten TEGEN Fascisme/Syndicalistes contre le Fascisme, USE – Jeunes FGTB,…

    Pour signer cet appel, contactez-nous via boris@socialisme.be

  • [DOSSIER] Europe-Forteresse, mondialisation et capitalisme

    Meeting_liege_migrationC’est pas les immigrés qu’il faut virer, c’est le capitalisme qu’il faut éliminer !

    Vous disposez d’un compte en banque avec 1 million d’euros ? Vous souhaitez investir dans une société en Europe? Dans ce cas, les gouvernements européens vous accueillent sans problème comme un immigré de grande valeur. Pas besoin de risquer votre vie en traversant la Méditerranée en bateau de fortune, ou de passer des mois à Calais dans des conditions de famine avant d’embarquer, caché, dans un camion ou un train. L’histoire est bien différente pour la majorité de ceux qui fuient la guerre, la dictature et la misère, au Moyen-Orient et en Afrique par exemple. La plupart se retrouvent sans ressource et affamés dans leur propre pays ou dans une région voisine avant de finir aux mains de passeurs, risquant leur vie pour traverser la Méditerranée.

    Par Pietro (Bruxelles), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste.

    L’Europe-Forteresse

    Les récents événements observés à Lampedusa ou sur les côtes grecques reflètent l’incapacité du capitalisme à gérer le phénomène de l’immigration. L’année dernière, 219.000 personnes sont arrivées en Europe par ces moyens, un chiffre qui devrait être plus élevé en 2015 (nous en étions à 137.000 à la fin du mois de juin). Il y a eu 900.000 demandes d’asile en 2014, ce qui représente une augmentation de plus de 45% par rapport à 2013. D’innombrables milliers d’autres ont trouvé la mort en tentant de traverser la méditerranée. (1)

    La majorité de ceux qui risquent leur vie sont des réfugiés fuyant des conflits et des guerres. Parmi ceux qui parviennent tout d’abord en Grèce et en Italie, plus de 85% proviennent de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak et de Somalie, des pays où l’intervention militaire de l’impérialisme occidental a joué un rôle-clé dans la création de situations cauchemardesques. La crise économique profonde du capitalisme, les politiques néocoloniales et les interventions militaires impérialistes ont créé une instabilité politique, alimenté la violence sectaire et disloqué les économies des pays touchés. Un nombre grandissant ne voit plus d’autre issue que de prendre le risque de tenter une périlleuse traversée de la Méditerranée.

    On entend souvent dire dans les médias que le phénomène migratoire représente une richesse pour les pays en voie de développement, ce que réfutent complètement les études statistiques. Le cas du Malawi est représentatif : la grande majorité des infirmiers a quitté le pays au point qu’il ne reste aujourd’hui que 336 infirmiers pour 12 millions d’habitants ! (2)

    Mais même si l’Europe n’est concernée que par une infime minorité des réfugiés à travers le monde, la politique d’asile de l’Union Européenne repose sur la criminalisation des réfugiés et la militarisation de ses frontières.

    Ce fut tout d’abord Frontex, puis Triton, des opérations visant à augmenter la défense et la sécurité des frontières européennes. A suivi ensuite une opération du gouvernement italien, ‘‘Mos Maiorum’’, dont l’objectif était de renforcer les contrôles en mer, de récupérer les immigrés et de les expulser. 150.000 personnes ont ainsi été sauvées et ramenées aux côtes italiennes. Mais en prétendant agir pour réduire les naufrages et sauver des vies, l’Union Européenne et ses États-membres n’ont fait que verrouiller l’accès à leur territoire via leur politique de visas, l’agence Frontex ou encore le système de surveillance Eurosur.

    Pour résoudre le problème de l’accumulation de réfugiés dans certains pays, l’Union Européenne a largement débattu de l’instauration d’un système de ‘‘quotas’’ visant à répartir les réfugiés dans les différents pays membres. Cette approche a bien évidemment subi les foudres de l’extrême-droite et de la droite populiste pour lesquelles il est impensable de dépenser de l’argent pour sauver des immigrés. Tous les Etats ont commencé à se renvoyer la balle les uns aux autres.

    Immigration et capitalisme

    La faillite des élites européennes illustre l’une des contradictions inhérentes au développement du capitalisme : la tension entre le développement des forces productives et l’État-nation. Alors que le marché pousse les forces productives au-delà des frontières de l’État, la réalité est que le capitalisme a besoin de frontières nationales et des États-nations. Les entreprises ont besoin de l’État pour servir leurs intérêts ainsi que d’un appareil d’Etat – police, armée, tribunaux, prisons, etc. – afin d’empêcher la classe des travailleurs et les opprimés de se soulever et de protéger la propriété privée des moyens de production. Cependant, même s’il est clair que les limites des forces productives ont largement dépassé le cadre des frontières nationales, la majorité de la classe des travailleurs reste captive de ces limitations.

    Alors qu’il y a 250 ans, la différence entre les pays les plus riches et les plus pauvres était de 1 sur 5, nous en sommes actuellement à 1 sur 400. (3) L’objectif principal de la classe dominante capitaliste reste l’accumulation de profits. La montée exponentielle des inégalités – particulièrement ces 30 dernières années – s’est accompagnée d’une énorme augmentation du phénomène migratoire. L’impact politique de ce phénomène est une mise en concurrence accrue de tous les travailleurs.

    Assemblée bruxelloise du PSL consacrée à la migration et à la crise des réfugiés, avec : Said, membre de la La Coordination des Sans-Papiers de Bruxelles – Pietro Tosi, Animateur MOC – groupe migrant CSC Bruxelles – Anja Deschoemacker, porte-parole de Gauches Communes et du PSL // Ce mercredi 16 septembre, Pianofabriek, 35, rue du Fort – Bruxelles.

