Category: Politique belge

  • La saga des masques : le manque de planification menace notre santé

    D’ici le 4 mai, nous devions tous avoir obtenu un masque gratuit. C’était l’échéance que le gouvernement fédéral s’était fixée. Comme chacun l’aura remarqué, ce délai n’a pas été respecté. Malgré le fait que cinq ministres sont maintenant responsables des masques, le manque de planification conduit au chaos.

    Les masques sont obligatoires dans les entreprises où la distanciation est impossible et dans les transports publics. Il est également recommandé de les porter ailleurs. Mais les masques gratuits ne sont pas disponibles. Certaines communes en ont délivré, mais ce n’est pas le cas partout. Pour le ministre Geens : ‘‘Il n’est pas possible de mettre en place à court terme une production nationale qui fournisse suffisamment de masques pour tout le monde’’. C’est pourquoi un appel d’offres a été lancé. Pendant ce temps, la population a été encouragée à coudre ses propres masques.

    Le 12 mars, les centres de soins résidentiels ont été fermés et les premières mesures ont été annoncées. Cependant, il a fallu attendre la fin du mois d’avril pour qu’il soit décidé de fournir des masques à tout le monde. Pourquoi si longtemps ? Il est dit que les possibilités de production sont insuffisantes mais, entre-temps, il y a des initiatives privées. Par exemple, Ontex a annoncé qu’elle pourrait lancer une production annuelle de 80 millions de masques chirurgicaux à Eeklo à partir de septembre. Pourquoi l’initiative est-elle laissée aux entreprises privées ? Le gouvernement a scandaleusement réfléchi à la manière de réquisitionner le personnel soignant, mais il n’est apparemment pas possible de réquisitionner les chaînes de production pour produire des équipements de protection.
    Il est d’ailleurs remarquable que les supermarchés soient autorisés à vendre des masques à un moment où il y a encore pénurie, même concernant le personnel soignant. Selon le gouvernement, il y a suffisamment de masques en production pour permettre la vente. Pour le personnel de santé sur les genoux, c’est une nouvelle gifle : apparemment, il existe encore des stocks de masques chirurgicaux dans notre pays, mais le gouvernement n’exige pas qu’ils soient utilisés dans les soins de santé. Au lieu d’exiger les masques, le gouvernement a cédé au chantage des acteurs commerciaux.

    Protéger notre santé est impossible en respectant les intérêts commerciaux. Nous avons besoin d’une approche planifiée, mais celle-ci entre en confrontation avec la course aux profits. Le manque de protection augmente le risque d’une deuxième vague d’infections et d’un nouveau confinement. Le même problème se pose avec le développement d’un vaccin : au lieu que toutes les connaissances disponibles soient partagées, les sociétés pharmaceutiques se mènent concurrence pour être les premières à commercialiser un vaccin. Cela ralentit le développement, et en laissant l’initiative aux mains du secteur privé, il peut aussi y avoir un problème dans ce domaine pour distribuer rapidement le vaccin à toute la population.

    La saga des masques illustre la faillite de ce système. Réquisitionnons les lignes de production nécessaires pour assurer une approche systématique de notre protection et de notre santé !

  • Un nouveau Pacte social ? Attention : danger !

    La rencontre en a surpris plus d’un : les présidents de la FGTB et du MR, Robert Vertenueil et Georges-Louis Bouchez, ont tenu ensemble une réunion au siège du syndicat à Bruxelles. Tous les deux s’accordent sur la nécessité d’un nouveau « Pacte social », Vertenueil soulignant qu’il fut l’un des premiers à se manifester publiquement à cet égard.

    Il y a peu, c’était le commissaire au Plan Philippe Donnay qui avait défendu dans la presse l’idée d’un nouveau pacte social pour la relance, avec les partenaires sociaux, autour de la sécurité sociale. C’était le cas avec le pacte social de 1944 qui avait notamment donné naissance à la sécurité sociale et à un système de concertation entre patrons et travailleurs qui aboutira notamment à la création du Conseil national du travail en 1952. Cette idée est dans l’air du temps, on en entend parler du côté des syndicats, du PS aussi. Mais ce n’est pas sans dangers.

