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Tag: Unité à gauche
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Le PSL a envoyé une lettre au PTB pour les prochaines élections

Les élections du 26 mai prochain verront une progression importante du nombre d’élus du PTB dans les différents parlements. Pour le monde du travail, il s’agira d’un pas important en avant auquel le PSL souhaite contribuer. Nous avons donc écrit à la direction du PTB pour lui proposer notre collaboration.
Par Bart Vandersteene
“Tout d’abord, félicitations pour vos résultats aux élections communales d’octobre 2018. Le PTB a obtenu ses premiers sièges dans un certain nombre de villes centrales flamandes. Vous avez fait une véritable percée à Bruxelles et dans les principales villes wallonnes. Il s’agit d’un pas en avant important pour donner une traduction politique aux mouvements sociaux.
‘‘Vous savez que, dans la mesure de leurs possibilités, les sections et membres du PSL/LSP ont fait campagne pour obtenir le score le plus élevé possible en faveur des listes PTB/PVDA. A Keerbergen et à Saint-Gilles, nous avons participé à des listes plus larges d’opposition de gauche qui ont obtenu des scores respectables. Vous connaissez notre opinion : le score aurait pu être encore meilleur si le PTB/PVDA avait considéré comme étant sa tâche de réunir les différents mouvements de la gauche conséquente et les nombreux syndicalistes et activistes de gauche indépendants.
‘‘Le défi pour les prochaines élections législatives, aux niveaux européen, fédéral et régional, est encore plus grand. La crise du capitalisme et sa politique d’austérité ont provoqué beaucoup de colère et de résistance. Immédiatement après sa création, Michel 1er a été confronté à un mouvement de grève historique. Ce mouvement avait le potentiel de faire tomber le gouvernement et ses partis. Depuis, la résistance n’a jamais vraiment cessé, mais la question s’est posée de savoir quelle alternative s’offrait à nous en cas de chute de ce gouvernement. Le thème sécuritaire a été soulevé après les attentats de novembre 2015 en France et en particulier ceux du 22 mars 2016 en Belgique afin de détourner consciemment l’attention de la profonde crise sociale. La crise des réfugiés a également été utilisée par les partis de droite pour détourner toute l’attention politique des thèmes sociaux cruciaux. L’effet de tout cela peut être limité si le mouvement organisé des travailleurs parvient à mettre la lutte de classes à l’agenda au moyen de fortes mobilisations et de la défense d’un projet alternatif pour la société.
‘‘Les formes profondes d’exploitation, à travers la pression croissante au travail et la baisse du pouvoir d’achat, ont donné, ces dernières années, un nouvel oxygène à la résistance sociale. Il y a un siècle, le socialiste américain Eugène Debs disait : ‘‘Je m’oppose à un ordre social qui permet à un être humain de recueillir une fortune de millions de dollars en ne faisant rien d’utile, alors que des millions de femmes et d’hommes travaillent dur chaque jour et ont à peine assez pour mener une existence misérable.’’ Beaucoup de personnes se reconnaissent dans ces paroles, de plus en plus de gens y reconnaissent l’essence de notre système capitaliste.
‘‘De plus, les fantastiques mobilisations de la jeunesse expriment une grande colère face au refus des partis politiques classiques de s’en prendre à la racine du problème climatique.
‘‘La prochaine campagne électorale portera-t-elle sur le sécuritaire et les réfugiés, les graves manques de moyens de notre société étant placés dans ce contexte ? Ou bien alors l’attention sera-t-elle concentrée sur l’impact de l’accaparement des richesses mondiales par une infime couche d’ultra-riches ? La concentration de richesses sans précédent révèle les contradictions du système. Jamais auparavant l’humanité n’a eu une plus grande capacité à résoudre tous les problèmes cruciaux auxquels elle fait face. Jamais auparavant il n’a été aussi évident que cela n’était pas possible à cause du régime capitaliste de propriété privée des moyens de production, ce qui permet à une grande partie de la valeur produite de s’écouler vers l’élite capitaliste.
‘‘Une réponse de gauche claire et sans équivoque en faveur d’une alternative socialiste à cette folie peut frapper les esprits dans la lutte sociale et au moment des élections. Il existe de nombreux exemples internationaux qui ont récemment montré qu’une alternative combative et ambitieuse contre l’austérité peut compter sur un soutien large et enthousiaste.
‘‘En Belgique, la N-VA menace d’agiter le spectre communautaire, pendant et après les élections. Selon elle, le caractère ingouvernable du pays repose sur l’existence de deux réalités différentes. Les postiers wallons, les bagagistes bruxellois de Zaventem et le personnel flamand de Proximus, par exemple, ont cependant bien plus en commun ensemble qu’avec leurs mondes politiques traditionnels respectifs ou avec l’élite capitaliste qui parlent leur langue.
‘‘Nous sommes tout comme vous convaincus qu’un bon score pour le PTB en Wallonie et le PTB/PVDA à Bruxelles est tout à fait possible. Mais le potentiel est également croissant en Flandre en faveur d’une voix politique de gauche conséquente.
‘‘Le SP.a et le PS ont tous deux subi de sérieuses pertes ces dernières années, leur crédibilité est à juste titre remise en cause auprès des électeurs de gauche. Groen et Ecolo tentent d’en tirer profit en se présentant comme les nouveaux leaders de ce qu’ils considèrent comme la ‘gauche’’. Après les élections communales, ils ont montré une fois de plus qu’ils n’ont aucun problème avec la politique libérale classique. Sans tarder, ils sont entrés dans toutes sortes de coalitions locales avec le MR, l’Open VLD, le CDH ou la N-VA.
‘‘Nous devons nous engager dans l’important combat visant à assurer que le PVDA obtienne également de bons résultats en Flandre et que plusieurs députés arrivent aux parlements flamand et fédéral. De cette façon, nous pouvons répondre à ceux qui prétendent que les différences de score démontrent qu’il y a deux réalités différentes dans notre pays.
‘‘Le PSL/LSP s’est engagé à renforcer les résultats du PTB/PVDA, avec notre propre vision et un programme où nous défendons la nécessité d’une transformation socialiste de la société. Bon nombre de vos membres connaissent les nôtres en tant que syndicalistes et militants respectés. Souvent, ils se tiennent côte à côte dans la lutte. La meilleure manière pour nous de contribuer à votre campagne est de déposer des candidats du PSL/LSP qui peuvent offrir une réelle valeur ajoutée à vos listes et donner la meilleure motivation à nos membres pour travailler à l’obtention du meilleur résultat possible.
‘‘Aux dernières élections communales, nous vous avons tendu la main de façon similaire. Cela a cependant été refusé. Nous espérons que vous serez en mesure de réévaluer cette attitude et que vous considérerez cette lettre et la proposition que nous y faisons comme une contribution constructive à la lutte pour une alternative de gauche conséquente. Nous attendons votre réponse avec impatience.’’
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30 & 31 mars. SOCIALISME 2019 : du ras-le-bol à la riposte !- Programme complet & informations pratiques
- 16h – 18h : Parmi les ateliers de discussion : “PTB : Tirer les leçons de Zelzate, Molenbeek et Charleroi pour un gouvernement de la taxe des millionnaires”
- 16h – 18h : Parmi les ateliers de discussion : Théorie : “Socialisme utopique et socialisme scientifique”
- 19h – 20h30. Meeting “Stoppons l’austérité ! Vers un gouvernement de la taxe des millionnaires ?” Avec Stéphane Delcros membre du bureau executif du PSL, Ruth Coppinger députée irlandaise – Solidarity & Bart Vandersteene, porte-parole du PSL
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Le gouvernement wallon perd sa majorité… 12.000 manifestants envahissent Namur le même jour

Ce lundi 18 mars, le gouvernement wallon perdait sa majorité en raison d’une défection du MR vers les listes Destexhe. Ce même-jour, nous étions pas moins de 12.000 (9500 selon la police) à arpenter les rues de Namur pour dénoncer la politique de gouvernement MR-CDH et tout particulièrement la réforme APE (Aides à la Promotion de l’Emploi, des subventions publiques prévues pour soutenir l’emploi dans le secteur non marchand, les pouvoirs locaux et l’enseignement).
Cette réforme menace directement des milliers d’emplois et, à leur travers, des services aussi essentiels à la population que les crèches, les maisons de repos, les écoles, les centres et clubs sportifs, les hôpitaux, les bibliothèques, les communes et CPAS, les centres de jeunesse, les associations culturelles ou d’éducation permanente, les missions régionales pour l’emploi,… Diverses mobilisations syndicales avaient déjà témoigné de l’ampleur des inquiétudes et de la colère suscitées par cette réforme. Ce gouvernement est aujourd’hui en situation de faiblesse, il ne possède plus de majorité absolue : c’est d’autant plus nécessaire d’accentuer la pression !
