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Category: Jeunes
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Le capitalisme tue : Exproprions les criminels climatiques ! Programme en 10 points d’EGA et de la Campagne ROSA

Contre le gaspillage de l’économie de marché, la planification socialiste démocratique
En 2019, des manifestations et grèves scolaires de masse ont eu lieu dans le monde entier contre la crise climatique. La jeunesse était en premier ligne, mais bénéficiait d’un soutien important dans la population au sens large, parmi les travailleur.euses. Ce mouvement a imposé le thème en « une » de l’actualité, avec hélas des victoires limitées à la clé. Cet été a démontré de manière catastrophique que ce combat ne faisait que commencer. Mais comment arracher un réel changement de système ? Voici quelques propositions des Étudiants de Gauche Actifs et de la Campagne ROSA.
- La pandémie ou encore les inondations ont démontré l’importance cruciale de services publics financés à hauteur des défis à relever. Les réductions budgétaires ont fait des ravages qui nous désarment face à la crise climatique. Nous avons besoin d’un refinancement public d’urgence massif des soins de santé, de la protection civile, des pompiers et des autres services publics.
- La transition verte ne doit pas servir d’excuse pour taxer la population ordinaire. Ce qu’il nous faut, ce sont des transports en commun écologiques plus nombreux, de meilleure qualité et gratuits.
- La communauté scientifique sonne l’alerte depuis des décennies mais a été ignorée. Des investissements conséquents dans les technologies vertes n’ont été réalisés que s’ils étaient rentables à court terme pour les actionnaires. Libérons la recherche scientifique de la logique de profit ! Avec l’abolition des brevets et des investissements publics massifs, la recherche scientifique pourra pleinement s’épanouir en reposant sur la collaboration et non sur la compétition.
- L’urbanisme et l’aménagement du territoire doivent être revus en profondeur dans l’intérêt des habitants, pas celui des promoteurs immobiliers ni des grandes sociétés de construction. Nous avons besoin d’un plan public de rénovation et de construction de logements sociaux à une échelle de masse ainsi que d’un plan public d’isolation des bâtiments quartier par quartier.
- Les compagnies d’assurance ne veulent rembourser que 590 millions sur entre 1,3 et 1,7 milliard d’euros de dégâts assurés causés par les inondations en Wallonie. Entre 2012 et 2019, elles ont réalisé en Belgique un profit de plus de 15 milliards d’euros grâce aux primes payées par les assuré.e.s, qui menacent d’être encore augmentées. Toutes les personnes sinistrées doivent être indemnisées, assurées ou non. Tout le secteur des assurances doit être exproprié et démocratiquement contrôlé et géré de manière à arrêter de voler la population et à dégager les moyens nécessaires pour les indemnisations et les travaux d’infrastructures écologiques.
- Comme l’a montré le récent scandale de 3M à Anvers, les multinationales se moquent des législations environnementales actuelles (déjà insuffisantes !) et des risques pour les travailleur.euse.s et les riverain.e.s. 5 entreprises en Belgique émettent autant de gaz à effet de serre que tous les ménages du pays. On ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas : les criminels climatiques doivent être expropriés pour cesser de nuire !
- Le secteur de l’énergie fonctionne selon la dictature des actionnaires : des énergies polluantes sont toujours utilisées malgré l’urgence écologique. Nous ne pouvons dégager les moyens gigantesques dont nous avons besoin pour une transition énergétique rapide qu’en collectivisant la totalité du secteur sous contrôle et gestion démocratiques des tra-vailleur.euse.s.
- Ce n’est pas aux travailleur.euse.s de payer la transition écologique. Les emplois dans les industries polluantes doivent être convertis en emplois verts, socialement utiles, avec de bons salaires et de bonnes conditions de travail. Nous pouvons faire face aux crises économique et écologique en répartissant le travail disponible entre chacun.e grâce à la semaine de travail de 30 heures, sans perte de salaire et avec diminution des cadences.
- La crise climatique frappe le plus durement les plus pauvres et accroît les inégalités. Les réfugiés climatiques viennent s’ajouter à celles et ceux qui fuient les guerres et la misère. La droite et l’extrême droite en font des boucs émissaires pour protéger le règne de la classe capitaliste. Nous devons être unis pour la vaincre. La lutte pour le climat doit reposer sur la solidarité internationale et le rejet de toutes les formes de discrimination et d’oppression (racisme, sexisme, LGBTQI-phobie,…).
- Le capitalisme vert est un mensonge. La propriété privée des moyens de production et d’échange est l’obstacle majeur qui bloque la transition verte. Les secteurs clés de l’économie (finance, industrie pharmaceutique, agro-alimentaire, chaînes de distribution,…) doivent être retirés des mains privées et placés sous gestion et contrôle démocratiques de la classe des travailleur.euse.s. Ainsi, nous pourrions en finir avec le gaspillage inhérent au chaos de l’économie de marché et bénéficier d’une économie rationnelle reposant sur ce qui est nécessaire pour l’humanité et la nature : une économie socialiste démocratiquement planifiée. Jeunes et travailleur.euse.s : solidaires dans la lutte pour un monde socialiste démocratique !
Pour que ce programme devienne réalité, nous devons nous organiser, y compris à l’échelle internationale. Du 4 au 7 novembre, nous nous rendrons à Glasgow, en Écosse, pour militer lors de la COP26. Pendant quatre jours, nous participerons aussi aux actions et réunions d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) dont la section belge est le Parti Socialiste de Lutte (PSL/LSP). Nous avons besoin d’une mobilisation de masse ! Viens y participer avec nous ! Le coût total (transport, logement, nourriture) est de 185€. Prends contact avec nous ou inscrits toi via ton groupe local EGA ou ROSA.
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[DOSSIER] Black Lives Matter. Combattre le racisme par la solidarité : tout ce qui nous divise nous affaiblit

Le souffle des mobilisations contre le racisme et les violences policières ont enflammé le globe l’été dernier à la suite du meurtre de George Floyd. Aux États-Unis, environ 20 millions de personnes s’étaient mobilisées dans plus de 1.250 villes. Chez nous, l’écho de ces mobilisations avait pris une connotation particulière avec le 60e anniversaire de l’indépendance du Congo. Le racisme systémique existe bien entendu en Belgique également, de même que le débat sur la meilleure façon d’en finir avec les discriminations. Nous en avons discuté avec Alain Mandiki.

Alain Mandiki est un militant syndical et politique, actif au sein du Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij (PSL/LSP). Originaire du Kivu, il est notamment l’auteur de nombreuses analyses concernant l’Afrique, tout particulièrement la République démocratique du Congo. Dans son livre “1994, Génocide au Rwanda. Une analyse marxiste”, il montre comment le capitalisme a engendré la barbarie dans la région des Grands Lacs. Commander ce livre Dossier tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste
Comment expliquer l’importance que revêt le combat antiraciste aujourd’hui ?
