Category: Féminisme

  • Avortement jusqu’à 18 semaines ou pas – ce n’est pas à De Wever de décider !

    Avec un peu moins de 25 % des voix aux dernières élections en Flandre, soit 16 % à l’échelle de la Belgique, Bart De Wever se considère toujours comme l’empereur du pays. Il a mis en attente les partis qui souhaitent le prolongement du délai pour un avortement légal, des partis qui constituent une large majorité au Parlement fédéral. Si ces partis procèdent à un vote, la N-VA n’entrera pas avec eux dans un gouvernement fédéral. Selon lui, la proposition dispose d’un soutien de 0,0% en Flandre, alors que les partis pro-avortement y ont obtenu près de la moitié des voix. Il présume que “sa” Flandre a le droit de placer tout le pays sous le signe de la droite conservatrice.

    Il ne joue bien entendu pas qu’avec les cartes qu’il a en main, dont il en a perdu bon nombre par rapport aux élections précédentes et encore plus depuis lors selon tous les sondages. Il joue aussi avec celles du Vlaams Belang et du CD&V. Cependant, après les élections précédentes, il est apparu clairement qu’en dehors de la N-VA, aucun parti n’est disposé à coopérer avec le VB tandis que le CD&V, le traditionnel parti du pouvoir dans le pays, est devenu un petit parti.

    Par opportunisme populiste, le VB s’est exprimé en faveur d’un certain nombre de revendications du mouvement ouvrier, mais le VB n’a pas non plus d’importance pour De Wever. Une majorité au Parlement pour un salaire minimum de 14 euros/h, par exemple, serait tout aussi bien condamnée par De Wever, cette fois-ci en comptant les voix des partis libéraux avec les siennes.

    Ce ne serait qu’un spectacle tragicomique si les partis favorables au droit à l’avortement ne s’en souciaient pas. Le CD&V pourrait alors quitter le gouvernement flamand, s’il osait le faire. Cependant, il est à craindre que les partis traditionnels de la majorité pro-avortement soient à nouveau victimes de chantage de la part de l’empereur autoproclamé de Flandre qui, selon tous les sondages de cette dernière année, ne bénéficie aujourd’hui que du cinquième des voix flamandes.

    La seule façon de sortir de l’impasse est de mobiliser dans la rue le soutien à un assouplissement de la législation sur l’avortement. De Wever est – bien sûr ! – également un adversaire résolu de la mobilisation sociale. Après tout, De Wever ne nous permet d’être infectés par le virus qu’au travail et dans les magasins, en aucun cas lors de manifestations et d’actions de masse.

    Si les partis en faveur de l’assouplissement de la législation sont sérieux concernant ce sujet, le projet de loi sera adopté la semaine prochaine – enfin ! – et l’”empereur” sera là, debout, et nu. Pour le PvdA/PTB – les seuls qui, dans le passé, n’ont pas laissé les petits jeux de pouvoir prendre le pas sur leurs principes – il est important de lancer cette mobilisation et de dénoncer les partis dont le comportement se moque des principes.

  • Meeting online : Pourquoi chaque crise affecte-t-elle deux fois plus les femmes ?

    TIME TO ORGANISE, PREPARE TO FIGHT

    Meeting en ligne. Rdv le 1er juin dès 19h45 pour le début du stream. Le meeting commence à 20h.

    Maintenant, on parle tous les jours au JT de ce qui se passe à la maison, des vidéos style tiktok que les gens envoient aux médias bien entendu, mais aussi des problèmes rencontré chez soi, ce qui n’a jamais été un thème dans les médias avant le confinement.

    Les femmes se retrouvent enfermées, parfois dans un logement exigu, en devant souvent jongler entre le télétravail, trouver des occupations pour les enfants et les autres tâches domestiques. Dans de telles conditions, les difficultés sont inévitables. Un tiers des parents se disent dépassés ; les appels à l’aide face à une situation de violence domestique ont triplé; celles et ceux que l’on présente comme héroïnes et des héros subissent une forte pression au travail dans des conditions sanitaires précaires avec parfois un salaire horaire inférieur à 14€ brut.

    Cette crise démontre que le mouvement féministe socialiste est plus que jamais nécessaire. On ne peut pas se contenter de petites réformes, ce dont nous avons besoin, c’est d’un changement de société.

    Avec :

    • Ruth Coppinger, membre éminente du ‘Socialist Party’ (section irlandaise de d’Alternative Socialiste Internationale), qui a joué un rôle clé au sein et en dehors du Parlement pour permettre la victoire historique pour le droit à l’avortement en Irlande. Elle est devenue célèbre dans le monde entier pour ses protestations contre le ‘victim blaming’ dans le cadre d’un procès pour viol. Aujourd’hui, elle est pleinement impliquée dans la mise en place d’un soutien aux travailleuses et travailleurs de Debenham contre la fermeture de l’entreprise qui impliquerait la perte de 2000 emplois.
    • Témoignage d’une série de militantes : La crise du coronavirus illustre la faillite du capitalisme sur tous les fronts. Les conséquences criminelles du manque de services publics sont encore plus visibles aujourd’hui.
    • Anja Deschoemacker, membre du PSL et l’une des initiatrice de la Campagne ROSA : “Les femmes sont majoritaires dans les secteurs essentiels, mais les bas salaires et conditions de travail précaires également : organisons la résistance ! Première étape, la grande manifestation de la Santé en Lutte”
  • Hong Kong : les migrantes portent le fardeau le plus lourd de la pandémie

    Peur de la maladie, surcharge de travail et annulation du jour de congé

    Par Vincent Kolo et Xiaxi Cai, Socialist Action, Alternative Socialiste Internationale à Hong Kong

    ‘‘Je n’ai pas eu un seul jour de congé en deux mois à cause du coronavirus”, explique Seputih, une employée de maison indonésienne. “Mon employeur me paie un jour de congé, mais en fait, il n’y a pas de jour de congé. Pour le bien de ma santé, j’accepte de ne pas le prendre”.

    Le dimanche, jour de congé obligatoire pour les travailleuses domestiques, était auparavant leur seule chance de se reposer, de se détendre et de rencontrer des amis. Mais sous l’impulsion du gouvernement de Hong Kong qui les pousse à rester chez elles, elles sont coincées dans leur environnement de travail de manière permanente. Certains ont été menacés de licenciement par leur employeur qui craignait d’introduire le virus dans leur foyer si elles étaient autorisées à sortir le dimanche. La même logique ne s’applique pourtant pas lorsque ces travailleuses sont envoyées faire des courses ou promener le chien.

    Le coronavirus a été un coup dur pour les travailleurs du monde entier, avec le confinement, des fermetures d’entreprises et des pertes de revenus. Mais ce sont les secteurs les plus pauvres et les plus vulnérables de la classe ouvrière qui en supportent le plus lourd fardeau. À Hong Kong, il s’agit des 400.000 travailleurs migrants, pour la plupart originaires d’Indonésie et des Philippines. Ils et elles sont confrontés à une charge de travail considérablement accrue, à des heures de travail plus longues et à des restrictions encore plus importantes concernant leur liberté et leur vie privée.

    Si le confinement signifie d’avoir moins de travail, ou même pas du tout, pour beaucoup de gens à travers le monde, pour les travailleurs domestiques, cela implique plus de travail que jamais, sans salaire supplémentaire bien entendu. Le sort des travailleurs domestiques migrants de Hong Kong a été condamné comme un “esclavage moderne” dans de nombreuses études mondiales, bien que leurs homologues travaillant en Arabie Saoudite et dans d’autres États du Golfe soient confrontés à des conditions encore plus difficiles et plus oppressantes. A Hong Kong la surcapitaliste, où l’infrastructure sociale a été longtemps négligée, la main-d’œuvre féminine immigrée, mal rémunérée, est le substitut du gouvernement pour la mise en place de systèmes viables de garderies, d’activités extrascolaires et de soins aux personnes âgées.

    La fermeture des écoles

    “J’ai beaucoup plus de travail maintenant parce que le fils du patron ne va pas à l’école, mais monsieur et madame travaillent toujours”, dit Vant, amie de Seputih elle aussi issue de l’immigration indonésienne. Comme beaucoup d’autres travailleuses domestiques, s’occuper des enfants fait partie de son travail.

    Dans une enquête récente de l’Asian Migrants Coordinating Body (AMCB), plus de la moitié des travailleurs domestiques ont déclaré que leur charge de travail avait augmenté depuis le début de l’épidémie. Les écoles étant fermées depuis dix semaines et les personnes âgées étant le groupe à risque le plus vulnérable, ces charges supplémentaires pèsent en grande partie sur les travailleurs migrants. En outre, comme beaucoup plus de personnes travaillent désormais à domicile, les travailleuses domestiques sont plus étroitement surveillées et supervisées par les employeurs.

    La règle stricte de l’internat, une loi extrêmement oppressive et envahissante même en temps normal, est devenue plus insupportable pendant l’épidémie. En vertu de cette loi, les travailleuses domestiques – qui n’ont souvent pas de chambre individuelle – sont obligées de vivre avec leur employeur. Les sanctions pour violation de cette loi sont de lourdes amendes, des peines de prison et l’expulsion. Il n’est pas possible de “rentrer chez soi” à la fin d’une journée de travail. Les appartements de Hong Kong sont les plus petits au monde, en moyenne environ la moitié de la taille des appartements du quartier de Manhattan à New York et 60 % plus petits que ceux de Singapour.

    La moitié du monde connaît une forme de “fièvre de la cabine”, c’est-à-dire l’enfermement prolongé dans un espace restreint, qui a des conséquences inévitables sur la santé mentale. Mais c’est encore pire lorsque vous n’êtes pas un membre de la famille, mais leur “bonne”. Les employées de maison peuvent ainsi devenir une sorte d’amortisseur dans le ménage dès lors que l’atmosphère devient plus aigrie.

    Il est également beaucoup plus difficile pour les travailleuses domestiques de prendre une pause ou même d’utiliser leur téléphone pendant la pandémie.

    “La plupart de mes amies sont déprimés par cette situation”, explique Seputih. “L’employeur travaille tous les jours à la maison, donc parfois le travail ne s’arrête pas. Il n’y a pas de liberté, par exemple, si vous voulez téléphoner à votre famille au village [en Indonésie], vous devez attendre que l’employeur aille d’abord dans les magasins”.

