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  • France: Elections régionales et locales

    La Gauche Révolutionnaire présente pour la première fois une candidature dans les élections cantonales et deux candidats sur les listes d’alliance électorales de LO/LCR aux régionales. Nous reproduisons, ci dessus, un de nos tracts.

    Cet article a été repris du site de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO.

    Chirac, Raffarin et Sarkozy s’attaquent aux services publics d’éducation, de santé, de la Poste. Ils s’en prennent tantôt à l’éducation avec 14% d’embauches en moins cette année, ferment des classes en Zone d’éducation prioritaire (5 sur les Hauts de Rouen), mais aussi des milliers de bureaux de Poste, des dessertes SNCF… La politique antisociale de ce gouvernement concerne aussi le logement social. On le vend, on le détruit sans tenir compte des habitants. Cette politique a été menée à Rouen, par les maires successifs, depuis plus de six ans

    Rouen : logement social bradé ou détruit, ça suffit !

    Pendant des années, on a laissé se dégrader certains quartiers de Rouen. Les logements se sont vidés n’étant pas renovés et reloués. Sous Yvon Robert ou Pierre Albertini, les choses ont empiré. En 2001 et 2002, seuls 361 logements ont été rénovés sur 4194 programmés et seulement 8 logements construits !

    Aujourd’hui, Albertini met en place le Grand Projet de Ville 3. Les projets de réhabilitations d’immeubles sur les Hauts de Rouen sont abandonnés ! Les habitants ne savent plus sur quel pied danser ! De nouvelles destructions et constructions sont programmées en même temps que nombreux logements sociaux sont vendus. Ou vous achetez un appartement en mauvais état ou vous louez à un prix plus élevé…. Nous ne croyons plus leur baratin ! Il s’agit pour la mairie de se débarrasser des logements sociaux peu importent les conditions de vie des habitants concernés ! Ce n’est rien d’autre que la casse du logement social !

    Pour tous des logements décents, de vrais emplois et des services publics de qualité !

    De nombreuses personnes, privées d’emploi, précaires ou âgées perdent leur droit et l’accès aux services publics minimum. Là encore, ce sont les moins payés, les plus précaires et leurs familles habitant souvent dans des quartiers défavorisés au niveau social qui trinquent ! Pendant ce temps, les patrons font leurs profits…

    Les élections du 21 mars 2004 doivent être pour tous et toutes une occasion de montrer le rejet de cette politique antisociale. Les partis de l’ex-gauche plurielle (PS, PCF et Verts) réapparaissent à l’approche de ces élections mais ne proposent rien d’autre que de refaire la politique de cadeaux au patronat et de miettes pour les travailleurs !

    Votez Leïla MESSAOUDI, candidate de la Gauche Révolutionnaire sur le canton de Rouen 5 !

    Dans ces élections, la Gauche Révolutionnaire présente, pour la première fois, une candidature avec Leïla MESSAOUDI, 28 ans, enseignante en collège, sur le canton des Sapins, le Châtelet, Boulingrin et 4 cantons (Rouen 5) et deux candidats sur les listes d’alliance électorale de LO/LCR aux régionales.

    Les grèves du printemps dernier ont montré, que pour gagner face à ces attaques, il ne faut pas lâcher sur nos revendications. Même si la réforme des retraites est passée, aujourd’hui c’est celle de la Sécu qui se prépare.

    Contrairement à LO et la LCR, nous pensons donc qu’il ne faut pas s’arrêter à une alliance électorale. Aujourd’hui, les luttes sont peu nombreuses et isolées. La lutte des parents et des enseignants pour le maintien des 5 classes sur les Hauts de Rouen est un exemple de la résistance face aux attaques.

    Les travailleurs ont besoin d’instruments pour soutenir, coordonner et impulser ces luttes. Il manque bien aujourd’hui un véritable parti qui organise et défende sans concession les travailleurs face au patronat sur un programme sans concession, revendicatif, clairement anticapitaliste. La Gauche Révolutionnaire défend un programme clairement opposé aux politiques au service des patrons et pour une véritable alternative démocratique au capitalisme, le socialisme.

    Nous proposons à tous ceux et celles qui veulent préparer les luttes, poser les bases de la construction d’un nouveau parti des travailleurs, de soutenir nos candidatures et de mener campagne avec nous !

  • Dans tous les quartiers, le même droit à l’éducation !
  • Licenciements, précarité, privatisations: ça suffit!
  • La LBC à la pointe de la mobilisation

    Quelque 16.000 travailleurs du secteur non marchand ont manifesté à Bruxelles le 16 février. Les travailleurs de ce secteur entendent mettre le gouvernement sous pression avant de négocier leur cahier de revendications (voir Alternative socialiste n°87). Le gouvernement, de son côté, entend faire traîner les négociations dans des groupes de travail jusqu’après les élections du 13 juin.

    Eric Byl

    Les organisations syndicales doivent donc mettre la pression si elles veulent éviter d’être menée en bateau. Le 16 février 75% des manifestants étaient des affiliés de la CSC (LBC ou CNE). Un peu moins de 20% étaient des affiliés du SETCa, le reste des affiliés du syndicat libéral. Le cortège de la CSC était très combatif. Par contre des militants du SETCa estimaient que leur syndicat avait peu mobilisé. Le tract du MAS a été bien accueilli, particulièrement auprès des militants de la CSC.