    La super-exploitation des travailleurs migrants en Europe a un intérêt double: l’exploitation d’une main d’œuvre à bas salaire et l’instauration d’une pression à la baisse sur le coût du travail, notamment dans des secteurs impossibles à délocaliser : la logistique, le nettoyage ou encore l’Horeca. Si le gouvernement ne veut pas régulariser les sans-papiers, c’est essentiellement pour continuer à servir les intérêts des entreprises et du patronat, sur ce domaine comme sur les autres. La criminalisation des sans-papiers n’est pas un hasard, mais une volonté politique destinée à augmenter les profits!

    L’Union Européenne prévoit la libre circulation de ses ressortissants en son sein. Mais il s’agit d’une conception de la ‘‘liberté’’ bien particulière, produite par le capitalisme et soumise à la Loi du marché et au principe de la mise en concurrence des travailleurs. C’est sur cette base que l’on a ainsi pu lire dans le magazine The Economist (avril 2011) un dossier défendant la liberté de circulation totale et l’ouverture des frontières.

    Reste que cette prétendue liberté de circulation ne fonctionne pas dans les faits, comme l’illustrent ces migrants d’Italie qui ont été refoulés aux frontières françaises. Dans la grande majorité des Etats capitalistes, l’ouverture pure et simple des frontières serait bien plus déstabilisante qu’autre chose.

    C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes !

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    Débat à Liège, ULg, place du XX Août, Salle A2/5/11

    Si le mouvement des travailleurs est assez fort d’un point de vue idéologique et organisationnel, il est capable d’imposer une toute autre musique reposant sur la solidarité active. Nous devons nous opposer à toute intervention militaire impérialiste, dont les effets sont de déstabiliser ces régions et d’ouvrir grand la porte aux seigneurs de guerre et autres organisations mafieuses pour qui le chaos est synonyme d’opportunité, tout en soutenant les mouvements de masse qui luttent pour de meilleures conditions de vie contre l’impérialisme, les oligarchies locales et les forces réactionnaires. Nous avons bien plus en commun avec les travailleurs d’Asie ou d’Afrique qu’avec les rapaces capitalistes des multinationales.
    Un autre aspect de cette solidarité internationale est de lutter pour accorder le droit d’asile à ceux qui fuient la guerre, les conflits sectaires, la misère ou la dictature et pour que les demandeurs d’asile ne soient plus traités comme des criminels et enfermés dans des centres de détention fort peu différents des prisons.

    Il faut aussi nous assurer de contrer l’extrême droite, dont l’attitude est de jeter de l’huile sur le feu pour stimuler le racisme et présenter les migrants comme les boucs émissaires des échecs économiques du capitalisme. Accroître les tensions et divisions entre divers groupes dans la société est une stratégie bien connue : diviser pour mieux régner. Le mouvement organisé des travailleurs est capable de lier ensemble la cause des migrants à celle des autres couches exploitées dans la société.

    Dire que les moyens manquent pour offrir un bon avenir et de bonnes conditions de vie à la population – quelle que soit son origine – est un mensonge. Ce qui se produit dans les faits, c’est que les gros actionnaires et grands patrons pillent les caisses de la collectivité, la richesse créée à la sueur de notre front, pour ne laisser que des miettes tout en proclamant les poches et la bouche pleines ‘‘attention, les immigrés veulent vous voler ce qui reste !’’ Comme le dit le slogan : ‘‘le problème , c’est le banquier, pas l’immigré’’ !

    La seule issue de sortie réaliste de la crise des réfugiés est une lutte unitaire de tous les travailleurs, indépendamment de leurs origines, genres ou encore orientations sexuelles, pour arracher les leviers de l’économie des mains de l’élite capitaliste. Il sera ainsi possible de disposer des moyens nécessaires pour mettre fin aux guerres, à la misère, à la destruction de l’environnement,… Seule l’instauration d’une nouvelle société, une société socialiste démocratique, sera de nature à voir naître un monde où la liberté de circulation sera réelle et débarrassée de la logique d’exploitation.

    • 14 septembre : Bruxelles. Action : Rassemblement face au conseil européen justice intérieur  (plus d’infos)
    • 15 septembre : Bruxelles. Manifestation contre la venue de Marine Le Pen à Bruxelles (plus d’infos) 
    • 16 septembre : Bruxelles. Débat : Capitalisme et migration : quelle alternative à l’Europe-Forteresse ? (plus d’infos)
    • 26 septembre : Bruxelles. Manifestation nationale de solidarité avec les réfugiés (évènement Facebook)
    • 30 septembre : Liège. Débat : Capitalisme et migration : quelle alternative à l’Europe-Forteresse ? (plus d’infos)

    (1) Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR).
    (2) Pour le malawi : santé afrique : http://www.ipsinternational.org/
    (3) Rapport OXFAM 2014

  • Dheepan : un film choquant sur les réfugiés tamouls

    dheepan_afficheDheepan, de Jacques Audiard est un film touchant dont la réalisation a été saluée, notamment par une Palme d’Or au festival de Cannes. L’histoire, qui débute par les horreurs de la guerre civile au Sri Lanka, est remarquable et peut être sujette à plusieurs lectures. Le film commence quand 10.000 Tamouls sont poursuivis et massacrés par le régime. Un homme décide de s’enfuir après avoir perdu sa famille. Il reçoit le conseil de prendre une autre identité, celle de l’activiste Dheepan qui vient de mourir et, comme ce dernier avait une femme et une fille, il cherche au hasard une femme et un enfant parmi les nombreuses victimes de la guerre. Ensemble, ils émigrent en Inde en bateau et gagnent ensuite la France.

