Category: Asile

  • Un Kazakh n’est pas l’autre…

    sans_papiers_3mai

    Lors de la manifestation des sans-papiers du 3 mai, nous avons rencontré Yalkun (nom d’emprunt), un jeune homme aux pieds bien sur terre. Son père était politiquement actif dans la région frontalière entre le Kazakhstan et le Xinjiang. Étant poursuivis, lui et sa famille ont dû fuir. Alors qu’il est un fait établi que les membres de la minorité ouïghoure à laquelle Yalkun et sa famille appartiennent sont persécutés, le gouvernement belge a refusé de leur donner asile.

    Par Liesbeth et Geert, article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    À contrario, un autre Kazakh, le milliardaire Patokh Chodiev, est, lui, devenu belge en un rien de temps en 1997, notamment grâce à son ami libéral Serge Kubla. Alors que Yalkun et sa famille ont été persécutés par un régime corrompu et répressif, Chodiev a par contre été poursuivi dans notre pays pour corruption. Mais Chodiev a racheté ce procès en Belgique, il a été le premier à faire usage de la loi permettant de payer une indemnité pour se libérer de poursuites judiciaires. Le président du Sénat Armand De Decker (MR), étant l’un de ses avocats, aucun problème ne s’est posé. La famille ouïghoure est, par contre, menacée d’expulsion. Il leur a même été signifié que les preuves apportées à leur dossier sont discutables en raison de la corruption généralisée au Kazakhstan…

    Les Ouïghours constituent un peuple opprimé essentiellement issu de la région chinoise du Xinjiang. Leur oppression a fait irruption sur l’arène internationale suite au soulèvement qui a pris place au Xinjiang en 2009 et à la répression brutale du régime chinois. De nombreux Ouïghours ont depuis fui, entre autres au Kazakhstan, ce qui a notamment eu pour conséquence d’y renforcer la discrimination déjà existante à leur encontre. La dictature kazakhe partage avec la Chine l’idée selon laquelle les Ouïghours en lutte pour leurs droits ne sont qu’un ramassis de djihadistes et de terroristes fondamentalistes. Les liens économiques entretenus avec la Chine pèsent lourd dans cette approche commune.

    Les Ouïghours n’ont aucune chance de gravir l’échelle sociale au Kazakhstan. En 2001 déjà, l’expulsion de 33 Ouïghours kazakhs de notre pays avait déclenché des actions de protestations. Depuis lors, la situation n’a fait qu’empirer, surtout après le soulèvement de 2009, dans un contexte de dictature où la liberté d’expression ou d’organisation est inexistante. Des militants pour les Droits de l’Homme tels que Vadim Kurashim – un membre du Mouvement Socialiste au Kazakhstan – sont persécutés sans pitié. Le régime du président Nazarbaïev est dénoncé de toutes parts. Tout cela ajouté aux preuves de persécution apportées par la famille de Yalkun a simplement été balayé par l’Office des étrangers.

    Contrairement aux Ouïghours de Chine, ceux du Kazakhstan ont peu de chances de recevoir l’asile dans notre pays. Les problèmes sont pourtant identiques et tout retour éventuel comporte de nombreux dangers. Mais si les autorités belges déroulent le tapis rouge pour de riches fraudeurs, des Ouïghours persécutés et issus du même pays sont menacés d’expulsion et condamnés à l’angoisse et l’incertitude.

    Nous soutenons la régularisation généralisée de tous les sans-papiers. Dans ce cas précis, avec des enfants en âge d’être scolarisés, il s’agit d’une nécessité particulièrement urgente.

  • La Méditerranée, ce charnier du capitalisme

    crise_refugiesLes drames récents en mer Méditerranée sont une macabre illustration de l’incapacité du système à répondre aux crises qu’il génère. Les guerres, la misère économique, les dégradations environnementales, l’instabilité politique, l’absence de sécurité et le non-respect des droits élémentaires entrainent une augmentation des demandes d’asile. Quelle est la réponse du capitalisme et de ceux qui défendent ce modèle ? Quelle alternative mettons-nous en avant ?

    Par Alain (Namur)

    Le drame du 19 avril 2015 et le chacun-pour-soi de l’Union européenne

    Le naufrage d’un bateau à 220 kilomètres de L’ile Lampedusa en Italie a causé la mort d’environ 700 personnes. Selon C. Sami, porte-parole du Haut-Commissariat aux Réfugiés, si ces chiffres se confirment il s’agit de ‘‘la pire hécatombe jamais vue en Méditerranée’’. Cette mer devient la route la plus dangereuse du monde. (Libération, 19 avril 2015)

    Le nombre de morts en Méditerranée est en augmentation depuis que l’Europe a repris les missions de sauvetage par l’intermédiaire de son agence Frontex. En 2013, suite à la pression populaire et à l’émotion suscitée par les drames à répétition sur ses côtes, l’Italie avait mis en place une opération de surveillance et de sauvetage au large de ses côtes, nommée Mare Nostrum. Celle-ci a permis de sauver 150.000 personnes en un an. Toutefois, dans les pays du sud de l’Europe – particulièrement touchés par la question migratoire – tous les courants de droites ont instrumentalisé cette question. Ainsi, en Italie, la Ligue du Nord, l’ancien parti de Berlusconi, mais aussi Beppe Grillo (du Mouvement des 5 étoiles) ont critiqué cette démarche. Ils ont notamment mis en avant le cout : 9 millions d’euros à la seule charge de l’Italie.