On peut bien sûr porter un regard critique sur la complexité du dispositif qui a été dénoncée à de multiples reprises par les fédérations d’employeurs du non-marchand ou par la fédération des CPAS de Wallonie. On peut déplorer que les budgets insuffisants mettent en concurrence les associations et les pouvoirs locaux pour l’obtention des précieux points APE. On peut surtout rester sceptique devant un dispositif qui condamne un trop grand nombre de travailleurs à un emploi précaire lié à l’attribution périodique d’une subvention par une autorité de tutelle.
Il n’en reste pas moins que les travailleurs APE ce sont des travailleurs sociaux dans les CPAS, des puéricultrices dans les crèches, des animateurs dans les maisons de jeunes, les centres culturels ou sportifs, du personnel dans les écoles…en bref, ce sont des emplois qui comblent tous les jours des besoins sociaux essentiels. Mais il nous faut des investissements publics pour de bons services publics ainsi qu’un secteur associatif renforcé. Cet argent existe, il faut aller le chercher et permettre ainsi que les missions du secteur public et du non-marchand puissent être réellement délivrée, par un personnel disposant de bons emplois, avec des contrats de travail décent et non précaires.
Quelle alternative contre la droite ?
Dans le cortège, où se trouvait un grand nombre d’usagers aux côtés des travailleurs des divers services, on pouvait lire de nombreuses banderoles et une multitude de pancartes qui appelaient à se souvenir de cette attaque le 26 mai prochain à l’occasion des prochaines élections. La FGTB wallonne s’est prononcée depuis longtemps déjà en faveur d’une majorité progressiste PS-PTB-ECOLO au parlement wallon. Au lendemain des élections communales, la FGTB avait vivement fustigé les ‘‘alliances contre nature’’ PS-MR conclues bien vite au lendemain des élections, comme cela fut le cas à Verviers. La FGTB défend que la composition d’alliances PS-PTB-ECOLO est la seule manière d’opérer un virage à 180 degrés contre les politiques d’austérité de la droite.En mai prochain, nous pourrons voter en faveur d’un gouvernement de la ‘‘taxe des millionnaires’’, du moins si les syndicats réalisent que seul un appel de vote sans équivoque pour le PTB peut éviter une coalition de droite. En nous renvoyant de nouveau en direction du PS ou même d’ECOLO, beaucoup d’affiliés risquent de s’éloigner encore plus de leur syndicat. Il n’est du reste pas du tout exclu que ces partis préfèrent dépanner le MR au lieu de mettre sur pied un gouvernement de gauche qui pourrait reprendre les revendications syndicales pour en faire une réalité.
Mais le PTB est aussi placé devant de grandes responsabilités. La concentration de richesses sans précédent révèle les contradictions du système. Jamais auparavant l’humanité n’a eu une plus grande capacité à résoudre tous les problèmes cruciaux auxquels elle fait face. Jamais auparavant il n’a été aussi évident que cela n’était pas possible à cause du régime capitaliste de propriété privée des moyens de production, ce qui permet à une grande partie de la valeur produite de s’écouler vers l’élite capitaliste. Une réponse de gauche claire et sans équivoque en faveur d’une alternative socialiste à cette folie peut frapper les esprits dans la lutte sociale et au moment des élections. Il existe de nombreux exemples internationaux qui ont récemment montré qu’une alternative combative et ambitieuse contre l’austérité peut compter sur un soutien large et enthousiaste.
Le PTB doit saisir l’occasion de ces élections pour défendre une alternative politique claire, mais aussi pour préparer les travailleurs et leurs familles à la nécessaire lutte acharnée qui accompagnera le moindre pas en avant dans cette période de crise du capitalisme. Les élections seront à elles seules insuffisante pour garantir que nous irons chercher l’argent là où il se trouve pour satisfaire les besoins de tous, répondre au défi climatique et nous débarrasser du chaos capitaliste.
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30 & 31 mars. SOCIALISME 2019 : du ras-le-bol à la riposte !- Programme complet & informations pratiques
- 16h – 18h : Parmi les ateliers de discussion : “PTB : Tirer les leçons de Zelzate, Molenbeek et Charleroi pour un gouvernement de la taxe des millionnaires”
- 19h – 20h30. Meeting “Stoppons l’austérité ! Vers un gouvernement de la taxe des millionnaires ?” Avec Stéphane Delcros membre du bureau executif du PSL, Ruth Coppinger députée irlandaise – Solidarity & Bart Vandersteene, porte-parole du PSL
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Reportage-photos d’Emily
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Reportage-photos de Nico
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Retour sur l’échec des majorités progressistes en Wallonie et à Bruxelles

Dirk De Block, tête de liste du PTB à Molenbeek. Photo : Jean-Marie Malgré l’importante campagne de la FGTB wallonne pour des ‘‘alliances de gauche partout où c’est possible’’, les négociations pour des majorités communales entre le PS et le PTB ont échoués. Le syndicat s’est opposé aux alliances PS-MR en défendant des ‘‘majorités progressistes’’ PS-PTB-ECOLO pour opérer un virage à 180 degrés face aux politiques d’austérité des gouvernements de droite.
Par Boris (Bruxelles)
La mascarade du PS à Liège et Charleroi
Willy Demeyer, le bourgmestre PS de Liège s’est allié au MR et a mis fin aux discussions avec le PTB en déclarant: ‘‘le PTB n’a pas été en mesure de démontrer ni la faisabilité ni le financement de ses propositions. Ses solutions étant le recours à l’endettement, la taxation massive et l’insurrection vis-à-vis des autres niveaux de pouvoir.’’ Même argument épouvantail pour Paul Magnette : le programme du PTB coûterait 2000€ de taxes supplémentaires pour chaque carolo. Pendant ce temps, de vraies négociations étaient en cours en parallèle avec ECOLO.
A Liège et à Charleroi, le PS a manœuvré pour se débarrasser du PTB. Les négociations ne visaient pas à conclure un accord mais à démontrer d’une part la prétendue incapacité du PTB ‘‘à prendre ses responsabilités’’ en montant dans une majorité et d’autre part que le programme du PTB serait ‘‘impayable’’. Cette campagne orchestrée par le PS visait à présenter tout vote favorable au PTB comme un vote gaspillé dans la perspective des élections de mai prochain. Chaque avancée sociale proposée par le PTB – même limitée – était considérée comme excessive. Dans les faits, le PS à fait le boulot de la droite en défendant le credo de cette dernière face à l’austérité : TINA ‘‘There is no Alternative’’.
Et à Molenbeek ?
En était-il de même à Molenbeek là où, contrairement à ailleurs, le PTB était indispensable pour mettre le MR dans l’opposition ? Après coup, chaque parti dénonce le manque de sincérité de celui d’en face. Il est toutefois permis d’en douter. Le PTB a finalement retiré la prise des négociations à la suite du départ d’ECOLO, principalement en raison de la répartition des postes d’échevins. C’est une erreur. La base de la discussion aurait dû être le programme. Catherine Moureaux (PS) affirme qu’elle n’avait encore refusé aucune proposition de la note de négociation présentée par le PTB.
Ce qui est certain, c’est que personne ne peut reprocher au PTB d’être allé négocier avec une note trop audacieuse. Il s’agissait d’un programme de 5,3 millions d’euros de dépenses et de recettes supplémentaires: 1000 logements sociaux supplémentaires en 6 ans (alors que 17.000 ménages figurent sur la liste d’attente du Logement Molenbeekois), un kit de rentrée scolaire gratuit, la gratuité des garderies rendues payantes par la majorité précédente MR-cdH-ECOLO, l’embauche de 20 instituteurs supplémentaires et un chèque sport et culture pour les adolescents.
L’équilibre budgétaire serait atteint d’une part par la limitation des salaires des échevins à 6.000€ bruts et par la suppression d’un poste d’échevin et, d’autre part, par une augmentation de toute une série de taxes, pas pour chaque Molenbekois bien entendu, mais sur les surfaces de bureaux, les antennes GSM, la publicité, les caisses enregistreuses des supermarchés, les logements vides, les terrains non battis ou encore les parkings des grandes surfaces et des entreprises.
Éviter le piège des négociations en coulisses
Le PTB aurait pu organiser des assemblées en y invitant les habitants et le personnel de Molenbeek pour y discuter de ce que signifie un programme d’urgence sociale dans la commune. L’approche aurait été idéale pour éviter de se laisser engluer dans un agenda de négociations secrètes et, de cette manière, préparer au mieux une mobilisation active et la construction d’un rapport de forces autour de ce programme d’urgence sociale.
A Bruxelles, le front commun syndical a élaboré un plan d’action pour le personnel des communes, des CPAS et des hôpitaux publics. Ils revendiquent entre autres une campagne de nomination du personnel, une augmentation des salaires de 10% et la réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Tous les futurs conseils communaux seront interpellés à ce sujet. Officiellement, le PS se déclare favorable à la semaine de 4 jours et au salaire minimum de 14€ de l’heure. Le 8 novembre dernier, lorsque la manifestation du front commun syndical est passée devant les locaux du PS, Laurette Onkelinx est d’ailleurs sortie affirmer son soutien aux revendications syndicales.
