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  • Droit d’Inscription Complémentaire. De l’argent en plus de la poche des étudiants

    Les droits d’inscription complémentaires et les droits administratifs complémentaires sont, contrairement à ce que leurs noms indiquent, une somme que les étudiants, dans les hautes écoles, doivent payer en plus de leur minerval officiel.

    Laure Miège

    Ce prix comprend les frais administratifs, complémentaires, le droit d’inscription aux examens… bref toute une série de coûts abusifs s’ajoutant à ceux de l’inscription. Ces « taxes »faites à l’étudiant ont amené la polémique de par leur illégalité et les abus qu’elles entraînaient. C’est pourquoi cette chère ministre Simonet a décidé de lancer un décret légalisant ces DIC en les plafonnant au prix des minervals universitaires, plutôt que de les interdire définitivement et de combler le manque financier par les subsides sociaux réclamés lors des dernières luttes des étudiants et du personnel des Hautes Ecoles.

    Il faut savoir aussi que les subsides donné aux Hautes écoles sont un quart moindre que ceux réservés aux universités. Cette mesure implique en fait que ce sont les étudiants qui doivent une fois de plus payer de leur poche les manques budgétaires volés à l’enseignement. Ainsi, nous pourront d’ores et déjà voir apparaître un enseignement à 2 vitesses avec certaines Hautes écoles qui exigeront un minerval du même acabit que celui demandé (et qui augmente chaque année) dans les universités, et d’autres qui se limiteront au minerval minimum de 165 euros, avec inévitablement de bien plus mauvaises conditions d’études.

    Les étudiants doivent continuer de lutter pour leurs droits et contre la marchandisation de l’enseignement. Aujourd’hui, nous ne pouvons que constater que les partis traditionnels sont sourds aux demandes et aux besoins des étudiants comme des travailleurs. Ils ne servent aujourd’hui que les intérêts de la bourgeoisie en sacrifiant pour cela les services publiques et tous les acquis sociaux de la population pour lesquels les générations précédentes de jeunes et de travailleurs se sont battues.

    C’est pourquoi EGA soutient la création d’un nouveau parti défendant les travailleurs et des jeunes dans lequel chacun pourra s’organiser pour lutter.

  • Thailande. Un coup d’état suite à l’impasse politique. L’armée supprime les droits démocratiques.

    Ce 19 septembre, la Thailande a été le théâtre d’un autre coup d’état. Ceci est le 17ème coup d’état depuis que la « monarchie constitutionnelle » a été établie en 1932. Ce coup d’état, mené par Sonthi Bunyaratglin, commandant en chef des forces armées, a expulsé le premier ministre Thaksin Sinawatra, un magnat des télécoms milliardaire. Depuis 2001, avec son gouvernement du parti « Thai Rak Thai » (TRT – « les Thaïs aiment les Thaïs »), Thaksin Sinawatra a remporté deux écrasantes victoires électorales, avant de devoir faire face cette année à des manifestations de rue contre la corruption. Il est largement entendu que le roi Bhumibol a donné le feu vert à l’armée quant à la mise sur pied de ce coup d’état. Les forces armées, avec le soutien du roi, misaient sur l’hostilité générale envers Thaksin, en particulier sur celle de la population urbaine de Bangkok, afin d’obtenir une victoire rapide, remportée sans devoir tirer le moindre coup de feu ni verser la moindre goutte de sang. Ce coup d’état avait pour but, selon ses chefs, de mettre un terme à plus d’un an d’impasse politique.

    Dossier par Ravie Chandren

    La chute de Thaksin

    Thaksin est arrivé au pouvoir en 2001, en utilisant à son avantage l’impact de l’agenda de « restructuration » demandé par le FMI lors de la crise de l’économie asiatique en 1997. Il gagna un soutien significatif, surtout dans les zones rurales, pour son programme populiste vis-à-vis des fermiers et des pauvres, avec par exemple des promesses de soins de santé bon marché. En même temps, il utilisa des mesures protectionnistes pour servir ses propres intérêts économiques. Ses cinq ans au pouvoir furent caractérisés par son administration de style « PDG ». A cause des pressions économiques au niveau mondial, Thaksin recourut à une politique néo-libérale, comprenant des privatisations de services publics (par exemple, l’électricité). Il introduisit des accords de libre échange pour faciliter les investissements étrangers.