    L’Union européenne a depuis développé sa propre opération de sauvetage nommée Triton. Cependant, les moyens affectés ne sont que de 2,9 millions d’euros avec moins de matériel alloué pour mener à bien cette tâche. Pour l’Union européenne, la seule solution est la répression et la militarisation. La Commission européenne a décidé de dépêcher des bâtiments de guerre au large des côtes libyennes et lancent des opérations de type Mos Maiorum visant à arrêter les immigrants en situation irrégulière.

    Parallèlement à cela, le Président de la Commission européenne émet également l’idée de répartir les réfugiés entre les différents pays de l’UE par une méthode de quotas qui seraient fonction du nombre d’habitants et de paramètres économique. Mais cette idée se heurte à la résistance de plusieurs pays comme le Royaume-Uni, la Pologne et les États baltes.

    Les causes des migrations

    Depuis que l’humanité est, des phénomènes migratoires ont existé. Ceux-ci ont eu des causes multiples à travers l’Histoire. Poussé par la recherche de nourriture, par des contraintes écologiques, par la compétition pour les ressources naturelles (etc.), l’Homme s’est déplacé. L’espèce humaine telle que nous la connaissons est née près de la vallée du Rift et a, depuis, colonisé toutes les niches écologiques habitables.

    À l’heure actuelle, les crises du système et ces différentes manifestations poussent les gens à émigrer et à aller demander l’asile. Les chiffres du Haut-Commissariat aux Réfugié(e)s sont clairs : 900.000 demandes d’asile ont été enregistrées en 2014. C’est une augmentation de 45% par rapport à 2013. L’origine des demandeurs est à mettre en parallèle avec les actuelles impasses géostratégiques de la politique occidentale au Proche et Moyen- Orient : 150.000 demandes de Syriens (une demande d’asile sur cinq dans les pays industrialisés), 68.000 demandes d’Irakiens, 60.000 demandes d’Afghans, suivent ensuite les Serbes et les Érythréens.

    En termes de pays d’accueil, pour les pays industrialisés, c’est l’Allemagne et les États-Unis qui ont recueilli le plus de demandes (respectivement 173.000 et 121.000). Mais ne nous y trompons pas ! Si tous les courants de droite utilisent cette question pour diviser les travailleurs sur base de l’austérité, il faut rappeler que la plupart des déplacés de pays en crise le sont au sein du pays lui-même et dans les pays voisins. La Turquie accueille ainsi 1,5 million de réfugiés syriens.

    Les immigrés, une main d’oeuvre bon marché

    Pour le patronat, il est très intéressant de disposer d’une main-d’oeuvre bon marché et pour qui s’organiser pour défendre ses revendications reste compliqué. Cela permet de faire pression à la baisse sur les conditions de travail et de vie de tous les salariés. C’est ainsi que le ministre de l’Intérieur italien A. Alfano a rappelé qu’il était légalement possible de faire travailler les migrants gratuitement. Actuellement, c’est en Allemagne que ce débat connait le plus de vigueur, notamment face à l’émergence du mouvement anti-immigration et anti-islam Pegida. Le patronat soutient l’immigration choisie pour son industrie afin de diviser les travailleurs pour toucher toujours plus de profits. En effet, au-delà du vieillissement de la population, les patrons allemands sont confrontés à une remontée des luttes syndicales. Ces dernières ont récemment conduit à l’adoption d’un salaire minimum, mais aussi à des augmentations substantielles de salaires, notamment dans le secteur de la métallurgie.

    Notre réponse : la solidarité au-delà des frontières et quel que soit le statut.

    Contrairement à ce que propose le secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations Théo Francken (N-VA), nous ne pensons pas que bombarder les bateaux au départ des côtes africaines soit la solution! Les voies terrestres et aériennes étant bloquées, l’Union européenne veut désormais s’attaquer à la voie maritime. Cependant, tant que les causes profondes qui poussent les personnes à émigrer seront présentes, on ne fera qu’amonceler des tombes à nos frontières.

    Le bombardement de la Lybie par les États impérialistes y a créé des conditions de quasi-guerre civile. Dans cette situation, des seigneurs de guerre et des bandes mafieuses se livrent au commerce de la misère humaine. Le même processus est à l’oeuvre en Irak et en Afghanistan. La déstabilisation de la Syrie n’a fait qu’amplifier le phénomène. Nous devons continuer à nous opposer à toutes les guerres et interventions impérialistes, car comme la situation actuelle l’indique, elles ne créent que davantage de misère. Il nous faut soutenir dans ces pays les mobilisations des masses en faveur de l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

    Nous devons également nous battre dans notre propre pays pour lutter contre la politique d’austérité. En effet, c’est au nom de ce genre de politique que l’Italie a abandonné Mare Nostrum. Nous devons aussi lutter pour renforcer l’organisation et l’implication dans la lutte de tous les travailleurs, quel que soit leur statut. Cela permettra de lutter contre la concurrence entre travailleurs dans la situation de chômage de masse que nous subissons. L’implication des travailleurs sans-papiers dans les récentes manifestations et actions syndicales est en ce sens un excellent signal d’unité.