Avec la pandémie et la crise économique, toutes les contradictions déjà présentes dans la société capitaliste ont éclaté au grand jour. Aux USA, celles et ceux qui étaient déjà en difficulté auparavant le sont devenus encore plus. Les personnes issues de l’immigration ont été touchées de plein fouet par des pertes d’emploi. D’autre part, dans les quartiers défavorisés, le fait d’être cloîtré chez soi a eu un impact beaucoup plus dur (sans jardin et dans des appartements exigus). La répression policière a été extrêmement dure envers celles et ceux qui voulaient simplement changer d’air tandis que le virus a bien plus fait des ravages chez les travailleurs et les personnes en recherche d’emploi que chez les propriétaires d’entreprise.
Cette situation est venue s’ajouter à des années de violences policières et de politique d’incarcération de masse (les États-Unis comptent 5% de la population mondiale mais près d’un quart de la population carcérale planétaire) qui frappent de manière totalement disproportionnée les populations de couleur. Ce contexte explique l’explosion du mouvement Black Lives Matter à la suite. C’est cette explosion sociale qui explique la condamnation de l’agent de police Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd.
Tuer des gens n’est généralement pas un problème pour la police américaine, qui tue en moyenne environ 1.000 civils par an. Habituellement, quand l’affaire est portée au tribunal, cela n’aboutit qu’à des non-lieux prononcés ou à de simples réparations financières. Une condamnation aussi claire est exceptionnelle. Mais il ne faut pas y voir autre chose qu’une tentative d’apaiser la colère des masses. Sans de pareilles mobilisations de masse, il n’y aurait pas eu de victoire.
C’est également la leçon qui s’impose concernant les cas similaires en Belgique. En mars dernier, la chambre des mises en accusation de Gand a prononcé un non-lieu au bénéfice des 8 policiers inculpés de la mort de Lamine Bangoura en 2018. La victime avait été tuée lors de l’expulsion de son logement, simplement parce qu’elle avait 1.500 euros de loyer en retard et qu’elle ne s’était pas présentée à l’audience du juge de paix. En Belgique aussi, la répression, les violences policières et l’accroissement des tensions sociales sévissent dans les quartiers populaires. En conséquence, la volonté de se mobiliser contre ces discriminations grandit. Pour que ces mobilisations soient efficaces, elles doivent reposer sur une stratégie et des objectifs clairs. Le mieux étant de commencer par analyser d’où vient le racisme.
« Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme », disait Malcolm X. Pourquoi le capitalisme et le racisme sont-ils si étroitement liés ?
Des questions telles que “Qu’est-ce que le racisme ? Comment est-il apparu ?” sont très importantes car connaître les origines du racisme est fondamental pour comprendre la manière d’y mettre un terme.
L’idée selon laquelle l’humanité serait divisée en plusieurs races a été théorisée vers le 18e siècle. La base sur laquelle ces idées ont germé fut le développement du capitalisme commercial, reposant sur le commerce triangulaire qui s’est établi dès le 16e siècle et impliquait l’Europe, l’Afrique et le continent américain dans une traite des Noirs de grande ampleur. Après le massacre des Premières nations en Amérique du Nord et dans les régions conquises par les puissances coloniales, il fallait apporter de la main-d’œuvre pour mettre en valeur les terres conquises. La bourgeoisie a affrété des bateaux qui voyageaient vers l’Afrique pour trouver ce qu’elle appelait alors le “bois d’ébène”, c’est-à-dire des femmes et des hommes vendus comme des biens meubles, des personnes arrachées à leur terre et à leur culture par la force.
En définitive, un système social d’exploitation repose toujours sur la force. Mais celui-ci éprouve toujours le besoin de justifier idéologiquement cette exploitation et la violence qui lui est liée. Il fallait donc déshumaniser ces êtres humains vendus aux propriétaires terriens comme des marchandises. Le racisme est né comme caution idéologique de la traite d’esclaves. Les idéologies liées à la classification des êtres humains sont alors apparues et ont infecté tous les pores de la société. Voltaire disait ainsi à l’époque que « Les Blancs sont supérieurs à ces Nègres, comme les Nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres. »
L’Histoire nous apprend que les grandes percées de la lutte antiesclavagiste et anticolonisatrice sont liées à des processus révolutionnaires internationaux. La révolte des esclaves à Haïti, qui a donné naissance à la première république noire de l’Histoire (1), est liée à la Révolution française de 1789. En France, il a fallu s’y reprendre à deux reprises pour abolir l’esclavage, durant deux périodes révolutionnaires : en 1794 et en 1848, puisque Napoléon l’avait restauré en 1802. Dans ces luttes, les esclaves et les colonisé-e-s ont joué un rôle d’avant-garde à côté d’autres couches de la société (la bourgeoisie révolutionnaire de l’époque et surtout le peuple révolutionnaire). Ce sont les luttes et leur caractère international qui ont permis de mettre fin à l’horreur de l’esclavagisme mais aussi à l’horreur de la colonisation.
Les conquêtes du mouvement des droits civiques aux États-Unis étaient également étroitement liées au contexte international de lutte contre le capitalisme de l’époque. C’est d’ailleurs une leçon que le Black Panther Party (fondé en 1966) avait déjà tirée : ses membres estimaient qu’on ne pouvait pas combattre le racisme par du capitalisme noir, mais par la solidarité.
Pour reprendre les mots d’un des dirigeants des Black Panthers, Fred Hampton, assassiné dans son lit lors d’un assaut mené par le FBI et la police de Chicago en 1969 : « Nous ne pensons pas qu’il faut combattre le feu par le feu ; nous pensons qu’il faut combattre le feu par l’eau. Nous n’allons pas combattre le racisme par le racisme, nous allons le combattre par la solidarité. Nous affirmons que nous n’allons pas combattre le capitalisme avec le capitalisme noir, mais que nous allons le combattre avec le socialisme. (…) Nous allons combattre en nous rassemblant tous ensemble et en faisant une révolution internationale des travailleurs. » La lutte antiraciste n’est pas subordonnée à la lutte anticapitaliste, elles sont intrinsèquement liées et elles méritent autant d’énergie l’une que l’autre !
Concrètement, « Combattre le racisme par la solidarité », qu’est-ce que ça peut vouloir dire ?
En fait, le mouvement Black Lives Matter en est un excellent exemple. Des mobilisations de masse – par-delà la couleur de peau – ont d’abord éclaté aux USA et leur écho a ensuite parcouru le monde. Des mobilisations ont eu lieu dans de nombreux endroits où l’arme du racisme est utilisée pour diviser la population. En Belgique, entre 15.000 et 20.000 personnes ont manifesté à Bruxelles alors que nous étions toujours dans le premier confinement. De plus petites mobilisations ont également eu lieu à ce moment-là dans la plupart des grandes villes.
Pour construire un bon rapport de force, il faut chercher à rassembler et organiser toutes celles et ceux qui veulent lutter contre le racisme, car c’est par l’action collective et la mobilisation de masse que des victoires peuvent être obtenues. Et ce qui nous unit, c’est que nous sommes victimes, à des degrés divers, des pénuries sociales (manque de logements sociaux, manque d’emplois décents, manque de moyens dans les services publics,…) et de l’exploitation qui découle du système de profit capitaliste.