    A la base on commence à perdre patience. Selon un militant du SETCa, les salaires dans le non marchand sont en moyenne inférieurs de 17% à ceux d’autres secteurs. C’est d’ailleurs confirmé par une étu-de de l’HIVA (un institut d’études du monde du travail dépendant de l’université de Louvain). Cette étude montre que – même sans tenir compte des différences de salaires liées à l’ancienneté, au sexe, au niveau d’études – les infirmier(e)s, soignant(e)s et éducateur(trice)s ont un salaire moindre que des diplômés de même niveau (9%) dans d’autres secteurs. Le cahier de revendications porte notamment sur le remplacement de la prime de fin d’année par un 13e mois et une augmentation des primes de prestations inconfortables.

    Dans la convention signée en 2000 figure notamment la pré-pension à 57 ans et un aménagement de fin de carrière permettant de réduire ses prestations à partir de 45 ans. Le gouvernement flamand n’a jamais appliqué cela à la lettre. La LBC exige la création de 25.000 postes de travail par la réduction du temps de travail à 36 heures sans perte de salaire et l’embauche de 5% de personnel supplémentaire.

    Afin de donner du corps à la mobilisation et de couper court aux manoeuvres du gouvernement, la LBC organisera chaque mardi une action de sensibilisation devant les cabinets ministériels concernés. La CSC appelle aussi à une manifestation nationale le jeudi 1er avril. En mars, trois manifestations sont prévues contre les mesu-res de Frank Vandenbroucke à l’égard des chômeurs, des manifestations hebdomadaires du non marchand et une manifestation contre l’occupation de l’Irak le 20 mars. Il n’est donc pas étonnant que la tension monte au sein du gouvernement à l’approche des élections.

  • Insécurité dans les quartiers. Ici comme ailleurs: tout ce qui nous divise nous affaiblit

    Insécurité dans les quartiers

    ACTUELLEMENT, ON NE compte plus les thèmes d’émissions et d’articles qui sont consacrés à l’insécurité, entretenant par la même ce sentiment de malaise dans la population. Les médias exagèrent sans doute, mais on ne peut nier la réalité. Le vandalisme existe, et la violence dans les quartiers également. Face à cela, il fait réagir. Le tout est de voir comment réagir.

    Nicolas Croes

    Les partis traditionnels, depuis longtemps en marge des problèmes et réalités rencontrés par la population, n’ont vu là qu’une raison supplémentaire d’augmenter le nombre de policiers dans les rues. S’attaquer aux effets et non aux causes de l’insécurité est une absurdité. L’amalgame entre insécurité et immigration est devenu un réflexe dans une partie de la population. Or, le phénomène est beaucoup plus large. Il est nécessaire de s’interroger sur ce qui pousse une partie de la jeunesse, belge ou d’origine immigrée, à agir ainsi. Les raisons de ces accès de violences trouvent leur origine dans la situation sociale.

    Entre 1998 et 2002, c’est presque un quart de la population belge (23%) qui fut à un moment ou à un autre personnellement confronté au problème de la pauvreté. En 2002 le nombres de personnes dépendantes du CPAS a augmenté de 15%, et certains jeunes ont toujours connus leurs parents au chômage. Ajoutons à cela les difficultés des jeunes issus de l’immigration pour trouver un emploi, le racisme de certains emplo-yeurs, l’impossibilité de travailler dans un service public sans nationalité belge, et autres attaques racistes… Le malêtre de ces jeunes est compréhensible. Mais leur violence – même si elle est souvent encouragée par différents films, chansons, émissions télé – est inadmissible.

    Jusqu’à la fin des années 80, la plus grande peur, celle dont les médias parlaient sans cesses, relayés par la plupart des familles occidentales, était celle du communisme. De nombreuses attaques contre les travailleurs, dont diverses lois répressives, sont passées au nom de la lutte contre les états staliniens. Depuis, l’économie de marché s’est auto-proclamée seul système viable. Le capitalisme est cependant fort loin d’avoir résolu ses contradictions, et il est facile d’expliquer différentes dérives par la petite criminalité. C’est donc en détournant l’attention de la population du système qu’elle subit que l’insécurité est devenue une véritable star.

    Devant la crise et les programmes d’austérité que l’on nous prépare (passé les élections bien entendu) il n’est que trop pratique de diviser la population en montant les uns contre les autres travailleurs, chômeurs, immigrés, habitants de quartiers et autres.

    La meilleure méthode pour réduire les incompréhensions entre ces différents groupes est de mettre en avant leurs points communs et non leurs divergences. L’exploitation et l’oppression du système nous unis, et ce n’est qu’en luttant en commun contre lui et ses défenseurs que viendra l’émancipation de la population et qu’elle pourra enfin prendre en main sa destinée dans l’intérêt de tous.

    Unissonsnous contre le racisme, les exclusions et le capitalisme qui les engendre!

  • Tarifs des garderies: de plus en plus chers!

    IL Y A QUELQUES semaines à Gand, nombre de parents ont reçu une lettre de l’échevin de l’Enseignement Rudy Coddens (SP.a) annonçant une hausse des tarifs des crèches et des écoles de devoir communales à partir du 1er mars . Motif invoqué: une comparaison avec les prix du marché montre que les tarifs communaux sont "anormalement bas".

    Anja Deschoemacker

    Mais n’est-ce justement pas la mission d’un service public d’offrir un accueil à bon marché quand les tarifs des institutions privées sont hors de portée du budget d’une famille modeste?