N’aurait-il pas été utile d’aborder à la table de négociation quelle serait l’attitude d’une majorité progressiste face aux revendications syndicales ? Dans le cas où le PS aurait accepté, cela aurait illustré à quel point le PTB peut faire une différence. Ces mesures auraient encore été insuffisantes, mais quel enthousiasme cela aurait suscité dans le mouvement des travailleurs à 6 mois des élections de mai ! Dans le cas où le PS aurait refusé, cela aurait prodigieusement exposé ce parti comme étant celui des promesses creuses.
Une fronde des villes et des communes
Ces dernières décennies, un désinvestissement inédit a frappé nos communes et les autorités des autres niveaux. Le manque de moyens sévit partout : dans le logement social, les crèches, les écoles,… Molenbeek a tout particulièrement souffert de la mise sous tutelle financière de la commune par la Région, qui a imposé une politique d’austérité drastique. Parmi le personnel communal, aucun départ (en pension ou autre) ne pouvait être remplacé. Le comportement de la Région bruxelloise envers les Molenbeekois est le miroir de celui de l’Union européenne envers le peuple grec.
Il nous faut un réinvestissement public, et un majeur ! Cela exige d’en finir avec le transfert des moyens publics vers les entreprises et les riches. Les moyens fiscaux des communes sont limités. Il faut briser les carcans budgétaires volontairement limités et construire un front de communes rebelles contre les pouvoirs subsidiaires. C’est de cette manière que nous avons tracé un chemin pour le programme de lutte défendu par Gauches Communes tout au long de sa campagne électorale dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles. Cette approche manquait à la campagne du PTB ; la population n’a pas été préparée à l’offensive de critiques qui a suivi les résultats.
A Charleroi, on retrouvait dans la note du PTB toute une série de taxes comparables à celles présentées pour Molenbeek, mais adaptées au tissu industriel carolo. On y trouvait également – et c’est une bonne chose – des éléments de rupture avec les trajectoires budgétaires imposées aux communes par les régions et le fédéral. Il y était question du fait que l’éventuelle majorité progressiste prenne la tête d’une fronde des villes et des communes pour une augmentation de 15% des subventions de la Région wallonne aux fonds des communes.
C’est un excellent élément à saisir pour une désobéissance organisée des majorités de gauche et la construction d’un rapport de forces contre les carcans budgétaires. Il n’a malheureusement pas été question de cette ‘‘insurrection vis-à-vis des autres niveaux de pouvoir’’ dans les négociations à Molenbeek et Zelzate. Etait-ce parce que, dans ces deux cas, les négociations avaient des chances d’aboutir ? La gauche ne doit pas restreindre son action à quelques mesures bienvenues mais limitées. Elle doit représenter un véritable changement.
La droite et le patronat se félicitent de l’échec des majorités progressistes. Leur campagne de calomnie qui amalgame gauche et désastre économique est lancée. En mai, nous pourrons voter pour un gouvernement de la ‘‘taxe des millionnaires’’. Son instauration provoquera la fureur des capitalistes ainsi qu’une campagne de sabotage sous forme d’une fuite des capitaux. Nous précisons d’emblée qu’y faire face exige un programme socialiste comprenant le non-paiement de la dette publique, la nationalisation du secteur financier et le recours à l’arme de la nationalisation face à la réaction patronale.
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Etat espagnol. Le PSOE et Podemos unis pour stopper la casse sociale ?

Pedro Sánchez, après sa victoire aux primaires du PSOE en 2017. Photo : Marta Jara (Wikimedia) En octobre, un accord sur le budget 2019 a été conclu entre le parti social-démocrate espagnol (PSOE) et Unidos Podemos(1). Après l’impitoyable politique d’austérité dont la population a été victime des années durant, les ‘‘ouf’’ de soulagement n’ont pas manqué.
Entre décembre 2011 et juin 2018, c’est le conservateur Mariano Rajoy (PP) qui était à la tête des deux gouvernements de cette période. Leur politique a été aussi brutalement répressive qu’antisociale. En juin dernier – une semaine après la condamnation du PP dans un procès pour corruption – le Parlement a adopté une motion de censure déposée par le PSOE… qui avait pourtant autorisé la mise en place du gouvernement Rajoy II en 2016 ! A l’époque, un des seuls opposants à la trahison du PSOE au sein de ce parti était Pedro Sanchez.
Contrairement à Jeremy Corbyn qui s’est régulièrement retrouvé opposé au cours politique du Parti travailliste britannique avant de se retrouver propulsé à sa direction sous la pression populaire, Pedro Sanchez a toujours été un membre loyal et discipliné du PSOE. Mais suite à l’effondrement du parti social-démocrate grec (PASOK) et à la crise qui a frappé l’ensemble de la social-démocratie européenne, il s’est mis à la tête d’une aile du parti qui a cherché à le préserver en adoptant une rhétorique plus ancrée à gauche. Elu secrétaire général du PSOE en 2014, il a été renversé par l’aile droite du parti en 2016 et a finalement regagné son poste en 2017.
Une fois Rajoy destitué en juin dernier avec le soutien de Podemos et de partis basques et catalans, Sanchez s’est retrouvé au pouvoir avec un gouvernement PSOE minoritaire, ne pouvant compter que sur 84 députés sur 350. L’accord conclu avec Unidos Podemos sur le budget devrait lui assurer 151 élus. Il faut donc encore obtenir le soutien de partis basques et catalans pour rester en place jusqu’aux élections législatives de 2020. Sans cela, un retour anticipé aux urnes n’est pas exclu.
Que comprend cet accord ?
La mesure phare de l’accord est l’augmentation du salaire minimum à 900 euros par mois, une augmentation de 22% qui concernera un million et demi de travailleurs. Même si cette hausse fait pâle figure à côté de celle des loyers (+40% ces 4 dernières années) et des prix des denrées de base (tout particulièrement l’électricité), elle sera bienvenue dans de nombreux foyers. L’accord comprend aussi une augmentation des pensions de 3%, des propositions visant à réformer le marché de la location immobilière, un impôt de 1% sur les fortunes supérieures à 10 millions d’euros, etc. Tout cela représente un – réel – pas en avant, mais il est particulièrement timide face à la crise sociale que subit la population.
Il a en outre une grave contrepartie : Podemos et le PSOE renoncent à l’abrogation des réformes du travail approuvées par le gouvernement Zapatero (PSOE) en 2010 et par le PP en 2012. Grâce à ces dernières, les patrons ont systématiquement pu baisser les salaires et précariser la situation de millions de travailleurs.
Au cours de ses six ans et demi de gouvernement, le PP a instauré toute une série de mesures qui ont déforcé la position des travailleurs face au patronat, aggravé la privatisation des soins de santé et de l’enseignement, rendu constitutionnellement obligatoire de rembourser la dette publique (article 155), élargi l’arsenal répressif des autorités, etc. Ces législations connaîtront des ajustements, mais elles ne sont pas fondamentalement remises en cause par l’accord PSOE-Unidos Podemos.
Une autre approche était possible
L’objectif central du PSOE est très clairement de s’affranchir de toute pression de la rue et de rétablir la ‘‘paix sociale’’ sans avoir à modifier l’essence de la trajectoire budgétaire suivie par les gouvernements Rajoy ou Zapatero. Rejeter en bloc toute collaboration avec le parti social-démocrate aurait cependant représenté une faute grave qui n’aurait pas été comprise par la masse de ceux qui ont eu à tellement souffrir de la politique du PP. Des millions de personnes cherchent à être soulagées de leurs souffrances et haïssent le PP jusqu’au plus profond de leur chair.
Podemos aurait pu considérablement renforcer sa position en mobilisant les travailleurs, la jeunesse et les divers mouvements sociaux à débattre du programme à défendre à la table des négociations dans des meetings et à exprimer leurs revendications dans des manifestations de masse. En s’appuyant sur l’implication des masses et armé d’un programme axé sur les besoins de la population ainsi que sur la manière d’y répondre et non pas sur ce que l’establishment pourrait accepter, bien plus aurait pu être arraché.
Une telle campagne aurait suscité un enthousiasme bien au-delà des frontières de l’Etat tout en constituant une excellente préparation pour la riposte qu’exigera chaque mesure antisociale du gouvernement Sanchez. Les dirigeants de Podemos font hélas actuellement tout le contraire en cherchant à se montrer ‘‘responsables’’ face aux institutions pour obtenir des responsabilités dans une future coalition gouvernementale avec le PSOE.
(1) Unidos Podemos est le nom de la coalition électorale qui a participé aux élections générales anticipées du 26 juin 2016, avec pour chef de file le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias. Cette coalition regroupe entre autres Podemos, Izquierda Unida (Gauche Unie) et la formation écologiste Equo.