    Ces mesures furent à la source de désaccords importants avec des hommes d’affaires locaux, et d’autres plus petits commerçants et industriels, ainsi que d’une certaine colère de la population urbaine, lorsque l’inflation atteignit son plus haut niveau en 6 ans. La population urbaine était également outragée par le contrôle que Thaksin exerçait sur les médias et par sa négligence des droits démocratiques, par ses incessantes tentatives de remplir les institutions avec ses propres hommes, par sa « guerre contre les trafiquants de drogue » (qui lui servait d’excuse pour commettre des meurtres illégaux), et par les moyens de répression brutaux qu’il employa contre une insurrection organisée par les musulmans au Sud, et qui intensifia les émeutes séparatistes.

    La goutte qui fit déborder le vase, fut la vente de toutes les parts que la famille de Thaksin détenait dans Sin Corp., le géant des télécommunications, à Tamasek Holdings, une société singapourienne, pour une valeur de 1,88 milliards de dollars, réalisant ainsi la plus grosse vente de toute l’histoire de Thaïlande. Pas un centime de taxe n’en fut prélevé. Cette opération donna naissance à des manifestations de milliers de personnes dans les rues de Bangkok, en février et mars de cette année, comprenant les classes moyennes, des groupes de citoyens, d’étudiants, d’intellectuels, les partis d’opposition et les églises, ainsi que des travailleurs. Pendant ce temps, Thaksin se reposait sur son soutien populaire à la campagne, où habite 60% de la population, utilisant à son avantage les divisions entre campagne et ville, élaborant des stratégies de « diviser pour régner » afin de remporter les élections.

    Cependant, les tensions entre Thaksin et les partis d’opposition atteignirent un sommet lors des derniers mois. Thaksin tenta de calmer les manifestations à Bangkok, en improvisant des élections le 2 avril de cette année. Les partis d’opposition boycottèrent le scrutin, de sorte qu’il fut impossible de former un nouveau parlement sur base des maigres résultats. Par conséquent, Thaksin promit de démissionner dès qu’un nouveau cabinet aurait été mis sur pied. On pense que cette décision lui fut conseillée par le roi Bhumibol, afin de mettre un terme à l’impasse politique. Mais la crise ne se résolut pas, ce qui poussa le roi à demander aux juges du pays de « mettre de l’ordre » dans le pays.

    La cour constitutionnelle annula rapidement les élections d’avril, puis la cour criminelle emprisonna trois des commissaires qui avaient organisé les élections. Les nouveaux commissaires avaient été choisis un peu plus tôt ce mois-ci. Il semblait que la Thaïlande se dirigeait vers de nouvelles élections, peut-être dès le mois de novembre, et auxquelles les partis d’opposition auraient pris part. Mais la crise politique n’aurait pas été terminée, même après ces élections de novembre, puisqu’il était largement attendu que le parti de Thaksin (le TRT) allait remporter les élections, grâce à son important soutien rural. Et donc, même si Thaksin avait démissionné de son poste de premier ministre, comme il avait suggéré de le faire, il aurait continué de contrôler le gouvernement à travers le TRT.

    Au même moment, des couches entières de l’élite dirigeante ressentaient un profond malaise vis-à-vis des conséquences politiques et économiques que causerait une confrontation prolongée entre Thaksin et ses opposants politiques : plus longtemps durerait ce conflit, plus grand allait en être l’impact sur les prix des actions, sur l’inflation et sur les investissements. Des couches encore plus larges de la population étaient aussi prêtes à donner de la voix si l’économie continuait à se détériorer.