    Pourquoi cette augmentation a telle lieu maintenant? Dans sa lettre, Coddens explique qu’une des institutions communales, reconnue par Kind en Gezin (l’équivalant en Flandre de l’Oeuvre nationale de l’Enfance), doit pratiquer les mêmes tarifs que Kind en Gezin. Et donc que pour éviter les différences de tarifs entre institutions communales il vaut mieux tout aligner vers le haut (sur les tarifs de Kind en Gezin). Les parents qui n’ont pas d’autre revenu qu’une allocation (chômage, mutuelle, invalidité, CPAS) pourront demander un tarif social (50% du prix). Mais ce tarif «social» coûtera de toute façon plus cher que le tarif actuel.

    Ce que Coddens ne dit pas, c’est que la ville de Gand est en déficit et qu’elle veut, cette année encore, réduire de 21 millions d’euros ses dépenses. Coddens ne dit pas non plus que de nombreux projets de prestige coûtent cher. Par exemple le projet contesté «Oxygène à la Brugse Poort»: 89 petites maisons ouvrières vont être abattues pour faire place à une dizaine de grandes maisons à 3 chambres, accessibles seulement aux familles avec deux salaires. Autre exemple, l’aménagement de Portus Ganda: un port de plaisance pour les yachts.

    Les restrictions budgétaires se feront au détriment du personnel communal (250 emplois vont disparaître), du CPAS et des usagers des services communaux, comme par exemple, les parents qui ont besoin d’une garderie pour leurs enfants.

    Coddens ne dit pas non plus un mot sur la politique du SP.a et du VLD au gouvernement fédéral ou à la Région flamande. Il aurait pu, par exemple, mentionner que la politique de la libéralisation du marché de l’électricité (uniquement appliquée en Flandre pour l’instant) prive les communes des revenus qu’elles percevaient au travers des intercommunales de distribution de l’électricité. Ou encore que la baisse des impôts impulsée par Didier Reynders au niveau fédéral aura pour conséquence de réduire les centimes additionnels reversés aux communes.

    Coddens est le successeur de Freya Vanden Bossche à l’échevinat de l’Enseignement de la ville de Gand. A l’époque elle n’avait à la bouche que le mot «enseignement gratuit». «Gratuit» si l’épouse ne travaille pas et qu’elle peut s’occuper de la garde des enfants dès la fin des cours. L’horaire des écoles gardiennes est de 8h15 à 11h45 et de 13h à 15h20. Ceux et celles qui ne peuvent se permettre, en raison de leur activité professionnelle, d’aller chercher leurs mioches sur le temps de midi, de leur donner à manger et ensuite de les ramener à l’école doivent payer la garderie. Jusqu’à présent, cela coûtait 1,49 euros. A partir du 1er mars ce sera 2 euros. Le mercredi après-midi le tarif passera de 1,49 à 3,60 euros. Pendant les vacances scolaires, il passera de 1,49 euros à 7,10 euros si l’accueil dure plus de 6 heures.

    Un grand nombre de femmes travaillent à temps partiel. Pour beaucoup d’entre elles, dont les revenus ne sont pas beaucoup plus élevés qu’une allocation sociale, cette brusque hausse des tarifs de garderie représente un casse-tête financier. D’autant plus que l’employeur ne fixe pas l’horaire de travail à temps partiel en tenant compte des horaires de l’école gardienne ou primaire.

    Comment dans ces conditions les femmes avec des enfants en bas âge pourront-elles à la fois payer les frais de garderie avec un travail à temps partiel mal payé? On voudrait inciter les femmes à rester chez elles qu’on ne ferait pas autrement! Comme tous les partis traditionnels, le SP.a a beaucoup de langue, mais quand il s’agit de passer aux actes c’est une autre paire de manches!

  • Forum Social. Mobiliser les travailleurs ou s’en distancier?

    Le 28 février, le Forum Social de Charleroi organise une journée d’activités sur le thème de l’Europe. Ce forum, composé pour une grande part d’ONG et de représentants du monde associatif, se veut un prolongement au niveau local du Forum Social de Belgique, dont la charte est ellemême calquée sur les principes des Forums européen et mondial. Si la démarche de ce forum est louable, il convient néanmoins d’en analyser le caractère: le fait que tout parti politique y soit interdit alors que des membres de partis traditionnels tels que le CDH ou le MR soient invités aux débats suscitent déjà certains doutes quant au bon vouloir de ces «altermondialistes» à s’opposer à la politique du gouvernement.

    Cédric Gérôme

    Dans la lignée de la déclaration du président français d’ATTAC lors du FSE à Paris, dénonçant le risque d’assimilation à l’extrêmegauche si le mouvement était trop radical, le Forum social belge tend lui aussi à se distancier des travailleurs en lutte pour en réalité servir de tribunes aux politiciens bourgeois.

    Le FSB veut tisser autour des différentes organisations un réseau commun qui a un caractère nettement réformiste. La direction de ce forum se cantonne à une critique du «libéralisme», évitant soig-neusement de parler du capitalisme, et tente d’emmener le mouvement non vers un changement révolutionnaire de la société, mais vers une régulation de l’économie capitaliste. Le FSB ne recherche pas une alternative au capitalisme dans son ensemble, mais compte plutôt sur la bonne volonté des «institutions internationales démocratiques» de la société bourgeoise qu’il voudrait voir transformer en organisations de bienfaisance.

