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  • Mélenchon et la France Insoumise. Comment réaliser ‘‘l’insurrection citoyenne contre la monarchie présidentielle’’?

    Photo : Parti de Gauche

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que la dynamique de la France Insoumise impressionne… Sur le net, Jean-Luc Mélenchon et son mouvement font un carton (plus de 240.000 abonnés à sa chaîne youtube !). Dans la ‘‘vraie vie’’, la mobilisation du 18 mars dernier a coupé le souffle à plus d’un commentateur : 130.000 personnes avaient répondu à l’appel et s’étaient retrouvées à Paris pour commémorer ensemble les débuts de la Commune de Paris (1871), la ‘‘première tentative de république sociale’’.

    Dossier de Stéphane Delcros et Nicolas Croes

    Les comités de la France Insoumise lancés en février 2016 organisent aujourd’hui près de 300.000 militants, qui ont par ce biais participé à l’élaboration du programme notamment via une grande Convention de la France Insoumise en octobre 2016. Le 1er décembre sortait le premier tirage du livre L’Avenir en Commun, disponible à 3 euros (mais également gratuitement en ligne sur www.laec.fr), qui détaille les 83 mesures proposées par le candidat. Les 50.000 premiers exemplaires ont fondu comme neige au soleil et le livre-programme est devenu un succès de libraire. Dès sa première semaine, il s’est placé à la neuvième place des meilleures ventes de livres en France… tous genres confondus ! Il a depuis largement dépassé les 100.000 exemplaires vendus.

    Ce succès n’a pas seulement été obtenu en librairie. Comme cela avait déjà été le cas lors de la candidature de Mélenchon en 2012, la France Insoumise invite ses partisans à être eux-mêmes actifs, à tenir des tables politiques en rue et sur les marchés (voire tout simplement à s’installer sur le pas de sa porte avec du café, une radio et une table de présentation), à s’adresser aux collègues et amis,… En 2012 déjà, chaque participant aux meetings de sa campagne recevait un ‘‘kit militant’’ comprenant quelques tracts, des affiches, etc. Mélenchon expliquait alors : ‘‘mon équipe préfère réparer les dégâts de l’action que ceux de l’inaction’’. Cette approche visant à transformer un soutien passif en implication active est un élément crucial pour que la gauche soit capable de redonner espoir et de contester la place tant du Front National que des partis traditionnels de l’establishment. Il n’est déjà pas impossible que la France Insoumise dépasse le PS au premier tour des présidentielles, ce qui donnerait un formidable élan aux discussions et initiatives pour une recomposition radicale du spectre de la gauche anti-austérité en France.

    La solidarité pour sortir de la peur ‘‘Il faut compter sur le peuple, sur son intelligence, son humour, sa dérision, sa finesse pour convaincre et entraîner. Car il faut convaincre et entraîner. Il faut sortir de la sinistrose, (…) il faut sortir de la peur qui est le seul nouveau lien social que la droite ait proposé au peuple pour se rassembler. (…) Autrefois, le grand lien social étaient la solidarité, la fraternité et personne ne trouvait à y redire quand bien même était-il de droite. La cupidité était considérée comme une tare ; aujourd’hui elle est considérée comme le premier moteur de l’activité. Chacun est amené à développer son égoïsme personnel comme une affirmation de soi.’’ -L’Avenir en Commun

    Notre soutien à la démarche de la France Insoumise n’est pas sans critique, loin de là. Mais les propositions programmatiques formulées représentent selon nous un pas dans la bonne direction. Elles participent à la nécessaire reconscientisation politique des travailleurs et de la jeunesse après des années de dégoût, de désillusion et de désespoir. Cet exercice est par ailleurs accentué par les divers canaux de diffusion des idées défendues par la France Insoumise : présence quasi permanente sur les différents réseaux sociaux, vidéos youtube,… Tout cela permet d’aller toucher des couches de la société qui se sont détournées de la politique depuis des années. Jean-Luc Mélenchon et son bras droit Alexis Corbière se sont même aventurés dans les milieux du jeu vidéo en critiquant Assassin’s Creed Unity et sa vision extrêmement tronquée de la révolution française, tout en reconnaissant cependant les prouesses graphiques du jeu.

    Un plan d’investissement pour répondre aux urgences sociales et écologiques

    Dans son introduction à L’Avenir en Commun, Jean-Luc Mélenchon explique : ‘‘À nos yeux, l’urgence écologique, le désastre social et le délabrement de la démocratie sont les trois visages d’une même réalité. Nous étouffons sous le règne de la finance. Elle gouverne le monde avec sa cupidité insatiable, sa certitude absurde que les intérêts particuliers sont seuls légitimes, que tout peut s’acheter et tout peut se vendre, que le libre-échange des marchandises et la circulation sans contrôle des capitaux sont les meilleurs organisateurs de toutes les activités humaines. Voilà bien ce qui détruit la planète et les êtres humains. Et pire que tout, le règne de la finance détruit cette formidable capacité des êtres humains à coopérer entre eux pour résoudre leurs problèmes, ce que nous nommons démocratie.’’

    Comment y faire face ? Il est question, pêle-mêle, de la ‘‘convocation d’une assemblée composée de gens qui n’ont jamais été élus au Parlement auparavant pour écrire une nouvelle Constitution’’, celle de la VIe République ; d’une ‘‘planification écologique’’ pour organiser ‘‘le changement global de notre façon de produire, d’échanger et de consommer, pour mener une vie en harmonie avec la nature dont nous sommes partie prenante’’ reposant sur l’agriculture paysanne, l’économie de la mer, la sortie du nucléaire et la transition vers 100?% d’énergie renouvelable ; le développement de l’enseignement ; la sortie de l’OTAN ; etc. Tout cela reposant sur une ‘‘profonde et méthodique réorganisation de l’usage et de la répartition des richesses produites. (…) contre les abus de l’obsolescence programmée, des incitations à un consumérisme irresponsable et à un mode d’alimenttion nocif. Une société plus égalitaire est nécessaire non seulement pour donner à chacun les moyens de développer son potentiel personnel, mais aussi pour en finir avec un modèle d’arrogance, d’accumulation et de consommation ostentatoires, aussi nuisibles et immorales que ridicules.’’

    Pour y parvenir, le programme détaille l’instauration d’un barème d’impôt progressif étalé sur quatorze tranches, une échelle des salaires limitant l’écart de un à vingt au maximum, le partage du temps de travail libéré par les progrès de l’automatisation et de l’intelligence artificielle, réparti dans la semaine, le mois, l’année et dans la durée de la vie professionnelle, la limitation du droit du capital en fonction de la durée de son investissement, la définition d’une véritable citoyenneté dans l’entreprise, etc.

    Un programme de gauche ambitieux, mais insuffisant

    Tout ceci constitue un exercice extrêmement intéressant d’élaboration d’un programme de gauche disposant d’un ‘‘programme d’urgence’’ immédiat et de perspectives à plus long terme. Nous manquons hélas de place pour aborder les détails de ce projet et la manière dont il est chiffré.
    Le chiffrage du programme se base essentiellement sur l’idée d’un ‘‘multiplicateur keynésien’’ selon lequel de l’argent investi provoque, à terme, une augmentation de l’activité économique et donc des recettes publiques. Le FMI estime que pour 1 euro d’argent public investi dans l’économie réelle, il en résultera 2 à 3 euros d’activité et de recettes publiques. Les économistes de la France Insoumise s’appuient sur ‘‘l’hypothèse prudente’’ d’un multiplicateur de 1,4. Ils disent d’ailleurs avoir été très prudents en général et avoir même mis de côté plusieurs recettes ‘certaines’.

    Mais ce mode de calcul a tendance à nier la crise de surproduction du système capitaliste. Il réduit tout au fait que le problème essentiel serait la sous-consommation, elle-même causée par des salaires trop faibles. La crise du système capitaliste est toutefois plus globale, elle ne se limite pas à cette sous-consommation. Augmenter les salaires est très important, mais cela ne résoudra pas tout. C’est l’ensemble du système économique qui doit être balayé, pas juste certaines de ses conséquences corollaires parmi les plus visibles.

    L’économie n’est pas mathématique, elle résulte d’un rapport de force

    Comme autre élément de financement de son programme, la France Insoumise propose une ‘‘révolution fiscale’’. Nous partageons le constat selon lequel les plus nantis de cette société sont caressés dans le sens du poil et ne contribuent qu’à peine aux caisses de la collectivité. Mais chaque militant sait d’expérience qu’à la moindre menace d’augmenter l’imposition des plus riches et des grandes entreprises, c’est la fuite des capitaux vers d’autres cieux. Or, quand il est question de ‘‘mettre au pas la finance’’, beaucoup de choses sont abordées, sauf la nationalisation des banques sous contrôle et gestion démocratiques. Sans cela, comment contrôler effectivement les capitaux et empêcher qu’ils ne fuient vers des paradis fiscaux ?

    Il en va de même pour les mesures qui visent à renforcer le contrôle des travailleurs sur les entreprises et à empêcher les licenciements boursiers. Nous ne sommes pas contre ces propositions, mais la réaction des employeurs sera soit de délocaliser, soit d’organiser la grève des investissements, soit de saboter l’activité économique. L’exemple de la Grèce et du gouvernement SYRIZA a on ne peut plus clairement illustré que le camp du capital est capable de choisir le risque d’un désastre économique plutôt que d’assister à l’essor d’une alternative politique de gauche. Face à tout cela s’imposent l’arme de la nationalisation sous contrôle des travailleurs des entreprises qui menacent de licenciements collectifs ou de délocalisation de même que celles du contrôle des flux de capitaux et du monopole d’Etat sur le commerce extérieur.

    UE : un ‘Plan A’ impossible

    Nous estimons illusoire de vouloir changer cette institution qu’est l’Union Européenne. L’UE est, depuis le début, un instrument aux mains de la classe dominante pour défendre ses intérêts ; en plus d’être non démocratique, le néo-libéralisme est dans son ADN.

    Mélenchon va heureusement plus loin que la conception connue comme ‘‘l’européanisme de gauche’’ consistant à vouloir petit à petit changer l’Europe de l’intérieur, principalement grâce à des victoires de la gauche dans différents Etats. Mais même s’il promeut l’idée d’une coordination européenne avec d’autres forces anti-austéritaires, le ‘Plan B’ de sortie de l’UE ne va pas assez loin. Il faut non seulement rompre avec cette ‘Europe du Capital’, mais aussi avancer pour construire une Europe des travailleurs, à l’aide d’un programme socialiste basé sur la mobilisation par en bas pour s’attaquer au pouvoir de la classe dominante. Il est important d’expliquer dès maintenant cette nécessité, même si elle peut temporairement recevoir un écho plus limité.

    De la même manière, au sujet de la dette publique, proposer de ‘‘réaliser un audit citoyen de la dette publique pour déterminer la part illégitime et préparer un réaménagement négocié (échelonnement des remboursements, baisse des taux d’intérêt, annulation partielle…)’’ peut sembler tout à fait rationnel et raisonnable. Mais souvenons-nous de ce qu’il en a été en Grèce. Un audit ne peut avoir de sens que comme moyen d’aider à conscientiser et mobiliser les travailleurs vers le refus pur et simple de rembourser cette dette qui n’est pas la nôtre.

    Pour un plan de nationalisation des secteurs-clés

    Le programme de la France Insoumise remet en partie le concept de nationalisation à l’avant-scène. Mais seulement partiellement : il ne s’agit jamais d’un secteur en entier, seulement d’entreprises-clés ou d’un ‘‘pôle public’’. Nous avons pourtant besoin de la gestion et du contrôle démocratiques des travailleurs et de la communauté sur la production dans tous les secteurs-clés de l’économie. La nationalisation du secteur financier dans sa totalité et la création d’un organisme public unique de crédit est la seule solution pour assurer un contrôle des capitaux et empêcher les capitalistes de contrôler les investissements.

