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  • Le marché de l’enseignement bientôt accessible uniquement pour l’élite?

    L’enseignement toujours plus cher

    A l’aube des élections le ministre flamand de l’enseignement Frank Vandenbroucke (SP.a) a essayé de calmer les étudiants et le personnel. Il y a quelques semaines, le ministre a annoncé qu’à partir de 2010, l’enseignement supérieur recevra annuellement 100 millions d’euros de plus et que le personnel allait recevoir, entre autres, plus d’indemnités de congé (ce qui lui avait déjà été promis auparavant…).

    Christophe Michiels

    En théorie cela sonne bien, mais il ne suffit pas de revenir sur quelques mesures après une série de coupes d’austérité. Il est de plus en plus clair que la démocratisation de l’enseignement est violemment sous attaque.

    Trois ans après Bologne

    Cette année académique sera la troisième après la réforme de Bologne. Dans le cadre de celle-ci, les universités et les hautes écoles ont été réunies dans des associations, un nouveau système de crédit-points a été introduit et une structure de Bachelier-Maîtrise a été mise sur pied.

    Les réformes de Bologne visent essentiellement à la création d’un marché de l’enseignement européen concurrentiel avec le reste du monde. Cela n’est pas seulement notre avis, mais aussi celui du recteur de l’Université Catholique de Louvain au début de cette année académique. Mais pour lui, il ne s’agit pas d’une évolution néfaste.

    Le recteur a bel et bien critiqué le fait que trop d’universités existeront à l’avenir en connaissant une pénurie de moyens. Il souhaite donc assainir lui-même les différentes orientations et demander pour cela des moyens au secteur privé.

    “Rationaliser”?

    Le démantèlement des services publics s’appelle aujourd’hui la ‘rationalisation’. Hautes Ecoles et Universités doivent utiliser le plus “efficacement” possible les moyens dont ils disposent. A la KUB (Université Catholique flamande de Bruxelles), on en a vécu les conséquences concrètes : cette toute petite université qui n’est pas jugée assez “efficace” devra éliminer certains cours à partir de l’année académique prochaine. Qui plus est, la KUB devra s’allier à une grande association ou institution. Les victimes de cette”rationalisation” sont le personnel et les étudiants.

    Rationaliser signifie aussi qu’on doit faire plus avec moins de moyens. En 1980, 7% du PIB était alloué à l’enseignement, il s’agit maintenant de 4,9%. En fin de compte, on fait beaucoup moins avec moins de moyens…

    Etudier devient impayable

    En ce moment il y a un manque énorme de kots étudiants à bon marché, et pour la location des chambres pour étudiants à tarif social dans les universités, les files d’attente sont énormes. A Leuven, 4.000 chambres sont disponibles, mais 500 à 1.000 étudiants sont sur une liste d’attente. La VUB offre 1.300 chambres pour 9.000 étudiants, mais 250 attendent encore un logement. A Gand, 412 étudiants prennent leur mal en patience.

    Les coûts à la hausse pour étudier mènent à une hausse du nombre d’étudiants forcés de travailler à côté de leurs études. Une étude comparative montre que les étudiants-salariés ont 40% moins de chances de réussir. L’année passée, 87% des étudiants ont travaillé face à 59% en 1999. L’année académique passée, 90,4% des étudiants de 18 ans ont travaillé (y compris pendant l’été). Il y a quatre ans, c’était encore 72,5 %.

    Les bourses d’étude ne suffisent pas en soi. La bourse moyenne dans l’enseignement supérieur s’élève à 1499 euros, mais seule une infime minorité se voit accorder cette bourse. Des 157.000 étudiants qui demandent une bourse, seuls 34.000 l’obtiennent (23% des étudiants).

    Dans l’enseignement secondaire, 72.000 des 435.000 lycéens reçoivent une bourse de 164 euros en moyenne par an. Il y a quinze ans, le nombre de lycéens ayant une bourse d’étude était encore de 106.000, mais les plafonds de revenus n’ont pas changé depuis 1991. Beaucoup de parents doivent emprunter au début de l’année scolaire pour payer l’instruction de leurs enfants.

    Dans l’enseignement primaire et secondaire, on ne peut pas demander officiellement des frais d’inscription. La Constitution stipule que l’accès à l’enseignement est gratuit jusqu’à la fin de l’obligation scolaire. Il y a en revanche des frais liés à l’enseignement qui augmentent au galop.

    Entre 1989 et 1999 les frais dans l’enseignement secondaire ont augmenté de 55% hors ‘inflation et de 68% dans l’enseignement primaire. En moyenne, les frais pour la première année du primaire sont de 389 euros, de 857 euros pour la première année du secondaire et de 1265 euros pour la sixième année du secondaire.

    L’école n’est pas une usine

    Ces tendances sont encore renforcées par les réformes de Bologne. Dans cette logique orientée vers le " libre " marché, les écoles sont considérées comme des insititutions qui doivent fournir une main-d’oeuvre toute prête. Les orientations à intérêt plutôt sociétal ou intellectuel sont délaissées.

    Pour l’enseignement supérieur, Vandenbroecke veut rendre plus chères les années de spécialisation. Les bourses, comme aux Etats-Unis, ne seront offertes qu’aux meilleurs des meilleurs et non pas aux jeunes brillants mais financièrement défavorisés.

    Cela entraînera que la majorité de la population aura accès à une formation de base et qu’un enseignement complémentaire ne sera accessible qu’à une élite d’étudiants riches ou hyperintelligents.

    Il faut une résistance!

    Les diverses mesures de Vandenbroecke ont été acceptées par une partie des directions syndicales. Cela restreint les possibilités de lancer des actions. Par contre, nous sommes d’avis que la résistance est toujours nécessaire. La lutte pour plus de moyens dans l’enseignement en haussant le budget gouvernemental jusqu’à 7% du PIB est une lutte pour notre avenir.

    Le 25 octobre, une action nationale sera organisée à Leuven. 14h Grote Markt Louvain. Action suivi par une réunion publique.

