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  • Conférence du 28 octobre Rejoignez-nous!

    La conférence du 28 octobre sera un moment important pour tous ceux qui cherchent une réponse à la politique néolibérale menée par tous les partis traditionnels. Ci-dessous nous publions quelques motivations pour venir à la conférence du 28 octobre.


    « L’appel de Sleeckx, Debunne et Van Outrive trouve un écho parmi les syndicalistes. La délégation CGSP à la VUB à Bruxelles a joué un rôle important dans la lutte contre les mesures d’austérité dans l’enseignement supérieur du côté flamand. Les actions contre ces mesures ont forcé le ministre à retirer ses plans.

    « Si les partis peuvent continuer à mener leur politique néolibérale, la menace des assainissements va perdurer. C’est pourquoi 15 des 19 délégués CGSP à la VUB soutiennent l’initiative d’Une Autre Politique. Déjà 17 membres de la CGSP sont inscrits pour la conférence du 28 octobre et ce nombre va encore augmenter. »

    Jo Coulier, Délégué CGSP à la VUB


    « Il y a quelques années, je me suis à nouveau intéressé à la politique et à la résistance sociale aux attaques contre les acquis sociaux. J’ai très vite découvert qu’aucun grand parti ne défendait les intérêts des travailleurs et des pauvres.

    « J’ai alors rencontré quelques délégués qui étaient temporairement unis sous le nom ‘Debout’. On a beaucoup discuté de la nécessité d’une réelle opposition à la politique néolibérale. De cette façon je suis devenu actif dans la campagne contre la constitution européenne. Il y a un an, j’ai lancé avec quelques camarades l’initiative d’un syndicat du quart-monde.

    « Toutes les organisations officielles des pauvres se laissent faire par les politiciens traditionnels. Des pauvres qui survivent avec peu d’argent n’ont en réalité aucun parti qui défende leurs intérêts. J’ai vite été gagné à l’idée d’une autre politique. Le 28 octobre nous pourrons animer le débat concernant des solutions structurelles pour la pauvreté. »

    Stefan Roumen, Syndicat du Quart-Monde, Limbourg


    « Récemment Johan Vande Lanotte du SP.a a proposé de limiter les allocations de chômage pour les jeunes. Après 6 mois, ils devraient choisir entre un boulot flexible ou une formation. Avant même d”être au chômage, les jeunes sont confrontés à la dure réalité de ce système. L’enseignement est gratuit jusqu’à 18 ans, mais en réalité les coûts sont de plus en plus élevés. La prime scolaire ne va pas changer cela d’une manière fondamentale, c’était plutôt un petit cadeau dans le cadre des élections.

    « Beaucoup de jeunes détestent la politique. Il est important que les jeunes aient connaissance du 28 octobre et qu’il y ait ensuite construction d’une alternative crédible contre la logique néolibérale. On ne peut pas laisser la politique aux politiciens ! »

    Benoit Douchy, Etudiants de Gauche Actifs, Gand

  • La création d’un nouveau parti des travailleurs signifie-t-elle la fin du MAS?

    Si le 28 octobre le processus vers un nouveau parti de gauche est lancé avec notre participation active, allons-nous mettre en même temps la clé du local du MAS sous le paillasson et arrêter de construire notre organisation ? Ce numéro d’Alternative Socialiste sera-t-il le dernier? Notre réponse est claire et nette: pas du tout ! Mais pourquoi ? Et comment allons-nous mener deux projets de front ?

    Cédric Gérôme

    Comme le disait Marx, la classe ouvrière n’est vraiment consciente d’être une classe que lorsqu’elle combat sur le plan politique de façon indépendante. A l’heure actuelle, pour se défendre, les travailleurs ont besoin d’un instrument politique qui puisse leur servir de porte-voix en les unifiant au-delà de leurs origines, de leur âge, de leur sexe, de leur culture, de leur expérience et de leur conscience politique – ce que nous appelons un nouveau parti des travailleurs.

    Cependant, les exemples du passé tout comme l’histoire récente nous démontrent que l’existence de tels partis ne nous protège pas pour autant des nombreux dangers qui se dressent sur le chemin de la lutte. C’est pourquoi, si nous comprenons la nécessité d’unir différents courants et individus contre la politique néo-libérale, nous ne sommes pas prêts à sacrifier notre parti révolutionnaire sur l’autel de l’unité au nom du vieil adage « oublions nos divergences, nous sommes quand même tous de gauche»…

    Des expériences amères, mais riches en leçons

    Entre 1871 et 1914, la classe ouvrière allemande avait construit un des partis les plus puissants du monde, le Parti Social-Démocrate (SPD). Celui-ci pouvait compter, en 1912, sur 4,3 millions d’électeurs et plus d’un million de membres ! Pourtant, lorsque la première guerre mondiale a éclaté, la grande majorité des dirigeants de la social-démocratie allemande se sont mis à ramper à plat ventre devant le militarisme national et ont cautionné, par le vote des crédits de guerre, l’envoi de centaines de milliers de travailleurs dans la boucherie des tranchées. Le vernis socialiste de la direction du SPD a craqué en quelques jours sous les coups de canons de la guerre impérialiste et a fait place à l’opportunisme dans sa plus cruelle expression.

    Dans son livre ‘Classe, parti et direction’, Trotsky a expliqué : « Il faut un grand choc historique pour révéler de façon aiguë la contradiction qui existe entre la direction et la classe. Mais, quand bien même l’ancienne direction a révélé sa propre corruption interne, la classe ne peut pas improviser immédiatement une direction nouvelle, surtout si elle n’a pas hérité de la période précédente des cadres révolutionnaires solides capables de mettre à profit l’écroulement de l’ancien parti dirigeant (…) Dans les moments cruciaux de tournants historiques, la direction politique peut devenir un facteur aussi décisif que l’est celui du commandant en chef aux moments critiques de la guerre. »

    Les nouvelles formations et le rôle des marxistes aujourd’hui

    L’exemple ci-dessus peut sembler complètement dépassé. Pourtant, la tâche consistant à différencier, sur les plans tant politique et idéologique qu’organisationnel, les forces du marxisme révolutionnaire vis-à-vis des autres courants est une tâche tout aussi indispensable aujourd’hui qu’elle ne l’était au début du siècle dernier. L’absence – ou la faiblesse – d’une aile révolutionnaire structurée au sein des nouvelles formations de gauche qui ont vu le jour dans différents pays ces dernières années ont à chaque fois entraîné une orientation rapide vers les compromis douteux et la capitulation plus ou moins larvée devant la politique du patronat.