  • Liège : Une occupation de sans-papiers à Sclessin

    SP_liege_01Depuis ce samedi, plusieurs migrants sans-papiers, dont des familles, occupent un bâtiment de l’ONE laissé vacant à Sclessin. Ils sont aujourd’hui une trentaine. Leur installation a donné lieu à une visite de solidarité de la section liégeoise du PSL qui a aussi été l’occasion d’une interview collective dans la cour du bâtiment occupé.

    Lutte Socialiste : Comment est venu l’idée de vous installer ici ?

    Les occupants : Où aurions-nous été ? C’est plutôt ça la question. Il n’y a pas de structure pour nous accueillir. Il nous fallait un endroit pour nous poser quand ce n’est plus possible de se faire accueillir chez l’un ou l’autre, un endroit qui soit accessible à tous les sans-papiers et qui permette aussi d’accueillir les familles dignement. Nous avons vu les occupations de sans-papiers à Bruxelles et nous nous sommes dit qu’il fallait monter une initiative analogue ici, sur Liège. Nous avons trouvé ce lieu qui ne servait à personne et nous nous y sommes installés.

    Lutte Socialiste : Qui est ce « nous » ? Vous êtes organisés ?

    Les occupants : Oui, nous sommes un groupe de militants qui est organisé sous le nom « la voix des sans-papiers ». Nous avons participé aux initiatives et aux manifestations organisées par la coordination bruxelloise des sans-papiers et nous avons également participé à une marche de sans-papiers à Anvers.

    Lutte Socialiste : Comment c’est passé votre installation ? Quelles sont vos relations avec le voisinage ou les autorités communales ?

    SP_liege_02Les occupants : Avec les gens du quartier, on s’est un peu jaugés au départ. C’est toujours comme ça quand tu arrives quelque part. Maintenant, on a de bons contacts. Les gens du coin sont nombreux à venir nous donner un coup de main et à nous apporter de quoi finaliser notre installation. Il faut dire que nous aussi, on est attentifs à respecter la tranquillité du voisinage. Pour ce qui est des autorités, le CRACPE (collectif de résistance aux centres pour étrangers) a négocié avec la ville la possibilité de rester ici. La police est déjà venue à trois reprises, y compris la police fédérale mais ils ne sont pas intervenus.

    Lutte Socialiste : Qu’attendez-vous de cette occupation ? Quel est votre objectif ?

    Les occupants : Bien sûr, notre objectif à terme, c’est d’être régularisés, d’avoir une situation stable qui permette d’avoir un vrai contrat de travail, un revenu stable …et de cotiser comme tout un chacun. En attendant, tant qu’on ne trouve pas une solution durable pour nous, nous allons rester ici.

    Lutte Socialiste : Cela fait peu de temps que vous êtes installée mais quel soutien avez-vous reçu jusqu’ici ?

    Les occupants : Le CRACPE, comme on l’a dit a été actif dès le début. Beaucoup de gens sont déjà passé, des militants de différentes organisations. Mais on reçoit aussi beaucoup de soutien de la FGTB, notamment les jeunes qui organisent la centralisation de l’aide qu’on veut bien nous apporter.

     

    Au terme de l’interview, la discussion s’est engagée sur la façon d’aider au mieux les occupants et la cause des sans-papiers en général. Au PSL, notre point de vue est que la lutte des sans-papiers pour leur régularisation ne doit pas être séparée des autres luttes sociales et qu’il est fondamental d’organiser la solidarité entre travailleurs avec ou sans papiers pour se renforcer mutuellement.

    Du reste, nous devons rendre clair qu’il existe un lien immédiat entre l’exploitation de travailleurs sans-papiers pour des salaires de misère et la pression à la baisse sur les salaires des travailleurs légaux. Nous avons un adversaire commun : un système économique inique qui est la cause de misère partout dans le monde, de précarité croissante y compris en Belgique et pousse à l’émigration les travailleurs des pays du sud. Ce système est aujourd’hui incarné par le gouvernement Michel qui s’active à détricoter toutes les conquêtes sociales du mouvement des travailleurs et stigmatise particulièrement les migrants et les sans-papiers. Une campagne dans le voisinage de l’occupation pour expliquer la situation des sans-papiers et dénoncer la politique du gouvernement serait un bon pas en cette direction.

    A côté de cette nécessaire solidarité politique, les occupants ont besoin de toute aide matérielle disponible qui peut leur être apportée rue de la Veine Sothuy 4000 Sclessin, (accessible par la rue Méaroulle, près de la résidence Fraternité).