  • 25,000 mineurs de charbon partent en grève contre des salaires et des conditions de travail atroces

    Kazakhstan

    Les mineurs du « Département Charbon » de « Mittal Steel Temirtau », une succursale de la multinationale « Arcelor Mittal » au Kazakshtan, sont partis en grève ce 25 septembre 2006. Les travailleurs demandent une hausse salariale (leur salaire actuel est de 250-300 dollars par mois), la baisse de l’âge de la retraite (avec payement à l’heure), entre autres revendications. La grève a débuté après la mort de 41 mineurs, due à l’usure de leur équipement de minage, et à cause du manque de conditions de travail décentes.

    (Pour plus d’informations, voir : sur le site http://kazakhstan.socialism.ru/solidarity/2006/shahtersky_bunt.html (il y a une traduction électronique vers l’anglais))

    Chaque jour, une assemblée générale des mineurs a lieu dans l’hôtel de ville de Shakhtinsk (à 45km de la ville de Karaganda). Les mineurs sont déterminés à aller jusqu’au bout avec leurs revendications.

    La grève a quand même commencé, malgré le « conseil » du syndicat officiel (qui s’appelle « Korgau ») aux mineurs de ne pas entreprendre d’action. Maintenant, les mineurs tentetn de recréer de nouvelles structures par en-bas. Socialist Resistance (CWI Kazakhstan) soutient pleinement les mineurs, et appelle à la formation de syndicats démocratiques et combatifs, et à la nationalisation des mines et de l’industrie métallurgique au Kazakhstan.

    Ceci est la première grève des mineurs à une telle ampleur, depuis les troubles de 1989. En ce moment, 25 000 mineurs ont cessé le travail. La grève est aussi soutenue par les travailleurs de l’industrie métallurgique de Karaganda, qui ont leurs propres batailles à mener. Ces travailleurs ont tenu une assemblée générale le 30 septembre, dans la ville de Temirtau, pour demander une hausse salariale de 40%.

    Besoin d’un soutien moral et politique

    Les mineurs ont entrepris une action courageuse, et découvrent en ce moment leur pouvoir, mais ils ont besoin d’un soutien moral et politique rapide. Les dirigeants des syndicats officiels, accompagnés des autorités locales et régionales, tentent de diviser les travailleurs. Une surveillance permanente des grévistes a été organisée. Les médias de masse, qui appartiennent au gouvernement, déversent sans discontinuer des flots de mensonges et d’insultes au sujet des ouvriers.

    Nous appelons à l’envoi de lettres de solidarité à Pavel Shumkin, le dirigeant « officieux » des mineurs en grève, qui s’est rendu célèbre par son action lors des grèves de 1989.

    Vous pouvez contacter Pavel Shumkin à l’adresse suivante :

    Loboda St., 13, Apt. 49, 100000, Karaganda, Republic of Kazakhstan

    Tel ++7 3212 41 36 04, mobile ++7 705 574 75 91

    e-mail : pshumkin@yandex.ru

    Nous vous serions gré d’envoyer des copies de ces mails à « Socialist Resistance (Kazakhstan) » par e-mail: kri-ainur@mail.ru and ainur1917@yandex.ru

    Un fonds de solidarité a été établi pour les grévistes. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet sur www.kazakhstan.socialism.ru

    Nous vous demandons aussi de contacter les syndicats dans d’autres usines appartenant à « Arcelor Mittal », dans 16 pays à travers le monde. Cela inclut les usines de Tchéquie, du Canada, et des USA. La politique de conditions de travail brutales et de paye misérable qui est promue par Arcelor Mittal est aussi pratiquée par l’entreprise « Krivorozhstal », en Ukraine et Roumanie.

    Une situation explosive se développe dans les mines du Kazakhstan. Une vague de grèves, avec l’apparition de nouveaux syndicats combatifs, pourrait parcourir le pays tout entier, en particulier si cette lutte des mineurs devait être victorieuse. Tous les socialistes, les syndicats et les activistes, où qu’ils soient, doivent soutenir les mineurs du Kazakhstan. Ce n’est que par la solidarité et la lutte commune que nous pourront défendre nos droits, et remporter de véritables victoires !

  • Irlande. Le gouvernement de coalition de plus en plus près de la chute

    C’est sous une énorme pression que Bertie Ahern, le Taoiseach (premier ministre) irlandais, est arrivé au Dáil (parlement irlandais) ce 3 octobre 2006, afin d’expliquer dans quelles circonstances il avait été amené à recevoir des « prêts » et des « cadeaux » de la part d’hommes d’affaires lorsqu’il était un ministre au gouvernement dans les années 90. Cette affaire, qui a tourné au scandale, a dominé toute la scène politique irlandaise lors des deux dernières semaines, et a mené à la perspective d’une chute du gouvernement.

    Joe Higgins, parlementaire du Socialist Party (CWI Irlande) a fait un discours au Dáil, dans lequel il condamnait « la débauche, le copinage, le clientélisme et la corruption qui étaient tellement répandues dans la politique des années 80 et 90 ». Joe a aussi condamné des ministres du gouvernement de coalition, du Fianna Fáil (FF) et des Progressive Democrats (PD), qui défendent Bertie Ahern pour pouvoir rester au pouvoir, ainsi que leurs liens avec les milieux de la finance.

    Depuis le débat au Dáil du 3 septembre, la pression s’est renouvelée sur Ahern. De nouveaux rapports dans la presse racontaient que Michael Wall, un homme d’affaires, qui avait vendu sa maison de Dublin à Ahern en 1997, était présent lors d’une soirée de collecte de fonds en octobre 1994 à Manchester, en Angleterre, pendant laquelle Ahern avait reçu £8000 de divers hommes d’affaires.

    Ahern a confirmé que Michael Wall lui avait bien vendu sa maison de Dublin en 1997, mais assure que Wall ne lui a jamais donné d’argent en retour. Il certifie aussi avoir acheté la maison « au plein tarif » au cours du marché, mais a refusé de dire combien cela lui avait exactement coûté. Les médias irlandais parlent aussi d’une « rupture du lien de confiance » qui existait entre Ahern et son adjoint, Michael McDowell, soulevant l’éventualité d’un gouvernement de coalition qui s’enfoncerait de plus en plus profondément dans la crise, dans les divisions, et vers la chute.