    La pandémie, associée à la récession capitaliste, a déclenché une vague de destruction économique et de licenciements dans le monde entier, y compris en Indonésie et aux Philippines, ce qui a mis une pression encore plus forte sur les travailleurs migrants à Hong Kong. Ces derniers craignent d’être licenciés et ont peur d’être infectés, ce qui, dans de nombreux cas, entraînerait de facto leur licenciement.

    Aux Philippines, 500.000 emplois ont déjà été détruits au cours des deux derniers mois. Le gouvernement indonésien avertit que la crise Covid-19 pourrait entraîner la perte de 5,2 millions d’emplois et 3,8 millions de personnes supplémentaires sous le seuil de pauvreté. Ce sont des sociétés sans filet de sécurité ni assurance chômage : pas de travail, pas de salaire ! Même avant cette crise, les travailleurs migrants de Hong Kong étaient souvent les principaux soutiens de leur famille dans leur pays d’origine, y compris, dans de nombreux cas, leurs propres enfants, auxquels ils rendent normalement visite une fois par an. Leur éducation, leurs frais médicaux et leur survie économique dépendent des revenus que leurs mères peuvent gagner à Hong Kong.

    Socialist Action (section d’Alternative Socialiste Internationale à Hong Kong) exige le rétablissement immédiat du jour de repos des travailleurs migrants. Mais cela nécessite également de nouvelles politiques pour mettre fin au dumping scandaleux des travailleuses domestiques qui sont forcés de se réunir sur des passerelles et dans des parcs parce qu’il n’y a pas d’installations abordables pour leur permettre de se réunir. Comme à tous les autres niveaux, le gouvernement offre aux travailleurs migrants le minimum absolu de services. Socialist Action exige que le gouvernement investisse dans la construction ou l’extension des installations communautaires publiques existantes afin de permettre aux travailleurs migrants d’étudier, d’utiliser internet, d’organiser des réunions, des fêtes et des activités de loisirs dans des conditions sûres.

    Il y a actuellement environ 87.000 chambres d’hôtel vides à Hong Kong en raison de l’effondrement du tourisme, il y a partout des “hôtels fantômes”. Comme mesure de crise immédiate, ces chambres pourraient être réquisitionnées pour offrir gratuitement aux travailleurs migrants un répit hebdomadaire de 24 heures pour se remettre de leurs conditions de travail quotidiennes claustrophobes. L’industrie hôtelière, comme d’autres capitalistes, réclame un renflouement des autorités, mais il ne devrait pas y avoir de paiement sur les fonds publics sans un contrôle public total et un accès à ces ressources.

    Nous demandons que les travailleurs migrants puissent eux aussi disposer des 10.000 HK$ de liquidités spéciales que le gouvernement distribue à tous les résidents permanents de Hong Kong. La raison pour laquelle le gouvernement a émis cette prime unique (en accord les mesures prises par d’autres gouvernements, ce que l’on appelle ‘‘l’argent hélicoptère’’) est d’atténuer les effets économiques de la pandémie et de soutenir l’économie en effondrement, en particulier le secteur du commerce de détail. En suivant ces arguments, il est non seulement injuste mais aussi illogique d’exclure les travailleurs migrants qui ont plus que quiconque besoin de cet argent, notamment pour acheter des masques et des désinfectants, que les employeurs sont censés fournir mais qui, dans de nombreux cas, font défaut.

    Les politiques scandaleuses du gouvernement envers les travailleurs migrants doivent être abandonnées, à commencer par la loi de la résidence et la loi des deux semaines (qui oblige les migrants à quitter Hong Kong après 14 jours s’ils sont licenciés et ne peuvent pas obtenir de nouveau contrat). Ces deux mesures de police sociale limitent tout particulièrement les droits et la mobilité des femmes migrantes.

    Le salaire minimum admissible du travailleur migrant, qui est de 4 630 HK$ par mois, et qui constitue la norme plutôt qu’un minimum, doit être augmenté. Socialiste Action exige que les migrants soient inclus dans la loi sur le salaire minimum, en abolissant cette discrimination une fois pour toutes. Mais le salaire minimum (actuellement 37,50 HK$ de l’heure) est de toute manière bien trop bas, y compris pour les travailleurs locaux. Plutôt que de s’opposer à l’extension du salaire minimum aux migrants comme étant “trop coûteux”, les dirigeants syndicaux devraient se concentrer sur la nécessité d’une lutte organisée pour arracher des améliorations, en particulier à un moment où le gouvernement noie l’économie dans l’argent pour protéger les intérêts capitalistes des effets de la crise.

    S’organiser et lutter !

    Les travailleurs migrants comme le reste de la classe ouvrière de Hong Kong doivent s’organiser dans des syndicats et des organisations politiques de la classe ouvrière afin de pouvoir imposer la négociation collective, de faire grève et de défendre leurs droits. Mais il ne faut pas les laisser se débrouiller seuls.

    La récente vague de nouveaux syndicats de Hong Kong, encore à un stade précoce, doit tendre la main et offrir une solidarité et un outil syndical commun aux travailleurs migrants ou non. Ce serait un erreur d’avoir des syndicats de migrants séparés. Ces migrants représentent les dix pour cent les plus exploités de la main-d’œuvre de Hong Kong, mais ils partagent également une riche expérience des luttes des travailleurs sur le continent asiatique, avec des liens internationaux de première importance. C’est un élément qui fait défaut et dont les syndicats émergents ont besoin.

    Seule une lutte commune de tous les travailleurs, quelle que soit leur nationalité, peut tenir la ligne contre la vague d’attaques contre les droits et libertés des travailleurs, leurs emplois et leurs moyens de subsistance, qui a été déclenchée par cette crise.

    Socialist Action (ASI-Hong Kong) a organisé de nombreuses campagnes avec les travailleurs migrants afin de lutter pour leurs droits et de construire une lutte unifiée de la classe ouvrière – contre le racisme, le sexisme et l’esclavage moderne. Dans le contexte actuel d’effondrement économique capitaliste sans précédent et d’urgence sanitaire, cette lutte est plus urgente que jamais. Rejoignez-nous !

  • 19 avril – Meeting ROSA International : une réponse féministe-socialiste à la crise du Covid19

    Diffusion en direct dimanche 19 avril à 20h (en anglais). Parmi les orateurs figurent des militantes et des dirigeantes féministes socialistes de Pologne, d’Afrique du Sud, du Brésil, de Belgique et des États-Unis. L’événement sera présidé par Ruth Coppinger (Irlande).

    Les travailleuses sont en première ligne dans la lutte contre Covid19. Elles sont majoritaires parmi les travailleurs des secteurs essentiels – la santé, le commerce de détail, les soins et le nettoyage – au contraire des milliardaires qui s’isolent sur leurs yachts de luxe, ces travailleurs risquent leur vie en l’absence protection suffisante. La violence à l’égard des femmes a connu un pic au niveau mondial dans le contexte de confinement. En Pologne et aux États-Unis, l’aile droite se faufile dans des attaques virulentes contre le droit à l’avortement. Ces dernières années, un mouvement féministe de masse en pleine expansion a éclaté dans le monde entier. La crise Covid19 exacerbe l’oppression et les inégalités. Cette crise réclame la poursuite de ces luttes de masse et à un Mouvement international féministe socialiste et de la classe des travailleuses et travailleurs pour s’attaquer au capitalisme.

    Avec des intervenants du monde entier, assurez-vous de suivre cette analyse vitale et cet appel à l’action !

    >> Le dimanche 19 avril à 20h, ROSA (Réseau international féministe socialistes dont la Campagne ROSA est le groupe belge) et l’Alternative Socialiste Internationale (dont le PSL/LSP est la section belge) organisent un rassemblement virtuel, donnant une réponse féministe socialiste à la crise.

    Parmi les orateurs figurent des militantes et des dirigeantes féministes socialistes
    – de Pologne,
    – d’Afrique du Sud,
    – du Brésil,
    – de Belgique
    – et des États-Unis.
    – L’événement sera présidé par Ruth Coppinger (Irlande).

    L’événement sera retransmis en direct sur Facebook, YouTube et Twitch. Toutes les informations pratiques seront précisées sur Facebook.

  • #Woman’s Live Matter. Lutter contre les violences intrafamiliales est plus urgent que jamais !

    Si quitter un partenaire violent est difficile pour de nombreuses raisons en temps normal, la quarantaine et le manque de matériel de protection rendent la chose encore plus compliquée. La coexistence continue avec son agresseur provoque des situations de plus en plus insoutenables pour la ou les victimes.

    Article de la Campagne ROSA

    Les 24 et 25 novembre 2019, à l’occasion de la Journée Internationale contre les violences faites aux femmes (25/11), des centaines de milliers de personnes descendaient dans les rues à travers le monde pour dénoncer ces violences et exiger des pouvoirs publics des politiques pro-actives et des financements pour lutter contre ce fléau. Selon l’OMS, les violences envers les femmes sont “un problème mondial de santé publique d’ampleur épidémique” . Selon l’ONU, c’est “une femme sur trois qui subit des violences physiques et/ou sexuelles à un moment donné de sa vie” . Et nous le savons bien, une bonne partie de ces violences ont lieu au sein du cercle familial. Le confinement appliqué dans de nombreux pays à cause de la pandémie de Covid-19 est donc vécu comme un enfer par les nombreuses victimes de violences intra-familiales.

    En Belgique aussi, les violences domestiques sont une réalité bien connue. Chaque année, ce sont plus de 45.000 plaintes qui sont enregistrées par les parquets . Et nous savons que cela ne représente qu’une partie des faits commis. Si quitter un partenaire violent est difficile pour de nombreuses raisons en temps normal, la quarantaine et le manque de matériel de protection rendent la chose encore plus compliquée. La coexistence continue avec son agresseur provoque des situations de plus en plus insoutenables pour la ou les victime(s). L’angoisse de la maladie, la perte de revenu, l’enfermement dans des lieux de vie trop exigus , la combinaison difficile entre télétravailler et s’occuper à plein temps des enfants, … sont autant de sources de conflits qui peuvent rapidement dégénérer en violences psychologiques et physiques. L’isolement physique et social empêche certaines victimes de pouvoir demander de l’aide et complique le travail des services d’accompagnement des victimes.

