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Category: Métal
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Motion de solidarité de la CGSP-ALR avec la population du Rojava

Nous publions ci-dessous une importante motion de solidarité de la part de la CGSP-ALR. La CGSP-ALR n’en est pas à sa première déclaration de ce type, qu’elle considère à juste titre dans la “fidèle tradition de la solidarité internationale entre travailleurs”. Nous vous invitons à en prendre connaissance et, pourquoi pas, à restaurer cette tradition auprès de votre délégation syndicale.
Soutien à la population du Rojava : Stop à l’agression militaire dans le nord-est Syrien !
Avec le feu vert de l’administration Trump, le gouvernement turc d’Erdogan a mis en œuvre ses menaces d’intervention militaire dans le nord-est syrien. Il agit ainsi comme sous-traitant des puissances étrangères qui cherchent à nourrir une guerre sans fin, faisant suite aux interventions en Afghanistan, Irak, Syrie, Yémen, etc (et demain en Iran ou en Palestine).
Considérant le projet politique construit par le peuple kurde et leurs alliés dans la région comme un danger pour son pouvoir, Erdogan a décidé de tout mettre en œuvre pour semer la destruction dans la région. La guerre d’Erdogan est une guerre contre le peuple kurde, contre tous les peuples de la région et finalement en premier lieu une guerre contre le peuple turc.
L’ensemble du mouvement social et du mouvement syndical doit exprimer son rejet de la guerre et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, en rejetant toute subordination aux intérêts des groupes financiers internationaux qui visent surtout à mettre la main sur les ressources de la région.
Si cette intervention continue, les victimes pourraient se compter par milliers et cette situation est, pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses, inacceptable.
Nous, militants de la CGSP-ALR de Bruxelles, nous engageons à soutenir l’ensemble des initiatives qui viseront à empêcher la continuation de cette offensive militaire. Se taire, c’est se rendre complice !
Guerre à la guerre, voici notre mot d’ordre !
CGSP-ALR Bruxelles
Bruxelles, le 11 octobre 2019
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Caterpillar : l’accord proposé, ‘‘C’est se foutre de notre gueule ! ’’
Manifestation à Bruxelles de travailleurs du site de Gosselies et d’entreprises sous-traitantes
Plusieurs centaines de travailleurs de Caterpillar Gosselies et de quelques entreprises sous-traitantes ont manifesté ce matin du lundi 13 février dans le quartier européen à Bruxelles, quelques jours après une manifestation tenue à Namur. La concentration s’est essentiellement faite autour du rond-point Schuman ; les manifestants ont voulu à un moment partir en cortège dans une rue adjacente, la Rue Froissart, mais un gros dispositif policier les a poussés à rebrousser chemin après quelques centaines de mètres.
Par Stéphane Delcros
Ils étaient là pour mettre la pression au moment où les délégations syndicales rencontraient des responsables européens pour évoquer le dossier Caterpillar, et l’enveloppe financière du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation, pour la reconversion de travailleurs après la fermeture. Il ont d’ailleurs obtenu un projet de 20 millions d’euros de ce Fonds, pour financer les cellules de reconversion et former les travailleurs à de nouveaux métiers.
Mais ce déplacement était en général aussi l’occasion de revendiquer la fin des mesures d’austérité véhiculées par l’Union européenne et l’arrêt des fermetures boursières qui ont pour seul but d’augmenter les dividendes versés aux actionnaires. Parmi les travailleurs, les critiques étaient également nombreuses contre les institutions européennes et les inégalités flagrantes existant entre leur situation et celle des eurocrates.
Les discussions sur le plan social ont commencé
Des discussions sont en cours, notamment sur le nombre de personnes qui bénéficieront d’un régime de chômage avec complément d’entreprise et sur les conditions de départ du personnel. La direction de Caterpillar avait d’abord fait une proposition de 20.000 euros de primes par travailleur (et 25.000 pour ceux disposant d’une plus longue ancienneté), pour ensuite faire monter ce montant vers 27.500 euros. ‘‘C’est se foutre de notre gueule !’’, entendait-on ce lundi matin parmi les manifestants. Les négociations devraient semble-t-il durer jusqu’à fin mars. Le montant des primes pourrait donc encore augmenter, surtout si les travailleurs continuent à mettre la pression.
Mais les discussions ne sont pas encore abouties non plus par exemple concernant les charges fiscales à appliquer aux primes ; même si des primes élevées sont arrachées, la réalité de ce qu’auront effectivement les travailleurs en quittant leur boulot pourrait en faire déchanter plus d’un. De nombreuses autres négociations pour licenciements collectifs ont en effet débouché sur des montants de primes assez impressionnant, mais c’est au final beaucoup moins qui se trouve dans les poches des travailleurs. Les regrets peuvent alors être très grands. Et encore plus grands si on discute de la situation des sous-traitants… Les travailleurs des entreprises sous-traitantes de Caterpillar Gosselies, estimés à entre 4.000 et 5.000 indirectement mais tout aussi brutalement touchés par la fermeture, n’ont encore aucune info d’un quelconque plan pour leur avenir. C’est notamment le cas des salariés – présents en nombre à la manif de Bruxelles – de Yusen Logistics à Courcelles, qui emploie 180 personnes dont 130 en lien direct avec Caterpillar Gosselies.
Pour un plan de lutte offensif et large pour l’emploi !
Le fait que les directions syndicales soient prêtes à se battre – avec des mobilisations et des demi-journées de grève quotidienne depuis quelques jours – pour les meilleures conditions de départ possibles est à saluer. Mais au vu de la destruction de l’emploi et de la dégradation des conditions de travail, ainsi qu’à l’érosion de la sécurité sociale, on pourrait s’attendre à quelque chose d’autre en termes d’objectif de lutte.
Pourquoi ne pas essayer de sauver l’emploi ? Avec une stratégie bien orchestrée et offensive, qui essaie de rassembler de plus larges couches, il semble réaliste de tenter de sauver l’emploi, ainsi que d’obtenir un réel avenir pour les éventuels départs, sur base de la pression et du rapport de force ainsi créé. Cela passera par des revendications nécessaire, comme la nationalisation de l’entreprises sous la gestion et le contrôle des travailleurs, et par l’activation de l’énorme soutien passif pour les travailleurs de Caterpillar et sous-traitants qui existe dans la société carolo, mais aussi wallonne et belge en général.