    Par Geert Cool

    Le film aborde surtout la confrontation entre les réfugiés et leur nouvel environnement, mais de vagues références touchent à la tragédie au Sri Lanka. On montre par exemple de courts fragments du documentaire britannique ‘‘Sri Lanka’s Killing Fields’’ consacré aux horribles crimes perpétrés par le régime en 2009. Si le contexte de ces événements n’est pas élaboré, il est toujours possible au spectateur intéressé de retrouver ce documentaire et de chercher du matériel sur l’oppression de la minorité tamoule au Sri Lanka, ce dont nous avons régulièrement fait écho dans les pages de Lutte Socialiste et sur socialisme.be. Nous disposons également d’un blog de campagne (en néerlandais) spécifiquement consacré à la question : tamilsolidariteit.wordpress.com.

    La famille ‘‘recomposée’’ de Dheepan ne doit pas seulement gérer les traumatismes et le désespoir du passé, mais également la misère qui la frappe en Europe. Cela entraine des crises d’angoisse, mais aussi l’alcoolisme et la violence. Dheepan et sa famille arrivent dans la banlieue parisienne, là où la drogue et la violence sont monnaie courante. L’espoir d’avoir une vie meilleure reste au rang de perspective. Le simple fait de se rendre à l’école n’est pas évident pour la jeune fille qui doit entretemps s’attacher à de nouveaux parents qui font seulement connaissance l’un de l’autre. Lorsqu’un responsable lui demande pourquoi elle n’allait pas à l’école au Sri Lanka, elle répond : “Parce que les écoles ont été réduites en cendres par le gouvernement.” Dheepan et sa femme ne comprennent pas que le responsable de l’école trouve cela étrange : “Mais tout le monde réduit quand même les écoles en cendres?”.

    Notre campagne ‘‘Tamil Solidariteit / Tamil Solidarity’’ a été invitée à la projection du film réservée à la presse en Belgique. Nous nous y sommes rendus avec notre camarade Niranjan qui, après coup, réagissait en disant : “Oui, le film est dur. Mais c’est ça notre vie.” Un tas d’éléments de ce film lui sont très familiers. “Ma tante a réglé ma fuite en Europe, elle me disait que la Belgique était un bon pays. J’ai dû chercher le pays sur une carte du monde et dans l’avion, le nom de Bruxelles ne me disait que vaguement quelque chose. Quand je suis arrivé ici, il y a deux ans, je ne suis pas sorti pendant deux mois. Tout était étrange et j’avais peur. Commencer une nouvelle vie dans un pays lointain en ayant 18 ans et avec l’incertitude quant à la régularisation de mes papiers, c’était difficile. J’ai vu comment d’autres Tamouls ont couru à leur perte en raison de troubles d’angoisse dus aux traumatismes de guerre. Moi, j’ai toujours peur, j’espère recevoir mes papiers après mon troisième entretien fin août afin de pouvoir quitter le centre d’asile de Kapellen pour commencer ma vie.’’

    Quand un militant de ‘‘Tamil Solidariteit / Tamil Solidarity’’ a risqué d’être expulsé de Belgique, tout récemment, Antonythasan Jesuthasan, l’acteur qui joue le rôle de Dheepan, a appuyé notre campagne de soutien. Au vu de la répression permanente qui règne au Sri Lanka, la plupart des Tamouls reçoivent momentanément asile en Belgique, où sont réfugiés quelques milliers de Tamouls du Sri Lanka, essentiellement à Anvers. Cette communauté est bien petite en comparaison des 300.000 Tamouls qui vivent en Grande Bretagne ou des 150.000 qui vivent en France. Notre campagne de solidarité organise une dizaine de militants tamouls qui veulent poursuivre en Belgique leur lutte pour la justice et contre la discrimination permanente et la violence au Sri Lanka. Cette campagne est également active contre l’austérité et participe aux luttes du mouvement des travailleurs dans notre pays. Avec le soutien actif de la FGTB-Horval (Horeca-Alimentation) à Anvers, des militants de Tamil Solidariteit essayent ainsi de développer la présence syndicale, notamment parmi le personnel du secteur Horeca.

    Pour les politiciens néolibéraux, la thématique du droit d’asile est une question de chiffre qui porte surtout sur la manière de refouler les réfugiés. Pour ces politiciens établis, ce sont les réfugiés le problème, pas les raisons pour lesquelles ces gens décident d’entreprendre une aventure si désespérée. Simultanément, les victimes de l’austérité en Belgique sont montées contre les victimes de la catastrophique politique étrangère occidentale.

    Le film Dheepan a comme avantage qu’il aborde la question du point de vue des réfugiés eux-mêmes, sans en donner une image romantique et sans tomber dans la simple succession de malheurs. Nous laissons au spectateur le choix d’interpréter la fin comme ils l’entendent bien entendu mais, pour atteindre une véritable amélioration dans la réalité, il faudra encore durement lutter, tant ici qu’à l’échelle internationale. Nous tentons d’y livrer une modeste contribution avec la campagne Tamil Solidariteit.

  • La DH, taire la vérité et crier les préjugés: quand attiser le racisme est un métier

    dh_demerdeJeudi dernier, la Dernière Heure titrait en grands caractères «les Belges ne veulent pas des migrants!» Sur base d’un «sondage exclusif», le journal renvoyait avec sa «Une» racoleuse vers un maigre dossier de trois pages. Dans un climat de montée de la xénophobie et des idées d’extrême droite, le rôle des médias est fondamental, et des titres comme celui-ci ne sont pas anodins.

    Par Nicolas P. (Bruxelles)

    Article sensationnel, vide journalistique

    À côté de la photo d’une femme en bikini et des «visages de charme de la rentrée», un titre accrocheur comme celui-là n’aurait pas pu être mieux accompagné. L’article se composait en tout et pour tout des résultats en graphiques d’un sondage effectués sur 2000 personnes à propos des migrants et des conséquences pour notre pays de leur arrivée. Mais il ne faut pas être linguiste pour savoir que les mots et la manière de poser les questions ont un poids.

    Parler de «migrant» plutôt que de réfugié, ça a un poids. En plus d’être inexact il substitue la réalité d’une personne qui fuit la guerre ou la persécution à celle d’un simple voyageur (1).

