Category: Féminisme

  • Royaume Uni. Après le meurtre de Sarah Everard : luttons contre les féminicides et la violence sexiste !

    Le week-end dernier, une manifestation pacifique a eu lieu suite à la mort de Sarah Everard au Royaume Uni. Elle a été assassinée et il n’y a eu pratiquement aucune réaction de la part de la police. Cette manifestation pacifique a de manière parfaitement scandaleuse été la cible de la répression policière. Les organisateurs ont été arrêtés tout simplement pour avoir exercé leur droit de manifester. La colère contre ce féminicide et contre la violence policière va se poursuivre. Voici une première réaction de Sue Berry, membre de notre organisation-soeur en Angleterre, Pays de Galles et Ecosse, Socialist Alternative.

    Le meurtre de Sarah Everard est une tragédie – pour sa famille et ses amis, la communauté locale, et pour toutes celles et ceux qui s’opposent à l’oppression et à la violence. Socialist Alternative envoie ses sympathies et sa solidarité à toutes celles et ceux qui connaissaient Sarah, et à toutes celles et ceux qui sont ébranlés par les révélations de ces derniers jours.

    Le chagrin s’est accompagné, à juste titre, de la colère – contre l’auteur de l’agression, contre le victim-blaming de la police (qui a conseillé aux femmes vivant près de l’endroit où Sarah a disparu de ne pas sortir seules), et contre une société qui propage la violence contre les femmes.

    Les réseaux sociaux ont été inondés de témoignages de femmes partageant leurs propres histoires d’agression sexuelle et dénonçant les mythes sur la violence de genre qui persistent contrairement à toutes les constatations que ces mythes sont bien évidemment non fondés. Un cri collectif se fait entendre : nous en avons assez ! Nous ne pouvons pas permettre que l’histoire de Sarah devienne une statistique de plus. Nous devons nous battre pour que justice soit rendue à Sarah et, en même temps, nous interroger sur le type de société qui peut offrir une sécurité et une liberté véritables aux femmes et aux personnes au genre non conforme.

    On ne peut pas compter sur les partis politiques en place

    Ce qui ressort des réponses des politiciens capitalistes de tous les partis, c’est que nous ne pouvons pas compter sur eux pour résoudre le problème de la violence sexiste. Malgré sa déclaration de sympathie, le Premier ministre Boris Johnson a un long passé de commentaires misogynes, et a été accusé d’agression sexuelle contre une journaliste. Au sein de son propre gouvernement, un ancien ministre accusé de viol, d’agression sexuelle et de contrôle coercitif en 2020 n’a jamais été suspendu.

    La réponse de Keir Starmer (chef de l’opposition travailliste) a été de demander un plus grand nombre de policiers dans les rues, une déclaration particulièrement irréfléchie étant donné que l’homme accusé de ce crime est un policier en service. Starmer était à la tête du ‘Crown Prosecution Service’ (« Service des poursuites judiciaires de la Couronne ») lorsque la décision a été prise de ne pas poursuivre le prédateur sexuel Jimmy Savile au motif que les preuves étaient insuffisantes…

    Le sexisme endémique au sein de la police

    Nous ne pouvons pas non plus compter sur la police elle-même. Le sexisme systémique, ainsi que le racisme et l’homophobie, sont bien documentés dans la police. L’année dernière encore, deux officiers de la police métropolitaine ont été suspendus après avoir posé en faisant des selfies avec les cadavres des victimes Nicole Smallman et Bibaa Henry. Mina Smallman, mère de Nicole et Bibaa, a déclaré : « C’est un exemple de la toxicité de la situation au sein de la police : ces policiers se sentaient tellement en sécurité, tellement intouchables, qu’ils pensaient pouvoir prendre des photos de jeunes filles noires mortes et les envoyer à d’autres. Cela en dit long sur la mentalité qui règne au sein de la police métropolitaine (Met). »

    Au sein de la Met, entre 2012 et 2018, 594 plaintes pour des infractions sexuelles ont été déposées contre le personnel de la police, dont 119 seulement ont été retenues. L’Office indépendant pour la conduite de la police enquête sur des plaintes selon lesquelles des accusations d’attentat à la pudeur contre le policier arrêté n’ont pas été traitées correctement. Cet environnement toxique ne protège non seulement pas le personnel féminin des forces de police, mais aussi les membres du public.

    L’approche sécuritaire est insuffisante : il faut lutter contre ce système sexiste !

    Nous soutenons toutes les mesures qui contribuent à ce que les femmes se sentent en sécurité. Par exemple, un éclairage abondant et bien entretenu des lieux publics. Les personnes en colère après le meurtre de Sarah (et les arrestations durant la veillée) doivent continuer à s’organiser et à discuter ensemble pour lutter en faveur de ces mesures urgentes.

    Mais ce n’est pas suffisant. Nous savons que Sarah a  “fait tout ce qu’il fallait” : elle a emprunté un itinéraire très fréquenté, elle a passé un coup de fil et a fait savoir aux gens où elle allait et quand elle rentrerait. Mais cela n’a pas empêché la violente attaque qui lui a coûté la vie. Près de 80 % des femmes tuées par des hommes au Royaume-Uni étaient victimes de leur partenaire et ont été tuées dans leur propre maison. Les mesures de sécurité ne les auraient pas protégées.

    La violence de genre est intrinsèquement liée au capitalisme. Les idées misogynes qui justifient l’oppression des femmes sont normalisées et propagées dans toute la société, notamment par les médias, l’éducation, la publicité, la culture populaire et au sein des familles. Le capitalisme repose sur l’oppression des femmes – il ne peut exister sans elle. Pour mettre fin à l’oppression des femmes, nous avons besoin d’un changement de système fondamental. Nous devons construire un mouvement de masse contre l’oppression de genre et le système qui la perpétue.

    La misogynie existe dans le monde entier, s’y opposer exige un mouvement international. Ces derniers mois, nous avons assisté à des manifestations pour le droit à l’avortement en Pologne, à une grève des femmes en Russie contre l’arrestation de militantes féministes et à d’immenses marches en Inde contre le viol et la violence envers les femmes. Les membres de Socialist Alternative et les diverses section d’Alternative Socialiste Internationale (qui est à la base du réseau international ROSA) ont participé activement à ces luttes et se battent pour un monde démocratique et socialiste débarrassé de la violence et de l’oppression.

  • MOXIE! Un teen movie féministe qui rend hommage au Riot Grrrl

    Le cinéma n’échappe pas à la règle : l’art est le reflet de son époque. MOXIE ! (disponible sur Netflix) est très clairement l’un des fruits de l’essor d’une nouvelle vague féministe. Un teen movie rafraîchissant qui ne manquera pas d’inspirer de nombreux jeunes (et moins jeunes) à s’engager. Cerise sur le gâteau, le film fait la part belle au Riot Grrrl, un mouvement féministe né à Seattle au début des années ’90 à la croisée du punk et du rock alternatif. Alors, arrêtez deux secondes de lire cet article et ne revenez qu’après avoir mis « Rebel Girl » de Bikini Kill en fonds sonore…

    MOXIE ! est réalisé Amy Poehler, que l’on connaît essentiellement pour sa participation à l’émission américaine culte « Saturday Night Live » et pour son rôle de Leslie Knope dans la série « Parks and Recreation », sur base du live éponyme de Jennifer Mathieu. On y suit Vivian (Hadley Robinson), une jeune fille qui décide de refuser le sexisme qui règne dans son école.

    Chaque année, des garçons « populaires », membres de l’équipe de football américain, publient leur classement des filles sur base de critères sexistes (Meilleur décolleté, La plus baisable, Meilleur fessier, etc). L’un d’eux, Mitchell (Patrick Schwarzenegger), commence aussi à harceler une nouvelle élève, Lucy (Alycia Pascual-Pena), métisse d’origine latine, qui en fait part à la directrice (Marcia Gay Harden). Cette dernière refuse de réagir, car Mitchell est très populaire et est le capitaine de l’équipe de foot.

    Révoltée par la situation, Vivian, plutôt timide, édite un petit fanzine, un journal qui s’inspire des fanzines féministes que sa mère (Amy Poehler) créait elle-même étant jeune. Elle lui donne le nom de MOXIE ! (de l’argot pour « courage ») et en dépose en cachette des exemplaires dans les toilettes de l’école. Le petit journal fait l’effet d’une bombe dans les couloirs de l’établissement et, rapidement, un petit groupe de jeunes filles se réunit et s’organise en prenant le nom de MOXIE ! La suite du film suit ce groupe de jeunes en lutte contre le sexisme et le statu quo dans leur école, à travers un casting diversifié et inclusif.

    « Moxie aurait pu être plus agressif et punchy », selon l’Echo, qui trace le parallèle avec les sons du Riot Grrrl (nom qui provient d’ailleurs également d’un fanzine). Cela revient à passer (très certainement volontairement) à côté du point fondamental : le Riot Grrrl, ce n’est pas un style. C’est avant tout un mouvement musical politique qui abordait les thématiques du viol, de la violence domestique, du racisme et du sexisme en général dans la société et dans la musique contestataire elle-même. MOXIE ! aborde ces questions à partir des réflexions et contradictions qui sont celles de la jeunesse d’aujourd’hui alors qu’elle fait son entrée dans l’arène de la lutte sociale. De tels films qui abordent de manière bienveillante l’engagement mais aussi et surtout l’organisation et le caractère collectif de la lutte pour le changement manquent encore cruellement.