    Des expériences telle celle de « Rifondazione Comunista » en Italie remettent cette leçon en lumière. La création de RC en 1991 avait suscité un enthousiasme certain, tant parmi les anciens membres du Parti Communiste Italien déçus par le tournant vers la droite initié par la direction de ce dernier, que parmi la jeunesse radicalisée et les nombreux militants de tous horizons. Six ans après sa création, ce parti était devenu un petit parti de masse, rassemblant dans ses rangs plus de 130.000 adhérents. Depuis lors, nombre de membres ont pourtant perdu leur enthousiasme initial, voire déchiré leur carte de membre, surtout à cause du ralliement des dirigeants de RC à la coalition « de gauche » autour de Romano Prodi, alors que celle-ci s’apprête ouvertement à mener une nouvelle vague de politique néo-libérale.

    Soustraire les travailleurs à l’influence de telles dérives ne peut se faire que si le parti révolutionnaire participe aux côtés des travailleurs dans leur lutte quotidienne, drapeau déployé. De l’expérience de RC et de bien d’autres encore, nous tirons la conclusion que si la naissance d’un nouveau parti des travailleurs en Belgique peut être un grand pas en avant, celle-ci ne procure en soi aucune garantie sur son évolution future.

    Le rôle des révolutionnaires marxistes ne doit donc pas se limiter à aider à construire ce parti et à se laisser « emporter par le courant », mais bien à construire, renforcer et défendre consciemment le programme révolutionnaire en son sein. Cela n’a pour nous rien à voir avec l’idée d’établir une « pureté doctrinale» au sein de cette formation ; c’est simplement se donner les moyens de résoudre au mieux des questions vitales pour son évolution future.

    Combiner en un même processus l’action politique commune et la construction du parti révolutionnaire : telle est la double tâche à laquelle s’attellera le MAS dans la prochaine période.

  • Pour un nouveau parti des travailleurs. Mais… Quel type de parti et avec quel programme?

    Pour un nouveau parti des travailleurs. Mais…

    Le 28 octobre se déroulera la conférence nationale du Comité pour une Autre Politique, première occasion sérieuse en Belgique pour préparer le lancement d’un nouvelle formation large qui peut et doit avoir pour ambition de réunir des milliers, et peut-être des dizaines de milliers, de salariés, de chômeurs, de jeunes et de seniors, belges ou immigrés afin d’engager la lutte contre la politique néolibérale.

    Peter Delsing

    Qu’est-ce qu’un nouveau parti des travailleurs?

    Dans le passé, une couche importante de salariés a longtemps considéré les partis socialistes comme des instruments capables d’améliorer leurs conditions de vie. Le système de sécurité sociale, avec le droit à l’allocation de chômage, les pensions, les soins de santé,… a été considéré comme le résultat de l’action de ces partis, même si c’était principalement les luttes des salariés qui avaient obligé les patrons à faire ces concessions.

    La direction des partis socialistes est bien sûr depuis longtemps principalement dans les mains des carriéristes – un siège bien payé au parlement : oui ; une lutte active pour une autre société : non – mais des dizaines de milliers de salariés partout en Belgique, et des centaines dans chaque ville ou commune, continuaient à s’engager pour une politique favorable aux travailleurs à travers ces partis.

    Voilà pourquoi le groupe qui a donné naissance au MAS était jusqu’au début des années ‘90 actif au sein du SP.a et du PS. Nous ne voulions pas nous mettre en dehors du mouvement et des organisations traditionnelles de masse. Nous voulions entrer en dialogue avec des couches plus larges de salariés sur ce que signifie concrètement une société socialiste et sur les moyens à employer pour transformer la société.

    Depuis la participation du SP.a et du PS aux gouvernements de casse sociale, à partir de 1987, cette situation a complètement changé. Et, depuis le début des années ’90, après l’effondrement des régimes staliniens en URSS et en Europe de l’Est, les dirigeants des PS se sont totalement ralliés au marché et au néolibéralisme triomphants.

    Les salariés ont donc pris leurs distances avec ces partis. lls ont été remplacés par de plus en plus de hauts diplômés et d’‘intellectuels’, pour qui, faire carrière était le premier souci et qui ont complètement pris en main l’appareil du parti. Et le Vlaams Belang, puis le Front National, des partis pourtant dirigés contre les travailleurs et qui soutiennent entièrement le capitalisme, ont commencé à obtenir des scores électoraux de plus en plus élevés dans les anciens ‘bastions rouges’.

    Aujourd’hui, il n’existe plus de grand parti pour les travailleurs et la jeunesse. Il n’y a plus que des machines électorales. Il y a un an, lors les grèves contre le Pacte des Générations, le clivage s’est encore approfondi entre la base syndicale et les partis qui relayaient traditionnellement une partie des revendications syndicales. C’est particulièrement net en Flandre où le SP.a a évolué très vite et très loin vers le libéralisme tandis que le CD&V est tout aussi à droite que les libéraux et presqu’aussi nationaliste que le VB. Du côté francophone, même si le PS et le CDH ne vont pas aussi loin dans cette direction, la tendance générale est pourtant la même.

    Le MAS a répété depuis 1995 que les remous dans la base syndicale mettraient inévitablement la question d’un nouveau parti à l’ordre du jour. Car nous – syndicalistes, travailleurs, locataires, étudiants,… – avons tous besoin d’un endroit où nous pouvons discuter des luttes, échanger les expériences, élaborer nos stratégies d’action, préparer notre programme,… en toute indépendance face aux patrons, à leurs partis et à leur presse.

    Sans organisation pour nous défendre et sans parti pour nous représenter, nous sommes simplement du matériel pour l’exploitation capitaliste. De la même manière que les travailleurs au 19e siècle ont compris que les syndicats n’étaient pas suffisants pour se défendre contre la classe dominante, les travailleurs et leurs familles doivent comprendre aujourd’hui qu’ils ont à nouveau besoin de leur propre parti.

    S’orienter vers des couches plus larges

    Le MAS pense qu’un tel parti ne peut pas être la simple addition des organisations existantes de l’extrême-gauche et que son programme ne doit être ni à tout prix ‘anticapitaliste’ dès sa naissance ni imposé d’en haut, sans avoir pris le temps de mener des discussions suffisantes avec des couches plus larges de salariés et de jeunes.