    Demander combien coûte un migrant, c’est nier les chiffres qui prouvent le contraire (2). Interroger sur la somme que chacun serait prêt à donner pour un réfugié, c’est ne pas demander combien il donne en réalité déjà pour financer l’achat d’avions de chasse, compenser l’évasion fiscale des familles les plus riches de notre pays, ou encore payer des parachutes dorés de centaines de milliers d’euros accordés aux patrons d’entreprises publiques (3). Ainsi le patron de la SNCB avec un salaire de 290 000 euros/an ou les diamantaires anversois coupables (4) d’une fraude de plus de deux milliards d’euros ne font l’objet d’aucun sondage d’opinion et très rarement de la «Une» d’un quotidien.

    Faire croire que les réfugiés coûtent à l’Etat c’est oublier de dire que ces coûts couvrent essentiellement le salaire d’employés (ASBL, centres Fedasil, administration…) et que le gain pour les finances de l’Etat est en moyenne de 3500€ par individu (les cotisations sociales des réfugiés étant supérieures aux allocations versées). Imposer l’idée d’un afflux d’immigrés, d’une « invasion » c’est oublier de rappeler que nos grand-parents étaient bien heureux de pouvoir se réfugier en France en 1940 et que la situation actuelle de la Belgique en terme d’accueil n’a rien d’exceptionnel cette année et n’atteint que 2 demandeurs d’asile pour 1000 habitants. Enfin focaliser la politique sur l’immigration c’est taire le fait qu’en Europe ce ne sont pas les réfugiés mais bien les politiciens traditionnels et le grand patronat qui sabotent d’arrache-pied nos services publics, saquent nos emplois et détruisent notre sécurité sociale.

    Le rôle d’un média n’est pas de crier haut et fort les préjugés qui circulent dans un pays. Effectivement un sentiment anti-immigration domine actuellement dans l’opinion publique. Mais comment s’en étonner ? La crise détruit des milliers d’emplois, les politiciens se lavent les mains de toute responsabilité de leurs politiques antisociales en accusant tour à tour les immigrés de « profiter des allocations » ou de « voler les emplois » et le mouvement social peine à apporter une réponse cohérente et audible.

    Les journaux hurlent avec les loups en faisant les gros titres du moindre soupçon d’attentat terroriste, focalisent les débats de société sur la question des immigrés, et nient systématiquement l’évidence des injustices bien réelles dues au capitalisme et à l’austérité.

    Même si certains journaux sont particulièrement immondes et malhonnêtes, la majorité des médias privés comme publics participent à la banalisation de la xénophobie et au climat anti-immigration par leurs choix éditoriaux, leur façon de traiter les sujets, le choix des images comme des termes utilisés etc. A l’occasion un journaliste ou l’autre peut se montrer plus honnête et publier des informations correctes qui peuvent être utiles pour démonter les arguments habituels.

    Mais corriger des chiffres à coups d’études scientifiques ne suffit pas. Pour réellement répondre à la montée du racisme, il ne suffit pas, comme certains « progressistes » intellectuels le font, de mépriser les gens souvent plus précarisés qui pointent du doigt les réfugiés comme cause du nombre de sans-abris, du taux de chômage ou de l’insécurité. Plus que jamais il est nécessaire de mettre à jour le rôle honteux des Etats européens dans le déclenchement de conflits au Moyen-Orient et ailleurs, dans le pillage des ressources du monde néocolonial, dans le maintien en place de dictatures brutales et meurtrières.

    Il faut crier plus que jamais que ce ne sont pas des immigrés qui ont fermé presque toutes les usines de Wallonie ces vingt dernières années. Que ce ne sont pas les immigrés qui se font élire sur de fausses promesses. Que ce ne sont pas les immigrés qui demandent des milliards d’euros pour sauver leurs banques. Pas plus que ce ne sont les immigrés qui obligent tous les gouvernements d’Europe à raboter les pensions, diminuer les allocations et vendre les services publics à des entreprises privées. Tout cela doit être le rôle du mouvement social, via les syndicats, les associations et les partis de gauche et leurs médias.

    Que face à tant de violence sociale et de misère une couche importante de la population cherche un responsable, c’est naturel. Mais à l’heure ou l’annonce de la mort en mer de dizaines de réfugiés devient quotidienne, continuer à taire les vraies causes des injustices et à concentrer l’attention sur les réfugiés ainsi qu’à recouvrir de légitimité journalistique les mensonges racistes omniprésents, ce n’est pas seulement médiocre, c’est criminel.

    (1) http://www.rtbf.be/info/dossier/drames-de-la-migration-les-candidats-refugies-meurent-aux-portes-de-l-europe/detail_migrant-demandeur-d-asile-ou-refugie-debat-sur-la-terminologie?id=9063772
    (2) http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-belgique-face-a-un-afflux-massif-de-refugies-reponse-en-chiffres?id=9050959
    (3) http://www.lalibre.be/economie/actualite/les-salaires-et-les-parachutes-dores-polemiques-dans-le-secteur-public-524a55db35703eef3a0b54a3
    (4) http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-belgique-demissionnaire-face-a-la-fraude-de-certains-diamantaires?id=8984142

  • Liège : ‘‘Nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger!’’

    SP_cathy16Ce 22 août 2015 diverses associations avaient répondu à l’appel de la Voix des Sans-Papiers de Liège au côté de nombreux manifestants : le CPCR, à l’initiative de la marche avec le Comité de soutien aux sans-papiers de Liège, le CRACPE (Comité de Résistance Aux Centres Pour Étrangers), le Comité de quartier de Sclessin, la FGTB, les JOC (Jeunes Organisés et Combattifs), le CADTM (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde, la LCR, Ecolo, le PTB, EGA (Étudiants de Gauche Actifs, organisation de jeunesse du PSL) et le PSL.