  • Résistance ! Ce 8 mars a confirmé la détermination pour riposter

    La dernière grande manifestation avant le confinement avait lieu il y a un an, le 8 mars 2020. Plus de 10.000 personnes s’étaient mobilisées dans la capitale à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. La foule de manifestantes et de manifestants était beaucoup plus importante que prévu, très animée et combative. La Campagne ROSA était présente avec une délégation qui a atteint le millier de personnes. La mobilisation a évidemment pris une tournure différente cette année, mais le militantisme et la volonté d’agir n’ont très clairement pas disparu de la scène.

    La Campagne ROSA avait appelé à participer à des rassemblements statiques dans dix villes, dans le respect des mesures sanitaires. Dans un certain nombre de villes, la Campagne ROSA avait pris l’initiative de ces actions. Ailleurs, nous avons collaboré avec d’autres organisations comme le  Collecti.e.f 8 maars. Les actions les plus importantes ont eu lieu à Gand et à Bruxelles.

    A Gand, la Campagne ROSA avait prévu que la Sint-Pietersplein serait trop petite, les actions ont donc été réparties sur trois places. Au total, au moins 750 personnes avaient répondu à l’appel. Ailleurs à Gand, le Collecti.e.f 8 maars a également organisé des actions qui ont réuni 450 personnes.

    À Bruxelles, nous nous sommes réunis à la Gare centrale avec plus de 500 personnes. Parmi les prises de parole, celle du collectif d’action militant “La Santé en Lutte” était particulièrement remarquable. D’autres rassemblements ont également eu lieu place Schuman et à la Monnaie. Nous avons également participé à l’action des sans papiers à l’occupation politique du Béguinage.

    À Anvers, la Campagne ROSA a fait escale sur la St-Jansplein, l’une des trois places où se sont déroulées les actions de ce 8 mars. Sur cette place, il y avait au moins 150 personnes, dont des syndicalistes de la FGTB et de la CSC ainis que des membres du PTB. A Liège, environ 200 personnes étaient réunies à notre appel à la gare des Guillemins, dont un bons groupe d’activistes kurdes des colelctifs SKB et Violet-Rouge . A Louvain, 250 personnes étaient présentes à notre rassemblement, 120 à Bruges 120 (dont 27 sont devenus membres de la Campagne ROSA sur place !), 60 à Alost et encore quelques dizaines de personnes à Courtrai, Termonde et Torhout.

    Au niveau national, la Campagne ROSA a donc mobilisé plus de personnes que l’an dernier lorsque nous avons formé un bloc de 1000 manifestants. Qu’est-ce que cela aurait été sans la crise sanitaire ?

    Le tract que nous avons utilisé nationalement soulignait que la lutte paie et que nous n’avons pas d’autre choix pour éviter que la crise sanitaire et la crise économique ne repoussent les femmes dans les années ’50. À l’université de Gand, une décision de principe a été prise pour augmenter les salaires les plus bas à au moins 14 euros de l’heure, une mesure qui concerne essentiellement des travailleuses. Cette victoire féministe fait suite à une campagne déterminée qui reposait sur l’implication du personnel et des étudiants. Pour le personnel de l’entretien, il a été obtenu que les conditions d’externalisation soient améliorées. Si les grandes entreprises de nettoyage refusent de les accepter, alors l’internalisation des ces tâches par l’université sera de nouveau à l’ordre du jour. Cette victoire est très importante. Hier, une action a également été menée à l’université d’Anvers en faveur d’un salaire minimum plus élevé pour le personnel de l’entretien et de meilleures conditions de travail. L’université semble ne voir d’autre option que de choisir entre de meilleures conditions pour le personnel ou des moyens pour l’enseignement. Nous ne devons pas nous laisser prendre dans ce type de tentative de division !

    Nous devrons nous battre pour défendre nos droits, cela a dramatiquement été rendu encore plus évident à l’approche du 8 mars. Un meurtre homophobe a eu lieu à Beveren. D’autre part, la crise sanitaire frappe plus durement les femmes, d’une part au niveau du travail, d’autre part avec l’accroissement des tâches domestiques. Les violences envers les femmes sont également en hausse, tous les rapports témoignent d’une terrible augmentation des lignes de secours pour violence conjugale. C’est tout le système qui est coupable, nous devons nous organiser et le combattre !

    Dans le quotidien flamand De Standaard, notre camarade Elise a fait remarquer : “Nos revendications concrètes sont, par exemple, la gratuité des serviettes hygiéniques et des tampons dans les écoles, un salaire minimum de 14 euros par heure et une semaine de travail de 30 heures sans perte de salaire. Ce sont des revendications que nous défendons depuis longtemps déjà, mais elles n’ont toujours pas été mises en œuvre.”

    La Campagne ROSA continuera son combat. C’est ensemble que nous sommes plus forts ! Participez à la conférence en ligne de la Campagne ROSA samedi prochain, la journée “Bread and Roses”, et rejoignez-nous !

    Bruxelles :
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    Gand :

    Louvain :

    Bruges :
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    Anvers :
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    Torhout:

    Alost :

    Liège :

    Termonde :

  • Plaidoyer pour un féminisme socialiste – L’importance du 8 mars pour la Campagne ROSA

    Le 8 mars 2017, une Marche contre le Sexisme combattive a réuni quelques centaines de personnes à Gand. L’appel à cette marche était venu de la campagne ROSA – Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité – à l’approche de sa première conférence le 12 mars.
    La date n’avait pas été choisie au hasard puisqu’elle faisait directement référence aux traditions de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Il ne s’agit effectivement pas seulement d’un jour symbolique dans l’histoire du féminisme, elle a été initialement décidée par les femmes socialistes afin de donner une voix aux luttes des femmes travailleuses. L’initiative reposait basé sur le constat que les femmes travailleuses ne pouvaient pas compter sur le soutien du mouvement féministe officiel dans leur lutte pour de meilleurs salaires. La direction de ce mouvement officiel était composée en grande partie de personnalités féministes qui limitaient leur combat à ce qui était possible dans les limites du capitalisme. Il fallait donc développer des organisations de femmes socialistes visant à aider les travailleuses à lutter pour la libération des femmes et pour le socialisme, deux objectifs qui vont de pair.

    Par Anja Deshoemacker

    Non au féminisme pro-establishment

    Encore actuellement, toutes les personnes qui se disent (pro)féministes ne défendent pas pour autant les droits de toutes les femmes. Pour les féministes autoproclamés comme notre Premier ministre, tout est question de symbole, de sensibilisation et, au mieux, de législation. Mais lorsqu’il s’agit de choses plus concrètes comme la dépénalisation de l’avortement et l’extension de la période légale à 18 semaines, Open VLD/MR, SP.a/PS et Groen/Ecolo sont aux abonnés absents !

    Ces féministes du système se comportent comme si les droits des femmes étaient un cadeau légué par leurs prédécesseurs. Mais il n’y a jamais eu de cadeaux ! Tous les droits et conquêtes dont disposent les femmes et les travailleurs en général ont été arrachés grâce à l’organisation des femmes et des travailleurs, grâce à des manifestations de masse et à des grèves qui ont forcé les gouvernements à accorder des concessions.

    Cette compréhension de la nécessité de lutter en faveur des intérêts des femmes travailleuses, ou du féminisme socialiste, est plus pertinente aujourd’hui que jamais. Les conséquences de la pandémie et de la crise économique menacent l’indépendance financière de larges pans de la population féminine. La prodigieuse augmentation du travail non rémunéré des femmes au sein de la famille – en raison, entre autres, de la fermeture des écoles et du report des soins non liés au covid – combinée à l’augmentation des pertes d’emplois et de revenus subies par les femmes au cours de l’année écoulée, signifient, selon l’ONU Femmes, qu’il existe un risque réel de retomber dans les stéréotypes sexistes des années 1950.

    Le féminisme socialiste, c’est la lutte pour des revendications dans l’intérêt de la majorité des femmes

    Des gestes symboliques – un gouvernement composé à moitié de femmes par exemple – ne feront pas la différence pour combattre les effets de la crise sur les femmes. Nous devons nous organiser et nous battre pour des mesures qui permettront d’emprunter la route vers une véritable émancipation. Prétendre combattre le sexisme et la violence envers les femmes tout en permettant aux forces aveugles du marché de menacer l’indépendance financière de larges couches de femmes dans le monde est une pure hypocrisie.

    Partout dans le monde, le confinement a provoqué une augmentation de la violence familiale, de nombreuses femmes étant enfermées avec un partenaire violent. Diverses études soulignent que la gravité des actes de violence a également augmenté. La cruelle incertitude – concernant la santé, la baisse des revenus et la précarité de l’emploi – a aussi entraîné des tensions au sein des familles et des couples qui n’avaient jamais connu d’actes de violence auparavant. Si de nombreuses femmes perdent leur emploi et leurs revenus dans les années à venir, ces taux de violence resteront très élevés.