    Ci-dessous, nous publions l’intervention que Joe fit au Dáil Éireann le 3 september.

    « Une affaire d’un goût douteux révèle le divorce d’un gouvernement d’avec son peuple » – déclare Joe Higgins, parlementaire socialiste

    Discours de Joe Higgins, membre du Socialist Party au Dáil Éireann (parlement irlandais)

    Joe Higgins (Socialist Party): Nous savons que les ministres du Fianna Fáil ne voient rien de mal à ce qu’un ministre des Finances reçoivent pour leur usage personnel de grosses sommes d’argent en provenance d’intérêts financiers, tant que, disent-ils, il n’ya aucune preuve qu’il s’agit du fruit d’une faveur spécifique. Ce faisant, ils ne défendent pas seulement le conflit d’intérêt majeur qui est apparu lorsque le Taoiseach a accepté 60 000 € d’individus fortunés, mais ils défendent aussi la débauche, le copinage, le clientélisme et la corruption qui étaient si répandues en politique dans les années 80 et 90. Aucun de ceux qui ont été pris en flagrant délit d’un de ces crimes ne s’est défendu avec le même slogan : « Il n’y a pas eu de favoritisme, et n’ont n’avons rien fait de mal ». Comment les ministres du Fianna Fáil pourraient-ils y voir du mal, lorsque leur parti lui-même est massivement financé par les intérêts des grandes entreprises ? Du parti financé par les grandes entreprises, à l’individu, il n’y a qu’un pas.

    Il y a une tendance à limiter cette controverse au sujet de l’argent au niveau du Taoiseach, mais elle ne peut être abstraite de la relation entre le Taoiseach, les Progressive Democrats, et les intérêts des grandes entreprises – tous acceptent des financements massifs en provenance de ces sources. C’est l’adjoint du Taoiseach qui l’a aidé avec ses donations personnelles ; qui, dans les années 90, allait s’asseoir dans un hôtel somptueux de Dublin et y recevait des millions de la part des spéculateurs, des développeurs de projets, des multinationales, des compagnies pétrolières, et de toutes sortes de sacs à fric qui venaient assombrir la porte de sa suite de luxe. Toute personne ordinaire sait que les milieux d’affaires font cela afin d’influencer la politique du gouvernement, et qu’ils y parviennent. Les gens ordinaires, sont les victimes de tout ceci. Ouvrez les yeux, sur les conflits, la lutte et le stress que doivent endurer les jeunes gens afin de s’assurer le droit basique d’avoir un toit au-dessus de leurs têtes, tout cela parce que les spéculateurs qui soutiennent le Fianna Fáil ont placé le prix d’une maison bien au-delà de leur portée. Le gouvernement les a simplement laissé faire pendant 10 ans.

    Brian Lenihan (Fianna Fáil): Et que fait le Député des maisons qui ont été construites dans son district ?

    J. Higgins: Des dizaines de milliers de gens ont été empêchés d’accéder au marché par les spéculateurs qui finançaient les partis en face. Des dizaines de milliers de gens ont été terrifiés par la hausse des emprunts immobiliers – peut-être 200 € par mois – qu’ils ont maintenant peur de devoir payer. Cela revient à 2400 € par an, ce qui aura virtuellement pour résultat de tous les appauvrir, mais cet argent sert à payer les cigares des riches qui financent le Taoiseach. Encore plus honteux, regardez donc à quel point le Fianna Fáil et les PD étaient tout dévoués à la Shell Oil Corporation ce matin, malmenant les braves gens d’Erris de sorte que Shell, le pollueur et profiteur virtuellement le plus notoire du globe, puisse extraire de la mer le gaz qu’ils lui ont donné sans rien lui demander en échange. Ce processus a commencé en 1997 avec M. Ray Burke, le ministre de l’époque, et a continué en 1992 sous le ministre de la Finance, maintenant Taoiseach, lorsqu’ils accordèrent gratuitement à ces compagnies des ressources naturelles fabuleuses, par l’intermédiaire de contrats secrets. Combien d’argent le Fianna Fáil et les Progressive Democrats reçurent-ils de ces compagnies pétrolières ?

    J’ai tellement la nausée, au regard de tout ceci, de voir le Fianna Fáil et les PD, le Taoiseach et le Tánaiste, réduire cette controverse tout entière, toute ce réseau de clientélisme et de débauche, à un cynique petit jeu de grattage, de pliage et de tordage de mots, de sorte que les deux partis peuvent maintenant sortir d’ici en affirmant qu’on leur a donné raison. Recevoir de grosses sommes d’argent des entreprises, ainsi que l’a dit le Taoiseach aujourd’hui, était une erreur et une méprise, non pas parce que c’était mal, non pas parce que cela cause un conflit d’intérêts massif entre le peuple et le Taoiseach, mais bien parce que cela a fait surface et a causé du tracas et de la consternation au Taoiseach et à ses amis. Le Tánaiste et chef des Progressive Democrats est assis à ses côtés, et applaudit à cette phrase.

    Ce que le Tánaiste fait aujourd’hui, c’est soutenir un parti Fianna Fáil non reconstruit, c’est défendre un acte de débauche après dix ans d’investigation. Etait-ce pour cela que le Tánaiste s’est encouru sous tous les projecteurs, partout à travers Dublin, afin de nous dire que nous avions besoin de lui au gouvernement pour renforcer les opportunistes du Fianna Fáil ? Cet événement a maintenant été révélé n’avoir rien été de plus qu’une souche creuse.

    An Ceann Comhairle [Président]: Le temps accordé au Député est terminé.

    J. Higgins: Il n’oserait pas le répéter aux prochaines élections.

    Un Député: Bien sûr que si.