    Une autre cause du coup d’état semble avoir été les manœuvres de Thaksin contre des officiers âgés, dont le Général Sonthi, qui était critique envers le premier ministre. Des rapports indiquent que pendant le mois de juillet, cent officiers de rang moyen qui étaient loyaux à Thaksin, furent écartés des postes-clés à Bangkok. Récemment, Thaksin avait projeté de placer deux de ses partisans à des endroits stratégiques, pour contrôler la sécurité de la capitale.

    Depuis le coup d’état de cette semaine, les généraux de l’armée ont insisté sur le fait que Thaksin, qui se trouve pour l’instant à Londres, est libre de rentrer au pays, et même de participer aux prochaines élections. Pendant ce temps, Reuters a mentionné deux juges et l’ancien dirigeant de la banque centrale comme membres attendus du nouveau comité de six experts qui aurait pour mission d’enquêter sur les affaires financières de Thaksin, de sa femme, de ses autres parents, et de ses collègues politiques. Divers accusations ont été formulées contre lui auprès des tribunaux et, maintenant qu’il a quitté le pouvoir, d’autres semblent devoir bientôt suivre.

    Le roi et l’armée

    La Thaïlande, le seul pays d’Asie du Sud-Est à n’avoir jamais été colonisé par une puissance européenne, était une monarchie absolue pendant presque quatre siècles, jusqu’en 1932, lorsqu’un coup d’état pacifique limita les pouvoirs du roi. Cependant, le roi reste extrêmement révéré et influent, de par la constitution. C’est par son implication dans le coup d’état militaire que le gouvernement Thaksin a vu son terme. Pendant presque les deux tiers du siècle dernier, la direction du pays a été dominée par les forces armées, avec toute une succession de dictateurs militaires.

    Le lendemain du coup d’état, la junte militaire qui a pris le pouvoir, composée de six hommes, est apparue devant les medias du monde entier, insistant qu’ils n’avaient aucune intention de s’accrocher au pouvoir. Ils ont promis de passer le pouvoir dans deux semaines, après qu’ils aient sélectionné l’administration civile qui devra diriger le pays pour une année. Les généraux ont aussi insisté sur le fait que ce nouveau cabinet devrait constituer un comité à charge d’écrire une nouvelle constitution, qui serait soumise à un référendum avant que des élections n’aient lieu.

    Bien que le pays ait déjà eu 15 constitutions différentes depuis 1932, de nombreux politiciens et académiciens thaïs semblent convaincus qu’une nouvelle réécriture sera un grand succès. Le magazine The Economist a écrit : « Lorsque la dernière constitution a été rédigée, en 1997, elle fut largement perçue comme porteuse d’un équilibre certain. D’un côté, elle fournissait à la Thaïlande des partis politiques et un pouvoir exécutif plus forts – ce dont elle avait besoin, avec son histoire faite de différentes administrations aussi faibles qu’éphémères ; d’un autre côté, elle introduisait de nouveaux équilibres et contrepoids, tels que la cour constitutionnelle, et un important organe anti-corruption. Malgré cela, on reproche maintenant à la constitution de 1997 d’avoir permis à M. Thaksin de dominer les institutions étatiques, et d’abuser de son pouvoir de premier ministre. Différentes propositions de réformes – telles que des restrictions aux changements d’allégeance politique – ont été rédigées ; bien qu’il semble peu probable qu’elles puissent réaliser les miracles qui sont attendus d’elles, même si elles devaient être promulguées. »

    La junte militaire, qui s’est donnée le nom de « Conseil pour la Réforme Démocratique », répète que son but est de sauver la démocratie thaï de la « corruption galopante » du gouvernement Thaksin, de mettre un terme à ses interventions au sein des institutions du pays, supposées « indépendantes », et de réparer les divisions profondes que Thaksin a ouvertes parmi les Thaïs. Néanmoins, lorsque nous examinons le passé (pas si lointain que ça) de la Thaïlande, il est clair que les solutions ne sont pas à aller chercher du côté des chefs militaires qui prennent le pouvoir.

