Category: Féminisme

  • France : Une victime d’abus sexuels s’exprime

    Déclaration introductive de l’Exécutif International d’ASI

    Au cours des dix dernières années, des mouvements massifs contre la violence sexiste et le harcèlement des femmes ont ébranlé le monde. #Metoo a participé à cette évolution en mettant en lumière la façon dont les hommes au pouvoir, quelle que soit leur position, utilisent leur pouvoir pour s’imposer aux femmes et la façon dont les femmes doivent souvent l’accepter pour conserver leur emploi, leur position et leurs opportunités de carrière. Ce n’est pas nouveau, cela fait partie inhérente de toute société de classe. Mais le mouvement des femmes qui vient de se réveiller montre à quel point la conscience a changé, la nouvelle génération de femmes disant ou plutôt criant : nous n’acceptons plus cela !

    Avec les années 80 a commencé une période où le post-féminisme était dominant, où l’on disait que l’oppression structurelle et la discrimination des femmes n’existaient plus. Si les femmes ne “réussissaient” pas dans la société, c’était à cause des choix qu’elles faisaient. Les bas salaires étaient dus à de mauvais choix d’études. Le travail à temps partiel était dû au fait que certaines femmes choisissaient de faire passer leur famille avant leur carrière, ce qui entraînait alors de faibles retraites. La violence conjugale existait, mais les femmes “n’avaient qu’à s’en aller”. Le sexisme était un sujet de plaisanterie, et si vous ne trouviez pas cela drôle, vous étiez un rabat-joie. Dans cette période de post-féminisme, la lutte féministe a beaucoup ralenti, il ne restait plus que la lutte de quelques femmes pour obtenir des postes élevés en politique, dans les entreprises, dans toutes sortes d’organisations.

    Ce tableau a heureusement été brisé par une décennie de lutte des femmes, qui a eu de plus en plus d’effet sur toutes les luttes dans la société et a contribué à faire avancer la conscience de la classe ouvrière sur la nécessité de lutter contre l’oppression des femmes. Il n’est pas étonnant que les femmes, et surtout les jeunes femmes, soient à l’origine d’un grand nombre des révoltes que nous avons connues ces dernières années. De nombreuses sections de l’ancien Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, aujourd’hui Alternative Socialiste Internationale – ASI) ont pris part à ces mouvements de femmes, ont souvent été parmi les plus actives dans la rue, toujours avec un programme qui remettait en cause le système capitaliste en tant que coupable du sexisme structurel dans tous les aspects de la vie.

    Mais alors que ces sections ont mis sur pied des campagnes impressionnantes – en Irlande, au Brésil, en Russie, en Belgique – et que de nombreuses autres sections ont fait d’excellentes interventions chaque fois que ces questions se sont posées dans leur pays, la direction quotidienne du CIO, le Secrétariat International, ne s’est jamais impliquée. Au mieux, ils n’étaient pas intéressés, au pire, ils conseillaient activement aux sections de se tenir à l’écart de ces mouvements. Il n’y a pas eu de coordination internationale du travail sur les questions féminines, aucune tentative n’a été faite pour élever les expériences des sections qui ont développé une approche féministe socialiste au niveau international. Absente du nouveau mouvement des femmes, le SI a développé une vision politique de plus en plus “économiste” des questions du sexisme ou d’autres formes d’oppression. L’économisme signifie que vous défendez les luttes des femmes sur les salaires, les conditions de travail, les services publics, etc, mais que vous ne faites pas campagne contre le sexisme dans la société car cela serait “diviseur pour la classe ouvrière”.

    Ce concept est totalement faux. L’oppression des femmes et l’oppression de classe sont liées. Le sexisme divise la classe ouvrière. Le féminisme bourgeois ou institutionnel est également source de division car sa “solution” n’est que la féminisation de l’élite, ne changeant rien ou presque pour les couches plus larges de la société, demandant souvent aux hommes travailleurs de renoncer à leurs “privilèges”, c’est-à-dire un emploi à plein temps avec un contrat stable, des pensions décentes, etc. non pas pour améliorer la situation des travailleuses mais pour aligner les conditions vers le bas. Une véritable réponse socialiste à cette situation n’est cependant pas d’ignorer le sexisme, mais de le combattre avec une approche féministe socialiste, en exigeant que ces droits deviennent des droits pour tous les travailleurs et en luttant contre toute forme d’oppression. C’est l’approche développée par nombre de nos sections au cours de la dernière décennie, une approche qui s’inscrit dans les meilleures traditions du mouvement ouvrier et qu’ASI s’efforce de faire revivre. Pour ce faire, au sein même de l’Internationale, une rupture avec l’ancienne direction du CIO s’est avérée nécessaire. Cela s’est manifesté ouvertement dans la lutte de fraction, dans laquelle la question du mouvement des femmes et d’autres mouvements contre l’oppression était une question centrale, qui a conduit à la scission d’une minorité autour de l’ancienne direction en 2019. Cette dernière est partie et nous avons renommé l’Internationale “Alternative Socialiste Internationale” (ASI). Depuis la scission, un Bureau Femmes International a été créé et élu lors du Congrès mondial. Ce Bureau a joué un rôle essentiel dans le lancement de Rosa – International Socialist Feminists comme campagne internationale, en organisant une première grande réunion internationale des femmes en avril et quatre sessions sur les questions de l’oppression des femmes et des LGBTQI+ lors de notre Université Marxiste Virtuelle en juillet.

    En tournant la page, ASI fonde son approche sur les meilleures expériences et pratiques des sections qui ont fait un travail considérable contre le sexisme et l’oppression des femmes et qui ont mis en place des pratiques internes de lutte contre le sexisme dans leurs rangs. Nous comprenons que le sexisme fait partie intégrante de la société capitaliste dans laquelle nous vivons. En créant des organisations qui luttent contre le système à tous les niveaux et en adoptant une approche de tolérance zéro à l’égard des comportements discriminatoires, nous comprenons que nous ne pouvons pas exclure que les membres puissent avoir des attitudes sexistes, car nous avons tous grandi avec ces attitudes. Mais si nous ne pouvons pas être responsables de chaque acte de chaque membre, nous sommes responsables de l’éducation donnée à nos membres sur ces questions et de l’atmosphère dans nos partis. Nous sommes également responsables de la manière dont nous traitons les plaintes pour comportement sexiste à l’encontre de nos membres. C’est pourquoi le Bureau International Femmes travaille actuellement sur une proposition de lignes directrices internationales pour la lutte contre le sexisme dans nos propres rangs, qui sera discutée dans les organes dirigeants d’ASI et dans toutes les sections, afin d’utiliser pleinement les nombreuses bonnes pratiques et politiques développées dans nos sections pour adopter une approche commune.