    Le financement de la sécurité sociale a été fortement mis à mal, c’est vrai. Mais il est nécessaire de garder en tête que le pacte social pour l’après seconde guerre mondiale est le fruit d’un contexte particulier. D’une part le capitalisme était en train de perdre la moitié de l’Europe au profit du stalinisme. Le rapport de forces à l’échelle internationale devenait moins favorable aux puissances capitalistes.

    D’autre part, en 1944, le Programme du Conseil national de la Résistance avait été déterminé en France par les représentants des mouvements de résistance, un programme reposant sur d’importantes nationalisations et sur un solide système de sécurité sociale. Au Royaume-Uni, peu après, le Parti travailliste (Labour) obtenait 47,7% des voix aux élections de 1945. Les conservateurs et Churchill étaient battus à plates coutures et le Labour est arrivé au pouvoir et a appliqué un programme de nationalisation d’industries tout en instaurant le système national de soins de santé NHS.

    Ensuite, la sécurité sociale négociée avec ce pacte social n’était essentiellement qu’une coquille vide qui n’a pu réellement prendre corps que grâce aux luttes titanesques menées dans les années ‘50 et ‘60 par la classe ouvrière pour augmenter la contribution du patronat et des travailleurs eux-mêmes, au travers notamment de luttes pour des augmentations du salaire global, y compris donc les contributions à la sécu.

    Le contexte actuel est fondamentalement différent. Pour des gens comme Philippe Donnay, ce débat est un piège qui conduit droit à la destruction de l’ancien Pacte social et à la réforme globale de notre système de sécurité sociale pour qu’il soit beaucoup moins favorable aux travailleurs.

    Avec un gouvernement de provocateurs de droite, autour de la N-VA par exemple, cette casse sociale déclencherait plus rapidement une puissante résistance de la part du mouvement ouvrier. Mais le PS est engagé depuis des années dans une politique de casse sociale, puisque le parti accepte la logique du capitalisme. C’est finalement le président du PS Paul Magnette qui résume le mieux les choses lorsqu’il parle d’un plan de relance : ‘‘Soyons pragmatiques. On n’est pas ici dans des positionnements idéologiques.’’ (L’Écho, 19/05/20)

  • Liège “La Santé A Du Sens”

    Ce mardi 2 juin, le SETCa – Groupe Santé CHC- délégation hôpitaux avait appelé à un rassemblement à Clinique CHC MontLégia. Plusieurs dizaines de personnes, essentiellement des membres du personnel, avaient répondu à l’appel.

    Ce rassemblement défendait l’engagement de plus de personnel, l’amélioration des salaires, la garantie d’équipement de protection pour toutes et tous, que plus de temps soit accordé pour être au chevet des patients, qu’il y ait moins de stress pour les soignants,… en bref : “rendre du sens à ces métiers qui ont du sens”. Ce rassemblement était bien entendu très utile pour mener campagne autour de ces revendications légitimes mais qui ne tomberont pas du ciel.

    Quelques militants du PSL étaient présents et ont souligné l’importance de la Grande manifestation de la santé organisée à l’initiative du groupe d’action militant La Santé en Lutte.

     

  • La lutte des sans-papiers se poursuit… tous ensemble pour la régularisation !

    Après celle de ce lundi 25 mai, une deuxième journée de lutte des collectifs de sans-papiers pour la régularisation a eu lieu ce samedi à Bruxelles. 300 personnes se sont réunies devant la commune de Molenbeek face à une impressionnante présence policière. Les militants sans-papiers ont organisé des prises de parole devant la maison communale et se sont ensuite rendu en cortège vers le boulevard dans une ambiance très combative. Les sans-papiers ont défilé dans les rue de Bruxelles en chantant : « solidarité avec les sans-papiers », « Une seule solution : régularisation »,…

    De prochaines actions seront organisés le jeudi 4 juin devant la commune de Bruxelles-Ville et un appel à une manifestation nationale sera lancé autour du 18 juin, la journée internationale du réfugié !