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Zelzate : pour la droite, s’éloigner de l’austérité est inacceptable

Le pont sur le canal Gand-Terneuzen à Zelzate. Photo : Wikicommons Un accord pour une majorité de gauche qui représente un pas en avant, mais aussi une occasion manquée
Après quatre semaines de négociations, un accord de majorité a été conclu entre le SP.a et le PTB dans la petite commune industrielle de Zelzate, en Flandre orientale. Il s’agit de la première fois que le PTB entre dans une majorité communale. L’organisation patronale flamande VOKA a réagi violemment et a appelé au boycott du conseil communal. De nombreux électeurs de gauche ont quant à eux salué cet accord qu’ils considèrent comme une lueur d’espoir à la suite de ces élections communales qui ont vu se constituer tellement de majorités de droite.
Par Fabian
Les présidents de la N-VA, de l’Open Vld et du CD&V ont parlé d’une même voix pour qualifier la section locale du SP.a d’irresponsable pour avoir ainsi opté en faveur d’un “conseil communal communiste”. Selon la présidente des libéraux flamands de l’Open VLD Gwendolyn Rutten, ce choix est carrément “dangereux pour la démocratie libérale”. Mais à Zelzate, ce sont des haussements d’épaules qui ont répondu aux comparaisons faites entre la commune et le Venezuela ou la Corée du Nord.
L’accord de majorité contient des mesures sympathiques qui seront bien accueillies par les Zelzaténiens : il n’y aura plus de coupures d’électricité ou d’eau dans la commune, des panneaux solaires seront installés sur les bâtiments communaux, un travailleur est engagé à mi-temps pour la culture et un autre pour le travail social, le budget pour réparer les sentiers sera augmenté de 50%, le transport par bus sera gratuit pour les personnes les moins mobiles, les indépendants et petites entreprises paieront moins de taxes, certaines grandes entreprises en paieront davantage, la taxe environnementale qui va disparaître pour les riverains et 100.000 euros seront économisés par la suppression de deux échevins afin de consacrer cet argent à la lutte contre la pauvreté. En outre, un certain nombre d’autres mesures doivent encore être examinées mais il est peu probable que les moyens nécessaires à leur réalisation soient trouvées.
“Un “changement de système” tel que celui que le PTB avait en tête pour Molenbeek ou Liège n’est pas à l’ordre du jour à Zelzate pour l’instant”, a écrit Karel Verhoeven dans les pages du quotidien De Standaard. Alors pourquoi les partis classiques réagissent-ils si furieusement ? Parce que même si les mesures de l’accord sont très modestes, elles représentent tout de même un petit pas de côté. Pour les partis de droite, toute possibilité de mesure progressiste est exclue. Leur seule politique “acceptable” est de réduire les budgets des dépenses sociales. Si des communes désirent des moyens supplémentaires, elles n’ont qu’à se tourner vers le citymarketing néolibéral. Il est insupportable à la droite qu’un grand village d’un peu plus de 12.000 habitants souhaite fonctionner “autrement”. Qui sait, les habitants d’autres communes pourraient s’en inspirer.
Un petit village qui résiste courageusement
Zelzate est un village ouvrier à l’ombre de l’aciérie Sidmar, coupé en deux par le canal Gand-Terneuzen et situé à un important nœud routier régional. Le PTB y est présent depuis les années ’70 par le biais de son cabinet médical “Médecine pour le peuple” auquel se rendent aujourd’hui pas moins de 3.000 Zelzatiens. Aux élections communales de 2006, le parti a connu une percée en remportant 21,67 % des voix. En 2012, le parti a gagné 22% et, cette année, 22,8%. La coalition de droite VLD-SD, CD&V et N-VA – la première ne comprenant pas le SP.a depuis 80 ans – a été sanctionnée par les électeurs pour sa politique antisociale.
Les problèmes sociaux rencontrés à Zelzate ne diffèrent pas de ceux que l’on connait ailleurs dans le pays. La commune compte 450 chômeurs et un taux de chômage de 19 % parmi les jeunes. Plus de 300 familles figurent sur la liste d’attente d’un logement social. Il n’y a que 23 places en garderie pour 100 enfants de l’âge de 0 à 2 ans. L’accord de majorité ne comprend rien concernant ces problèmes. Cela pourrait donner l’impression que rien n’existe pour y remédier à l’échelon communal.
Dans les endroits où le PTB n’avait pas l’ambition de participer à la majorité, le programme électoral s’est construit autour de revendications telles que la gratuité des transports en commun et la construction d’un nombre considérable de logements sociaux. A Zelzate, ce n’était pas le cas. Cependant, la gratuité des transports en commun peut également constituer un levier dans une petite commune pour négocier avec De Lijn afin d’augmenter l’offre dans la commune. Dans le projet d’accord négocié en 2000 entre le VLD, le CD&V et le PTB – et qui a finalement été balayé suite à une intervention de Guy Verhofstadt – se trouvait d’ailleurs l’introduction des transports publics gratuits sur le territoire de Zelzate. Pourquoi donc ne trouvait-on pas de revendications offensives dans le programme électoral du PTB à Zelzate ?
Outre l’ambition de réaliser une percée dans les grandes villes, le PTB avait apparemment aussi l’intention de devenir un partenaire politique responsable dans quelques communes. Cela permet d’ailleurs de comprendre la communication du PTB relative à l’accord de majorité, qui n’a cessé de souligner l’absence de mesures radicales dans ce dernier.
N’y avait-il pas moyen d’aller plus loin ?
Il n’est pas facile pour un parti de gauche cohérent de se mêler à la gestion politique. Les autorités supérieures ont mis les villes et les communes au pain sec et à l’eau tandis que les réglementations européennes rendent quasiment impossible de lancer un programme d’investissements publics.
Une bonne manière de juger de la pertinence d’un accord de majorité est de vérifier à quel point les mesures énumérées peuvent répondre aux besoins de la commune. Que dire aux centaines de familles sur liste d’attente pour un logement social ou une place dans une garderie ? Que dire aux jeunes qui ne trouvent pas de travail ? Désolé, mais on ne peut rien faire ? Accepterions-nous que le gouvernement flamand utilise cet argument parce que les principaux instruments pour augmenter la contribution fiscale des grands capitalistes sont des compétences fédérales ? Ou si le gouvernement fédéral soutient pour sa part qu’un tel changement ne survenir qu’à partir du niveau européen ?
Lorsque la gauche conséquente dispose de la relation de force nécessaire pour s’engager dans une coalition progressiste, cela doit bien entendu être sérieusement envisagé. Laisser la droite au pouvoir signifie plus d’austérité et plus de casse sociale contre les conditions de vie des travailleurs et de leurs familles. Ce débat revêt ici une importance toute particulière dans a mesure où le PTB estime que Zelzate est un modèle pour de futures coalitions. “Zelzate est une expérience pilote. Une première expérience de la façon dont nous gouvernons une commune, en nous appuyant sur le peuple. La démocratie d’en bas est cruciale pour nous. Nous voulons montrer qu’il existe une politique progressiste alternative à la politique de démolition sociale de la droite.”
Le point de départ du PTB à Zelzate est le cadre formel dans lequel on place la politique, avec le respect des contraintes budgétaires. L’un des objectifs du VOKA et de la pression des partis traditionnels est d’assurer que le PTB respecte cette approche. Mais cela ne leur est pas encore suffisant : ils feront tout pour faire échouer chaque changement progressiste à Zelzate.
Le confrontation viendra de toute manière
L’approche que nous défendons consiste à partir des besoins et d’élaborer un programme à partir de cela. Dans une commune comme Zelzate, cela comprendrait notamment la construction de plusieurs centaines de logements sociaux ou l’introduction de transports publics gratuits. L’introduction d’une réduction du temps de travail à 30 heures par semaine, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire, pour le personnel communal serait soutenue par tous les syndicalistes combattifs du pays. La commune pourrait encore lutter activement pour l’émancipation des femmes grâce à la mise à disposition de suffisamment de structures d’accueil pour les enfants et à l’instauration de cantines scolaires gratuites.
Le principal argument contre une telle approche est son coût. Si cela ne dépendait que des patrons et de leurs politiciens, rien ne serait jamais abordable pour nous ! Les moyens que cette politique exige, il faut aller les chercher là où ils sont. Jouer sur la fiscalité locale peut être une manière de faire, mais la mobilisation de la population locale est crucaile pour forcer les autorités supérieures à accorder davantage de ressources. La majorité progressiste de Zelzate et la population recevraient le soutien actif des travailleurs de tout le pays pour un tel combat. Ce serait un modèle de combativité enthousiasmant qui arracherait la réalisation de revendications offensives, un modèle préférable à celui des modestes petits pas.
La section locale du SP.a serait-elle d’accord ? A tout le moins, le SP.a devrait être placé devant le choix : participer ou préférer rejoindre les libéraux.
Les conseils de de quartier mentionnés dans l’accord de majorité seraient des endroits idéaux pour permettre l’implication de la population dans la lutte. Dans le passé, les conseils locaux de la population sont trop souvent devenus des instruments où la population ne pouvait décider que de la répartition des déficits. Si 100.000 euros sont disponibles alors qu’un million d’euros est nécessaire, la population ne peut que décider de ce qui obtient une miette et de ce qui n’obtient rien. La méthode permet juste de couvrir la politique d’austérité d’un vernis démocratique. Ce n’est évidemment pas ainsi que la gauche doit envisager les choses. Mais cela nous ramène à la question des ressources nécessaires.