    C’est dans ce cadre que nous avons discuté d’un cas horriblement mal géré, remontant à 2012 – 2013, de harcèlements et de violences sexuelles graves qui se sont produits dans la section française du CIO de l’époque, aujourd’hui une section du “CIO refondé”, en fait la minorité qui s’est séparée de ce qui est maintenant ASI. Dans le même temps, un ancien membre du CIO a lancé une campagne individuelle en France afin de dénoncer et de faire honte à l’auteur de ces actes, une figure dirigeante de la section d’alors et d’aujourd’hui.

    Malheureusement, cet ancien membre a porté cette affaire dans le domaine public contre les souhaits exprimés par la principale victime. Cela met une pression insupportable sur la victime qui n’a aucun contrôle sur ce qui est dit publiquement de son affaire. Bien que nous traitions ces affaires avec la plus grande discrétion, en protégeant la vie privée des victimes, dans ce cas, nous sommes d’accord avec la victime pour dire qu’une réponse politique, non pas de la part de tiers, mais de la part de la victime elle-même, est plus que justifiée.

    Nous sommes honorés du fait que T, la principale victime de ces abus, reste une membre actif d’ASI. Sa déclaration suit ci-dessous.

    L’exécutif international de l’Alternative socialiste internationale (ASI)

    Depuis mi-juillet 2020, une campagne publique (“ARV Justice”) de dénonciation de viol et harcèlement sexuel survenus à la Gauche Révolutionnaire (GR), la section française du CIO de l’époque des faits et du “CIO refondé” d’aujourd’hui, a été lancée par un ancien membre de cette organisation. En tant que principale victime des actes dénoncés, je me trouve dans le droit, mais aussi malgré moi dans l’obligation, de réagir publiquement.

    Tout d’abord, je tiens à souligner que je ne suis pas à l’origine de cette campagne, et que la personne qui la mène ne m’a demandé ni mon accord ni mon avis, ni sur le fond de la campagne ni sur sa forme. J’ai explicitement demandé à cet ex-membre d’arrêter, mais il a refusé.

    Il s’agit d’actes commis entre 2008 et 2012 par A, un dirigeant de la GR. Lors d’une commission d’enquête interne, il a reconnu les faits décrits par différentes jeunes femmes, tout en niant que son attitude posait problème et en refusant le terme “viol”. Suite au rapport d’enquête, et après une longue discussion, la direction de la GR a voté d’accepter le terme de “viol” pour qualifier ce qui s’est passé et a exclu A. pendant un an. Cette durée est ridicule par rapport aux actes commis et les demandes des victimes n’ont jamais été prises en compte. Cela a été rendu possible par un énorme manque de conscience féministe au sein de la GR, grâce au soutien du Secrétariat International du CIO, en cachant la nature des faits au reste de l’Internationale, et par des méthodes d’intimidation et de démoralisation de la part des alliés de A. envers les victimes et ceux qui les soutenaient, ce qu’on appelle souvent le “second viol”.

    Il y a quelques années, le mouvement #MeToo a vu de nombreuses femmes dénoncer publiquement les viols, le harcèlement et autres actes sexistes dont elles sont victimes. Comme la majorité du mouvement ouvrier, je me suis réjouie de ce que ce mouvement permettait : que la honte change de camp, que les femmes réalisent qu’elles ne sont pas seules face à ce genre de problèmes, mais que ceux-ci soient discutés collectivement.

    La tâche des socialistes, à mon avis, est de politiser cette question, de montrer le lien entre le sexisme et la société de classe, d’amener cette question sur les lieux de travail et d’utiliser Metoo pour combattre le sexisme au sein des organisations du mouvement ouvrier. Car le mouvement ouvrier n’existe pas en dehors de la société. Il est soumis à la pression de la société capitaliste et si nous ne combattons pas activement le sexisme, le racisme, l’homophobie et d’autres formes d’oppression, ceux-ci existeront au sein de nos organisations et seront non seulement un danger pour les membres qui en sont victimes, mais aussi un frein à la lutte contre le capitalisme.

    Pour les marxistes, l’oppression des femmes trouve son origine dans la division de la société en classes et n’est pas séparée de l’oppression des travailleurs en général. Le capitalisme a hérité l’oppression des femmes des anciens systèmes de classe et l’a accommodée dans son propre intérêt : les femmes constituent un réservoir de travailleurs moins bien payés parce que leur salaire était souvent considéré comme un revenu supplémentaire dans la famille, et elles effectuent des travaux domestiques non rémunérés mais essentiels pour la société. La classe capitaliste utilise le sexisme pour “diviser pour régner” et maintenir sa domination. Il n’est pas possible pour la classe ouvrière de gagner sa bataille historique contre la classe capitaliste si elle se laisse infecter par le sexisme. L’émancipation des femmes et celle de la classe ouvrière font donc partie du même processus.

    Une erreur cruciale du “CIO refondé”, dont fait partie la GR, est de considérer que ce sont précisément les luttes féministes, et non le sexisme, qui divisent la classe ouvrière. Pour eux, les femmes devraient se taire sur le sujet de l’oppression, à moins qu’elle ne puisse être très directement liée aux intérêts évidents des capitalistes, comme l’écart salarial entre les sexes ou les coupes dans les services publiques. D’après eux, une femme qui se plaint du sexisme s’aliène la solidarité des hommes de la classe ouvrière. Sans qu’ils s’en rendent compte, c’est en fait une insulte à la classe ouvrière, qu’ils considèrent comme sexiste par essence et incapable d’évoluer sur ce point (ils ont une attitude similaire et encore plus flagrante sur la question de la transphobie).