    Nous pensons que les secteurs-clés (banque, finance, télécoms, sidérurgie, pétrochimie,…) doivent être nationalisés dans leur entièreté, sans rachat ni indemnité sauf sur base de besoins prouvés. C’est la seule réponse efficace aux menaces de délocalisations qui viendront de la part de nombreux grands patrons. Sans cela, la ‘‘VIe république’’ à laquelle appelle Mélenchon pourrait subir un sort identique aux volontés anti-austérité affichées par SYRIZA avant son arrivée au pouvoir en Grèce.

    Pour un changement de système, pour une société socialiste démocratique

    Reconnaissons que le projet de VIe République visant à abolir le système actuel a le mérite de remettre en cause les institutions qui protègent la domination de la classe capitaliste dominante. Une série de mesures qui y sont attachées dans ce programme s’orientent vers une rupture avec le système, sans toutefois clairement oser pointer du doigt cette nécessité.

    Il faut aller plus loin. Pourquoi ne pas appliquer ce brillant projet de planification écologique défendu par la France Insoumise à l’échelle de l’économie elle-même ? Une planification économique démocratique permettrait d’orienter la production vers ce qui est nécessaire, vers les besoins réels de l’immense majorité de la population et ceux de notre planète.

    Il faut discuter et avancer vers un autre type de système économique, vers une société débarrassée de l’exploitation et de la loi du profit : une société socialiste démocratique. C’est la seule capable d’assurer qu’une poignée d’ultra-riches ne décide de tout en fonction de ses intérêts. C’est la seule capable d’assurer l’existence harmonieuse des hommes, des femmes et de leur environnement. Ce manque d’audace concernant l’alternative à opposer, non seulement à ‘‘l’oligarchie financière’’ mais au capitalisme lui-même permet de comprendre d’autres points faibles à nos yeux, tels que le repli sur la ‘‘nation souveraine’’ ou l’idée d’une ‘‘nouvelle alliance altermondialiste des peuples et peser de tout notre poids pour créer un monde ordonné autour de la communauté des nations qu’incarne l’ONU’’.
    Pour changer les choses, il faut s’organiser et se mobiliser !

    L’une des grandes forces de cette candidature, c’est la mobilisation et l’activation de larges couches de travailleurs et de jeunes autour d’un projet commun. En nous rendant en France à différentes reprises soutenir l’intervention de nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire, notamment à l’occasion du rassemblement du 18 mars, nous avons pu nous rendre compte par nous-mêmes de l’espace de discussion que représente la France Insoumise.

    Comme l’expliquent nos camarades de la Gauche révolutionnaire : ‘‘Des milliers de travailleurs et travailleuses sont en grève ou en action chaque jour. Ces luttes vont continuer même si elles seront absentes des médias : la colère est énorme, il n’y a pas de résignation !

    C’est pour cela aussi qu’il faut utiliser la campagne et le vote Mélenchon, pour encourager ces combats et leur donner une perspective politique. Nos votes peuvent vraiment rassembler notre camp avec un candidat qui défend des politiques radicalement différentes des pro-capitalistes. Être organisés, voilà ce qui va être indispensable pour construire une riposte efficace face aux politiques d’austérité et pour lutter contre ce système absurde et criminel qu’est le capitalisme. Ce qu’il nous manque, c’est une véritable force politique de lutte, un parti de masse, réellement démocratique, qui parle non seulement de changer cette Vème république injuste et antidémocratique mais défende également le projet d’une société débarrassée de l’exploitation et de la loi du profit, une société socialiste démocratique. C’est un tel parti de lutte qui sera un réel rempart au Front National.

    Pour stopper les plans des capitalistes ou mettre en œuvre les propositions de Mélenchon, il faudra une vaste lutte, peut-être une grève générale, des travailleurs et des jeunes tous ensemble. La campagne électorale doit permettre de s’y préparer.’’

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    Comment le programme a-t-il été élaboré ?

    L’Avenir en Commun a pris comme point de départ ‘‘L’Humain d’abord’’, le programme porté par Jean-Luc Mélenchon en 2012. Lorsque Jean-Luc Mélenchon a officiellement annoncé sa candidature pour les présidentielles de 2017, en février 2016, ce programme a été discuté et actualisé sous la direction de Charlotte Girard, juriste, et de Jacques Généreux, économiste.

    Entre février et août 2016, environ 3?000 contributions ont été déposées sur le site internet jlm2017.fr. Elles ont été lues et synthétisées par une équipe d’une vingtaine de rapporteurs répartis par thème. Ensuite, seize auditions programmatiques ont été organisées avec divers chercheurs, professionnels et militants. Dans un troisième temps, les forces politiques appuyant la candidature de Jean-Luc Mélenchon ont aussi apporté leurs contributions. Tout cela a été validé le 16 octobre 2016 lors de la Convention nationale de la France Insoumise.

    Au dire des animateurs nationaux de la France Insoumise, ce travail collaboratif ne doit pas s’arrêter là : ‘‘Ce texte ne clôt pas la réflexion, il lui donne un nouvel élan’’. De la même manière que le programme de 2017 représente une avancée sur certains points (nous pensons à l’écologie notamment), nous espérons que l’avenir permettra de clarifier les différentes notions dont il est question dans ce dossier.

  • Le PS sous pression des scandales et d’une opposition de gauche

    Peter Mertens au Premier mai à Anvers. Photo: Liesbeth.

    Aux dires d’un sondage RTBF, si des élections avaient lieu demain, le PS connaîtrait son pire résultat : 20,3% en Wallonie et 20,1% à Bruxelles. L’érosion de la confiance dont bénéficiait le PS en tant que défendeur des intérêts des travailleurs ne date pas d’hier. Mais les récents scandales autour de Publifin-Nethys ont finalement été la goutte faisant déborder le vase de la méfiance. C’est le PTB qui en profite le plus, il passerait devant le PS selon ce même sondage et deviendrait la deuxième force politique wallonne avec 20,5%. A Bruxelles, le PTB/PVDA grimperait jusqu’à 14,1%.

    Par Bart Vandersteene

    En Europe,le PS belge a longtemps été l’exception qui confirme la règle. Alors que tous les partis sociaux-démocrates étaient punis pour leur participation aux politiques d’austérité et en dépit de ses 26 ans de participation au gouvernement fédéral de manière ininterrompue (1988-2014), le PS préservait peu ou prou sa position électorale. Cette exception était essentiellement l’expression du manque de véritable alternative. Depuis 2014, le PTB dispose de deux élus au parlement fédéral et le PS est confronté à une opposition de gauche dynamique. Aujourd’hui, la fragilité du soutien électoral du PS éclate au grand jour.

    Le scandaleux enrichissement personnel qui touche des politiciens du PS, du MR et du CDH a ébranlé le monde politique francophone. Les scandales se sont succédé les uns après les autres alors qu’en Wallonie, seules 6 personnes sur 10 de la population active ont un emploi. Le risque de pauvreté comporte des similitudes avec les pays d’Europe de l’Est. Ce n’est pas étonnant que les électeurs punissent les socialistes autoproclamé au vu d’un tel contexte, alors que certains cumulent des mandats et des postes pour gagner jusqu’à près d’un million par an, comme c’était le cas de Stéphane Moreau (PS).

    En Flandre, le PTB progresse également et obtient 5,5%. Il dépasserait donc le seuil électoral et aurait trois élus. La N-VA resterait le plus grand parti et se stabiliserait autour des 28%, soit le double du deuxième parti flamand, le CD&V (14,1%). Quatre partis obtiendraient ensuite entre 10% et 14%: Open VLD, SP.a, Vlaams Belang et Groen. Les luttes sociales de fin 2014 et de 2015 qui avaient un temps dominé le débat politique avaient mis les partis gouvernementaux sur la défensive. La fin de cette période de conflit social a laissé le champ libre principalement à la N-VA et au Vlaams Belang, qui ont dévié l’attention publique vers les questions de sécurité, du terrorisme, des migrants, des réfugiés,… Malgré tout, il reste du potentiel en Flandre pour une gauche d’opposition conséquente.

    Début mars, Bart De Wever a parlé de son espoir de voir ‘‘une situation où un tandem PS/PTB domine la politique francophone, pour provoquer une percée communautaire.’’ La N-VA justifierait alors son modèle confédéral en soutenant qu’il existe deux réalités différentes dans ce pays. Mais pour la population ordinaire, il y a beaucoup plus de similitudes que de différences. Dans toutes les régions du pays, l’austérité fait mal et le soutien aux partis traditionnels est miné à la suite d’années de politique antisociales et de scandales. La nécessité d’une alternative de gauche se fait partout sentir.

    Une réforme confédérale où l’entièreté du modèle social serait régionalisée constitue un scénario dangereux pour la classe ouvrière flamande, bruxelloise et wallonne. A Bruxelles et en Wallonie, les régions les plus pauvres, la logique néolibérale signifierait une réduction supplémentaire des conditions de travail et des salaires pour attirer les investissements. En Flandre, la droite essayerait de forcer le passage en profitant de la mise sur le côté des syndicalistes francophones plus combatifs. Une poursuite de la régionalisation ne serait qu’au profit de l’élite capitaliste qui accentuerait la concurrence interne à la Belgique pour amplifier la spirale vers le bas des conditions de travail et de salaire.

    Dans ce contexte, le développement d’une opposition de gauche en Flandre est une tâche urgente. Pour y parvenir, adopter une démarche inclusive ne serait pas un luxe, avec une alliance de toutes les forces à la gauche de la social-démocratie et des Verts, tout en respectant les spécificités de chacun. Le PSL est prêt à apporter une contribution constructive dans ce cadre.

  • [DOSSIER] Quelle riposte de la gauche à l’ère du populisme?


    Si les mots étaient côtés en bourse, celui de ‘‘populisme’’ serait sans nul doute une des valeurs sûres actuelles. A la suite d’une année 2016 marquée par les ‘‘coups de boutoir de la protestation populiste’’ – le Brexit et l’élection de Trump n’ayant été que les plus marquants d’entre eux – les phénomènes du rejet de l’establishment et du populisme se sont profondément ancrés dans la vie politique. Cela frise souvent l’absurde, comme en France où tous les candidats semblent s’être donnés le mot, jusqu’à Macron, ancien ministre et ancien cadre de la banque d’affaires Rothschild, qualifié de ‘‘candidat anti-establishment positif’’ par Le Vif (Belgique) et de ‘‘populiste du centre’’ par La Tribune (France)…

    Dossier de Nicolas Croes paru dans l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Et ça continue encore et encore…

    Il n’y avait pas besoin d’être installé dans les salles cossues de la dernière réunion annuelle du Forum Economique Mondial (FEM) de Davos fin janvier pour ressentir la panique manifeste qui planait sur cette réunion de haut vol. Le ton de ce rendez-vous obligé des plus grands dirigeants d’entreprises et des chefs d’Etat a, une fois de plus, été donné par le rapport d’Oxfam sur les inégalités publié à la veille de la rencontre. Ce dernier, intitulé ‘‘une économie au service des 99%’’, expliquait notamment ‘‘comment les grandes entreprises et les individus les plus riches exacerbent les inégalités, en exploitant un système économique défaillant, en éludant l’impôt, en réduisant les salaires et en maximisant les revenus des actionnaires’’, autour d’un chiffre-choc: aujourd’hui, les 8 personnes les plus riches au monde possèdent (429 milliards de dollars) plus que la moitié la plus pauvre de l’humanité (409 milliards de dollars)!

    ‘‘L’égalité est sur toutes les lèvres ici à Davos, et peut-être que l’égalité est en train de devenir le nouveau mot à la mode’’, a déclaré pleine d’optimisme Magdalena Andersson, ministre suédoise des Finances. Légèrement plus angoissé, le secrétaire général de l’OCDE(1) Angel Gurria s’est adressé aux participants en ces termes : ‘‘Vous devez payer les taxes, là où vous générez les bénéfices. (…) Aujourd’hui, le niveau de tolérance (vis-à-vis de l’évasion fiscale) a baissé de manière spectaculaire. A cause de la crise, mais aussi parce que les Etats ont besoin d’argent.’’ Plus volontaire, le commissaire européen Pierre Moscovici (PS) a proclamé que ‘‘le temps où les multinationales faisaient ce qu’elles voulaient est révolu’’ (on a hâte de voir ça…).