    Nous publions ici un extrait d’interview d’un membre du PSL actif dans le mouvement des sans-papiers qui travaille pour le Mouvement ouvrier chrétien de Bruxelles.

  • Le confinement ne doit pas être un prétexte pour limiter la liberté d’expression !

    Photo : Rupture et Renouveau

    Le Parti Socialiste de Lutte (PSL) et les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) expriment leur soutien aux militants de Rupture & Renouveau qui se sont faits arrêter par la police pour le simple fait d’avoir distribué des masques et des tracts. Les difficultés pour militer politiquement en rue dans la ville de Mons ne sont pas nouvelles. Pourtant, la liberté d’expression philosophique et politique est un droit conquis par les luttes et inscrit dans la constitution, les communes qui tentent de limiter ce droit en le soumettant à des demandes d’autorisations sont dans l’illégalité. Elles le savent, mais n’en n’ont rien à faire.

    Le confinement est évidement un contexte particulier, mais il ne justifie en rien l’arrestation et les amendes des militants de R&R qui semblent avoir pris des précautions en terme sanitaire et de distanciation physique. C’est l’Etat qui devrait distribuer des masques gratuitement, et on les attend toujours.

    La grande distribution devrait également les fournir gratuitement au moment des courses, comme cela se fait dans d’autres pays. Avec les immenses surprofits réalisés ces dernier mois, ce serait la moindre des choses. Que quelques jeunes attirent l’attention sur ces problèmes par une petite distribution de masques en rue et en profitent pour mener quelques discussions politiques à l’extérieur ne devrait pas mener à une répression policière et administrative. Finalement, ils ont aidé à la protection des personnes qui allaient faire leurs courses dans les commerces de la grand-rue.

    Il est déjà scandaleux qu’une mesure moyenâgeuse comme le confinement nous soit imposée à cause du chaos capitaliste, qui a signifié un sous-investissement public chronique, notamment dans les soins de santé, mais aussi un manque de préparation totale face au risque de pandémie ou encore une incapacité a réquisitionner le matériel nécessaire, pourtant présent dans les entreprises privées, ou à réorienter la production vers le matériel manquant lorsqu’il le faut. Il est d’autant plus inadmissible que ce confinement serve de prétexte à limiter nos droits démocratiques plus de deux mois après qu’il ait commencé.

    Nous invitons les militants de R&R à nous tenir informé des suites de cette affaires car, pour nous, la solidarité est quelque chose qui se construit dans la pratique, pas seulement dans les simples déclarations et postures publiques. Si des actions ont lieu contre l’application de ces amendes, nous y participerons.

  • ‘‘Sauver des vies ou l’économie ?’’ Le capitalisme révélé pour ce qu’il est

    Les travailleurs font tourner le monde, il est temps qu’ils le prennent en main !

    La crise du coronavirus a fait éclater la montagne de problèmes économiques qui n’avaient été que repoussés depuis 2008. Nous entrons dans la pire crise économique depuis 1929. Des millions de travailleurs rejoignent aujourd’hui les rangs des chômeurs. D’après le FMI, la Belgique peut s’attendre à une récession de 6,9% en 2020 et à au moins 100.000 chômeurs en plus. Elio Di Rupo a déjà prévenu ‘‘Il faut être honnête, tout le monde va perdre une partie de ses revenus.’’

    L’expérience de la crise de 2008 nous a douloureusement appris que chacun ne fait pas partie de ce ‘‘tout le monde’’. Pour sauver la classe capitaliste, ceux qui ont envoyé 172 milliards d’euros de Belgique vers les paradis fiscaux en 2019, l’argent n’a pas manqué. La facture, ‘‘tout le monde’’ l’a payée, c’est-à-dire les travailleurs et leur famille.