    À l’époque de Metoo, j’ai choisi de ne pas dénoncer publiquement les actes dont j’ai été victime au sein de la GR. L’important pour moi était de changer les choses au sein du CIO afin qu’une telle chose ne puisse plus se produire. J’étais convaincue que les choses allaient dans la bonne direction avec les campagnes féministes socialistes de ROSA en Irlande et en Belgique et le travail féministe qui se développait dans de nombreuses autres sections. Je pensais qu’à mesure que les débats sur la lutte contre le sexisme progresseraient, la conscience féministe changerait au sein du CIO au point que la GR, une secte sexiste irrécupérable à mon avis, disparaîtrait de l’Internationale.

    Ces dernières années, la direction du CIO n’a pas compris l’importance du mouvement féministe et de ses nouveaux enjeux, et n’a pas été en mesure de faire face aux tâches qui auraient dû être celles d’une direction révolutionnaire. Au contraire, le Secrétariat International du CIO et une minorité de ses membres se sont enfermés dans une approche économiste du féminisme et ont rejeté toutes les nouvelles questions relatives au féminisme en les qualifiant de « politique d’identité ». C’est l’un des aspects qui a conduit à la scission du CIO en 2019, entre Alternative socialiste internationale (ASI) dont je suis membre, d’une part, et le CIO refondé (regroupement autour de l’ancien Secrétariat International, dont la GR fait maintenant partie), d’autre part.

    En tant que membre d’ASI, je salue le travail qui a été accompli par ASI depuis la scission pour construire la campagne ROSA, pour la création d’un Bureau Femmes International et pour le développement d’une politique internationale contre le sexisme au sein de l’organisation. L’affaire de la GR a depuis lors été rediscutée et la direction internationale d’ASI a invalidé la décision de réintégrer A. prise par le CIO à l’époque.

    Si je suis satisfaite des mesures prises par ASI, il est vrai que je n’ai pas eu gain de cause devant la justice française. Mais de quelle “justice” parlons-nous ?

    En septembre 2019, Sandra Muller, l’initiatrice du hashtag balancetonporc, a été condamnée à verser 20 000 euros à la personne qu’elle avait accusée publiquement de harcèlement, Eric Brion, alors même que celui-ci avait reconnu les faits reprochés.

    Sandra Muller a été condamnée à verser bien plus que les dédommagements qu’une femme peut obtenir en portant plainte pour des faits de sexisme, et on n’a encore vu aucune condamnation pour les insultes et menaces de morts reçues par les femmes qui ont utilisé les hashtags metoo et balancetonporc.

    Il est complètement illusoire de penser que le système judiciaire actuel a pour mission d’apporter justice aux personnes victimes d’oppressions spécifiques. C’est un système où une élite applique les lois élaborées par une autre couche de l’élite. Par les luttes féministes (et contre les autres formes d’oppression), nous pouvons faire évoluer ces lois en faveur des opprimés. Mais leur application restera sujette à une interprétation teintée des préjugés dominants, qui vont jouer en faveur de l’oppresseur, et par des magistrats issus et représentants de la couche dominante (à de rares exceptions).

    De plus, tout l’enjeu des procès est de savoir si l’accusé est coupable ou non et ce que la société va faire de cette personne. Les victimes n’obtiendront une réparation que dans de très rares cas et après une procédure longue et éprouvante. Le manque de moyens dans les services publiques rend difficile l’obtention d’une aide psychologique gratuite. Ce sont les proches ou des associations de victimes qui les aideront tant bien que mal à se reconstruire.

    Il faut rompre avec cette “justice” pour en instaurer une dont la mission première serait la lutte contre l’oppression et l’exploitation, avec des magistrats élus et formés à reconnaître et combattre les violences faites aux femmes mais aussi les violences racistes et homophobes.

    Nous avons également besoin d’embauches et de financement dans les services publiques pour entre autre l’accès gratuit à une aide psychologique, des infirmièr(e)s scolaires accessibles dans chaque école et des cours d’éducation sexuelle incluant la notion de consentement. Les revendications d’un emploi et d’un logement pour tous sont aussi essentielles pour permettre aux femmes de ne pas rester coincées dans des relations abusives pour des raisons économiques.

    Peu après avoir dénoncé AR dans la GR, j’ai porté plainte sans grand espoir qu’il y ait une condamnation, puisque je n’avais pas de preuves matérielles, que plusieurs années s’étaient écoulées, et à cause du caractère même du système judiciaire développé plus haut. Je l’ai fait avant tout pour que d’éventuelles futures victimes puissent s’appuyer sur cette première plainte.

    Le procureur a décidé de ne pas engager de poursuites et je n’ai pas pris l’initiative de me constituer partie civile. Cela aurait demandé énormément de temps, d’énergie et de moyens que je préfère consacrer à la lutte féministe socialiste collective qu’à une bataille juridique individuelle.

    Néanmoins, la personne derrière “ARV justice” a intentionnellement provoqué AR et ses alliés à le poursuivre en diffamation, ce qu’ils ont fait – comment auraient-ils pu ne pas le faire sachant qu’une de ces personnes est une élue locale? Ce qui veut dire que mon affaire de viol va effectivement être discutée au tribunal, mais avec le violeur dans le rôle de plaignant !

    Outre de ne pas avoir demandé l’accord des victimes pour utiliser leur histoire publiquement, sorte de metoo-forcé, et de n’être d’aucune utilité à la lutte féministe socialiste, la campagne de dénonciation ARV donne des munitions aux ennemis du mouvement ouvrier. Ils peuvent très bien s’emparer de cette histoire et la généraliser à toutes les organisations de gauche, y-compris celles qui se battent activement et sincèrement contre le sexisme.

    Depuis des années, je lutte pour surmonter la démoralisation et le dégoût que m’inspirent la GR et le Secrétariat International du CIO-refondé, pour continuer à construire une internationale socialiste où défendre mes idées et militer pour le socialisme et pour la fin de toutes les formes d’oppression. Loin de m’apporter la moindre « justice », cette campagne foule au pied mes efforts en permettant que mon histoire soit utilisée contre le mouvement ouvrier socialiste dont je fais partie, au lieu que celle-ci, comme je le souhaite, soit utilisée pour tirer des leçons pour l’avenir.