    Pour exemple, les conclusions des discussions menées au sein de ce forum sont envoyées sous forme de pétitions au gouvernement, dans le but d’interpeller le monde politique. Nous ne sommes pas opposés par principe à l’idée du Forum Social, mais nous pensons qu’il doit rester indépendant des représentants de la classe dominante, responsables des plans d’austérité contre le monde du travail. C’est seulement en réalisant la jonction avec ce dernier et en lui offrant des perspectives de lutte que nous pourrons faire avancer le mouvement.

  • La politique social-démocrate menace l’unité de la FGTB

    LES QUELQUES semaines qui nous séparent des élections risquent bien de n’être qu’un avantgoût des luttes qui vont prendre place lors de la rentrée et déjà il est évident que l’appareil syndical est divisé. De plus, le résultat des élections régionales aura une influence sur la combativité des syndicats.

    Vincent Devaux

    En Flandre, les quatre principaux partis (VLD, CD&V/N-VA, SP.a/Spirit, Vlaams Blok) sont au coude à coude, le CD&V/N-VA (aux thèses nationalistes et séparatistes évidentes) ayant toutefois une longueur d’avance. En Wallonie le PS prend incontestablement la tête, suivi du MR ; le CDH et Ecolo perdant encore quelques plumes. Cependant, beaucoup de choses peuvent encore se passer avant les élections comme le montre l’actualité, et les «négligences» de Daniel Ducarme et de Richard Fourneaux risquent bien de donner du grain à moudre à l’extrême-droite. Tout cela sans compter les déclarations enflammées entre le MR et le CDH et le chaos provoqué par le vote sur le port du voile au VLD. En Wallonie le PS continue sa percée en se donnant l’image d’un parti responsable, si l’on excepte Anne-Marie Lizin et ses prises de positions honteuses contre le port du voile dans les écoles. Dans tous les cas, la situation économique et les mesures qui vont être prises les prochains mois vont provoquer une pression à la base de la classe ouvrière au sein des syndicats.

    Les tensions sont déjà bien visibles entre l’aile flamande et l’aile wallonne de la FGTB. Des permanents syndicaux wallons se plaignent, depuis que Mia de Vits est à la présidence du syndicat, de ne plus avoir de marge de maoeuvres pour s’opposer aux mesures que prennent le SP.a et le PS au sein du gouvernement. La rumeur persistante mais non confirmée selon laquelle Mia de Vits se porterait candidate sur la liste SP.a pour les Européennes est une indication des divisions au sein de l’appareil. Si son départ peut effectivement diminuer temporairement les frictions, cellesci sont beaucoup plus profondes et dépendantes de la situation socio-économique. Les contradictions vont resurgir quand les luttes émergeront et il ne fait aucun doute que le gouvernement va devoir prendre des mesures pour s’aligner sur ses voisins afin de maintenir son économie à flot, c’estàdire en faisant des cadeaux à la bourgeoisie la récente réduction de la taxe sur les gros consommateurs d’électricité en est un bon exemple et en s’attaquant aux acquis de la classe ouvrière. Nous ne nous retrouverons plus comme dans le passé avec des bourgeois toutpuissants s’appuyant, pour gouverner, sur le syndicat chrétien, comme c’était le cas à l’époque avec le PSC/ CVP. L’interrégionale flamande de la FGTB est liée au parti de Steve Stevaert, connoté d’un certain «Blairisme» et est soucieux de ne pas mettre des bâtons dans les roues de son partenaire. On ne doit donc pas s’attendre à ce qu’elle ouvre les hostilités. La CSC en Flandre, par contre, aura les mains libres pour s’opposer aux attaques qui ne vont pas manquer d’avoir lieu en automne.

    Les mesures prisent par Vandenbroucke contre les chômeurs ont fait l’objet de longues critiques de la part de l’interrégionale wallonne de la FGTB et cela afin dans un premier temps de faire pression sur le PS. Les actions contre les mesures Vandenbroucke ont déjà eu lieu en Wallonie et à Bruxelles par la FGTB de Charleroi et de Liège/Huy/Waremme et des actions sont prévues prochainement (voir article en page 1). Une pareille réaction ne s’est pas vue du côté flamand. De même on peut noter une plus grande combativité du syndicat chrétien. Déjà maintenant la LBC (Centrale CSC pour les employés du côté néerlandophone) a annoncé plusieurs manifestations dans le secteur non marchand avant les élections. L’échec des négociations entre le front commun syndical des enseignants (CGSP, CSC) et Christian Dupont le ministre (PS) de la Fonction publique relatives aux négociations salariales des enseignants jusqu’en 2010 pourrait également mener à des grèves dans ce secteur en mars. Tout cela va amener de nouvelles discussions dans les instances de la FGTB et cristalliser les différends.

    Des voix dans la FGTB wallonne marquent clairement leur raslebol du suivisme de Mia De Vits vis-à-vis de Frank Vandenbroucke. Dans quel sens cela va évoluer reste difficile à dire, mais il n’est pas impossible qu’une lutte asymétrique se développe de chaque côté de la frontière linguistique. Il ne faut pas oublier la situation économique en Wallonie, où le niveau de vie est plus modeste et le taux de chômage très important, mais où également la classe ouvrière est plus ancrée dans les traditions, ce qui mène à des conditions de lutte plus acharnées qu’en Flandre. Par ces luttes, même si ce n’est pas l’option la plus probable, il n’est pas impossible de voir une scission de la FGTB. Nous sommes bien entendus opposés à une telle scission sur base communautaire. Mais il faut bien voir qua la fraction SP.a menée par Mia De Vits aurait une responsabilité écrasante dans une telle dérive.