    Il n’y a pas que pour la santé que l’on s’inquiète. “Entre la crainte de tomber malade et celle de perdre son emploi, il faut choisir”, résumait amèrement un travailleur de Colruyt sur 7sur7.be suite au décès d’un collègue, après avoir expliqué à quel point la direction de son magasin se moquait des mesures de distanciation sociale. En dépit des risques, nombreux sont celles et ceux dont la situation les pousse à espérer la fin du confinement et la fin du chômage technique, quitte à aller bosser la peur au ventre.

    Passons à l’offensive !

    Le mouvement des travailleurs doit se battre pour son propre plan de relance économique et sanitaire. Face aux menaces qui pèsent sur l’emploi, il faut assurer aux travailleurs que chaque entreprise qui procèdera à des licenciements collectifs sera expropriée et placée sous contrôle et gestion des travailleurs. Nous devons répartir le travail disponible par une réduction de la semaine de travail à 30 heures sans perte de salaire pour fournir à chacun un emploi aux conditions de travail équitables. Nous devons nous donner les armes pour faire face à la crise sanitaire, économique et écologique.

    De tels mots d’ordres socialistes peuvent rapidement saisir l’imagination des masses. Des associations françaises de soignants ont récemment exigé la ‘‘réquisition des moyens de production’’ de médicaments et matériel. Hier, ce terme pouvait sembler d’une radicalité abstraite. Aujourd’hui, c’est une évidence.

    Imaginons ce qui serait possible si un plan d’investissements publics massifs s’attaquait à la pénurie de logements sociaux, aux infrastructures sanitaires défaillantes, à l’isolation énergétique,… en créant des emplois socialement utiles avec un vrai salaire. Imaginons ce qui serait possible si un large et puissant secteur public de la recherche scientifique était à l’œuvre pour trouver un vaccin sur base de la coopération. C’est ainsi qu’on pourrait en finir avec le gaspillage d’énergie et de moyens engendré par la concurrence féroce entre multinationales pharmaceutiques. Imaginons ce qui serait possible si une approche planifiée était à l’œuvre pour que l’économie soit pensée et organisée pour répondre aux besoins de la population et non à la cupidité frénétique des actionnaires. Personne n’aurait à poser la question ‘‘sauver des vies ou l’économie’’.

    Cela signifie le non-paiement de la dette publique, sauf sur base de besoins prouvés, l’expropriation et la nationalisation du secteur financier et de secteurs-clés de l’économie sous le contrôle et la gestion des travailleurs. De cette manière, l’argent ne manquera pas pour assurer le bien-être collectif.

    Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures

    La crise du Covid-19 montre l’étendue de la faillite du capitalisme, mais aussi que les ‘‘héros’’ qui tiennent la société sur leur dos, ce sont les éboueurs, les infirmières, les conducteurs de train et de bus, le personnel d’entretien, celui de la distribution,… Personne n’a parlé des actionnaires comme d’une activité essentielle.

    La situation actuelle est propice à la remise en question globale du système capitaliste. Nous devons nous enfoncer dans cette brèche avec audace. Sur le terrain syndical avec une riposte partant de la base pour défendre chaque emploi menacé, y compris par l’occupation des entreprises. Mais aussi sur le terrain politique en attaquant ouvertement la propriété privée des grands moyens de production et d’échange et en s’appuyant sur l’entrée en action des travailleurs et pas seulement sur leurs votes.

    La perspective d’une transformation socialiste de la société renforcerait ce combat et pourrait en même temps être davantage popularisée. La faillite du capitalisme exige de défendre une alternative.

    1) Le Soir, 13 avril 2020

  • [VIDEO] Le capitalisme est le virus le plus mortel qui soit !

    Ce premier mai, le PSL / LSP avait organisé un meeting en ligne qui s’est conclu par une intervention de Bart Vandersteene, porte-parole national de notre parti. Dans celle-ci, il revient sur les nombreux avertissements lancés par le monde scientifiques concernant la probabilité d’une telle pandémie. Mais le capitalisme s’est révélé incapable d’y faire face pour une simple raison : ce système ne repose pas sur la santé et le bien-être de la population, mais sur la course aux profits à court terme. Mais une colère grandit et va atteindre des proportions inédites.