    J’appelle toutes les personnes qui ont été alarmées par cette campagne à lutter contre le sexisme dans les organisations politiques et syndicales dont elles font partie, sur leurs lieux de travail et dans leurs écoles, et à toujours être vigilants à ce que les cas de sexisme ne soient pas utilisées à l’encontre de ce pour quoi luttent les victimes sans leur consentement, ce qui constitue un « troisième viol ».

    T, principale victime

  • Stop à la violence envers les femmes !

    En 2020, la violence conjugale est toujours un problème majeur. Comment se fait-il qu’aucun changement ne soit apparu à la suite de #metoo ? Que trouve-t-on à la racine du sexisme structurel et quelles revendications concrètes formuler pour le combattre ?

    Par Janne (Gand)

    Combattre la violence exige des moyens

    L’une des complications majeures est que les victimes ne signalent souvent pas leur situation à la police. Il faut dire qu’elles ne se sentent pas toujours comprises ou prises au sérieux. Dans certains commissariats, on n’établit un rapport officiel qu’après la quatrième plainte ! Il faut débloquer des moyens pour la sensibilisation et la prévention afin de briser ce tabou. Les victimes de violence doivent se sentir en sécurité pour pouvoir déposer plainte.

    Ensuite, diverses victimes ne signalent souvent pas leur situation tout simplement par peur. Les femmes restent encore malheureusement souvent financièrement dépendantes de leur partenaire. Dénoncer la violence et mettre fin à la relation fait planer la menace de la pauvreté. Nous défendons donc l’instauration d’un salaire minimum de 14 euros par heure et de contrats de travail décents afin de lutter contre l’écart salarial entre hommes et femmes. Nous devons créer les conditions matérielles permettant qu’une femme puisse quitter une relation dangereuse sans que cela implique de sombrer dans la pauvreté.

    Les politiques d’austérité de ces dernières décennies ont laissé de profondes blessures. Même si les victimes osent mettre fin à la relation, elles sont laissées pour compte par les autorités. Un refinancement adéquat du travail social s’impose de toute urgence ! Ce n’est que grâce à un tel réinvestissement que nous pourrons prendre soin des victimes de manière appropriée. Celles-ci doivent pouvoir se rendre dans un nombre suffisant de centres d’accueil et recevoir le soutien dont elles ont besoin.

    Le meurtre d’Ilse Uyttersprot, l’ancienne bourgmestre d’Alost, survenu cet été aurait pu être évité. En 2014, son meurtrier avait déjà été condamné pour violence conjugale. Il a ensuite été condamné à six mois avec sursis pour avoir battu et blessé son ex-petite amie. La peine était bien légère en considération du fait qu’il avait voulu l’étrangler. Après le meurtre d’Ilse Uyttersprot, il est clairement apparu qu’il faisait l’objet de diverses accusations de harcèlement, d’intimidation et de violence. Cet homme avait clairement un passé de violence. Mais il a pu frapper à nouveau en raison de peines légères, mais surtout à cause de l’absence de services de thérapie disposant de suffisamment de personnel pour être réellement en mesure de suivre les délinquants.

    Il ne peut y avoir de capitalisme sans sexisme

    Malheureusement, un tel drame inspire souvent de mauvaises conclusions. Les événements sont souvent résumés en un ‘‘choix malheureux’’ de la part de la victime, comme si cette violence n’était pas ancrée dans le système actuel, le capitalisme. Les gens ne naissent pas violents. La culture du viol dans les médias, la marchandisation du corps des femmes, etc. nous imposent une image dégradante des femmes, ce qui alimente le sexisme.

    D’autre part, les femmes sont souvent condamnées à une position inférieure dans ce système : les femmes sont surreprésentées dans les secteurs sous-évalués et mal payés. Elles travaillent aussi plus souvent à temps partiel et on leur impose la tâche difficile de concilier vie professionnelle et vie familiale, etc. Cette inégalité affaiblit leur position dans la société et ne sert que les intérêts de la classe capitaliste.  Pour obtenir des changements fondamentaux, nous devons nous en prendre aux racines du problème : le système capitaliste qui utilise le principe de ‘‘diviser pour régner’’ pour dresser les différentes couches de la population les unes contre les autres – sur la base du genre, de l’origine, de la religion, etc. L’inégalité, l’exploitation et l’oppression sont inhérentes à ce système, et il est important de dénoncer ces mécanismes et de combattre ensemble !

    Rendez-vous le 22 novembre prochain à Bruxelles. Participez à la mobilisation pour cette manifestation contre la violence envers les femmes. Une grande manifestation nationale respectant les mesures sanitaires serait une étape importante. Si les mesures sanitaires ne permettent pas une manifestation nationale, une campagne de mobilisation active pourrait faciliter des actions locales de moindre envergure.

  • Plus de moyens publics pour des soins de santé pour toutes et tous !

    La pandémie a brutalement mis en évidence les lacunes de notre système de santé. En raison de la pénurie de personnel, qui sévit depuis longtemps déjà, les conditions de travail étaient inhumaines lors de la première vague. Dans le secteur très privatisé des maisons de repos et de soins, les travailleuses et travailleurs infectés et/ou malades ont dû continuer de bosser faute de remplaçants. Dans tout le secteur, le personnel a dû travailler avec insuffisamment d’équipement de protection.

    Leurs efforts héroïques ont été applaudis par la population. Mais alors qu’il faudrait se préparer à une deuxième vague, c’est à peine si le monde politique réagit à leurs plaintes. Alors que 2,3 milliards d’euros ont été coupés dans le secteur ces cinq dernières années, le gouvernement a promis cet été un milliard d’euros supplémentaires, ce qui est tout simplement insuffisant pour répondre au besoin de personnel et de valorisation salariale. Si cette deuxième vague survient cet automne, la seule chose qui aura changé, c’est que le personnel sera déjà totalement épuisé.

    Pour que le gouvernement aille chercher l’argent là où il est pour l’investir dans un service public de qualité et accessible à toutes et tous, avec de bonnes conditions de travail et de salaire pour tout le personnel (des infirmières et des soignants aux personnels de nettoyage et de cuisine), il faut construire un mouvement de lutte. La manifestation d’aujourd’hui est un pas dans cette direction.