Mais les ‘révoltés de Gosselies’ pourraient aussi devenir le fer de lance d’une mobilisation générale pour l’emploi, entraînant avec eux les travailleurs d’autres entreprises occupées à licencier : ING, Douwe Egberts, Brico, Eram, Blokker, Zeeman, C&A, Brantano,… Ils pourraient ainsi construire un plan d’action offensif, en commençant par le blocage de la production et de toutes les livraisons en occupant l’entreprise, et aboutissant à une manifestation monstre, en envoyant des groupes de travailleurs aux 4 coins du pays et en faisant de Gosselies un point de ralliement ouvert à tous les syndicalistes combatifs et sympathisants solidaires motivés, à l’image de la lutte des travailleurs des Forges de Clabecq en 1997 et de leur mobilisation exemplaire vers la Marche multicolore du 2 février 97. Une telle stratégie pourrait d’ailleurs relancer une lutte généralisée contre l’austérité budgétaire du gouvernement Michel, main dans la main avec les travailleurs du non marchand et du travail social, particulièrement touchés eux aussi en ce moment, et qui auraient bien besoin d’une telle lutte unitaire.
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Caterpillar: pourquoi et comment nationaliser ?
L’annonce de la fermeture de la filiale de Caterpillar à Gosselies, Charleroi, a ébranlé la rhétorique gouvernementale. Jusqu’ici, le gouvernement s’accrochait exclusivement à l’idée selon laquelle la réduction des dépenses publiques, des allocations sociales et des salaires allait attirer les investisseurs. ‘‘Jobs, jobs, jobs’’, c’est là-dessus que le gouvernement devait être jugé. Mais aujourd’hui coulent les larmes de crocodile. Charles Michel parle de la brutalité de la multinationale, Paul Magnette prend des selfies et tout le monde est en colère contre les nombreux cadeaux fiscaux perdus. Même le président du MR Olivier Chastel a parlé de ‘‘saisie’’ de l’outil et du site.
Par Eric Byl
Olivier Chastel a donc voulu mettre les choses en ordre au MR. Quelques responsables du parti avaient montré un manque flagrant d’empathie ou s’étaient prononcés de façon dédaigneuse au sujet de la proposition du PTB de confisquer le terrain du site. Il s’agit d’environ 98ha dans les environs de l’aéroport et de la zone industrielle Aéropole. Chastel voudrait éviter que Caterpillar ne vende le terrain pour payer le plan social. Le président du MR a donc immédiatement dépassé sur leur gauche le gouvernement wallon et le centre-gauche. Il a dit vouloir ‘‘une lutte sans merci’’ en utilisant tous les moyens légaux ‘‘pour compliquer la vie des dirigeants de l’entreprise américaine.’’ Un libéral indigné de ce commentaire l’a qualifié de ‘‘puéril’’ dans une réponse qui fut virale. Chastel a même été accusé d’être un ‘‘communiste’’. Un lecteur plus sensible, a cependant compris la manœuvre de Chastel: ‘‘bander les muscles pour le public pendant que les véritables négociations se tiennent dans le secret des coulisses.’’
Selon le PS, personne ne croit à l’option de la saisie. Avec l’Union Wallonne des Entreprises, il pense que cela compliquera les négociations avec un acheteur potentiel. Magnette veut au contraire convaincre la direction de Caterpillar avec des arguments économiques – de nouveaux cadeaux fiscaux? – pour revenir sur sa décision. Le PS demande cependant au gouvernement fédéral, à la grande irritation de la N-VA, d’appliquer les mesures en vigueur à Ford Genk (dont la fermeture avait été annoncée en 2012) en termes de prépension, de chômage économique et d’extension des mesures sociales aux sous-traitants. En 2013, avec la fermeture de la phase à chaud d’ArcelorMittal, le ministre wallon de l’Economie Jean-Claude Marcourt (PS) avait ‘‘tenté’’ d’élaborer un décret d’expropriation sur lequel le CDH et le MR ont immédiatement tiré à boulets rouges. Chastel affirme mieux comprendre aujourd’hui les propositions de Marcourt.
ECOLO n’arrive pas plus loin que la revendication d’une réunion du Comité de développement stratégique de la région de Charleroi pour empêcher que la décision ne se concrétise ou pour en atténuer les effets. Le cdH veut reporter le dossier, exige une analyse des cadeaux fiscaux et des raisons qui n’ont pas permis d’empêcher la fermeture. Il demande également la nomination d’un médiateur social. Le PTB appelle à la ‘‘saisie temporaire’’, ce qui est possible, selon Raoul Hedebouw, par un simple Décret Royal, pour mettre Caterpillar sous pression afin de réviser les quotas de production entre les sites. Répartir la baisse de production entre les différents sites? La solidarité internationale impliquerait de lutter ensemble pour une réduction globale du temps de travail sans perte de salaire. Dans son tract du 16 septembre, le PTB plaidait en outre pour un ‘‘blocage de la production’’ et la ‘‘décrédibilisation de la marque’’.
Cette référence à la décrédibilisation de la marque est peut-être une concession à la pression publique pour de ‘‘nouveaux moyens d’action’’. Habituellement, il s’agit d’une version rafraîchie du vieux militantisme par la consommation. Le fait est qu’en 1997, après la fermeture de son usine à Vilvoorde, jamais autant de Renault n’ont été vendues en Belgique. D’autre part, comme les acheteurs de bulldozers ne sont pas légions dans la population ordinaire, l’impact de la décrédibilisation de la marque sera encore moindre. Le blocage immédiat de la production nous semble représenter une meilleure proposition : bloquer toutes les livraisons en occupant l’entreprise, utiliser le site comme quartier général de la lutte pour la préservation des emplois et, à partir de là, envoyer des groupes de travailleurs dans tous les coins du pays et en faire un point de ralliement pour les syndicalistes combatifs et autres sympathisants. Pour construire un rapport de forces, ça aurait été une étape importante. Mais ce n’est pas ce qu’entend le PTB. Selon son site web, il veut que les travailleurs laissent l’initiative du blocage au gouvernement par la saisie temporaire. Après les prochaines élections ?
L’occupation de l’entreprise est cependant l’une des meilleures traditions du mouvement ouvrier, y compris en Belgique, inondée d’occupations entre 1970 et 1975. Dans quel but? Habituellement, il s’agit d’une prise de contrôle par le gouvernement par la nationalisation. Le plus grand boom économique de l’histoire, après-guerre, a été précédé d’une vague d’occupations d’usines et nationalisations. Cela n’a pas empêchés les ‘‘années dorées’’ ‘60 et ‘70. Ce n’est que lorsque que l’offensive néo-libérale de Thatcher et Reagan a connu sa vitesse de croisière après la chute du mur de Berlin en 1989 que l’opinion selon laquelle le secteur privé était plus efficace que le public a commencé à être plus généralement acceptée. L’idée reposait sur une présentation caricaturale des choses qui mettait en exergue la bureaucratie dans un processus de nationalisation sans contrôle des travailleurs. On laissait par contre plus facilement de côté les exemples où le marché avait rayées des communautés entières de la carte socio-économique et écologique.