    Les réactions divergent, mais le constat reste identique : la perte d’autorité des instruments traditionnels de la classe dominante est tout bonnement gigantesque. Depuis le début de la crise économique, toutes les méthodes employées par l’establishment capitaliste ont été vouées à l’échec. Ses meilleurs instruments politiques ont été brûlés, de nouveaux joueurs sont arrivés sur le terrain et l’instabilité politique est devenue la règle plutôt que l’exception. Le climat de désillusion vis-à-vis de la politique traditionnelle est général. La seule certitude, c’est qu’il n’existe plus de certitude.

    Certains participants au FEM de Davos illustraient leurs craintes pour l’avenir en ces termes : lors de la réunion de janvier 2016, personne n’envisageait la victoire du ‘‘non’’ au référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, et encore moins qu’Hillary Clinton ne devienne pas le 45e président des USA. Juste avant l’ouverture de la rencontre de Davos, le FEM expliquait que, pour sa part, c’est le fossé entre riches et pauvres qui se trouvait derrière le Brexit et la victoire de Donald Trump.

    … c’est que le début, d’accord, d’accord.

    Aucun commentateur sérieux n’ose s’avancer à dire que les choses sont amenées à changer dans le futur. En janvier, un rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) expliquait que ses mesures des activités de contestation à travers le monde avaient enregistré une sérieuse augmentation au cours de l’an dernier dans ce contexte d’incertitudes économiques et politiques(2). En revenant sur une année marquée par les ‘‘protestations anti-austérité au Brésil, les manifestations contre l’élection de Donald Trump aux USA et les actions industrielles [les grèves] au Royaume-Uni’’, l’OIT a expliqué que son étude des événements démontrait que le risque d’agitation sociale avait augmenté dans ‘‘presque toutes les régions du monde’’. Pour l’OIT encore, l’inégalité croissante est clairement derrière les résultats électoraux inédits qui se succèdent un peu partout. Sa conclusion est la suivante: le mécontentement parmi les travailleurs sera encore plus grand cette année.

    Comme pour illustrer leur compréhension de cela, les gouvernements français et allemand n’avaient envoyé comme seul émissaire de poids au FEM, leur ministre des Finances (Michel Sapin et Wolfgang Schäuble). Des deux côtés, on craignait les répercussions négatives sur l’opinion publique de la présence de François Hollande et d’Angela Merkel. Leur participation à ce temple de l’élite capitaliste était dangereuse au regard des prochaines élections prévues dans les deux pays.

    La trahison de la social-démocratie

    Il n’y a pas encore si longtemps, l’équilibre des forces politiques était relativement stable. En Amérique du Nord et en Europe, les partis du statuquo s’échangeaient régulièrement le pouvoir, mais la politique menée restait essentiellement la même. Entre la ‘‘gauche’’ de gouvernement et la droite, il y avait bien des différences (sur des sujets éthiques tels que l’euthanasie ou le mariage égalitaire, par exemple), mais le dogme néolibéral de libéralisation et de privatisation ne souffrait d’aucune remise en question. Tout juste était-il à la rigueur question du rythme des mesures, sans plus.

    A ‘‘gauche’’, les années ’90 ont été marquées par la ‘‘troisième voie’’ social-démocrate, personnifiée par le virage à droite opéré par Tony Blair dans le Parti travailliste (le Labour) britannique. Selon Margaret Thatcher, la Dame de fer elle-même, cette transformation du Labour en New labour était sa plus belle réalisation. Cette mutation social-libérale avait été rendue possible par la période ouverte grâce à l’effondrement du bloc soviétique. Le capitalisme semblait tout puissant, l’horizon indépassable de l’humanité. Même en usine, certains ouvriers discutaient durant leur pause de la manière dont ils pouvaient, eux aussi, investir en bourse et devenir actionnaires.

    Fin des années ’90, la social-démocratie était au pouvoir, seule ou en coalition, dans quinze des dix-sept pays que comptait alors l’Union européenne. Elle avait fait sienne le dogme de la croissance économique et de l’argent-roi qui bénéficierait à tous. Au pouvoir, les PS, SPD, New labour & Co ont lancé la dynamique des contre-réformes concernant la législation du travail (initiée en Allemagne sous Gerhard Schröder, SPD), la chasse aux chômeurs, etc. Parmi les électeurs, l’espoir a cédé place à la désillusion, à la frustration et à la colère.

    Quand on lui demande comment la social-démocratie (le ‘‘centre-gauche’’) a-t-elle pu perdre sa base électorale dans de telles proportions, Ania Skrzypek, politologue à la Fondation européenne des études progressistes identifie plusieurs causes: ‘‘une obsession de la compétitivité, une Europe à qui on n’a pas donné de dimension sociale, des dirigeants qui se réfugient derrière un langage technocratique et qui manquent de courage politique. Aujourd’hui, quand on demande aux citoyens qui est responsable de la crise post-2008, ils répondent: le système dont les sociaux-démocrates étaient coresponsables et qu’ils ont contribué à sauver.’’

    Les partis et formations de droite populiste ou d’extrême droite capitalisent sur ces angoisses. Comme le souligne le chercheur français Luc Rouban (Sciences-Po et CNRS) : ‘‘ils attirent un électorat traditionnellement à gauche, habité par un sentiment d’abandon, de déclassement, de perte de contrôle.’’

    Un repli populiste et nationaliste inévitable ?

    A la mi-décembre, la télévision publique allemande diffusait un reportage sur la région de la Ruhr, berceau de l’industrialisation, du mouvement ouvrier et de la social-démocratie. Il s’agit aujourd’hui d’un des endroits parmi les plus défavorisés d’Europe : un cinquième des habitants y vit d’allocations. Aux prochaines élections régionales de mai 2017, les sondages annoncent une percée du parti d’extrême droite, Alternative pour l’Allemagne (AfD).

    Aux mains de l’establishment, ce genre de donnée devient un outil au service de l’arrogance et de la condescendance. Regardez – s’écrient les technocrates, éditorialistes, politiciens et autres défenseurs du statu quo politique – où conduisent les critiques de la politique de l’Union européenne! Regardez à quoi conduit de se plaindre des hausses d’impôts et des dernières mesures d’austérité budgétaire! A leurs yeux, se détourner de la politique traditionnelle signifierait automatiquement de céder aux sirènes du nationalisme le plus étroit. Du même coup, on amalgame Donald Trump, Jean-Luc Mélenchon, Podemos, le Brexit, le M5S italien, Marine Le Pen, etc. en défendant, plus ou moins ouvertement, que les masses sont incapables de gouverner et que face à la tyrannie du nombre, le seul rempart est constitué des élites libérales et modernes. Critiquer ces dernières, ce serait faire le jeu des démagogues. N’est-ce pas ainsi que Donald Trump s’est retrouvé élu à la place d’Hillary Clinton? Ce discours mélange haine de la démocratie et mépris de classe.

    Regarder les choses plus en profondeur permet de donner une toute autre image. Le rejet des élites et du monde politique traditionnel profite aussi à la gauche radicale. Aux Etats-Unis, il y a eu la campagne de gauche de Bernie Sanders contre Clinton (la plupart des sondages affirment qu’il aurait gagné haut la main si sa campagne n’avait pas été court-circuitée par l’appareil du Parti démocrate). En Grèce, le Pasok social-démocrate a disparu de la scène politique en 2015 au profit de Syriza. En Espagne, le Parti socialiste (PSOE) a été sérieusement concurrencé – et dépassé – par Podemos. En Irlande, les sondages placent aujourd’hui la coalition People Before Profit – Anti-Austerity Alliance devant le Parti travailliste. En Grande-Bretagne, le Parti travailliste est plongé dans une véritable guerre civile entre l’appareil du parti et ses élus d’un côté et le dirigeant anti-austérité du parti Jeremy Corbyn et des dizaines de milliers de nouveaux adhérents de l’autre. En France, la dynamique à l’œuvre derrière la campagne de Jean Luc Mélenchon parle également à l’imagination de nombreux jeunes et travailleurs.

    Et si l’on se plonge dans l’histoire politique de ces 20 dernières années, force est de constater que la gauche radicale n’a pas manqué de saisir les occasions nées du dégoût suscité par le monde politique acquis au néolibéralisme. Mais, souvent, ce fut un gâchis, une opportunité manquée qui a ouvert la voie à d’autres forces se proclamant anti-establishment.

    Le danger du moindre mal

    Une des premières formations à avoir significativement émergé à la ‘‘gauche de la gauche’’ fut le Parti de la refondation communiste italien. A la naissance de ce siècle, cette formation pouvait compter sur des dizaines de milliers d’adhérents et une grande autorité parmi les syndicalistes les plus combattifs et la jeunesse la plus radicalisée. Lors des manifestations altermondialistes ou contre la guerre en Irak, ses cortèges impressionnaient. C’est alors que s’est présenté le danger du ‘‘moindre mal’’ contre Berlusconi. Plutôt que de maintenir une ligne d’indépendance de classe en refusant de se ranger derrière un camp ou l’autre des forces capitalistes, le PRC est rentré dans ‘‘l’Union’’, une coalition autour de Romano Prodi au pouvoir entre 2006 et 2008. Ces deux années de participation à la politique de casse sociale (vote des crédits de guerre pour l’Afghanistan, attaques contre les pensions,…) ont suffi à détruire l’autorité du PRC. Il n’est pas possible de comprendre l’émergence du Mouvement 5 Etoiles italien sans revenir sur cette erreur politique majeure et ses conséquences.

    Cette histoire a été répétée dans plusieurs pays. En Allemagne, par exemple, s’est formé en 2007- bien avant l’Alternative pour l’Allemagne – le parti Die Linke (La Gauche). Mais la formation de gauche s’est compromise dans des alliances locales avec la social-démocratie et a, en certains endroits comme à Berlin, elle-même appliqué l’austérité. Aux Pays-Bas, les élections du 15 mars prochain seront, selon toute vraisemblance, marquées par la victoire du parti de Geert Wilders. Il y eut un temps où le vent soufflait plutôt dans les voiles du SP, à la gauche du Parti travailliste. Mais, là aussi, sa crédibilité a souffert de sa participation à diverses coalitions locales avec des partis capitalistes.

    Le danger de l’activisme pur

    Si le racisme et d’autres idées réactionnaires s’expriment aujourd’hui plus ouvertement, cela s’explique notamment par l’absence d’une riposte conséquente et résolue de la part des syndicats et des organisations de gauche, sur ce terrain comme sur les autres. Le meilleur antidote au cynisme et au repli sur soi, c’est une atmosphère de lutte généralisée et la confiance envers nos capacités collectives d’arracher des victoires.

    Aux Etats-Unis, divers rapports démontrent que les organisations de gauche radicale suscitent un large intérêt sous le ‘‘fouet de la contre-révolution’’ de la victoire de Trump. Comme l’a expliqué notre camarade de Seattle Kshama Sawant (Socialist Alternative) dans une récente interview pour Al Jazeera, les Démocrates se sont aliénés une large couche de progressistes en appelant à coopérer avec Donald Trump. Juste après les élections, Hillary Clinton a offert de travailler avec Trump et a encouragé ses partisans à ‘‘garder l’esprit ouvert’’. Une semaine après les élections, Barack Obama a déclaré qu’il fallait laisser sa chance à Trump. Mais, explique Kshama, les gens qui s’orientent vers les organisations socialistes anticapitalistes aux Etats-Unis sont fermement opposés à cette approche. ‘‘On ne trouve pas de volonté de négocier’’, explique-t-elle, ‘‘on trouve la volonté de riposter’’.(3)

    Une atmosphère de mobilisations permanentes se développe aux USA, ce qui aura obligatoirement ses répercussions sur la scène internationale. La droite populiste se sent renforcée en Europe par la victoire de Trump, elle a gagné en assurance. Si elle part à l’offensive, les réactions ne manqueront pas. Si Marine Le Pen passe le premier tour des élections présidentielles en France, comme ce sera très certainement le cas, les mobilisations spontanées ne seront pas cantonnées à la France. Son élection au parlement européen en 2014 avait d’ailleurs rapidement donné lieu à un rassemblement de plus de 2.500 jeunes à Bruxelles face aux institutions européennes.

    Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, une période tumultueuse faite de changements brusques et d’apparitions soudaines d’opportunités comme de dangers. Il sera facile de se noyer dans cette tempête d’événements et de s’essouffler dans une succession d’actions. Nous avons besoin de perspectives, d’un cap à maintenir et des moyens pour y parvenir: un programme capable de réunir tous les opprimés dans la défense de leurs intérêts et une stratégie reposant sur le rôle crucial que peut jouer la classe des travailleurs par ses méthodes de lutte de masse et de blocage de l’économie par l’arme de la grève. C’est grâce à cette approche qu’il sera également possible d’intervenir dans des mobilisations au caractère plus flou et mixte, comme en Roumanie où les mobilisations de masse contre la corruption comprennent également des éléments de droite populiste.

    Il ne suffira pas d’opposer un populisme de gauche à celui de la droite. Ce que nous vivons est une nouvelle étape de la vieille lutte entre les classes sociales, cela doit être expliqué tel quel. Nous ne pouvons abattre la dictature des marchés qu’en saisissant les moyens de production et d’échange des mains de la classe capitaliste, les grands patrons et actionnaires, pour les placer sous le contrôle et la gestion démocratiques de la collectivité. Tout compromis visant à rester dans le cadre du système capitaliste en l’aménageant peut paraitre plus facile dans un premier temps, mais cela conduit irrémédiablement à l’impasse dans laquelle se trouvent Alexis Tsipras et Syriza en Grèce, Maduro au Venezuela ou encore Morales en Bolivie.

    Les échecs et victoires passées du mouvement des travailleurs sont autant de leçons sur lesquels s’appuyer pour aller plus loin. La période explosive actuelle partage des caractéristiques avec celle des années 1960 et 1970 qui ont vu un grand essor des idées socialistes et révolutionnaires. Le socialisme est une idée qui s’est déjà emparée de l’imagination de la nouvelle génération de travailleurs et de jeunes aux Etats-Unis. Préparons-nous à cette contagion.

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    Une méfiance généralisée

    Une récente étude réalisée par l’institut de sondage Ipsos et dont les résultats ont été publiés le 30 janvier dernier a fait écho à l’étude ‘‘Noir, jaune, blues’’ dont nous avons largement parlé dans notre édition de février. Parmi les sondés, 73% des Italiens estimaient que leur pays est en déclin, 69% en Espagne, 67% en France, 57% au Royaume-Uni. Une majorité de Français (61%), d’Italiens (60%) et d’Espagnols (56%) est convaincue que leur génération ‘‘a une vie moins bonne que celle de ses parents’’. Enfin, concernant la défiance envers les institutions officielles: 89% des Espagnols font peu ou pas confiance en leur gouvernement, tout comme 80% des Italiens, 77% des Français, 70% des Allemands et 66% des Britanniques. La défiance envers les institutions internationales, comme l’Union européenne, est de 77% en Espagne, 65% en France, 64% en Italie, 59% en Allemagne et au Royaume-Uni.

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    NOTES:

    1) L’Organisation de coopération et de développement économiques regroupe 35 pays capitalistes développés.
    2) ‘‘ILO warns of rise in social unrest and migration as inequality widens’’, 12 januari 2017 https://www.theguardian.com/business/2017/jan/12/ilo-warns-of-rise-in-social-unrest-and-migration-as-inequality-widens
    3) ‘‘More Americans joining socialist groups under Trump’’ – Socialist groups see huge spike in membership as they join protests against US President Donald Trump.

  • Le CIO et Izquierda Revolucionaria en marche vers l’unification

    En septembre 2016, nous avions publié une brève déclaration faisant suite à une première réunion de nos deux organisations (disponible ici sur ce site). Cette réunion fut très fructueuse et a révélé qu’un large accord existait tant politiquement qu’en termes de méthodes de construction d’un parti révolutionnaire. Au cours de cette réunion, nous avons convenu d’amorcer un processus de dialogue politique et de débat ainsi que de collaboration pratique et d’échange de documents et de visites.

    Déclaration commune du Comité exécutif international du Comité pour une Internationale Ouvrière et de celui d’Izquierda Revolucionaria

    Depuis lors, la collaboration entre nos organisations a été régulière, étroite et intense. Des camarades du Secrétariat international du CIO et de nombreuses sections du CIO se sont rendus en Espagne au cours de ces derniers mois afin de participer à plusieurs réunions d’IR et d’assister au congrès du Syndicat des étudiants en novembre dernier.

    Des représentants d’IR ont également participé à diverses réunions importantes tant du CIO que du Socialist Party (section du Comité pour une internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles), dont l’événement «Socialism 2016» qui s’est tenu à Londres ou encore la réunion du Comité national du Socialist Party de janvier 2017. Des représentants d’IR ont également participé au Comité exécutif international du CIO de novembre 2016.

    Cet échange et ces débats se poursuivront au cours de divers importants événements et réunions qui prendront place au cours de ces prochains mois, parmi lesquels l’École latino-américaine du CIO, le Comité central et le Congrès d’IR en Espagne et le congrès de la section mexicaine d’IR, entre autres .

    Au Venezuela comme en Espagne, où le CIO et IR disposent tous deux de forces organisées, un processus très encourageant de collaboration pratique et de rapprochement politique est en cours.

    Un important échange d’articles, de documents et de publications a également eu lieu. Des documents clés ont été traduits et publiés dans nos journaux respectifs, sur nos sites Web et dans les magazines théoriques tandis que les documents internes ont eux aussi été discutés et débattus.

    Vers l’unité

    Au regard de ce processus, nous pouvons conclure que cette expérience n’a fait que confirmer, élargir et renforcer l’accord politique, programmatique et méthodologique entre nos organisations. Cela est non seulement confirmé par nos positions politiques générales, mais aussi par nos approches concrètes et pratiques concernant tant le développement de la lutte de classe que la construction d’un parti révolutionnaire et d’une internationale au XXIe siècle.

    Il est évident que les conditions existent pour poursuivre beaucoup plus loin notre collaboration. Nous estimons que l’accord de principe entre nos organisations signifie qu’il existe une base pour adopter des mesures concrètes en vue de l’unification de nos forces.

    En conséquence de quoi les Comités exécutifs internationaux du CIO et d’IR s’accordent sur les points suivants :

    1. Discuter cette déclaration dans les structures démocratiques et les corps dirigeants du CIO et d’IR pour qu’elle y soit approuvée.
    2. Élaborer un document programmatique concernant notre unification et le publier aux environs d’avril/mai 2017. Ce document sera débattu dans toutes les structures démocratiques et les corps dirigeants du CIO et d’IR pour qu’il y soit approuvé.
    3. Tenir une conférence d’unification en 2017.

    Une séparation douloureuse entre nos deux organisations a eu lieu il y a de cela 25 ans, dans un contextes de défis et de revers majeurs pour la gauche marxiste révolutionnaire à travers le monde. Nous sommes toutefois restés fermes et sommes parvenus à maintenir nos forces et à contribuer à la lutte de classe, même si nous avons suivi des chemins distincts. L’ouverture de cette nouvelle période de crise structurelle du capitalisme et d’énormes opportunités pour les marxistes révolutionnaires a servi à rapprocher nos chemins.

    2017 – l’année du centenaire de la révolution immortelle russe – peut aussi représenter une année décisive pour nos organisations. Notre unification sur une base de principe nous renforcera politiquement de même que dans notre capacité à construire une internationale marxiste visant à armer la classe ouvrière de la direction révolutionnaire qu’elle mérite. Elle peut aussi constituer un exemple inspirant pour l’ensemble de la gauche, du mouvement ouvrier et de tous les révolutionnaires.

    Nous lançons un appel commun au dialogue et au débat envers les travailleurs, les jeunes et les révolutionnaires du monde entier afin de trouver la plus grande collaboration et unité possible sur base du marxisme révolutionnaire.

  • Au sujet du rassemblement antifasciste de ce 24 novembre et des discussions qu'il suscite

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    Un bilan largement positif

    Le bilan que tirent EGA, Blokbuster et le PSL de la mobilisation unitaire contre le local nazi à Ixelles est largement positif. Ensemble, nous avons alerté les habitants de la présence d’un local nazi dans leur commune. Nous avons stimulé la vigilance contre toute tentative de semer la haine qui émane des groupes qui s’y réunissent. Nous avons ainsi posé une base sur laquelle développer de futures mobilisations quand ces groupes essayeront d’imposer leur marque dans les semaines, mois et années à venir. Nous avons aussi assuré que le collège communal d’Ixelles ne puisse plus prétendre ne pas avoir été au courant au moment où ces nazis causeront des incidents. Nous ne manquerons pas de le leur rappeler le moment venu.

    Pour notre part, nous sommes en général également satisfaits de la répartition du travail entre les divers organisateurs qui s’est exprimée dans la participation diversifiée composée d’habitants du quartier, d’écoliers et d’étudiants, de personnes d’origine belge ou migrante, avec ou sans papiers ainsi que de diverses organisations de gauche dont certaines – parmi lesquelles le PSL, EGA et Blokbuster – ont réalisé un véritable effort de mobilisation. La manifestation, spontanée et improvisée, s’est déroulée de manière très correcte et a permis de gagner le soutien de nombreux passants.

    Ce n’est qu’à la fin de la manifestation que quelques habitués ont voulu rouler les mécaniques face à la police. Nous n’avons pas trouvé cela particulièrement pertinent ou intelligent, mais n’exagérons rien, cela n’a pas eu de réel impact sur le mouvement. Nous ne comprenons d’ailleurs pas non plus pourquoi certains insistent pour gonfler le nombre de participants, nous avons même lu le chiffre de 500. Prétendre cela est mensonger, cela nous décrédibilise tout en laissant sous-entendre que nous ne serions pas satisfaits des 200 participants que nous avions. Pour nous, ce nombre ainsi que la diversité des participants, organisés et non-organisés, ont été très encourageants. Cela représente une bonne base pour continuer à se mobiliser.

    Arrêtez de vouloir encadrer la liberté de se réunir, de s’organiser et la liberté de presse

    À l’approche de l’action du 24 novembre est apparu un désaccord. Une partie des organisateurs et quelques participants voulait réprimer l’activité politique en imposant la règle d’un drapeau par organisation, sauf « les drapeaux de causes (Antifascisme, féminisme, anarchisme,…) ». Voilà le genre de restrictions que la société capitaliste n’ose plus (pour l’instant, ne leur donnez pas d’idée s’il vous plaît) imposer aux mouvements sociaux depuis que la classe ouvrière a arraché le droit de se réunir librement et de s’organiser comme elle l’entend ainsi que la liberté de la presse. Imaginons un instant que le gouvernement impose une telle restriction aux manifestations syndicales, ce serait alors considéré comme une mesure anti-démocratique. Imaginons-nous encore que les dirigeants syndicaux imposent un nombre strict de banderoles « à l’exception de causes-clés », ce serait considéré par la base comme une mesure bureaucratique inacceptable.