Le PTB fait face à un défi majeur à Zelzate. La commune est considéré à juste titre scrutée sous tous les angles. De puissantes forces ne veulent rien d’autre qu’un échec. Elles n’hésiteront pas à passer à l’offensive, de manière brutale s’il le faut. Pour y faire face, être doux, modeste et constructif ne suffira pas. Tout abandon des politiques d’austérité est inacceptable pour les capitalistes et leurs marionnettes politiques.
Nous devons nous préparer à ce combat. Pourquoi ne pas commencer par une manifestation le jour du premier conseil communal ? Pour organiser le soutien actif à Zelzate et la solidarité dans le reste du pays, un programme socialiste offensif sera nécessaire. Cela correspond aux besoins concrets en matière de pauvreté, de chômage, de logement abordable, d’emploi décent et d’autres questions sociales.
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Contrecarrer la politique d’austérité de la droite – Propositions pour renforcer la percée du PTB

1er mai à Liège. Photo : socialisme.be Le but de ces élections est clair. Une victoire des partis au pouvoir sera interprétée comme un feu vert pour plus de casse sociale, plus de répression et encore moins de bienveillance à l’égard des plus démunis. Mais la gauche traditionnelle – les sociaux-démocrates et les verts – n’a pas de solution. Tout au plus leur programme est-il une version édulcorée de celui de la droite. Quant à leurs politiciens, ils ont parfois adopté un style de vie et une arrogance semblables. Leur argument massue, le ‘‘moindre mal’’, est de plus en plus absurde. Dans l’ensemble, seul le PTB est en faveur d’un véritable revirement politique. Au plus sa percée sera importante, au plus les travailleurs et les jeunes auront confiance en eux pour résister et riposter.
Par Eric Byl
C’est en raison de cette constatation objective que le PSL, à l’exception de Saint-Gilles, appelle partout à voter en faveur des listes du PTB quand elles existent. Cela ne signifie pas pour autant que nous renonçons à nos différends avec le PTB, ni que nous n’avons aucun commentaire à faire quant à son programme et ses tactiques. Facile de critiquer depuis le banc de touche ? Ce n’est certainement pas notre choix d’y être. Nous avons proposé à maintes reprises au PTB d’examiner ensemble la meilleure façon de renforcer sa campagne, y compris avec des candidats du PSL. Étant donné que le PTB est aujourd’hui le seul barrage crédible pour l’ensemble du mouvement ouvrier et la gauche contre la politique de droite, nous estimons qu’il aurait mieux valu que cette situation trouve sa réflexion sur les listes du PTB. La présence d’une force organisée telle que le PSL aurait été beaucoup plus convaincante que de se limiter à quelques candidats d’ouverture.
Au moment où ont éclaté les scandales autour de Publifin, du Samusocial, etc. le PTB aurait pu prendre une excellente longueur d’avance à cet égard. Dans les sondages, il était en progression constante. C’est le seul parti dont les parlementaires gagnent l’équivalent du salaire d’un travailleur. Au côté des mouvements sociaux, des syndicats et de la gauche radicale, il aurait pu faire le tour du pays pour expliquer ce principe et tout ce que cela implique lors de meetings locaux de masse et même l’y soumettre au vote. Réduire de moitié le salaire des bourgmestres de Charleroi ou de Liège ? Pourquoi pas. Mais si les entreprises et les plus nantis continuent de s’enrichir, ce ne sera tout au plus que de l’ordre du symbolique électoral que la droite contournera. Il aurait été préférable de bâtir un mouvement autour de l’engagement des représentants des travailleurs à ne pas gagner plus que l’équivalent du salaire moyen d’un ouvrier qualifié.
Le PTB aurait pu utiliser l’appel pour une coalition de gauche de la FGTB wallonne pour défendre un plan d’action d’investissements publics massifs dans le logement social, les écoles, les crèches et l’emploi via une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et réduction des cadences. Il aurait pu appeler à la formation de conseils communaux rebelles pour constituer un front de lutte contre la camisole de force budgétaire dans laquelle les autorités fédérales et régionales maintiennent nos communes. De cette manière, il aurait pu construire un front à partir de la base pour faire de la coalition progressiste proposée par la FGTB le véritable représentant du mouvement des travailleurs, de la jeunesse et des mouvements sociaux. Nous sommes conscients que ces propositions ne seront plus mises en œuvre avant les élections du 14 octobre, mais la même méthode peut également être utilisée dans la période précédant les élections du 26 mai prochain.
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Une gauche ‘‘rhinocéros’’ plutôt qu’une gauche ‘‘respectable’’ !

Avec l’accord d’été du gouvernement fédéral, Charles Michel et sa bande ont persévéré dans leur impitoyable politique de hold-up social. Uniquement dans les services publics fédéraux, 10.000 équivalents temps plein ont été perdus depuis 2015, soit 13% du personnel.
Edito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste, par Nicolas Croes
La société a véritablement été saignée à blanc par la politique d’austérité, alors qu’il était déjà difficile de citer un secteur épargné par le sous-investissement chronique. Depuis que le gouvernement ‘‘papillon’’ de Di Rupo a lancé les hostilités en décembre 2011 – après 541 jours de crise de formation du gouvernement – le montant des ‘‘efforts’’ d’austérité a dépassé les 50 milliards d’euros en 6 ans !
Depuis 2012, l’avalanche de mesures antisociales n’a pas cessé, et ce à un rythme infernal avec le gouvernement Michel, sous prétexte d’assainir les finances publiques, de réduire la dette et de retrouver la croissance. Pour quel résultat ?
Dès le premier contrôle budgétaire, en mars 2012, le compte n’y était pas. L’équilibre budgétaire prévu pour 2015 a été repoussé. De nouvelles économies ont été imposées. Encore. Et encore. Aujourd’hui, l’idée est d’atteindre cet objectif en 2020. Et devinez quoi ? À peine le budget 2019 a-t-il été décidé fin juillet que le Bureau fédéral du plan a averti que le déficit budgétaire en 2019 s’élèvera à 5 milliards d’euros de plus qu’indiqué par le gouvernement. Soit un trou de 8,2 milliards ! On connaît tous la chanson, c’est dans nos poches qu’il y aura un trou si on les laisse faire !
Assez de la politique pour les riches !
Il ne faut y voir aucune incompétence. Toute cette politique a bénéficié au grand capital. Les dividendes versés aux actionnaires explosent ! Les politiques fédérales ont permis aux dividendes de passer d’une ponction moyenne sur les bénéfices des entreprises belges de l’ordre de 50% avant la crise de 2008, à quelque 75% aujourd’hui (chiffres du CEPAG).
Et, à côté des mesures fiscales pro-patronales, de nombreuses réformes ont visé à détruire les conquêtes sociales et changer le rapport de force en faveur des patrons et des grandes entreprises sur le long terme : remise au travail forcé des malades, loi travail, etc.
Le patronat ne va pas arrêter d’imposer ses revendications à ses partenaires politiques. Si les syndicats prennent au sérieux leurs propres revendications, ils doivent chercher de véritables partenaires politiques, renforcer ceux qui construisent leur programme politique autour des intérêts du monde du travail et rompre avec ceux n’y sont pas prêts, ou qui trahissent leur programme à la moindre occasion.
Ceux qui ressentent l’urgence de mettre fin à la casse sociale et qui aspirent à un changement fondamental de politique ne manquent pas. C’est ce que le secrétaire régional de la FGTB Thierry Bodson a exprimé en appelant à la constitution de futures majorités de gauche, appel réitéré à la rentrée. ‘‘Nous ne nous positionnons pas en tant que formateur mais si au lendemain des élections une majorité entre le PS, le PTB et Ecolo est mathématiquement possible, cela doit être la priorité des priorités pour ces trois partis.’’ Les élections locales du 14 octobre constitueront un bon premier test.
Le PS s’est toujours plaint d’être l’otage de la droite lorsqu’il est au pouvoir. Mais la réaction d’Elio Di Rupo est aujourd’hui de préférer entrer en coalition avec Ecolo et DéFi (le seul parti qui avait ouvertement défendu l’âge de la pension à 67 ans avant les élections de 2014) plutôt qu’avec le PTB. Du côté d’Ecolo, le silence est assourdissant…
De l’audace !
Les mobilisations syndicales de cette rentrée permettent d’imposer les thématiques sociales dans le débat politique et de donner confiance afin que la colère s’exprime également dans les urnes, à destination d’une gauche conséquente. Nous espérons que le PTB remportera des dizaines de conseillers communaux ce 14 octobre. Mais nous souhaitons surtout qu’il ne se contente pas de ce résultat et saisisse l’opportunité pour aller de l’avant.