Les politiciens versent aussi une larme de crocodile pour les employés des nombreux sous-traitants et fournisseurs. Ils admettent ainsi implicitement que Caterpillar est une entreprise systémique dans la région. Beaucoup d’autres entreprises et de travailleurs indépendants de même que toute la communauté seront entraîné dans son piège. Au début de la crise économique, des banques systémiques ont pu être nationalisées en dépit de toute la rhétorique néolibérale ‘‘pour protéger le reste de l’économie’’. Pourquoi les choses seraient-elles différentes pour une entreprise industrielle?
Charles Michel déclarait, il y a quelques semaines encore, vouloir investir dans l’infrastructure, l’enseignement et les innovations créatives. Les machines pour les travaux d’infrastructure sont prêtes à être saisies. Et pendant que nous nous occupons ainsi de notre infrastructure, Michel peut combiner la créativité des universités belges pour élaborer un projet durable pour une usine ultra-moderne de machines multifonctionnelles. Des collèges techniques et des écoles d’ingénieurs bénéficieraient immédiatement d’un endroit idéal pour donner libre cours à leur créativité. La banque nationalisée Belfius pourrait se voir obligée de mobiliser de l’argent frais pour cela, au lieu de pousser les épargnants vers le marché des capitaux à risques. Voilà qui serait une ‘‘politique industrielle intégrée’’. La participation et le contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité garantiraient une vision à long terme tout en mettant un frein à la soif de profits rapides de propriétaires qui se fichent de la communauté dans la région touchée.
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Comment lutter contre les fermetures ? L’exemple des Forges de Clabecq, il y a 20 ans

Au centre, Gustave Dache. Autrour de lui: Silvio Marra et Roberto D’Orazio de la délégation syndicale des Forges de Clabecq dans les années ‘90. Photo : Karim Brikci / Collectif Krasnyi En décembre 1996, les Forges de Clabecq sont déclarées en faillite. Les actionnaires avaient pris la poudre d’escampette. Les délégations syndicales prennent alors la sécurité du site en main et occupent l’entreprise. Ils se rendent compte qu’ils auront besoin de la mobilisation permanente de tous les 1800 travailleurs, mais ils sont bien préparés. Avant même la faillite, la délégation FGTB nous expliquait qu’ils discutaient chaque semaine de l’évolution mondiale du marché de l’acier, qu’ils évaluaient la position des Forges et préparaient ainsi politiquement les militants pour ce qui allait survenir et, surtout, comment y faire face. Au travers de dizaines de militants, toute l’usine était politiquement prête.
A partir de la faillite, environ 1.500 travailleurs se réunissent toutes les deux semaines à peu près, dans l’un des halls vides de l’usine, pour dresser un état de lieu et lancer des propositions d’action. La délégation réalise bien le danger que certains, au fil du temps, restent à la maison. Les militants contrarient cela en appelant chacun bien à l’avance et, si nécessaire, en leur rendant une visite à la maison. Ici, pas de privilèges ou de tapis rouge pour les journalistes. Le ‘‘pape rouge’’ ou encore le ‘‘clan D’Orazio’’ est fustigé dans la presse pour cela. Mais les sympathisants d’autres entreprises et les militants de gauche sont accueillis à bras ouverts. La distribution de tracts et la vente de journaux de gauche n’y est pas considéré comme un problème, mais comme une contribution précieuse au débat. Les plus motivés sont reçus par la délégation lors des réunions régulières, de sorte que non seulement leur solidarité est reçue mais aussi leur mobilisation et leur capacité organisationnelle.
A coups de bus remplis de travailleurs de Clabecq, une mobilisation se lance dans tout le pays. La délégation est ainsi capable de réunir 70.000 manifestants à Clabecq le 2 février 1997 dans une Marche multicolore. À la fin du mois de mars, les travailleurs sont attirés dans un piège de la gendarmerie sur une autoroute. Des coups sont donnés des deux côtés. Les dirigeants syndicaux instrumentalisent l’événement pour démettre la délégation de ses fonctions. A partir de là, les dirigeants de la délégation sont poursuivis en justice. Après cinq ans, les 13 accusés sont acquittés sur toute la ligne. Entretemps, ils avaient réussi à négocier une reprise, un petit miracle. Mais ils se retrouvent eux-mêmes sur liste noire. La Lutte de Clabecq a eu lieu dans une période d’expansion économique, et non pas après une crise mondiale du capitalisme comme aujourd’hui. Il y avait d’autres foyers de résistance, mais très loin du mouvement généralisé d’aujourd’hui contre le gouvernement de droite.
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Caterpillar. Solidarité avec les travailleurs et les sous-traitants. Non à la fermeture!
Plusieurs centaines de personnes se sont réunies ce matin devant les grilles de Caterpillar pour protester contre la fermeture du site et contre l’attentisme du gouvernement. En effet, c’est une entreprise structurelle pour la région Carolo avec 8000 emplois direct et indirect. Aux portes de l’usine, on ne comptait pas seulement des travailleurs de Caterpillar mais également de nombreux sous-traitants et des travailleurs du secteur marchand comme non-marchand de Charleroi, de Mons et du Centre venus en solidarité.Par Emily (Namur)
Malgré une organisation floue qui a limité la participation de certains, les travailleurs étaient là, prêts à lutter pour leur emploi et pour ceux des jeunes, mais avec un certains sentiment de désarroi.
Milieu de mâtiné, les piquets ont laissé place à un cortège d’environ 1.500 personnes. La manifestation a traversé le zoning de Gosselies jusqu’au musé de l’industrie qui abrite Agoria, la fédération patronale de l’industrie technologique. La direction syndicale espérait y rencontrer des représentants d’Agoria. Pendant ce temps, bon nombre de travailleurs se demandaient quand va être planifiée la grève (avec un mot d’ordre clair accompagné d’une véritable mobilisation) comme le proposait en septembre Marc Goblet. Construire un rapport de force favorable aux travailleurs est indispensable dans une telle situation.