    Au cours de l’année dernière, toutes les formes de violence sexuelle ont augmenté. Par exemple, l’Organisation des Nations Unies pour les femmes mentionne l’augmentation de la cyberviolence, due notamment à l’utilisation intensive des plateformes numériques et autres réseaux sociaux pour travailler et étudier. La nouvelle vague #MeToo à travers le monde – en Chine, en France et en Grèce, entre autres – montre qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir dans le domaine des abus de pouvoir sexuels, y compris au travail.

    Les « solutions » conçues pour maintenir la société en activité pendant la pandémie ont toute une série d’effets secondaires négatifs pour de grands groupes de travailleurs et surtout pour les femmes. D’énormes sacrifices ont été exigés du personnel dans les secteurs clés.
    Les actions du personnel soignant, stimulées par le collectif d’action militant La Santé en Lutte qui s’est formé en 2019 à Bruxelles, ont entretemps permis des hausses de salaires et l’octroi de primes tant au niveau fédéral que régional. Mais la lutte pour une revalorisation fondamentale des soins (soins de santé et travail social) reste à l’ordre du jour. Après tout, peu de choses ont changé en ce qui concerne l’insuffisance des effectifs qui, même avant la pandémie, minait l’accessibilité à un service de qualité. Cette insuffisance d’effectifs a aussi entraîné une charge de travail infernale qui, associée à des salaires peu élevés, pousse le personnel soignant à fuir le secteur chaque année.

    La Campagne ROSA, avec La Santé en Lutte, appelle donc à la poursuite de ce combat. Pour nous, il s’agit d’une revendication féministe : les femmes qui travaillent ont besoin du secteur des soins car, sinon, ces tâches de soins leur reviennent sous forme de travail non rémunéré au foyer. Et c’est aussi un secteur important pour l’emploi des femmes. L’augmentation des salaires de l’ensemble du personnel du secteur des soins de santé, y compris des équipes de nettoyage et des services de cuisine indispensables dans les hôpitaux, permettrait de sortir de la précarité un groupe important de travailleurs, principalement les femmes.

    La même logique s’applique, d’ailleurs, à cet autre secteur dont les femmes actives ont grand besoin pour fonctionner : l’enseignement. L’enseignement a aussi été victime de quatre décennies de coupes budgétaires et de sous-financement. Résultat : des infrastructures obsolètes, une pénurie aiguë d’enseignants, des classes surpeuplées, des inégalités croissantes où les élèves les plus faibles abandonnent de plus en plus et une charge de travail insoutenable pour le personnel. Pour une société reposant sur la solidarité, où chacun se voit offrir de réelles possibilités de développement, une revalorisation fondamentale de l’enseignement est cruciale. En janvier, la campagne ROSA a réuni des enseignantes, des élèves et des étudiantes pour discuter des actions à mener dans les écoles en faveur de la gratuité des produits hygiéniques dans les écoles, d’une éducation sexuelle adéquate qui ne soit pas hétéronormative et qui mette l’accent sur le consentement mutuel et d’un enseignement qui joue son rôle dans la lutte contre le sexisme. Pour tout cela, un refinancement massif du secteur est nécessaire.

    Mais l’impact de la crise va au-delà des secteurs essentiels. Aujourd’hui déjà, les pertes d’emplois s’accumulent et, dans le monde entier, elles touchent plus durement les femmes que les hommes. Étant donné que les secteurs dans lesquels une vague de faillites est attendue une fois les aides d’État supprimées – notamment le tourisme, le secteur culturel et événementiel, mais aussi le nettoyage des bureaux – comprennent également une vaste proportion de femmes, le chômage aura à l’avenir un visage plus féminin que jamais. La Campagne ROSA s’engage à lutter pour les droits sociaux individualisés tels que le droit à de bonnes allocations de chômage (sans dégressivité ni statut de cohabitant), mais aussi pour une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire afin de répartir le travail disponible entre les travailleurs et de prévenir un chômage structurel élevé.

    La lutte pour le droit à l’avortement en Argentine et en Pologne

    Le tournant de l’année en Argentine a donné lieu à une grande fête : le 30 décembre, le Sénat a voté à la majorité la loi sur l’interruption volontaire de grossesse. C’est une victoire pour une lutte que trois générations de femmes ont menée contre l’État, mais aussi contre le pouvoir de l’Église catholique archi-conservatrice.

    Il s’agit d’une victoire importante qui aura également un effet dans d’autres pays d’Amérique latine. Au Congrès chilien, par exemple, le processus d’adoption d’une loi similaire a commencé. La bataille doit être menée avec vigueur pour introduire le droit à l’avortement partout à travers le continent.

    Mais outre les raisons de se réjouir, il faut rester vigilant. Après tout, le gouvernement n’a pas adopté la proposition de La Campaña (la Campagne nationale pour un avortement légal sûr et gratuit – créée en 2005 en tant que coordination des principales organisations féministes). Il a introduit, par exemple, la possibilité pour les prestataires de soins de santé d’invoquer la liberté de conscience et donc de refuser de pratiquer des avortements. Cette restriction est tout particulièrement dramatique dans les villages où il y a une pénurie de médecins.

    À la dernière minute, la protection de la santé intégrale des femmes a également été retirée comme motif valable d’avortement. En outre, une peine de 3 mois de prison a été introduite pour les femmes qui pratiquent des avortements après la période légale. Les dirigeantes de La Campaña, qui sont liées au parti au pouvoir, n’ont pas appelé à se mobiliser contre ces restrictions, ce qui a fortement limité la pression contre le gouvernement puisque seuls les groupes anti-avortement étaient mobilisés.

    Cependant, les jeunes générations de femmes qui se sont lancées dans cette lutte ces dernières années ne se laisseront pas facilement dissuader. Il sera nécessaire, mais pas suffisant, de les aider à s’organiser dans le cadre d’une campagne visant à garantir que la loi soit appliquée de la meilleure manière possible. Avec elles, il faudra aussi se battre pour éviter que la facture de la crise actuelle ne retombe sur les travailleuses. Le développement d’organisations féministes socialistes est crucial.

    En Pologne, la victoire n’est pas encore à portée de main malgré les manifestations de masse spontanées de l’automne dernier, qui ont montré que la majorité de la population soutient le mouvement et ses revendications. Le mouvement manque d’une direction aussi audacieuse que les masses de femmes qui sont descendues spontanément dans la rue et ont exigé la chute du gouvernement.

    ROSA-Polska a proposé au mouvement d’organiser une grève générale et de constituer des comités de grève locaux pour augmenter la pression sur le gouvernement. Une grève générale était possible, comme en témoignent les nombreux exemples d’actions de solidarité spontanées dans les entreprises pour soutenir le mouvement, du personnel soignant et des transports publics aux syndicats radicaux de mineurs et de postiers. Cependant, ni les organisations féministes ni les directions syndicales n’ont lancé un véritable appel en ce sens.
    Le mouvement a maintenant disparu des rues, mais la colère contre le pouvoir réactionnaire demeure. Dans les années à venir, il sera important de connecter la colère contre les politiques sexistes du gouvernement à toutes les autres revendications des jeunes et des travailleurs.

    Si nous nous battons, nous pouvons gagner !

    En plus d’avoir de nombreuses raisons de se battre, la Campagne ROSA a également deux victoires à célébrer : l’obtention du salaire minimum de 14 euros de l’heure pour tout le personnel de l’université de Gand, un combat auquel la Campagne ROSA a participé dès le premier jour en étroite collaboration avec la délégation de la CGSP à l’université, et le fait que Jef Hoeybergs – qui a porté plainte contre ROSA pour diffamation parce que nous avions fait connaître ses commentaires sexistes dégoûtants dans le monde entier – soit lui-même convoqué devant le tribunal correctionnel.

    Cela montre l’importance d’une mobilisation soutenue. Sans l’action de ROSA contre la réunion du cercle étudiant catholique réactionnaire KVHV, qui avait invité Jef Hoeybergs à s’exprimer lors d’un meeting, ses déclarations dégueulasses seraient passées sous silence. Ce n’est qu’en organisant la colère de manière concrète et lui donnant une expression dans la rue que la pression sur la justice et sur les politiciens peut être accrue.

    Cela démontre également l’importance de construire des luttes autour de revendications concrètes qui peuvent apporter un réel changement et de ne pas rester bloqué sur des principes généraux. La lutte pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure ferait une énorme différence pour de grands groupes de femmes et connecterait la lutte des femmes à celle du mouvement ouvrier. C’est cette unité qui peut arracher de telles exigences.

    La Campagne ROSA continuera à enfoncer ce clou : plutôt que des grèves féminines symboliques, nous appelons à la construction de l’unité et de la solidarité sur le lieu de travail dans la lutte contre toutes les formes de discrimination. Nous appelons à de véritables grèves féministes qui utilisent toute la force du mouvement ouvrier pour obtenir des victoires. Cette année, les restrictions rendront difficile la réalisation de véritables grèves. Une grève réussie ne tombe pas du ciel, elle doit être construite concrètement. Dans les années à venir, nous continuerons, avec des syndicalistes combattifs, à nous battre pour les 14€ de l’heure.

    Rejoignez la Campagne ROSA !