Sans les mobilisations Black Lives Matter, jamais le roi Philippe n’aurait soudainement été forcé d’exprimer des regrets par rapport à ce qui s’est passé au Congo. C’est encore extrêmement insuffisant bien sûr, mais un changement dans l’attitude de la monarchie belge est loin d’être anodin. Une discussion plus large s’est développée en Belgique concernant la discrimination. Des symboles de la propagande coloniale tels que les statues de Léopold II ont été dénoncés. Le caractère structurel du racisme est de plus en plus visible et largement reconnu. Le mouvement Black Lives Matter a permis de mettre à mal la propagande officielle de l’État belge. C’est une base sur laquelle construire pour aller plus loin.
Cela exige donc de défendre un programme large de revendications sociales ?
C’est fondamental. Les personnes issues de l’immigration ont moins de possibilités d’avoir accès à un logement correct, à un parcours scolaire de qualité, à un emploi décent. Cette discrimination est présente dans toutes les sphères de la vie. Cela provient des pénuries qui existent dans toute la société en raison du manque de moyen des budgets publics suite aux ravages de la politique néolibérale. Cela alimente les sentiments racistes. Faute de logements sociaux ou de bons emplois en suffisance, certains rejettent les personnes issues de l’immigration. Mais celles-ci ne sont en rien responsables des pénuries ! C’est de cette manière que l’on peut comprendre les succès de l’extrême droite, comme celui du Front National dans les années 80 suite au développement d’un chômage de masse alors que la « gauche » était au pouvoir avec Mitterrand et appliquait un programme antisocial. Pour s’en prendre au terreau qui alimente les idées racistes, il faut s’en prendre à ces pénuries justifiées par le système capitaliste.
Apporter des réponses sociales aux problèmes sociaux, voilà comment couper l’herbe sous le pied des partis d’extrême droite. En 1991, le précurseur du PSL/LSP a lancé la campagne antifasciste Blokbuster en anticipant la percée du Vlaams Blok, comme s’appelait encore le Vlaams Belang à l’époque. Un de ses slogans-phares, dans un contexte d’explosion du chômage, était : « Des emplois, pas de racisme ! » Tout le monde doit avoir accès à un bon travail – pas un job précaire ! – avec un bon salaire. C’est pour cela que nous défendons de répartir le travail disponible avec la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et diminution de la charge de travail. De la même manière, il nous faut des investissements publics massifs dans les logements sociaux, l’enseignement, les soins de santé, les énergies renouvelables… Mais cela ne tombera pas du ciel, les capitalistes s’accrochent à leurs profits. Nous devons nous battre pour y parvenir et leur retirer le pouvoir des mains.
Quel système alternatif défend le PSL/LSP ?
Le système capitaliste est une société divisée en classes sociales qui repose sur le vol du produit du travail de la majorité sociale (la classe ouvrière) par une infime minorité (la classe capitaliste). Nous avons déjà vu précédemment que le racisme est un produit du capitalisme. Il faut rajouter que cette discrimination est toujours bien utile au système (de même que le sexisme ou la LGBTQI+-phobie) car cela permet de diviser les masses exploitées et opprimées. L’infime minorité au sommet de la pyramide d’exploitation capitaliste n’arriverait jamais à rester au pouvoir si la base se soulevait.
Les travailleuses et les travailleurs sont les mieux placés pour renverser le système capitaliste grâce à leur nombre et leur place dans le système de production. C’est ce qu’a encore une fois démontré la pandémie : quand la classe ouvrière (c’est-à-dire celles et ceux qui doivent vendre leur force de travail pour un salaire et ne possèdent pas les moyens de production) s’arrête, tout s’arrête. Par la grève, la classe ouvrière peut organiser le blocage de toute l’économie et la société et poser la question fondamentale suivante : pourquoi donc ne pas repartir sur d’autres bases, en étant débarrassés des patrons, des actionnaires et de toute cette organisation aliénante de la société ?
C’est en reprenant le contrôle des richesses que nous produisons que l’on pourra décider démocratiquement de résoudre les problèmes sociaux et de combattre les pénuries en y allouant les moyens que cela exige. La source des divisions racistes propagées par l’extrême droite serait détruite par une telle économie reposant sur la démocratie et la planification.
Certains dans le mouvement antiraciste parlent de ‘‘privilèges’’ que les blancs auraient. Nous pensons qu’il s’agit d’une approche et d’une utilisation de termes qui sèment la discorde. Le terme de ‘‘privilège’’ provient de la société féodale où les nobles et le clergé bénéficiaient de nombreux privilèges, dont celui de ne pas payer d’impôts. Leur privilège était aussi de pouvoir s’approprier les fruits du travail de la majorité sociale.
Un privilège, ça s’abolit. Mais ce n’est pas un privilège de disposer d’un bon logement, d’un emploi décent ou d’un enseignement de qualité. Ce sont au contraire des droits auxquels chacune et chacun devrait pouvoir accéder. Et l’histoire nous enseigne que c’est par l’organisation de la solidarité dans la lutte de masse que des conquêtes sociales et des droits ont été arrachés.
Pour certains, ces luttes ne regardent que les personnes directement concernées. D’une part, nous estimons que les discriminations nous touchent tous. Tant qu’une catégorie de la population est discriminée, cela met une pression sur les autres couches. Tant que les sans-papiers, par exemple, continuent d’être exploités pour des salaires de misère, cela participe à la pression à la baisse sur les salaires de toutes et tous. C’est pourquoi la régularisation des sans-papiers est une mesure qui bénéficierait à la sécurité sociale et à tout le monde, sauf aux patrons qui profitent directement ou indirectement de leur situation catastrophique. D’autre part, si on laisse les seules « personnes concernées » mener le combat, on les laisse isolées, ce qui ouvre la voie à des méthodes de lutte désespérées comme la grève de la faim pour rester sur le domaine de la régularisation des personnes sans-papiers. Il faut au contraire élargir le combat et rassembler toutes les victimes du système de manière inclusive et respectueuse.
C’est à travers les guerres civiles et les révolutions que l’esclavage a été aboli. C’est la période de lutte internationale qui a permis au mouvement pour les droits civiques d’obtenir des victoires dans les années ’60. Les luttes connaissent toujours des moments d’euphories et des moments plus difficiles. La meilleure manière d’obtenir des victoires sur le long terme, c’est en s’organisant autour d’un programme et d’une stratégie. La campagne « Combattons le racisme par la solidarité » que nous avons lancée l’an dernier est un outil à cette fin. Mais la seule manière de répondre aux besoins sociaux de l’ensemble sans discrimination nécessitera de remettre le pouvoir à la majorité sociale. Voilà le projet du socialisme révolutionnaire, et nous vous appelons à rejoindre ce combat à nos côtés pour renverser le capitalisme et balancer le racisme, le sexisme, la LGBTQI-phobie et les autres discriminations et oppressions dans les poubelles de l’histoire !