  • Saint-Gilles: 12.000 signatures pour la régularisation de Joël et de sa maman

    20150603_125027En 2010, Joël obtient un visa médical en Belgique. Il contracte une maladie rare : la dysplasie osseuse qui empêche ses os de grandir et ses poumons de se développer. En 2012 lui et sa mère avaient déjà fait l’objet d’une tentative d’expulsion vers le Rwanda par l’Office des Etrangers. Récemment, face à une nouvelle tentative, les élèves, personnel et parents d’élèves de l’école J.J. Michel se sont mobilisés contre ce nouvel ordre de quitter le territoire. Mercredi 3 juin ils étaient présents nombreux devant l’Office des Etrangers pour déposer la pétition rassemblant 12000 signatures.

    Le visa médical, une procédure réduite à presque rien sous DI Rupo.

    Ce durcissement auquel fait face Joël n’est pas isolé. En effet, le gouvernement précédent a drastiquement limité cette possibilité de régularisation pour raison médicale. En règle générale déjà, dans la note du gouvernement Di Rupo était clairement avancé que la limitation des demandes d’asile et des régularisations serait un objectif de la législature. Maggie de Block, alors secrétaire d’Etat à l’asile, avait alors fait preuve d’un zèle exemplaire, battant des records d’expulsion (+40% en 2012 par rapport à 2011).

    Une des mesures pour atteindre ces objectifs a été l’instauration d’un «filtre médical» pour contrôler les demandes de régularisation pour raison de santé. Dans les faits un groupes de médecins contrôle les dossiers (1), une manière en fait de se débarrasser de demandeurs d’asile jugés trop nombreux et indésirables. Des abus du côté de l’Office des Etrangers avaient d’ailleurs fait l’objet d’une mise en garde du Conseil d’Etat (2). Avec ce «filtre médical», les raisons de refuser l’asile se sont assouplies. Par exemple, si un rapport explique que pour telle maladie, 20% des patients ont accès au traitement dans le pays d’origine, alors l’Office des Etrangers estime la demande irrecevable. Ces méthodes lancées sous la législature Di Rupo avec Maggie de Block continuent sous le gouvernement actuel.

    Dans le cas de Joël, les témoignages au rassemblement de mercredi vont dans le sens des dénonciations déjà émises par diverses associations. Ici aussi, il semble que les médecins de l’Office des Etrangers n’ont ni vu Joël, ni pris contact avec les médecins spécialistes qui suivent Joël pour émettre leur avis. De plus ce cas n’est pas isolé. En 2013, 1,36% des demandes pour un visa médical ont obtenu satisfaction (3).

    Politique d’exclusion raciste Vs. solidarité active

    Ce n’est pas la première fois que la solidarité s’illustre à l’école J.J. Michel. En 2009 déjà les parents d’élèves s’étaient mobilisés contre la tentative d’exclusion d’un père d’élèves, Wilfred Barnett (Junior). Ils avaient réussi à suspendre l’ordre de quitter le territoire. Ici aussi l’application froide la loi était incompréhensible : l’administration voulait séparer un père de ses enfants belges. A l’époque le collectif soulignait déjà que : <i>«La mobilisation a été lancée autour de Junior. Toutefois, de nombreuses familles, de nombreuses écoles connaissent cette expérience, au combien violente, de voir un des leurs enfermé et menacé d’expulsion sous prétexte que sa situation administrative n’est pas “adhoc”.»</i>

    Ces exemples de solidarité concrète s’opposent ainsi aux nombreux articles dans les médias traditionnels vantant les mérites des politiques d’immigration dures. Encore aujourd’hui, Maggie de Block, qui a mis en place le «filtre médical», est considérée comme la personnalité politique préférée en Belgique (déjà le cas sous Di Rupo). Cette situation n’est pas anodine, encore aujourd’hui, malgré l’énorme colère que les politiques d’austérité créent, il y a une tendance médiatique à souligner que les politiciens prennent enfin leurs «responsabilités» pour résoudre «les problèmes».

    «Nous voulons que Joël vive comme nous»

    «Il y a trop d’immigrés», «il y a des abus dans les demandes»,… ces campagnes de solidarité à la base, dans les quartiers, dans les écoles comme ici, contrecarrent magnifiquement ces idées. Ce sont des tentatives de semer des divisions alors que nous fréquentons les mêmes écoles, les mêmes quartiers, les mêmes lieux de travail. Les prises de paroles des enfants, les pancartes pour Joël face à l’Office des Etrangers illustrent une manière toute différente de faire de la politique basée sur la solidarité et les besoins, plus que sur des objectifs bureaucratiques… aux nuances racistes non dissimulées.

    Des papiers pour Joël, des papiers pour tous !

    Le 3 mai dernier, la coordination des sans papiers mobilisaient pour une grande manifestation unitaire pour la régularisation de tous les sans papiers. Ce fut également une réussite, 2000 personnes ont manifesté en soutien aux sans papiers. Pour Joël, la visibilité de la campagne de solidarité, les 12000 signatures ont obligé les médias à couvrir l’événement. Comme en 2009, la question que le cas de Joël n’est pas isolé est présente dans la campagne de solidarité. Cette magnifique mobilisation pourrait être le catalyseur pour une campagne généralisée contre les expulsions dans nos écoles. Lions les luttes pour la régularisation des sans papiers.