    Depuis des années, un sentiment antisexiste massif se développe, surtout mais pas seulement chez les jeunes. Cependant, un sentiment en soi ne change rien. Il doit devenir un mouvement de lutte. Ce fut la raison de la création de la Campagne ROSA et cela reste notre principale préoccupation. Au cours de nos 4 années d’existence, nous avons joué un rôle important dans la traduction de ce sentiment en actions concrètes.

    Dans les circonstances difficiles de l’année dernière, nous avons quand même réussi à mener plusieurs actions, allant d’actions de solidarité avec le mouvement Black Lives Matter après le meurtre de George Floyd à une action au bureau de la N-VA à Bruxelles contre les déclarations scandaleuses de Bart De Wever sur l’extension du droit à l’avortement en passant par des actions dans 12 villes différentes autour du 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes.

    Le 8 mars, nous voulons faire campagne dans une quinzaine de villes sur les différentes revendications mentionnées ci-dessus, dans la rue, mais aussi dans les écoles et sur les lieux de travail, là où nous avons les forces suffisantes pour ce faire. Sur base de cette campagne, nous voulons également créer de nouveaux groupes locaux de la Campagne ROSA et augmenter notre force de mobilisation.

    Nous sommes une campagne inclusive qui veut lutter contre toutes les formes de discrimination. Par exemple, nous avons mené des actions contre la violence homophobe à Gand et nous voulons jouer un rôle dans la transformation de la Pride en action de protestation. Nous soutenons également activement la lutte pour la régularisation des sans-papiers. Nous estimons que les travailleuses et les jeunes femmes doivent lutter activement pour leurs droits et leurs intérêts, mais aussi qu’une large solidarité est possible et nécessaire. En Irlande, la victoire de ROSA dans la lutte pour le droit à l’avortement a été rendue possible par le large soutien de la majorité de la classe ouvrière lors du référendum.

    Vous voulez mener activement la lutte contre le sexisme ? Vous souhaitez également intensifier l’action dans votre ville et étendre le mouvement ? Alors vous êtes au bon endroit ! Contactez-nous pour voir comment nous pouvons commencer à le faire ensemble !

  • 8 mars, arracher de réelles victoires par la lutte !

    Action menée à Liège à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

    Nos actions et notre vidéo devenue virale face au meeting du cercle d’extrême droite KVHV à l’Université de Gand avec pour orateur le chirurgien sexiste Jeff Hoeyberghs ont porté leurs fruits ! Sans cela, ses déclarations immondes auraient été passées sous silence. Jeff Hoeyberghs a porté plainte contre 2 organisatrices de la Campagne ROSA. Mais il fait aujourd’hui l’objet de 1.500 plaintes déposées auprès de l’institut pour l’égalité des femmes et des hommes ! Il a été renvoyé en correctionnelle. Le mois dernier, nous avons encore mené des actions à ce sujet à Gand et Bruxelles : nous ne nous laisserons pas intimider, nous continuerons notre combat !

    Tract de la Campagne ROSA // Tract en version PDF

    Victoire ! Le salaire minimum de 14€/h arrive à l’Université de Gand ! Cette excellente nouvelle pour les travailleuses des crèches et des cafétérias découle du combat de longue haleine porté par la délégation syndicale CGSP, qui a cherché l’implication du personnel et des étudiant.e.s. La Campagne ROSA s’est également jetée dans la bataille. D’abord en participant à la récolte de signatures pour la pétition, puis en organisant une manifestation pour les 14€/h et en participant pleinement à la construction de la grève du 9 mars 2020 appelée par la délégation CGSP et le comité de grève des femmes.

    Ce n’était pas une grève décrétée d’en haut, mais une grève préparée longtemps à l’avance depuis la base et sur le terrain. Ce n’était pas une action symbolique, mais le fruit de la construction d’une relation de force autour d’une revendication concrète. Dans le but d’arracher une victoire et pas seulement de marquer le coup. Les militant.e.s ont illustré dans la pratique comment faire une réalité de cette revendication féministe : par l’unité et la solidarité au boulot et à l’unif’ pour repousser la précarité et les discriminations. Sous l’élan de cette victoire, nous continuerons à nous battre aux côtés de syndicalistes combati.fs.ves en faveur d’un salaire minimum de 14€/h.

    Une prochaine victoire à portée de main ?

    En Belgique, 12% des femmes ont régulièrement des difficultés pour payer leurs protections menstruelles. Pourquoi n’en trouve-t-on toujours pas dans les WC des écoles, des autres services publics et des lieux de travail ? La pression exercée en Ecosse puis en France ont déjà abouti à des victoires. A quand en Belgique ? Organisons-nous !

    Cela doit passer par un refinancement public de l’enseignement, afin d’accompagner cette mesure d’une éducation sexuelle adéquate qui ne soit pas hétéronormative et qui mette l’accent sur le consentement mutuel. Nous voulons un enseignement qui joue son rôle dans la lutte antisexiste !

    L’émancipation des femmes en danger ? La seule issue, c’est la lutte !

    La crise actuelle menace de renvoyer les femmes dans les années 50’, tant au niveau de leur place dans le monde du travail que concernant la surcharge de travail domestique. Les rapports des Nations Unies ou de l’Organisation Internationale du Travail sont alarmants.
    Les femmes sont largement majoritaires dans les secteurs essentiels (distribution, soins de santé, aide aux personnes,…). Essentiels, mais précaires, et parmi les salaires les plus faibles, on trouve 70% de femmes.

    >> Un salaire minimum de 14€/h (2300€ brut/mois).

    Horeca, tourisme, commerce, nettoyage : des secteurs où les femmes sont majoritaires sont durement impactés. Le salaire des femmes a diminué 2 fois plus que celui des hommes. De plus, les femmes sont surreprésentées (à 60%) dans le statut de cohabitant.e, qui réduit le chômage de moitié. Il est inacceptable qu’il dépende de notre situation de couple.

    >> Individualisation des droits sociaux et augmentation des allocations au-delà du seuil de pauvreté.

    Fermeture temporaire de services d’aide aux personnes, fermeture d’écoles, activités extrascolaires supprimées, courses pour nos aînés,… le travail domestique a doublé avec la crise. Les journées deviennent interminables, en particulier pour les mères.

    >> Réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction des cadences.
    Près d’un tiers des ménages belges sont des familles monoparentales et pour 80% d’entre-elles, “la chef.fe de ménage” est une femme. Une meilleure répartition des tâches ménagères dans un couple, c’est essentiel, mais c’est insuffisant.

    >> Renforcement et développement des services publics : garderies, aide à la famille, blanchisseries, etc.

    Être confiné exacerbe les tensions et place les gens face à un risque accru de violence. De plus, se séparer peut impliquer de tomber sous le seuil de pauvreté. Chaque personne doit pouvoir réellement décider avec qui elle souhaite vivre (ou pas).

    >> Un plan public massif de rénovation et de construction de logements sociaux.

    La pandémie et la dépression économique en développement accentuent toutes les difficultés auxquelles les femmes sont confrontées dans ce système.

    >> Plus que jamais, il est crucial de rentrer en résistance et de nous engager dans les luttes de masse à travers le monde pour la défense de nos droits et pour en arracher de nouveaux !

    >> Attaquons-nous à la racine du problème : le capitalisme repose sur les inégalités. Une infime élite d’ultra-riches nous exploite et a besoin de nous diviser pour continuer de le faire. Renversons le capitalisme pour donner naissance à une société reposant sur l’épanouissement de chacun.e. Voilà ce que nous entendons par “féminisme socialiste”. Rejoins la Campagne ROSA !

    Conférence nationale “Bread and Roses” – Samedi 13 mars de 14h à 18h via Zoom

    Que tu veuilles découvrir davantage la Campagne ROSA ou que tu sois déjà acti.ve.f cette conférence est faite pour toi !

    14H >> RENCONTRE INTERNATIONALE
    Avec 3 féministes socialistes de Suède, des USA et de Pologne.

    15H >> 3 ATELIERS AU CHOIX
    – Racisme, sexisme : même racine, même combat ? #BlackLivesMatter #NiUnaMenos
    – Que signifierait aujourd’hui le socialisme pour les femmes ? Comment lutter pour ce système ?
    – Comment lutter contre la culture du viol ?

    16H45 >> CONTRE L’OPPRESSION ET L’EXPLOITATION : ORGANISONS-NOUS!
    Victoire à l’UGent pour les 14€/h, La Santé en Lutte et la nécessité de déconfiner les luttes, construction d’une “Pride is a Protest” et de comités locaux ROSA.

    Gratuit. Toute participation financière est la bienvenue pour nous permettre de poursuivre nos activités : 2, 5, 10, 50€ ou plus sur le compte BE54 5230 8095 8497 au nom de la Campagne ROSA.

    Grande manif de La Santé en Lutte – Samedi 15 mai / Le personnel soignant descendra à nouveau dans les rues pour réclamer plus de personnel, de meilleurs salaires et des soins de qualité. Mobilise à nos côtés !