  • NSV: Les étudiants du Vlaams Blok sont des racistes violents

    UN MEMBRE DU NSV écrivait récemment un forum de discussion à l’unif de Gand à propos d’une manifestation précédente du NSV à Anvers: «Un gugusse de gauche n’avait rien trouvé de mieux que de mettre du reggae et d’ouvrir la fenêtre. Et hop, voilà qu’un pétardpirate atterrit à l’intérieur. Boum, la musique nègre s’arrête net, les volets se ferment et la lumière s’éteint…»

    Geert Cool

    Ou encore à propos d’une action du NSV à Gand: «Je me souviens encore d’une greluche de gauche avec un djembé dans les bras qui s’est mise à insulter 2 militants du NSV dans la Van Hulthemstraat à Gand. 2 minutes plus tard, on jouait au football avec un djembé dans la Van Hulthemstraat». Voilà comment on forme les futurs cadres du Vlaams Blok: racisme primaire, violence contre les adversaires,…

    Il ne s’agit pas de faits isolés. Lors de la mobilisation pour la manif anti-NSV de 1998 à Gand, nous avions déjà rendu public un document interne du NSV d’un racisme primaire qui évoquait «la boîte crânienne des Nègres» qui serait «plus petite» que celle des Blancs… Ils se sont empressés d’en nier l’existence. Cette controverse a en tout cas fait en sorte que, pour la première fois, plusieurs bonzes du Vlaams Blok ont préféré éviter cette annéelà d’apparaître publiquement à la manif du NSV.

    Non pas qu’il n’y aurait plus de liens entre le Vlaams Blok et le NSV. Encore en février, la section anversoise du NSV organisait un meeting du Blok dans les locaux de l’unif d’Anvers. Des figures connues du parti étaient présentes dans le cortège du NSV en 2003 à Louvain. La liste des membres d’honneur du NSV de Gand de septembre 2002 comprend, entre autres, le dirigeant local Francis Van den Eynde. Lors des activités du NSV, le service d’ordre est dirigé par Luc Vermeulen, un vétéran du VMO.

    Le NSV sert de vivier pour les futurs cadres du Blok. Par exemple, le groupe autour de Dewinter est issu du NSV, tout comme bon nombre d’autres parlementaires du Blok. Le président du NSV gantois, Dieter Van Parijs, qui porte la responsabilité du document cité cidessus, travaille pour le Vlaams Blok dont il préside d’ailleurs la section locale d’Oostkamp-Beernem.

    Les étudiants du Vlaams Blok ont plus de latitude pour se livrer à des propos racistes et à des actes de violence. Le NSV n’a en effet pas une large base électorale à préserver. S’ils vont sans aucun doute attirer de plus en plus de carriéristes dans leurs rangs, le NSV n’en reste pas moins un outil important entre les mains de la direction du Blok pour la formation d’un noyau de cadres fascistes.

    Manifestation anti-NSV

    le 11 mars 2004

    19u > Gare de Berchem Antwerpen

  • Élections américaines: Les travailleurs n’ont pas de candidat

    Élections américaines:

    LES DEVELOPPEMENTS économiques et politiques aux Etats-Unis ont de lourdes conséquences au niveau mondial. D’où l’attention particulière qui se focalise sur les élections présidentielles américaines. Bush a incarné la politique agressive de l’impérialisme américain. C’est pourquoi on envisage avec beaucoup d’anxiété l’issue du scrutin présidentiel du début novembre. Une défaite de Bush ne manquerait pas de réjouir les opprimés du monde entier. Aux Etats-Unis, une grande partie de la population pousserait un soupir de soulagement. Ils espèrent qu’un autre président accordera plus d’attention aux problèmes des travailleurs américains et de leur famille et qu’il parviendra à faire reculer la vague montante d’anti-américanisme.

    Bart Vandersteene

    Les Etats-Unis, un géant économique aux pieds d’argile!

    La guerre en Irak a semblé confirmer l’idée que le monde évoluerait vers un système unipolaire où une seule grande puissance, les Etats-Unis, jouerait le rôle de gendarme du monde. La base économique d’une telle politique n’existe pourtant pas et repose, comme nous l’avions déjà dit auparavant, sur la création de différentes bulles condamnées à éclater un jour ou l’autre.

    La croissance économique exceptionnellement longue des années nonante était essentiellement due à la stimulation de la consommation intérieure, avec un endettement colossal à la clé. Il y a d’abord eu l’effervescence boursière qui a répandu le sentiment de richesse dans la société américaine. L’Américain moyen voyait enfin le «Rêve américain» devenir réalité en achetant les actions d’entreprises de haute technologie, dont les cours montaient en flèche. Il ressort d’un sondage d’opinion paru fin 1999 que 19% des Américains croyaient alors appartenir au cercle privilégié du 1% le plus riche. Une autre tranche de 20% croyaient pouvoir y accéder un jour.