    Prochainement la coordination des sans papiers marchera sur Wavre, le 13 juin, pour interpeller le premier ministre dans sa commune. Cette campagne pour Joël et sa maman illustre la multitude des cas de refus dont font face les demandeurs d’asile. Ce pourrait être une bonne initiative de relancer une mobilisation sur le modèle du 3 mai avec suffisamment de temps pour grossir les rangs des jeunes et des travailleurs qui veulent illustrer leur solidarité.

    Avec ou sans papiers nous sommes tous des écoliers, nous sommes tous des travailleurs.
    Régularisation pour Joël et sa mère !
    Des papiers pour tous !

    Notes:

    1) Voir à ce sujet le témoignage d’un ancien médecin conseil de l’Office des Etrangers : La régularisation médicale ? « Presque impossible de remettre un avis positif ». Article paru dans le Soir du 30 mai 2014, consultable sur le blog d’Olivier Bailly.

    2) Filtre médical pour les réfugiés: “Trop strict” selon le Conseil d’Etat ; RTBF.

    3) cf La régularisation médicale ? « Presque impossible de remettre un avis positif », déjà cité ci-dessus.

    Photos : Nico M.

  • Solidarité avec les sans-papiers contre les provocations d’extrême droite.

    sp_juin05Ce lundi, la coordination des sans papiers se donnait rendez-vous métro Art-loi pour revendiquer la régularisation de tous les sans-papiers. Au moins 200 personnes étaient présentes à cette action, surtout des militants sans-papiers issus de différents collectifs et lieux d’occupation, rassemblés autour de la coordination des sans-papiers. Des dizaines de militants et de syndicalistes sont également venus soutenir leurs revendications et construire la mobilisation face aux provocations de l’extrême droite du mardi 26 mai.

    Par Nicolas M. (Bruxelles)

    Repoussons les idées réactionnaires par la mobilisation large et solidaire.

    Au même moment, une quinzaine de manifestants d’extrême droite étaient rassemblés place du Luxembourg. Une tentative de se rapprocher du métro Art-loi, puis du suivre les sans-papiers à distance a bien été tentée une fois le rassemblement disloqué, mais aucune confrontation n’a pris place. Le nombre présent à l’action de la coordination sans-papiers est un facteur important pour minimiser les militants néofascistes et casser leur confiance à intervenir ouvertement, à diffuser leurs idées racistes ou encore à provoquer physiquement les militants progressistes.

    A l’appel de la coordination, le vendredi 29 mai prenait place une réunion pour rassembler les différentes énergies qui soutiennent la coordination, ses actions et ses revendications. Ceci a permis de préparer une mobilisation rapide mais efficace vers ce lundi midi. Cette sorte de «coordination des soutiens aux sans-papiers» est une bonne initiative, surtout après le succès de la manifestation du 3 mai dernier.

    13 juin, marche des sans-papiers Bruxelles-Wavre, ville du premier ministre Michel.

    A cette réunion, le projet de la marche sur Wavre a été présenté par la coordination des sans-papiers. Leur projet est de marcher de Bruxelles jusque Wavre le 13 juin afin de rencontrer le premier ministre pour «revendiquer leurs droits de participer au développement économique de la Belgique, leurs droits de séjour et leurs droits de travailler.» Ils ajoutent sur leur matériel de mobilisation : «Le gouvernement Michel n’est pas raciste, c’est juste qu’il n’aime pas : les sans-papiers, les immigrés, les étudiants, les militants, les associations, les syndicats, les chômeurs, les mouvements de soutien,…» Ce slogan illustre la nécessité de lutter de manière unifiée. Face aux provocations des néofascistes, aux mesures racistes, à l’austérité, construisons des mobilisations larges et illustrons que nous voulons construire tous ensemble la résistance contre nos ennemis communs. Tout ce qui nous divise nous affaiblit !

    Vers un nouveau 3 mai ?

    La manifestation du 3 mai était l’initiative qui invitait à concrétiser cela, avec une campagne intensive de plusieurs semaines en amont afin que largement, les militants, activistes, soutiens, syndicalistes, bloquent cette date importante lancée par la coordination. Les militants sans-papiers se sont mobilisés à chaque rendez-vous des syndicats dans la dernière période, lors du plan d’action de fin 2014 ou lors des concentrations place de la Monnaie entre autres.

    Autour des actions hebdomadaires de la coordination, une nouvelle grande date de mobilisation large serait la bienvenue pour continuer à construire sur la lancée du 3 mai.

    En nous donnant le temps de mobiliser, la coordination et l’ensemble de ses soutiens pourraient construire un évènement plus massif. Ceci concrétiserait la solidarité qui existe au sein des jeunes et des travailleurs pour la lutte et les revendications des sans-papiers. Les syndicats parlent d’une nouvelle campagne pour la rentrée de septembre 2015. La lutte pour la régularisation des sans-papiers doit participer à cette lutte généralisée contre le gouvernement et les politiques d’austérité. Une date lancée par la coordination des sans-papiers pour cette période pourrait constituer une étape importante dans la construction d’une telle campagne.