  • Cafouillages inacceptables ! Des vies sont en jeu !


    Il n’a bien entendu jamais été question de lune de miel pour un gouvernement installé dans une telle crise. Pourtant, les médias dominants n’ont pas lésiné sur les éloges à l’égard de Sophie Wilmès afin d’entretenir l’illusion selon laquelle sa présence n’était pas tout simplement due au départ des grands pontes de son parti vers les institutions européennes quand l’incertitude dominait autour de la formation d’un gouvernement fédéral. Mais après les fleurs suivent inévitablement les pots, comme le dit l’adage flamand, ce gouvernement enchaîne les cafouillages inacceptables !

    Par Anja Deschoemacker, édito de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    Dans les maisons de repos, le personnel est à genoux face à une pression insoutenable. Les tests de dépistage y font toujours défaut pour repousser l’incertitude et la peur. Plus d’un mois après le début de l’épidémie, 20.000 tests ont été dégagés pour les 200.000 résidents des maisons de repos, sans parler du personnel ! L’équipement de protection manque toujours cruellement pour protéger le personnel et les résidents, sans parler des visiteurs. Mais le gouvernement a annoncé que de nouvelles visites seraient autorisées. Est-il possible de donner encore plus l’impression de vivre sur une autre planète?!

    Il s’ensuivit un spectacle douloureux qui montra qu’en dépit de l’implication de toutes les structures régionales de l’État dans le processus décisionnel (les maisons de repos figurent parmi les compétences régionales), aucune de ces structures n’a jugé nécessaire de consulter le secteur au préalable. Wouter Beke, le ministre responsable au sein du gouvernement flamand, n’a pas dépassé le stade où il n’avait ‘‘pas compris’’ que cette mesure serait annoncée comme une mesure immédiate. Finalement, le gouvernement a dû revenir sur cette mesure avant son introduction.

    ‘‘Ceci n’est pas un gouvernement’’ – mais le deviendra-t-il ?

    Les pouvoirs spéciaux sont là pour faire fonctionner un gouvernement qui a tout sauf une majorité. Pour l’utilisation de ses pouvoirs, le gouvernement dépend du soutien des partis d’opposition qui ont voté la confiance, en particulier les partis sociaux-démocrates et verts. Un pas de trop aux yeux de cette opposition peut à tout moment conduire à un vote de défiance qui fait chuter le gouvernement. Il s’agit d’une coalition Vivaldi de facto, à laquelle le CD&V ne pouvait pas dire non sans maintenir le pays sans gouvernement en exercice dans la pire crise depuis les années 1930.

    La NVA, leader du gouvernement flamand, est condamnée à regarder de loin. En boudant. Même la presse flamande de droite ne peut nier que ‘‘malgré la crise, le PS n’a pas lâché ses vetos sur la NVA’’. L’attitude de la NVA n’était en fait pas compatible avec la gestion de cette crise dans l’intérêt du système capitaliste lui-même.

    Son impatience, à peine déguisée, à remettre l’économie sur les rails (quitte à ce que cela entraîne encore plus de décès) aurait inévitablement conduit à une protestation massive. Ailleurs, des partis bourgeois traditionnels responsables de l’austérité sauvage qui a frappé les différents pays après la crise de 2008 comprennent la nécessité d’adopter un visage social dans la situation actuelle. La NVA en est incapable. Le ministre flamand de l’éducation Ben Weyts insiste par exemple systématiquement – et avec l’arrogance qui lui est caractéristique – sur la réouverture imminente des écoles, sans que l’on sache comment procéder en toute sécurité. Comment maintenir la distance sociale dans des classes surpeuplées ? Comment éviter que les transports publics soient bondés ?