    Pour le mouvement ouvrier, le fait de s’organiser est une nécessité absolue. Il lui serait sans cela impossible de se battre contre les capitalistes qui disposent de tous les moyens. Les capitalistes préfèrent affronter chaque travailleur individuellement. Ils soufflent depuis longtemps à leurs oreilles qu’ils sont chacun des travailleurs hors du commun qui travaillent durement alors que les ‘organisations syndicales et politiques’ les instrumentalisent et limitent leurs possibilités pour ne servir que les fainéants. Mais la nature du travail salarié, surtout dans les grandes unités de production, pousse à la solidarité et à l’organisation. Il est apparu de plus en plus clairement que se libérer en tant qu’individu ne peut être réalisé qu’au moyen de l’organisation collective. La collectivité étant diverse par essence – croyants et athées, d’origine belge ou migrante, jeunes et aînés, etc. – l’objectif de parvenir à l’unité impose le respect de la liberté d’expression de chacun, sans limitations, sans encadrement et sans l’encadrement qu’ont subi les journalistes occidentaux durant la guerre en Irak ou les syndicats à l’ère du stalinisme.

    Aucun mouvement ne connait d’homogénéité parfaite. Et bénéficier de l’expérience de tous représente évidemment une chance. L’unité ne se construit pas qu’entre convaincus, mais dans la diversité d’opinions. Cette liberté de donner son avis est un élément essentiel qui comprend la liberté de matériel et aussi la liberté de presse. Nous ne savons pas s’il s’agit d’une provocation d’un adversaire au mouvement antifasciste, mais nous avons lu l’appel suivant : « la prochaine fois, on pourra cramer la gueule aux drapeaux du PSL ? parce que non seulement y’en avait PLEIN (en plus de leur stand de merde et de leurs vendeurs de journaux) (…) » Nous ne pensons pas que limiter la liberté de presse est également la position des organisateurs désireux d’encadrer l’utilisation de drapeaux, mais le fait qu’ils n’ont même pas pris la peine de réagir n’est pas un bon signe.

    D’où vient alors ce réflexe de vouloir « encadrer » la liberté d’autrui ? Pour certaines couches dans la société, qui n’ont pas directement l’expérience de l’ouvrier, il est difficile de comprendre le respect de la liberté d’autrui. Ils croient souvent encore les fables de l’individu- élite qui ne veut pas appartenir au « troupeau », qui croit disposer de qualités hors du commun, pour qui la solidarité ne se résume pas à la défense d’intérêts communs, mais au mieux à l’entraide, voire même à l’aide de l’élite éclairée aux plus démunis, ce que les chrétiens appellent la charité. Ils accentuent le rôle de l’individu plutôt que celui de la classe et ne comprennent pas que l’individu ne se libère que par la lutte collective. Ils ont horreur de « l’organisé » de la même manière que le patron a horreur du « syndiqué », ce qui n’est autre qu’une forme spécifique d’organisation.

    Les manœuvres et la censure ne peuvent que constituer un frein dans la lutte. C’est justement en défendant ouvertement ses idées qu’il est possible d’avancer. C’est illustré, par exemple, lors d’un vote en assemblée générale de travailleurs dans une entreprise pour décider d’aller ou non en grève. Le fait de voter à main levée et ouvertement permet à chacun de se faire une idée des tendances générales de la manière la plus précise possible et permet, finalement, que le débat puisse se faire de la manière la plus transparente possible afin d’en ressortir les meilleures méthodes et tactiques. Parmi la base, jamais il ne serait accepté que le vote soit limité à une voix par branche ou par section. Nous pensons que le mouvement antifasciste ne peut pas non plus l’accepter sans mettre en péril sa force et son efficacité.

    L’unité se construit dans la diversité, pas en encadrant ou en limitant les droits des autres. L’unité linéaire, imposée, encadrée, c’est ce qu’on retrouve dans le parti unique des staliniens ou dans l’interdiction de s’écarter de la ligne de la bureaucratie. C’est ce qu’on retrouve aussi dans les courants de droite qui se basent principalement sur des couches plus individualistes. Il serait inacceptable que certains ne défendent pas la pluralité dans le mouvement antifasciste. C’est d’autant plus dommage que la manifestation du 24 novembre à Ixelles, où les encadreurs n’ont d’ailleurs pas osé encadrer, a illustré le potentiel et la volonté qui existent dans la jeunesse et le quartier.

  • France. Ni PS, ni droite, ni FN ! Pour une force politique de masse contre le capitalisme

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    Ces derniers mois, les milliers de luttes et de mobilisation, et centralement la lutte contre la loi La lutte contre la loi El Khomri, avec ses millions de manifestants et de grévistes, sa participation massive des lycéens et des étudiants, son immense soutien dans l’opinion… montre la colère profonde que la grande majorité ressent contre cette société folle et injuste.

    Tract édité par la Gauche Révolutionnaire (CIO-France) pour la Convention de la France insoumise (candidature de Mélenchon 2017) à Lille les 15 et 16 octobre 2016

    Elle démontre qu’une grande majorité de la population ne veut plus continuer comme cela. C’est une colère qui se transforme peu à peu en révolte contre les politiques de Valls-Hollande mais également contre tout ce système. Il manque une véritable force politique de masse pour lutter contre le capitalisme et enfin changer cette société.

    PS, LR, FN, mercenaires des capitalistes

    Aujourd’hui, encore plus avec la loi « travail » (et les lois Macron, les plans de cadeaux par milliards aux grandes entreprises tel le CICE) c’est la dictature patronale renforcée, la sur-exploitation, le chantage à l’emploi, le harcèlement dans les entreprises et les services (combien de suicides et de tentatives de suicide de La Poste à Renault en passant par les Universités ou la Santé ?), de dégradation des conditions de travail, de salaires gelés, de privatisations, de plans de licenciements…

    L’unique objectif de leurs politiques, c’est d’assurer le maintien des bénéfices pour les multinationales et les grandes entreprises, et les milliards de dividendes pour les actionnaires. Cyniquement, alors que sous sa présidence, il y a eu au moins 1,2 millions de chômeurs en plus, Hollande prétend que la « France va mieux » et la droite promet de faire encore pire tout en agitant sans cesse le clivage raciste, jouant sur le même terrain que le FN.

    Toute l’horreur devient « normale » : la précarité est devenue normale, les suicides au travail un fait divers, les migrants qui meurent pour fuir la misère et la guerre n’émeuvent plus ni les journalistes ni les politiciens. L’horreur et l’injustice de cette société qui fabrique la misère alors que les riches n’ont jamais été aussi riches, voilà ce qui nous révolte par millions, voilà pourquoi aujourd’hui il faut se battre non seulement contre les attaques de tous ces valets du capitalisme mais aussi pour changer la société.

    Mais nous avons relevé la tête, nous nous sommes unis contre cette politique, nous avons déclenché des centaines de grèves : raffineries, Ports, Propreté, SNCF, RATP, Amazon, personnels communaux, employé(e)s des cantines scolaires et des crèches… Beaucoup de ces grèves sont victorieuses. Durant les luttes du printemps, nous avons également montré que le débat politique n’est pas la propriété des politiciens, qu’il est dans la rue et dans la lutte, et que son objectif doit être de combattre le capitalisme et de ne plus accepter cette course folle imposée par la dictature du profit et de l’exploitation. Il aurait fallu que Mélenchon soit plus présent, qu’il serve de point d’appui à l’extension de la lutte et à l’appel à la grève générale qui était indispensable pour battre la contre révolution sociale qu’est la loi « travail ».

    Transformer cette révolte en force politique

    Il manque aujourd’hui une véritable opposition politique à tous ceux qui servent le capitalisme : PS et ses alliés, droite, FN… Que certains veuillent encore discuter avec le PS dans le cadre de « primaires », voire pour négocier les législatives de juin 2017, ou trouver un candidat type Montebourg qui a tant accompagné la politique de Hollande, ce n’est pas acceptable. Nous n’avons rien à voir avec ce parti qui est dans le camp de la classe capitaliste. Et les élections ne sont utiles que si nous présentons des candidats issus des luttes et à leur service, s’en faisant l’écho et défendant les revendications des travailleurs et des couches populaires.

    Nous pensons que Mélenchon a eu raison de refuser la « primaire », tout comme il a raison de se placer en opposition directe au gouvernement. Mais ce qu’attendent également des millions de personne d’une telle candidature, c’est qu’elle soit dès maintenant un point d’appui, une force politique, pour s’opposer à tous les partis qui ne promettent que des sales coups contre la grande majorité de la population. Ce n’est pas seulement l’élection présidentielle qui importe, mais redonner confiance à des millions de personnes dans leur possibilité de s’organiser tous ensemble pour réellement changer cette société.

    Les campagnes autour de candidats comme Bernie Sanders aux USA, ou récemment celle pour soutenir Jeremy Corbyn dans la lutte contre l’aile capitaliste du Labour en Grande Bretagne, montrent ce n’est pas qu’en France : des millions de personnes partout dans le monde cherchent une voie pour construire une organisation de masse pour défendre leurs intérêts et leurs aspirations.

    Rendre plus claires certaines propositions

    Nous ne partageons pas par exemple, qu’il dise que l’objectif n’est pas de « nationaliser l’économie ». Au contraire, la vraie puissance, ce sont les multinationales qui l’auront tant qu’elles sont la propriété d’une poignée de super riches et de groupes d’actionnaires. Il n’y aura pas de vraie démocratie tant que tous les jours, des millions de travailleurs et travailleuses devront se vendre pour un patron qui amassera des millions sur leur dos. Et il n’y aura pas non plus d’agriculture et d’industrie respectueuses de l’environnement, tant que régnera la loi du profit.

    Défendre les revendications de hausse des salaires, d’amélioration des conditions de travail, mais également de mise en propriété publique des principaux secteurs de l’économie, à commencer par le secteur financier (banques, assurances etc.) en monopole public, sous la gestion démocratique des travailleurs et de la population,… tout ceci est indispensable aujourd’hui. Tout comme dire haut et fort qu’on refuse le racisme, le sexisme, l’islamophobie, et toutes les discriminations, et que nous voulons construire un monde ouvert et tolérant. C’est en avançant vers une société réellement démocratique et fraternelle, vers le socialisme authentique, que nous pouvons en finir avec cette société de haine et de misère.

    Pour un véritable outil de masse pour discuter d’un tel programme, démocratiquement et collectivement, pour redonner une voix politique aux 90% de la population qui n’en peuvent plus de la dictature des grands patrons, des super riches et des actionnaires, et des politiciens et médias à leur service. C’est la construction d’un outil de masse et de lutte contre le capitalisme, un parti démocratique des travailleurs et des jeunes, qui doit être discussion.

    C’est que nous défendons, viens en discuter avec nous !

  • Virage à gauche au PS: réaction de panique face au PTB ou quelque chose d’autre?

    ps-ppics

    Les gouvernements de Bruxelles et de Wallonie bloquent le traité de libre-échange Union européenne – Canada (le CETA), qui n’est encore qu’une pâle copie du Traité Transatlantique (TTIP, UE-USA) bien plus controversé. Le PS remet sur table la diminution du temps de travail et la démocratie économique, des revendications traditionnelles du mouvement ouvrier bannies des décennies durant et reléguées aux programmes de la gauche radicale. S’agit-il simplement d’une réaction de panique face à la percée du PTB dans les sondages ou s’agit-il d’autre chose ?

    Par Eric Byl, article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste. Photo : PPICS

    Le programme de Noël (1945) du Parti social-chrétien (PSC, Christelijke Volkspartij, CVP, en néerlandais), abordant la reconstruction d’après-guerre, avait pour titre “qui sera l’architecte ?” Le PSC s’est ainsi présenté comme ‘‘leader de la nation’’. A l’instar de nombreux autres partis traditionnels en Europe, il n’a pu le faire que grâce à l’énorme augmentation des richesses consacrées à acheter la paix sociale dans la période d’après-guerre. Cela résultait de la pression combinée de la force du mouvement ouvrier et de l’existence d’un système alternatif sous la forme des caricatures staliniennes du socialisme à l’Est. À partir de la crise, début années ‘70, il est devenu bien clair que tout cela était exceptionnel et non la règle. Un chômage de masse structurel a fait son apparition et les détenteurs de capitaux exigeaient que leurs profits soient préservés aux dépens des salaires, des conditions de travail et des dépenses sociales.