    La base pour un nouveau parti est, aujourd’hui, la résistance contre la politique néolibérale. Etre contre la casse de la sécurité sociale, de nos salaires et de nos contrats, contre la casse des services publics et les privatisations, contre les divisions sur base de la langue, de la région, de la nationalité ou du sexe est une base suffisante pour rassembler les organisations de gauche et des couches plus larges de travailleurs et de jeunes. Un programme minimum peut alors être élaboré sur lequel tout le monde peut se retrouver.

    Une élaboration plus complète du programme devra être le résultat de discussions avec ces couches nouvelles de travailleurs et de jeunes qui peuvent devenir actifs dans cette nouvelle formation.

    Pourquoi un programme est-il si important?

    Cette nouvelle initiative servira donc d’abord à exprimer haut et fort ce que nous refusons. Mais ce n’est pas suffisant. Nous devrons aussi élaborer une alternative positive, un programme réel avec des revendications concrètes. Cela ne sera possible que si Une Autre Politique se base sur la démocratie interne la plus large en respectant les différentes identités politiques présentes.

    Dans les nouvelles couches qui entrent en action et qui ont peu d’expérience avec des organisations syndicales et politiques, la crainte que surgissent des ‘divisions’ dans un nouveau parti peut se développer très vite. Mais les travailleurs et les jeunes peuvent comprendre qu’un programme minimum n’est pas suffisant et qu’en chaque lutte – même pour nos intérêts les plus directs – se pose la nécessité d’une analyse plus élaborée de la société. Pourquoi le capitalisme est-il en crise ? Quelle est l’alternative ? Comment la faire triompher ?

    Un programme élaboré ne peut se réaliser que sur base d’expériences communes et de nombreuses discussions démocratiques. Ceci ne peut se faire si l’identité politique des individus et des groupes qui participent n’est pas respectée. Selon nous, cela implique le droit pour ces divers groupes de présenter leurs idées et de travailler avec leurs propres outils (journaux, sites,…) en toute liberté à l’intérieur du nouveau parti. Sans démocratie interne, sans libre expression pour les groupes et les indépendants, un nouveau parti ne peut pas devenir un parti de masse avec des membres activement impliqués.

    La question du programme est aussi importante pour une autre raison. Dès le début, une nouvelle formation se trouvera devant le choix d’accepter de travailler à l’intérieur des limites du capitalisme ou de lutter pour en finir avec ce système. L’expérience nous montre que des “nouveaux partis des travailleurs” – le Linkspartei en Allemagne, le SP aux Pays Bas, refondation Communiste en Italie – peuvent perdre très vite leur attraction ou leurs membres actifs, s’ils s’adaptent à la politique néolibérale, s’ils ne choisissent pas un vrai programme socialiste.

    Qu’est-ce qu’un programme socialiste?

    Le MAS ne veut pas imposer son programme complet comme condition pour collaborer à l’intérieur d’un nouveau parti des travailleurs. Mais nous pensons que, sur toutes les questions politiques brûlantes – l’insécurité de l’emploi, le chômage, la sécurité sociale, le racisme et la guerre -, seul un programme socialiste peut vraiment offrir une solution. La société doit être fondamentalement changée.

    Prenons le chômage. Depuis les années ’70, ce problème n’a fait que s’aggraver. Les périodes de croissance n’ont pas réussi à réduire fondamentalement le chômage. Une politique socialiste défendrait une solution collective – une diminution du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire – plutôt que la répression et la culpabilisation des chômeurs. Mais, devant chacune de nos tentatives pour conserver ou améliorer notre niveau de vie, se dresse le mur du profit et de la propriété privée capitaliste. Il est nécessaire que la communauté dispose de la richesse, ce qui ne peut s’effectuer que par l’intermédiaire de la construction d’un mouvement de masse visant à collectiviser les entreprises, les machines, les administrations,… et à les mettre sous le contrôle direct des travailleurs et des usagers.

    L’économie de marché a dépassé depuis longtemps sa date de péremption. Seule une économie collectivisée et planifiée sur base des besoins et de la volonté démocratique des travailleurs peut donner à l’humanité la chance de faire un pas décisif en avant. C’est donc à ce programme-là que nous essayerons de gagner le nouveau parti.

  • Les préparatifs de la réforme de l'Etat de 2007

    Les préparatifs de la réforme de l’Etat de 2007

    Les Flamands ont jadis mené un juste combat contre leur oppression au sein de la Belgique francophone. Le mouvement ouvrier socialiste n’y ayant accordé que peu d’attention, la voie était ouverte au mouvement ouvrier chrétien. Cette faute historique a aussi poussé le sommet du Mouvement flamand à rallier les rangs de la droite et, finalement, de l’extrême droite.

    Anja Deschoemacker

    La Flandre est aujourd’hui la région la plus riche du pays. Le mouvement flamand ne lutte plus pour une quelconque libération. Bien au contraire, il prône la manière forte pour imposer aux autres sa propre culture. Les socialistes – ceux dignes de ce nom! – ne peuvent en aucun cas soutenir ce revanchisme flamand; ils doivent aussi lutter contre ce chantage flamand qui vise à contraindre la Wallonie à mener une politique encore plus antisociale.

    Ce que les Flamands font eux-mêmes, le font-ils mieux?

    Le budget flamand se porte bien: il ne cesse d’engranger des surplus d’année en année, ce qui n’est possible qu’en imposant un taux de productivité élevé aux travailleurs flamands d’une part, en limitant drastiquement les dépenses sociales d’autre part. Dans cette Flandre qu’on décrit volontiers comme "riche" de part et d’autre de la frontière linguistique – pour s’en vanter au nord, pour la blâmer et la jalouser en même temps au sud – une maison de repos sur cinq n’a pas d’attestation de sécurité d’incendie, des centaines de bâtiments scolaires attendent depuis des années des travaux de restauration indispensables, les handicapés se morfondent sur des listes d’attente interminables pour avoir accès à des structures adaptées, …

    Dans cette Flandre "riche", le fossé entre riches et pauvres ne cesse de s’élargir. Sur le site officiel de la Communauté flamande, on peut lire que quelque 13% des Flamands sont confrontés à un risque de pauvreté et que 7% végètent dans une situation de pauvreté de longue durée.