    Aujourd’hui, la pandémie et les mesures de confinement font que de nombreuses femmes sont prises au piège dans leur maison avec leur agresseur sans échappatoire. Les appels à « rester chez soi », suivis à la lettre par de nombreuses personnes, poussent de nombreuses victimes à ne pas oser appeler à l’aide tant que leur agresseur séjourne avec elles. Certaines supposent que l’aide n’est pas disponible durant cette période de crise. Il est vrai que la disponibilité des services d’aide s’avère insuffisante en raison d’un manque de ressources et d’un sous-financement déjà constaté bien avant cette période spéciale.

    Pourtant, les lignes d’assistance téléphonique en cas de violence domestique, comme la ligne 1217 en Flandre, ont enregistré une augmentation de 70 % des appels depuis le début de la crise. Et du côté francophone, le 0800/30.030 (Écoute violences conjugales) a vu le nombre d’appels reçus doublé. Ce ne sont pas encore des données absolues, mais elles montrent la gravité de la situation.

    A cela s’ajoute des difficultés supplémentaires pour trouver des lieux afin de pouvoir s’échapper de ces situations de violences. Certaines victimes pensent même qu’elles n’ont pas le droit de partir au vu des règles de confinement. Les lieux d’accueil pour les victimes sont eux aussi soumis aux règles du confinement. Le manque de places – qui étaient déjà très présent avant le confinement – se fait encore plus sentir. De plus, le manque de matériel de protection ajoute un stress et une difficulté complémentaire à cette prise en charge.

    Face à cette situation, une conférence interministérielle “Droits des femmes” avec 12 ministres a eu lieu (Région bruxelloise : Nawal Ben Hamou – Fédéral : Sophie Wilmès, Koen Geens, Maggie De Block et Nathalie Muylle – Wallonie : Christie Morreale – Fédération Wallonie-Bruxelles : Pierre-Yves Jeholet et Bénédicte Linard – Communauté germanophone : Antonios Antoniadis – Flandre : Bart Somers, Zuhal Demir et Wouter Beke) (5). Mais qu’attendre de politiciens qui ont pendant des années mené des politiques d’austérité ayant renforcé la position de “citoyens de seconde zone” des femmes et détricoté les services publics – aujourd’hui essentiels dans la gestion de cette crise ?

    Aujourd’hui, la recherche urgente de lieux d’accueil montre surtout les manques criants déjà signalés auparavant. La mise à disposition de chambres d’hôtel pour les victimes était nécessaire mais insuffisante. L’initiative du service d’assistance aux victimes de la police de Bruxelles-Nord (Schaerbeek, Evere et Sait-Josse-ten_Noode) de prendre contact au début du confinement avec les personnes qui ont déposé plainte au commissariat ces trois derniers mois pour des violences intrafamiliales est, elle, à saluer. Mais force est de constater que les manques structurels – effectifs insuffisants, manque de formation des acteurs de la justice et de la police, … – ne permettent pas d’élargir ce type d’initiatives et de maintenir l’attention nécessaire sur la protection des victimes de violences.

    Ce sont évidemment des mesures tout à fait nécessaires mais pas suffisantes au vu des drames qui ont lieu. Trouver un nombre suffisant de refuges est une tâche compliquée pour de nombreux services sociaux. Il est certain que trouver en urgence autant de places s’avère compliqué surtout quand les gouvernements successifs n’ont cessé, pendant des années, de couper dans les subsides et financements de nombreux services du secteur social. Des décennies de néolibéralisme et des années d’austérité ont décimé des services publics vitaux et aujourd’hui ce sont les personnes les plus fragilisées dans la société qui en paient l’addition.

    Les gouvernements actuels essaient de nous faire croire qu’il y a 2 réalités différentes : celle de la gestion de la crise actuelle et celle de décennies d’austérité qu’ils ont menée. Quelle hypocrisie! Les autorités ont réduit les budgets de la police locale, de la justice, des services de prévention, des centres d’accueil, du secteur social, … Résultats : manque de personnel formé à la gestion des agressions sexistes, de centres d’accueil, … Leurs priorités n’ont jamais été celles d’assurer une vie décente pour toutes et tous et encore moins la sécurité des nombreuses victimes des violences intrafamiliales. Et en ce qui concerne la lutte contre le sexisme, l’émancipation des femmes n’est pas possible sur base d’un cimetière social !

    Certaines mesures urgentes sont effectivement nécessaires

    Elles demandent des investissements immédiats ainsi qu’une écoute et une prise en compte des revendications du personnel des institutions du secteur social.

    • Les services d’accompagnement des victimes doivent pouvoir être renforcés en matériel de protection et en personnel. Pour cela, des budgets publics immédiats doivent y être alloués. Nous ne pouvons pas uniquement nous baser sur le bénévolat et les appels aux dons. Celles et ceux qui travaillent devraient avoir librement accès aux mesures de protection telles que les masques de protection.
    • Une présence par un contact et/ou une visite régulière pour les personnes, victimes connues de violences domestiques permet d’augmenter la pression sociale sur l’agresseur. Mais cela demande des effectifs ainsi que du matériel de protection en suffisance pour la police de proximité et les services sociaux spécialisés.
    • Les lieux d’accueil pour les victimes sont saturés alors que de nombreux lieux d’habitation sont vides. Il faut réquisitionner les locaux nécessaires qui permettraient aux victimes de quitter leur domicile et de vivre dans des conditions de sécurité.
    • La crise du COVID19 a démontré que les médias – panneaux d’affichage, radio, télé, … – peuvent être utilisés pour propager des informations utiles et positives (campagne publicitaire : “Stay safe”, “Solidarités”, …) à la place des publicités souvent sexistes qui envahissent habituellement nos rues. Utilisons une partie de ces espaces publics pour diffuser des campagnes de prévention et d’information afin de sensibiliser la population aux dangers des violences intra familiales – également durant le confinement et de diffuser les numéros des centres d’aide [0800/30.030 (francophone), 1712 (néerlandophone)]. Des codes tels que “masque 19” en France permettrait au victimes d’obtenir de l’aide via les quelques contacts sociaux qui sont maintenus (pharmacies, magasins, police, …).

    Mais également, assurer une indépendance financière de chacun/chacune.

    • Toute personne contrainte à ne pas travailler, en quarantaine ou malade, doit être protégée financièrement. La maladie elle-même est déjà assez grave ! Ceux qui ne peuvent pas travailler en raison de la crise du coronavirus doivent être entièrement indemnisés.
    • L’augmentation de l’allocation de chômage temporaire de 65 % à 70 % du salaire est une bonne chose, mais c’est insuffisant. Le salaire complet doit être versé ou remplacé par une allocation qui correspond à 100 % du salaire.
    • Lorsque les écoles ferment, les parents doivent avoir la possibilité de s’occuper de leurs enfants à la maison, à moins qu’ils ne travaillent dans des secteurs essentiels. Cela devrait être possible tout en conservant la totalité du salaire.

    Mais il faut également prendre en charge à plus long terme la lutte contre ces violences

    Ne pas laisser tomber les victimes dès la fin de la crise sanitaire. Pour lutter contre ce sexisme et ces violences omniprésentes, il faut stopper l’austérité mais pas seulement … il faut également réinvestir dans des services publics de qualité avec suffisamment de personnel. Wouter Beke a annoncé des subventions supplémentaires à la ligne d’écoute 1712 au vu de l’augmentation impressionnante du nombre d’appels, mais cela ne suffit pas. Des investissements structurels publics sont nécessaires. Nous devons également stopper la logique de marchandisation de certains services sociaux qui a été privilégiée les dernières années. Soutenir et financer des services tels que le CAW (Centrum voor Algemeen Welzijnswerk) en Flandre, des services sociaux actifs en rue, les PMS (centre psycho-médico-sociaux) dans les écoles, … plutôt que les démanteler. Soutenir la mise en place et le financement public d’initiatives visant à sortir les victimes de leur isolement social, tels que des centres communautaires qui offrent également des services de garde d’enfants, préparent des repas et fournissent si nécessaire un soutien physique, psychologique, matériel et juridique à la population. Ces initiatives doivent être rendues suffisamment visibles dans le voisinage.

    Luttons pour des investissements publics dans la prise en charge des victimes !

    • Pour un refinancement public du secteur social afin d’offrir un accompagnement correct aux victimes de violences et de discriminations mais également pour faire un réel travail de prévention et de conscientisation.
    • Pour des investissements publics permettant la création de refuges pour les personnes qui en ont besoin, comme les femmes et leurs familles ou encore les personnes LGBTQI+ (victimes de violences).
    • Pour la formation des travailleurs de terrain (police locale, éducateurs, accompagnateurs de bus et trains, personnel médical, …) à la prévention et à la gestion des agressions et du sexisme quotidien.

    Luttons pour une réelle politique publique de prévention !

    • Pour un refinancement public de l’enseignement, afin notamment d’assurer que l’éducation sexuelle et affective des jeunes ne se fasse pas principalement par internet et le porno.
    • Stop à l’utilisation de nos corps comme des objets pour augmenter les profits des entreprises.
    • Stop à la banalisation des violences faites aux femmes dans les médias (pubs, porno, séries, …).
    • Pour l’utilisation des espaces publicitaires à des fins sociales (prévention, culture, …) et non commerciales.
    • Pour plus de transports en commun avec plus de personnel d’accompagnement.

    Lutte contre les violences sexistes = lutte pour l’indépendance économique des femmes

    Aujourd’hui, politiciens et patronat acclament les héros que sont les travailleurs et travailleuses de premières ligne. Les femmes y sont en très grand nombre. Les secteurs de la santé, du nettoyage, de la distribution, de l’accueil, de l’accompagnement des personnes fragilisées sont des secteurs avec un personnel majoritairement féminin, souvent peu valorisé dans la société et certainement pas suffisamment rémunéré. Pourtant, ce sont les mêmes classes dirigeantes qui ont pendant des années démantelé les services publics, méprisé le personnel soignant qui tirait la sonnette d’alarme, refusé les augmentations salariales dans de nombreux secteurs “féminins”, … Ils portent une responsabilité importante dans le maintien des oppressions que vivent la majorité des femmes.

    Dans de nombreuses situations de violences intrafamiliales, des femmes n’ont financièrement pas la possibilité de quitter leur conjoint. Et les politiques menées par les partis traditionnels – au profit d’une petite minorité dans la société – n’ont fait qu’aggraver ce phénomène. En s’attaquant à nos pensions, nos salaires, nos services de soins, … les politiciens ont poussé de nombreuses femmes dans des situations précaires les rendant plus vulnérables face aux violences. Il faut lutter contre les “violences” économiques qui facilitent les autres formes de violences !