    J. Higgins: Il pourrait essayer, mais cette fois-là au moins, personne ne le croirait. Les projecteurs seront laissés aux caniches de Ranelagh pour faire à la base, ce que le Tánaiste fait maintenant aux beaux principes qu’il prétendait avoir lorsqu’il était occupé à grimper ses échelons.

    Cette affaire de mauvais goût révèle un gouvernement qui a totalement divorcé d’avec la réalité vécue par les gens ordinaires, —-

    An Ceann Comhairle: Le Député aura une autre occasion de parler lors des Questions des Dirigeants.

    J. Higgins: —– relégués à des années-lumière de la lutte que mènent les gens ordinaires pour répartir leur salaire entre l’emprunt pour la maison, leurs enfants, le transport, et les autres problèmes. Le Taoiseach devrait partir aujourd’hui, pas seulement pour la manière véreuse dont il empoche l’argent des entreprises, mais aussi pour la manière dont il est mêlé aux affaires en général, et qui a créé une société —-

    An Ceann Comhairle: Le Député aura à nouveau l’occasion de parler lors des Questions des Dirigeants.

    J. Higgins: —– qui récompense les puissants, à un coût énorme pour les gens ordinaires ; donc laissez-nous avoir les élections maintenant. Il y a d’autres questions, mais je les ferai patienter jusqu’aux Questions des Dirigeants. Il y a beaucoup de questions détaillées auxquelles le Taoiseach doit encore répondre aujourd’hui.

  • Construisons un nouveau parti des travailleurs!

    Elections? Un choix de tronches sans programme…

    Au moment où ces lignes sont écrites, le résultat des élections n’est pas encore connu. Il est cependant plus que probable que, le 8 octobre au soir, rien n’aura changé sur le fond. Selon les derniers sondages, si une érosion du soutien au parti "socialiste" serait bien d’actualité, sa position de premier parti francophone ne devrait pas être remise en question. Peu de surprises à attendre donc, mais il faudrait être aveugle pour tirer la conclusion que c’est sur son programme que le PS rallie encore des gens.

    Nicolas Croes

    Nos campagnes nous permettent d’entrer en discussion avec des centaines de personnes dans la rue, aux portes des entreprises, dans les universités,… Il est bien entendu très souvent question des partis traditionnels, et du PS en particulier. "Les autres partis sont pires encore" entendons-nous régulièrement, mais s’ajoute à cette phrase un commentaire assassin : "et c’est pourtant difficile…".

    C’est souvent le désespoir et l’énervement qui ressort de ces discussions. "Regardez, ce n’est pas une campagne électorale, c’est la Star Academy, chacun se bat pour sa tronche, sans qu’on sache ce qu’ils pensent". Et il vaut d’ailleurs mieux pour ces candidats qu’on ne le sache pas… Récemment encore nous avons eu l’occasion de le vérifier. Lors d’un débat à Liège sur la pauvreté, Véronique De Keyser, députée européenne du PS et "figure de gauche" de ce parti, a déclaré "Quand je discute avec des syndicalistes, je suis d’accord avec eux. Mais ensuite, je me rappelle que je suis membre du parti socialiste". On peut difficilement trouver mieux comme aveu. Et encore disait-elle quelque chose, ce que le bourgmestre et tête de liste PS Willy Demeyer, présent également, ne pouvait pas prétendre.

    En l’absence d’une véritable opposition de gauche active sur le terrain, cette situation ne pourra que continuer: soutien au PS comme "moindre mal" d’un côté et croissance du vote FN de l’autre, comme seule manière d’exprimer son dégoût de l’establishment.

    Tirer ce constat est une chose, voir ce que l’on peut mettre en oeuvre pour sortir de cette situation en est une autre. Mais la solution existe.

    Vous trouverez dans ce journal plusieurs articles consacrés au lancement d’un nouveau parti des travailleurs, une nouvelle formation nationale qui a la vocation de rassembler tout ceux et celles qui ont la volonté de lutter contre la politique antisociale menée avec enthousiasme par l’ensemble des partis traditionnels.

    Allez-vous restez spectateurs? La meilleure manière de s’assurer que ce nouveau parti ne suive pas la voie de l’abandon des intérêts des travailleurs qui est tracée par le PS, ECOLO et les autres est de venir participer vous-même à la conférence de lancement, ce 28 octobre à Bruxelles.

    Les autres partis disent "Ne vous occupez de rien, on s’occupe de vous". Ce que ce nouveau parti proclame c’est "Ne laissez personne s’occuper de votre sort, entrez vous-même en lutte pour vos droits!".

    Des cars partiront de plusieurs régions pour rejoindre bruxelles à cette occasion. N’hésitez pas, prenez contact, et mobilisez avec nous pour une autre politique, pour une politique en faveur des travailleurs.

    > 28 OCTOBRE: Conférence pour un autre politique àl’ULB de13h. Inscriptions: www.autrepolitique.be

  • Blood & Honour. Chez nous aussi, les néonazis violents sont une menace!

    Ces dernières années, le MAS/LSP et Blokbuster ont plusieurs fois dénoncé le danger que représente des groupuscules néonazis comme Blood & Honour. Un des groupes qui se réfère à Blood & Honour, connu sous le nom de Sang-Terre-Honneur-Fidélité – BBET selon les initiales de ces mots en néerlandais- a été démantelé pour possession illégale d’armes et pour avoir envisagé des attentats. La quantité d’armes qui a été retrouvée est impressionnante: quelque 400 fusils et pistolets, des détonateurs pour mines, des masques à gaz, une bombe artisanale et des lettres prévues pour revendiquer la responsabilité de futures actions.