    Wallonie: des réformes de structures au Plan Marshall

    La régionalisation n’a pas davantage apporté quelque chose de bon aux travailleurs et à leurs familles en Wallonie. Du couple fédéralisme /réformes de structures (le programme de la FGTB en 1956) que défendait le mouvement wallon lorsqu’il était à son apogée sous la direction d’André Renard, il n’est vite resté que le seul fédéralisme. Depuis lors, le PS n’a cessé d’en faire son cheval de bataille. La régionalisation n’a pas pu contrer la désindustrialisation, ni le chômage et la pauvreté qui l’accompagnent.

    Aujourd’hui, le Plan Marshall néolibéral est sur les rails. Certains en Wallonie proposent même de faire baisser les salaires plus fortement qu’en Flandre. Si le PS y fait encore obstacle, il ne propose lui-même comme solution que la " modernisation " du marché du travail.

    Par "modernisation" il faut entendre dégraissage de l’emploi dans les services publics et flexibilité accrue du marché du travail par la multiplication d’emplois précaires (à temps partiel, à durée déterminée) et à bas salaires.

    Fin 2005, 8.700 personnes avaient été engagées en Wallonie via les chèques-services et ce chiffre ne cesse d’augmenter.

    Bruxelles: capitale de l’Europe et de la pauvreté

    Avec 21% de chômage (35% chez les jeunes), Bruxelles est comparable à certaines régions d’Europe de l’Est. Près des deux-tiers des chômeurs complets indemnisés sont sous-qualifiés. En septembre 2005, 69% des chômeurs étaient au chômage depuis au moins un an et 48% depuis au moins deux ans. Près de 30% des enfants bruxellois grandissent dans une famille privée de tout revenu du travail. Et tout ça n’empêche pas la politique bruxelloise d’être dominée par le rififi communautaire.

    Il faut l’unité du mouvement ouvrier en Belgique

    Le MAS/LSP ne veut pas maintenir à tout prix l’unité de la Belgique, mais l’unité des travailleurs est une nécessité absolue pour maintenir et étendre les acquis du passé.

    Les secteurs où la fédéralisation a déjà mené à l’éclatement de l’action syndicale, comme l’enseignement, ont vu se succéder les régressions et les défaites. La scission de la Centrale des Métallos de la FGTB ne présage rien de bon pour les travailleurs du secteur. Cette scission a été imposée sans tenir compte – ou si peu – de l’opinion des militants de base.Nous exigeons la fin de toutes les vexations et de toutes les mesures qui éloignent les communautés l’une de l’autre.

    • Stop aux vexations et aux mesquineries – des Francophones comme des Flamands – envers l’autre communauté à Bruxelles et dans la périphérie, mais également en Wallonie envers les Germanophones.
    • Nous exigeons l’accès de tous les services dans les diverses langues nationales là où les différentes communautés vivent ensemble et où le besoin s’en fait sentir. Nous dénonçons aussi bien les tentatives d’affaiblir le bilinguisme des services à Bruxelles au détriment des Flamands que les innombrables atteintes aux droits des francophones (et des Flamands du fait de certaines majorités francophones) dans la périphérie. Nous revendiquons des facilités pour les germanophones dans l’enseignement supérieur de la Province de Liège, mais aussi que les Francophones vivant en Communauté germanophone puissent suivre l’enseignement en français dans les infrastructures scolaires existantes.
    • Les employeurs n’ont pas à imposer des exigences linguistiques s’ils ne mettent pas la main au portefeuille. Il faut rémunérer le bilinguisme, voire le plurilinguisme, dans l’entreprise par des hausses de salaire. Si les employeurs veulent du personnel bilingue ou plurilingue, ils doivent organiser à leurs frais des cours de langue pendant les heures de travail. Les pouvoirs publics doivent organiser des cours de langue gratuits pour les chômeurs qui le souhaitent et leur accorder un salaire d’étude qui couvre le surcroît de dépenses (transport, crêche,…) que ces cours entraînent.
    • A Bruxelles, il faut mettre en oeuvre, en concertation étroite avec les habitants, un programme d’ampleur de construction de logements sociaux et de rénovation urbaine pour donner la possibilité à tous ceux qui le souhaitent de continuer à habiter dans la Région.
    • Pas de scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, pas d’élargissement des limites de Bruxelles sans garantie d’accès au travail et aux services pour tous dans sa propre langue.
    • Pour mettre en oeuvre un tel programme, il faudra dégager beaucoup plus de moyens, ce qu’aucun parti n’est prêt à faire ni d’un côté ni de l’autre. Lutter pour plus de moyens, cela signifie s’en prendre aux bénéfices de l’élite pour augmenter les salaires, les dépenses sociales, l’offre de services publics et, en fin de compte, nationaliser les secteurs clés de l’économie pour que toutes les richesses reviennent entre les mains de ceux qui les ont produites.
    • Pour y arriver, les travailleurs et leurs familles doivent construire leur propre parti, soucieux des intérêts de tous les travailleurs, indépendant de la classe dominante qui se livre au petit jeu de diviser pour mieux régner et en rupture avec tous ces partis montés sur leurs ergots communautaires.
  • Leterme suscite de nouveaux remous communautaires

    Question nationale

    Yves Leterme voulait se faire remarquer et il a réussi. Ses propos dans Libération ont fait couler des litres d’encre dans tous les journaux. Les préparatifs de la réforme de l’Etat ont bel et bien commencé.

    Anja Deschoemacker

    Selon Leterme (président du CD&V et de la région flamande), les francophones n’ont pas les capacités intellectuelles pour apprendre le néerlandais, mais aussi que ne subsistent de la Belgique que le roi, la bière et le football. De plus, il a menacé les francophones d’abolir les mécanismes qui les protègent comme la parité linguistique au sein du gouvernement fédéral et la procédure de la sonnette d’alarme s’ils remettaient en cause la frontière linguistique. Di Rupo a surenchéri en mettant sur la table les mécanismes de protection des Flamands de Bruxelles et en revendiquant l’alternance linguistique du poste de Premier Ministre.

    Chacun sait ainsi à qui il doit s’en prendre: à l’autre communauté. Est-ce le cas? Mais avant d’aller plus loin: les francophones refusent-ils d’apprendre le néerlandais?

    Les faits sont les suivants. A Bruxelles, les enfants néerlandophones sont une minorité dans l’enseignement maternel et secondaire. Un quart des jeunes scolarisés vont dans une école néerlandophone. Du côté francophone, quelque 150 écoles primaires et secondaires donnent une partie des cours dans une autre langue que le français. 4 le font en allemand, 29 en anglais et… 115 en néerlandais ! En dépit de sondages qui révèlent qu’une majorité de Bruxellois souhaitent un enseignement bilingue, les politiciens bruxellois flamands s’y opposent. En Flandre, l’enseignement en immersion est interdit et la connaissance du français recule dans la jeunesse. La réduction des moyens pour l’enseignement n’y est pas étrangère.