    • Pour des emplois stables correctement rémunérés. Pour un salaire minimum de 14 €/h (2300€/mois).
    • Pour une individualisation des droits et une revalorisation des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté.
    • Pour une pension minimum de 1500€/mois net.
    • Pour un salaire étudiant qui couvre l’ensemble des coûts des études. Pour un enseignement gratuit et de qualité afin notamment de stopper le développement de la prostitution pour payer ses études.
    • Pour la semaine de travail de 30h sans perte de salaire et avec embauches compensatoires pour pouvoir combiner travail, vie de famille et loisirs.
    • Pour un plan urgent de construction de logements sociaux et de crèches publiques.
    • Solidarité avec les femmes sans-papiers. Pour une régularisation de toutes et tous.

    Il n’y a pas de capitalisme sans sexisme et sans violence

    Les violences envers les femmes – et le sexisme plus globalement – ne peuvent être présentées comme une réalité uniquement liée à la quarantaine et à la crise du COVID-19. C’est un élément structurel lié au fonctionnement du système. La position de « citoyen de seconde zone » des femmes, l’inégalité salariale, l’objectification systématique du corps des femmes, l’omniprésence de la pornographie violente, le manque d’éducation sexuelle à l’école, le démantèlement des services publics, la précarité et la pauvreté, … maintiennent et développent un sexisme ambiant et un contexte favorable à ces violences qui sont la réalité quotidienne de nombreuses femmes. Il ne s’agit pas de trouver des excuses pour les auteurs de ces violences, il s’agit de déterminer ce qui maintient – et à qui profite – cette violence généralisée afin de combattre non pas seulement les conséquences de ce sexisme structurel mais aussi ses causes.

    L’hypersexualisation et l’objectification du corps des femmes – pour les profits de quelques-uns – participent grandement à diffuser une image dégradante des femmes comme des objets. Le sexisme permet aux classes dirigeantes d’augmenter leurs profits avec une main-d’œuvre “bon marché” (le salaire des femmes étant en Belgique, en moyenne annuelle 25% plus bas que celui des hommes), en utilisant massivement le corps de la femme dans la publicité, à travers le secteur de la pornographie, la prostitution, … et enfin en laissant entre les mains des femmes de nombreuses tâches (éducation des enfants, soins aux personnes âgées,…), ces dernières fournissant dès lors travail gratuit. La violence qui en découle n’est qu’un « petit prix à payer » de leur point de vue.

    D’une part, le capitalisme produit ouvertement de la violence à travers ses nombreux canaux de diffusion : la culture du viol présente dans tous les médias, l’objectification et la marchandisation du corps des femmes visibles partout et la prononciation quasi quotidienne de discours politiques sexistes. D’autre part, ce système maintient les femmes dans une position inférieure par la précarisation de l’emploi, l’écart salarial, le harcèlement au travail, la dévalorisation des secteurs dits ‘‘féminins’’, la difficulté de combiner travail et vie de famille, la destruction des services publics et la surcharge de travail domestique que cela occasionne… Ce scénario d’inégalité et de misère sociale permet à ce système de s’enrichir. La classe dirigeante n’a donc aucun intérêt à ce que les individus soient égaux. Surtout que cela lui permet également d’utiliser la technique du « diviser pour mieux régner » en opposant des groupes dans la majorité de la population – tels que les hommes face aux femmes, les différentes religions, origines, orientations sexuelles, … – afin d’affaiblir leur capacité à s’unir dans les luttes.

    L’émancipation réelle des 99% de la population – femmes et hommes – et la lutte contre les violences sexistes sont étroitement liées à celle contre ce système qui n’offre que des pénuries grandissantes et qui permet aux 1% les plus riches d’accaparer presque toutes les richesses. La lutte contre le sexisme n’est pas la lutte des hommes contre les femmes, c’est celle contre une société qui maintient les bases sociales pour l’oppression et les discriminations. Une lutte de tous les opprimés contre une classe dirigeante minoritaire qui opprime et exploite pour son seul intérêt. La Campagne ROSA défend la nécessité de lier la lutte contre le sexisme à celle contre les politiques d’austérité, et plus généralement à la lutte contre le capitalisme. Les femmes, la jeunesse et toute la classe ouvrière ont intérêt à mener ensemble la lutte contre le système capitaliste.

    Un contrôle démocratique des secteurs clés de l’économie ne nécessiterait plus d’utiliser le corps des femmes comme objets, puisque le but ne serait plus de maximiser les profits, mais de répondre aux besoins de la population. Une indépendance financière et des services publics accessibles et de qualité, de réels choix de vie pour les femmes deviendraient ainsi possibles. C’est uniquement sur base des besoins de la majorité que nous pouvons construire une société fondée sur l’égalité et la solidarité, au sein de laquelle aucun être humain ne puisse en opprimer et en exploiter un autre : une société socialiste.

    Appel aux dons – Assurons-nous que ROSA puisse jouer un rôle moteur pour l’action !

    La campagne ROSA ne reçoit pas de subsides et n’a pas de riches bailleurs de fonds. Nous ne dépendons pas des pouvoirs publics dont nous dénonçons les politiques antisociales. Nous tenons à dépendre financièrement de celles et ceux qui soutiennent notre combat contre le sexisme et l’austérité.

    Aide-nous à construire la campagne ROSA et à assurer que nous puissions poursuivre nos activités de la manière la plus efficace qui soit ! Fais un don, petit ou grand, et pourquoi pas aussi sur base mensuelle avec un ordre permanent bancaire. Si vous nous connaissez, vous savez que notre travail repose beaucoup sur nos activités en rue, en action et manifestations, ce qui n’est bien sûr pas faisable actuellement. Un don nous assurerait une base financière sur laquelle nous pourrons compter pour organiser les futures activités de la campagne ROSA.

  • Pologne : Le droit à l’avortement attaqué en plein confinement

    La restriction de l’accès à l’avortement est à l’ordre du jour du parlement pour le 15 avril

    Depuis 1993, l’avortement est légal en Pologne uniquement en cas de viol (dans les 12 semaines), de danger pour la santé ou de la vie de la personne enceinte ou encore de malformation ou de maladie incurable du fœtus.

    Par Adriana Kaczmarek, Alternatywa Socjalistyczna (section d’Alternative Socialiste Internationale en Pologne)

    Le projet de loi qui sera discuté le 15 avril vise à restreindre davantage le droit existant en supprimant la possibilité d’avortement dans ce dernier cas, que les anti-choix appellent “avortement eugénique”. En fait, il y avait certainement un élément d’eugénisme dans les intentions de ceux qui ont rédigé la loi de 1993 : si l’interdiction de l’avortement leur a permis d’obtenir le soutien de l’Église catholique, dont le poids dans la société était essentiel pour faire accepter le retour du capitalisme, la société qu’ils construisaient n’est pas conçue pour assurer une vie décente à tous en fournissant les moyens nécessaires à la santé et à l’éducation des personnes handicapés. Mais une personne enceinte devrait être la seule à décider de mener sa grossesse à terme ou non, sans que la société ne lui demande ses raisons et ne détermine si elles sont valables ou non.

    Ce n’est pas la première fois que des propositions visant à limiter davantage les droits génésiques sont discutées au Parlement polonais. En 2016, il était même prévu de limiter le droit à l’avortement au cas de danger pour la vie de la personne enceinte, et d’introduire des peines de prison allant jusqu’à 5 ans pour les femmes qui ont recours à l’avortement clandestin. Un mouvement considérable a fait reculer les conservateurs, culminant avec une journée de “grève des femmes”. Depuis lors, des attaques de moindre envergure contre les droits des femmes ont régulièrement eu lieu, par exemple pour restreindre l’accès à la pilule du lendemain.

    Le gouvernement PiS a été élu en défendant une politique réactionnaire qui fait appel à la couche catholique plus conservatrice, mais aussi et surtout grâce à des promesses sociales telles que l’introduction d’allocations familiales (500 zl ou 110 euros par mois et par enfant), une amélioration significative pour de nombreuses familles. Mais malgré leur rhétorique pro-famille et soi-disant protectrice des enfants, les demandes des enseignants et des travailleurs sociaux ne sont pas satisfaites, les crèches et jardins d’enfants publics sont en pénurie, et maintenant la crise du coronavirus est le prétexte pour faire passer une loi “anti-crise” qui allonge le temps de travail, réduit le temps que les travailleurs peuvent passer avec leur famille et aggrave les problèmes de garde d’enfants.

    Le 15 avril, un autre projet de loi est en discussion, “pour la protection des enfants et des jeunes contre la dépravation et la démoralisation sexuelles” (la prochaine discussion à l’ordre du jour est de permettre aux parents d’emmener leurs enfants à la chasse). Il s’agit d’un “projet de loi citoyen” pour l’interdiction de l’éducation sexuelle. Derrière la pétition soumise au Parlement, il y a une campagne homophobe horrifiante qui met sur le même plan l’éducation sexuelle, les abus sexuels d’enfants et les personnes LGBT. Ceci dans un contexte d’homophobie croissante où un quart du territoire polonais a été déclaré “zone libre d’idéologie LGBT” par ses représentants élus, et où un archevêque a récemment déclaré que “le coronavirus n’est qu’une des menaces actuelles, pas la pire, il y a aussi les guerres et l’idéologie de genre”.

    Ces derniers temps, les femmes polonaises se sont mobilisées avec plus ou moins de succès contre toute atteinte aux droits reproductifs, réclamant la légalisation de l’avortement et un meilleur accès à la contraception. Mais cette fois-ci, le confinement semble donner libre cours aux conservateurs. De même, le Pride and Queerowy Maj (May Queer, une série d’événements pour les droits des LGBT en Pologne) a dû être annulé.

    Dans ce contexte, Alternatywa Socjalistyczna, section polonaise d’Alternative Socialiste Internationale, a décidé de lancer la campagne ROSA en Pologne. Les luttes de ces dernières années ont montré que nous ne pouvons pas compter sur les politiciens bourgeois pour nous obtenir des droits reproductifs, mais aussi que le système économique capitaliste ne peut pas garantir aux femmes le droit de choisir elles-mêmes.