    Tous les partis traditionnels s’y sont pliés, partis populaires et social-démocratie inclus, jusqu’au Parti Communiste en Italie, même au prix de balancer idéologie et programme par-dessus bord. Cela a sapé leur autorité et a conduit, notamment en Flandre, à une fracture politique. Mais la politique d’austérité a seulement conduit à une nouvelle période de Grande Récession (2008-2009). Il est devenu sans cesse plus clair que les politiciens traditionnels n’offrent de solutions ni pour la crise climatique, ni pour l’afflux de réfugiés, ni pour les conflits militaires, ni pour la relance du commerce mondial, ni pour la pauvreté, la mobilité, la question nationale, l’emploi, le vieillissement de la population, etc.

    C’est pourquoi de plus en plus de gens sortent des sentiers battus de la politique traditionnelle. Ce sont d’abord les populistes de droite et d’extrême droite qui ont pu en tirer profit. De par leur fortune personnelle ou à l’aide de sponsors richissimes, ils disposent des moyens de détourner la colère vers les ‘‘chômeurs-profiteurs’’, les ‘‘réfugiés économiques’’, les ‘‘paresseux du Sud’’, etc. Le phénomène est important et dangereux, mais surtout basé sur ceux qui cherchent une solution individuelle et qui ne regarde pas les forces sociales. Mais ce qui est beaucoup plus important, c’est qu’il y a aussi des groupes sociaux qui tournent le dos à la politique traditionnelle. Cela explique la croissance des nouvelles formations de gauche qui représentent une réelle menace pour la domination capitaliste puisque leur présence stimule l’action sociale et fait renaitre l’espoir. Pensons à Syriza en Grèce, malheureusement jusqu’à la capitulation de sa direction, à Podemos en Espagne, à Die Linke en Allemagne, au Socialistische Partij aux Pays-Bas, à l’Anti Austerity Alliance – People Before Profit en Irlande, etc. Le phénomène fait tache d’huile. Les sondages montrent que le PTB-Pvda peut revendiquer sa place dans cette liste, surtout en Wallonie (16%) et à Bruxelles (11%).

    Le PS s’inquiète, c’est certain. L’introduction d’une semaine de quatre jours au salaire d’une semaine de cinq jours pour le personnel communal de Saint-Josse et pour certains fonctionnaires wallons ayant plus de 60 ans sert à démontrer que les déclarations du PS sur la diminution du temps de travail s’accompagnent d’actes. Evidemment, le PS ne va pas étendre cela à tous les travailleurs des services publics ni l’imposer au privé. Que cela ne retienne pas les syndicats, dans tous les secteurs, de saisir cette revendication comme outil de lutte central contre le chômage. Sa proposition pour le ‘‘double pouvoir’’ (pour des entreprises de ‘‘codécisions’’) dans les entreprises (le conseil d’administration devrait partager son droit de décision avec un conseil des travailleurs) est une manière d’éviter de parler de socialisme. Le danger que cela conduise à la collaboration de classe ou à la cogestion comme en Allemagne est réel. Mais des délégations combatives peuvent aussi saisir l’idée pour contester le pouvoir des actionnaires et la transformer en véritable droit de véto pour les travailleurs. Dans ce cas, les actionnaires s’enfuiraient bien vite. La nationalisation sans indemnisation sous contrôle de la communauté et des travailleurs serait alors la seule issue. Si le PS était vraiment sérieux, pourquoi ne pas commencer avec Caterpillar ?

    Mais il y a autre chose. En Grèce, le PASOK a été balayé du paysage électoral. Aux Pays-Bas, le PvdA a chuté de 38 sièges à 10. Le PSOE espagnol a été dépassé par Podemos. En France, François Hollande fait face à une crise profonde. La tendance à gauche s’exprime dans toutes sortes de nouvelles formations. Depuis peu, cette tendance est devenue si forte que Bernie Sanders a été capable d’enclencher une ‘‘révolution politique’’ avec les primaires du Parti démocrate. Au Royaume-Uni, cette tendance s’est traduite avec Jeremy Corbyn aux primaires du Parti travailliste. Face au précipice, certains dirigeants de la social-démocratie se repentent, partiellement en raison du fait que, soudainement, les commentateurs bourgeois plaident eux aussi pour une politique d’investissements publics.

    Aux Pays-Bas, une figure d’arrière-garde s’est soudainement proposée comme candidat de gauche pour être tête de liste du PvdA. En Espagne l’aile de droite du PSOE organise un coup d’Etat contre le dirigeant du parti, Pedro Sanchez, en représailles de son refus d’accepter un gouvernement minoritaire du PP. En Belgique francophone, le sommet du PS a lui-même changé de cap. Alors que Jeremy Corbyn est devenu l’expression d’un mouvement par en bas, leur tournant s’assimile plutôt à une tentative de survie désespérée par en haut.

    Contrairement à Sanders ou Corbyn, les dirigeants du PS n’ont pas une réputation de fermeté, de crédibilité et d’intégrité. L’incertitude règne donc quant à la mesure jusqu’où ils sont prêts à aller. Mais il est indiscutable que la crise de la social-démocratie entre dans une nouvelle phase. Le PSL continuera à soutenir chaque pas en avant pour le mouvement ouvrier, même de très petits pas. Mais sans entretenir de vaines illusions. La meilleure garantie contre la déception de promesses non-tenues, c’est de construire le mouvement d’en bas et d’exiger de participer à chaque niveau. Sur ce plan-là, il y a encore beaucoup de travail à faire, surtout au PS, mais aussi dans les syndicats et au PTB.

  • [DOSSIER] La révolte “Corbyn” : Retour vers le futur

    jeremycorbynLe Labour et Jeremy Corbyn: Vers une nouvelle force politique anti-austérité de masse ?

    C’est Margaret Thatcher qui doit se retourner dans sa tombe ! La ‘‘Dame de Fer’’, grande architecte de la contre-révolution néolibérale des années ’70 et ’80 aux côtés du président américain Reagan, considérait que sa plus grande réalisation était le ‘‘New Labour’’. Elle entendait par là la transformation du Parti travailliste en un parti ouvertement capitaliste sous la direction de Tony Blair, par la suite Premier ministre travailliste de 1997 à 2007. Le Labour est aujourd’hui déchiré par une guerre civile politique où s’affrontent d’une part l’appareil du parti ainsi que la majorité de ses élus et, d’autre part, le dirigeant du parti Jeremy Corbyn.

    Un dossier de Nicolas Croes tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste. Cet article a été écrit avant de connaître le résultat du vote. Pour en savoir plus : Jeremy Corbyn réélu à la tête du Labour à une large majorité.

    Tout commence il y a un an. Le parti travailliste britannique doit alors élire son nouveau chef de parti peu de temps après les élections de mai 2015 marquées par la pire défaite travailliste depuis 1987. Le Parti Conservateur (Tory) rempile alors pour un nouveau mandat. Les 5 années précédentes, le gouvernement de David Cameron avait mené une politique d’austérité des plus sauvages : coupes drastiques dans les budgets sociaux, mise en place de la ‘‘Bedroom Tax’’ (un impôt sur les logements possédant une chambre vacante), précarisation accrue du travail (notamment au travers des contrats ‘‘zéro heure’’), augmentation des frais d’inscriptions aux universités jusqu’à 9.000 livres l’année (environ 10.500 euros) ou encore durcissement de la politique migratoire. Résultat : près d’un million de personnes dépendent des banques alimentaires pour nourrir leurs familles tandis que les travailleurs ont souffert de la plus sévère contraction salariale depuis l’ère victorienne !

    Pour l’écrasante majorité des commentateurs, un seul constat s’impose: les Britanniques sont résolument passés à droite et, pour reprendre un titre du Financial Times : ‘‘Miliband [figure de proue du Parti travailliste à l’époque] paie le prix de son virage à gauche.’’ Nos camarades du Socialist party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles) défendent au contraire que ‘‘Les travaillistes n’ont pas perdu pour avoir été trop à gauche, mais parce qu’ils ne l’ont pas suffisamment été et qu’ils ont refusé de défendre une alternative à l’austérité. Ils se sont limités à soutenir une «austérité-light».’’ En comptant l’abstention, le conservateur David Cameron ne recueille effectivement que 24,4% des voix…

    Un effet boomerang qui ne manque pas d’ironie

    Face à la défaite de son parti, Miliband remet sa démission. Mais un facteur inattendu s’invite dans la campagne pour la désignation de son successeur… En 2014, la direction du parti avait revu son système électoral interne selon le modèle des primaires américaines afin d’amoindrir le poids des syndicats sur le parti (ce sont les syndicats qui ont créé le parti en Grande-Bretagne, contrairement à la Belgique). N’importe qui peut donc participer aux élections en payant la somme symbolique de 3 livres sterling. L’establishment travailliste était à ce moment à mille lieues d’imaginer le raz-de-marée de 2015. Le nombre d’adhérents au Labour passe de 190.000 membre en août 2014 à près de 300.000 en septembre de l’année suivante !

    La candidature de Jeremy Corbyn déchaîne un enthousiasme inédit. Il promet une politique anti-austérité, ce qui le distingue complètement de ses trois challengers (Andy Burnham, Yvette Cooper et Liz Kendall). Il reçoit le soutien des principaux syndicats, sa campagne crée la surprise. Chez les héritiers de Tony Blair, c’est la panique. On s’arrache les cheveux. Corbyn était censé n’être rien d’autre qu’une candidature de folklore et voilà qu’il attire une foule de jeunes et de travailleurs ! Les ‘‘barbares frappent à la porte’’ ! Yvette Cooper parle des élections comme d’une ‘‘bataille pour l’âme du parti’’. Elle et Liz Kendall appellent ensuite à voter pour ‘‘n’importe qui, sauf Corbyn’’. Tony Blair entre lui-même dans la danse et crie qu’une victoire de Corbyn entrainerait la ‘‘déroute, peut-être l’annihilation’’ du parti. Les médias dominants ne restent pas spectateurs et lancent une affolante campagne de dénigrement et de calomnies. En vain.

    Le 12 septembre 2015, c’est le scénario de cauchemar de l’appareil du parti qui devient réalité. Corbyn remporte les élections – dès le premier tour – avec 59,5 % des voix. La majorité des trois collèges d’électeurs – les membres du parti, les adhérents des syndicats et les sympathisants qui pouvaient voter après avoir payé 3 livres sterling – le plébiscitent. Le 13 septembre, le parti annonce que 15.000 membres supplémentaires ont rejoint le parti depuis l’annonce de la victoire de Corbyn.

    Pour le Premier ministre britannique David Cameron :‘‘le Labour représente maintenant une menace pour notre sécurité nationale, pour la sécurité de notre économie et celle de votre famille.’’ Rien que ça ! Des députés travaillistes qualifient l’élection de ce gauchiste antimilitariste comme un ‘‘putain de désastre’’. Pour Michael Meacher (ministre du gouvernement travailliste entre 1974 et 1979 et à nouveau sous Blair de 1997 à 2003), il s’agissait du ‘‘plus grand bouleversement non-révolutionnaire de l’ordre social dans la politique britannique moderne. Après 20 ans de fanfaronnades capitalistes, les gens ont dit ‘‘assez’’ et le Labour en revient maintenant à ses valeurs et principes réels.’’ (The Guardian, 13 août 2015) L’avenir ne s’annonçait pas aussi simple.