1) Lire à ce titre : Les Jacobins noirs, Toussaint Louverture et la Révolution de Saint-Domingue, C.L.R James.
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Un autre terroriste d’extrême-droite dans l’armée

Photo : manifestation contre la menace du terrorisme d’extrême droite lors du procès de BBET en 2013 à Termonde. Il s’agissait également de soldats actifs dans les milieux néo-nazis et au sein du Vlaams Belang. Quinze ans après la découverte d’un groupe de néo-nazis dans l’armée, un nouveau scandale de terrorisme éclate. Le fugitif lourdement armé Jurgen Conings, 46 ans, est un soldat connu pour ses opinions d’extrême droite. Ce qui n’a pas empêché qu’il dispose d’un accès à des armes ! Ses contacts avec Tomas Boutens – l’ex-militaire qui a dirigé le groupe “Bloed, Bodem, Eer en Trouw” (en français : Sang-Terre-Honneur et Fidélité, une devise nazie) et avait été condamné à cinq ans de prison pour diffusion d’idéologie violente et préparation d’attaques visant à déstabiliser le pays – étaient connus du commandement militaire. Jurgen Conings avait déjà été interrogé après ses menaces proférées à l’encontre du virologue Marc Van Ranst. Sans qu’aucune mesure ne soit prise. Ce n’est que lorsque l’individu a disparu avec des armes lourdes, dont une arme antichar, en laissant des lettres d’adieu derrière lui que des recherches ont été lancées.
Tout comme en 2006, les déclarations n’ont pas manqué pour dire qu’il ne faut pas laisser d’espace à l’extrémisme dans l’armée. L’Etat-major semblait moins prompt à agir. Mercredi, les dirigeants de l’armée ont annoncé qu’une enquête serait menée. Un porte-parole du syndicat militaire a maintenu que l’avenir de Conings dans la Défense semblait “très incertain”. Cette approche très douce à l’égard d’un individu d’extrême droite n’est pas une nouveauté. En mars dernier, on apprenait d’ailleurs qu’une trentaine de militaires d’extrême droite sont actuellement suivis de près par le Service général du renseignement et de la sécurité (SGRS) de la Défense.
Il est remarquable que l’on assiste également au développement de la méfiance à l’égard du système actuel au sein de l’armée, qui constitue toujours une partie cruciale de l’appareil d’État. Il s’agit d’une expression déformée du discrédit dont souffre actuellement le capitalisme. Récemment, en France, une lettre ouverte signée par d’anciens généraux, soutenue par une partie de la droite et Marine Le Pen, mettait en garde contre une guerre civile. Aux États-Unis, l’attaque contre le Capitole au début de cette année n’aurait sans doute pas été possible sans une certaine implication des « forces de l’ordre ». À chaque fois, la réaction de l’establishment politique et économique capitaliste fut remarquablement molle.
Ce nouvel incident confirme qu’il existe une réelle menace terroriste de la part de l’extrême droite. Le soutien électoral croissant dont bénéficie le Vlaams Belang en Belgique donne une confiance accrue à des spécialistes de la haine, tant sur les réseaux sociaux que dans la vie réelle. Certains d’entre eux perdent patience et décident de passer à l’action. La menace croissante du terrorisme d’extrême droite est inextricablement liée à la progression électorale du Vlaams Belang qui rend la haine plus acceptable.
Nous ne devons pas attendre de solution de la part du commandement de l’armée ou de l’establishment capitaliste. Luttons contre la haine et le terrorisme par la solidarité ! Seule la mobilisation de la résistance antifasciste peut briser la confiance en soi de l’extrême droite. C’est d’autant plus possible en défendant une alternative au capitalisme qui s’en prend au terreau sur lequel se développe l’extrême droite grâce à un programme qui répond aux nombreuses déficiences et aux tensions sociales intrinsèques au capitalisme.
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Inscris-toi à notre camp d’été !
Sept jours de discussion et de débat contre l’oppression et le capitalisme !
Depuis plus d’un an, notre planète est prise en otage par l’incompétence des responsables politiques, des multinationales pharmaceutiques et de la classe dominante dans la lutte contre le coronavirus. Tout ce beau monde préfère donner la priorité aux profits et tant pis pour la classe des travailleuses et des travailleurs, tant pis pour la jeunesse. Mais nous ne l’acceptons pas ! Le 29 mai, le personnel de la santé se mobilisera pour obtenir plus de moyens, plus de personnel et de meilleurs salaires lors de la deuxième « Grande manifestation de la santé ». De même, à l’échelle internationale et sur d’autres thèmes, de plus en plus de mobilisations ont lieu après la pause due au confinement.Invitation de l’équipe du camp 2021
La condamnation de Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd, démontre une fois de plus la nécessité de passer à l’action. Pour la première fois, un officier de police blanc a été condamné pour le meurtre d’un noir : une victoire arrachée par le mouvement Black Lives Matter. Cela doit nous inciter à nous révolter contre l’injustice et agir. Mais comment obtenir un changement fondamental ? La question reste entière pour des millions de militants. Pour la Campagne ROSA et les Étudiants de Gauche Actifs (EGA), c’est la question centrale autour de laquelle s’articule nos participations aux diverses luttes.
Le mouvement féministe a souligné que l’égalité en droits n’est pas du tout synonyme d’égalité réelle. Le mouvement pour le climat a illustré la compréhension que le changement de comportement est insuffisant. Nous avons donc appris à agir ensemble, à le faire au niveau international et, surtout, à agir avec les travailleurs avec leur arme de la grève et pas seulement pour une manifestation sans lendemain : en luttant avec persévérance vers la victoire. Qu’est-ce qu’une victoire ? Des victoires sont possibles aujourd’hui, mais la vraie victoire, ce sera de renverser le capitalisme. Ce n’est qu’ainsi que nous aurons une base réelle pour commencer à mettre fin à l’oppression, aux discriminations et à la violence qui sont dans l’ADN de ce système.
Pour changer le monde, il faut d’abord le comprendre. C’est pourquoi la Campagne ROSA et EGA, en collaboration avec le PSL/LSP (la section belge d’Alternative Socialiste Internationale) organisent chaque année un camp de détente, de discussions et de formation politiques. Cette année sera encore plus importante que les fois précédentes : nous assistons à une radicalisation des jeunes et des travailleurs en réaction aux multiples crises du capitalisme, nous pouvons dire sans nous tromper que des luttes de masse sont devant nous. Comment y intervenir et les lier entre elles pour les renforcer ? Comment nous assurer que l’énergie de la révolte ne soit pas simplement dilapidée dans l’atmosphère ? Comment éviter les pièges tendus par la classe dominante pour nous diviser ? Quelles leçons tirer du passé ? Ce camp est l’occasion idéale de nous préparer dans l’urgence des défis à venir.