    Camp d’été anticapitaliste, du 2 au 8 juillet / La Campagne ROSA avec les Étudiants de Gauche Actifs et le PSL (la section belge d’Alternative Socialiste Internationale) organisent un camp pour se détendre et se rencontrer après le (semi)confinement, mais aussi et surtout, pour discuter politique. Si on veut combattre ce système qui exploite et discrimine, il faut impérativement comprendre comment il fonctionne ! Une occasion à ne pas manquer.

  • Stop à la précarité menstruelle !

    Pour un nombre croissant de femmes, les menstruations ne sont pas seulement une gêne biologique, mais aussi une charge financière. Une enquête menée par PLAN International l’année dernière a montré que plus de la moitié des jeunes femmes âgées de 12 à 19 ans ont des difficultés à payer leurs produits menstruels.

    En Belgique, cela représenterait 12 % des jeunes femmes entre 12 et 25 ans. En réponse à ce problème, l’Écosse a choisi de mettre gratuitement à disposition des serviettes hygiéniques et des tampons hygiéniques. C’est le premier pays au monde où vous pouvez vous procurer ces produits de base dans les pharmacies, les centres communautaires (maisons de quartier,…) et les clubs de jeunes sans avoir à payer.

    En Belgique, le PTB a proposé un projet de loi similaire pour fournir des produits menstruels gratuits dans les écoles secondaires en Flandre. Pour l’instant, la proposition n’est soutenue que par Groen et le Spa.

    Un tel projet de loi devrait aller au-delà et permettre une offre gratuite de tampons et de serviettes hygiéniques dans les bâtiments publics afin de garantir que toutes les habitantes du pays aient accès à ces articles essentiels. C’est pourquoi nous devons continuer à nous battre ! Nous devons continuer à faire pression sur les autorités et soulever cette question lors des activités du 8 mars.

    Mais même cela ne serait qu’un premier pas dans la bonne direction. Pour vraiment mettre fin aux problèmes soulevés par cette thématique, nous devons tout simplement mettre fin à la pauvreté.

    Ces produits de base continueront à être commercialisés par les industries capitalistes comme des luxes plutôt que comme des besoins de base. Il ne s’agit pas seulement des produits menstruels, même les moyens contraceptifs devraient être gratuits. Les entreprises qui fabriquent ces produits ne doivent pas rechercher des profits élevés, mais l’intérêt de la majorité de la population.

  • 8 mars. La Covid et la dépression économique menacent l’émancipation des femmes : organisons-nous et ripostons !


    Déclaration conjointe d’Alternative Socialiste Internationale et de ROSA-International

    L’année 2019 fut une année de révolte de masse. Les femmes – et tout particulièrement les jeunes femmes – avaient fait partie intégrante de ces mobilisations , avec leurs propres revendications et bien souvent en première ligne. Cela avait nourri l’espoir des femmes du monde entier. Mais la pandémie et la crise économique qui en a découlé en 2020 représentent une réelle menace pour les conquêtes des femmes arrachées au cours des décennies précédentes.

    Faisant référence à l’accroissement des tâches domestiques et des soins familiaux prises en charge par les femmes, la directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes, Anita Bhatia, a averti : « La pandémie de coronavirus pourrait anéantir 25 ans d’égalité croissante entre les genres ». Selon elle, il y a un « risque réel de revenir aux stéréotypes de genre des années 1950 ». (BBC, 26 novembre)

    Plus de travail non rémunéré, moins de travail rémunéré : l’indépendance financière des femmes est menacée

    Avant le début de la pandémie, les femmes faisaient en moyenne trois fois plus de travail non rémunéré que les hommes. Cette inégalité n’a fait que s’accroître au cours de l’année dernière. « Plus alarmant encore est le fait que de nombreuses femmes ne retournent pas au travail. Rien qu’au mois de septembre, aux États-Unis, quelque 865.000 femmes ont quitté la vie active contre 200.000 hommes, ce qui s’explique en grande partie par le fait qu’il y avait des soins à prendre en charge et qu’il n’y avait personne d’autre dans les environs », poursuit A. Bhatia.

    Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), l’équivalent de 140 millions d’emplois à temps plein pourraient être perdus à cause de la Covid 19, l’emploi des femmes étant 19 % plus menacé que celui des hommes. Les dégâts sont énormes dans le secteur informel, dans lequel 58 % des femmes travaillent dans le monde entier. Selon ONU-Femmes, les travailleuses et travailleurs informels ont perdu en moyenne 60 % de leurs revenus. Un pourcentage stupéfiant de 72 % parmi celles et ceux qui travaillent dans le secteur domestique (parmi lesquels 80 % de femmes), ont perdu leur emploi, alors que ces emplois ne bénéficient pas de protection de base telles que des congés payés, un préavis ou des indemnités de licenciement.

    « Mais même dans le secteur formel, le virus semble aggraver les inégalités, selon le rapport (d’ONU Femmes), les femmes du Bangladesh étant six fois plus susceptibles de perdre des heures de travail rémunérées que les hommes ». (The Telegraph, 26 novembre). Selon un recensement effectué en septembre 2020, près de 7 millions d’Américains n’ont pas d’emploi en raison de la garde des enfants. « Comme les femmes gagnent moins que les hommes en moyenne, c’est souvent la mère qui fait un pas de côté. Les femmes perdent des compétences précieuses pendant la période où elles ne travaillent pas, ce qui peut rendre la recherche d’un emploi plus difficile à l’avenir et nuire aux finances familiales, selon l’analyste Malik du Center for American Progress. » (Bloomberg, 30 septembre)

    En Inde, les données indiquent que la participation déjà alarmante des femmes à la population active avant la pandémie – seulement 20 % – s’est encore aggravée. En avril et mai, au moins 4 femmes sur 10 ont perdu leur emploi, soit 39 % contre 29 % des hommes, selon le Centre de surveillance de l’économie indienne.

    Au Brésil, selon les données officielles, plus de la moitié de la population féminine de plus de 14 ans est exclue du marché de l’emploi (un taux d’activité de 45,8 %). Selon les données du Registre général des employés et des chômeurs, en 2020, les hommes ont occupés 230.200 nouveaux emplois alors que les femmes en ont perdu 87.600.

    La crise économique actuelle a des effets dévastateurs sur les travailleuses et travailleurs du monde entier, et son impact disproportionné sur les femmes pourrait entraîner des reculs durables. ONU-Femmes avertit que la croissance de la pauvreté frappera plus durement les femmes, en particulier les femmes âgées de 25 à 34 ans. « En 2021, on prévoit qu’il y aura 118 femmes âgées de 25 à 34 ans vivant dans l’extrême pauvreté pour 100 hommes âgés de 25 à 34 ans vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde, et ce ratio pourrait passer à 121 femmes pauvres pour 100 hommes pauvres d’ici 2030. »

    L’augmentation soudaine du chômage structurel de masse aura un visage plus féminin que jamais. Cela plongera de nombreuses femmes dans la pauvreté et la dépendance vis-à-vis de leur partenaire. Comme nous l’avons vu dans les années 1930, cela pourra également conduire à des luttes acharnées autour de revendications liées aux allocations sociales et à la sécurité sociale, avec de bonnes chances d’obtenir des concessions. A plus long terme, cela pourra conduire à des luttes en faveur de la réduction collective de la semaine de travail sans perte de salaire.

    La dépression économique aggravera la pandémie de violence sexiste

    Durant le premier confinement en Chine, une énorme augmentation de la violence domestique a eu lieu. Cette situation est devenue une caractéristique internationale avec la propagation de la pandémie. En 2019, selon ONU-Femmes, 243 millions de femmes âgées de 15 à 49 ans (18 %) avaient déclaré avoir subi des violences sexuelles et/ou physiques de la part d’un partenaire intime au cours de l’année écoulée, ce chiffre passant à 30 % lorsqu’on le mesure sur l’ensemble d’une vie. Ce chiffre a considérablement augmenté en 2020. Il est estimé à 40% dans des régions telles que l’Asie du Sud-Est, selon l’Organisation mondiale de la santé.

    Un rapport de la Banque mondiale publié le 1er octobre 2020 souligne que les féminicides ont plus que doublé au Royaume-Uni au cours des deux premiers mois de confinement. Des recherches menées aux États-Unis ont mis en lumière l’augmentation de la violence domestique, ainsi qu’une augmentation de la gravité des blessures signalées. Au Cameroun et au Nigeria, les travailleuses sont plus exposées au harcèlement et aux abus sexuels car la perte d’opportunités économiques a poussé les femmes encore plus profondément dans le secteur informel où leur vulnérabilité est plus grande. En Inde, des groupes de femmes ont révélé que des pressions sont exercées sur les filles pour qu’elles réfléchissent au mariage de leurs enfants, car l’accès à l’éducation et aux moyens de subsistance est incertain.

    Une étude publiée en octobre par le Fonds d’affectation spéciale des Nations unies pour mettre fin à la violence contre les femmes a montré que tous les types de violence contre les femmes et les filles se sont intensifiés pendant la pandémie. C’est surtout le cas de la violence domestique, avec tant de femmes enfermées dans leur maison avec des partenaires violents. Cette augmentation est alimentée par des soucis de santé et d’argent, créant des tensions accentuées par l’exiguïté des conditions de vie, alors que les services sociaux, les soins de santé et le soutien aux victimes étaient déjà largement insuffisants avant le confinement.