    La classe capitaliste a un urgent besoin d’un gouvernement capable de maintenir l’apparence que ‘‘nous sommes tous dans le même bateau’’, capable de donner l’impression que ‘‘les épaules les plus fortes supporteront la plus grande contribution’’ et donc capable, à un peu plus long terme, de faire payer le coût de la crise à la majorité de la population sans entraîner une résistance sociale de la classe des travailleurs similaire à celle qui a éclaté dans les années 1930. Ce modèle de gouvernement ne correspond pas à la NVA, c’est celui qui colle à la peau du PS. N’entretenons aucune illusion : ce gouvernement à visage social devra être combattu avec acharnement si nous voulons éviter que la misère sociale ne frappe la population.

  • Sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle !

    La crise du coronavirus démontre qui fait tourner le monde

    Ces dernières semaines, il est apparu clairement qui fait tourner le monde et qui ne le fait pas. Ce ne sont pas les CEO qui ont besoin de personnel pour compter leur argent afin que d’autres employés puissent le transférer vers des paradis fiscaux. Pas non plus les responsables politiques traditionnels qui, du haut de leur tour d’ivoire, n’ont pas vu cette catastrophe pourtant prévisible arriver et ont donc réagi beaucoup trop tard. Ni les commentateurs professionnels dominent nos médias depuis des années en prônant l’austérité et le démantèlement des services publics et de nos conditions de vie.

    Par Geert Cool

    Non, ceux qui font tourner le monde, ce sont les ‘‘héros’’ des soins, du secteur de la distribution (supermarchés et autres magasins), des transports publics, les facteurs, les enseignants,… Ces secteurs où les salaires sont généralement bas, mais dont le travail est pourtant essentiel. Kshama Sawant, Conseillère de ville à Seattle, a fait référence à juste titre à Karl Marx dans le magazine populaire Teen Vogue : ‘‘C’est la classe ouvrière qui crée de la valeur dans l’économie, tandis que les patrons s’en réservent la part du lion’’.

    Ce sont les travailleuses et travailleurs qui font tourner le monde. Alors pourquoi ne pourraient-ils et elles pas le prendre en main ? Même pour déterminer la stratégie de sortie du confinement en Belgique, aucun représentant du monde du travail n’est impliqué dans le GEES. Les ‘‘héros’’ d’aujourd’hui sont-ils les articles à mettre au rebus de demain ?

    Les gouvernements n’ont pas vu venir cette crise sanitaire. Il était pourtant déjà clair en janvier que le virus était hautement contagieux et mortel. Qui pensait sérieusement que le virus resterait confiné à la Chine ? Mais se préparer à l’éventualité aurait affecté les bénéfices des entreprises. Les gouvernements ont donc adopté la politique de l’autruche en espérant que tout irait bien.

    Cette négligence criminelle s’est ajoutée à une longue cure d’austérité dans le domaine des soins de santé tandis que les maisons de repos étaient la proie des multinationales. Un reportage de la chaîne flamande VRT avait résumé les choses en 2017 sous le titre éminemment approprié : ‘‘Soins minimums, profits maximums’’. Aujourd’hui, les personnes âgées paient jusqu’à 2.000 euros par mois pour être enfermées dans des maisons de la mort. Aucune préparation, aucune planification, une négligence mortelle et aucune mesure décisive pour faire face à la crise : voilà comment résumer la politique capitaliste.

    Cette situation désastreuse ne provient pas d’une simple catastrophe naturelle. Le capitalisme perturbe les équilibres écologiques et repose sur une logique où les soins sont progressivement supprimés tandis que le secteur pharmaceutique dépense aux Etats-Unis plus d’argent en publicité qu’en innovation et en recherche. Le Covid-19 est un virus qui a proliféré sur le terreau fertile de la pourriture du capitalisme.

    Les puissants de cette terre, ceux qui se sont isolés en toute sécurité dans leurs spacieux yachts et villas privés, veulent remettre la main-d’œuvre au travail le plus rapidement possible. Mesures de protection, distanciation sociale,… tout devient subordonné au profit. Pendant que nous comptons nos morts, ils comptent leur argent. À quoi servent tous ces appels à rester chez nous, alors que des dizaines de milliers de personnes sont obligées d’aller travailler quotidiennement, même dans des entreprises non-essentielles ? Avec cynisme, les patrons reconnaissent qu’une reprise rapide de l’économie entraînera des morts, mais cela ne compte pas face aux dommages que peuvent subir leurs profits.