Cela exigera de transformer ces succès électoraux en larges mouvements de résistance, à l’image de ce qu’a fait la France Insoumise au travers de ses diverses initiatives pour soutenir la lutte contre Macron en France. Si la France Insoumise est devenue le principal adversaire de Macron et de La République En Marche, en reléguant le PS français dans les limbes, c’est en étant audacieux et en démontrant dans la pratique que son opposition à la droite ne se limite pas à des discours au Parlement, mais se fait en organisant des manifestations de masse en soutien aux luttes syndicales, etc. La France Insoumise a su démontrer que, en dépit de certaines faiblesses, elle était actuellement le meilleur véhicule pour la résistance sociale.
En reposant sur la mobilisation active des travailleurs, le PTB pourrait, dès le lendemain des élections, appeler à construire un véritable front de la résistance sociale, en invitant toutes les personnes désireuses de lutter contre l’austérité à le rejoindre, dans le respect de leurs spécificités. Cela répondrait à l’aspiration de nombreux militants et activistes qui ne se retrouvent pas au PTB et cela forcerait la main au PS et à Ecolo pour qu’ils se prononcent clairement en faveur de la lutte contre l’austérité.
Il est aussi possible que le PTB entre dans des majorités progressistes communales. Mais, pour appliquer un véritable programme visant à répondre aux besoins de la population, celles-ci seront obligées d’entrer en collision frontale avec la camisole financière dans laquelle les gouvernements régionaux et le fédéral maintiennent les communes. Dans les années 80’, le conseil municipal de Liverpool a trouvé la parade pour lancer son vaste programme d’investissements publics : il a construit un front de résistance d’une vingtaine de municipalités de gauche. Via des grèves et des manifestations de masse, il a forcé le gouvernement Thatcher à céder un refinancement de la ville. Pourquoi ne pas envisager cela aujourd’hui en Belgique ?
Margaret Thatcher avait été surnommée la Dame de fer, ou encore le rhinocéros, en raison de son entêtement. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’une gauche de combat, une gauche rhinocéros, qui utilise chaque ouverture dans le débat public pour faire avancer la défense des intérêts des travailleurs tout en défendant ouvertement l’absolue nécessité de rompre avec ce système capitaliste pour construire une société alternative, une société socialiste démocratique. C’est tout à fait possible. Et nous n’avons de toute manière pas d’autre choix.
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>> Rubrique de ce site consacrée aux élections communales
Le PSL participera aux prochaines élections communales. Nous voulons utiliser cette période pour mener une campagne offensive pour un refinancement des communes et pour une politique socialiste au niveau local, mais aussi pour avancer la nécessité de rompre avec la politique d’austérité et de défendre un autre type de société.
Notre campagne dans la plupart des villes et communes sera axée autour du mot d’ordre : ‘‘Votez pour le PTB, rejoignez le PSL’’.
>> Le 14 octobre, votez PTB! Vous voulez rejoindre la lutte ? Rejoignez le PSL!
Nous nous présenterons tout de même dans deux communes sur des listes de gauche large.
À Keerbergen (Brabant flamand), nous nous présenterons sur la liste Consequent Links (‘‘Gauche conséquente’’). Nous jouissons là d’une position spécifique : nous sommes la seule liste à gauche présente aux élections, et nous avons construit une couche large de sympathisants qui participent à nos activités et seront actifs avec nous durant la campagne électorale.
À Saint-Gilles (Bruxelles), nous nous présenterons sur la liste Gauches Communes, une alliance de gauche inclusive avec le Parti Humaniste (PH) et des individus intéressés à s’unir avec un respect mutuel de la spécificité de chacun autour d’un programme. Avec cette campagne, nous voulons nous enrichir d’une expérience importante d’implantation locale et promouvoir l’idée qu’une élue véritablement socialiste pourrait prendre des initiatives visant à renforcer la mobilisation sociale et le rapport de force en faveur des travailleurs et de leurs familles, pour briser les carcans financiers et législatifs du fédéral et des régions qui imposent l’austérité dans les communes.
>> Nous vous invitons à vous rendre sur le site de Gauches Communes !
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Liège. Il nous faut un réseau de villes et communes rebelles !

Liège vue de la Citadelle. Photo : Wikimedia Que l’on parle de logements sociaux, de services publics, d’emplois locaux, d’assistance aux démunis, de crèches, d’enseignement, etc., le constat est identique : Liège, tout comme les autres villes et communes du pays, est victime de la tyrannie néolibérale. Les listes d’attente s’allongent partout. Comme ailleurs, la priorité a été donnée aux coûteux projets de prestige. A Liège, les choses ont encore été empirées par la disparition de l’industrie traditionnelle. Le taux de chômage y figure parmi les plus élevés de Wallonie.
Tract du PSL // Plus d’infos sur l’approche du PSL en relation avec les prochaines élections communales
Le tissu économique et social a été sans cesse plus désintégré pour faire place à la jungle capitaliste, jusque dans les intercommunales. Le petit monde bien tranquille des politiciens établis est aujourd’hui visible pour ce qu’il est : un microcosme qui repose sur la cupidité et la soif de pouvoir.
Le scandale Publifin éclate après des années où la population a dû se serrer la ceinture et avaler les mesures d’austérité les plus ignobles sous le prétexte que les caisses de la collectivité sont vides. Quand un travailleur commet une faute qualifiée de ‘‘grave’’, il peut être licencié et perdre ses droits aux allocations de chômage. Et tous ceux-là qui se sont servis sur notre dos ? Pour beaucoup d’électeurs, le mois d’octobre offrira une occasion de sanctionner ce système où l’avidité caractéristique des grandes entreprises privées a envahi la gestion des biens et services publics.
Un programme audacieux
Cette campagne est l’occasion de défendre un programme de claire rupture avec le néolibéralisme. Ce que le PSL défend, c’est un programme comprenant la nomination des travailleurs communaux, l’application immédiate de la réduction collective du temps de travail à 30 heures/semaine avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, un plan radical d’investissements publics pour les crèches, les logements sociaux, les écoles,… Un programme qui s’en prenne sérieusement à la pénurie de logements sociaux, non seulement par la rénovation et la construction, mais aussi en recourant à la Loi Onkelinx qui permet la réquisition de logements vides pour y loger des sans-abris.
Il faut saisir la colère qui gronde parmi la population pour la mobiliser en défense de nos services publics, de même que pour imposer une véritable transparence via l’implication centrale des travailleurs et de leurs organisations dans la gestion et le contrôle des services publics. Qui mieux que ces derniers peuvent mettre un terme au gaspillage et à la gestion toxique importés du privé tout en assurant la primauté des intérêts des usagers et du personnel ?
Pour satisfaire un tel programme, il est notamment nécessaire de remettre en question le remboursement de la dette historique de la Ville et de refuser de la payer, sauf sur base de besoins prouvés. C’est le pillage néolibéral qui en est responsable ! Une camisole de force financière a été érigée pour les autorités locales, à l’image de l’attitude de l’Union européenne sur les États membres. Pour que les intérêts de la population soient prioritaires, une administration locale doit briser le carcan budgétaire. Il nous faut des élus qui soient prêts à casser le dogme de l’austérité et à déclarer Liège « ville rebelle » en créant un front de communes rebelles refusant de sabrer dans les budgets sociaux, où les représentants élus agiraient en tant que représentants loyaux de la population. Tout serait possible, notamment mener campagne à l’échelle nationale pour arracher la nationalisation du secteur financier et jeter aux orties la dette des communes en la déclarant illégitime.
Cela signifierait-il d’en revenir à la mise sous tutelle de la ville ?
A Liège comme ailleurs, la dette publique et la réduction des déficits budgétaires sont utilisés pour justifier la mise en œuvre de mesures qui détériorent les conditions de vie de la population. Mais ce n’est pas une fatalité !
Cela a été illustré en 1982 quand la ville de Liège, comme celle d’Anvers, s’est retrouvée au bord de la faillite en raison d’une crise liée à sa dette et s’est déclarée un temps en cessation de payement. Les salaires des travailleurs communaux n’étaient versés que partiellement ou avec retard. La ville fut alors contrainte par le gouvernement à appliquer un plan d’austérité drastique comprenant un gel des salaires et des promotions, la suppression de primes et indemnités ainsi que le non-remplacement des travailleurs partants a la pension.
Au lieu de mener la lutte pour arracher les moyens nécessaires aux autorités régionales et nationales, la majorité communale d’alors – PS-Ecolo – s’est docilement couchée après des protestations de pure forme. Pourtant, l’énergie et la volonté de combattre ne manquait pas ! De nombreuses grèves des travailleurs communaux ont eu lieu d’avril 1982 à juillet 1983, les pompiers ont initié une grève de la faim et ont été rejoints par d’autres services, des actions de blocage ont entravé les principales entrées de la ville, l’Hôtel de Ville a été encerclé par des immondices, des groupes de femmes allaient se présenter de manière organisée avec leurs courses aux grands magasins en déclarant ne pas pouvoir ni ne vouloir payer,…
Malheureusement les directions syndicales ont privilégié une forme de front commun avec les autorités communales et ont refusé de lier leur lutte avec les travailleurs communaux anversois ! La crise venait à peine de commencer, nombreux étaient ceux qui estimaient qu’elle n’était que temporaire et qu’il suffisait suffit de tenir le coup jusqu’à l’arrivée de jours meilleurs. Le résultat est visible aujourd’hui : des services publics communaux asphyxiés, aux travailleurs surchargés et qui comblent bien mal les besoins sociaux de la population. Mais la situation politique est également différente à l’heure actuelle et la chape de plomb que pouvait encore imposer la direction du PS sur le mouvement social n’est plus qu’une fine couche de glace.