    Rapport et photos : Cathy (Liège)

    C’est sous le slogan « nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger » que quelque 350 Liégeois ont entamé dans une ambiance sereine quoique combative la Marche de Soutien à la Voix des Sans-Papiers de Liège, relayant le Centre Culturel Poly-Résistances à l’occupation des anciens locaux de l’ONE de Sclessin.

    En effet, il y a 3 mois maintenant que la Voix des Sans-Papiers a décidé d’occuper les anciens locaux de l’ONE à Sclessin, dans la région liégeoise. Au départ, ils ne voulaient pas attirer l’attention : « Nous avons toujours intérêt à nous faire discrets », nous explique Sana. Mais, devant les actions de plus en plus dures et agressives de l’Europe-Forteresse, relayées en Belgique par le Secrétaire d’État à la Migration, Théo Francken (N-VA), et pour enfin se donner une chance de faire entendre leur voix, ils ont décidé de s’installer dans les locaux.

    Ces derniers sont donc devenus le seul refuge de 54 personnes, dont 19 enfants et 9 femmes.
    Nadine, membre du Collectif des femmes de la Voix des Sans-papiers, s’indigne : « Où est la reconnaissance de l’Europe ? Que dit-elle aux femmes et aux enfants qui vivent dans des conditions inhumaines ? Si nous sommes expulsées, nombre de mes sœurs seront violées devant leurs enfants et leurs mari, comme c’est le cas au Congo depuis des années, et c’est vers cela que l’on nous renvoit ? » Et de citer avec émotion les actes engagés du Docteur Denis Mukwege (1), le Docteur qui répare les femmes, Prix Nobel de la Paix en 2014 et qui s’indignait devant le Parlement Européen à Strasbourg, lui remettant le Prix Sakharov : « Comment me taire? Quand nous savons que ces crimes contre l’humanité sont planifiés avec un mobile bassement économique. » Car c’est de cela qu’il s’agit : le toujours plus de profit du capitalisme.

    Combien de pays, appelés « pays du tiers-monde », ne se sont-ils pas fait piller par les puissances impérialistes et poussés à s’endetter par le FMI et contraints de rembourser des intérêts monumentaux pour des sommes dont le peuple n’a jamais profité ? Combien de paysans, d’agriculteurs, travaillent comme des esclaves dans leur propre pays pour une production dont ils ne verront jamais la couleur ? Combien d’hommes, de femmes et d’enfants se voient contraints de quitter leur pays en guerre ?

    Et quelle est la réponse hypocrite de notre gouvernement ? « Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde », « il faut gérer l’afflux de ces criminels », etc. Il tente de nous dresser les uns contre les autres et les medias relaient une information toujours plus crapuleuse.

    Prenons un simple exemple. Un hebdomadaire lu par des milliers de personnes titre : « 60 % des belges trouvent qu’il y a trop d’immigrés dans le pays » (2). Lorsqu’on regarde l’article de plus près, il s’agit d’un sondage réalisé sur l’avis de…500 belges et l’auteur en tire de nombreuses conclusions hasardeuses qu’il généralise à tout un pays. N’est-ce pas de la manipulation ?

    Contre ces tentatives de division du système capitaliste, toujours plus agressives, nous devons opposer une lutte et un combat unitaire : travailleurs, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, hommes, femmes, minorités oppressées,… nous sommes tous des victimes de l’austérité. Nous avons tous droit au logement, à l’éducation, aux soins,… A la dignité.

    EGA et le PSL vous invitent à participer en masse l’action qui se déroulera le 15 septembre à Bruxelles contre le meeting raciste du Vlaams Belang et la venue de Marine Le Pen ainsi qu’à la Manifestation du 07 octobre en front commun syndical.

    No Pasaran !

    (1) www.panzihospital.org/about/dr-denis_mukwege

    (2) Edition Le soir du 11,08,2015

    Liège : ‘‘Nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger!’’

  • [PHOTOS] Marche de soutien à La Voix des Sans-Papiers de Liège.

    SP_yana03Ce samedi 22 août, environ 350 personnes ont participé à une manifestation exigeant la régularisation des sans-papiers et dénonçant la politique migratoire raciste existant en Belgique et plus largement dans l’Europe-Forteresse. Il s’agissait aussi de soutenir l’occupation d’un ancien bâtiment de l’ONE à Sclessin organisée par la Voix des Sans-Papiers de Liège.

    Photos : Yana (Liège)

    Le texte du Comité de soutien, activement distribué durant le mois d’août en rue par les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) entre autres, expliquait : ‘‘En 2014, plus de trois milliers de personnes ont perdu la vie au large des côtes européennes, car l’Union Européenne a rendu quasi impossible un accès et un séjour légal pour les migrants. Ceux-ci fuient pourtant des réalités insoutenables qui sont les guerres, les dictatures, les persécutions, l’absence de droits économiques et sociaux,… (…) Nous refusons les politiques qui génèrent l’exclusion sociale! Les migrants ne sont pas les seules victimes des diktats de l’Union Européenne, comme l’actualité nous le montre encore, avec l’exemple du peuple grec. En Belgique aussi l’austérité fait des victimes, et celles-ci perdent leurs acquis sociaux : exclusions du droit aux allocations de chômage et d’insertion, coupes dans tous les budgets sociaux, attaques contre les pensions… Le nombre de « sans » s’amplifie chaque jour : sans emploi, sans logement, sans revenus… qui rejoignent les sans-papiers dans la précarité.’’ Il s’agit d’une approche éminemment correcte, notre seule chance de parvenir à arracher la victoire est de lutter ensemble !

    La seule issue de sortie réaliste de la crise des réfugiés est une lutte unitaire de tous les travailleurs, indépendamment de leurs origines, genres ou encore orientations sexuelles, pour arracher les leviers de l’économie des mains de l’élite capitaliste. Il sera ainsi possible de disposer des moyens nécessaires pour mettre fin aux guerres, à la misère, à la destruction de l’environnement,… Seule l’instauration d’une nouvelle société, une société socialiste démocratique, sera de nature à voir naître un monde où la liberté de circulation sera réelle et débarrassée de la logique d’exploitation.