    Cette bulle a entretemps éclaté et nombre d’Américains sont retombés sur terre. Ceci n’a évidemment pas été sans conséquences pour l’économie américaine. D’un seul coup, la richesse des Américains s’est trouvé ramenée à de plus justes proportions. Nombreux sont ceux qui avaient emprunté pour pouvoir acheter ces actions. Pour différer le plus possible la crise économique, les autorités ont décidé de faire baisser les taux d’intérêt à un niveau historiquement bas de 1%. Cela signifie qu’il fallait éviter coûtequecoûte que les Américains cessent de consommer et commencent à épargner. Le taux d’épargne s’élevait à 1,3% en décembre 2003. Cela signifie que les Américains n’épargnent que 1,3% de leur revenu total. En Belgique, il se situe entre 14 et 15%. Les familles américaines ont donc accumulé des montagnes de dettes. Il y a déjà làbas des jeux télévisés où le gagnant remporte… la suppression de ses dettes.

    Outre la baisse des taux, l’Administration a encore utilisé d’autres moyens pour maintenir cette consommation aussi longtemps que possible. D’un côté, il y a eu l’énorme baisse d’impôts pour les riches ainsi que la baisse d’impôts des entreprises. Mais cela n’a créé que très peu d’emplois. Pas moins de 3 millions d’emplois ont été perdus dans l’industrie sous la présidence de Bush. Les baisses d’impôts pour les patrons ne créent pas d’emplois. Le monde entier en fait au-jourd’hui la dure expérience. Un bureau d’étude a calculé que Bush aurait tout aussi bien pu affecter l’argent de ces baisses d’impôts au recrutement de 2,5 millions d’Américains pour creuser des puits et de 2,5 millions d’autres pour les reboucher. Du moins cela auraitil donné un revenu décent à 5 millions d’Américains. L’administration a évidemment compensé le manque à gagner en recettes fiscales par des coupes sombres dans les dépenses sociales qui ont encore accru l’écart entre riches et pauvres.

    Les Etats-Unis essayent maintenant d’exporter leur crise en laissant chuter le cours du dollar. Cela rend leurs produits meilleur marché à l’exportation leur valeur est libellée en dollars. Chacune de leurs manoeuvres ne fait qu’aggraver les problèmes de l’économie mondiale. Toute cette bulle éclatera tôt ou tard.

    Kerry contre Bush/Edwards contre Bush?

    C’est toujours l’élite qui gagne

    Il semble que John Kerry sera le candidat démocrate qui fera face à Bush en novembre. Les électeurs démocrates qui ont voté pour lui n’ont pas vu dans Kerry le candidat qui avait les meilleures idées, mais bien celui qui avait le plus de chances de battre Bush.

    D’après un sondage d’opinion de la chaîne TV ABC, Kerry obtiendrait 52% des voix contre 43% pour Bush si les élections présidentielles avaient lieu maintenant. Mais toute la question est de savoir si l’élection de Kerry changerait quoi que ce soit à la politique américaine. Elle présentera sans doute une façade moins agressive, mais rien ne changera sur le fond. Kerry n’atil pas voté pour la guerre en Irak?

    John Kerry est devenu multi-millionnaire en épousant la veuve du magnat du ketchup Heinz. Comme Bush, il a étudié à l’université de Yale et, comme Bush encore, il est membre du club élitiste «Skull and Bones», une association fondée en 1832 par des esclavagistes. C’est devenu depuis lors une société secrète dont les membres sont triés sur le volet sur base de leurs liens familiaux, de leur hérédité et de leur fortune. Elle n’admet dans ses rangs que 15 nouveaux membres par an. John Kerry était l’un d’eux en 1966, Bush l’a suivi en 1968. Les heureux élus jurent fidélité éternelle à la Société et à ses membres, les «Bonesmen».

    Kerry a été sénateur du Massachusetts pendant 20 ans. On cherchera en vain dans les annales du Sénat la moindre initiative de Kerry en faveur de la population laborieuse. Bien au contraire, il n’a manqué aucune occasion de défendre l’économie de marché, la libéralisation,… Son nom est de plus en plus associé à des scandales de corruption impliquant de grosses firmes du secteur de la construction et à la défense constante des intérêts du big business.

    La majorité de la population mondiale n’a rien de bon à attendre de ces élections. Ou comme l’a écrit Michael Colby du magazine Wild Matters: «Lorsqu’on tend l’oreille, on se rend compte qu’on n’est pas seul en entendant les rires étouffés qui s’échappent de derrière le rideau qui dissimule les élites politiques aux yeux des masses. Il y a une fête qui se déroule et nous n’y avons pas été conviés. (…) Un duel Bush/Kerry est un scénario de rêve pour ces gens qu’on appelle l’élite dominante, ce club fermé de leaders économiques, politiques et militaires qui tiennent réellement entre leurs mains les rênes de la nation».

    Il a d’abord semblé que Howard Dean l’emporterait en tant que démocrate «plus radical» affichant des positions en flèche contre Bush et la guerre. Mais Dean a fini par casser sa propre image. Il est apparu comme un membre de l’élite politique et économique au même titre que les autres candidats. Mais un candidat démocrate pourratil faire la différence? Ou pour le dire autrement: les travailleurs et les jeunes américains peuventils utiliser le Parti démocrate comme instrument pour défendre leurs intérêts?