    ONU-Femmes signale également une augmentation de la violence en ligne partout où les femmes ont accès à la technologie. Avant la pandémie, une femme sur dix dans l’Union européenne déclarait avoir subi du cyber-harcèlement depuis l’âge de 15 ans. L’utilisation des plate-formes en ligne a considérablement augmenté l’année dernière, des millions de femmes utilisant fréquemment les vidéoconférences pour travailler ou étudier. Plusieurs experts parlent d’une augmentation du harcèlement moral, de l’intimidation, du harcèlement sexuel et du “sex trolling” en ligne.

    La seule manière d’empêcher le recul de la position des femmes : s’organiser et se battre !

    Mais en même temps, le mouvement des femmes a fait preuve d’une remarquable résilience et le frein représenté par la pandémie sur les mouvements fut de très courte durée. Fin janvier dernier, les militantes argentines ont ainsi remporté une victoire dans leur combat de masse de longue haleine en faveur de l’avortement légal jusqu’à 14 semaines.

    Malgré un risque élevé de contamination et les restrictions liées au confinement, les femmes ont riposté en masse en Pologne contre une nouvelle étape vers l’interdiction totale de l’avortement. Elles ont reçu plus de soutien qu’auparavant de la part de couches plus larges de la société. Cette lutte va se poursuivre et les futures protestations contre le gouvernement polonais de droite sont déjà assurées de pouvoir compter sur la force de combat des femmes.

    Dans chaque grande révolte de ces deux dernières années, les femmes, et en particulier les jeunes femmes, ont joué un rôle crucial et souvent de premier plan dans la lutte. Ce fut à nouveau évident lors des soulèvements en Thaïlande et en Biélorussie. Leurs revendications spécifiques ont fusionné organiquement avec les revendications économiques et sociales des mouvements contre les énormes inégalités déjà présentes avant la pandémie et qui depuis lors ont été renforcées par celle-ci. Elles ont fusionné avec les revendications politiques visant à se débarrasser des gouvernements responsables à la fois de cette croissance des inégalités et de la gestion désastreuse de la pandémie, une gestion qui repose sur la primauté des intérêts de la classe capitaliste sur les intérêts des masses.

    Pour de nombreux travailleurs et travailleuses des services essentiels hautement féminisés comme la santé et l’éducation, il était évident dès le début de la pandémie que les décennies de coupes budgétaires et de sous-financement de leurs secteurs – y compris leur marchandisation et leur privatisation – avaient un impact effroyable sur la capacité à faire face à cette crise sanitaire. Cela a eu ses répercutions en termes de décès mais aussi en termes de conditions de travail impossibles et de sacrifices imposés au personnel. Avant même que ne survienne la Covid, ces secteurs connaissaient déjà des mobilisations en divers endroits du monde pour s’opposer aux effets des politiques néolibérales sur leurs conditions de travail ainsi que sur la qualité et l’accessibilité de leurs services. Le soutien dont ces secteurs disposent aujourd’hui dans la société s’est considérablement accru. Dans ces services essentiels, la lutte se poursuivra pour garantir qu’il n’y ait pas de retour à la « normale » : être sous-payés, déconsidérés et surchargés de travail.

    La vaccination suit aujourd’hui la même logique désastreuse que la gestion de la pandémie elle-même. Au niveau international, la lenteur de la vaccination et la distribution inégale du vaccin font courir le risque très réel que la Covid domine encore longtemps nos vies, alors que de nouvelles variantes continuent à se développer. Mettre fin au brevet et diffuser la technologie et le savoir-faire pour garantir que le vaccin puisse être produit partout est une étape logique qui s’impose, mais cela va à l’encontre des intérêts des multinationales pharmaceutiques. Pour distribuer le vaccin dans le monde entier à une vitesse suffisamment élevée, il faut en outre créer un service de santé capable de fournir des soins universels de qualité, avec des infrastructures, du personnel et des moyens suffisants. Les problèmes actuels de la vaccination soulignent dramatiquement la même conclusion que celle qui s’impose depuis le début de la gestion de cette crise sanitaire : il faut en finir avec la logique qui fait prévaloir les profits privés sur les besoins humains.

    Il est urgent d’investir massivement dans des soins de santé publics de haute qualité, accessibles à tous. Partout dans le monde, les professionnels de la santé se sont battus pour obtenir davantage de moyens pour leur secteur et, dans de nombreux endroits, ils ont pu obtenir des investissements supplémentaires et le type d’augmentation de salaire dont on ne pouvait que rêver avant la crise sanitaire. Sous la pression de la lutte sur les lieux de travail dans le secteur et grâce au soutien massif apporté aux travailleuses et travailleurs de la santé dans la société, en Belgique, les gouvernements du fédéral et des Régions ont débloqué environ 3 milliards d’euros, dont la majeure partie sera consacrée à des augmentations de salaire et à des primes. En France, les travailleuses et travailleurs de la santé ont obtenu 7,5 milliards d’euros dans le cadre de l’accord salarial de l’été dernier. Cela représente des sommes massives, mais c’est insuffisant pour faire face à la pénurie d’infrastructures et au faible niveau d’effectifs. Le problème de la marchandisation et de la privatisation reste également entier. Il fera partie de la lutte des prochaines années : nulle part ailleurs le nombre de décès n’a par exemple été aussi élevé que dans les maisons de repos et de soin privées.

    La lutte contre le sexisme sous toutes ses formes s’est poursuivie. L’année dernière, #MeToo s’est étendu à de nouvelles régions comme les Balkans et la Chine. Dans ce dernier pays, à l’automne dernier, deux cas de violence domestique ont suscité une vaste indignation publique, notamment concernant la censure du régime sur les réseaux sociaux. Une femme, Fang, avait été battue à mort par son mari et ses parents en raison de son infertilité. Les meurtriers avaient bénéficié d’une peine très clémente, ce qui a déclenché une vague de colère qui a poussé les autorités judiciaires à promettre un nouveau procès. Dans d’autres pays, nous assistons à une deuxième vague #MeToo. En France, le compte Instagram « je dis non chef » a regroupé des milliers de témoignages dans l’hôtellerie et la restauration pour dénoncer le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Mais il y a également eu l’essor de #MeToo Inceste, qui a attiré l’attention sur les incestes.

    La lutte des travailleuses et travailleurs pour la santé et la sécurité au travail n’a pas été arrêtée, même avec le frein que les directions syndicales ont mis sur ce combat. Mais alors que dans la plupart des endroits, la lutte s’est adaptée pour respecter les mesures sanitaires, des mouvement de masse ont également éclaté malgré le risque de contamination et les mesures de confinement sous la pression d’attaques directes. Il est impossible que les femmes qui ont participé aux mouvements féministes de ces dix dernières années s’arrêtent. Ni d’ailleurs celles qui sont engagées dans les luttes de secteurs très féminisés comme les soins de santé et l’éducation pour la revalorisation de leur travail ou dans le commerce de détail et le nettoyage pour des contrats et des salaires décents. Nous ne prendrons pas cela à la légère !

    Le féminisme socialiste est plus que jamais nécessaire !

    L’année dernière, des sections des sections d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) et de ROSA ont joué un rôle important dans des pays comme l’Irlande, la Russie, le Brésil, l’Autriche et la Belgique en traduisant la colère des femmes en une lutte active dans les rues, dans les lieux d’étude et sur les lieux de travail. Nous nous battons pour construire la solidarité et pour impliquer les organisations de la classe ouvrière dans la lutte contre toutes les formes de discrimination, en comprenant que le capitalisme est à la base de chacune d’entre elles. En luttant contre toute attaque et en faveur de toute réforme ou concession que nous pouvons obtenir dans la situation actuelle, nous soulignons également la nécessité de changer fondamentalement la société en nous débarrassant de l’élite avide de profits qui dirige la société dans son propre intérêt au prix de centaines de milliers de vies humaines.

    Les mobilisations du 8 mars de l’année dernière comportaient la magnifique et énorme grève au Mexique et des manifestations massives dans tout un certain nombre de pays. Cette année, de nombreuses mobilisations seront limitées par la pandémie et les confinements. Mais nous appelons toutes celles et ceux qui désirent se battre pour un monde où les femmes ne seront plus des citoyennes de seconde zone et où elles pourraient prendre leur place légitime dans la société à marquer cette date par des actions autour de revendications imposées par la terrible crise que le capitalisme nous fait subir.

    Cela comporte notamment une stratégie de vaccination capable d’assurer qu’il y a une lumière au bout du tunnel : une vaccination rapide et universelle en plaçant les entreprises de soins de santé et pharmaceutiques aux mains du public et en installant un contrôle des travailleuses et des travailleurs de manière à assurer que ces secteurs reposent sur la satisfaction des besoins de la majorité de la population. Des investissements massifs sont nécessaires pour restaurer un service public de santé de qualité, accessible à tous, qui n’utilise pas son personnel comme des martyrs, mais qui lui offre des conditions de travail et de salaire décentes.