    Solidarité avec les sans-papiers ! Le problème c’est le banquier, pas l’immigré ! C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes !

    SP_yana01

  • [INTERVIEW] Les politiques migratoires européennes et la situation en Italie

    Interview de Marco Verruggio, porte-parole de ControCorrente, section italienne du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    Cette interview a été réalisée par Pietro (Bruxelles) dans le cadre de l'édition 2015 de l'école d'été du CIO.

    Marco, quelle est la situation sur les côtes en Italie?

    CC_cio_2015Tous le monde se rappelle du naufrage d’un bateau de migrants en mer Méditerranée. La mort de 800 à 900 migrants dans un seul naufrage a braqué les projecteurs du monde entier sur la tragédie humanitaire de dimension incalculable qui se déroule à quelques kilomètres des côtes européennes. C’était il y a quelques mois en mer Méditerranée. Pourtant, malgré son caractère apocalyptique, ce massacre n’a rien d’extraordinaire. Il n’était que le dernier d’une longue série de tragédies annoncées auxquelles sont confrontés des milliers de personnes tous les jours. Pour la plupart, il s’agit de jeunes d’Afrique sub-saharienne et du Moyen-Orient qui tentent de fuir la guerre et la dévastation créée par le capitalisme.

    Le caractère «ordinaire» de ces tragédies est démontré par ces données: en 2014, il y avait déjà plus de 3.000 noyés. La mer Méditerranée est, selon une étude de l’Organisation des Nations Unies, la «route» la plus meurtrière au monde.

    Ces numéros sans humanité qui cachent tant de vies perdues, des vies de jeunes issus de pays ravagés par la pauvreté et la guerre, démontrent la brutalité du système capitaliste.

    Le massacre du 18 avril restera dans l’histoire comme un massacre prédit. Un massacre planifié et prévisible.

    Et en Libye?

    La destruction du régime de Kadhafi suite à l’intervention militaire de la France et de l’Angleterre, soutenue par Napolitano, le président de la république italienne de l’époque, a détruit l’intégrité territoriale de l’Etat libyen.

    L’appareil d’Etat libyen n’existe plus. A sa place, il existe des entités politiques qui se ne reconnaissent pas, dans un contexte caractérisé par l’existence d’une mosaïque complexe de clans et de tribus où sont également actifs des groupes de djihadistes.

    La côte libyenne est remplie d’immenses camps de prisonniers qui recueillent des dizaines de milliers de Nigérians, d’Ethiopiens, d’Erythréens, de Somaliens, de Ghanéens et de Soudanais qui vivent dans la pauvreté absolue et en semi-esclavage. Ils sont traités comme une monnaie d’échange pour les profits lucratifs de passeurs.

    Ces êtres humaines sont contraints de payer des milliers d’euros pour un voyage vers l’Europe et, dans les mains de ces trafiquants, ils sont utilisés pour le profit des oligarchies locales. Voilà pourquoi les départs à partir de la Libye ont augmenté et vont augmenter dans les prochains mois.

    Selon les estimations faites par les ONG actives dans le territoire libyen, dans le pays, il y aurait plus de 1 million de réfugiés prêts à tout faire pour atteindre le continent européen à travers l’Italie.

    Quelle est la réaction du monde politique et de l’opinion publique en Italie ?

    Ces tragédies ont ébranlé la conscience de millions de personnes à travers le monde et surtout de millions de citoyens italiens vivant tout juste de l’autre côté de la mer Méditerranée. Mais, d’autre part, il y existe un espace pour les idées réactionnaires de la Ligue du Nord qui instrumentalise ces tragédies vers une rhétorique anti-immigrés.

    Comme prévu, tous les dirigeants politiques de Salvini jusqu’à Vendola ont profité de l’occasion «gourmande» pour faire parler d’eux en proposant des lectures et des solutions les plus improbables. Considérez les mots du secrétaire de la Ligue du Nord, qui a suggéré de laisser couler les bateaux en mer! Une idée révoltante qui exprime uniquement la misère humaine de ceux qui les prononcent.

    Mais au même temps, il ne faut pas tomber dans une rhétorique moraliste sans cacher les vrais responsables de ces tragédies. Les partis au gouvernement et la plupart de l’opposition soutiennent depuis des années la politique internationale de l’UE, y compris le bombardement de la Libye en 2011 qui a contribué à cette situation.

    Le vide laissé à gauche laisse croître les idées racistes au sein de la société italienne, déjà affaiblie par des années des crise économique.

    Ces derniers semaines, on a assisté à une explosion de rage anti-immigré dans des quartiers populaires de Rome et de Treviso. Les gens étaient en fait instrumentalisés par des groups d’extrême droite comme Casa Pound et Forza Nuova. De plus, les coopératives « rouges » ou contrôlées par la Mafia font d’énormes profits en gérant les appels d’offres des communes pour l’accueil des immigrés.

    Quel fut l’impact de l’opération Mare Nostrum et de l’agence Frontex?

    Le naufrage d’un navire libyen le 3 octobre 2013, à quelques kilomètres du port de Lampedusa, a conduit à la mort de 366 personnes, ce qui avait provoqué une vague de controverse et de pressions politiques nationales et internationales, ce qui a incité le gouvernement dirigé par Enrico Letta à prendre des mesures pour prévenir la récurrence d’événements similaires.

    Sous la pression de l’opinion publique, du Vatican et des secteurs de l’Union européenne, le gouvernement Letta a décidé de lancer l’opération Mare Nostrum le 14 octobre 2013. L’objectif principal était d’ordre humanitaire et le sauvetage en mer de migrants. Au cours d’un an environ, Mare Nostrum a permis 558 interventions et le sauvetage en mer de plus de 100 milliers de migrants.