    En Pologne, ROSA fait campagne pour le droit à l’avortement gratuit à la demande, pour la contraception gratuite et le libre accès à celle-ci, y compris pour les mineurs, pour l’éducation sexuelle dans toutes les écoles couvrant toutes les orientations, pour des crèches et des jardins d’enfants en nombre suffisant, tout en liant ces revendications à la lutte pour la défense des services publics et pour un logement et des salaires décents.

    Notre tâche historique est de remplacer le système capitaliste anti-travailleurs et anti-femmes établi en 1989 avec le soutien de l’Église catholique par une société socialiste qui offre une vie décente et des droits démocratiques complets à tous.

  • Lutter pour l’émancipation des femmes, y compris en période de confinement


    En Chine et en Italie, une augmentation de la violence domestique a été constatée avec le confinement. En Belgique ou en France, des campagnes de sensibilisation ont été lancées pour populariser le numéro d’appel d’urgence, tant pour les violences conjugales que vis-à-vis des enfants. Mais faire appel à ce service est encore plus difficile qu’habituellement en raison du confinement. Les victimes de violences domestiques sont isolées de la société mais pas de leur agresseur !

    Il devient, de plus, non pas difficile, mais carrément impossible de partir, car les refuges trop peu nombreux ne peuvent pas accueillir plus de monde au vu des règles de distanciations sociales. Dans l’immédiat, il faut permettre l’ouverture de suffisamment places de refuges supplémentaires pour femmes et leurs enfants ou personnes LGBTQI+ grâce à la réquisition de chambres d’hôtels ou de centres de loisir avec indemnisation sur base de besoins prouvés, en prévoyant des espaces séparés pour de potentiels malades mis en quarantaine. Une fois la période de confinement passée, il faut un plan massif de construction de logements sociaux et de véritables refuges, y compris par la saisie de bâtiments inoccupés à des fins spéculatives.

    Le confinement représente également un défi pour les familles monoparentales, soit près d’un quart des familles en Belgique, parmi lesquelles 80% de cheffes de ménages féminins. C’est d’autant plus vrai lorsqu’elles vivent en-dessous du seuil de pauvreté à l’instar de la moitié d’entre-elles. Celles-ci se retrouvent souvent enfermées dans un petit logement à devoir jongler entre les enfants et télétravail. Il est nécessaire de soutenir ces familles contre les violences domestiques, mais également contre les risques psychologiques accrus par l’isolement (“burnout parental”). Mais cela nécessite des moyens financiers.

    Nous exigeons :

    L’obligation de l’égalité salariale, même en temps de crise !
    La suppression du statut de cohabitant, l’individualisation des droits sociaux et l’augmentation des allocations familiales afin qu’elles recouvrent réellement le coût de l’éducation d’un enfant.
    L’ouverture de suffisamment places de refuges supplémentaires pour femmes ou personnes LGBTQI+ par la réquisition de chambres d’hôtels ou de centres de loisir, avec indemnisation sur base de besoins prouvés, en prévoyant des espaces séparés pour de potentiels malades mis en quarantaine, dans la perspective d’un plan massif de construction de logements sociaux et de véritables refuges, y compris par la saisie de bâtiments inoccupés à des fins spéculatives, une fois la période de confinement passée.
    Des propositions d’activités pédagogiques pour les enfants accessibles à toutes les familles, pas uniquement celles disposant d’une connexion internet haut débit (par plage horaire spéciale à la télévision publique, etc).

  • Une approche féministe socialiste de la crise du covid-19

    La crise du covid-19 a frappé le monde de plein fouet. Les travailleuses et travailleurs de la santé sont aujourd’hui le principal atout de la société pour lutter contre cette pandémie. Pourtant, ces dernières années, leur voix n’a jamais été entendue alors qu’elles et ils réclamaient à grands cris plus de personnel et plus de moyens à travers le monde par des grèves et des mouvements de lutte. Aujourd’hui, ce personnel paie un lourd tribut : parmi les infections testées en Italie, 10 % concernent des travailleuses et travailleurs de la santé. Mais alors que les riches pouvaient se faire dépister, la plupart du personnel de la santé ne le pouvait pas ! Cette caractéristique de la crise se retrouve partout, et pas seulement en Italie. Des États-Unis à la Grande-Bretagne en passant par la Belgique, le personnel soignant se demande publiquement s’il est infecté ou non, s’il est en train d’infecter des patients, des collègues et des proches. Deux infirmières italiennes se seraient suicidées après avoir été testées positives au coronavirus.

    Déclaration du bureau femmes d’Alternative Socialiste Internationale

    La vie de millions de personnes a radicalement changé ces dernières semaines, alors que de plus en plus de pays se trouvent dans une situation de confinement (partiel) et que de plus en plus de personnes doivent rester chez elles. La différence est bien entendu énorme entre être confiné dans un petit appartement avec ses enfants et être confiné dans un immense manoir avec de vastes espaces extérieurs, comme l’ancien gouverneur de Californie et acteur Arnold Shwarzenegger par exemple. La plupart des gens ne disposent que d’un espace extrêmement limité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ! Sans oublier les millions de sans-abris, les millions de réfugiés piégés dans des camps sans véritable accès à l’eau et au savon et sans accès aux soins ou encore les innombrables communautés qui n’ont pas facilement accès à l’eau potable et à des installations sanitaires. Au Brésil, par exemple, 60 % de la population ne dispose pas d’infrastructures sanitaires adéquates.

    La pandémie de covid-19 n’a évidemment pas le même impact sur tout le monde. Tout le monde peut être infecté, c’est vrai, mais les chances de survie sont bien plus faibles pour les pauvres à la santé généralement plus fragile, ce qui entraîne une résistance moindre face aux virus. Dans des pays comme l’Afrique du Sud, où la tuberculose est très répandue parmi les pauvres, ce virus peut avoir un effet bien plus dévastateur. Au Brésil, ce n’est pas une coïncidence si l’une des premières personnes décédée du virus était une femme noire qui travaillait comme femme de ménage – les femmes noires étant parmi les plus pauvres de la population.

    Mais il existe également un aspect lié au genre : les femmes sont clairement parmi celles qui subissent les pires effets de la crise. “Les retombées du coronavirus pourraient être pires pour les femmes que pour les hommes”, déclare d’ailleurs le Forum économique mondial. Bien que les données chinoises suggèrent que plus d’hommes que de femmes meurent de la maladie, ce sont les femmes qui en font les frais, car elles constituent la majorité des travailleurs de la santé ainsi que de ceux qui assurent la majorité des soins au sein des familles et des communautés, ce qui les rend plus vulnérables à l’infection, comme l’a montré l’expérience des épidémies dans le passé.

    L’épidémie d’Ebola de 2014-16 en Afrique de l’Ouest a montré que la position prédominante des femmes dans le travail des soins impliquait qu’elles étaient plus susceptibles d’être infectées, sans pour autant pouvoir influencer les prises de décision. Le peu de ressources disponibles dans le secteur de la santé a été concentré sur la lutte contre le virus, ce qui a entraîné une nouvelle dégradation de l’infrastructure sanitaire pour d’autres problématiques. De là a entre autres découlé une forte augmentation du nombre de femmes qui sont décédées en accouchant. Cela risque de se reproduire à nouveau lorsque le virus frappera le monde néocolonial.

    Avec la fermeture des écoles et d’autres services publics, la majorité des travaux domestiques supplémentaires repose sur les épaules des femmes. On s’attend également à ce que le confinement provoque un pic de violence domestique – physique, sexuelle, psychologique – envers les femmes ainsi que les enfants et les jeunes LGTQI+. Comme les femmes sont généralement surreprésentées dans les contrats de travail temporaires et précaires dans des lieux aujourd’hui fermés tels que les bars et les restaurants ou les magasins non alimentaires, nombre d’entre elles ne profiteront pas des mesures instaurées pour protéger les emplois et les revenus. Elles ont simplement perdu leur emploi.

    Cette crise met en évidence la position de faiblesse des femmes sur le marché du travail et dans la société capitaliste dans son ensemble. Cela met également en lumière l’important rôle joué par les femmes en tant que dispensatrices de soins non-rémunérées au sein des familles et des communautés d’une part et, d’autre part, en tant que travailleuses salariées dans des secteurs systématiquement dépréciés et caractérisés par de bas salaires, la précarité et de mauvaises conditions de travail. La situation actuelle démontre à quel point elles sont indispensables. Cette crise a aussi démontré de manière limpide l’absolue incapacité de l’establishment capitaliste à faire face à un tel danger sanitaire. La plupart des mesures finalement adoptées – systématiquement trop peu et trop tard – étaient une réflexion de ce qui avait été appliqué sur le terrain par les travailleurs. Les gouvernements et les patrons ont toujours été à la traîne.

    Avec l’austérité, les travailleuses et travailleurs de la santé sont des soldats sans armes adéquates

    Les femmes constituent la majorité des travailleurs du secteur de la santé et des services sociaux : 70% dans 104 pays analysés par l’Organisation mondiale de la santé. Dans la région du Hubei, où le virus s’est déclaré pour la première fois, 90 % du personnel est composé de femmes. En Belgique, elles représentent 80 % dans les hôpitaux, et plus de 90 % dans les maisons de repos et les crèches.

    Le travail dans le secteur des soins et le travail social est largement considéré comme le prolongement des compétences “naturelles” des femmes. En fonction de cette approche, pas besoin d’un salaire décent. En général, les salaires de ces secteurs sont inférieurs à la moyenne. Or, ces fonctions sont clairement vitales, non seulement pour les infirmières et les médecins hautement qualifiés, mais aussi pour les travailleuses et travailleurs les moins bien payés, dans le nettoyage par exemple, personnel sans lequel tous les secteurs devraient fermer. Il est désormais évident que les emplois les moins bien rémunérés sont souvent parmi les plus utiles et les plus précieux.

    Pays après pays, à des moments précis, la population applaudit le personnel de la santé depuis les fenêtres et les balcons. Le groupe d’action pour les soins de santé La Santé en Lutte a répondu à cet acte de solidarité et de soutien en disant “Merci pour vos applaudissements, mais nous vous demandons de ne pas oublier ce qui se passe maintenant et de nous soutenir dans les mobilisations futures. Dès que le confinement sera terminé, nous aurons quelque chose à dire et à faire. Et nous aurons besoin de vous”.