Nous voulons comprendre comment fonctionne le système capitaliste, identifier ses failles et orienter notre lutte en fonction de cela. Nous voulons comprendre quel type d’organisation sera l’arme idéale pour mettre nos idées en pratique. Nous voulons comprendre quelles revendications et quel programme s’imposent contre les oppressions racistes, sexistes, LGBTQI-phobes et comment construire la solidarité pour une transformation révolutionnaire de la société. Comment construire le meilleur rapport de force pour construire une alternative socialiste démocratique, voilà le fil rouge qui reliera les divers aspects de ce camp d’été toute une semaine durant.
Tu es en révolte contre l’oppression ? Tu te dis peut-être déjà anticapitaliste ou marxiste ? Seuls, nous ne pouvons rien, mais ensemble, nous pouvons changer le monde ! Ta place est à notre camp d’été, auprès de jeunes et de travailleurs venus de Wallonie, de Bruxelles et de Flandre !
Inscription via l’événement Facebook (Summercamp 2021 – Against Opression & Capitalism) ou sur notre site. Le camp se déroulera du 2 au 8 juillet à Viggelbree, à Bree (dans le Limbourg). Contacte-nous, il y aura des départs collectifs de toutes les grandes villes du pays.
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[VIDEO] Déconfinons la lutte sociale !
Crise sanitaire, crise économique,… nous n’avons pas d’autre choix que de nous organiser et de lutter ! Lors du meeting du 3 avril, Anja Deschoemacker (Campagne ROSA) et Samuel (pour les Étudiants de Gauche Actifs / Actief Linkse Studenten) sont intervenus sur les mobilisations dans les Soins de santé (et du rôle joué par La Santé en Lutte) et parmi la jeunesse. Cette vidéo reprend leurs interventions.
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Camp d’été 2021 : Contre l’oppression et le capitalisme

Du 2 juillet au 8 juillet, les Étudiants de Gauche Actifs, la Campagne ROSA et le PSL/LSP (section belge d’Alternative Socialiste Internationale) organisent un camp d’été pour se détendre après le (semi)confinement et se rencontrer autour d’une bière, mais aussi et surtout, pour discuter politique et voir comment on peut changer radicalement la société !
Pour combattre ce système, il faut impérativement comprendre comment il fonctionne ! C’est l’occasion d’en apprendre plus sur plein de sujets et de poser toutes ses questions sur l’approche du marxisme, tout en profitant du soleil.
Le camp aura lieu du vendredi 2 juillet au soir jusqu’au jeudi 8 juillet midi et il se déroulera dans le camp De Viggel à Bree, dans le Limbourg. Il est ouvert à toutes et tous : étudiant.e.s (secondaire et supérieur), travailleuses/travailleurs, pensionné.e.s,… Il est possible de venir un ou plusieurs jours – nous prévoyons d’ailleurs un week-end spécialement orienté vers les travailleuses/travailleurs – mais bien sûr chacun.e est invité.e à rester durant l’entièreté du camp. Vous pouvez passer la nuit sous tente ou dans l’un des dortoirs, au choix. Durant le week-end, un babysitting et des animations pour enfants sont prévus.
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Jeunesse en Lutte. Pour un mouvement inclusif, pluraliste et démocratique !

Déjà avant la crise sanitaire, les étudiant.e.s étaient à bout. Mais aujourd’hui, c’est encore pire : 32% des étudiant.e.s galèrent plus cette année que l’année passée à payer leurs études. Un tiers a perdu son job étudiant, un quart a même du mal à s’alimenter convenablement. Et tout cela conduit à ce que 60% des étudiant.e.s se sentent complètement ou partiellement en décrochage scolaire et à ce que 10% envisagent d’arrêter leurs études. Beaucoup d’entre nous sont désespérés. 8% des jeunes ont même sérieusement pensé à se suicider durant la première vague. La détresse psychologique prend une ampleur monumentale mais on manque de moyens pour y faire face. La pandémie a dramatiquement souligné l’impact dévastateur du manque de moyens dans l’enseignement.
Déclaration des Étudiants de Gauche Actifs / Actief Linkse Studenten // Tract en version PDF
C’est dans ce contexte que plusieurs initiatives et actions ont vu le jour dans l’enseignement supérieur francophone en ce début d’année 2021 à l’initiative de la FEF, de COMAC, de l’USE ou encore des Étudiants de Gauche Actifs (EGA). A l’ULB, en mars, cela a donné lieu aux premiers pas d’un mouvement qui a pris le nom de Jeunesse en lutte. Après de premiers rassemblements à l’ULB qui ont réuni plusieurs centaines de personnes, d’autres ont également été organisés à Liège et Louvain-la-Neuve le 15 mars. Hélas, ces débuts prometteurs sont gravement compromis par l’attitude adoptée hâtivement face au tout premier débat concernant l’orientation du mouvement.
EGA s’est de suite impliqué dans le mouvement, en le faisant connaitre et en mobilisant pour ses rendez-vous par tracts et sur les réseaux sociaux, en émettant des propositions constructives sur la manière d’élargir le mouvement, en défendant le principe d’assemblées larges ouvertes à chacune et chacun sur le modèle de celle du 1er mars à l’ULB (avec la participation de 150 étudiant.e.s), etc.
Pour EGA, la réouverture des universités et hautes écoles doit s’accompagner d’un investissement public massif d’urgence dans l’éducation pour permettre l’application des mesures sanitaires. Cette augmentation des moyens permettra notamment de diminuer la charge de travail sur le personnel, d’assurer un véritable accompagnement des élèves et des étudiant.e.s et de mener une campagne de dépistage systématique. Pour en finir avec le chaos du marché, la lenteur et la méfiance autour de la vaccination, nous défendons l’expropriation et la nationalisation sous contrôle démocratique du secteur pharmaceutique. Nous avons également souligné l’importance de lier le mouvement à la grève générale du 29 mars, à la lutte des sans-papiers, à celle du collectif d’action militant La Santé en Lutte,…
Chacune de ses propositions pour construire le mouvement ou affiner ses revendications n’a jamais été présentée comme un ultimatum à prendre ou à laisser mais comme une contribution au débat.
Réprimer l’activité politique, une attitude antidémocratique et dangereuse face aux divergences
Lors de l’Assemblée générale du 18 mars, une polémique a émergé concernant la lutte contre le racisme. Nous reviendrons sur ce thème dans un prochain texte, sur base de l’expérience acquise par EGA/ALS des années ‘90 et ses campagnes Youth Against Racism in Europe et Blokbuster jusqu’à aujourd’hui avec la campagne Fight Racism With Solidarity lancé à l’occasion de la nouvelle vague du mouvement Black Lives Matter en 2020. Nous voulons prendre le temps de débattre en profondeur de la lutte cruciale contre l’oppression et les discriminations, du programme qui lui est nécessaire ainsi que de sa stratégie. Une question aussi importante ne peut être réglée à la va-vite. Nous espérons que cela pourra donner lieu à un échange de textes et, pourquoi pas, à un débat public, ou une série de débats publics.