    Malgré son succès, l’opération a été annulée à cause des nombreuses coupes dans les dépenses publiques et a été remplacée par Frontex, qui inclut le contrôle des frontières et une limitation de sauvetage en mer.

    Quelle est la position de ControCorrente?

    Pour prévenir de nouvelles catastrophes il y un besoin vital de rétablir immédiatement une opération de sauvetage international en mer dans les eaux internationales et, si nécessaire, dans les eaux nationales de Libye.

    L’aide doit être garantie à tout être humain. Toute considération de la politique sur l’immigration ne peut pas ignorer cela. La bourgeoisie italienne n’est pas prête à payer la totalité des coûts résultant de la réintroduction d’une opération telle que Mare Nostrum et demande le soutien de l’UE. D’autre part, il est clair que ces coûts ne peuvent pas être compensés par de nouvelles coupes dans les dépenses sociales et via l’augmentation des taxes sur les travailleurs et la classe moyenne italiens. Il faut éviter de semer la division entre les travailleurs et les migrants. Mais il est clair que le caractère de classe de l’Union européenne ne peut persister que si elle exige des sacrifices et plus d’austérité, comme en Grèce.

    Toutes les solutions des politiciens italiens et européens – le soutien au gouvernement «légitime» de Tobrouk, l’envoi d’une force de maintien de la paix en Libye, le blocus naval de la Méditerranée, l’ouverture les centres de tri sur le sol libyen, le naufrage des barges avec la couverture de l’ONU – ont une viabilité douteuse, qui prouve l’impossibilité totale pour les politiciens européens à affronter les grands défis de notre temps.

    La rhétorique vide de la politique au cours des dernières années se confronte à la solidarité spontanée des résidents désintéressés à Lampedusa, Palerme et Catane. C’est la meilleure réponse à ceux qui, parmi les nombreux membres de la caste politique, exploitent cyniquement ces événements en profitant honteusement des tragédies. Mais la solidarité et la générosité des citoyens italiens ne sont pas suffisantes pour prévenir ces tragédies. Il faut changer de système.

    En conclusion: il y a un problème immédiat qui est de ne pas laisser des milliers de personnes mourir, et cela doit être résolu par la mobilisation de tous les moyens disponibles.

    Mais dans le cadre de l’économie capitaliste, de la spéculation sur le prix des matières premières, de la misère et de conflits alimentés par l’impérialisme occidental (y compris italien), le phénomène de l’immigration de masse est inévitable et généralisée. Puisque vous ne pouvez pas encercler de barbelés l’Europe, la solution au problème doit être politique.

    Seule une société libre de la pauvreté, de l’exploitation du travail et de la guerre sera en mesure de garantir à chaque être humain la liberté de choisir entre vivre avec dignité dans son propre pays et passer à un autre pays sans que personne n’ait à craindre les conséquences de ce choix.

    C’est ce que nous appelons une société socialiste. Un premier pas dans la direction de cette société serait une politique claire qui en finirait avec les pratiques qui utilisent notre argent pour financer des transactions louches dans l’ombre des coopératives qui traitent avec les immigrants et avec la «coopération internationale» et le financement d’expéditions militaires à l’étranger en favorisant l’explosion de la migration de masse.

  • Liège. Marche en soutien à La Voix des Sans Papiers.

    voixSPDépart le samedi 22 août, à 13h30 du CPCR, 11 en Jonruelle à 4000 Liège, vers l’occupation à Sclessin de La Voix des Sans Papiers.

    A l’initiative du CPCR, de La Voix des Sans Papiers, du Comité de soutien aux sans papiers de Liège

    => Evénement facebook

    Contre toutes les formes d’exclusion, pour le droit de vivre dans la dignité et en sécurité. « Nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger ! »

    Parce que nous ne soutenons pas les politiques inhumaines en termes de migration de notre gouvernement et de l’Europe-forteresse. En 2014, plus de trois milliers de personnes ont perdu la vie au large des côtes européennes, car l’Union Européenne a rendu quasi impossible un accès et un séjour légal pour les migrants. Ceux-ci fuient pourtant des réalités insoutenables qui sont les guerres, les dictatures, les persécutions, l’absence de droits économiques et sociaux…

    Parce nous soutenons les initiatives qui osent défier ces politiques froides! Parce que cela concerne des hommes et des femmes, des enfants, avec une histoire, un parcours de vie!

    Parce que nous refusons les politiques qui génèrent l’exclusion sociale! Les migrants ne sont pas les seules victimes des diktats de l’Union Européenne, comme l’actualité nous le montre encore, avec l’exemple du peuple grec. En Belgique aussi l’austérité fait des victimes, et celles-ci perdent leurs acquis sociaux : exclusions du droit aux allocations de chômage et d’insertion, coupes dans tous les budgets sociaux, attaques contre les pensions… Le nombre de « sans » s’amplifie chaque jour : sans emploi, sans logement, sans revenus… qui rejoignent les sans papiers dans la précarité.

    Nous vous appelons :
    – à nous rassembler, toutes et tous, avec et sans papiers, pour soutenir cette action d’occupation d’un bâtiment public, alternative concrète face à la précarité
    – à rejoindre le combat des sans papiers pour la régularisation de leur séjour, étape essentielle dans le combat pour l’égalité des droits
    – à lutter ensemble contre toutes les formes d’exclusion !

    A Sclessin, ce sont 45 hommes, femmes et enfants, qui occupent un ancien bâtiment de l’ONE, situé rue Veine Sothuy, à côté de la Résidence Fraternité. Ils attendent chaque jour votre visite solidaire !

    &, à 18h00, au CPCR

    Rencontre avec La Voix des Sans-Papiers de Liège et de Bruxelles, le Comité de Soutien à la Voix des Sans-Papiers de Liège, le CRACPE et Comune del Belgio sur l’occupation à Sclessin par la Voix des Sans-Papiers de Liège

    Depuis quelques mois, la Voix des Sans Papiers de Liège a ouvert une occupation à Sclessin. Ce n’est pas la première occupation par des personnes sans-papiers à Liège. Il y en a aussi pour le moment à Bruxelles.