    Il en va de même pour les services essentiels comme l’éducation et la garde d’enfants. Les écoles ont dû être fermées non seulement à cause du développement du virus, mais aussi parce que suite à des décennies de sous-investissement et de coupes budgétaires, les infrastructure et le personnel manquaient pour pouvoir les maintenir ouvertes en toute sécurité. Des investissements massifs sont nécessaires pour créer des écoles sûres, et aussi pour créer des moyens sûrs de se rendre à l’école en investissant dans les transports publics.

    La lutte contre la violence à l’égard des femmes a pris une importance croissante dans le monde entier au cours de la dernière décennie. Les gouvernements ont fourni des refuges temporaires aux victimes de la violence domestique – femmes, enfants, jeunes LGBTQI – mais il faut beaucoup plus. La violence sexiste n’est pas le résultat de la pandémie et ne sera pas résolue par des mesures temporaires. Des services publics décents tels que des refuges pour personnes battues ; une assistance sociale et psychologique aux victimes ; la formation de personnel compétent pour tous les services traitant ce problème, y compris la police et le personnel du système judiciaire ; une éducation sexuelle décente non-hétéronormée et qui met l’accent sur le consentement ; le développement de moyens thérapeutiques adéquats pour éviter la récidive des auteurs de violences : tout cela représente des revendications immédiates pour lesquelles nous devons nous battre afin de réagir au problème tel qu’il se pose aujourd’hui.

    Pour prévenir la violence sexiste, il faut lutter avec détermination pour l’indépendance financière des femmes : des emplois décents avec de bons contrats et des salaires décents pour toutes et tous, y compris avec un salaire minimum qui permette de vivre ; la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire pour lutter contre le chômage ; des services publics pour garantir que les femmes puissent participer pleinement à la société en collectivisant une grande partie de ce qui est considéré comme des tâches domestiques ; une sécurité sociale qui garantit que les personnes qui ne peuvent pas travailler reçoivent des allocations qui ne les condamnent pas à la pauvreté ; des logements abordables grâce à un investissement massif dans le logement social.

    Les confinements ont réduit la vie sociale à presque rien, créant des problèmes massifs de santé mentale car les humains ne sont pas censés être seuls tout le temps. Des secteurs entiers tels que le secteur de l’hôtellerie, de la culture et de l’événementiel connaissent actuellement une vague de faillites, qui s’accélérera une fois que les aides publiques auront cessé. Ces secteurs ont une grande importance dans la vie récréative et sociale des gens, mais ils ont été presque entièrement privatisés au cours des décennies de domination néolibérale, laissant les jeunes et les travailleuses et travailleurs ordinaires des villes avec seulement leurs quatre murs. Il faut lutter pour soutenir les petites entreprises de ces secteurs sur la base de besoins avérés, tout comme pour la création d’installations récréatives publiques permettant de fournir ces services à la population, mais aussi de créer des emplois pour une main-d’œuvre qui risque de connaître un chômage massif.

    Pour avoir les moyens de financer un tel programme, nous luttons pour la nationalisation du secteur financier et des secteurs clés de l’économie afin que les moyens produits par la classe ouvrière internationale puissent réellement être utilisés pour planifier démocratiquement la production afin de servir les intérêts de la majorité de la population mondiale. Dans une société capitaliste, les profits représentent la préoccupation première, ce qui conduit à la précarité et à la misère pour de larges couches de la population, avec des discriminations systématiques de toutes sortes comme aspect inhérent à la société, mais aussi à la destruction de l’environnement.

    Ce sont des revendications que nous voulons mettre en avant à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes et des luttes auxquelles nous nous engageons. Pour les obtenir, nous avons besoin de la plus grande unité possible entre la classe ouvrière et les couches opprimées de la société : travailleuses et travailleurs, femmes, jeunes, personnes de couleur, personnes LGBTQI et autres couches opprimées. Pour remporter la victoire, nous devons retirer le pouvoir et le contrôle des élites dirigeantes qui se sont encore plus enrichies à la suite de cette crise gigantesque qui a frappé l’humanité l’année dernière et donner le pouvoir d’État aux mains de la majorité de la population pour totalement réorganiser celui-ci afin de servir les intérêts de la majorité sociale et de la planète. Seule la classe ouvrière, unifiée dans sa grande diversité, dispose du pouvoir potentiel pour le faire de part sa place dans la production et dans la société dans son ensemble.

    Nous sommes engagés dans une lutte pour le socialisme, une société où la démocratie ne se limitera pas à voter tous les deux ans, mais où cela signifiera que la majorité de la population sera impliquée dans la prise de décision concernant ce qui est produit et de quelle manière. Nous appelons toutes celles et ceux qui veulent se battre à nous rejoindre dans ces luttes et à construire les mouvements et les organisations dont nous avons besoin pour obtenir la victoire.

  • 8 mars : En action contre le sexisme !

    La crise sanitaire actuelle a mis en évidence l’importance des luttes féministes. Dans l’adoption des mesures sanitaires, les gouvernements n’ont pas tenu compte des situations précaires vécues par de nombreuses femmes. Les discriminations et violences sexistes et racistes ont gagné en ampleur. Chaque jour est un combat pour les femmes, elles doivent être en première ligne de la défense de leurs défendre leurs droits, des droits que la classe capitaliste limite pour préserver ses profits, ce qui dans les faits renvoie les femmes au foyer. Le 8 mars, nous dirons : Résistance ! Notre patience est à bout !

    Par Tine et Isabel, ROSA-Anvers

    Contre l’inégalité du système

    En 2021, il est clair que la lutte contre l’oppression et le sexisme n’a pas encore atteint son but. Selon l’Organisation mondiale de la santé, un tiers des femmes ont déjà subi des violences depuis le premier confinement. Les femmes sont prises au piège avec leurs agresseurs et n’ont souvent pas les moyens de fuir. En outre, des années de politiques d’austérité ont réduit les possibilités d’échapper à ses situations. La privatisation des services publics, la réduction des budgets des CPAS, etc. ont réduit les options qui s’offrent aux victimes.

    Et pourtant, tout le monde n’a pas été appauvri par la pandémie. Les chaînes de magasins et les multinationales ont réalisé des bénéfices considérables alors que leur personnel était exposé quotidiennement au risque d’infection, pour un salaire minimal. Même le personnel soignant, qui travaille en double équipe depuis des mois (avec à peine plus que des applaudissements comme consolation), est désespéré. En attendant, les grandes entreprises pharmaceutiques vendent leurs vaccins au plus offrant et gagnent des millions.

    La Journée internationale de lutte pour les droits des femmes

    Tapons sérieusement du poing sur la table et faisons entendre nos revendications en occupant les rues ! Protester et mener des actions est toujours nécessaire et possible, c’est ce que la Campagne ROSA a encore démontré lors des actions du 25 novembre à l’occasion de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes. Faisons du 8 mars une autre journée internationale d’action où nous unirons nos voix contre les politiques d’austérité et l’oppression des femmes et de la communauté LGBTQ+.

    La Journée internationale des femmes a vu le jour en 1908, lorsque des travailleuses américaines du textile organisaient une grève pour de meilleures conditions de travail le 8 mars. Le 8 mars prochain, plus de cent ans après, nous devons toujours nous battre pour un changement de système. Il nous faut une riposte féministe socialiste. Nous exigeons des emplois décents, afin que les femmes puissent être économiquement indépendantes de leur partenaire. Les femmes méritent une place à part entière dans la société : c’est pourquoi nous avons besoin de ressources suffisantes pour offrir des soins de qualité et pour que les femmes et les personnes LQBTQ+ puissent sortir de situations précaires. La gratuité des produits menstruels, de la contraception et de l’éducation sexuelle occupe également une place importante.

    Organisons-nous !

    La Campagne ROSA demande que les richesses soient redistribuées à celles et ceux qui les produisent. Luttons ensemble pour faire barrage au recul social et empêcher que la prochaine génération de femmes ne soit reléguée au siècle dernier ! La société doit être au service de tous, pas seulement des capitalistes. Nous n’obtiendrons pas de changement social du jour au lendemain, nous devons nous battre pour cela.

    Participez à l’une de nos actions (dans le respect des mesures sanitaires) dans différentes villes, mais sur votre lieu d’étude ou votre lieu de travail ! Le 8 mars est une journée de lutte : descendons dans la rue et rejoignez la Campagne ROSA. Mon corps, mon choix !

    Participez aux actions du 8 mars

    13 mars : Journée Bread & Roses. Conférence nationale de la campagne ROSA

  • 8 mars. Seule la lutte peut empêcher le recul de l’émancipation des femmes

    Par rapport à l’an dernier, le 8 mars aura lieu dans un monde totalement différent. « La pandémie de covid-19 menace de réduire à néant les progrès réalisés en matière d’opportunités économiques pour les femmes et de creuser l’écart entre les sexes qui subsiste malgré 30 ans de progrès », a écrit le Fonds Monétaire International (FMI) l’été dernier. Dans une opinion publiée dans le Volkskrant (01/11/2020), deux féministes déclaraient clairement : « La pandémie menace aussi l’émancipation ».