    Geert Cool

    2003. Ancien dirigeant du VMO, Bert Eriksson, parlait sur une réunion de Blood&Honour pour fêter l’anniversaire de Adolf Hitler

    Les faits ne sont pas récents

    Ce n’est pas un hasard si la répression contre BBET est arrivée à ce moment. En période électorale, les politiciens traditionnels et la police ont pu utiliser cette action dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et pour se profiler en même temps contre l’extrême-droite. Tout a été soigneusement préparé pour attirer une attention maximale sur les perquisitions aux domiciles des partisans du BBET. Le jeudi 7 septembre, des fouilles ont été faites, notamment dans quelques casernes. Mais les deux jours précédents, des journalistes interviewaient déjà Blokbuster sur le BBET…

    Nous ne sommes en rien surpris par la découverte d’armes. En 2004 déjà, nous avions publié une photo du suspect principal, Thomas Boutens, qui, dans la caserne de Leopoldsburg, s’était fait photographier avec des pistolets en visant l’objectif. Nous savions que les cercles du BBET disposaient d’armes et que ceux-ci, avec d’autres groupes néonazis, représentaient une menace. Cela était donc déjà connu en 2004!

    Récemment par contre, une augmentation des transactions d’armes au BBET a été signalée, motif officiel de l’intervention de la police. Après l’interdiction du BBET en Allemagne, beaucoup d’armes ont probablement été transférées en Belgique.

    D’après la tradition du VMO

    La présence d’armes chez des figures d’extrême-droite n’est ni étonnante, ni nouvelle. Fin des années ’70, début ’80, le VMO (Vlaamse Militanten Orde- Ordre Flamand Militant) allait encore plus loin. Le VMO ne se limitait pas à la possession d’un arsenal et à l’organisation de camps d’entraînement militaires, mais se servait de ces armes. L’interdiction du VMO est survenue après une série d’attaques et d’actions violentes: destruction d’un bistrot pour immigrés à St Nicolas, attaque à main armée contre un café de gauche à Bruges, tentative d’occupation violente du Halletoren à Bruges et bien d’autres encore.

    En 1983, l’interdiction du VMO était devenue inévitable. Plusieurs personnes condamnées à l’époque siègent aujourd’hui au parlement pour le Vlaams Blok/Belang. Philip Dewinter et Frank Vanhecke ont été formés politiquement dans les camps du VMO par le leader brugeois du VMO Roger Spinnewyn. Ce dernier a été condamné plusieurs fois pour port d’armes mais s’est présenté le 8 octobre sur la liste du VB à Zedelgem. Le leader national du VMO, Bert Eriksson a systématiquement déclaré qu’il était fidèle au ‘führer’ et au nazisme. Lors de son enterrement, le parlementaire et ancien militant du VMO Pieter Huybrechts était présent. Quand Eriksson a été incarcéré au début des années ’80 pour son engagement au sein du VMO, il s’était fait représenter par Filip Dewinter à la commémoration du collaborateur nazi Cyriel Verschaeve.

    Le VB contraint de se distancer

    Le VB a peu de choix et doit se distancer de Blood & Honour. Ce parti se rend bien compte que la majorité de ses électeurs n’adhère pas aux methodes et aux opinions de tels groupes. Mais ce n’est que quand les faits deviennent publics que la distance est prise. En 2004, Frida Foubert du VB à Waasmunster a été éjectée de son parti après avoir révélé que Blood&Honour avait organisé un meeting dans une salle qu’elle gérait. Dès que l’attention médiatique s’est affaiblie, Francis Van den Eynde l’a réintégrée…

    Selon l’ancien vice-président du VB, Roeland Raes, le parti ne se distance pas de tous les groupes radicaux mais seulement de ceux sur lesquels le VB n’exerce aucune influence. Dans le quotidien De Standaard il avait déclaré: "Dans les années ’70, il existait moins de tabous pour tenir des propos plus radicaux ou pour faire référence aux années ‘30 et ‘40. Les mesures contre nous à l’époque étaient moins prononcées et moins déterminées."

    La raison pour laquelle le VB est devenu prudent n’a rien à voir avec un changement de cap. Selon Raes, "le VB a dû traverser un tas de processus. L’objectif était de nous museler. Voilà pourquoi nous sommes devenus plus prudents et pourquoi nous ne nous engageons pas dans l’aventurisme aveugle de ces gens-là." Lors de son procès sur ses propos négationistes, Raes a été, et sera à l’avenir, défendu par l’avocat qui représente actuellement quelques membres du BBET.

    Il faut une réponse politique!

    Blood&Honour est évidemment un groupe dangereux. Suite à l’interdiction de cette organisation en Allemagne, des armes y ont aussi été retrouvées. En Europe de l’Est, les néonazis connaissent une ascension sans précédent.

    Face à la violence de groupes tels que le BBET, c’est d’une réponse politique dont nous avons besoin. Condamner la violence ne suffit pas en soi, nous devons aussi nous opposer au climat politique qui renforce le racisme.

    Les partis traditionnels défendent une politique néolibérale qui reproche aux victimes de la politique d’être eux-mêmes responsables de leur situation: les chômeurs seraient responsables du chômage, les pauvres de la pauvreté, les immigrés de l’immigration,… Cela crée un terreau pour une rhétorique ouvertement raciste, comme celle du VB. Qui plus est, en l’absence d’une alternative politique sérieuse pour les travailleurs et leurs familles, le VB peut croître sur base de l’opposition à la politique des partis traditionnels.

    Pour assurer qu’il n’y ait pas de climat où l’on accentue ce qui nous divise au lieu de favoriser ce qui rassemble les salariés et leurs familles, il faut une alternative politique. Une autre politique.

  • Mexique. "S'il n'y a pas de solution, il y aura une révolution"

    Il aura fallu plus de deux mois de délibérations au Tribunal électoral suprême du Mexique pour décider que les élections présidentielles du 2 juillet avaient été remportées par Felipe Calderon, le candidat du Parti d’Action Nationale (PAN, droite libérale et pro-américaine).

    Jean Peltier

    Ce délai étonnant a été provoqué par l’énorme mouvement de protestation qui s’est amplifié tout au long de l’été en soutien au candidat de l’opposition et ancien maire de la capitale Mexico, Andrés Manuel Lopez Obrador. AMLO, comme l’ont surnommé ses partisans, dénonçait une fraude électorale massive et exigeait un recomptage complet des votes. Le Tribunal a limité cette opération à 9% des votes, sous prétexte qu’"il n’y a pas d’élections parfaites"! Il est pourtant clair que la fraude a eu lieu sur une grande échelle, les réclamations portant sur des milliers de bureaux de vote où des irrégularités ont été dénoncées.