    Lorsque les masses entrent en jeu, comme ce fut le cas en décembre 2014, les idées racistes et les tentatives de diviser la population sont rejetées à l’arrière-plan, la solidarité et l’action collective prennent alors le dessus. C’est une illusion de croire que cette période est refermée. Solidarité avec les sans-papiers! Avec ou sans-papiers, nous sommes tous des travailleurs!

    13 juin rdv 10h sur les marches de la gare du Nord pour le départ vers Wavre

    Page de l’évènement Facebook

  • Bruxelles, un rassemblement de sans papiers attaqué par l'extrême droite

    Photo : Alternative LibertaireLe 3 mai dernier, la coordination des sans papiers organisait à Bruxelles une manifestation nationale et unitaire en soutien à la lutte des sans papiers en Belgique. Après des semaines de campagne intensive, ce fut une réussite, notamment au niveau de l’appel unitaire, liant tous les sans papiers et appelant les jeunes et les travailleurs, les militants, syndicalistes à se joindre massivement à la manifestation. Mais également au niveau du résultat : plusieurs milliers de personnes dans les rues derrière la banderole : « Coordination des sans papiers. Une seule solution : régularisation ».

    Par Nico M. (Bruxelles)

    C’est en fait chaque semaine que les sans papiers organisent des actions aux portes des différents ministères. Cette semaine, le mardi 26, ils se retrouvaient aux portes du parlement européen pour une rencontre avec quelques parlementaires. Les sans papiers rassemblés sur la place du Luxembourg ont alors reçu la visite de Laurent Ozon, militant d’extrême droite français très proche du FN. Il avait d’ailleurs annoncé son intention d’intervenir sur la place du Luxembourg en publiant sur les réseaux sociaux : «Rassemblement citoyen à 13H15 devant la Commission Européenne pour dire non à l’occupation de nos pays par les clandestins». Son Mouvement pour la Remigration qu’il tente de mettre sur pied voulait «perturber l’incroyable manifestation de soutien aux clandestins du mardi 26 mai».

    Laurent Ozon s’est donc invité au milieu des sans papiers accompagné de 5 membres du groupuscule néonazi belge francophone Nation. Entouré de son escorte, Laurent Ozon a fait une surenchère de provocations racistes en direction des sans papiers rassemblés. Protégés par les militants de Nation, il a pu s’échapper pendant que la police encerclait les sans papiers.

    Dans les communiqués de Ozon qui ont suivi, celui-ci se réjouit de la réussite de son action et appelle à la multiplication de ce genre d’initiative. Ce genre de développement est un risque chez tous ces groupes se référant à Aube Dorée en Grèce, tel que Nation chez nous en Belgique.

    Dans ce contexte de crise capitaliste approfondie par les politiques d’austérité, nos conditions de vie sont toujours plus sous pression. Le risque que l’extrême droite instrumentalise alors une partie la colère pour la détourner vers les idées racistes est réel. Cette action de mardi l’illustre. Une campagne comme celle qui a menée à la manifestation unitaire du 3 mai est notre réponse face à ceux qui tentent de nous diviser pour mieux renforcer les capitalistes.

    Ce lundi, comme traditionnellement, la coordination des sans papiers manifestera rue de la Loi. Dans le même temps, et sur la lancée de l’aventure Ozon de mardi, l’extrême droite appelle à un rassemblement Place du Luxembourg, à quelques rues de l’action de la coordination des sans papiers. Mobilisons-nous nombreux pour soutenir les actions des sans papiers, à 11h, métro Art Loi. Répondons en nombre aux intimidations de l’extrême droite.

  • A nouveau quelques photos de la manifestation des sans-papiers

    Nous avons déjà publié hier un rapport et un premier reportage-photos de la dynamique manifestation de solidarité avec les sans papiers qui s’est déroulée ce dimanche à Bruxelles. Voici un nouveau reportage-photos de PPICS.

  • Manifestation nationale des sans papiers : Objectif rempli!

    Objectif accompli!!!! Aujourd'hui plusieurs milliers de personnes ont participé à la grande manifestation nationale de toutes et tous les sans papiers. Ils ont défilés dans le rue de Bruxelles à partir de la Gare du Midi à l'initiative de plusieurs collectifs, dont notamment la Coordination des sans-papiers, la Voix des sans-papiers, le groupe Ebola, les sans-papiers de la régularisation de 2009 et le groupe des Latinos.

    Par Pietro (Bruxelles)

    L’objectif des organisateurs était de fédérer des citoyens belges, des sans-papiers et leurs groupes de soutien, des associations et des syndicats, des militants, des défenseurs des droits de l’Homme et des étudiants, afin de dire “non” à la politique migratoire belge de Théo Franken. Dans les revendications: la régularisation de tous les sans-papiers pour dénoncer le double discours du gouvernement Michel, qui criminalise les sans papiers pour les diviser des autres travailleurs belges mais qui les exploite afin d’assurer plus de profits au patronat.  

    Le gouvernement NVA, Open VLD, MR,CD&V de Charles Michel n’épargne personne avec ses mesures antisociales: pensionnés, chômeurs, travailleurs, indépendants et bien-sûr les sans papiers. Ces derniers travaillent dans des conditions d’exploitation afin de remplir les poches des patrons et de pouvoir faire pression à la baisse sur les conditions de travail de tous les travailleurs belges et migrants. 