    L’attitude des travailleurs et de leurs familles envers les langues dépend étroitement des exigences du marché du travail. D’après le président de la FEB Jean-Claude Daoust: "L’unilinguisme se paye cash sur le marché du travail. On ne lit même pas les CV des candidats unilingues". C’est ainsi que la grande majorité des Bruxellois flamands se sont francisés dans le passé.

    De même aujourd’hui, le taux élevé du chômage en Wallonie et à Bruxelles (avec une grande majorité de chômeurs francophones unilingues) donne lieu à un redoublement d’efforts pour devenir bilingue. Le succès des chèques-langues en témoigne.

    Questions/réponses

    Les écarts économiques entre la Flandre et la Wallonie doivent-ils mener à la scission de la Belgique?

    La Belgique existe depuis près de 200 ans. Pourtant, elle a toujours connu de grandes disparités régionales. Depuis le début du 20e siècle, des voix pour plus d’autonomie régionale se sont exprimées des deux côtés. Seules les deux guerres ont donné lieu à l’expression d’un fort nationalisme belge. Mais il n’y a eu à aucun moment dans l’histoire, ni en Flandre ni en Wallonie, une situation où une majorité de la population s’est prononcée pour la séparation. La plupart des mouvements nationalistes s’en sont toujours tenus à un programme de réformes dans le cadre belge. La bourgeoisie préfèrerait certes un espace linguistique homogène qui est plus propice au développement économique, mais elle préfère encore davantage les grands ensembles cohérents à l’émiettement territorial.

    De plus, une scission de la Belgique pourrait donner lieu à un effet domino que les bourgeoisies européennes, c’est le moins qu’on puisse dire, ne souhaitent pas. Et que faire de Bruxelles qui sera revendiquée par la Flandre comme par la Wallonie?

    L’unanimité politique flamande reflète-t-elle un fort nationalisme flamand et une volonté de régionalisation accrue parmi la population flamande?

    C’est l’impression que l’on a lorsqu’on écoute n’importe quel politicien flamand. Mais alors, comment expliquer que les "sans opinion" l’emportent dans les sondages sur la scission de BHV réalisés en Flandre? Tout comme en Wallonie d’ailleurs. La Flandre et la Wallonie convergent en effet dans le peu d’intérêt que semblent porter leurs populations à la politique communautaire. Dans les sondages sur les dossiers prioritaires à l’approche des élections, ce sont des thèmes comme l’emploi, les soins de santé, la sécurité,… qui sont cités. On ne trouve jamais dans le top 10 " plus de compétences pour les régions et/ou les communautés ", pas plus en Flandre qu’en Wallonie ou à Bruxelles. Dans un sondage réalisé au plus fort de la crise autour de BHV, 84% des Flamands et 92% des Wallons prônaient le maintien de la Belgique.

    Qui dit quoi?

    • En mars 1999, tous les députés du Parlement flamand (sauf ceux du Vlaams Blok) ont voté les résolutions suivantes: maîtrise totale par la Flandre des soins de santé, de la politique des familles, de la coopération au développement, des télécommunications, de la recherche scientifique et technologique ; autonomie fiscale et financière accrue ; autonomie constitutive illimitée; transfert de l’exploitation et de l’infrastructure ferroviaires; solidarité objective et transparente avec les autres entités fédérées ; homogénéité des paquets de compétences en matière de police et de justice. Leterme fait d’une percée dans ce qui précède, avec la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, un préalable à l’entrée du CD&V dans un gouvernement fédéral; Vande Lanotte fait de la régionalisation du marché du travail un préalable à la participation du SP.a.
    • Le front francophone est jusqu’ici un front défensif. La plupart des politiciens francophones opposent à la revendication de scission de BHV celle du maintien et de l’ancrage des facilités, voire l’extension des limites de la Région de Bruxelles-Capitale.
    • Les politiciens bruxellois refusent d’être le dindon de la farce. Ils revendiquent surtout plus d’argent pour Bruxelles.
    • Il ressort de plusieurs enquêtes que les petits patrons flamands, regroupés au sein du Voka et d’Unizo, se prononcent en grande majorité pour la régionalisation du marché du travail.
    • La FEB en revanche, qui représente les grandes entreprises, se prononce contre la régionalisation du marché du travail. Pour Jean-Claude Daoust (De Standaard 1/9): "Chez Unizo, il s’agit surtout de petites entreprises dont le terrain d’action est souvent très local, circonscrit à la Flandre (…). Elles ignorent les entraves à la libre entreprise que pose une double ou une triple législation".
    • La FGTB et la CSC se sont prononcées contre une extension de la régionalisation. Le président de la CSC, Luc Cortebeeck, a dit dans Le Soir (11/9) que la régionalisation du marché du travail n’apporterait rien aux travailleurs flamands et causerait des dégâts au tissu socio-économique.
  • Tirlemont: 200 manifestants contre la violence raciste

    Le 2 septembre, environ 200 personnes manifestaient à Tirlemont à la suite d’une nouvelle attaque raciste contre un tzigane, Peter Danyi. D’origine slovaque, il avait été attaqué par une bande de skinheads néo-nazis.

    Ken Von der Crone

    La manifestation avait été organisée dans de très brefs délais tant la colère était grande après l’agression, mais elle a été d’une ampleur relativement grande pour une petite ville comme Tirlemont.

    Après la manifestation, les orateurs clamaient qu’il faut également s’opposer au climat raciste renforcé par la politique anti-sociale. La politique locale de la coalition CD&V-VLD et la propagande du Vlaams Belang ont une grande responsabilité dans la violence. Le maire Eddy Poffé (VLD) a fait plusieurs remarques négatives sur la communauté gitane à Tirlemont et a essayé de minimaliser la violence. Les tziganes, discriminés dans leur propre pays, sont aussi en Belgique victimes du racisme.

    Le MAS/LSP n’a pas une attitude moraliste envers le racisme, mais veut combattre ses racines en s’opposant à la politique antisociale qui sème misère et division.

    Le MAS/LSP était présent à la manif pour défendre la nécessité d’une alternative politique.