=> Ce samedi 8 octobre à la Maison des Huit Heures à Charleroi : Débat “Caterpillar, non à la fermeture, non à la solution qui mène au chômage et à la misère!”
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Caterpillar: une catastrophe économique et sociale.
Larmes de crocodiles et opportunisme politiqueOn a entendu toutes les familles politiques traditionnelles parler ‘‘d’une immense surprise’’, ‘‘d’un événement inattendu’’. De Paul Magnette à Charles Michel, ils flattent ensemble ‘‘les immenses sacrifices’’ consentis par les travailleurs en 2013. Ils se désolent en même temps que la multinationale ne respecte pas les règles du jeu en partant avec la caisse après avoir fait autant de profits. Mais Caterpillar respecte les règles du jeu: les montages financiers pour éluder l’impôt, les centres de coordination, remplacés par le mécanisme de la Déduction des intérêts notionnels, etc. sont même devenus la spécialité de ce pays, mise en place et promue par les différentes familles politiques.
D’autre part, la perte de près de 1400 emplois en 2013 n’était pas une bonne chose. C’était une défaite. La nouvelle orientation de l’usine vers des produits plus difficiles à écouler sur le marché annonçait sa fermeture prochaine, qui est donc tout sauf une surprise.Par Thomas (Hainaut), article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
La colère de classe est telle qu’Olivier Chastel (MR) a pris tout le monde par surprise en lançant l’idée d’une saisie exceptionnelle des outils dans l’usine. Mais comme l’a expliqué Paul Magnette la semaine suivante, “arrêtons la foire aux idées, il faut jouer dans le cadre des procédures qui existent”. Face à la colère des masses, ils forment une “ union sacrée” des différents gouvernements. Cela illustre parfaitement le rôle du PS, véritable feuille de vigne sociale de la classe capitaliste. Paul Magnette joue à Charleroi le rôle qui fut celui de Jean-Claude Marcourt à Liège dans le dossier ArcelorMittal en 2010.
Tous s’avouent impuissants et préparent l’après-Caterpillar avec les mêmes outils que d’habitude. La task force de Marcourt composée de banquiers et de société d’investissements de la région wallonne se donne pour mission d’aider les entreprises des sous-traitants à trouver de nouveaux marchés et clients, via le crédit et les incitants fiscaux. Ils hurlent, largement à contretemps, contre la méchante multinationales américaine qui a profité du système, mais n’ont d’autres solutions que de recréer le même schéma.
Ils s’agit de serrer les rangs, l’annonce de la fermeture n’arrive pas au meilleur moment pour le gouvernement qui, pour arriver à l’équilibre budgétaire en 2018, doit prendre de nouvelles mesures d’austerité, dans une situation où chaque étincelle sociale peut mettre le feu aux poudres. La Fédération du secteur métallurgique Agoria et l’Union des classes moyennes tentent de calmer le jeu en annonçant que les travailleurs de Caterpillar sont ultra-qualifiés et très recherchés sur le marché de l’emploi. Des entreprises les contactent déjà, disent-elles, pour se renseigner sur la disponibilité des salariés !
Bien sûr que les travailleurs sont qualifiés, mais sur le marché du travail se trouvent déjà des demandeurs d’emplois armés des mêmes qualifications. Et bien sûr, aucun nom d’employeur potentiel n’est cité. Ces déclarations visent à atténuer la colère, et encourager la recherche de solution individuelle, plutôt que la lutte collective, laquelle exigera des réponses plus crédibles.64% des jeunes sont inquiets du système économique, 4% seulement expriment leur confiance envers les partis politiques(2) et, en 2013, 43% des Belges se disaient favorables à la nationalisation d’une entreprise pour sauver l’emploi(3), même en l’absence de campagne syndicale et politique massive en faveur d’une reprise publique des outils.
Nationaliser pour sauver l’emploi
Les politiques ont sauvé les banques avec l’argent public en 2010, le justifiant par le caractère “systémique’’ et donc indispensable à la société. Dans une région comme Charleroi, avec un taux d’emploi de 51%(4), Caterpillar et les nombreux emplois que l’entreprise génère chez les sous-traitants est une entreprise systémique !Caterpillar illustre que le marché libre ne roule que pour une minorité. La production des machines est socialisée, elle demande une coopération réfléchie et planifiée entre beaucoup de travailleurs, sur différents lieux de production. Mais les profits, eux, sont privés. Et tant pis si on peut augmenter le taux de profits en envoyant des milliers de familles à la porte en les plongeant dans la misère.
On a déjà payé l’usine plusieurs fois. En produisant exactement les mêmes machines, et donc en dessous des prix du marché (voir cadre), Caterpillar Gosselies serait rentable. Mais la nationalisation de l’usine serait un excellent moyen de répondre aux besoins dans la société. Avec ses infrastructures, ses machines et le personnel, il est possible de réorienter la production, non plus en fonction des profits, mais des nécessités sociales.A titre d’exemple, les œuvres de génie civil, (passerelles, ponts, tunnels, bâtiments) sont actuellement réalisées en partenariat public-privé (les fameux “PPP”) qui coûtent très cher à la collectivité. Les éléments de structures de ces œuvres pourraient être réalisé à Gosselies et chez ses sous-traitants. Il serait aussi possible de construire de nouveaux trains pour la SNCB. Les derniers en date, les fameux Desiros, achetés à prix fort à Siemens, sont mal conçus, mal réalisés et se révèlent inutilisables en cas de forte neige.
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Se contenter des primes de départ ?
Nous pouvons bien imaginer que, sous les conditions actuelles, certains travailleurs pourraient être saisis par le fatalisme et s’en remettre à un futur plan social avec l’idée de partir avec la prime en vendant sa peau le plus chèrement possible. Mais n’oublions pas que, depuis 2013, l’ONEM considère les primes de départ comme des revenus et refuse donc de payer des allocations de chômage !
Quant au gouvernement, il peut bien refuser d’aller récupérer les 942 millions d’euros d’impôts impayés par des mul-tinationales grâce au mécanisme de l’Excess Profit Ruling considéré comme injuste et illégal par la Commission euro-péenne, il ne refusera pas de taxer les indemnités de départ ! Ces dernières peuvent de plus être plus lourdement taxées depuis le 1er janvier de cette année, des réductions d’impôt régionales ne sont plus prises en compte en conséquence de la 6e Réforme d’Etat.