    Par Anja Deschoemacker

    Pour être tout à fait honnête, le FMI aurait dû parler de « progrès très limités et à peine perceptibles » de ces 30 dernières années et souligner que cela s’est produit dans un contexte d’inégalités croissantes où la croissance économique n’a guère profité à la majorité de la population. Mais une chose est claire : les luttes de masse des femmes qui se sont produites à travers le monde cette dernière décennie devront se poursuivre, s’étendre et gagner en organisation si l’on souhaite éviter que la pandémie ne soit le début d’un recul marqué en matière d’émancipation des femmes.

    Le salaire des femmes a deux fois plus souffert de la crise sanitaire

    Selon un rapport de l’Organisation Internationale du Travail, la crise sanitaire a tout particulièrement fait pression sur les salaires des femmes (De Standaard, 03/12/2020). En Europe, la Belgique est l’un des pays où l’écart entre les genres est le plus important : la perte de salaire due à la pandémie est deux fois plus élevée pour les femmes que pour les hommes, soit 12,7 % contre 6,6 %. Cela s’explique principalement par la surreprésentation des femmes dans les secteurs durement touchés par la pandémie et les confinements (magasins, horeca, tourisme, etc.), mais aussi par le fait que de nombreuses mères ont dû arrêter temporairement de travailler pour s’occuper de leurs enfants. Cette situation s’aggravera encore lorsque les mesures de soutien aux secteurs touchés cesseront et que le chômage structurel se développera.

    Tâches domestiques alourdies, essentiellement pour les femmes

    De nouvelles statistiques (ONU-Femmes) apparues en novembre indiquent que la pandémie pourrait effacer 25 ans de progrès en matière d’égalité des genres (BBC News, 26 novembre 2020). Selon Anita Bhatia d’ONU-Femmes, l’accroissement de la charge domestique pose « un risque réel de retour aux stéréotypes sexistes des années 1950 ». Avant la pandémie, les femmes consacraient trois fois plus de temps que les hommes au travail domestique non rémunéré. « Je vous assure que ce chiffre a plus que doublé », affirme Bhatia. En Belgique également, il semble que le « congé corona », par exemple, soit pris de manière inégale : en septembre, 75% d’entre eux avaient été pris par des femmes (Bruzz, 23/11/2020).

    Forte augmentation de la violence à l’égard des femmes

    Les chiffres varient mais, partout, le confinement s’est accompagné d’une forte augmentation de la violence et des agressions sexistes. Avant la pandémie, selon l’ONU-Femmes, 18 % des femmes dans le monde déclaraient avoir été victimes de violences sexuelles et/ou physiques de la part de leur partenaire au cours de l’année écoulée. Au cours d’une vie, il s’agissait de 30% des femmes. Les chiffres de 2020 démontrent une forte augmentation de toutes les formes de violence : du fait du partenaire mais en rue et en ligne. Avant la crise sanitaire, dans l’Union européenne, une femme de plus de 15 ans sur dix disait avoir été victime de harcèlement en ligne; ce chiffre a également fortement augmenté avec l’explosion du temps que nous passons en ligne.

    Aucun retour à l’anormal : luttons pour un meilleur avenir pour nous et nos enfants !

    Nous ne disposons pas encore d’un tableau complet de la situation. Les mesures de soutien aux entreprises et aux travailleurs empêchent pour l’instant une forte augmentation du chômage et de la pauvreté. Mais n’ayons aucune illusion : ce gouvernement prend des mesures pour sauver son système – le capitalisme – non pas parce que ces partis sont soudainement préoccupés par nos conditions de vie. Marx a soutenu à juste titre dans Le Capital que le capital est insouciant quant à la santé et à la longévité du travailleur, à moins qu’il ne soit forcé d’en tenir compte par la société. C’est encore plus vrai pour les femmes qui, à chaque crise économique, sont renvoyées au foyer ne fut-ce que partiellement, et donc renvoyées vers la dépendance économique vis-à-vis d’un homme.

    La pandémie n’a fait qu’accentuer les difficultés auxquelles les femmes sont confrontées dans ce système. La dépression économique en développement assurera que cela reste le cas. Ce qui est nécessaire, ce ne sont pas des mesures temporaires, mais un changement de système qui empêche les femmes de payer le prix fort de la crise. Voilà notre message central pour le 8 mars : combattre chaque mesure qui tentera de nous faire payer la crise, mais aussi nous organiser au travers de cette lutte pour retirer aux capitalistes le contrôle de la société et de nos vies.

    Le 8 mars, passez à l’action avec la Campagne ROSA dans votre école, votre entreprise, votre quartier, avec vos proches,… Rejoignez-nous également pour soutenir l’action du personnel soignant, de l’enseignement, de la distribution : ces travailleuses et travailleurs sur lesquels la société a reposé durant cette crise sanitaire. Rejoignez-nous dans la lutte pour un Accord interprofessionnel qui ne permette pas au patronat de répercuter les coûts de la crise sanitaire sur les travailleuses et travailleurs, tout en se sauvant eux-mêmes avec les bénéfices. Aidez-nous à construire une alternative féministe socialiste, en Belgique et dans le monde : rejoignez la Campagne ROSA et faites partie de ROSA – International Socialist Feminists !

  • Une approche féministe pour faire face au (semi)confinement : c’est essentiel pour toutes et tous

    L’UGent récolte en ce moment des données pour déterminer l’impact de la crise sanitaire sur les femmes. Une première étude couvrant le premier mois de confinement, au printemps dernier, soulignait déjà un niveau de stress supérieur à la moyenne pour 56% des personnes interrogées. L’étude indique que « l’augmentation du stress ne contribue pas seulement à de nombreux problèmes de santé, il est aussi un facteur de risque pour le développement et la poursuite de diverses formes de violence » et estime que « une personne sur cinq est victime de violence, mais seulement une victime sur cinq a demandé de l’aide ».

    Par Emily Burns, Coordinatrice nationale de la Campagne ROSA

    Il est vrai que quelques mesures d’urgence ont été mises en place au printemps, comme l’initiative du code « masque n°19 », pour que les personnes victimes de violences puissent discrètement demander de l’aide en pharmacie. Le gouvernement nous autorise aussi à sortir malgré le couvre-feux pour fuir des coups (il manquerait plus que ça !). Des places d’accueil avaient été ouvertes dans des hôtels durant la fermeture du secteur mais cette initiative – fort médiatisée – était largement insuffisante et surtout temporaire.

    Faire le choix d’une société où chaque personne peut décider avec qui elle souhaite vivre (ou pas), où les victimes de violences peuvent s’extirper de cette situation (et pas juste pour quelques jours), implique de placer au cœur de nos revendications l’accessibilité au logement. Concrètement, cela signifie de lutter pour un plan public massif de rénovation et de construction de logement sociaux. Gardons en tête que cette crise sanitaire risque de ne pas être la dernière du genre. Être confiné dans une cage à lapin exacerbe les tensions et cela place les gens face à un risque accru de violence.

    Avec la crise, le chômage (temporaire ?) a explosé. 90% des allocataires sociaux se retrouvent sous le seuil de pauvreté. Et la situation est encore plus critique pour les personnes cohabitantes (60% des femmes). Elles se retrouvent avec un « demi chômage » qui atteint vite 22,02€ par jour ouvrable. Il est inacceptable que les revenus de remplacement dépendent de notre situation de couple. Il est indispensable d’individualiser les droits sociaux et de les relever au moins au-dessus du seuil de pauvreté.

    Les demandes d’aide alimentaire et de biens de première nécessité explosent. Un budget exceptionnel de 7 millions d’euros a, à nouveau, été alloué en octobre pour tenter d’y faire face. Un sparadrap sur une jambe de bois… Ainsi, 12% des femmes ont régulièrement des difficultés pour payer leurs protections menstruelles. D’ailleurs, pourquoi n’en trouve-t-on toujours pas dans les WC des écoles, des autres services publics et des lieux de travail ? C’est pourtant aussi nécessaire que du papier toilette.

    Les écoles sont mises en quarantaine à tour de bras, mais l’empathie des employeurs fut de courte durée : il faut être performant tout en s’occupant des enfants alors que les activités extrascolaires sont réduites à peau de chagrin. En télétravail, les journées sont interminables et se ressemblent. Une pause est l’occasion de lancer une lessive et non plus de bavarder quelques minutes entre collègues. D’autres pauses se prolongent pour assister le travail scolaire des enfants. Pour compenser, les parents en télétravail retravaillent en soirée dès que les enfants sont au lit. Il n’est plus possible de se déconnecter, de prendre du temps pour soi ou pour socialiser entre adultes. Il faut y répondre par la réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.
    Les femmes représentent 83,5% des cheffes de familles monoparentales en Wallonie. La Ligue des Familles revendique l’élargissement de leur bulle. L’entraide ne peut être laissée à l’initiative individuelle, elle doit être prise en charge par la société. Nous avons besoin de services publics qui combattent la double journée de travail des parents (et en particulier des femmes) avec suffisamment de garderies et de services d’aide à la famille par exemple, mais aussi avec le développement de services de blanchisserie.

    Notons enfin que les femmes sont largement majoritaires dans le secteur public et les secteurs essentiels (distribution, santé, aide aux personnes,…). Renforcer ces services signifie y améliorer les conditions de travail.

    C’est pour tout cela – et bien d’autres choses encore – que lutte la Campagne ROSA et que nous voulons mener des actions dans 15 villes le 8 mars prochain à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

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