    La guerre est déclarée

    Une année durant, l’appareil du parti et la majorité des élus tentent de saboter Corbyn. Finalement, le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, le Brexit de juin dernier, donne à l’aile droite l’occasion de tenter un ‘‘coup d’Etat’’. Corbyn est accusé de ne pas avoir suffisamment mené campagne pour le ‘‘Remain’’ (le maintien dans l’UE) et la plupart des membres du ‘‘cabinet fantôme’’ du Labour (sorte de gouvernement fictif de l’opposition) démissionnent. Ils appellent Corbyn à quitter la direction du parti. 80 % des députés travaillistes (172 députés sur 230) votent une motion de défiance contre Corbyn. Mais Corbyn refuse de démissionner. Les principaux syndicats lui renouvellent leur soutien et 10.000 personnes se rassemblent en vitesse devant le Parlement pour le soutenir. De nouvelles élections sont provoquées, dont le résultat sera annoncé le 24 septembre (peu de temps après que ce journal ait été envoyé à l’imprimeur).

    Pour la droite, l’été devient l’occasion d’une purge massive de militants soupçonnés de soutenir Corbyn. Son personnel épluche les comptes Facebook et Twitter des adhérents pour y déceler des preuves de manque de loyauté. 130.000 personnes ayant rejoint le Labour depuis janvier sont exclues du vote, tout comme 50.000 des 180.000 sympathisants inscrits. Un seul candidat de droite se présente contre Corbyn, Owen Smith, qui tente de se profiler à gauche. Bien peu de gens sont toutefois dupes de la manœuvre : il est considéré comme une marionnette de l’establishment et des héritiers de Blair. Pendant ce temps, Corbyn accumule les meetings de masse. A Liverpool, le 2 août, 10.000 personnes viennent l’écouter. Au final, plus de 600.000 personnes doivent se prononcer et les derniers sondages pronostiquent une victoire éclatante de Corbyn à plus de 60%. Selon les chiffres officiels, le Labour a gagné 300.000 nouveaux adhérents grâce à ‘‘l’effet Corbyn’’. Une catastrophe pour l’establishment épouvanté du parti. Un riche donateur du parti, Michael Foster, perd ainsi son flegme et compare dans la presse les alliés de Corbyn à un commando de ‘‘stormtroopers nazis’’.

    Ce n’est toujours qu’un début

    Jeremy Corbyn semble bien être en route vers une nouvelle victoire, mais il ne peut y avoir aucun compromis avec les représentants du capitalisme au sein du Labour. L’ancien conseiller de Tony Blair, John McTernan, a carrément déclaré : ‘‘Les révolutions sont inévitablement sanglantes et, n’ayons aucune illusion, reprendre le Parti travailliste des mains de Jeremy Corbyn et John McDonnell nécessite une révolution.’’ Ce politicien a encore récemment appelé les conservateurs à ‘‘écraser les syndicats des cheminots une bonne fois pour toutes’’ (The Telegraph, 10 août 2016).

    Le Financial Times a publié le 24 juillet dernier un article indicatif de la détresse de la droite du parti, sous la plume du député Jon Cruddas, qui défendait que le ‘‘parallèle historique le plus proche (…) ne se trouve pas dans [au Parlement], mais à Berlin en 1918’’, au moment de la révolution allemande. Il compare les députés anti-Corbyn à ‘‘Friedrich Ebert [qui] a dirigé le parti social-démocrate (SPD)’’ et le mouvement en faveur de Jeremy Corbyn aux révolutionnaires ‘‘Spartakistes, dont Rosa Luxemburg et Karl Kautsky, [qui] qui ont reçu [leur légitimité] du mouvement des travailleurs, des comités d’usine et des comités ouvriers.’’ Il ajoute que ‘‘Ebert a finalement lâché les Freikorps contre les dirigeants de l’insurrection’’, ce qui a conduit à l’assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. Aucune complaisance n’est de mise avec ces gens-là.

    L’une des possibilités est que la droite finisse par scissionner du parti pour constituer une nouvelle formation. Le challenger de Corbyn, Owen Smith, a lui-même a déclaré : ‘‘Je pense qu’il y a toutes les chances que le parti se divise si Jeremy remporte cette élection.’’ Il est cependant toujours possible que la droite hésite et entretienne l’espoir de renverser Corbyn à l’avenir, où que certains quittent le parti tandis que d’autres y restent. Certains espèrent que la nouvelle Première Ministre, Teresa May, appelle à des élections anticipées en comptant qu’une victoire des Conservateurs pour contraindre Corbyn à démissionner. Il est peu probable qu’elle soit capable de poursuivre son mandat jusqu’à son terme en 2020, mais l’extrême faiblesse de son gouvernement ainsi que les profondes divisions qui existent également chez les Conservateurs la poussent à hésiter devant le risque d’élections anticipées.

    Ce qui est essentiel, c’est qu’à la différence de la première victoire de Corbyn en 2015, il n’y ait plus de tentatives de la gauche de trouver un compromis avec les blairistes. Le mouvement autour de Corbyn doit au contraire être organisé et construit afin de consolider et d’accroître les gains jusqu’ici obtenus. Un programme anti-austérité sans équivoque doit être adopté et les députés travaillistes doivent y souscrire comme condition préalable pour siéger comme membre du parti. A gauche, certains redoutent une scission de la droite du Labour. Mais l’empêcher, cela revient à capituler devant les éléments pro-capitalistes du parti. Ces deniers ne condescendront à s’entendre avec l’aile gauche que si on leur laisse le champ libre, si leurs carrières est protégée et, plus important encore, si le Parti travailliste se limite entièrement au cadre capitaliste.

    Refonder le Labour

    socialistpartyL’élection de Jeremy Corbyn offre l’occasion de créer un parti de masse de la classe ouvrière, que ce soit ou non sous l’appellation de ‘‘Labour’’, capable de regrouper sur une base fédérative des Verts, des organisations socialistes anticapitalistes, des syndicats actuellement affiliés ou non au Labour, des organisations de quartier,… pour lutter ensemble contre l’austérité tout en conservant leurs identités propres. Jeremy Corbyn semble globalement en accord avec cette approche des choses, comme il l’a exprimé en déclarant: ‘‘Nous ne pouvons gagner une élection générale qu’en gagnant des gens qui ne votent pas ou qui votent pour un autre parti. Si quelqu’un a politiquement évolué au point de rejoindre le Parti travailliste, qu’il ait été autrefois membres des Lib-Dems, des Verts ou d’autre chose, c’est très bien. Bienvenue à bord.’’ Interrogé sur la possibilité que le Socialist Party (le parti-frère du PSL en Angleterre et au Pays de Galles) s’affilie au Labour, il a ajouté: ‘‘Je me réjouis d’avoir une conversation avec Peter [Taaffe, secrétaire général du Socialist Party] à un moment donné.’’

    Un groupe de députés, même très limité, menant campagne sans relâche contre l’austérité et en défense des travailleurs en lutte, ferait beaucoup plus pour la lutte contre les Conservateurs que 232 députés ‘‘travaillistes’’ favorables à l’austérité, aux privatisations et aux guerres. Un Parti travailliste anti-austérité pourrait rapidement engranger des gains électoraux de façon similaire à ce qu’a connu Syriza en Grèce lors de sa victoire de janvier 2015 en défendant à l’époque un programme anti-austérité. Un tel parti pourrait rapidement gagner du terrain électoralement en offrant une alternative aux coupes budgétaires sans fin, aux privatisations et à la misère croissante.

    L’élément crucial serait toutefois de soutenir les luttes extra-parlementaires. C’est la grève Ford Dagenham qui a imposé la Loi sur l’égalité salariale entre hommes et femmes. C’est la menace d’une grève générale qui a forcé la libération des dockers emprisonnés en 1972. Ce sont les 18 millions de personnes qui ont refusé de payer la Poll Tax qui ont mis fin au règne de Margaret Thatcher et qui ont forcé le gouvernement de John Major à abolir la taxe.

    Imaginez si, après presque une décennie de coupes budgétaires brutales qui ont laissé les budgets municipaux exsangues (en moyenne de 40% moindres à ceux de 2008), un certain nombre de conseils – même une poignée – refusaient de mettre en œuvre les réductions budgétaires (à l’image de la ville de Liverpool dans les années ’80) et se soutenaient les uns les autres. Imaginez si ces conseils disposaient du soutien sans faille du parti de Jeremy Corbyn au Parlement, quel que soit son nom. Une telle lutte – étant donné toute la colère accumulée contre l’austérité – serait très populaire. Il serait non seulement possible de gagner, mais aussi d’organiser la lutter contre les conservateurs pour forcer la tenue de nouvelles élections à partir desquelles serait posée la possibilité de l’arrivée au pouvoir du parti de Corbyn. Il s’agit juste d’un exemple de la manière dont un parti de gauche au Parlement, même avec tout d’abord un petit nombre de députés, pourrait agir en tant que porte-voix de la classe ouvrière et du mouvement anti-austérité, déplaçant ainsi la balance de forces dans la société dans le sens de la classe ouvrière.

    Renverser le capitalisme

    Nos camarades du Socialist Party soutiennent Jeremy Corbyn tout en cherchant à pousser le mouvement encore plus vers la gauche et en avertissant des retraites qui peuvent, à un stade ultérieur, conduire à des défaites. Les capitalistes résistent avec véhémence à un plus grand rôle de l’Etat et à l’augmentation des taxes. Pour mettre en œuvre le programme, même modeste, de Jeremy Corbyn, ‘‘l’action extra-parlementaire’’ sera cruciale, ce qui signifie la mobilisation active de la classe ouvrière en soutien aux politiques d’un gouvernement de gauche.

    Le programme actuel de Jeremy Corbyn représente un véritable pas en avant par rapport aux politiques pro-capitalistes des précédents dirigeants travaillistes. Mais il est encore trop timide. L’expérience de SYRIZA en Grèce, où la direction d’un parti anti-austérité a capitulé sous la pression des grandes entreprises et appliqua actuellement lui-même l’austérité, démontre que vaincre l’austérité est lié à la lutte pour une rupture anticapitaliste et pour le socialisme. Cela nécessite d’exiger la renationalisation totale de secteurs comme les chemins de fer ainsi que la nationalisation des secteurs clés tels que la finance ou la sidérurgie afin d’élaborer la production économique selon une planification démocratique, dans laquelle la population jouera un rôle de décision central.

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    [MEETINGS] Révolte en Grande Bretagne – Le Parti Travailliste & Jeremy Corbyn

    corbyn_afficheLa lutte pour un parti de la classe des travailleurs – Quelle pertinence pour la résistance sociale en Belgique ?

    Meetings avec
    – Roger Bannister. Militant du syndicat Unison et du Socialist Party (successeur de Militant) à Liverpool.
    – Nicolas Croes. Rédacteur en chef de Lutte Socialiste

    => Plus d’informations

    • Ven. 14/10 Bruxelles – 19h, Pianofabrief, 35 rue du Fort, Saint Gilles (sur Facebook)
    • Sa. 15/10 Liège – 19h, Fédé, 24 place du XX Août (sur Facebook)
    • Di. 16/10 Mons – 14h, Etage du café Le Central, Grand Place (sur Facebook)

    Une initiative du Parti Socialiste de Lutte & des Etudiants de Gauche Actifs – Entrée: Donation libre

  • Unidos Podemos: des résultats en dessous des espérances mais qui confirment le potentiel à gauche

    espagne26J

    Dimanche 26 juin, les Espagnols se sont à nouveau rendus aux urnes, six mois après les élections de décembre 2015. L’instabilité politique consécutive au discrédit croissant des deux partis traditionnels qui ont appliqué l’austérité a rendu caduques les tentatives de formation d’un gouvernement. Même si on est encore loin du record de la Belgique de 541 jours sans gouvernement, pour l’Espagne c’est une première.

    Par Boris (Bruxelles)

    Pas de restauration du bipartisme

    Les élections de décembre 2015 ont été marquées par la fin du bipartisme du PP (Parti Populaire, droite) et du PSOE (social-démocratie) et par un tournant à gauche avec la percée de Podemos (20,7 %). Il faut y voir l’expression de la radicalisation d’une large couche de la population et de l’essor de divers mouvements de masse. Les résultats de ces nouvelles élections confirment généralement ce processus, malgré un électorat et une campagne très volatiles.