    Michael Moore répond à cette question dans son livre Mike contre-attaque: «Y atil une différence entre les démocrates et les républicains? Oui. Les démocrates disent une chose et font l’inverse serrer la main en coulisses aux salopards qui rendent ce monde plus dégoûtant et plus sordide. Les républicains ne s’embarrassent pas de fauxsemblants et donnent aux salopards une officine dans l’aile ouest de la Maison Blanche. C’est ça la différence. Tant qu’à faire, il vaut encore mieux dépouiller quelqu’un sans crier gare plutôt que de le faire après lui avoir promis protection».

    On peut dire que le Parti démocrate est en passe de devenir le cimetière des mouvements sociaux. En imposant la logique du «moindre mal» (voter pour les démocrates pour battre les républicains), ils étouffent dans l’oeuf tous les mouvements qui tentent de forcer le changement par la mobilisation. Car toute critique des démocrates affaiblit leur position électorale. Et vous ne voudriez tout de même pas qu’un républicain soit élu!

    Il faut briser ce cercle vicieux. On ne peut y arriver qu’en construisant un mouvement de masse dans la rue, un mouvement indépendant des démocrates. Un tel mouvement ne tardera pas à arriver à la conclusion qu’il lui faut son propre prolongement politique pour pouvoir remporter la lutte.

    Aussi Nader est candidat

    Lors des élections présidentielles de 2000, Nader avait obtenu 2,8 millions de voix en tant que candidat indépendant sur la liste des Verts. Après beaucoup d’hésitations Nader a décidé de se presenter en novembre 2004. Les Verts vont probablement appeler à voter pour les démocrates; il faudra donc mettre sur pied de nouveaux comités pour soutenir un candidat indépendant. Mais il y a certainement un espace aux Etats-Unis pour une politique radicale qui défende les intérêts des travailleurs et des jeunes. La moitié de la population n’ira sans doute pas voter. Ils n’ont pas le moindre espoir qu’un président démocrate puisse améliorer leurs conditions de vie ou de travail.

    Nader a beaucoup de faiblesses. Il ne choisit pas clairement entre les travailleurs et les patrons. Il a disparu de la scène depuis les dernières élections. Mais une candidature indépendante serait à même de rassembler ces forces éparses dans la société comme étape préparatoire à la création d’un nouveau parti. Les socialistes ont un rôle de catalyseur à jouer dans ce type de processus tout en avançant un programme socialiste. C’est la double tâche que s’assigne aujourd’hui Socialist Alternative, notre organisationsoeur aux Etats-Unis.


    A lire:

  • Michael Moore: Mike contre-attaque (Ed. 10-18)
  • Suzy Hendrikx: Une Bosse dans le Rêve américain
  • Thomas Friedman: Longitudes and Attitudes

    Disponible auprès du MAS/LSP:

  • Howard Zinn, Une Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours (Ed. Agone)
  • Why we need a Labor Party (brochure de Socialist Alternative)
  • Retrait des sanctions contre les chômeurs

    Tous ensemble:

    EN WALLONIE, les syndicats ont déterré la hache de guerre contre le plan Vandenbroucke. Il faut dire qu’avec un taux de chômage dépassant les 18%, les travailleurs wallons sont fort concernés par les mesures contre les chômeurs décidées au conclave gouvernemental de Gembloux, au mois de janvier.

    Vincent Devaux

    Pour rappel l’ONEm sera chargé de faire subir aux chômeurs des contrôles répétitifs et d’exclure du chômage ceux qui ne peuvent prouver leurs efforts pour trouver un emploi. La Belgique reste le seul pays de l’Union européenne où les allocations de chômage ne sont pas limitées dans le temps (pour les chefs de famille et les isolés). Et la pression est forte pour que la Belgique s’aligne sur les autres pays. L’exclusion d’une partie des chômeurs permettra de truquer un peu plus les statistiques de chômage, de persécuter les chômeurs en leur faisant accepter n’importe quel boulot à n’importe quelle conditions et de faire pression sur l’ensemble des salaires. D’une part le gouvernement va pourchasser les chômeurs, de l’autre il instaure l’amnistie fiscale pour les fraudeurs et couvre les entreprises de cadeaux en baissant les charges sociales.

    Seule une politique où les besoins de la population déterminent les choix économiques peut résoudre le problème de l’emploi: une réduction du temps de travail sans perte de salaire avec embauche compensatoire, de vastes programmes de constructions de logements sociaux, un refinancement de l’enseignement sont des mesures qui contribuent à restreindre le chômage

    La direction de la FGTB à réagi dans un premier temps en faisant pression sur ses "camarades" du PS. Une grande partie du journal Syndicat du 30 janvier était consacré à ces mesures. Par contre Mia de Vits présidente de la FGTB n’en touche pas un mot dans son éditorial. Elle est plus préoccupée de maintenir de bonnes relations avec ses amis SP.a qui pourraient d’ailleurs l’accueillir sur leur liste pour les élections européennes et par le résultat des élections sociales que par le sort réservé des chômeurs.

    Dans un premier temps il n’a été question que de pressions symboliques: une manifestation le 2 février à Verviers rassemblant 250 militants, les Travailleurs sans Emploi de Charleroi et de Liège/Huy/Waremme en manifestation à Bruxelles et à Liège le 3 février. Mais la tendance à l’élargissement des actions semble l’emporter. Les concessions obtenues après le conclave ne sont que des miettes en vue de calmer les esprits avant les élections: les mesures Vandenbroucke ne s’appliqueront pas aux chômeurs de plus de 50 ans, ni aux temps partiels, ni aux travailleurs ALE. Mais pour l’essentiel, la chasse aux chômeurs est ouverte. A l’appel de la FGTB, des actions sont prévues le 1er mars à Liège et le 4 mars à Namur. La CSC et la FGTB appellent à manifester ensemble lors du prochain conclave gouvernemental qui se tiendra le 20 mars à Ostende.