Hélas, il n’a fallu que quelques jours pour qu’une Assemblée convoquée en moins d’une journée, avec la participation de 24 personnes à peine, décide (à 20 voix contre 4) que Jeunesse en Lutte excluait tous les cercles étudiant.e.s et les organisations de jeunesses de ses rangs, interdisait dans ses rassemblements les drapeaux ou les tracts d’organisations et interdisait même de « représenter le point de vue de son organisation/cercle/parti en Assemblée générale ». Comment pourrait-on prendre la parole en AG en mettant de côté ses convictions politiques ? C’est impossible sauf en se taisant. Et c’est bien de cela dont il est question.
Il s’agit d’une très grave atteinte à la liberté de s’organiser et à la liberté de la presse. Elle bafoue le courageux combat des étudiant.e.s et des travailleurs.euses de 1968 qui avait permis d’arracher le droit de s’organiser librement dans les universités. Ce genre de restrictions, la société capitaliste n’a pas encore osé l’imposer aux mouvements sociaux depuis que la classe ouvrière a arraché le droit de se réunir librement et de s’organiser comme elle l’entend ainsi que la liberté de la presse, malgré les tentatives visant à instrumentaliser la crise sanitaire pour limiter les droits démocratiques.
Le comble étant que cette approche autoritaire au sein de Jeunesse en Lutte provient d’un courant politique spécifique, l’anarchisme, qui cherche ainsi à imposer sa prétendue hostilité aux formes d’organisation qu’il estime concurrentes. «Prétendue», car ce courant est organisé au sein Jeunesse en Lutte, au même titre qu’EGA, à la différence que nous le faisons ouvertement et publiquement.
Imaginons un instant que le gouvernement impose un contrôle des pancartes, banderoles, drapeaux et tracts lors de manifestations syndicales. Ce serait considéré – à juste titre – comme une mesure anti-démocratique. Imaginons que les dirigeants syndicaux imposent un contrôle des banderoles, pancartes, drapeaux et tracts lors des actions syndicales. Ce serait considéré – à juste titre à nouveau – comme une mesure bureaucratique inacceptable.
Construire l’unité et la solidarité
Pour le mouvement ouvrier, le fait de s’organiser est une nécessité absolue. Il lui serait sans cela impossible de se battre contre les capitalistes qui disposent de tous les moyens. Les capitalistes préfèrent évidement affronter chaque travailleur.euses individuellement. Ce n’est pas sans raison qu’ils défendent que les organisations syndicales et politiques instrumentalisent les travailleurs.euses et limitent leurs possibilités pour ne servir que les fainéants. Le patron a horreur du « syndiqué » de la même manière que celui qui accentue le rôle de l’individu plutôt que celui de la classe a horreur de « l’organisé ».
La nature du travail salarié, surtout dans les grandes unités de production, pousse à la solidarité et à l’organisation. Il est apparu de plus en plus clairement dans l’histoire que se libérer en tant qu’individu ne peut être réalisé qu’au moyen de l’organisation collective. La collectivité étant diverse par essence – croyants et athées, d’origine belge ou migrante, jeunes et aînés, etc. – l’objectif de parvenir à l’unité impose le respect de la liberté d’expression de chacun et chacune, sans limitations et sans encadrement similaire à celui qu’ont par exemple subi les journalistes durant la guerre en Irak ou les syndicats à l’ère du stalinisme.
Aucun mouvement ne connaît d’homogénéité parfaite. Et bénéficier de l’expérience de toutes et tous représente évidemment une chance. Pour construire un rapport de forces favorable, l’unité du mouvement pour frapper plus fort tous ensemble est évidemment plus efficace que d’agir chacun et chacune dans son coin. Cette unité ne se construit pas qu’entre convaincus d’une même approche, mais dans la diversité d’opinions. La liberté de donner son avis (et donc la liberté de matériel politique et la liberté de la presse) en constitue un élément essentiel.
Les manœuvres politiques et la censure ne peuvent que constituer un frein au développement d’une lutte. C’est justement en défendant ouvertement ses idées qu’il est possible d’avancer. L’unité se construit dans la diversité, par la solidarité, pas en encadrant ou en limitant les droits des autres. Cette manière de considérer l’unité comme une camisole de force est semblable à la logique de parti unique des staliniens ou à l’interdiction de s’écarter de la ligne définie par la bureaucratie syndicale. La décision prise à l’AG du 22 mars représente un dangereux précédent pour les mouvements de la jeunesse autant qu’une attaque directe et honteuse contre des droits démocratiques essentiels pour la lutte. Jeunesse en Lutte doit revenir sur cette décision au risque de mettre en péril son propre développement dans la construction d’un rapport de force contre l’isolement, la précarité étudiante et pour un refinancement massif de l’enseignement.
Revenir sur cette décision doit également permettre de débattre sereinement et largement de l’avenir du mouvement. A ce titre, nous estimons crucial de travailler à son élargissement, par le biais de comités locaux qui peuvent s’impliquer dans la discussion sur le programme politique nécessaire et mobiliser avec vers de nouvelles Assemblées générales et rassemblements.
En ce qui concerne, nous allons bien entendu continuer à nous impliquer dans ce combat. Nous organisons notamment un rassemblement de solidarité avec la grève du front commun syndical à Liège ce 29 mars (13h, place du XX Août), nous serons également présents au rassemblement organisé par Jeunesse en lutte à l’ULB ce même jour (16h, Solbosch).
Nous vous invitons par ailleurs à notre meeting national “TO CHANGE THE SYSTEM, LET’S ORGANISE”.
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21/03 Journée internationale contre le racisme – Combattons le racisme par la solidarité!

17h Rassemblement devant l’Église du Béguinage
A l’appel de l’Union pour la régularisation des sans-papiers, de Jeunesses en lutte, de la Campagne Solidarity et d’Amitiés sans frontières. Le texte qui suit est le tract des Etudiants de Gauche Actifs et de la Campagne Solidarity.
Le racisme est une réalité quotidienne en Belgique. Discrimination sur le marché de l’emploi, sur le lieu de travail, sur le marché locatif, etc. Contrôle au faciès, intimidation, harcèlement et violence raciste policière. Cette brutalité policière conduit également au meurtre. Nous exigeons que justice soit rendue à Semira, Mawda, Mehdi, Adil , Ibrahima et à bien d’autres victimes du racisme et de la répression.
Tout le système est coupable! L’indignation des politiciens n’est qu’hypocrisie. Ce n’est jamais un fait isolé. La brutalité policière accompagne leur politique de casse sociale. Celle-ci a aggravé la pauvreté et les pénuries d’emplois décents ou de logement abordable sur base desquels prospèrent les discriminations. Il faut des réponses sociales aux problèmes sociaux: pas de répression policière mais un plan d’investissements massif dans l’enseignement, les soins de santé, les logements sociaux et des emplois décents. Faisons payer la crise aux riches !