    En juin, le PP a consolidé sa position de premier parti malgré les multiples scandales de corruption qui l’éclaboussent. En décembre, il avait perdu plus de 3,6 millions de voix tandis que le PSOE obtenait le pire résultat de son histoire. La bourgeoise espagnole et l’establishment européen ont prôné un gouvernement de grande coalition PP et PSOE, éventuellement élargi au petit parti populiste de droite émergeant Ciudadanos, pour fidèlement continuer sur le chemin de l’austérité.

    Avec ces nouvelles élections, ils espéraient quelque peu restaurer leur autorité. Le PP a pu récupérer 700.000 voix et remonter de 28,7 à 33 %. Il reste encore très éloigné de sa majorité absolue, mais un gouvernement minoritaire de droite n’est pas à exclure. Le PSOE arrive à se maintenir à 22 %, une réussite selon lui au vu des sondages qui prévoyaient qu’il soit dépassé par Unidos Podemos, l’alliance conclue entre Podemos, Izquierda Unida (IU, Gauche Unie) et les confluences régionales en Catalogne, en Galice et en Communauté valencienne. L’abstention qui a augmenté de 3,7 % a surtout impacté le score d’Unidos Podemos. Malgré le recul d’un million de voix pour Unidos Podemos obtenant 21,1 % et de 400.000 voix pour Ciudadanos avec 13 %, la classe dominante ne peut toutefois pas rétablir son système bipartite et résorber profondément l’instabilité politique.

    Podemos juge les résultats peu satisfaisants, même si la gauche conserve ses 71 députés. Une certaine déception est compréhensible surtout au vu des sondages qui, dès l’annonce d’une alliance entre Podemos et IU, les avaient immédiatement propulsés devant le PSOE, à une position de combat face au PP. En proie à la panique, tout l’establishment a mené une campagne d’intimidation contre Unidos Podemos et le ‘‘spectre du communisme’’. Le résultat reste néanmoins très important et illustre le grand potentiel à gauche. Le soir des élections, Pablo Iglésias – le leader de Podemos – a estimé correcte l’alliance avec IU et Alberto Garzon – le nouveau leader d’IU – et a appelé à continuer cette confluence de gauche.

    Développer Unidos Podemos comme nouvelle social-démocratie ou défendre un programme de rupture anticapitaliste ?

    La construction d’une confluence de gauche dans toute l’Espagne est une avancée rendue possible par la progression du soutien à cette idée parmi la base de Podemos et d’IU, ainsi que par le poids moins prépondérant de Podemos vis-à-vis d’IU dans les sondages.

    Le processus de “modération” de Podemos s’est traduit, durant la période de tentative de formation d’un gouvernement avant l’annonce des nouvelles élections, par des concessions visant à conclure un accord de coalition avec le PSOE en prétendant faire ainsi barrage à la droite. Cela a même provoqué une courte crise du fait qu’une aile de la direction était favorable à accord avec le PSOE et Ciudadanos. Le PSOE, comme l’a confirmé son accord avec Ciudadanos, n’est pas prêt à en finir avec l’austérité. C’est inhérent à la bourgeoisification des partis sociaux-démocrates.

    Pablo Iglésias, lors de la campagne, a présenté Podemos comme “la nouvelle social-démocratie” en proposant au PSOE une “quatrième voie” basée sur des investissements publics financés par de nouvelles tranches d’imposition sur les plus hauts revenus et en étalant un peu la réalisation des objectifs budgétaires de façon négociée avec l’Union européenne. Cette même approche a conduit Syriza à appliquer l’austérité en Grèce. Toute une couche d’activistes craint la perspective d’un Tsipras espagnol.

    Alberto Garzon (IU) a, quant à lui, fait pencher la balance à gauche dans la rhétorique et le programme d’IU et a mieux tiré les leçons de la capitulation de Syriza. Il juge l’UE irréformable et est “prêt à assumer les conséquences d’une politique économique souveraine en faveur de la majorité, telle que l’expulsion de notre pays de l’UE” tout en défendant des mesures socialistes dans son programme comme la nationalisation de secteurs stratégiques de l’économie. IU peut jouer un rôle important à condition de maintenir ses critiques de gauche envers la direction de Podemos.

    Une dynamique de comités de campagne s’est mise en place, comme durant les élections locales. Ce développement peut varier de ville en ville, mais il est important. Notre section-sœur en Espagne, Socialismo Révolucionario, a activement participé à la campagne tout en défendant des mesures socialistes (investissements publics massifs, refus du paiement de la dette publique, droit à l’autodétermination des peuples, nationalisation des banques et des secteurs stratégiques de l’économie, etc.).

    Si Unidos Podemos peut être développé au point de constituer une véritable confluence de gauche à la base, avec des comités ouverts à tous ceux qui veulent résister à l’austérité et réunissant militants de gauche, syndicalistes combatifs et activistes des nouveaux mouvements sociaux, la dynamique pourrait aller bien au-delà des urnes pour construire la lutte dans la rue et dans les entreprises afin d’en finir avec l’austérité et de créer les conditions pour un futur gouvernement des travailleurs.

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    [Soirée-Débat] Unidos Podemos : Vers un gouvernement de gauche en Espagne ?

    Mercredi 29 juin à partir de 19h au Pianofabriek, 35 rue du Fort, Saint Gilles (Bruxelles).

    Avec pour oratrices :

    • Beatriz de la Cruz (militante d’Izquierda Unida – Bélgica)
    • Marisa Cabal (militante du PSL-Bruxelles et collaboratrice de Socialismo Revolucionario).

    => Sur Facebook

  • Elections en Espagne. Pour la fin de l’austérité et une alternative des travailleurs !

    unidos-podemos-logoEn raison du blocage dans la formation d’un gouvernement depuis les élections de décembre, de nouvelles élections doivent se tenir fin juin. Cette fois-ci, il a finalement été possible de conclure une coalition entre Podemos, Izquierda Unida (Gauche Unie) et les confluences de gauche régionales. Nous avons eu l’occasion d’en discuter avec Ángel Morano, membre de Socialismo Revolucionario (parti frère du PSL dans l’État espagnol) à Barcelone.

    Propos recueillis par Marisa

    Quelles ont été les réactions parmi la base des militants et activistes de gauche ainsi que parmi la classe ouvrière en général ?

    Les élections du 20 décembre ont été positives pour tous ceux qui se sont battus dans les rues des années durant et pour tous ceux qui espéraient un changement après des années de gouvernement du PP (Parti Populaire, droite). Podemos, les conf luences de gauche et Izquierda Unida (IU) avaient recueilli plus de 6 millions de votes. Malgré ces bons résultats, l’impasse dans la formation du gouvernement et le sentiment généralisé que rien ne changerait avec de nouvelles élections a plongé la majorité de la population dans l’apathie et la résignation. C’est ce qu’ont confirmé tous les sondages publiés avant l’annonce de la coalition de gauche.
    Cet accord a donné naissance à Unidos Podemos (coalit ion entre Podemos et IU). De nombreuses incertitudes subsistent encore, mais cela a radicalement changé la situation. Les personnes plus politisées ont montré leur enthousiasme et les sondages illustrent déjà une certaine augmentation des intentions de vote. Des comités de campagne se sont vite mis sur pied dans tout le pays et le sentiment qu’il s’agit d’un moment historique pour la gauche est clairement présent.
    Comment se fait-il que ce ne soit que maintenant que Podemos et IU entrent en coalition ? Quel a été le processus qui y a conduit ?
    Souvent, les responsables politiques essayent d’adapter la réalité à leur manière de voir les choses. Mais tôt ou tard, ils doivent faire face à cette réalité. C’est un peu ça qui s’est produit avec le thème de la confluence. L’idée que la confluence était vraiment nécessaire a grandi parallèlement parmi la base des deux formations et cela a fini par peser.
    Si cette influence de la base ne peut être niée, le processus a toutefois été mené par les directions, la base des deux organisations n’ayant été consultée que par la suite. Tout est encore à construire. L’attitude qu’adoptera cette base militante pendant la campagne est cruciale pour obtenir le succès. Si les militants se limitent à suivre les consignes de la direction, ils ne feront que coller des affiches. Mais si, au contraire, la base est capable d’organiser la campagne avec ses propres consignes et par une forte mobilisation, l’impact pourra devenir très grand. Socialismo Revolucionario défend depuis déjà longtemps la constitution d’une telle confluence de gauche.
    Comment allez-vous maintenant vous impliquer dans la campagne ?
    SR a accueilli très favorablement cette candidature. Son existence même est un facteur positif qui encourage la combativité dans la lutte des classes. Différents secteurs de la gauche se voient forcés d’œuvrer ensemble et de naturellement confronter leurs idées. SR veut participer à ce processus, il s’agit d’une de ces situations où la conscience de la classe ouvrière peut nettement augmenter.
    Penses-tu qu’Unidos Podemos pourrait dépasser le PSOE (équivalent espagnol du PS) ?
    Cette candidature unique de gauche radicale est clairement en mesure de dépasser le PSOE pour devenir la principale force de gauche. Il n’est même pas exclu que son résultat soit proche de celui du PP. Aux dernières élections, là où des confluences de gauche régionales avaient été constituées, ces dernières avaient reçu un très bon accueil.
    Pendant les négociations pour la formation du gouvernement, la direction de Podemos avait proposé au PSOE d’entrer ensemble en coalition. Ce dernier avait préféré discuter avec Ciudadanos (des populistes de droite) ce qui impliquait de poursuivre la mise en œuvre de l’austérité.
    Quel doit être l’attitude des forces de gauche envers la social-démocratie ? Un gouvernement anti-austérité est-il possible avec le PSOE ?
    Au vu des campagnes précédentes, il est fort probable que le discours de la direction d’Unidos Podemos se concentrera sur l’idée abstraite d’un changement politique sans beaucoup plus de précisions, en utilisant comme message clé l’unité contre le PP. Cela ira probablement jusqu’à proposer au PSOE de former un gouvernement de coalition.
    Nous estimons qu’il s’agirait d’une erreur. De taille. La lutte pour une véritable démocratie et la fin de l’austérité ne peut être couronnée de victoire qu’avec un véritable programme de rupture anticapitaliste autour de mesures socialistes telles que la nationalisation des banques et des secteurs stratégiques de l’économie, le refus du paiement de la dette publique, des investissements publics massifs ou encore le droit à l’autodétermination des peuples.
    Tout cela est totalement incompatible avec l’idée de former un gouvernement de coalition avec un parti pro-austérité comme le PSOE. Ce dernier est prêt à légèrement atténuer l’austérité, mais il n’ira jamais jusqu’à la racine fondamentale du problème : l’incapacité du capitalisme à offrir une vie décente à la grande majorité des travailleurs et de leurs familles de l’État espagnol. Le PSOE est fermement lié à l’establishment capitaliste espagnol. En tant que représentant de cet establishment, il ne se démarquera pas de la ligne officielle du capitalisme mondial. Un accord de gouvernement entre Unidos Podemos et le PSOE ne consolidera pas un virage à gauche du PSOE, il signifiera la capitulation d’Unidos Podemos face à la droite.
    Nous ne pouvons laisser aucune marge à l’illusion qu’un changement politique réel peut être obtenu sans être accompagné de la construction d’une puissante relation de force à partir de la mobilisation sociale. Parallèlement, pour faire avancer le mouvement des travailleurs, un gouvernement de gauche doit être muni d’un programme de rupture capable de porter ses revendications jusqu’au bout.

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    [Soirée-Débat] Unidos Podemos : Vers un gouvernement de gauche en Espagne ?

    Mercredi 29 juin à partir de 19h au Pianofabriek, 35 rue du Fort, Saint Gilles (Bruxelles).

    Avec pour oratrices :

    • Beatriz de la Cruz (militante d’Izquierda Unida – Bélgica)
    • Marisa Cabal (militante du PSL-Bruxelles et collaboratrice de Socialismo Revolucionario).

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