    Le mouvement de protestation contre la fraude électorale a été le plus important qu’ait jamais connu le pays. Des manifestations monstres ont réuni jusqu’à un million de personnes. Une ville de tentes s’étendant sur près de dix kilomètres a été construite au centre de Mexico par les partisans d’AMLO, perturbant fortement la circulation. Les protestataires se sont inspirés de la "révolution orange" en Ukraine qui avait contesté des élections frauduleuses et fait tomber le président pro-russe en décembre 2004. Mais, à la différence de l’Ukraine, le mouvement de protestation au Mexique a été quasiment ignoré par la grande presse internationale. La plupart des agences de presse ont dit et redit que l’élection avait respecté les procédures légales. Cela n’est guère étonnant quand on sait que le président "élu" Calderon, tout comme son prédécesseur Fox, sont des alliés fidèles des Etats-Unis et qu’ils ont le soutien affirmé de Bush (un autre spécialiste des victoires électorales "aidées").

    Au cours de la campagne, Lopez Obrador, à la tête du Parti de la Révolution Démocratique, avait multiplié les attaques verbales contre les riches, la corruption et l’impérialisme US… tout en affirmant qu’il voulait travailler avec les patrons mexicains et qu’il ne s’en prendrait qu’aux corrompus. Son discours a eu un énorme écho parmi les travailleurs et la population pauvre à travers tout le pays. C’est que le Mexique, même s’il connaît une certaine croissance économique, reste marqué par de gigantesques différences sociales. Un Mexicain sur cinq ne mange pas à sa faim. Depuis 2000, six millions de Mexicains ont quitté leur pays pour entrer aux Etats-Unis à la recherche d’une vie meilleure. Un rapport des Nations-Unies affirme que l’argent envoyé par les immigrés mexicains vivant aux USA représente la principale source de revenus du pays après le pétrole.

    Dans ces conditions, les protestations de masse contre la fraude électorale peuvent prendre rapidement une toute autre dimension. Ces dernières semaines, un des slogans les plus entendus parmi les manifestants est "S’il n’y a pas de solution, il y aura une révolution". La bourgeoisie mexicaine craint Lopez Obrador, pas parce qu’il serait un anticapitaliste ou un révolutionnaire, mais parce qu’il pourrait devenir un point de ralliement pour des actions plus radicales et de nouvelles vagues de luttes.

    Ils ont peur que se généralise la situation que connaît depuis juillet l’Etat d’Oaxaca (le Mexique est un Etat fédéral et l’Oaxaca est une des régions les plus pauvres) où un mouvement de grève lancé par les enseignants, rapidement rejoints par les travailleurs de la santé, s’est transformé en soulèvement de masse exigeant la démission du gouverneur de l’Etat. Des manifestations ont réuni des centaines de milliers de personnes, les routes sont bloquées par des barrages, des bâtiments officiels occupés et une Assemblée Populaire du Peuple d’Oahaxa a été formée pour coordonner le mouvement.

    Sous la pression du mouvement, Lopez Obrador a annoncé la création d’un "gouvernement du peuple" qu’il pose en "rival de celui de la mafia politique et des criminels en col blanc". Il est difficile de savoir jusqu’où AMLO est prêt à aller: va-t-il se contenter de faire de ce "gouvernement parallèle" un outil de contestation dans le cadre du parlement ou va-t-il développer la mobilisation jusqu’à empêcher l’entrée en fonction de Calderon le 1er décembre ?

    Les protestations de masse de ces dernières semaines ont déjà montré la force du mouvement populaire.

    Mais, pour chasser Calderon et en finir avec le système d’exploitation, ce mouvement devra aller plus loin, en se liant avec les syndicats, en s’organisant en comités démocratiquement élus, sur les lieux de travail, dans les quartiers et les universités, et en mobilisant pour des journées de grève générale. Et l’ampleur de ce mouvement montre la nécessité criante d’un parti luttant au quotidien pour défendre les intérêts des travailleurs et des paysans (ce que n’est absolument pas le PRD) et mettant en avant des revendications socialistes pour en finir avec la pauvreté, le chômage et les inégalités.

  • Négociations salariales. Et si les dirigeants syndicaux avaient un peu de culot?

    Début novembre, le Conseil Central de l’Economie(CCE) publiera son rapport sur les salaires. Peu après débuteront les négociations sur la norme salariale dans le cadre de l’Accord Interprofessionnel. Il y a deux ans, la base de la FGTB avait rejeté la proposition d’AIP et 50.000 salariés étaient venus protester le 13 décembre 2004 à Bruxelles. L’an dernier, nous avons connu deux journées de grève générale, cette fois-ci contre le Pacte des Générations. Mais à chaque fois, la résistance des travailleurs a volontairement été ignorée et les revendications patronales exaucées.

    Eric Byl

    En 2004, la direction de la CSC avait demandé au gouvernement d’appliquer l’Accord Interprofessionnel malgré l’opposition de la base de la FGTB. En 2005, à la veille de la grève générale du 7 octobre contre le Pacte des Générations, la direction de la CSC avait publié un tract reprenant “10 raisons pour ne pas faire grève”. Pour beaucoup de militants CSC, c’en était assez et la direction avait été forcée de corriger sa politique en participant à la grève générale/manifestation du 28 octobre. C’est que la politique néolibérale rencontre une résistance de plus en plus vive à la base du syndicat. Ce n’est pas pour rien que Cortebeeck, président de la CSC, clame maintenant qu’”il n’y aura pas d’accord sauf s’il signifie un progrès social”. Il préfère n’avoir aucun accord plutôt qu’une nouvelle confrontation avec sa base qui cette fois pourrait s’avérer fatale.