Malcolm X disait : “Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme.” Il soulignait que le système capitaliste repose sur l’exploitation et la discrimination au profit d’une minorité de super riches. Organisons-nous pour combattre le racisme par la solidarité ! La solidarité entre tous les opprimés et les exploités de cette société capitaliste. La solidarité entre tous les travailleurs, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, quelle que soit leur origine, leur orientation sexuelle ou leur genre dans une lutte en commun pour de vrais emplois et des salaires décents. L’unité dans la lutte nous permet de combattre efficacement ce système d’exploitation capitaliste, éliminant ainsi les racines du racisme et de toute forme de discrimination.
- Justice pour Ibrahima, Ilyes, Mawda, Lamine, Mhedi, Adil, Jozef et toutes les victimes!
- Jamais plus d’impunité policière! – Stop à la justice de classe !
- Régularisation immédiate et permanente de toutes les personnes sans-papiers!
- Luttons pour des emplois décents, un salaire minimum de 14€/h et un logement abordable pour toutes et tous !
- Nous devons lutter pour renverser le système d’exploitation économique capitaliste en faveur d’une société socialiste, une société sans exploitation ni discrimination.
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Contre l’isolement et la précarité : pour un refinancement public massif de notre enseignement !

Depuis plusieurs semaines, un mouvement étudiant se développe dans l’enseignement supérieur francophone contre la précarité et l’isolement, qui a pris le nom de “Jeunesse en lutte”. Des rassemblements ont été initialement organisés à l’ULB et, ce lundi 15 mars, de nouveaux rassemblements ont été organisés à Bruxelles, Liège et Louvain-la-Neuve. Le texte qui suit est le tract des Etudiants de Gauche Actifs qui a été distribué à cette occasion. Les photos qui l’accompagnent proviennent de l’ULg.
Tract des Etudiants de Gauche Actifs
Déjà avant la crise sanitaire, les étudiants étaient à bout. Mais aujourd’hui, c’est encore pire : 32% des étudiants galèrent plus cette année que l’année passée à payer leurs études. Un tiers a perdu son job étudiant. Un quart a même du mal à s’alimenter convenablement. Et tout cela conduit à ce que 60% des étudiants se sentent complètement ou partiellement en décrochage scolaire et à ce que 10% pensent arrêter leurs études. Beaucoup d’entre nous sont désespérés. 8% des jeunes ont même sérieusement pensé à se suicider durant la première vague. La détresse psychologique prend elle aussi une ampleur pandémique mais on manque de moyens pour y faire face. A l’ULB, il faut attendre 5 mois pour avoir un rendez-vous chez un psy !
Il est grand temps d’agir !
Avec notre santé mentale au bord du gouffre et la précarité grandissante, nous ne manquons pas de raisons de nous « plaindre » et de nous organiser ! La manière dont la crise engendrée par le Covid-19 a été gérée dans l’enseignement supérieur (tout comme dans le reste de la société) est catastrophique. La ministre de l’enseignement supérieur Valérie Glatigny se targue d’avoir fait un effort pour les étudiants, mais en réalité, le gouvernement n’a alloué que deux enveloppes de 2,3 millions depuis avril 2020. C’est loin d’être suffisant pour répondre aux besoins !
La pandémie a mis à nu des années de coupes budgétaires dans l’enseignement et ce ne sont pas des miettes qui vont remplacer des décennies d’austérité. Déjà auparavant, l’enseignement souffrait d’un sous-financement chronique. Partout, l’infrastructure tombe en ruine, surtout dans le secondaire. Les classes sont bondées. On manque de personnel, enseignants ou autres. Si les secteurs de l’enseignement et des soins de santé étaient déjà débordés avant le Covid-19, aujourd’hui ils s’écroulent complètement. Un an d’avertissement, de lettres ouvertes et de pétitions s’est écoulé, et pourtant rien n’y fait : il est grand temps d’agir !

Le gouvernement a annoncé que dès le 15 mars, il y aura 20% de présentiel dans l’enseignement supérieur, et 100 % de présentiel pour « les groupes plus vulnérables », en enseignement spécial et enseignement professionnel à temps partiel. Mais sans y mettre les moyens, cela ne résout pas le problème ! La réouverture des universités et hautes écoles doit s’accompagner d’un investissement public massif dans l’éducation pour permettre l’application des mesures sanitaires. Plus de moyens pour diminuer la pression/la charge de travail sur le personnel et assurer un véritable accompagnement des élèves et des étudiants, sans oublier des testings massifs et en finir avec la pénurie de vaccins aux mains du Big Pharma et de sa soif de profits !
Pour un enseignement gratuit et de qualité pour tous !
Pour mettre véritablement fin à notre isolement et à la précarité, il est crucial que notre lutte ne s’arrête pas à la revendication du retour en présentiel. Le mouvement doit s’étendre à toute la jeunesse et trouver un soutien parmi les travailleurs, en parti- culier ceux de la santé. Tout comme les travailleurs de la santé, avec la Santé en Lutte comme moteur, ont réussi à obtenir un refinancement public de la santé de près de 2 milliards (ce qui reste insuffisant), nous devons mener ce combat au niveau de l’enseignement et exiger un refinancement public massif. Il est nécessaire d’arracher par la lutte plus d’1 milliard d’euros d’augmentation budgétaire par an pour l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Et cela, ça va directement contre les intérêts des capitalistes. Le système capitaliste est incapable de répondre aux besoins de la population et d’endiguer une pandémie mondiale malgré tous les moyens techniques et scientifiques à sa disposition à cause de la course aux profits. Pour lutter contre le virus du covid-19, il faut lutter contre le virus du capitalisme. Dans un tel système, mal-être et précarité feront toujours partie intégrante de nos vies. Le fait que des étudiants aient besoin de travailler pour survivre et payer leurs études est vital pour ce système économique : cela garantit les profits des capitalistes et permet une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de l’ensemble des salariés. Tout comme ils mettent en concurrence les jeunes travailleurs et étudiants, ils ne sont pas prêts à prendre les mesures pour que nous retournions en cours en présentiel sans craindre pour notre vie et celles de nos proches.
Rejoins les Etudiants de Gauche Actifs!
Si la jeunesse manque de perspectives pour son avenir, c’est parce que ce système est incapable de lui en fournir. Le capitalisme n’a plus rien à nous offrir, si ce n’est l’incertitude, la précarité et la misère. C’est à nous de nous créer un futur par la lutte ! Pour faire face à la crise sanitaire, à la crise écologique et à la crise économique, nous n’avons pas d’autre choix : nous devons nous organiser pour renverser ce système et y répondre par une alternative socialiste. Une société où l’économie est planifiée démocratiquement pour répondre aux besoins de tous et toutes et pas pour enrichir une minorité de la population sur le dos des autres !