    La campagne ROSA a activement mobilisé pour cette Grande Manifestation de la Santé. Nous estimons que les soins de santé et le travail social, tout comme l’enseignement et la garde d’enfants, sont des services essentiels pour les femmes, des services qui leur permettent d’assurer leur vie professionnelle et d’avoir une indépendance financière. Les femmes travaillent dans ces secteurs, mais elles en sont aussi les utilisatrices. La défense de ces services fait partie intégrante du combat féministe, tout comme la lutte pour un salaire minimum décent pour toutes et tous.

    Les soins de santé représentent un secteur à bas salaires où les femmes sont fortement représentées, mais c’est aussi le cas de la plupart des services de première ligne dans la lutte contre le virus. Dans les supermarchés, le personnel a dû se battre afin de travailler dans des conditions plus sûres et de recevoir certaines primes. Mais le patronat essaie déjà de revenir sur ces concessions en dépit de l’augmentation des profits. La reconnaissance de ces professions comme essentielles doit se traduire en une lutte conséquente pour un salaire minimum général de 14 euros de l’heure.

    Le télétravail est un autre phénomène en pleine expansion. Les employé(e)s devaient prester une quantité de travail identique tout en s’occupant des enfants. Le fardeau est encore plus lourd pour les familles monoparentales. A l’avenir, nous devons assurer que le télétravail tienne compte des enfants et qu’un congé payé exceptionnel soit prévu ou au moins une réduction drastique du temps de travail sans perte de salaire.

    Déconfiner la lutte sociale !

    Toutes les femmes ont intérêt à soutenir ce combat ! Les femmes constituent également la majorité de la main-d’œuvre dans la plupart des secteurs confrontés à une vague de licenciements, de fermetures et de faillites. Des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs sont toujours au chômage économique avec seulement 70% de leur salaire. Pour beaucoup de femmes, il s’agit de 70% d’un salaire qui n’était déjà qu’un salaire de survie. Surreprésentées dans les contrats temporaires, de nombreuses femmes n’ont même pas accès à ces 70 %.

    A cela s’ajoute l’augmentation de la violence sexiste et de la violence domestique, qui était déjà à un niveau épidémique avant-même le confinement. Le nombre d’appels aux lignes de secours a augmenté de 70 % depuis lors. Durement touchées par la crise économique qui se développe, de nombreuses femmes auront encore plus difficile à quitter un partenaire violent.

    La manifestation de La Santé et Lutte n’est que le début du déconfinement de la lutte sociale, ce qui s’impose pour obtenir des victoires sur tous les fronts. La campagne ROSA soutient les luttes des travailleuses et travailleurs, car ce sont elles et eux qui font tourner le monde, et non les actionnaires des grandes entreprises qui empochent les bénéfices. Parallèlement, nous nous préparons à lutter pour une prolongation de la période d’avortement légal, nous mobilisons pour la manifestation contre la violence envers les femmes du 22 novembre et nous militons dans les universités pour que les organisations racistes et sexistes n’y soient plus acceptées et subventionnées. Vous souhaitez participer ? Contactez-nous sans attendre !

    Participez ! Rejoignez la Campagne ROSA (Cotisation : 5 € et recevez la brochure de présentation) Aidez-nous à financer ce projet (compte n°BE54 5230 8095 8497) & participez avec nous à la manifestation du 22 novembre 2020 à Bruxelles

  • Le droit à l’avortement a été arraché par la lutte… C’est la lutte qui le fera sortir du code pénal !

    Action de la Campagne ROSA cet été face aux bureaux de la N-VA contre le chantage de De Wever concernant le droit à l’avortement.

    L’incertitude demeure quant au sort du projet de loi visant à étendre la période d’avortement légal à 18 semaines, à réduire le délai de réflexion d’une semaine à 48 heures et à supprimer complètement l’avortement du droit pénal. Quel parti mobilisera le soutien populaire pour partir en action ?

    Par Anja Deschoemacker

    Parmi les auteurs du projet de loi, au moins deux familles politiques ne peuvent bénéficier d’aucune confiance. En 2018, la famille libérale (Open VLD / MR) a choisi la cohabitation au sein du gouvernement Michel et a favorisé un ‘‘assouplissement’’ de la loi (qui est resté théorique) au lieu d’un vote au Parlement. Au début de l’année, Paul Magnette a indiqué qu’il était possible pour le PS que cette discussion soit considérée dans le cadre des négociations gouvernementales avec le CD&V, parti qui s’est toujours opposé à tout assouplissement. Quant au SP.a, il est prêt à tout pour entrer dans un gouvernement et le passé des partis ‘‘verts’’ suggère qu’ils sont eux aussi prêts à mettre cette question de côté pour un strapontin au gouvernement.

    Reste donc Défi et le PTB/PVDA. Mais ils n’ont jusqu’ici pris aucune mesure visant à exercer une pression sur le terrain. L’histoire de la lutte pour le droit à l’avortement nous apprend pourtant que la construction d’un mouvement est fondamentale. La lutte idéologique se mène dans les médias classiques et les réseaux sociaux, c’est vrai, mais c’est surtout la mobilisation de la rue qui permet d’avancer.

    Le droit à l’avortement obtenu après 20 ans de lutte

    Le droit à l’avortement a été l’une des plus importantes batailles de la deuxième vague féministe dans le monde dans les années 1960 et 1970. En Belgique aussi, des organisations telles que Dolle Mina et le Vrouwen Overleg Komitee (Comité consultatif des femmes) ont défendu ce droit fondamental sous le slogan “baas in eigen buik” / ‘‘Mon corps, mon choix’’.

    Certains médecins autour du docteur Willy Peers, qui ont ouvertement déclaré en 1973 qu’ils pratiquaient des avortements, ont joué un rôle important. L’arrestation de Peers a conduit à la création d’un comité de soutien qui a mené campagne pour sa libération et pour la légalisation de l’avortement avec des actions de soutien, des pétitions, des soirées d’information, des manifestations,… C’est ainsi que le thème s’est imposé dans l’actualité.

    En 1977, la militante de Dolle Mina Anne Léger fut arrêtée pour propagande en faveur du droit à l’avortement. Ses brochures orientaient les femmes vers deux cliniques pratiquant l’avortement aux Pays-Bas, ce qui était interdit par la loi. Son arrestation a conduit le mouvement à un nouveau sommet. Elle fut acquittée grâce à une intense campagne de solidarité. Dans les années qui ont suivi, l’avortement a été pratiqué dans plusieurs hôpitaux sans véritable persécution. Dans les années 1980, une série de procès ont été intentés contre des médecins et des infirmières. Sous la pression de la mobilisation, des accords ont été conclus.