    L’objectif de cette soirée est de discuter autour de la démarche d’occuper des lieux comme positionnement politique, mais aussi de comprendre en quoi cela pourrait contribuer à une régularisation des situations des personnes sans-papiers sur le territoire belge. Il est donc important de mettre cette lutte en parallèle à celles du passé ou à celles de Bruxelles, afin de comprendre ce qui a fonctionné, moins bien fonctionné et aussi de mobiliser des forces et du soutien pour cette occupation.

  • Liège. Manifestation devant le conseil communal en soutien aux sans-papiers de Sclessin

    conseil_communal_SP_liege_01Une cinquantaine d’activistes se sont rassemblés sur la place du marché ce lundi 22 juin, bravant la pluie, pour obtenir du conseil communal de Liège une prise de position favorable à l’occupation d’un bâtiment inutilisé de l’ONE actuellement occupé par des militants et des familles sans-papiers. Parmi eux, des militants du collectif “La voix des sans-papiers”, du CRACPE, des Jeunes FGTB, du PTB et du PSL. Bien que la publicité du conseil communal soit garantie par la constitution, la police a refusé l’accès à l’hôtel de ville aux manifestants, concédant à quelques militants seulement le droit de distribuer un tract aux conseillers communaux afin de les sensibiliser à la situation de sans-papiers.

    conseil_communal_SP_liege_03Une motion a été présentée au conseil communal sur une initiative d’Ecolo, recevant l’appui du PTB et de Vega. Cette motion vise à appuyer l’occupation, à fournir un accès à l’eau et à l’électricité aux habitants et à garantir que la police ne procèdera à aucune expulsion. Si on peut se réjouir qu’une motion ait été introduite en ce sens, sa faiblesse réside il nous semble dans la proposition d’autoriser les sans-papiers à sensibiliser le voisinage, ce qui est un droit fondamental qui ne saurait être l’objet d’une autorisation quelconque sans risquer un précédent dangereux.

    conseil_communal_SP_liege_04D’après les militants du CRACPE avec qui nous avons discuté, le bourgmestre PS Willy Demeyer, a consenti à la présentation de cette motion mais a refusé qu’elle soit votée, repoussant le débat à la prochaine séance du conseil communal.

    Quoi qu’il en soit, et quel que soit le résultat du vote sur cette motion, l’occupation ne saurait se passer de la solidarité active et de l’appui des riverains et activistes du comité de soutien. L’auto-organisation des sans-papiers de Sclessin est exemplaire. Ils s’emploient depuis leur arrivée à nouer des liens avec le voisinage et à expliquer leur démarche. Mais il est nécessaire d’organiser la sympathie et le potentiel de solidarité grandissant que leur initiative suscite.

    Une réunion ouverte à toute personne qui souhaite s’impliquer se tient sur le lieu de l’occupation ce mercredi 24 juin à 18h00 qui sera sans doute l’occasion pour le collectif et ses soutiens de définir la teneur des prochaines actions.

  • Liège : Solidarité avec l'occupation des sans-papiers de Sclessin

    Manifestation nationale des sans-papiers, 3 mai 2015. Photo : PPICS

    La Voix des Sans Papiers de Liège a annoncé l’ouverture, par des sans-papiers, d’une nouvelle occupation à Liège, dans l’ancien bâtiment de la consultation de l’ONE à Sclessin, Rue de la Veine Sothuy 4000 Sclessin, (accessible par la rue Méaroulle).

    Cette action rejoint celles menées par plusieurs groupes à Bruxelles dénonçant l’attitude de l’actuel gouvernement qui mène une politique extrêmement restrictive en matière d’asile et d’immigration, et pro-active en matière d’enfermement et d’expulsions !

    En fait, depuis la régularisation, partielle, de 2009, les titres de séjour en Belgique ont été attribués au compte –gouttes, quelles que soient les situations des demandeurs…

    COMMUNIQUE DE PRESSE de la Voix des Sans Papiers

    Aux autorités communales de Liège, au gouvernement fédéral, à la population,

    Par la présente, nous, la Voix des Sans Papiers de Liège, et tous nos soutiens, avec et sans papiers, vous informons que nous procédons à une occupation de bâtiment qui a démarré ce samedi 6 juin 2015 matin pour les raisons suivantes:

    Nous sommes des humains comme tous les autres ; nous avons droit à la vie ; nous n’avons pas voulu cette situation. Elle nous arrive à nous, elle peut arriver à chacun, pourquoi pas à vous ?

    Voilà pourquoi nous réclamons :

    • la régularisation des sans-papiers
    • la fermeture des centres fermés
    • l’arrêt immédiat des expulsions
    • la liberté de circulation
    • l’arrêt de la criminalisation des sans papiers
    • l’arrêt du racisme d’Etat

    Nous souhaitons être utiles par nos savoir- faire et pouvoir vivre dans la dignité !

    La Voix des Sans Papiers de Liège, appuyée par le Comité de soutien aux sans papiers de Liège

    Contacts :

    Voix des Sans Papiers de Liège : Ousmane Sana 0466 21 62 51 et Mamadou Guisset 0499 81 68 37
    Comité de soutien : France Arets 0497 54 24 33

    Rassemblement de solidarité

    Ce lundi 22 juin, la Voix des Sans Papiers de Liège et le Comité de soutien appellent à un rassemblement dès 17H30 Place du Marché à Liège, le jour du Conseil Communal, afin de sensibiliser les conseillers communaux et de demander le soutien des autorités communales liégeoises à l’occupation. Les organisateurs visent aussi à leur demander d’intervenir au sein de leurs partis respectifs sur la question de l’urgence de la régularisation des sans-papiers.

     

     

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