    Le nombre de décès dus au virus est fortement influencé par l’état du secteur des soins de santé. Partout dans les pays capitalistes développés, des décennies de réduction des soins de santé ont créé une situation où il n’y a pas assez de lits d’hôpitaux. Où le personnel est surchargé de travail et était déjà frappé par une épidémie de maladies liées au travail bien avant le début de cette crise. Où les installations de dépistage sont largement insuffisantes. Cette situation n’a pas seulement été provoquée par des réductions budgétaires. Elle s’inscrit également dans la volonté délibérée de marchandisation et de privatisation de la part des gouvernements néolibéraux successifs, ce qui a créé un secteur privé de la santé axé sur la recherche de profits à côté de soins de santé publics exsangues… Des pays comme l’Italie ont réduit le nombre de lits d’hôpitaux de 10,6 lits pour 1000 personnes en 1975 à 2,6 aujourd’hui ; en France, il est passé de 11,1 lits pour 1000 en 1981 à 6,5 en 2013. Dans les pays en développement, il n’y a jamais eu de bons soins de santé. Enumérer les pays qui ont moins d’un lit d’hôpital pour 1000 personnes revient à énumérer le pays du monde néocolonial. Lorsque ce virus se propagera sur des continents comme l’Afrique, les résultats seront catastrophiques.

    La Corée du Sud semble être le seul pays à avoir maintenu ses installations de test en nombre suffisant pour éviter un confinement afin de contenir l’infection, alors que les pays européens et les États-Unis sont entrés dans cette crise sans aucune préparation. En Belgique, la réserve stratégique de masques chirurgicaux a été détruite en 2019 après avoir été rendus inutilisables en raison de mauvaises conditions de stockage à cause de décisions du ministère de la défense. Pour des raisons budgétaires, le gouvernement de droite a décidé de ne pas renouveler les stocks, suite à quoi même les travailleurs de la santé se sont retrouvés sans protection dans les premières semaines de l’épidémie.

    Les photos d’infirmières épuisées, avec des marques de leurs masques et des lunettes de protection imprimées sur leurs visages, deviendront des images emblématiques liées à cette crise. Nous devons nous assurer que cela ne sera pas oublié. L’establishment était parfaitement au courant du manque de personnel dans le secteur de la santé. Partout dans le monde, nous avons assisté à d’importants mouvements de grève ces dernières années. En France, l’année dernière, une grève massive s’est étendue à presque toutes les unités d’urgence, mais comme ailleurs, le gouvernement a réagi en poursuivant la politique d’austérité et de commercialisation accrue du secteur.

    Les travailleuses et travailleurs de la santé du monde entier sont maintenant confrontés à une situation où le travail en double shift est devenu la nouvelle norme. On s’attend à ce que la crise actuelle du secteur soit suivie d’une crise de burnout du personnel. Si le secteur résiste à cette crise, ce ne sera pas grâce à l’establishment, mais grâce aux énormes sacrifices du personnel, y compris les travailleuses et travailleurs qui nettoient et désinfectent les hôpitaux et autres établissements de soins.

    Le droit à l’avortement sous pression

    En luttant contre cette pandémie, le secteur n’est pas capable d’assurer différents services comme en temps normal. Tous les soins non essentiels et non urgents sont reportés. Certains États américains utilisent la situation pour inclure l’avortement dans les soins non essentiels. Il est évident qu’il faut s’opposer à cela ! Il faut faire pression immédiatement, comme l’ont fait les organisations de femmes brésiliennes en mai dernier, lorsque le gouverneur de São Paulo a décrété la fermeture d’un des rares hôpitaux qui pratiquent des avortements dans les cas où la loi le permet – quelques jours plus tard seulement, il a rouvert.

    Les femmes qui souhaitent avorter tôt dans la grossesse devraient pouvoir obtenir des ordonnances pour des pilules abortives par un simple appel téléphonique ou en ligne. Les avortements tardifs devraient être inclus dans les soins urgents. De la même manière, les femmes sous traitement de fertilité devraient pouvoir les conserver.

    Au Royaume-Uni, ces droits sont refusés, tout à fait inutilement. En fait, en Irlande, des mesures ont été prises pour permettre l’accès aux pilules abortives par téléphone, en raison de la pression exercée par la base, ce qui montre que cela pourrait être le cas en temps “normal”. Nous devrions exiger que cela continue après que la pandémie se soit calmée !

    Les mesures de protection mises en place dans les hôpitaux conduisent à une situation où les femmes doivent accoucher seules, leur partenaire n’étant pas autorisé à entrer. Au même moment, les patients âgés meurent seuls dans les maisons de repos et dans leurs maisons car aucun visiteur n’est autorisé. Seul l’accès au dépistage pourrait contribuer à prévenir ces expériences traumatisantes. Dans la situation actuelle où les tests sont souvent confiés à des laboratoires privés, les personnes prioritaires ne sont pas celles qui en ont le plus besoin, mais celles qui ont les moyens de les payer !

    Dans de nombreux pays, les personnes âgées infectées par le virus ne sont même pas amenées à l’hôpital car il y a peu d’espoir qu’elles survivent et les hôpitaux se remplissent. Le fait que la société soit obligée de porter un jugement aussi brutal et inhumain est une mise en accusation du capitalisme en soi !

    Les “soldats” qui maintiennent la société à flot en ces temps difficiles ne sont pas seulement les travailleuses et travailleurs de la santé : distribution alimentaire, nettoyage sur les lieux de travail essentiels, transports publics, travail social,… sont tous jetés au travail, avec souvent une charge de travail accrue, des double shifts,… Les mesures adoptées pour les protéger contre l’infection n’ont généralement pas été prises par les autorités ou les patrons, mais ont dû être imposées d’en bas par les syndicats et les travailleurs.

    Une fois que le premier pic de la pandémie sera derrière nous et que les gouvernements passeront de l’injection massive de fonds à la présentation de la facture à la majorité de la population, nous devrons intensifier la lutte pour obtenir davantage de moyens publics dans le secteur des soins de santé et pour des contrats stables et décents et un salaire minimum afin d’éradiquer les bas salaires et nous débarrasser de la logique néolibérale selon laquelle les seuls emplois qui valent des salaires décents sont ceux qui produisent des profits pour les super-riches.

    La surreprésentation des travailleuses sous contrat précaire fera perdre leur emploi à beaucoup d’entre elles

    Une lutte est en cours sur les lieux de travail qui ne sont pas essentiels pour combattre cette crise. Les travailleuses et travailleurs ne sont pas prêts à prendre le risque d’être infectés ou d’infecter leur famille afin de maintenir les profits. Elles et ils exigent donc des régimes de chômage technique. Mais dans de nombreux secteurs fermés – des secteurs fortement féminisés comme l’hôtellerie, les magasins non alimentaires,… – il n’y a pas de contrats stables et elles et ils ont été mis au chômage. Dans le meilleur des cas, cela implique de se tourner vers des régimes de sécurité sociale et d’assistance sociale qui ont été vidés par des décennies de sous-investissement et d’austérité brutale à la suite de la crise financière et économique de 2008.

    Dans des pays comme la Belgique, les allocations sociales, dont le chômage, sont souvent en dessous du seuil de pauvreté, surtout lorsqu’il s’agit d’une conjointe ou d’un conjoint vivant avec un partenaire salarié. Partout dans le monde, les femmes ont été les principales victimes de la chasse aux chômeurs et elles n’ont droit à aucune allocation ou alors seulement à une somme dérisoire. Cette attaque massive contre les revenus des familles de la classe ouvrière les a également rendues plus dépendantes de leur partenaire, quand elles en ont un. Les familles monoparentales (soit 22 % des familles avec enfants aux Pays-Bas) sont condamnées à la pauvreté en raison d’une combinaison de bas salaires et de faibles allocations sociales d’une part et de loyers élevés d’autre part. Les femmes sont très majoritairement à la tête de familles monoparentales (90 % en Grande-Bretagne, par exemple).

    Comme la crise du covid 19 a conduit à la crise économique au développement le plus rapide de tous les temps, nombre d’entre elles ne trouveront pas de nouveaux emplois car un nombre important des entreprises fermées, surtout les petites entreprises, feront faillite dans les mois à venir.

    Le travail à domicile en présence des enfants introduit le concept de “burnout parental”.

    Avec un recours massif au télétravail pour ceux qui en sont capables, de nombreux travailleurs, principalement des femmes, sont maintenant confrontés à l’obligation de travailler à domicile en présence de leurs enfants. En temps normal, les femmes doivent faire face à leur travail domestique après leur travail salarié : aller chercher les enfants à l’école, faire les courses, préparer la nourriture, laver, aider les enfants à faire leurs devoirs,… Aujourd’hui, de nombreux parents de jeunes enfants sont obligés d’effectuer leurs heures de travail salariées en même temps que les longues journées à s’occuper de leurs enfants. Comme l’a rapporté dans la presse une mère belge de deux enfants en bas âge : “Je mets le réveil à 4 heures du matin pour pouvoir travailler”. Les blogs montrent que de nombreuses femmes sont sous pression et ont le sentiment de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit de bien : elles ne sont pas performantes dans leur travail et ont en même temps le sentiment d’être de mauvaises mères.

    Selon les chiffres du Forum économique mondial, en temps normal, les femmes assurent 76,2 % des soins et services non rémunérés au sein de la famille. Cela s’inscrit dans une tradition introduite il y a des siècles: l’oppression des femmes a commencé par les premières sociétés de classe dans l’Antiquité, qui les ont poussées hors de la sphère productive, les ont mises sous contrôle et les ont rendues dépendantes du chef de famille masculin.

    Mais la société capitaliste a adapté l’oppression des femmes et le sexisme institutionnalisé à ses propres besoins. Elle renforce celle-ci au quotidien dans tous les domaines de la vie. Avec le manque de services abordables et de qualité qui permettent aux femmes travailleuses de combiner travail et famille. Avec les bas salaires des femmes qui entrainent qu’il soit logique que, dans un couple, ce soit à la femme de mettre sa carrière sur pause lorsque l’éducation des enfants exige qu’un parent soit plus présent à la maison. La tradition et la réalité matérielle se mélangent pour maintenir les femmes dans la position du travail non rémunéré au sein des familles.