  • Francorchamps: Un puits sans fond(s)

    Selon l’ancien député permanent Joseph Moxhet (PS), plus de 25 millions d’euros auraient été engloutis ces dernières années pour le circuit de Spa-Francorchamps!

    Nicolas Croes

    "Au terme d’une carrière de quarante ans, je n’ai jamais vu un tel pillage des fonds publics. Les problèmes de la Carolo ne sont que du ‘pipi de chat’ à côté du tonneau des Danaïdes qu’est devenu le circuit depuis un peu plus de deux ans", déclare-t-il.

    De plus, Jean-Marie Happart reste président de l’Intercommunale, lui qui, en excellent gestionnaire, avait signé avec Bernie Ecclestone un contrat qu’il n’avait pas lu… parce qu’il ne comprenait pas l’anglais!

    Par ailleurs, et sans que l’on soit certain qu’un prochain grand prix de F1 se déroule bien en 2007 sur ce circuit, 19 millions d’euros supplémentaires devraient être investis pour améliorer le site…

    Que voilà une bonne utilisation de l’argent de la collectivité!

  • "Des soulèvements sociaux enflamment le Mexique"

    "Des soulèvements sociaux enflamment le Mexique". Ceci était le titre de la Une du Wall Street Journal pour le week-end du 1-3 septembre. Le vendredi 6 octobre 2006, El País, le quotidien espagnol, comportait un article d’Ignacio Sotelo sous le titre, "Mexique : une situation pré-révolutionnaire". Ces articles révèlent la véritable étendue des batailles et luttes qui se déroulent en ce moment au Mexique, suite à un trucage des élections présidentielles de juin, qui a mené au pouvoir Felipe Calderón, le candidat de l’aile droite conservatrice, le PAN (Partido Acción Nacional – Parti Action Nationale).

    Tony Saunois

    Depuis lors, le centre-ville de Mexico City reste bloqué par un campement de dizaines de milliers de partisans de López Obrador, le candidat radical et populiste du PRD (Partido Revolucionario Democratico – Parti Révolutionnaire Démocratique).

    Bien qu’il soit prématuré de décrire le Mexique, sur une échelle nationale, comme étant arrivé à un stade pré-révolutionnaire classique tel qu’il est compris par les marxistes, des éléments pouvant mener à cette phase commencent à se développer, et un soulèvement social massif se déroule.

    Le dernier rassemblement de masse a été l’assemblée populaire à laquelle on estime qu’un demi-million de personnes étaient présentes, le 16 septembre 2006, jour de la Fête d’Indépendance. Cette assemblée élut Obrador "président" d’un gouvernement parallèle dont le but est d’organiser une campagne de masse de "protestation citoyenne" qui devra empêcher Calderón d’être intronisé à la présidence du pays le 1er décembre, et combattre les tentatives du gouvernement de mettre en oeuvre son agenda néolibéral.

    Cette campagne a été accompagnée par des batailles massives de la classe salariée, des paysans et d’autres, durant toute cette année. Ces événements historiques ouvrent un nouveau chapitre dans l’histoire des luttes des masses mexicaines. Avec la grande tradition révolutionnaire mexicaine, qui prend sa source dans la période de 1910-20, la classe dirigeante du Mexique et la junte autour de Bush ont de quoi être terrifiés de la manière dont va se dérouler la suite des événements. En tant que seul pays "néocolonial" à partager une frontière avec une grande puissance impérialiste, il ne fait aucun doute que ces soulèvements auront des répercussions massives, pas seulement au Mexique et en Amérique Latine, mais aussi aux USA, avec leur forte population hispanique et mexicaine. Depuis la révolution de 1910-20, le Mexique s’est transformé et a maintenant une classe salariée puissante et bien éduquée, avec 55% de la main d’oeuvre employée dans le secteur des services. La population mexicaine a explosé de 15 millions en 1910, aux 100 millions actuels. En 1910, 29% des gens vivaient dans les villes, alors que ce chiffre s’élève maintenant à 75%. Cependant, l’histoire de la révolution mexicaine est bien implantée dans la conscience des masses.

    Comme le disait le Wall Street Journal (01/09/06): "L’âpre bataille qui se déroule juste après les élections a révélé une facette du Mexique, que beaucoup assumaient ne plus se trouver que dans les livres d’histoire." Le même article comparait la situation actuelle, avec la période qui s’est ouverte en 1913 après l’assassinat du président Francisco Madero, "la période que les Mexicains appellent maintenant leur ‘révolution’". Enrique Krauze, un historien mexicain proéminent, et adversaire d’Obrador, avertit que "Il ne doit faire aucun doute que M. López Obrador représente une menace révolutionnaire. Ceci n’est pas une blague. J’espère qu’il n’y parviendra pas, et que la démocratie aura le dessus. Mais néanmoins, il est important que tout le monde réalise bien ce qui est en jeu." (WSJ, 01/09/06)

    Toutefois, plutôt que López Obrador, la menace réelle vient de la puissance de la masse des salariés, paysans, étudiants, et autres exploités du capitalisme qui le soutiennent. Car, tout en dénonçant la corruption, la pauvreté et l’inefficacité, son programme radical est limité à une application au sein du système capitaliste, avec pour objectif de "faire le nettoyage" et de construire une forme plus "humaine" de capitalisme.

    Ce que craint la classe dirigeante, et à juste titre, en ce qui concerne la montée au pouvroir d’Obrador, est qu’une telle victoire ouvre grand la porte à des mouvements massif de grèves et d’occupations d’usines, afin d’exiger du gouvernement qu’il dirigera, d’aller bien plus loin que ce que lui-même avait l’intention de faire au début. Il est clair que le nouveau gouvernement de Calderón, s’il est capable de s’asseoir sur sa chaise de président, n’aura ni crédibilité, ni autorité. Des luttes massives sont imminentes, et beaucoup ont déjà lieu.

    Même avant les élections présidentielles, des milliers de mineurs à Lázaro Cárdenas, dans l’état du Michoacán, ont été impliqués dans une rude grève qui a vu des conflits avec la police, et au cours de laquelle deux mineurs ont perdu la vie.

    Les métallurgistes ont aussi connu un mouvement de grève de 141 jours, qui a fermé le port, qui a impliqué des batailles rangées entre policiers et grévistes, et l’incendie de deux des bureaux de leur entreprise. Les métallos n’ont pas seulement gagné chacune de leurs revendications, mais ils sont aussi parvenus à forcer l’enterprise à les dédommager de leur salaire pour chaque jour de grève.