    Le capitalisme est un système malade, c’est clair ! Nous avons besoin d’une société différente. Nous constatons déjà aujourd’hui les possibilités qui s’offrent à nous à cet égard. Oui, il y a beaucoup de peur et de frustration. Mais nous voyons aussi le développement extraordinaire d’une solidarité dans la population. L’engagement, souvent désintéressé, des travailleurs est phénoménal. C’est la classe ouvrière qui fait tourner le monde. Nous n’accepterons pas que les patrons nous fassent payer la crise par des licenciements, des économies sur les soins et les services publics ou une réduction de la protection sociale.

    Nous défendons une société socialiste où les besoins de la majorité de la population, y compris la défense de l’environnement, sont essentiels. Une utilisation démocratiquement et rationnellement planifiée de la richesse et des connaissances technologiques disponibles peuvent concentrer la créativité et l’engagement de la classe ouvrière vers un progrès bénéfique à tous. Cette alternative socialiste est nécessaire plus que jamais. Elle ne tombera pas du ciel, il va falloir nous battre pour y parvenir, autour de revendications directement liées à notre quotidien mais placées dans la perspective d’une transformation totale de la société. N’hésitez pas et rejoignez-nous dans ce combat!

  • Le déconfinement en Belgique : travaille et tais-toi !


    La septième semaine de confinement pèse lourdement sur beaucoup de gens. Certains ont perdu leur revenu ou craignent pour leur emploi. Heureusement que le mouvement ouvrier s’est battu dans le passé pour qu’une sécurité sociale soit assurée pour amortir une partie du choc ! Beaucoup de gens souffrent du manque de contacts sociaux. En même temps, la crainte demeure : avec plus de 7.000 morts en Belgique, il est évident que le Covid-19 n’est pas une simple grippe. Sans un vaccin et un vaste programme de dépistage, il sera difficile de contenir le virus.

    C’est dans ce contexte que le Conseil national de sécurité a présenté de nouvelles mesures vendredi dernier. Si les règles de distanciation sociale et de semi-confinement auraient pu à l’époque être traduites par “reste dans ta chambre”, le plan de déconfinement pourrait être traduit par “travaille et tais-toi”. Remettre toute la production et la distribution sur les rails le plus rapidement possible, voilà le point de départ de la stratégie de sortie des différents gouvernements. Les contacts sociaux ou les conséquences psychologiques du confinement sont d’une importance secondaire dans cette stratégie. Le président du PTB, Peter Mertens, a bien résumé la situation : nous reverrons notre patron plus tôt que notre famille.

    Dans le Groupe d’Experts en charge de « l’Exit Strategy » (GEES), les scientifiques avaient préconisé un équilibre entre la relance économique et le rétablissement des contacts sociaux. Les patrons et leurs politiciens n’en voulaient pas : remettre tout le monde au travail le plus vite possible est leur principal objectif. Avec quel argument ? “La vie sociale n’est pas possible sans économie”, comme l’a déclaré Johnny Thijs, membre du GEES, l’homme qui a organisé un massacre social à Bpost et qui ensuite en est parti parce qu’il estimait que le plafond salarial dans les entreprises publiques était trop bas. Mais Johnny a de bonnes nouvelles pour ses collègues topmanagers : ils pourront à nouveau jouer au golf à partir du 4 mai.

    Ce n’est pas une surprise : ce sont les profits des entreprises qui priment. Ce que les travailleurs ressentent n’a pas d’importance tant qu’ils font leur travail. La limitation des contacts sociaux a également cela d’utile qu’elle assure que les gens parlent moins de la situation actuelle et de leur organisation pour défendre leurs droits et leurs intérêts ! Toute personne qui se sent mal à l’aise n’aura qu’à aller faire ses courses, une version moderne du fameux “Qu’ils mangent de la brioche.”