    La fermeture des écoles dans de nombreux pays a maintenant énormément augmenté le nombre d’heures consacrées à cette partie de la double journée de travail des femmes. Les syndicats doivent faire pression dès maintenant pour remettre en question l’idée que les travailleurs peuvent simultanément effectuer leurs heures de travail normales tout en ayant la charge de leurs enfants à plein temps. Dans un premier temps, il convient de réduire leur temps de travail en leur accordant un certain nombre de jours gratuits par semaine sans perte de salaire (en évitant de diminuer le temps de vacance normal), et en réduisant la productivité qu’on attend d’eux. À plus long terme, cette prise de conscience accrue de la charge parentale devrait être mise à profit pour lutter pour le droit des parents d’être à la maison sans perte de salaire lorsque leurs enfants sont malades ou ne peuvent pas aller à l’école ou à la garderie, et pour les installations récréatives publiques pour les enfants et les jeunes pendant les vacances scolaires d’été.

    Le fait que l’éducation soit l’un des secteurs de la société qui a été ravagé par l’austérité, avec des records de sous-effectifs battus année après année, fait qu’il est difficile de mettre en place des systèmes de scolarisation à domicile qui ne demandent pas aux parents d’aider leurs enfants, même si les moyens technologiques pour le faire sont bien plus présents qu’ils ne l’ont jamais été. Dans le secteur de l’enseignement très féminisé, une majorité d’enseignants se retrouvent à la maison avec leurs enfants et ne peuvent se concentrer sur le développement de méthodes pour la période du confinement.

    Les enseignants tirent maintenant la sonnette d’alarme pour les groupes massifs d’élèves et d’étudiants qui sont laissés pour compte, les plus pauvres d’entre eux n’ayant pas les outils nécessaires – ordinateurs, connexion internet,… – pour suivre et/ou n’ayant pas de parents capables de les aider en raison de leurs horaires de travail ou du fait qu’ils ont un niveau bas d’éducation et/ou qu’ils ont une autre langue que celle de l’école. Alors que dans les années 1960 et 1970, la démocratisation de l’éducation dans les pays capitalistes avancés a permis à de nombreux jeunes de la classe ouvrière d’obtenir des qualifications supérieures à celles de la génération de leurs parents, le système d’éducation limité d’aujourd’hui n’obtient pas de tels résultats, mettant davantage l’accent sur les différences sociales que sur la nécessité de les surmonter. Cette crise ne fera qu’empirer les choses.

    Dans de nombreux pays, alors que les classes sont supprimées, les écoles restent ouvertes aux enfants des travailleuses et travailleurs essentiels. Mais de nombreuses familles refusent d’y placer leurs enfants en raison de l’insécurité massive due à l’absence de tests de dépistage. Les écoles devront rouvrir à un moment donné, mais il faut résister la réouverture des écoles par des gouvernements de droite « sous prétexte économique » et dans l’intérêt des entreprises. Il ne peut être question de réouverture que si cela peut se produire dans des conditions de sécurité, avec un dépistage massif et répété et avec des moyens de protection contre l’infection tant pour le personnel que pour les élèves. Un plan de réouverture devrait être élaboré avec les représentants du personnel, les syndicats, les organisations de parents et les élèves : ce sont eux qui peuvent gérer la situation dans les intérêts de la société en pas pour garantir les profits des entreprises.

    Tant qu’ils ne rouvrent pas, un “épuisement parental” généralisé se développe, les parents épuisés effectuant des semaines entières au-dessus de leurs possibilités. La Ligue des familles en Belgique écrit : “si cette situation perdure, de nombreux parents vont craquer et il est préférable d’assurer immédiatement un certain nombre de jours libres à prendre en alternance par les parents quand c’est possible, plutôt que d’être confronté à une série de burnouts dans quelques semaines (…) avec des parents risquant l’épuisement professionnel comme parental”. (20 mars, Le Ligueur)

    Outre les risques pour la santé mentale des parents, les institutions de protection de l’enfance craignent une aggravation des tensions dans de nombreuses familles, mettant ainsi les enfants en danger. Pour les familles qui ont déjà été suivies par les services sociaux en raison de situations problématiques, beaucoup de ces services ont fermé ou doivent travailler dans des conditions très difficiles. Nous voyons également les premiers rapports de tensions croissantes venant de jeunes LGBTQI+ maintenant confinés chez leurs parents qui ne les acceptent pas.

    La situation n’est pas meilleure pour les parents qui travaillent dans des secteurs qui sont encore ouverts. Non seulement dans le secteur de la santé, mais aussi, par exemple, dans le secteur de la distribution alimentaire ou dans les services de nettoyage, les travailleurs sont aujourd’hui en double shift, et doivent encore accomplir leurs tâches domestiques avec des enfants qui ont été à l’école, mais sans avoir suivi de cours et ayant besoin d’attention.

    La violence domestique atteint un pic quand les femmes sont confinées avec leurs agresseurs

    Déjà avant le déclenchement de la crise, China Worker a fait état d’une enquête menée par la Fédération des femmes de Chine, contrôlée par le régime, qui a révélé que 24,7 % des femmes mariées âgées de 24 à 60 ans subissaient des violences conjugales de la part de leur conjoint. “Moins de 4 % des plaintes pour violence domestique ont été retenues et les moins de 20 % de ces victimes ont réussi à obtenir une demande d’ordonnance de restriction”.

    L’isolement à la maison signifie maintenant qu’elles sont enfermées avec leurs agresseurs. “Les ONG ont signalé une augmentation de la violence domestique. Mme Cao, une femme battue par son petit ami dans la ville de Shenzhen, au sud du pays, a téléchargé à Weibo sa conversation avec un médiateur de la police après qu’il l’ait exhortée à abandonner l’affaire : “Il a un bon travail”, dit-on. “Voulez-vous vraiment le ruiner ?”, selon The Economist (7 mars 2020). Les protestations de toutes sortes sont lourdement réprimées par la dictature, mais les Chinoises fulminent massivement en ligne.

    Pour ne citer qu’un exemple, l’ONG Blue Sky, qui lutte contre la violence domestique dans le comté de Lijian à Hubei, a reçu un total de 175 rapports de violence domestique en février, soit trois fois plus que le nombre de plaintes reçues en février 2019. Les restrictions de voyage rendent encore plus difficile qu’en temps normal d’échapper à leurs agresseurs. Les tribunaux, les services de conseil et les services juridiques sont devenus largement inaccessibles et si les victimes peuvent déposer des plaintes pour violence domestique en ligne, celles qui ne sont pas familiarisées avec l’internet sont désavantagées. L’aide aux victimes étant largement laissée aux ONG, ces organisations s’inquiètent du fait que puisque la crise actuelle est suivie d’une crise économique qui a déjà commencé, il sera difficile d’obtenir les fonds nécessaires pour aider les victimes à s’en sortir.

    La situation n’est pas différente dans les autres pays confrontés à la pandémie. Aux États-Unis, la ligne d’assistance téléphonique nationale contre la violence domestique a reçu un nombre croissant d’appels de victimes avant même l’adoption des mesures de confinement. Katie Ray-Jones, PDG de la ligne d’assistance, a rapporté dans le magazine Time que les agresseurs utilisent l’épidémie de virus pour isoler leurs victimes encore plus que d’habitude. Dans l’État brésilien de Rio de Janeiro, les services judiciaires ont signalé le 24 mars qu’ils avaient enregistré une augmentation de 50 % des rapports de violence domestique. Dans un pays qui a déjà un taux très élevé de violence domestique, 33,46% selon l’OCDE, c’est une augmentation très alarmante.

    En Espagne, qui a connu des mouvements massifs et des grèves contre la violence sexiste, les organisations de femmes et les institutions qui s’occupent du problème de la violence domestique sont extrêmement inquiètes. La pression exercée par les mouvements de ces dernières années a conduit le gouvernement des îles Canaries à lancer une campagne d’aide aux victimes, appelée Mascarilla-19. Les refuges restent ouverts, mais il est encore plus difficile, dans la situation actuelle, d’entrer en contact avec les victimes. Mascarilla-19 est un code que les victimes peuvent utiliser lorsqu’elles se rendent à la pharmacie : vous le demandez et laissez votre adresse pour que les pharmaciens puissent contacter les services d’aide. Dans toute l’Espagne, les tribunaux resteront ouverts et traiteront en priorité les signalements de violence domestique.

    Différents rapports provenant de plusieurs pays montrent que les refuges pour femmes, dans la plupart des pays, basés sur des ONG plutôt que sur des institutions publiques, étaient généralement déjà pleins avant que cette épidémie n’ait lieu. En Belgique, des listes d’attente existent même dans des situations normales, ce qui signifie qu’il peut s’écouler des semaines, voire des mois, avant qu’une place ne soit libérée. Non seulement ces refuges sont pleins, mais en plus, partout dans le monde, ils représentent d’énormes défis à pour maintenir une distanciation sociale et les sécuriser.

    Alors que dans certains pays, les rapports ont augmenté, comme aux États-Unis avant les mesures de fermeture, dans de nombreux pays, ils ont en fait diminué. De nombreuses ONG françaises qui aident les victimes de violence domestique signalent que ce n’est pas parce que le problème a diminué, mais parce que leurs agresseurs sont à la maison jour et nuit, ce qui rend extrêmement difficile aux victimes de demander de l’aide car, en temps normal, les victimes appellent généralement les services lorsque leurs agresseurs sont partis travailler. Solfa, une association de femmes de Lille, en France, a rapporté dans Le Monde (25 mars) qu’elles “n’osent pas téléphoner aux femmes que nous suivons habituellement par peur de prendre le risque de les dénoncer”, maintenant que leurs agresseurs peuvent être à la maison à tout moment. Les associations féministes en France demandent que l’on mette d’urgence des hôtels et d’autres établissements à disposition pour aider les victimes.

    Il faudra faire pression pour que des mesures d’urgence soient prises pour faire face à cette crise dans la crise. Le stress et l’insécurité énormes dans lesquels se trouvent un grand nombre de personnes ne vont pas seulement aggraver la situation des femmes et des enfants dans les relations abusives déjà existantes, mais risquent de créer des problèmes dans des relations qui n’étaient pas abusives auparavant.

    Qui va payer la crise ? Préparons-nous à nous battre !