    Le Mexique a une classe salariée puissante et fortement syndiquée, avec 10 millions de syndicalistes. La plupart sont dans les syndicats officiels liés à l’ancien régime du PRI (Partido Revolucionario Instituciónal – Parti Révolutionnaire Institutionnel) qui a dirigé le Mexique pendant plus de 70 ans sous un système de plus en plus corrompu et répressif, et qui incluait dans son économie un très fort secteur de corporation d’Etat.

    Arrivé au pouvoir en 2000, le PAN néolibéral agit en faveur du capitalisme et de l’impérialisme. Il est maintenant impatient de pouvoir mettre la main sur le pétrole, l’électricité, l’eau et les autres services publics – qui appartiennent tous à l’Etat – pour pouvoir les revendre. Même les dirigeants corrompus des syndicats officiels sont maintenant obligés d’agir, sous pression de leurs membres, mais aussi pour défendre leurs propres intérêts.

    400 000 travailleurs de la sécurité sociale menacent de partir en grève dès la mi-novembre. Le dirigeant du syndicat est un partisan d’Obrador. Maintenant, la direction des travailleurs de l’électricité à Mexico City menace aussi de partir en grève contre les investissements privés, et soutient Obrador. Lors d’un rassemblement de masse, Fernado Amezcua, un haut dirigeant syndical, a déclaré que "Nous ne permettrons pas le pillage de nos ressources nationales". Sous l’ancien régime du PRI, la direction syndicale collaborait à la politique en tenant leur base à carreau, en échange de concessions de la part du secteur d’Etat. Mais maintenant, avec ces menaces, des luttes majeures de la classe salariées sont en cours d’éruption.

    D’énormes concessions (pour le monde néocolonial) ont été remportées par la classe salariée mexicaine, et que la classe dirigeante aimerait remettre en cause. Les investisseurs impérialistes veulent réformer le Code du Travail, introduit dans les années 30 (sous le régime radical-populiste de Cardenas – qui avait nationalisé l’industrie pétrolière, et accordé l’asile politique à Léon Trotsky). Ce Code assure que le plus haut salaire qui aurait été accordé par une entreprise à ses travailleurs, devient automatiquement le salaire de tous les travailleurs du même secteur ! Et cela, même, dans les entreprises où il n’y avait pas de représentation syndicale. Même Calderón n’ose pas encore attaquer cette partie du Code du Travail, de peur de provoquer une nouvelle explosion encore plus large.

    Pourtant, tous les analystes craignent que ce que seront les batailles à venir au Mexique, est ce que l’on peut déjà voir dans l’état d’Oaxaca, dans lequel une insurrection populaire est maintenant en cours. Ce qui a commencé par une grève militante des professeurs pour leurs salaires, s’est maintenant développé en une insurrection de masse, qui demande la démission du gouverneur de l’état, Ulises Ruis, membre du PRI.

    70 000 enseignants sont maintenant en grève dans cet état, depuis début mai, bloquant l’accès aux cours pour 1,3 millions d’étudiants. Pour toute cette période, l’état a été contraint de leur payer leur salaire plein. Ces professeurs ont une très forte tradition militante. Chaque année depuis les années 80, ils sont partis en grève en demandant une hausse de salaire supérieure à celle accordée par les négociations entre le gouvernement et la direction syndicale nationale. En général, après une manifestation à Mexico City, ils gagnaient quelques centaines de dollars de plus. Mais cette année, lorsque les négociations sont arrivées à leur terme, ils ont simplement demandé 100 millions de dollars, et ont entamé une grève. Le chef des enseignants d’Oaxaca, Enrique Rueda, a résumé l’attitude des professeurs en ces termes : "Nous avons appris à nous battre pour chaque chose que nous obtenons, parce que sinon, personne ne nous accorde aucune attention."

    Depuis trois mois, la capitale de l’état est assiégée. Les touristes ne vont plus visiter la petite cille coloniale. Le gouverneur se cache, et le congrès de l’état ne peut plus se rassembler qu’en secret dans un hôtel. L’Assemblée Populaire d’Oaxaca (APPO), formée pour soutenir les professeurs, est un organisme de coordination pour des centaines d’organisations sociales, syndicales, indigènes et politiques, qui a virtuellement pris à sa charge la gestion de la ville, y compris la sécurité. La police a disparu, et n’apparaît qu’en secret, pour tirer au hasard sur tous les activistes qu’ils croisent. Des groupes de jeunes, avec des bandanas pour recouvrir leur figure, parcourent la ville, et il y a des groupes de professeurs au coin des rues, dont bon nombre sont armés de machettes, et qui arrêtent tous ceux qu’ils jugent suspects.

    L’APPO a implémanté un couvre-feu dès 22h, et a interdit la prise de photos, à cause de la surveillance de la police. Les insurgents ont pris le contrôle de huit stations de radio privées pour diffuser leurs revendications et leurs appels à l’action, afin de coordiner le mouvement. Le gouverneur d’état a peur d’apparaître en public, les juges d’état se cachent dans leurs maisons : toute la ville est en pause. On voit donc ici des éléments de double pouvoir et de situation pré-révolutionnaire. Ceci signifie que la vieille machine d’Etat capitaliste n’est plus totalement contrôlée, et qu’une partie de ses fonctions ont été reprises par la classe salariée et ses partisans, mais que les travailleurs n’ont pas un contrôle total, et que la vieille machine d’Etat existe toujours, bien qu’affaiblie.

    Une telle situation ne peut continuer indéfiniment – et surtout pas si elle est isolée à un seule état. Le mouvement peut toujours s’essoufler, ou même être écrasé. Le gouvernement s’est abstenu d’intervenir brutalement jusqu’ici, de peur de provoquer une crise encore plus profonde. Toutefois, de telles mesures pourraient être tentées à un certain stade, de sorte à essayer d’intimider les masses sur le plan national, et de leur ôter toute envie de tenter ailleurs une telle rébellion. Alors que la revendication centrale du mouvement s’est centrée sur la démission du gouverneur, il est urgent que le mouvement à Oaxaca se répande et entreprenne toutes les démarches possibles afin de gagner le soutien des masses nationalement, ce qui inclut des manifestations et des grèves nationales, en solidarité avec les gens d’Oaxaca. Obrador a gardé ces distances vis-à-vis de ce mouvement, et a insisté pour que la lutte nationale se limite à "une protestation citoyenne et pacifique", ce qui est très révélateur. Pourtant, cette rébellion à Oaxaca n’est qu’un avant-goût des mouvements à venir au Mexique, au cours des prochains mois ou années.