Un séisme politique à Liège ?
En octobre 2017, la presse titrait ‘‘séisme à Liège’’ : un sondage plaçait le PTB à 28,3%, comme première formation politique de la Cité Ardente. Mouillés jusqu’au cou dans l’affaire Publifin, le PS, le MR et le CDH buvaient la tasse. Imaginons ce qu’il en aurait été si le PTB avait saisi l’occasion pour partir à l’offensive sous un slogan du type de celui de Mélenchon en 2012 : ‘‘Prenez le pouvoir !’’ Hélas, Raoul Hedebouw a commenté à l’époque ‘‘Ce n’est pas mon ambition d’être bourgmestre de Liège’’.
L’occasion était pourtant belle de démontrer dans la pratique ce que pourrait faire une ville ou une commune rebelle en refusant de rembourser sa dette sauf sur base de besoins prouvés, en investissant massivement dans les secteurs publics, en réduisant le temps de travail du personnel sans diminuer son salaire, etc. Liège aurait pu être la première d’un futur réseau de villes et communes à se soulever contre la camisole de force néolibérale qui étouffe nos villes ! A Seraing, d’ailleurs, certains sondages beaucoup plus récents placent le PTB devant le PS, qui perdrait ainsi sa majorité absolue historique.
Nombreux sont ceux qui ressentent l’urgence de mettre fin à la casse sociale et aspirent à un changement fondamental de politique. C’est ce que Thierry Bodson (secrétaire régional de la FGTB) a exprimé en appelant à la constitution de futures majorités de gauche. Le PTB pourrait prendre la tête de ce processus et, en reposant sur la mobilisation active des travailleurs, imposer un programme réellement socialiste.
Nous espérons que le PTB remportera des dizaines de conseillers communaux, mais aussi qu’il saisira cette opportunité pour construire un véritable front de la résistance sociale, en invitant toutes les personnes désireuses de lutter contre l’austérité à le rejoindre.
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L’exemple de Liverpool : mieux vaut briser la loi que s’en prendre aux pauvres
Entre 1983 et 1987, la ville de Liverpool a été gouvernée par les travaillistes, sous une direction de gauche. En 1983, 47% des électeurs ont voté pour le Labour et 57% en 1987. Liverpool est un exemple vivant de ce qui est permis par la lutte de classe dès lors qu’elle est sérieusement menée. A cette époque déjà, les autorités locales étouffaient dans une camisole de force budgétaire imposée par les autorités supérieures, économies budgétaires et privatisations à la clé. Le néolibéralisme avant l’heure.
A Liverpool, les choses étaient différentes. Le programme, la stratégie et les tactiques qui ont prévalu au cours de la lutte avaient été largement déterminées par la position du groupe Militant (le précurseur de notre parti-frère) au conseil municipal et plus généralement à l’intérieur du labour, dont il constituait l’aile marxiste.
Les 2.000 licenciements de personnel municipal de l’ancienne administration libérale ont été annulés. Un plan ambitieux a été élaboré pour construire 5.000 logements sociaux en quatre ans. Plus de logements sociaux ont été construits à Liverpool à cette époque que dans toutes les autres municipalités du pays réunies. Il y a eu six nouvelles crèches, cinq nouveaux centres sportifs et 17 nouvelles écoles primaires. Cela a créé 12.000 emplois dans le secteur de la construction, développement bienvenu face à un taux de chômage de 25% chez les hommes. Les loyers ont été gelés durant cinq ans. Le salaire minimum du personnel municipal a été augmenté, ce qui a touché 4.000 travailleurs. Le temps de travail a été réduit de 39 à 35 heures, sans perte de salaire.
Depuis 1979, les économies imposées par Thatcher avaient coûté 34 millions de livres sterling à la ville. Les dirigeants syndicaux nationaux s’y étaient opposés en paroles, sans rien faire. A Liverpool, ce fut différent. Le conseil municipal a fait l’objet d’une campagne rageuse, le gouvernement a même menacé d’envoyer l’armée. Le soutien de la classe ouvrière de Liverpool était solide.
La bataille s’est aussi déroulée dans la rue, sur les lieux de travail et dans les quartiers. Ce n’est qu’en mobilisant la classe ouvrière que Thatcher a pu être contrainte à faire des concessions. Une grève générale locale de 24 heures a eu lieu le 29 mars 1984, le jour du vote du budget, l’une des plus imposantes à l’échelle d’une ville. 50.000 manifestants ont soutenu le conseil communal. Le 9 juin, Thatcher a cédé : 16 millions de livres supplémentaires ont été libérés pour Liverpool !

Photo : Philip Gordon -
Participer aux élections ? Oui, mais pour construire une relation de force contre l’austérité !

Peter Mertens, président du PTB, lors du premier mai. Photo : Liesbeth. Tutelles régionales sur le budget des communes, contrats précaires et pénurie de personnel dans les services communaux, listes d’attentes pour les crèches, manque de place dans les écoles du fondamental, nombre incroyablement insuffisant de logements sociaux,… l’austérité touche tous les niveaux de pouvoir. Nos communes sont loin d’être épargnées. Les élections communales sont l’occasion de défendre un programme de rupture avec le néolibéralisme. Il est crucial que la colère puisse trouver son prolongement dans un programme mais, pour qu’il devienne réalité, il nous faut une mobilisation active des travailleurs et de la population. Le programme et l’obtention d’élus véritablement à gauche doivent en premier lieu servir à consolider notre rapport de force contre l’austérité.
Par Nicolas Menoux, membre du Bureau Exécutif du PSL
Seattle & la lutte pour les 15$/h
Aux USA, le thème du salaire minimum s’est imposée à l’agenda politique sous l’impulsion des travailleurs des fast-foods. En 2013, notre camarade Kshama Sawant (Socialist Alternative) a été élue parmi les 9 conseillers de la ville de Seattle. Le programme de Socialist Alternative défendait notamment l’augmentation du salaire minimum à 15$/h (alors que le salaire minimum fédéral de l’époque était de 7,25$) relayant ainsi les attentes de millions de travailleurs à travers le pays. Ce siège remporté à Seattle allait alors être utilisé comme porte-voix pour les mobilisations sociales, et de là est née la campagne ‘‘15 NOW’’. Des groupes d’action ont été lancés dans les quartiers pour affermir la mobilisation, organiser des réunions locales et des meetings publics,… pour impliquer les habitants et les faire descendre dans la rue. Ces groupes ont offert aux gens de pouvoir eux-mêmes mener leur lutte pour les 15$.
La position de Kshama Sawant a été utilisée pour contrer le discours et les attaques de la classe dominante, ses politiciens et ses médias. Avec les groupes locaux et le mouvement syndical, une pression suffisante a été exercée pour arracher la revendication des 15$ minimum de l’heure, une réalisation historique aux USA ! A partir de cette victoire, le thème est devenu un enjeu national (et même jusqu’au Canada et au Québec) tandis que la campagne ‘‘15 NOW’’ s’est essaimée dans d’autres villes.
Tout cela illustre d’une part que la lutte paie et, d’autre part, que séparer arbitrairement la lutte des classes et les élections est une erreur. Refusons que la bourgeoisie occupe tout le terrain électoral, opposons-leur nos propres représentants, issus de nos syndicats, de nos quartiers, des mouvements sociaux !
Une politique de gauche sur le plan local ?
La majorité communale à Saint-Gilles (Bruxelles) a décidé courant juin de fermer un tunnel piétonnier sous les voies ferrées. Ceci a déclenché une vague de protestations sur les réseaux sociaux : les piétons et les cyclistes doivent depuis passer par un tunnel routier beaucoup plus dangereux. Mais il était évident que la majorité entendait ainsi expulser les sans-abris qui s’y réfugiaient ! En quelques jours, une manifestation a été organisée. Cela a suffi, en organisant la mobilisation, à faire reculer les politiques qui n’ont pas rouvert le tunnel mais ont dû promettre de trouver une solution pour les SDF.
Quelles leçons en retirer ? Tout cela démontre qu’une commune de gauche et des élus de gauche doivent absolument articuler leur action autour des mobilisations sociales et de la lutte concrète de la rue. Il s’agit d’une nécessité cruciale pour ne pas trahir son programme. A Barcelone, libérer le secteur de l’énergie pour le placer dans les mains de la collectivité grâce à la remunicipalisation est un enjeu impératif pour éradiquer la pauvreté énergétique. Ce n’est réalisable que grâce à la construction d’un rapport de force face aux intérêts des entreprises privées, et si les travailleurs et leurs familles s’organisent dans des comités de lutte locaux, quartiers par quartiers. La mairie de gauche devrait utiliser tout ce qui est à sa disposition pour favoriser l’essor d’un tel mouvement.