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Le site de Gosselies : une vache à lait pour Caterpillar
Dans son excellent livre “Carnets d’un perceur de coffre”, l’ex-syndicaliste CSC Guy Raulin démontre que, dès 1986, Caterpillar a bénéficié du système fiscal avantageux des centres de coordination, puis du système des intérêts notionnels à partir de 2006. Alors qu’elle a l’argent pour se financer seule, Caterpillar Gosselies a emprunté de l’argent à une filiale du groupe Caterpillar et lui a remboursé avec intérêts. Grâce à cela, une partie de la plus-value réalisée sur le site de Gosselies a été transférée vers la banque du groupe. Le seul client de Caterpillar Gosselies est aussi une centrale d’achat créée en 1960 à Genêve (Suisse) qui n’est en fait qu’une boîte aux lettres de la multinationale.
Toutes les machines produites à Gosselies sont achetée là-bas et, pourtant, aucune machine n’y est passée physiquement. L’idée des prix de transfert est qu’une multinationale peut se vendre ses marchandise à elle-même et peut donc choisir un prix soit très bas, soit très haut, en fonction du pays où elle veut déclarer une plus-value importante.
En 2001, ce vol s’est considérablement aggravé grâce à un artifice juridique. L’usine fut transformée en prestataire de service. Au lieu de construire des machines et de les vendre, l’usine de Gosselies est devenue un ‘‘service de fabrication’’. Le chiffre d’affaire de l’usine ne reflète donc plus du tout la production réelle de richesses. Caterpillar Gosselies a vendu chaque machine 105.000 euros à Caterpillar-Suisse(1). Pourtant, sur les différents sites d’occasion, les même modèles se vendent entre 200 et 300.000 euro !
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Gustave Dache: “Témoignage pour un syndicalisme de combat anticapitaliste et démocratique”
A l’heure où vient de tomber l’annonce de la volonté de la direction de Caterpillar de fermer le site de Gosselies, ce livre sera précieux pour tous les militants et les lecteurs désireux d’entrer plus en profondeur dans la discussion portant sur la nécessité d’un syndicalisme de combat.Gustave Dache est un vétéran du mouvement ouvrier à Charleroi. Métallo durant des années, il a été délégué à Caterpillar, où il fut parmi les fondateurs de la délégation FGTB, et à Citroën. Ce livre aborde notamment abondamment l’expérience de la grève de juin 1970 à Caterpillar, avec la reproduction commentée de la brochure publiée à l’époque par l’auteur : ‘‘10 jours de grève qui ébranlèrent la Direction de Caterpillar et la Bureaucratie Syndicale FGTB et CSC’’.
Gustave a également très activement participé à la grande grève générale de l’hiver 1960-61. Il est déjà l’auteur du livre “La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960/61 – Témoignage ouvrier sur la grève du siècle” également publié par les éditions Marxisme.be.
Témoignage pour un syndicalisme de combat anticapitaliste et démocratique, Gustave Dache, 176 pages, éditions Marxisme.be, 12 euros. Passez commande via notre site ou via redaction@socialisme.be.
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Marche de solidarité avec les travailleurs de Caterpillar
Ce vendredi 16 juin, environ 10.000 personnes ont manifesté à Charleroi contre l’annonce de la fermeture du site de Caterpillar à Gosselies. Parmi la foule se trouvaient de très nombreux travailleurs de Caterpillar et des sous-traitants, mais aussi d’autres entreprises ou encore tout simplement des habitants de Charleroi.Cette manifestation est une illustration du potentiel pour la construction d’une lutte pour le maintien de chaque emploi, ce qui nécessite de poser la question de la nationalisation sous le contrôle des travailleurs, approche que nous avons développée dans le tract distribué aujourd’hui par le PSL : “Caterpillar: occupation, mobilisation et extension du combat pour la nationalisation“.
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Caterpillar: occupation, mobilisation et extension du combat pour la nationalisation
Pour la nationalisation sous le contrôle des travailleurs«Vous pouvez déposer tous les amendements que vous voulez, si vous pensez que ce qui se passe aujourd’hui, c’est parce que le système se trompe… Le système capitaliste ne se trompe jamais. Lui, il a toujours continué son histoire. Nous, nous avons abandonné la nôtre, parce que le capitalisme nous a fait peur des dérives qu’il y a eu. Et puis dire que la classe des travailleurs et les citoyens n’ont plus besoin d’avant-garde, je n’ai jamais entendu quelque chose d’aussi grave. L’avant-garde, c’est les gens qui se mobilisent, pour lesquels les sentiments vont plus loin, c’est des gens qui travaillent, qui étudient, c’est les gens qui titillent la classe ouvrière, ils sont nécessaires, parce que si on pense que les travailleurs vont tous se réveiller en une fois, on va attendre encore longtemps.» (Roberto D’Orazio lors de la lutte des travailleurs contre la fermeture des Forges de Clabecq)
Tract du PSL // Tract en version PDF
C’était il y a vingt ans. Mais D’Orazio exprime ici ce que beaucoup d’entre nous savent très bien : les patrons de Caterpillar ne se trompent pas. Ils continuent juste leur histoire. Le temps où les fermetures et les restructurations s’expliquaient par les pertes, c’est du passé. Ça date de l’époque où les capitalistes devaient encore faire face à un mouvement des travailleurs capable d’imposer des limites, de réguler le système, de dompter les capitalistes.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde globalisé où les intérêts financiers passent loin devant le besoin de marchandises. Où les gouvernements sont en pleine compétition fiscale et instaurent une pression sur les salaires et les conditions de travail. Où des multinationales, comme Caterpillar, réduisent la capacité de production suivant la loi du marché. Diminuer l’offre, ça permet de gonfler les prix et de réaliser plus de profits en dépit d’une baisse du chiffre d’affaires. Et elles le font en premier lieu là où elles ont le moins besoin de cette capacité tout en espérant rencontrer peu de résistance.
Chaque bouclier est le bienvenu, mais ce ne n’est ni avec des amendements, ni avec des lois Renault, Imbev, Ford ou Caterpillar que l’on arrête les multinationales. Ce ne sera pas non plus avec une unité nationale autour d’un gouvernement qui refuse de récupérer 940 millions d’Euros d’impôts non payés par les multinationales et pourtant jugés injustes et illégaux par la Commission européenne. Et quand Charles Michel menace d’utiliser tous les moyens juridiques, c’est l’aveu qu’il ne les a pas épuisés auparavant.