    Tandis que se développe cette lutte au Mexique, la nécessité pour la classe salariée de développer ses propres organisations, parti et programme indépendants afin de renverser le capitalisme, devient de plus en plus pressante. Une tâche urgente, consiste à se battre pour la démocratisation des syndicats, qui sont toujours dirigés par une puissante bureaucratie antidémocratique sur des lignes corporatistes. Des élections démocratiques et libres pour la direction syndicale, et le contrôle démocratique des syndicats par la base, sont une étape urgente et cruciale.

    En même temps, une campagne pour une grève de 24h, nationale et générale, doit être lancée, en tant que premier pas pour empêcher l’intronisation de Calderón. Une campagne de désobéissance civile, comme celle qui est proposée par Obrador, n’est pas suffisante pour infliger une défaite aux gangsters corrompus qui ont volé les élections au peuple mexicain.

    Des comités de lutte démocratiquement élus doivent être établis dans tous les lieux de travail, universités et quartiers ouvriers, ouverts aux paysans et aux autres personnes opposées au système existant. De tels comités, dont les délégués doivent être élus, révocables et pleinement responsables devant des assemblées de masse, doivent être structurés à l’échelle des villes, des districts, des états, et du pays tout entier. De tels organes peuvent devenir une expression et une organisation réellement démocratique du mouvement, et former la base qui permettra de mener encore plus loin les luttes, d’une manière coordonnée.

    A partir de ce mouvement, une autre nécessité urgente se pose à la classe salariée, celle de construire son propre parti, un parti qui combattra pour ses intérêts, et qui développera un programme révolutionnaire et socialiste. Obrador a déclaré que le Mexique "a besoin d’une révolution". Toutefois, il s’imagine cette révolution se déroulant dans le cadre du capitalisme. Ce dont nous avons besoin, est une révolution qui brisera le corset étroit que voudrait lui imposer le capitalisme et le féodalisme au Mexique. Si ceci n’est pas réalisé, il ne sera pas possible de remplir les attentes des masses qui se sont ralliées à la campagne d’Obrador.

    Les luttes afin de prévenir Calderón d’être intronisé, et contre son gouvernement s’il devait quand même être formé, doivent faire partie de la lutte pour un gouvernement des salariés et des paysans avec un programme socialiste révolutionnaire. En liant ce mouvement à ceux qui se déroulent en Bolivie et au Venezuela, et à l’achèvement de la révolution socialiste dans ces pays et la mise en place d’une véritable démocratie ouvrière à Cuba, il sera possible d’établir une fédération socialiste démocratique de ces pays avec le Mexique. Le capitalisme et le féodalisme pourraient commencer à être défiés à travers toute l’Amérique Latine, et la porte vers le soutien des travailleurs et des pauvres aux USA, à s’ouvrir. C’est ce défi, qui se dresse maintenant devant les socialistes et les travailleurs au Mexique, tandis que la lutte deviendra de plus en plus aigüe dans les mois et années à venir.

  • Agfa Gevaert. 900 licenciements… et des heures sup’

    La direction d’Agfa Gevaert à Mortsel (près d’Anvers) a annoncé la suppression d’un millier d’emplois en Belgique: Agfa ne croit plus en la photographie analogique. Pourtant, les travailleurs se voient obligés d’effectuer des heures supplémentaires à cause du volume du travail.

    Geert Cool

    La direction avait déjà annoncé avant l’été son intention de faire un plan de restructuration avec la possibilité qu’un millier de travailleurs perdent leur emploi. La valeur des actions avait de suite augmenté. Fin août, ce plan de restructuration a été annoncé: 893 emplois liquidés à Mortsel. La valeur des actions a de nouveau augmenté de 9%.

    Agfa a tout de même obtenu de bons résultats. Au deuxième trimestre de 2006, son profit a augmenté de 42,6%. Le profit net dans cette période était de 28 millions d’euros, 11 millions de plus que prévu. Cela n’empêche pas la direction de vouloir économiser 225 millions d’euros par an.

    Début des années ’90, 8.500 travailleurs étaient employés à Agfa Gevaert. Après le nouveau plan de restructuration il n’en restera que 3.000. Agfa a été divisé en 3 sections: Graphics, Healthcare et Materials, dont l’une sera probablement liquidée en sous-traitance.

    La direction n’a pas encore expliqué comment organiser la production avec un quart du personnel en moins. Elle a simplement suggéré d’utiliser des intérimaires ou des étudiants dans la production…

    La direction affirme qu’il n’y aura pas de licenciements directs mais il n’est pas possible pour les 893 travailleurs de partir en prépension. Ce sera un test pour l’application du Pacte des Générations.

    Contre ce Pacte des Générations, les travailleurs de Agfa Gevaert avaient fait grève les 7 et 28 octobre. Pour l’instant, il n’y a pas encore de grève. Dans le cadre de la loi-Renault, une période de consultation et d’information avec les syndicats est prévue qui, au vu des 57 plans de restructuration, peut durer quelques mois.

    Les syndicats peuvent utiliser cette période pour préparer la lutte et construire un rapport de force dans l’entreprise et le secteur chimique. Comme l’explique Bruno Verlaeckt, secrétaire régional de la Centrale Générale d’Anvers: "Nous restons convaincus que supprimer un emploi sur quatre dans la chaîne de production n’est pas tenable. Le nombre de travailleurs doit y être maintenu. Il est inacceptable d’organiser la flexibilité en supprimant des emplois et en engageant des intérimaires."

    La demande des syndicats d’organiser une conférence sur l’emploi dans tout le secteur chimique à Anvers a été refusée par les patrons, mais elle peut être utilisée pour créer un front des travailleurs du secteur.

  • Elections communales. 2962 votes pour le MAS/LSP

    • Anvers: 0,33% (948 votes)
    • Gand: 0,44% (682 votes)
    • Liège: 0,37% (380 votes)
    • Mons: 0,4% (214 votes)
    • St Gilles: 1,0% (175 votes)
    • Malines: 0,33% (170 votes)
    • Wavre: 0,8% (156 votes)
    • Ixelles: 0,4% (138 votes)
    • Schaerbeek: 0,1% (71 votes)
    • Keerbergen: 0,44% (38 votes)
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