    Nous vous appelons à participer massivement à ces manifestations pour défendre nos acquis fondamentaux.

  • Quand la perception se heurte à la réalité

    Entre-temps, rue de la Loi…

    L’Establishment politique est en difficulté. Il aurait besoin de stabilité pour faire avaler un plan d’austérité canon après les élections du 13 juin. Mais les libéraux s’empoignent sur la place publique.

    Eric Byl

    Les Chrétiens-Démocrates remontent dans les sondages en Flandre, mais la faiblesse du CDH n’en fait pas une alternative valable. La famille sociale-démocrate devient incontournable et l’extrême-droite rit sous cape.

    Ainsi s’arrêtent quelques fables tenaces. Après la défaite historique des Chrétiens-Démocrates en 99, beaucoup pensaient que la famille libérale allait reprendre le rôle d’instrument politique le plus important pour la bourgeoisie. Les vieilles contradictions de classes seraient dépassées et réduites à une contradiction parmi beaucoup d’autres dans la société. Le VLD et le MR se sont profilés par conséquent comme des partis «populaires» d’un nouveaux type. Pas comme le vieux CVP, sur la base de branches socio-économiques («standen») et de classes, mais de «citoyens». De plus Verhofstadt prétendait que ce n’est pas la réalité qui est la plus importante, mais plutôt la perception de cette réalité qui est décisive. A gauche nous retrouvons cette même idée dans la surestimation du rôle des médias. L’optimisme de Verhofstadt I et II a été contagieux un petit temps, tant qu’il y avait de l’argent dans les caisses.

    Le MAS a dû nager à contre-courant. Dans notre texte du congrès de 2000, nous écrivions qu’il était prématuré d’enterrer le CVP et que la Belgique évoluerait à terme vers la domination de deux pôles bourgeois, un conservateur (l’aile droite du CD&V, du CDH, du VLD, du MR et aussi de ce qui s’appelait encore la Volksunie) et un pseudo pôle progressiste (autour du SP.a, du PS et des verts, des nationalistes de gauche, des libéraux de gauche et surtout le MOC). Nous y ajoutions que le pôle «progressiste» jouirait légèrement de la préférence de la bourgeoisie grâce à son contrôle de l’appareil syndical.

    La crise du capitalisme mettra de nouveau à l’avant-plan la contradiction fondamentale dans la société, entre travail et capital. Finalement, reconnaissant l’importance de la perception, nous y ajoutions que «en dernière instance ce sont les conditions matérielles qui déterminent le mouvement et pas le contraire».

    La crise a miné l’autorité des instruments politiques traditionnels. Mais pas nécessairement comme nous le voulions. Dans les années 90 cela a mené à la croissance de l’extrême-droite et au morcellement politique. Quand il y a de l’insatisfaction, il y a toujours un aventurier pour en tirer parti. Mais quand cela devient vraiment important, l’aventurier fait le choix le plus payant, comme par exemple Duchâtelet, le fondateur de Vivant. Le morcellement du paysage politique est par définition un phénomène temporaire. Dans une époque de cartels politiques les politiciens interprètent volontiers le morcellement politique comme la raison de l’impossibilité de gérer. En réalité le morcellement n’est pas la cause, mais une conséquence temporaire de cette impossibilité de gérer. Aujourd’hui les politiciens découvrent le principe de «l’unité dans la diversité». En Flandre, «cartel» est un nouveau mot à la mode. La question cruciale est cependant jusqu’où il y a une unité dans cette diversité. Le VLD peut utiliser un peu plus de cohérence. Pour le MR, Richard Fourneaux, n’est pas vraiment un cadeau. Après Ducarme, c’est déjà le deuxième politicien MR en difficulté avec le fisc. Le CD&V, se positionne bien dans les sondages et a de la chance que le NVA ne passe pas le seuil électoral.

    Le cartel peut cependant faire tourner à l’aigre le CD&V: le N-VA bruxellois veut aller seul aux élections, mais c’est surtout le départ de Bert Peirsegaele, secrétaire national à la mutualité chrétienne, qui trouve que le CD&V est poussé trop à droite par son alliance avec le N-VA, qui constitue un dangereux précédent. Une opinion que partagent bien des membres de l’ACW (MOC flamand). En attendant, le SP.a semble le plus malin. Il a déjà digéré Spirit et une partie des verts. Le PS attend simplement que le CDH et le MR s’entre-déchirent.

    Ecolo ne peut plus inquiéter le PS. Le SP.a et le PS deviendront probablement incontournables après le 13 juin. Le réel défi ne se situe cependant pas encore là. La tension grimpe déjà avant les élections entre l’aile wallonne et l’aile flamande de la FGTB. En outre la CSC ne va pas rendre la situation plus facile pour le gouvernement.

    Les dirigeants syndicaux auront plus de difficultés de tenir leurs troupes en mains après les élections, lorsque le gouvernement lancera l’offensive contre les pensions, la SNCB, la Poste et les soins de santé. Alors les masques du SP.a et du PS tomberont vite. Plus que jamais il faut une réelle opposition de gauche à la politique de droite.

    Aidez le MAS à relever ce défi.

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