Selon Paul Magnette, qui répondait à Olivier Chastel, ‘‘personne ne croit à la réquisition’’. Si elle n’est que ‘‘temporaire’’, pour forcer la direction à rouvrir une ligne de production ou pour trouver un repreneur privé, c’est en effet extrêmement improbable. Mais sa propre proposition visant à contester le raisonnement économique de la direction de Caterpillar pour la faire revenir sur sa décision n’a pas plus de chance d’aboutir. Qu’importe les moyens publics que Magnette espère mobiliser pour l’arroser. Raoul Hedebouw propose un Arrêté royal pour forcer Caterpillar à négocier. Au lieu d’exiger de répartir autrement les quotas de production entre les différents sites, comme Raoul le propose, il faudrait plutôt répartir le travail par une réduction du temps de travail partout et sans perte de salaire.
Mais, pour reprendre l’idée de D’Orazio, renouons surtout avec notre histoire. Comment ? C’est aux travailleurs les plus combattifs de titiller leurs collègues, de proposer l’occupation du site pour en faire le centre névralgique de la lutte pour le maintien de chaque emploi. Comme aux Forges de Clabecq, des assemblées générales régulières permettraient de discuter collectivement d’un plan d’action sérieux et offensif. A Clabecq aussi, des milliers de travailleurs s’étaient mobilisés immédiatement en soutien. La délégation avait complètement exploité ce potentiel. Elle avait invité ces travailleurs à participer aux assemblées des Forges. Elle organisait aussi les plus motivés de ces sympathisants dans des réunions régulières avec la délégation. Elle a ainsi non seulement obtenu leur solidarité, mais aussi leur capacité de mobilisation et d’organisation.
A cette époque, le capitalisme n’avait pas encore subi sa Grande Récession. Des luttes sociales existaient bien, mais pas de l’envergure de l’opposition au gouvernement Michel. La délégation de Clabecq était tout de même parvenue à mobiliser 70.000 travailleurs à sa Marche Multicolore à Tubize et Clabecq. A Caterpillar aussi, Il faudra lier la lutte au combat global contre l’austérité et l’agression patronale. Les travailleurs de Caterpillar pourraient aller rendre visite aux autres entreprises dans la perspective de la grande manifestation syndicale nationale du 29 septembre prochain. Comme le demandent les délégués de la CGSP ALR (Administration Locales et Régionales) Bruxelles dans leur motion de solidarité, les travailleurs de Caterpillar devraient se trouver en tête de cortège le 29 septembre afin d’illustrer la complète solidarité de chaque travailleur du pays.
Au déclenchement de la crise économique, les banques dites systémiques avaient été nationalisées. Et à Gosselies, Caterpillar, ce ne pas systémique peut-être ? Cette fermeture ne menace-t-elle pas toute une communauté ? N’entrainerait-elle pas dans son sillage de nombreux fournisseurs, sous-traitants et indépendants? En 2013, un sondage de La Libre/RTBF avait dévoilé que 43% de la population belge était favorable à la ‘‘nationalisation/régionalisation pour prolonger l’activité’’ (36% en Flandre, 52% à Bruxelles et 53% en Wallonie). Voyons voir quel site fermerait si la direction de Caterpillar savait que quelque part se trouve un gouvernement qui n’accepterait pas que la production finisse aux poubelles. Nous avons du reste déjà suffisamment payé avec les nombreux cadeaux fiscaux que la multinationale a reçus.
Charles Michel ne voulait-il d’ailleurs pas investir dans l’infrastructure ? Les machines sont là pour être saisies. Pendant que nous arrangeons notre infrastructure avec ces machines, Michel peut utiliser la créativité de nos universités pour élaborer un ‘‘projet durable’’ pour une ‘‘fabrique de machines multifonctionnelle’’ comme celle de Gosselies. Il peut imposer à la banque nationalisée Belfius de mobiliser de l’argent frais, au lieu de pousser les épargnants vers le marché des capitaux à risques. Voilà qui serait une ‘‘politique industrielle intégrée’’. La participation et le contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité garantiraient une vision à long terme tout en mettant un frein à la soif de profits rapides de propriétaires qui se fichent de la communauté dans la région touchée.
Allons-nous vraiment attendre jusqu’aux prochaines élections? D’ici là, une bonne partie des indemnités de départ des travailleurs de Caterpillar aura été écumée par le gouvernement. Depuis la fin 2013, une prime de départ n’est plus cumulable avec le chômage et les autorités fiscales savent où nous trouver. Au lieu d’apporter un grand changement, le fatalisme de gauche pourrait contribuer à la victoire de la droite. L’occupation, la mobilisation et l’extension du combat pour l’emploi, voilà qui changerait les relations de forces.
Le PSL ne nie pas l’importance des élections, mais elles sont indissociables de la lutte sociale. Cette dernière ne permet pas toujours d’attendre la date d’une prochaine élection. Le mouvement syndical a besoin d’un parti de lutte. C’est ce que beaucoup espèrent que Corbyn fera du parti travailliste en Grande-Bretagne, ce que beaucoup de Grecs espéraient que Tsipras fasse de Syriza, ce que bon nombre d’électeurs de Bernie Sanders espéraient qu’il ferait aux États-Unis et ce que beaucoup d’Espagnols attendent de Podemos. Le PSL réitère son invitation à toute la gauche radicale, au PTB en premier lieu, pour réfléchir ensemble à la manière de garantir l’existence d’un parti de lutte offrant plus que ‘‘votez pour moi la prochaine fois’’. Vous voulez renforcer cette idée et soutenir notre programme? Rejoignez le PSL.
MANIFESTATION pour l’emploi et en solidarité avec les travailleurs de CATERPILLAR ce vendredi 16 septembre à 10h à Charleroi.
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CGSP ALR Bruxelles: Motion de solidarité avec les ouvriers de Caterpillar
Les délégués de la CGSP ALR, réunis ce 2 septembre 2016, ont appris avec tristesse mais surtout avec colère l’annonce de la fermeture du site de Gosselies de l’entreprise Caterpillar.
La CGSP ALR exprime toute sa solidarité avec les travailleurs et leur famille et invite expressément l’ensemble du monde du travail et les forces syndicales à tout mettre en œuvre pour empêcher cette fermeture.
Nous ne devons pas nous résigner !
Chaque emploi doit être sauvé !
Notre gouvernement a été capable de nationaliser les banques pour sauver les riches, nous devons nous battre aujourd’hui pour nationaliser Caterpillar, seule issue possible pour sauver les emplois et le futur de la région.
Nous demandons aussi à ce que les travailleurs de Caterpillar soient en tête de cortège ce 29 septembre lors de la grande manifestation syndicale afin d’exprimer la complète solidarité de chaque travailleur du pays.