    Chez les partis traditionnels pro-avortement, les droits des femmes sont sacrifiables

    Cependant, les deux familles politiques qui prônaient le droit à l’avortement – les sociaux-démocrates et les libéraux – ont choisi l’opportunité de rejoindre un gouvernement avec le CVP (le CD&V aujourd’hui), le parti anti-avortement par excellence qui était incontournable à l’époque. Cela n’a changé que vers la fin des années 1980. Ce n’est qu’en 1990 que la loi rendant l’avortement possible a été votée, avec une majorité de sociaux-démocrates et de libéraux contre le CVP et le PSC (le CDH aujourd’hui).

    Chez les partis traditionnels, la possibilité d’aller au pouvoir a toujours prévalu sur une attitude de principe à l’égard des droits des femmes. Ils n’ont jamais pris la tête du mouvement. C’est toujours le cas. Les sociaux-démocrates et les libéraux défendent ce droit en paroles, mais pas en actes.

    Avec la formation d’un gouvernement fédéral encore hypothétique, il faut encore voir si un vote prendra place au Parlement et s’il bénéficiera d’une majorité. Le 11 juillet, le président de la N-VA Bart De Wever a donné le ton avec des déclarations qui ont tout du chantage : son parti ne négociera pas avec un parti qui approuve ‘‘une loi que je trouve vraiment honteuse’’. La note De Wever / Magnette qui a été acceptée cet été comme base de formation d’un gouvernement pour la ‘‘bulle des cinq’’ (N-VA, PS, SP.a, CD&V et CDH) aurait mentionné une extension du droit à 16 semaines. Qu’en est-il de la dépénalisation complète et du délai d’attente ? Pourquoi 16 et non 18 semaines ?

    La seule issue est de construire un mouvement de lutte. Sans aucune pression extra-parlementaire, les partis pourront utiliser ce droit fondamental des femmes comme monnaie d’échange. Nous appelons donc le PTB/PVDA à s’engager dans le développement de cette pression extra-parlementaire. La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) suit l’affaire de près et appelle toutes les organisations féministes à se tenir prêtes à lancer une campagne à l’automne.

  • La Campagne ROSA mobilise pour la Grande manifestation de la Santé du 13 septembre

    Le 7 avril, nous avions mené campagne sur les réseaux sociaux, en plein confinement, en solidarité avec les luttes du secteur des soins de santé. Il est temps de descendre dans la rue aujourd’hui !

    13h, Mont des arts, Bruxelles

    Refinancement public massif des soins de santé !

    Les soins de santé ont été le secteur le plus durement frappé par la pandémie. Un secteur dont le personnel se bat depuis de longues années contre l’austérité source de conditions de travail inacceptables : surcharge de travail en raison d’un manque de personnel structurel et larges couches de personnel frappées par les bas salaires. Bien avant la pandémie, le personnel criait déjà que, dans les conditions de financement imposées par les différents gouvernements, fournir un service de qualité accessible à toutes et tous devenait de plus en plus impossible. Les gouvernements ont fait la sourde oreille.

    Aujourd’hui, les efforts héroïques du personnel – dont 80% sont des femmes – ont été applaudis par une majorité de la population. Les revendications du personnel bénéficient d’un soutien quasiment unanime. Mais sans se battre, les gouvernements continueront à les ignorer.

    C’est pour cette raison que la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) vous appelle toutes et tous à soutenir l’appel de La Santé en Lutte et à nous mobiliser pour la grande manifestation de la santé du 13 septembre. Nous revendiquons un refinancement public massif des soins de santé en faveur d’une amélioration fondamentale des conditions de travail et de la qualité du service.

    Les travailleuses essentielles méritent un salaire décent !

    La crise du covid19 a mis en lumière le travail essentiel réalisé par les travailleuses pour faire tourner la société. Infirmières, aides-soignantes, personnel de nettoyage, caissières, puéricultrices et enseignantes, personnel du secteur social,… les femmes sont majoritaires dans les métiers de première ligne contre le virus. Sans elles, la société n’aurait pas pu gérer cette énorme crise sanitaire et le confinement. Mais ces travailleuses ont toujours été dévalorisées dans cette société capitaliste qui n’a que la soif de profits comme objectif. Les bas salaires, les mauvaises conditions de travail, la surcharge de travail et les contrats précaires sont donc eux aussi majoritaires dans ces secteurs essentiels.

    A la surcharge au travail, le confinement a ajouté une surcharge de travail domestique. Combiner vie professionnelle et vie de famille est toujours difficile. Mais la fermeture des écoles a rendu cela pratiquement impossible. Avec le télétravail, les travailleuses et travailleurs sont censés réaliser la même quantité de travail et s’occuper de leurs enfants parallèlement. C’est encore pire pour les familles monoparentales.

    La Campagne ROSA défend que les travailleuses et travailleurs essentiels ont droit à des salaires essentiels. Une lutte concrète pour un salaire minimum de 14 euro/heure doit être construite sur base de cette compréhension largement ressentie aujourd’hui que ce sont les travailleuses et travailleurs qui font tourner le monde.

    Toutes les femmes ont intérêt à soutenir ces luttes !

    Les femmes ne sont pas tout simplement majoritaires dans le personnel des secteurs essentiels, mais aussi dans la plupart des secteurs aujourd’hui confrontés à une vague de licenciements, de fermetures et de faillites. Des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs se retrouvent au chômage économique avec seulement 70% de leur salaire. Pour de très nombreuses femmes, il s’agit de 70% d’un salaire qui n’était déjà qu’un salaire de survie. Surreprésentées dans les contrats temporaires, beaucoup de femmes n’ont même pas accès à ces 70%.

    A cela s’ajoute la hausse de la violence de genre et de la violence domestique à un niveau épidémique déjà avant le confinement. Les mesures de confinement ont signifié que les victimes de violences domestiques devaient s’enfermer avec un partenaire violent. Les appels vers les lignes d’urgence ont augmenté de 70% depuis le début du confinement. Touchées de plein fouet par la crise économique qui se développe, de nombreuses femmes vont avoir encore plus difficile de quitter un partenaire violent.