Nous ne sommes pas seuls dans ce combat, nous le partageons avec des millions de travailleuses et travailleurs qui se mobilisent et s’organisent partout dans le monde. Les travailleurs détiennent la meilleure arme contre le capitalisme, l’arme de bloquer l’économie par la grève ! Sans la grève générale de 10 millions de travailleurs français en 1968, le mouvement étudiant n’aurait rien obtenu. Nous devons soutenir les revendications des travailleurs dans les syndicats, des travailleurs sans-papiers en allant à leurs occupations politiques, et en dehors ! EGA participe à la construction de Jeunesse en Lutte. Il faut développer une stratégie politique sur base d’une grille d’analyse qui permet de comprendre le monde pour le changer : le marxisme.
Proposition de revendications d’EGA:
- Une réouverture avec des mesures hybrides des universités et hautes écoles et une reprise des activités culturelles et sportives, couplée à du matériel de protection et des tests gratuits pour tous.
- Un accès à un soutien psychologique gratuit et une réelle information sur ce sujet sur les différents campus des écoles et universités.
- Une prise de décision démocratique entre les professeur·e·s, assistant·e·s et les étudiant·e·s quant aux modalités d’apprentissage et d’évaluation. Un allègement de la matière évaluée pour les étudiant·e·s. Une plus grande aide pour les étudiant·e·s en Ba1.
- Laissons les travailleurs et les étudiants décider des mesures sanitaires : instauration d’un comité de crise dans chaque lieu de travail et d’étude.
- Des bourses spéciales COVID, l’extension du chômage temporaire aux étudiant·e·s jobistes, le salaire étudiant à la hauteur d’un salaire minimum de 2300€ brut et la rémunération de tous les stages.
- Une hausse des moyens financiers et humains des enseignant.e.s, du personnel administratif et du personnel d’entretien. Salaire minimum de 14€/h pour tous les travailleurs (y compris pour les travailleurs des services externalisés) !
- Un enseignement supérieur gratuit et de qualité : abolition du minerval, gratuité du matériel nécessaire pour suivre les cours, des restaurants universitaires, des transports en commun, des protections périodiques.
- Un refinancement du secteur de l’enseignement et d’autres secteurs publiques sous-financés par la mise en place d’une taxe pour les grandes entreprises.
- Un plan massif de création de logements sociaux publics (y compris des kots) à loyers abordables.
Arrêtons les pénuries de vaccins liés aux profits du Big Pharma ! Pour une planification socialiste de la crise sanitaire.
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[INTERVIEW] Les “oubliés du confinement” lancent de nouvelles occupations

L’une des visites de solidarité des Etudiants de Gauche Actifs à l’ULB. Des sans-papiers ont récemment entamé une occupation politique de l’Église du Béguinage, suivie peu après par d’autres à l’ULB et à la VUB, afin d’attirer l’attention du nouveau gouvernement sur les “oubliés du confinement” et revendiquer des réelles solutions pour faire face à la crise sociale et sanitaire. L’objectif du mouvement est de réclamer un véritable dialogue avec les autorités pour obtenir l’égalité des droits et la possibilité de travailler légalement dans le pays. Nous en avons discuté avec Elhoucin, militant du PSL et l’un des porte-paroles du mouvement des sans-papiers à Bruxelles.
Propos recueillis par Eugenio (Bruxelles)
- Rassemblement “Une seule solution: la régularisation!” // La Coordination des sans-papiers de Belgique appelle à un rassemblement en faveur de la régularisation des sans-papiers ce vendredi 26 février, à 15h, Place de l’Albertine à Bruxelles.
- Occupation de l’Eglise du Béguinage à Bruxelles : les sans-papiers augmentent la pression mais le secrétaire d’Etat refuse d’écouter
Pourquoi une occupation politique à l’ULB?
Le choix de faire une occupation politique est venu suite à plusieurs mois de mobilisation du mouvement des sans-papiers. A la suite du premier confinement, nous avons été en première ligne pour déconfiner les luttes sociales, en nous mobilisant pour revendiquer des réponses concrètes pour les 100.000 sans-papiers qui résident en Belgique. La crise sanitaire et économique a touché de façon disproportionnée les couches les plus précaires de la société, dont les sans-papiers.Beaucoup d’entre nous vivent dans des conditions instables et insalubres et, faute d’alternative, ils sont forcés de travailler au noir sans aucune protection sociale et sanitaire. Cela n’est pas seulement dangereux pour les sans-papiers, mais pour toute la société. Nous ne pouvons pas prétendre faire face à la pandémie en ignorant les plus vulnérables. Nous avons donc décidé d’augmenter la pression sur les autorités.
Les deux lieux d’occupation sont symboliques pour le rôle qu’ils ont joué dans les luttes des sans-papiers, notamment avec l’occupation du Béguinage en 2009, et qu’il joue toujours dans la conscience de la population bruxelloise. Avec l’occupation de l’ULB et de la VUB, nous voulons plus particulièrement tisser des liens de solidarité avec les étudiants et les travailleurs pour que nos combats se rejoignent. Pour élargir la base sociale de notre mouvement, nous devons construire des ponts avec les couches sociales qui souffrent des conséquences de la crise et des politiques des gouvernements belges.
Comment organiser les étudiants et les travailleurs pour soutenir le mouvement pour la régularisation ?
Il est important pour nous de souligner le profil politique de ces nouvelles occupations, il ne s’agit pas seulement d’abriter des gens qui en ont besoin ou de faire du chantage, comme l’a déclaré le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi (CD&V). Nous sommes là pour mettre en avant des revendications politiques nécessaires pour répondre à la crise qui plonge les sans-papiers dans la misère. Beaucoup des problèmes auxquelles nous sommes confrontés ne sont pas uniques aux sans-papiers, bien que cela nous affecte de façon particulièrement brutale.
La pénurie de logements à un prix abordable, d’emplois avec un salaire suffisant, d’accès aux protections sanitaires et sociales ou encore les difficultés de recevoir un enseignement de qualité sont des problèmes que nous partageons avec la majorité de la population belge. Il est donc essentiel, si on veut faire avancer notre mouvement, de mettre en avant un programme de revendications sociales qui répond aux besoins des couches exploitées et opprimées de la société.
La régularisation de toutes les personnes sans-papiers ne doit être que une première étape pour garantir la santé et les droits de tout le monde et lutter pour de meilleures conditions de vie et de travail. C’est sur la base d’un tel programme que nous pouvons lier la lutte des sans-papiers avec les combats des travailleurs.ses et des étudiants.es et nous organiser ensemble pour le renversement de ce système économique fondé sur la discrimination et l’exploitation.
- Régularisation immédiate et permanente de toutes les personnes sans-papiers!
- Jamais plus d’impunité policière ! – Stop à la criminalisation des sans-papiers !
- Des solutions sociales pour les problèmes sociaux : il faut des investissements dans l’enseignement, les soins de santé, les logements et les salaires plutôt que dans la répression policière. Taxons les riches au lieu de tirer sur les pauvres !
- Malcolm X a dit : “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme”. Nous devons combattre le système capitaliste, un système d’exploitation économique pour la majorité au profit d’une infime minorité.
Rejoignez le mouvement – le comité de soutiens se réunit tous les mardis à 17h30 à place du Béguinage pour continuer à organiser la lutte.