    La stratégie consistant à remettre tout le monde au travail le plus rapidement possible confirme indirectement un constat fait plus tôt dans cette crise du Covid-19 : sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle. Les priorités de la stratégie de sortie découlent de la composition du groupe d’experts et des gouvernements. Les travailleurs, y compris ceux qu’on qualifiait encore hier de héros, n’y sont pas représentés. Ce sont les patrons qui sont aux commandes, même si ce n’est pas sur eux qu’il a fallu compter pour tenir la société sur leurs épaules dans les moments les plus difficiles ! Dès le début de cette crise, nous avons défendu que ce sont les travailleurs qui doivent déterminer la stratégie de sortie : ce sont eux qui savent le mieux quelle production et quelle distribution sont essentielles et comment elles peuvent être réalisées en toute sécurité. C’est le mouvement des travailleurs qui a fait respecter la protection et la prévention au travail par la lutte.

    Outre la question des priorités dans la stratégie de sortie, la question de la préparation, de la planification et donc du calendrier se pose également. De nombreuses personnes attendent avec impatience la fin de l’isolement. C’était prévisible dès le premier jour des mesures. Mais où en sommes-nous dans cette septième semaine en termes de préparation et de planification ? Où sont les masques ? Où sont les centaines de milliers de tests ? Comment l’infrastructure délabrée de nombreuses écoles sera-t-elle adaptée à des mesures de protection strictes ? Beaucoup de choses ont été discutées et rediscutées et beaucoup de temps a été perdu. Des mesures efficaces telles qu’un plan public de dépistage de masse ou la réquisition de lignes de production pour produire du matériel de protection suffisant sur une base planifiée n’ont jamais été considérées. La politique d’austérité menée ces dernières décennies a rendu encore plus difficile de s’ajuster ç ce qu’exige une situation pareille. Tout cela ralentit toute possibilité de suppression progressive des mesures de confinement en toute sécurité. Pourquoi donc ? Pour une raison identique celle sui se trouve derrière les priorités de sortie du confinement : pour les patrons et leurs hommes politiques, seuls comptent les profits. Toute proposition qui va au-delà de la logique du profit est rejetée, même si elle est particulièrement logique et évidente. Nous devons en tirer les leçons : le capitalisme est un obstacle à notre santé et à notre avenir, la nécessité d’un modèle de société différent est plus absolue que jamais.

    Si cela ne dépend que des politiciens traditionnels, nous reviendrons au “business as usual” d’avant cette crise dès que possible. Mais cette “normalité” faisait partie du problème. Nous l’avons constaté dans les soins de santé et certainement dans les maisons de repos qui ont été abandonnées à la logique de profit et aux multinationales du secteur. Leur approche – “soins minimums, profits maximums” – a transformé les maisons de repos en maisons de la mort. Dans l’ensemble du secteur des soins, le manque de ressources et de personnel pèse lourdement. Pourtant, nous entendons déjà les premiers appels à continuer simplement à économiser sur les soins ! Le 18 avril, le plus grand journal de Flandre, Het Laatste Nieuws, a publié un article d’opinion d’une page entière dans lequel l’éditorialiste Jan Segers a écrit : “Il faut réformer et faire des économies, même dans le secteur des soins de santé.’’ Le personnel de santé est considéré aujourd’hui comme un héros, demain comme un poste de dépenses à alléger ? Nous ne pouvons pas accepter cela !

    Toute l’approche de cette crise, y compris le manque de préparation et de planification du déconfinement, illustre la faillite des politiciens établis et du capitalisme en général. Ce système ne repose pas sur les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Une autre société est nécessaire, une société où la majorité de la population pourra décider ce qui est produit et de quelle manière. C’est ce que nous appelons le socialisme. Pour parvenir à cette autre société, nous devons nous organiser et entrer en lutte pour défendre nos droits et nos intérêts. Nous connaissons déj le premier rendez-vous : la grande manifestation de la santé à l’initiative de La Santé en Lutte !

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