    Les politiciens autant que le patronat et les dirigeants syndicaux ont de bonnes raisons de vouloir éviter cette confrontation. Le gouvernement doit encore combler un trou de 5 milliards d’euros afin d’atteindre ses objectifs budgétaires. Ensuite, après les élections communales, se profilent les législatives de 2007 et une grande négociation communautaire. L’Etat n’a clairement pas les moyens de financer en même temps des négociations salariales et une nouvelle réforme d’Etat. Du côté du patronat, les profits des entreprises atteignent des niveaux records, les salaires des managers et les dividendes des actions remplissent les portefeuilles des riches. Dans ces conditions, les patrons préfèrent un accord avec les dirigeants syndicaux plutôt que d’affronter la grogne sociale.

    Les dirigeants syndicaux veulent éviter une répétition de l’automne 2005. Non pas en luttant de manière plus décidée, mais en faisant plus de concessions aux patrons ! Le 27 mars, ils se sont prononcés, quasiment en cachette, en faveur d’un “mécanisme d’ajustement” contre le danger d’une poussée de l’inflation : les accords ‘solde’ et ‘all-in’1, que subissent déjà 20 % des salariés du secteur privé et qui minent l’index. Ils ont aussi approuvé une révision de la composition du « panier de la ménagère » à la base de l’index qui joue au détriment des salariés. Et le mois dernier, ils ont accepté que 300 millions d’euros soient prélevés de la caisse de la sécurité sociale en échange d’une augmentation des allocations minimales. A partir de septembre prochain, l’allocation minimale pour quelqu’un qui en bénéficie depuis 20 ans augmentera de 2%. Pour les autres, il faudra attendre le 1er janvier 2008. Ces décisions coûteront 52 millions d’euros l’an prochain et 263 millions en 2008. En revanche, les patrons recevront annuellement 270 millions de baisse de charges sur le travail de nuit et le travail en équipe à partir de juillet 2007. C’est Noël pour les patrons !

    Les présidents de la CSC et de la FGTB jugent cela ‘équilibré’. Si tout dépendait d’eux, nous nous retrouverions avec un accord minimal où seuls les très bas salaires augmenteraient plus vite que l’index et les hausses barémiques. Patrons, gouvernement et direction syndicale sont fondamentalement d’accord pour conclure un accord superficiel qui ne casse rien. La question est de savoir si les salariés donneront leur accord.


    (1) Si la norme salariale menace d’être dépassée, les hausses de salaires seront amputées. Deux nouveaux mécanismes ont été créés pour cela. Dans le cadre d’un Accord solde, l’augmentation liée à l’indes est accordée mais les autres augmentations salariales sont rognées; de tels accords existent dans le secteur métallurgique. Dans le cadre d’un Accord all-in, par contre, les augmentations salariales prévues sont appliquées et c’est l’augmentation liée à l’index qui est rabotée; de tels accords existent dans le secteur du bâtiment, du bois et du textile. Deux techniques différentes, deux pièges !

  • Un instrument pour l’amélioration des conditions de travail transformé en rouleau compresseur néolibéral

    Entamées secrètement pendant la guerre, des négociations entre employeurs et certains dirigeants syndicaux aboutissent en 1944 à la mise sur pied de la sécurité sociale. En 1955, un accord est conclu sur la semaine de 45 heures. Entre 1960 et 1975, le modèle social belge est sur les rails. Pendant cette période, sept accords centraux sont conclus, chacun pour une période de deux ans.

    Eric Byl

    En 1970, la semaine de 41 heures et en 1971 la semaine de 40 heures sont instaurées. La loi du 5 décembre 1968 stipule qu’un avantage accordé à un certain niveau ne peut pas être moindre que celui accordé à un niveau supérieur. La norme salariale conclue nationalement est alors un minimum auquel tout le monde a droit.

    Avec le début de la crise en 1975, les négociations sociales bloquent. Dix années durant, aucun accord central n’est conclu, à l’exception de 1981. Le gouvernement choisit le camp patronal : il introduit un gel des salaires et trois sauts d’index, modifie le système d’indexation et élabore la première norme de compétitivité (1983).

    Entre 1985 et 1997, cinq accords centraux sont conclus, où il n’est plus question d’une diminution du temps de travail ou d’une meilleure rémunération. A la place : compétivité de l’économie et modération salariale. Dans son Plan Global (1993), le gouvernement impose l’index-santé (un index trafiqué dont sont sortis les alcools, le tabac et l’essence), un gel salarial pour 1995-1996, une baisse structurelle des charges sociales patronales pour les bas salaires, la flexibilité dans les contrats de travail et le financement alternatif de la sécurité sociale.

    La loi de 1996 sur la compétitivité stipule qu’une norme salariale (c’est-à-dire un plafond à ne pas dépassé) est fixée par comparaison entre les coûts de travail en Allemagne, en France et aux Pays-Bas. La norme salariale n’offre dorénavant plus de garanties pour une protection minimale et pour un salaire décent pour les salariés des secteurs les plus faibles, mais elle est devenue une norme minimale qui garantit les intérêts des entreprises.

  • FN Herstal. Victoire après 19 jours de grève!

    Le 14 septembre, les travailleurs de la Fabrique Nationale ont décidé d’accepter l’accord négocié par les délégations syndicales avec la direction et de reprendre le travail après 19 jours de grève. Cet accord représente une victoire pour les travailleurs de la FN mais son importance va bien au-delà.

    Christophe Cusumano

    Le Pacte des Générations voté en décembre dernier impose d’avoir atteint 58 ans dont 35 ans de carrière pour pouvoir partir en prépension. Ce Pacte, qui restreint l’accès à la prépension, a été et reste contesté par les travailleurs et les syndicats. Cependant la direction de la FN ne le trouvait pas encore assez dur à son goût et cherchait à rendre encore plus compliqué le passage à la prépension pour les travailleurs âgés. La grève l’a forcée à faire des concessions importantes.

    Encore moins que le Pacte des Générations!