Bruxelles,
2 Septembre 2016
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Fermeture de Caterpillar Gosselies? Luttons pour le maintien de l’emploi!
Ripostons contre la catastrophe par le combat pour la nationalisation sous le contrôle des travailleurs
Contrairement à ce qu’avait promis la direction de Caterpillar, la lourde restructuration annoncée au site de Gosselies en 2013 n’a pas garanti l’avenir du site. Les travailleurs avaient notamment accepté plus de flexibilité et une moins bonne paie tandis que 1331 personnes s’étaient retrouvées licenciées en 2014. Aujourd’hui, c’est de la fermeture pure et simple du site dont il est question. 2200 travailleurs sont menacés et, avec les emplois indirects, on parle de 8000 personnes. Et tout ceci à Charleroi, une ville et une région déjà profondément marquées par les fermetures d’entreprises et le marasme économique.
Tract du PSL // Tract en version PDF
Caterpillar ne paie en Belgique que 3% d’impôts depuis 10 ans au lieu du taux officiel de 34%. L’entreprise a utilisé ses filiales (notamment en Suisse) pour réduire ses comptes en Belgique et ensuite demander de l’aide à l’Etat belge. Elle a bénéficié de millions d’euros de cadeaux fiscaux et de subventions publiques. En 2015, elle a réalisé plus de 2 milliards de bénéfices. Ses actionnaires ont reçu 1,6 milliard de dividendes. Pour quel résultat ?
Cela fait des années que les partis traditionnels, toutes tendances confondues, justifient cette politique de cadeaux aux entreprises sous le prétexte de l’emploi. Nous voyons une fois de plus avec dégoût ce qu’il en est réellement. La seule chose que les multinationales respectent, c’est la doctrine du «prends l’oseille et tire-toi ».
Au déclenchement de la crise économique, de nombreuses banques ont été sauvées et reprises en mains par les pouvoirs publics (et leurs dettes reportées sur le dos de la collectivité) car considérées comme «systémique». Pour la population à Charleroi, Caterpillar, c’est une entreprise «systémique». Toute la communauté se retrouvera affaiblie par cette décision.
Nous pouvons bien imaginer que, sous les conditions actuelles, des travailleurs pourraient être saisis par le fatalisme et s’en remettre à un futur plan social avec l’idée de partir avec la prime en vendant sa peau le plus chèrement possible. Mais n’oublions pas que, depuis 2013, l’ONEM considère les primes de départ comme des revenus et refuse donc de payer des allocations de chômage ! Quant au gouvernement, il peut bien refuser d’aller récupérer les 700 millions d’euros d’impôts impayés par des multinationales grâce au mécanisme de l’Execc Profit Ruling considéré comme injuste et illégal par la Commission européenne, il ne refusera pas de taxer les indemnités de départ ! Ces dernières peuvent de plus être plus lourdement taxées depuis le 1er janvier de cette année, des réductions d’impôt régionales ne sont plus prises en compte en conséquence de la 6e Réforme d’Etat.
Construire une relation de force
Il suffit de marcher dans la région de Charleroi pour se rendre compte des manquements énormes dans la société et du potentiel que représentent les nombreux outils abandonnés par le patronat qui ne les juge plus assez rentables. Nationalisons ces outils pour assurer des milliers d’emplois et que la main-d’oeuvre qualifiée de l’usine Gosselies puisse produire les engins, les moteurs, et autres ensembles mécano-soudés dont nous avons besoin !
Les travailleurs pourraient occuper le site de Caterpillar et en faire le centre névralgique de leur lutte pour le maintien de chaque emploi par la nationalisation de l’entreprise sous le contrôle des travailleurs. Des assemblées générales régulières représentent une excellente opportunité de discuter collectivement d’un plan d’action sérieux et offensif, en liaison avec la lutte globale contre l’austérité et l’agression patronale.
En 2013, un sondage de La Libre/RTBF avait dévoilé que 43% de la population belge était favorable à la ‘‘nationalisation/régionalisation pour prolonger l’activité’’ (36% en Flandre, 52% à Bruxelles et 53% en Wallonie). De tels chiffres illustrent le potentiel que pourrait avoir une campagne nationale massive pour la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs. Depuis lors, la colère n’a fait que monter contre l’agressivité patronale et la politique qui fait payer la crise aux travailleurs et à la jeunesse. Nous ne doutons pas que cette nouvelle annonce de fermeture soulève une nouvelle montagne d’indignation à Charleroi et ailleurs.
Il faut, ces prochains jours, organiser une manifestation des travailleurs de Caterpillar à Charleroi qui permettrait aux trtavailleurs de la région de participer et de se montrer solidaires tout en mettant les autorités face à leurs responsabilités. A partir de là les travailleurs de Caterpillar pourraient aller rendre visite aux autres entreprises dans la perspective de la grande manifestation syndicale nationale du 29 septembre prochain. Comme le demandent les délégués de la CGSP ALR (Administration Locales et Régionales) Bruxelles dans leur motion de solidarité, les travailleurs de Caterpillar devraient se trouver en tête de cortège le 29 septembre afin d’exprimer la complète solidarité de chaque travailleur du pays.
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Laminoirs Longtain: Fausse reprise mais vraie saignée sociale.
La fermeture des laminoirs Longtain a fait du bruit dans la province de Hainaut et en Wallonie mais, d’après nous, certainement pas assez. Les échos des cris de révolte des travailleurs en lutte sont comme étouffés ou, en tout cas, largement déformés par la presse traditionnelle. Il ne s’agit pas ici d’une simple faillite. Si on se penche un peu sur l’histoire de l’éphémère reprise par Stéphane Jourdain (homme d’affaire de la région) on s’aperçoit très vite qu’il y a anguille sous roche. Les manoeuvres financières employées par cet ancien membre du conseil d’administration du cercle de lorraine pour, encore et toujours, s’en mettre plein les poches sont à la limite de la légalité voir carrément illégales. Et cela s’est bien sûr fait au détriment des travailleurs du site qui ne réclamaient qu’une chose: pouvoir reprendre le travail dans des conditions décentes.Par Max (Mons)
Récapitulatif:
Janvier 2015: annonce d’une faillite de Condesa Belgique (groupe espagnol leader sur le marché européen du tube en métal destiné à l’industrie), 110 emplois sont menacés.