    A la fin de la manifestation, derrière l’Office des étrangers, tous les collectifs et une délégations des sans papiers français ont pris la parole pour déclarer que la lutte n’en est encore qu’au début pour arracher leurs droits et chasser ce gouvernement qui fait payer la crise aux travailleurs et aux plus faibles. 

    Les militants du PSL luttent au côté des sans papiers et des travailleurs belges, notamment pour la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires afin de garantir des emplois et une vie décente pour tous.

    Par la lutte, il est possible d’arracher des avancées pour les sans-papiers confrontés à des situations très graves. Mais le capitalisme ne peut être humanisé. Seuls comptent les profits des multinationales.

    Sur base de ce système, il y aura toujours des réfugiés qui fuient les guerres, les crises et la pauvreté. Cela continuera à engendrer de nouveaux drames, comme ces milliers de migrants qui meurent chaque année dans des naufrages en méditerranée. Seule une autre société peut créer une véritable liberté de circulation pour ceux qui le souhaitent tout en assurant la possibilité de construire une vie décente dans son pays d’origine.

    Photos de Nico

  • Marche des sans-papiers ce 3 mai!

    Marche des sans-papiers – Rdv ce 3 mai, 15h, gare du midi!

    C’EST AUX MULTINATIONALES QU’IL FAUT S’EN PRENDRE, PAS A LEURS VICTIMES!

    Vottem_2014_EGALa récente tragédie qui a vu la mort de plus de 800 migrants en Méditerranée s’ajoute aux centaines de victimes de noyades recensées depuis le début de cette année (plus de 3.000 personnes ont ainsi perdu la vie l’an dernier uniquement). Mondialement, moins de 1% des réfugiés arrivent près de l’Union Européenne. La politique d’asile de l’UE est pourtant faite de criminalisation des réfugiés et de militarisation de ses frontières. Les centres fermés pour migrants sont de véritables prisons pour des réfugiés dont le seul crime est d’avoir voulu fuir la guerre et la misère dans leur pays d’origine. Mais il n’existe aucune voie d’accès légale pour cela.

    Tract des Étudiants de Gauche Actifs (EGA)

    C’est ainsi que beaucoup prennent le risque de traverser la Méditerranée à n’importe quel prix. Cette voie très dangereuse est de plus en plus empruntée suite aux guerres civiles sectaires qui font rage en Libye, en Syrie, en Irak, en Somalie et en Afghanistan.

    Quant aux travailleurs sans-papiers en Belgique, le durcissement de la politique d’asile du gouvernement Michel les pousse toujours plus à la merci de patrons qui profitent de leur statut «illégal» pour disposer d’une main d’œuvre bon marché, au noir. C’est un désastre pour tous les travailleurs puisque cela met sous pression l’ensemble des conditions de travail et de salaire.

    Les populistes de droite et l’extrême droite rendent les migrants responsables des pénuries sociales (logements, emplois,… prétendument «volés») pour mieux nous monter les uns contre les autres. Les véritables responsables que sont les multinationales et les gouvernements capitalistes peuvent donc plus facilement appliquer une politique austéritaire qui, dans nos pays, développe encore plus les inégalités et les pénuries et qui, dans les pays du monde néocolonial, intensifie l’exploitation brutale des travailleurs. Guerre, misère, répression : tout cela est inscrit dans le code génétique du capitalisme et sa logique de course aux profits.

    Ensemble, avec ou sans papiers, allons chercher l’argent là où il est : dans les poches des multinationales! Pour les Étudiants de Gauche Actifs (EGA), il faut lier la nécessité d’une véritable politique d’accueil, la suppression des centres fermés, la fin des expulsions et la régularisation des sans-papiers à celle d’un plan radical d’investissements publics pour la construction massive de logements sociaux, d’écoles, etc. permettant la création d’emplois décents afin d’assurer un bon niveau de vie et un avenir à chacun, dans le cadre de la construction d’une société socialiste démocratique.

  • [INTERVIEW] Vers une coordination nationale des groupes de sans-papiers

    sp_marcheLe système de politiques migratoires belge avait déjà été considérablement durci à l’époque du Gouvernement Di Rupo et de la secrétaire d’État à l’asile et à l’immigration Maggie De Block. Comme sur les autres dossiers, le gouvernement actuel a décidé de passer à la vitesse supérieure. Mais la lutte des sans-papiers se développe.

    Propos recueillis par Boris Malarme,

    Vous organisez une manifestation le 3 mai prochain à Bruxelles. Peux-tu nous expliquer l’état des lieux du mouvement jusqu’ici ?