    Hier, les infirmières et autres personnels du secteur de la santé, les travailleuses et travailleurs du secteur de la distribution, du nettoyage,… étaient des travailleurs dépréciés, confrontés à une lourde charge de travail en étant obligés, année après année, de faire plus à moins. Ces “secteurs féminins” traditionnels sont tous sous-payés et confrontés à des contrats précaires car ceux-ci sont beaucoup moins rentables que les secteurs industriels où les hommes représentent encore la majorité de la main-d’œuvre. Aujourd’hui, le personnel de ces « secteurs féminins » font partie des héros de la nation face à cette crise sanitaire massive. Les politiciens qui applaudissent aujourd’hui hypocritement les travailleuses et travailleurs de la santé seront demain, après le premier pic du virus, confrontés aux revendications des travailleurs pour un salaire et des conditions de travail décents, pour plus de personnel et pour un investissement public massif dans les soins de santé.

    Cependant, l’injection massive d’argent dans l’économie pour empêcher l’effondrement total qui a maintenant commencé partout dans le monde vise principalement à maintenir l’économie en marche plutôt qu’à renforcer le tissu social indispensable que ces secteurs fournissent. Une fois le premier pic passé, les plans de relance auront porté la dette de l’État à des niveaux nouveaux et sans précédent. La crise économique est déjà plus profonde que celle de 2008, elle ressemblera plutôt à la dépression économique des années 1930. Alors que partout, les travailleurs, et en particulier ceux des services publics et des soins de santé, continuent de payer le prix de la crise de 2008 et de la dure austérité qui a suivi.

    L’establishment capitaliste va présenter la facture de cette nouvelle crise à la classe ouvrière et aux couches les plus pauvres de la population. Dans de nombreux États, les gouvernements ont obtenu des pouvoirs spéciaux, des mesures restrictives spéciales ont été introduites pour imposer une distanciation sociale, notamment l’interdiction d’actions, de manifestations et de grèves. Nous devrons combattre ces restrictions lorsqu’elles seront utilisées non pas pour contenir la propagation du virus, mais pour contenir les protestations et la colère qui se développent contre leurs nouveaux plans d’austérité.

    Les travailleurs des secteurs très féminisés de la santé, de l’éducation, du commerce de détail,… ont été au premier plan des luttes de la classe ouvrière contre l’austérité qui a suivi la crise de 2008, le mouvement des femmes a été au premier plan d’une lutte généralisée contre le néolibéralisme et les politiques asociales dans de nombreux pays d’Amérique latine, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord,… La lutte « covid-19 » va reléguer ces luttes au second plan, car les gens ordinaires doivent maintenant réorganiser leur vie pour lutter contre la propagation du virus. Mais ils reviendront en force une fois que la première période de chaos sera terminée.

    Les féministes socialistes doivent s’organiser pour défendre les revendications des travailleuses qui réclament des investissements massifs dans ces emplois non rentables mais absolument indispensables. Le message doit être clair : le travail de soins ne peut être commercialisé ni mis au régime sans perdre beaucoup de son efficacité pour les larges couches de la population ! Nous devons proposer des revendications et des stratégies de lutte sur base de cette nouvelle conscience du rôle du travail des femmes – rémunéré ou non – sur les lieux de travail, dans la famille et dans les communautés, car tous les rapports montrent que dans les nombreux groupes d’aide spontanée qui se mettent en place, les femmes en constituent la majorité. Nous devons aider à faire mieux comprendre la situation de double oppression (en tant que femmes et en tant que travailleuses) et de violence à laquelle les travailleuses sont soumises sous le capitalisme.

    Les partis capitalistes et leurs figures publiques féministes n’auront pas de réponses, car le renforcement et la valorisation du travail des femmes réduiraient les profits de la minuscule minorité de milliardaires qu’ils défendent et représentent.

    Seul un monde où les besoins de la population sont assurés par un effort collectif sera en mesure de faire face efficacement à de telles crises sanitaires. Et seule une telle société est en mesure d’émanciper la majorité des femmes. Ce ne peut être qu’une société socialiste, où la classe ouvrière unit toutes les couches opprimées au sein d’une lutte pour prendre le contrôle de la société des mains de la classe des milliardaires afin de pouvoir utiliser la production mondiale pour satisfaire les besoins du monde. Voilà le monde pour lequel nous nous battons : aujourd’hui souvent isolés dans nos maisons, demain de retour dans les rues !

  • [INTERVIEW] Retour sur la conférence nationale ROSA et EGA du 28 mars

    8 mars 2020, Bruxelles.

    Ce 28 mars s’est tenue la conférence nationale de la Campagne ROSA et des Etudiants de Gauche Actifs. Nous en avons discuté à chaud, à peine une heure après la fin de l’événement, avec Emily Burns, coordinatrice nationale de la Campagne ROSA.

    Ça y est, c’est fini… quel succès !

    Oui ! Plus de 130 personnes ont participé à cette conférence d’un genre nouveau ! Confinement oblige, nous avons dû tester de nouveaux outils et mettre en place un tout nouveau type d’événement, avec un mélange de présentations et d’ateliers de discussions via Zoom et de vidéos préparées à l’avance.

    Tout ça avec des traductions…

    Soit en live, soit par sous-titres. Mais c’est effectivement un des points forts de la Campagne ROSA et d’EGA : ces initiatives permettent de réunir des personnes de tout le pays dans le partage d’expériences et la lutte.

    Le programme de discussion a lui aussi été chamboulé.

    Bien entendu, le coronavirus s’est invité dans les thèmes discutés. Cette crise sanitaire met à jour l’étendue de la faillite du système d’organisation de la société capitaliste. Qui devra en payer la facture ? Si nous ne nous organisons pas et n’entrons pas en résistance acharnée, ce sera à nous, aux travailleuses, aux travailleurs, à la jeunesse. Nous en avons discuté, nous avons plus particulièrement abordé le lien entre cette crise et la situation des femmes de même que le lien évident avec la crise écologique. Nous avons également laissé la parole à plusieurs syndicalistes actives dans le secteur des soins de santé.

    Après cette première discussion sur le thème « La pandémie de COVID-19 fait craquer le capitalisme… Changeons de système maintenant ! », 5 commissions ont regroupé entre 20 et 35 participants pour débattre de la violence domestique, de la lutte des femmes dans le sport, de l’Europe-forteresse et des réfugiés, de la lutte contre l’extrême droite et de l’impact du coronavirus sur les femmes.

    Ces ateliers, organisés chacun dans une seule langue, ont permis d’assurer une réelle implication des participantes et participants, ce qui n’était pas possible dans les meetings centraux. Nous avons clôturé l’événement par un meeting central : la place des femmes est dans la lutte !

    Vous aviez également la participation d’oratrices de l’étranger ?

    Certaines et certains participants avaient peut-être participé aux meetings sur la campagne de Bernie Sanders que le Parti Socialiste de Lutte (PSL) avait organisé à la fin du mois de janvier, ils et elles ont eu l’occasion de revoir notre camarade de Minneapolis Ginger Jentzn, qui nous a expliqué à quel point la gestion de la crise est calamiteuse aux Etats-Unis.

    D’autre part, nous avons pu débattre avec Alexandra Alekseeva, coordinatrice de notre organisation-sœur en Russie SocFemAlt (?????? ????????????), dans l’atelier contre les violences domestiques et envers les personnes LGBTQI+, mais également Susan Wrack, féministe et journaliste sportive britannique au journal The Guardian, qui a travaillé sur l’égalité salariale dans le football. Pour nous, tisser des liens avec les luttes ailleurs dans le monde est une évidence : le capitalisme est un système international, il doit se combattre sur la même échelle ! A l’occasion de la Journée Internationale de Lutte pour les droits des femmes du 8 mars dernier avait d’ailleurs été lancé le réseau féministe socialiste international ROSA.

    Des séances de rattrapage sont-elles prévues ?

    Tout à fait. Tout d’abord via la chaîne youtube de la Campagne ROSA, où les différentes parties de la conférence se retrouveront. D’autre part, des groupes locaux de la campagne vont également réorganiser des groupes de discussion-vidéos pour revenir sur tout ce qui a été discuté.

    Nous invitons d’ailleurs les personnes qui lisent cette interview à nous envoyer les thèmes qu’elles et ils aimeraient voir abordés dans cette discussions de groupe !

    Le confinement n’a pas bloqué les activités !

    Selon nous, c’est très important de considérer cette période de confinement comme un moment de préparation. La résistance des jeunes et des femmes sera cruciale, au côté de la classe des travailleurs, pour riposter contre tout ce que la classe capitaliste fera pour nous faire payer le prix de la crise économique, de la crise sanitaire et de la crise écologique.

    Un dernier mot ?

    La Campagne ROSA a de grandes ambitions… mais il nous faut les moyens de les réaliser ! Nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux. Plusieurs personnes ont d’ailleurs rejoint la campagne durant la conférence. Mais si nous avons besoin de soutien actif, il nous faut aussi du soutien financier pour continuer à agir comme nous l’avons fait par le passé.

    >> Appel aux dons : Assurons-nous que ROSA puisse jouer un rôle moteur pour l’action !

  • ZOOM IN ! Conférence digitale ROSA / EGA : infos pratiques

    Ouverture du stream à 13:30 !

    https://zoom.us/j/155785049

    14:00 – 14:45 Meeting d’ouverture


    La pandémie de COVID-19 fait craquer le capitalisme… Changeons de système maintenant !
    https://zoom.us/j/155785049

    15:00 à 16:10 Choix entre 5 discussions en français, néerlandais ou anglais


    For women and children home is often the most dangerous place >> ALEXANDRA ALEKSEEVA (Russie), coordinatrice de SocFemAlt (?????? ????????????), contre les violences domestiques et envers les personnes LGBTQI+
    https://zoom.us/j/205716742

    Women’s struggle in sports >> SUSAN WRACK (Grande-Bretagne), féministe et journaliste sportive au GUARDIAN qui a travaillé sur l’égalité salarial dans le cadre de la coupe féminine de football
    https://zoom.us/j/518087824

    L’impact de la crise Covid19 sur les femmes
    https://zoom.us/j/3957427704

    Moyen-Orient, Turquie, Europe forteresse : Réfugiés en danger
    https://zoom.us/j/103242851

    Vlaam Belang, Schild en Vrienden,… De nood aan een antikapitalistisch programma om hen efficiënt te bestrijden
    https://zoom.us/j/234234320

    16:15 – 17:00 Meeting de clôture


    La place des femmes est dans la lutte
    https://zoom.us/j/155785049

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