    La manifestation de La Santé en Lutte n’est qu’un début pour déconfiner la lutte sociale qui s’impose pour arracher des victoires sur tous les terrains. Mais sans début, il ne saurait y avoir de suite. Nous appelons toutes et ceux qui se battent pour les droits des femmes à être présents le 13 septembre !

  • Solidarité avec la lutte des femmes sans papiers et de leurs enfants !

    Ce vendredi, une centaine de personnes se sont rassemblées devant la Tour des finances pour exiger la régularisation de toutes les personnes sans-papiers de Belgique. Cette action se concentrait sur le thème des familles de sans papiers, les femmes et les enfants ayant constitué la majorité des participantes et participants. L’action organisée par le Collectif des sans-papiers a été pacifique et a rassemblé des membres de différentes communautés de sans-papiers de Belgique, principalement originaire d’Afrique, du Moyen Orient et d’Amérique du Sud. La présence et les témoignages des enfants sans papiers qui ont revendiqué leur droit à la légalité et à une vie digne étaient particulièrement impressionnants.

    Ci dessous, le tract qui a été diffusé par la Campagne Solidarity et la Campagne ROSA lors de cette action

    Les femmes et les enfants sans-papiers vivent ici en Belgique depuis des années. Ils ne connaissent pas un autre pays que la Belgique. Ils ne vivent pas une enfance comme les autres. Les parents sans papiers ont des obstacles pour subvenir aux besoins vitaux, à se soigner, à vivre dans des conditions dignes … Les enfants sans papiers subissent la plus grande de discrimination à l’école, sans pouvoir participer aux voyage scolaires et sans pouvoir avoir le moyen d’acheter le matériel scolaire nécessaires pour poursuivre le parcours scolaire. Tout cela parce que les travailleurs et travailleuses sans-papiers sont exploités. La précarité et l’exclusion sociale qui leur impose le système capitaliste sont leurs quotidiens !

    L’absence de perspectives d’avenir, la déshumanisation de la société, “l’objectivisation” des femmes et les discriminations engendrées par un capitalisme en crise favorisent la violence, le sexisme, l’homophobie et le racisme ainsi qu’une série d’autres discriminations basées, entre autres, sur l’appartenance ethnique ou religieuse. C’est les coupes budgétaires qui poussent les femmes dans la pauvreté. Ce sont les femmes qui compensent les pénuries dans les crèches, les transports publics, les soins de santé, l’enseignement en assumant la majorité des tâches domestiques. Les femmes sans-papiers se trouvent dans des situations encore plus vulnérables. Elles travaillent en dehors de toute législation du travail, surtout dans les secteurs de la garde d’enfants, des soins aux personnes âgées et du nettoyage. Elles sont aussi les « héros » de la pandémie !

    Un seul groupe de la population profite de l’oppression des sans-papiers et de l’oppression spécifique des femmes. Pour les employeurs c’est une opportunité pour miner l’ensemble des conditions de travail et de salaires. Nous devons dénoncer toute tentative de l’extrême droite, des médias ou du gouvernement de pointer du doigt les immigrés comme boucs émissaires des échecs de la politique d’austérité et de la faillite du capitalisme.

    Dans le combat contre l’austérité et l’exploitation, nos meilleurs alliés sont les autres victimes de ce système de plus en plus inégalitaire. Il faut lutter pour la régularisation de tous les sans-papiers afin qu’ils puissent disposer des mêmes droits que les autres travailleurs et qu’ils ne puissent plus être instrumentalisés pour diminuer les conditions de vie de l’ensemble. Parallèlement, il nous faut lutter collectivement contre toute forme de sexisme, pour des logements abordables, des services publics de qualité et des emplois et des revenus décents permettant l’indépendance financière des femmes.

    Contre les tentatives de division toujours plus agressives, nous devons opposer une lutte et un combat unitaires : hommes et femmes, avec ou sans papiers, jeunes et travailleurs avec ou sans emploi… Nous avons tous droit au logement, à l’éducation, aux soins, à la dignité. Nous devons développer des mouvements totalement indépendants de la classe dominante, armés d’un programme et de méthodes socialistes.

    Inspirée par la jeunesse noire aux USA, une explosion de colère parcourt le globe. Des milliers de personnes sortent dans les rues pour faire entendre « Black Lives Matter ». Un mouvement historique contre le racisme se développe dénonçant les violences policières mais également la misère sociale, le manque des logements à loyers abordables et le manque d’emplois décents… plus généralement les nombreuses injustices créées par le système dans lequel nous vivons. La régularisation des sans-papiers doit faire partie de ce combat !

    Nous entendons combattre le racisme et le sexisme par la solidarité. C’est pourquoi nous lions à ce combat des revendications telles que des emplois décents pour toutes et tous, un salaire minimum de 14 euros de l’heure, des logements abordables, la construction massive de logements sociaux et un plan d’investissement radical dans les services publics, l’enseignement et les soins de santé. La crise capitaliste entraîne dans son sillage plus de divisions, dont le racisme, et plus de violence. Mettre fin à la violence policière signifie de renverser le capitalisme et de construire un tout autre type de société.

  • Solidarité internationale avec les activistes féministes et LGBTQI+ en Russie !

    Sotsialisticheskaya Feministskaya Alternativa (SFA), en collaboration avec Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge) et le réseau ROSA – International Socialist Feminists, a lancé un appel pour l’organisation d’actions de solidarité le 14 août. De telles actions ont eu lieu dans le monde entier.

    L’artiste russe et militante LGBTQ Yulia Tsvetkova est assignée à résidence depuis novembre 2019. Le 8 juin, elle s’est présentée au tribunal pour y être accusée de distribution criminelle de “pornographie”. Elle risque jusqu’à six ans de prison. Son “crime” est d’avoir publié des dessins abstraits et caricaturaux de femmes dans un groupe de VKontakte “body positive” appelé “Les monologues du vagin”.

    Au cours de ces derniers mois, des dizaines d’autres activistes russes ont également été arrêtés. Rien que le 27 juin, 40 activistes du groupe russe Sotsialisticheskaya Feministskaya Alternativa (SFA) ont été arrêtés à Moscou, et 3 autres à Saint-Pétersbourg. Le gouvernement russe tente d’enfermer des féministes déclarées comme Yulia et d’autres afin d’imposer le silence sur le harcèlement sexuel et les violences domestiques, homophobes et policières en Russie.