En Belgique, la percée électorale du PTB en 2014 et les sondages encourageants depuis lors ont donné un aperçu de l’espace existant pour une alternative anti-austérité, particulièrement dans ce contexte de scandales multiples pour les partis traditionnels. A la RTBF le 22 juin, Raoul Hedebouw a expliqué que ‘‘le PTB est prêt à gouverner dans les communes s’il n’est pas la 5e roue du carrosse’’. De telles discussions devraient être menées publiquement par le PTB afin de les sortir des négociations secrètes entre partis. La meilleure manière d’éviter de se voir astreindre un rôle de bouche-trou, c’est que l’accord repose fermement sur le programme. Lequel ? Pour l’ensemble du personnel communal : la reconversion des Articles 60 en vrais CDI à temps plein et une campagne de nomination des travailleurs, l’application immédiate de la réduction collective du temps de travail à 30 heures/semaine avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, un plan radical d’investissements publics pour les crèches, les logements sociaux, les écoles,… Avec un tel programme, une coalition représenterait une réelle rupture.
L’occasion est à saisir, avec des initiatives visant à insérer dans le débat électoral cette nécessité de renforcer la confiance à entrer en lutte. Le PSL a proposé de pouvoir participer à ces échéances électorales au côté du PTB. Face à leur refus, nous présenterons des candidats à Saint-Gilles sur la liste de Gauches Communes ainsi qu’à Keerbergen. Ailleurs, nous appelons à voter pour le PTB, mais aussi à discuter avec nous de nos propositions, de notre programme politique et de nos méthodes.
Mais, que cela soit avant ou après les élections, la question fondamentale reste la manière de construire une relation de force suffisante pour briser la camisole de force de l’austérité et imposer l’instauration de programmes progressistes. L’obtention d’un ou une élue réellement socialiste serait l’occasion d’illustrer concrètement cela.
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Le 14 octobre, votez PTB! Vous voulez rejoindre la lutte ? Rejoignez le PSL!
Il y aura des candidats du PSL à Saint Gilles (Gauches Communes) et à Keerbergen (Consequent Links). Ailleurs, nous appelons à voter pour le PTB.

Peter Mertens au 1er mai à Anvers. (Photo : Liesbeth) Dans le numéro précédent de Lutte Socialiste (mai 2018), nous faisions état de la discussion à venir entre le PTB et le PSL sur les élections communales. La résistance sociale à l’échelle locale pourrait connaître une importante impulsion si, le 14 octobre prochain, une alternative de gauche cohérente obtenait un bon résultat. Cela renforcerait la confiance pour lutter sur le plan local, mais aussi sur le plan régional et fédéral. Car le néolibéralisme a aussi infecté la politique communale. Le coût du logement grimpe en flèche, les infrastructures sont déficientes, qu’il s’agisse de routes, d’écoles, de crèches ou de transports publics, tandis que les services à la population se font plus chers et que les listes d’attente s’allongent.
Par Bart Vandersteene, porte-parole national du PSL, éditorial de l’édition de juin de Lutte Socialiste
Les partis traditionnels participent à la politique de transfert des ressources communales vers les promoteurs et spéculateurs immobiliers aux dépens de la politique sociale et des services publics. Il existe une large marge de manœuvre pour une alternative de gauche, surtout si elle est combinée à des campagnes militantes et au regroupement des différents partis de gauche cohérents. Le PSL a proposé son aide au PTB pour contribuer au meilleur résultat possible le 14 octobre. Malheureusement, nos arguments sont tombés dans l’oreille d’un sourd.
Le PTB refuse la collaboration
La réunion avec Benjamin Pestieau, membre de la direction nationale du PTB, a finalement eu lieu le vendredi 27 avril, soit onze mois après l’envoi à la direction du PTB de notre proposition de rencontre et après dix mails de rappel. Même les plus optimistes des camarades du PSL savaient que le PTB ne débordait pas d’enthousiasme pour s’assoir à une même table et travailler côte-à-côte. Mais nous avons estimé qu’il était important que la discussion ait lieu, ne serait-ce que pour mieux connaître l’analyse et le raisonnement politique du PTB.
Voici ce que le PTB a clairement indiqué lors de la rencontre qui a finalement eu lieu :
- le PTB ne vise pas, pour le moment, d’obtenir le plus d’élus possible aux élections communales
- il ne s’intéresse aux résultats que dans les endroits qu’il considère comme prioritaires ;
- la résistance sociale se heurte à un manque de dynamisme de la base ainsi qu’à une faible conscience socialiste ;
- une rupture radicale avec la logique capitaliste n’est donc pas possible à court ou moyen terme ;
- le PTB développe donc un plan d’implantation à long terme ;
- il n’existe pas une confiance suffisante entre nos deux partis pour collaborer.
Une confiance doit s’établir avant que la PTB n’envisage la possibilité éventuelle d’avoir des candidats PSL sur les listes du PTB. Benjamin Pestieau a cependant dû concéder que des membres du PTB estiment qu’une telle collaboration est possible. Les militants de base du PTB disent à leurs dirigeants que, sur le terrain, sur les lieux de travail, dans les secteurs ou les sections syndicales,… bref en de nombreux endroits, la coopération est excellente avec les militants du PSL. Ce n’est pas une coïncidence : les militants combatifs savent qu’ils sont toujours plus forts s’ils travaillent ensemble dans le respect des uns et des autres. Nous avons l’impression que la direction du PTB refuse de coopérer avec nous aux élections en raison de calculs politiques alors qu’elle devrait être guidée par le désir de construire la résistance, le mouvement social et une gauche conséquente autant que possible.
Afin d’obtenir le meilleur résultat possible, le PTB – de loin le plus grand acteur – devrait prendre la responsabilité de rassembler la gauche au sens large dans une campagne dynamique, rebelle et ambitieuse. Nous comprenons que le PTB souhaite conserver le contrôle sur son propre développement électoral, mais cela ne signifie pas pour autant que d’autres forces de gauche soient incapables de livrer une contribution substantielle et énergique à leur campagne. A notre avis, une approche semblable à celle de Jean-Luc Mélenchon, qui fait tout ce qu’il peut pour développer le front le plus inclusif possible dans la lutte (voir en page 12), renforcerait la force de la résistance, tant sur le plan social qu’électoral. Loin d’affaiblir la position de Mélenchon, cela la consolide.
Aucun autre intérêt que ceux de la classe ouvrière
Lors de son congrès de 2008, le PTB a annoncé qu’il tournait la page du dogmatisme et du sectarisme : le parti se concentrerait sur des réponses concrètes aux problèmes concrets. Le PTB s’est doté d’un nouvel emballage à destination du grand public et a développé ses ambitions électorales, qui pilotent de plus en plus son programme. Selon ses propres dires, le PTB s’est ouvert. Mais ses anciennes méthodes, responsables d’une image négative auprès de nombreux militants de gauche et de la population, n’ont pas disparu.
Quelles étaient ces méthodes ? Il s’agissait notamment du refus de reconnaître l’existence de toute une série de courants au sein du mouvement ouvrier, d’avoir une attitude brutale envers les autres courants et de l’idée que son propre parti (le PTB) s’élèvait au-dessus de la classe ouvrière. Le PTB avait adopté cette approche du ‘‘socialisme réellement existant’’ comme on l’appelait alors (le stalinisme et ses variantes maoïstes). Cette approche contraste fortement avec celle de Karl Marx et Friedrich Engels dans le Manifeste du Parti communiste. Le deuxième chapitre de ce manifeste commence par la question de la façon dont les communistes voient les travailleurs. Le deuxième chapitre de ce manifeste commence par la façon dont les communistes considèrent les travailleurs. ‘‘Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers. Ils n’ont point d’intérêts qui les séparent de l’ensemble du prolétariat.’’
Dans le contexte actuel, une victoire électorale du PTB représenterait un pas en avant important pour l’ensemble des travailleurs. Le travail mené par Raoul Hedebouw et Marco Van Hees au Parlement fédéral tire le débat politique vers le haut et vers la gauche, ce qui renforce à son tour, d’une manière générale, la confiance pour participer activement aux luttes sociales. Nous appelons donc à voter pour le PTB.
Ce n’est que dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles et à Keerbergen que des membres du PSL participeront à des listes d’unité de gauche radicale. Cela nous donne l’occasion de défendre un programme qui répond aux besoins concrets de la population en liaison avec des actions sur le terrain, sans mettre pour autant en danger l’élection de candidats du PTB.
Nous sommes enthousiastes quant à la possible percée électorale du PTB, mais il aurait été préférable que le PTB ait suivi l’approche de Marx et Engels et ait accompli tous les efforts pour que la gauche conséquente obtienne le meilleur résultat possible.