    Pour bien comprendre la situation à la FN, un petit retour en arrière s’impose. En 1997, la Région wallonne a décidé de reprendre la FN qui était en difficulté. Mais l’objectif de Serge Kubla (ministre régional wallon MR de l’économie entre 1999 et 2004) était de la rendre à nouveau mûre pour le privé. Et son successeur Jean-Claude Marcourt (PS) ne semble pas vouloir changer beaucoup à cela.

    Avec un chiffre d’affaires de 450 millions d’euros et un bénéfice annuel net consolidé de 10 millions d’euros, la FN affiche aujourd’hui une bonne santé. Mais la pyramide des âges reste fort déséquilibrée : une proportion importante du personnel a la cinquantaine. Si cela continue comme cela, en 2010, 30% du personnel aura plus de 58 ans.

    C’est pourquoi les syndicats demandent que le personnel ayant une grande ancienneté puisse bénéficier d’une prépension dès 58 ans et d’un aménagement de la fin de carrière avant 58 ans avec engagement de jeunes pour maintenir l’emploi. Face à cela, la direction de la FN dit craindre que trop de départs de personnes expérimentées ne déforcent la société mais elle ne se donne pas les moyens de former les jeunes pour inverser la tendance.

    Depuis plusieurs mois, les délégations syndicales négociaient avec la direction de la FN sans trop de résultats. Le 26 juin, il y a déjà eu un arrêt de travail. L’annonce d’une prime importante suite aux bons résultats de l’entreprise – mais uniquement réservée aux cadres et s’élevant en moyenne à plusieurs milliers d’euros – avait été la goutte qui faisait déborder le vase. Comme le disaient les travailleurs, ce bon résultat est l’affaire de tout le monde. Ouvriers et employés réclamaient donc, pour eux aussi, le versement d’une prime en disant "Que la richesse produite par tous profite à tous".

    La direction de la FN a pourtant continué de refuser de donner des garanties claires à l’ensemble du personnel. Elle voulait négocier au cas par cas les départs en prépension pour les prochaines années, ce qui est une remise en cause du principe de convention collective, et ne voulait pas donner de garanties quant au remplacement des prépensionnés par des jeunes et donc au maintien de l’emploi. Diviser les travailleurs et gagner du temps étaient clairement ses objectifs.

    Trois semaines de lutte

    Le 25 août, lors d’une assemblée générale, les 1100 travailleurs de la FN ont donc décidé d’arrêter le travail pour une durée illimitée. Des piquets de grève ont bloqué l’usine pendant presque trois semaines. Du début à la fin, le Front Commun ouvriers-employés et FGTB-CSC est resté soudé. Plusieurs assemblées générales ont permis aux travailleurs de s’informer et de voter sur les propositions successives faites par la direction. C’est ainsi qu’elle a successivement accepté le droit à la prépension à 58 ans pour tous de 2008 à 2010 (mais pas avant) et une prime sur les résultats de 350 euros, puis de 700 euros, propositions que les travailleurs ont rejetées comme insuffisantes.

    Après 19 jours, la direction a dû céder de manière beaucoup plus nette. L’accord prévoit : le droit de partir à la prépension à partir de 58 ans et 35 ans de carrière pour tous jusqu’en 2010, un aménagement du temps de travail pour ceux qui ont une longue carrière mais pas encore 58 ans (presque 30% du personnel du FN), la garantie du volume de l’emploi jusqu’en 2010 et une prime de résultats de 1100 euros brut (y compris pour les cadres qui reçoivent finalement une double prime sans avoir participé à la lutte).

    Cet accord est une victoire qui pourra servir d’exemple aux autres entreprises. Pendant trois semaines, les ouvriers et les employés ont marché main dans la main contre la direction et c’est ensemble qu’ils ont remporté cette victoire : cela montre la force de l’union de tous les travailleurs. Le plus important, comme l’a dit Rose Fortuny, déléguée CNE (employés CSC), c’est que "Ce n’est plus juste une réaction après une attaque patronale ; nous sommes passés à l’offensive".

    Ce que confirme Claude Podoriezach, délégué SETCa (employés FGTB) : "La porte des fins de carrière avait été complètement fermée par le Pacte des générations. Maintenant, cette porte est réouverte. C’est donc une victoire au niveau de la FN, mais aussi au-delà, pour toute la région."

  • Décret Simonet = Restriction de l'accès à l'éducation

    Le décret " non-résidents" de Simonet, ministre de l’enseignement supérieur, a fait sa rentrée pour la première fois. Ce décret a pour vocation de réduire fortement le nombre d’étudiants non résidents en Belgique (presque 2000 étudiants sur 3.600 restent sans place), sous prétexte que ce n’est pas aux belges que revient le financement de leurs études. En réalité, la portée de ce décret est bien plus large.

    Un étudiant français EGA

    Premièrement ces écoles n’ont jamais refusé les étudiants belges. Par contre si elles commencent à refuser les autres, le nombre global d’étudiants va diminuer et à terme le budget pour ces établissements aussi, ce qui signifie la dégradation de la qualité de l’enseignement : des postes vont être supprimés, des cours seront regroupés et les filières proposeront à terme moins de choix …

    Ensuite c’est bien sûr une attaque frontale qui vise l’accessibilité à l’enseignement. Nous devons tous lutter ensemble pour un enseignement supérieur gratuit et de qualité en Belgique comme en France et non pour l’application de Bologne en pensant que cette politique est surtout basée sur la mobilité des étudiants.

    Sous couvert d’ " harmonisation " ou d’ "uniformisation ", Bologne vise à appliquer les lois de libre marché à l’enseignement comme c’est le cas pour tous les services publiques. Si, en théorie, Bologne permet aux étudiants de se déplacer plus facilement, en pratique, ça l’est surtout pour une élite privilégiée qui pourra se payer des études sans cesse plus chères. Ce décret est un nouveau pas vers la privatisation et la commercialisation de l’enseignement qui doit devenir rentable. La ministre restreint l’accès aux étudiants non résidents en premier lieu afin de diviser pour mieux regner.

    Avec Bologne c’est bien l’accès à l’enseignement supérieur pour tous les étudiants qui sera progressivement sapé.

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