    ‘‘Plusieurs collectifs de demandeurs d’asile s’organisent à Bruxelles. Il y a les Afghans qui ont occupé l’église du béguinage à Bruxelles opposés à leur retour en Afghanistan dans des zones dites ‘‘sécurisées’’, le groupe ‘‘2009’’ constitué de sans-papiers non-régularisés lors de la dernière grande campagne de régularisation en 2009, l’occupation politique ‘‘Léopold 2’’ à Molenbeek, le groupe ‘‘Ebola’’ composé de ressortissants des trois pays touchés par la maladie qui mène une occupation politique à Saint-Josse et il y a encore un groupe issu des pays d’Amérique latine. Chaque groupe à ses revendications et ses spécificités au niveau des recours. Le groupe Ebola, par exemple, exige une protection humanitaire le temps que l’épidémie soit endiguée. Ces groupes, avec diverses associations, organisent ensemble des manifestations deux fois par semaine devant l’Office des étrangers.
    ‘‘La Coordination des Sans-Papiers de Bruxelles rassemble toutes les initiatives que j’ai déjà mentionnées, mais aussi de nombreux demandeurs d’asile qui ne se retrouvent pas dans l’un ou l’autre de ces groupes, autour de revendications communes à tous les travailleurs sans-papiers. En premier lieu: la régularisation de tous les sans-papiers en Belgique.’’

    Vous avez participé aux concentrations du front commun syndical Place de la Monnaie ou encore à la manifestation du front commun qui a eu lieu le 30 mars dernier à Bruxelles contre la politique antisociale du gouvernement Michel. Pourquoi est-ce important ?

    ‘‘Avec la Coordination, nous avons jusqu’ici organisé la présence de délégations de sans-papiers dans toutes les manifestations syndicales contre le gouvernement Michel et nous avons soutenu les grèves. Nous avons également participé aux manifestations contre les centres fermés 127-bis et à Vottem, à Liège. On part d’une analyse de la politique d’immigration en Europe et en Belgique mais on est conscient que ce thème n’est pas isolé du contexte politique général et donc d’une offensive généralisé contre tous les travailleurs. Nous cherchons des liens avec les syndicats, des associations, des organisations politiques pour élargir le champ de solidarité.

    ‘‘La politique brutale du gouvernement a dernièrement poussé deux sans-papiers à mettre fin à leurs jours par désespoir. L’un d’eux participait aux manifestations et était actif avec le groupe ‘‘Ebola’’. Il est décédé le lendemain de son immolation dans les locaux de Fedasil. L’autre s’est suicidé au centre fermé de Merksplas. Il vivait en Belgique depuis 16 ans sa famille vit ici, mais une deuxième tentative d’expulsion était prévue.

    ‘‘Le gouvernement de droite mène une politique migratoire dite ‘‘qualifié’’, qui ne vise pas à accueillir ceux qui fuient les crises, les guerres et la misère. La politique de droite de l’Union européenne facilite l’immigration pour une minorité, ceux qui en ont les moyens, et pour disposer d’une main d’œuvre bon marché pour les patrons. La nouvelle taxe de 215 € pour les primo-arrivant introduisant un dossier en vue d’un permis de travail ou d’une régularisation ainsi que le durcissement de la politique inhumaine d’expulsion et d’enfermement dans les prisons que sont les centres fermés poussent de nombreuses personnes dans la clandestinité.

    ‘‘Ainsi se développe une main d’œuvre qui travaille au noir à des conditions de misère et qui s’enferme le reste du temps par peur des rafles. C’est une aubaine pour les patrons qui ne doivent pas respecter les horaires de travail et les conquêtes syndicales. Des patrons ont par exemple fait travailler des sans-papiers lors de la grève générale du 15 décembre dernier. Ce travail au noir dans la sphère illégale du capitalisme est aussi utilisé pour mettre pression sur les conditions de travail et de salaire de l’ensemble des travailleurs.’’

    Quel est l’objectif de la manifestation du 3 mai ?

    ‘‘Ce sera la première manifestation organisée par la Coordination. Le projet du 3 mai découle d’un contexte de lutte. Nous voulons réagir face au secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration Theo Francken (N-VA) et au gouvernement. Les problèmes évoqués ici ne concernent pas que quelques centaines de cas: il y plus de 100.000 sans-papiers en Belgique. Nous avons l’objectif ambitieux de réunir plusieurs milliers de personnes, en premier lieu les travailleurs sans-papiers eux-mêmes. La marche vise à sensibiliser les travailleurs belges et à faire un pas en avant dans l’organisation de notre lutte avec les collectifs de sans-papiers qui se sont développés à Liège, Anvers, Mons,… Après le 3 mai, nous voulons évoluer vers une coordination nationale de tous les groupes existants en Belgique.’’
    Quelle solution défendre face à cette problématique?

    ‘‘Avec les travailleurs belges, nous pouvons combattre ensemble pour une diminution collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires afin de garantir des emplois et une vie décente pour tous. Par la lutte, il est possible d’arracher des avancées pour les sans-papiers confrontés à des situations très graves. Mais le capitalisme ne peut être humanisé. Seuls comptent les profits des multinationales. Sur base de ce système, il y aura toujours des réfugiés qui fuient les guerres, les crises et la pauvreté. Cela continuera à engendrer de nouveaux drames, comme ces milliers de migrants qui meurent chaque année dans des naufrages en méditerranée. Seule une autre société peut créer une véritable liberté de circulation pour ceux qui le souhaitent tout en assurant la possibilité de construire une vie décente dans son pays d’origine.’’

    Marche des sans-papiers 3 mai – 15h gare du Midi – Bruxelles

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