    SFA a donc décidé de lancer un appel à la solidarité au côté d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) et du réseau ROSA – International Socialist Feminists. Celles-ci ont eu lieu le 14 août. ASI a organisé des actions dans le monde entier.

    À Vienne, des membres de la section autrichienne d’ASI se sont tenus devant l’ambassade de Russie avec des drapeaux et des pancartes appelant à la libération de Yulia. Ils et elles ont également remis une lettre de protestation aux employés de l’ambassade.

    Aux Pays-Bas, les membres d’ASI ont protesté devant l’ambassade russe à La Haye. Un camarade, décrivant la réaction de l’ambassade à leur protestation, a commenté “ils n’ont pas eu l’air amusés. C’est bien !”

    D’autres actions ont eu lieu dans plusieurs villes d’Allemagne, d’Irlande du Nord et du Sud, de Grande-Bretagne, du Canada et de République tchèque, beaucoup d’entre elles ayant eu lieu devant les ambassades russes. Des actions ont également bien entendu ris place en Russie également. Bien que l’on ne sache pas encore quel sera le résultat de l’affaire Youlia Tsvetkova, la solidarité internationale peut jouer un rôle clé en faisant pression sur le régime russe pour qu’il libère cette femme et d’autres activistes.

    Ci-dessous, une vidéo de l’action organisée à Bruxelles.

  • Mons. L’avortement est un droit !

    A la suite de l’action menée par le Conseil des femmes ce mercredi à Bruxelles et d’une autre menée en soirée le même jour face au siège de la N-VA à l’initiative de la Campagne ROSA, un rassemblement a eu lieu hier à Mons à l’initiative des Nouvelles Antigones pour dénoncer la manière dont la législation sur l’avortement est prise en otage par des marchandages entre partis politiques.

  • Action : L’avortement est un droit, pas un jeu politique !

    Photo : ODP news

    Ce 15 juillet, la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) avait pris l’initiative d’un rassemblement devant le siège de la N-VA à Bruxelles pour dénoncer la manière dont la législation sur l’avortement est prise en otage par des marchandages entre partis politiques. Le projet de loi d’assouplissement est utilisé comme un point de rupture dans la formation du gouvernement fédéral. Les femmes doivent pouvoir prendre les décisions qui les concerne, De Wever & Co n’ont rien à dire à ce sujet !

    La journée avait commencé par une action du Conseil des femmes menée par une vingtaine de participantes avec une présence de la Campagne ROSA. Ensuite, environ 70 personnes se sont réunies à l’appel de la Campagne ROSA devant le siège de la N-VA à Bruxelles.

    La semaine dernière, quatre partis alliés (CD&V, CDH, N-VA et Vlaams Belang) ont renvoyé pour la troisième fois la loi dépénalisant totalement l’IVG devant le Conseil d’Etat. Cela a pour conséquence le report du vote qui était attendu jeudi passé et qui leur aurait été sans doute défavorable.

    Cette proposition de loi représente un pas en avant dans la mesure où:

    • elle prévoit de supprimer toute sanction pénale en matière d’avortement (contrairement à celle de 1990 qui proposait une dépénalisation partielle) ;
    • elle propose d’étendre le délai durant lequel nous pouvons procéder à un avortement. Il passerait de 12 semaines actuellement à 18 semaines ;
    • elle réduit le délai de réflexion obligatoire avant de pouvoir avorter. Il passe de 6 jours à 48 heures.

    De cette façon, le vote de cette loi pourrait mettre fin à la situation dans laquelle, chaque année, de nombreuses femmes doivent se rendre à l’étranger pour pratiquer un avortement (on estime qu’il s’agit de 500 personnes). Cette solution coûteuse qui n’est pas accessible aux femmes les plus pauvres. Par ailleurs, au vu de l’intensité des luttes féministes observées ces dernières années, ce n’est pas anodin que certains partis traditionnels proposent de plus en plus de mesures progressistes concernant les femmes.

    La Campagne ROSA a toujours défendu une approche pro-choix, dépénalisant totalement l’avortement, en Belgique et dans tous les pays. Nous exigeons un vrai choix : défendre le droit à l’avortement et le droit d’avoir des enfants sans s’appauvrir ! Mais nous sommes également conscients que tant que la discussion sera limitée au parlement, sans réelle mobilisation de la rue, les droits des femmes seront toujours en danger et dans les mains des jeux politiques cyniques des partis traditionnels.

    La Campagne ROSA appelle donc à s’organiser en se mobilisant avec des actions et des manifestations, pour continuer à combattre les partis réactionnaires qui font obstacle au droit à l’avortement. En effet, il s’agit d’un droit fondamental : celui de disposer librement de notre corps.

    Notre lutte féministe ne s’arrête pas à l’adoption de lois au parlement, elle vise également à obtenir un changement radical de société car il ne saurait y avoir d’égalité réelle dans une société capitaliste qui repose sur les inégalités. La Campagne ROSA défend donc un féminisme socialiste et la construction d’une société socialiste démocratique débarrassée des inégalités et des oppressions de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs.

    L’action a été un grand succès mais nous n’en sommes pas encore là. Pour obtenir de vraies victoires, il faut s’organiser ! Rejoignez la Campagne ROSA !

     

  • Rassemblement. L’avortement : mon choix, pas celui de De Wever !

    Action de protestation devant le bureau de la N-VA, rue Royale 47, 1000 Bruxelles

    Mercredi 15 juillet, 18h
    (en respectant la distanciation sociale – apportez vos masques!)

    Le président de la NVA Bart De Wever veut bloquer le vote sur l’allongement du délai pour un avortement et la suppression de l’IVG du Code pénal, et ce malgré qu’il existe une majorité parlementaire. Stop aux jeux politiques, stop au chantage de la N-VA ! Chaque année, quelques 500 femmes doivent encore se rendre à l’étranger pour se faire avorter, ce qui n’est possible qu’avec des moyens financiers. Les femmes ont assez attendu !

    Mon corps, mon choix ! Que De Wever s’occupe de son propre corps, pas du nôtre !

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