Mars: suite à l’ouverture d’une première procédure de réorganisation judiciaire (PRJ), le tribunal de commerce accepte la proposition de Jourdain. Le voilà actionnaire majoritaire de la société qui bat de l’aile. Directement, il clame ses intentions de relancer l’entreprise et parle de reprendre 36 travailleurs pour, l’année suivante, en embaucher d’autres. Mais les choses ne se passent soit disant pas comme prévu. Prétextant une mauvaise évaluation des profits potentiels et des coûts de production dans les conditions actuelles ainsi qu’un nom respect de la loi en matière de conditions de rémunération des travailleurs, il commence à révéler de plus en plus ses vraies intentions. Une destruction totale des acquis sociaux des salariés pour rogner un maximum sur les coûts de production s’annonce. Les travailleurs qui se sont déjà mis en lutte une première fois lors de la PRJ ne se laisseront pas faire et reprennent la lutte. Jourdain dira bientôt qu’il a ”fait une erreur” avec cette reprise. Mais nous ne sommes pas dupe, nous ne pouvons pas croire une seconde que tout cela n’est pas volontaire et calculé à l’avance, en voici la preuve.
Avril – juillet: il signale aux travailleurs le transfert des avoirs de l’entreprise dans une nouvelle entreprise. Pourtant, l’entreprise est dans les faits scindée en deux. D’un coté une entreprise du nom de Vieux Waleffe s.a. (société de gestion immobilière) et de l’autre CCB (SPRL Condesa Commercial Belgium). Jourdain affirme aux travailleurs que tout les avoirs appartiennent désormais à CCB. En fait, il s’agit d’un mensonge de plus car l’immobilier de l’entreprise (les bâtiments et terrains, estimés à 17 millions d’euros) reste sous la propriété de Vieux Waleffe. Cette dernière manoeuvre lui sera bien utile lorsqu’il déclarera CCB en faillite. Une nouvelle PRJ est lancée tandis que la lutte des travailleurs continue, eux qui s’attendaient à une pareille nouvelle sous peu avec l’inquiétude qui y est liée. Comme si cela ne suffisait pas, Jourdain, dont l’audace n’a d’égal que ses capitaux, annonce qu’il se présente comme candidat repreneur de sa propre entreprise! Il aurait pu choisir de descendre directement sur le site de production pour cracher au visage de chaque travailleurs mais il a encore une fois préféré aller se cacher derrière la loi qui permet visiblement plus que ce qu’il est difficile de se l’imaginer en matière de faillite et reprise… Évidement, s’il décide de procéder à ce jeu infâme c’est parce que son intérêt y est grand, en reprenant une nouvelle fois l’entreprise, il peut de nouveau imposer de nouvelles conditions salariales et de travail (baisse de la rémunération, abandons de primes, annulation de l’ancienneté,…). Ce joli package anti-social ne passe pas auprès des travailleurs et des syndicats.
Aout: la lutte s’intensifie et une occupation du site se met en place. Jourdain se saisit alors de l’appareil policier pour déloger les travailleurs de l’intérieur du site. Mais cela ne les arrête pas pour autant: ils décident de bloquer l’usine depuis l’extérieur. Tandis que la police use de répression et menace d’amendes les membres du personnel des laminoirs, la région Wallonne, elle, est bien tendre avec le “repreneur” lorsqu’elle lui revend sans aucun garde-fou, via la Sogepa (Bras financier de la R.W.), les parts qu’elle possédait dans l’entreprise (49,9% des actions) en laissant à Jourdain 2 ans pour rembourser l’équivalent de 1,75 millions d’euros… Les délégués dénoncent la passivité de la région Wallonne qui devrait, d’après eux, réclamer l’argent immédiatement et imposer à celui qui est maintenant l’unique actionnaire l’octroi des volets sociaux nécessaires pour les licenciés.
C’est dans ce contexte que nous les avons rencontrés pour recueillir les propos résumés plus haut et aussi ceux que voici: un matin les travailleurs ouvrent les bureaux de l’entreprise pour y découvrir que les données informatiques concernant les commandes éventuelles et les chiffres nécessaires à l’élaboration d’un dossier de reprise en bonne et due forme ont disparu. Cinq ordinateurs ne sont plus là, il n’y a pas non plus traces d’effractions. Tout laisse à penser que ce vol a été commis pour le compte de Jourdain qui a envoyé des gens pour empêcher l’organisation des travailleurs de se servir de ces chiffres. Bien évidement, on ne peut accuser sans preuves mais il faut bien avoir en tête que cette pratique est assez courante dans ce genre d’affaire.
Pour les travailleurs des laminoirs, l’affaire est maintenant devenue très claire voir transparente: Jourdain n’a jamais eu l’intention de relancer quoi que ce soit. Il cherchait simplement à faire une plus-value financière immobilière importante en rachetant à bas prix une société en faillite située sur des terrains qui valent plus une fois revendus séparément du fond de commerce. Pour avoir suivis
d’autres conflits et d’autres luttes sur d’autres entreprises, nous ne nous étonnons plus de ce genre de manigances mais nous sommes par contre à chaque fois toujours autant révoltés! Et ne doutons pas que si les relais médiatiques traditionnels (Tv, radio, presse grand tirage,…) rentraient plus dans le détail de ce genre d’affaire au lieu de les survoler par soucis ”d’objectivité” en omettant les points cruciaux que sont la perte des acquis sociaux, le non respect des procédures de licenciement et le jeu financier des reprises à répétition, il y aurait bien plus de gens solidaires des travailleurs de ces entreprises. L’indignation que suscite la révélation des dessous de ce genre d’affaire est légitime et doit être utilisée à la construction d’un mouvement ouvrier fort pour faire face aux prochaines attaques patronales.Nous ne pouvons pas laisser impunément agir les Jourdain et Cie dont la soif de profit s’assouvit au dépens des conditions de travail des plus faibles. Voilà ce que ce système a à offrir à la classe ouvrière! Le PSL milite activement pour un changement de société afin d’en finir avec l’exploitation du travail, cela nécessite un rapport de force favorable à notre classe qui ne sera possible que parce que les exploités l’auront construit dans l’unité!
Sources:
– Manage: les Laminoirs de Longtain vont connaître une deuxième vie
– Laminoirs de Longtain: trois mois pour trouver un repreneur
– Bois-d’Haine: les Laminoirs de Longtain à nouveau en réorganisation judiciaire
– La Louvière: retour à la case départ pour les Laminoirs de Longtain
– Jourdain s’est engagé à racheter les parts de la Sogepa dans les Laminoirs de Longtain
– Longtain à Bois d’Haine: la police est venue demander la fin de l’occupation