    Cette semaine, après que l’armée ait pris le contrôle à Bangkok et dans les zones environnantes, la première action des généraux a été d’interdire toutes les manifestations et les rassemblements de plus de 5 personnes. Le nouveau régime a ensuite interdit tous les meetings et autres activités qui auraient pu être organisés par des partis politiques. Ces mesures répressives ont été conçues pour tenter d’empêcher toute tentative de contre-coup d’état de la part des partisans de Thaksin au sein de l’armée, et d’empêcher les mouvements de protestations parmi la population rurale, chez qui Thaksin est très populaire. En prenant les pouvoirs législatifs jeudi 21 septembre, les militaires ont interdit tout compte-rendu médiatique jugé « négatif », ont renforcé les restrictions vis-à-vis des partis politiques existants (mais n’ont donné aucune indication quant à la durée de ce blocus), et ont interdit la formation de nouveaux partis politiques.

    Il semblerait que le commandant en chef de l’armée, Sonthi Boonyaratglin, officiellement intronisé ce vendredi 22 septembre en tant que chef de la nouvelle junte militaire, ne correspond pas au profil habituel des anciens putschistes. Les généraux de police ou d’armée qui ont dirigé la Thaïlande précédemment étaient en général des personnages arrogants et égoïstes – des descriptions qui, jusqu’ici, ne peuvent s’appliquer à Sonthi. « Lors de mes conversations avec le général Sonthi, je l’ai trouvé honnête, modeste, poli et professionnel », a déclaré Surin Pitsuwan, un ancien ministre des affaires étrangères thaï, et le chef du « Parti Démocrate ». Sonthi va tenter d’utiliser son image « modérée » pour assurer à la fois à la population thaïe et aux groupes de la finance internationale que sous son règne la vie sera paisible et prospère. Mais, si la situation économique et politique devait ne pas se redresser, ou empirer, le commandant en chef Sonthi Bunyaratglin et sa junte peuvent toujours prendre des mesures plus sévères contre l’opposition populaire.

    Les meneurs du coup d’état vont probablement assigner un premier ministre par intérim, capable de rassurer la « communauté financière » nationale et multinationale. Le message qu’ils cherchent à faire passer est que l’économie thaïe, si dépendante de ses exportations, se trouve entre de « bonnes mains ». La spéculation autour de qui sera appointé aux postes gouvernementaux cruciaux pointe en direction Supachai Panitchpakdi, l’ancien chef de l’OMC, et de l’ancien directeur de la Banque Centrale, Pridiyathom Devakula. De toutes façons, qui que soit le prochain premier ministre, tout le monde s’attend à ce que ce soit la junte militaire, accompagnée du roi, qui dirige la politique des cabinets par intérim.

    Les conglomérats de la finance et des multinationales qui, depuis 2001, ont beaucoup bénéficié de la politique néolibérale du premier ministre Thaksin, applaudiraient aussi à ce coup d’état, s’il aidait à résoudre la longue crise politique débilitante qui a frappé la croissance économique. Les économistes disent qu’ils ne s’attendent guère à un gros impact sur l’économie thaïe, pourvu que la situation politique du pays demeure calme et que le pays s’achemine rapidement vers un régime civil. Somjai Phagaphasvivat, professeur en sciences politiques à l’université Thammasat, à Bangkok, a dit que « Je ne prévois pas beaucoup d’impact sur l’économie globale, qui, ironiquement, aurait pu encore plus se dégrader si Thaksin était resté au pouvoir. Jusqu’à présent, elle a été affaiblie par une société sérieusement divisée, et par la crise politique de cette année… Le redressement ou l’effondrement de l’économie dépendra de la manière dont les meneurs de ce coup d’état vont la diriger, et de la manière dont ils tiendront leur promesse d’organiser rapidement des élections correctes. »

    Bien que les grandes puissances occidentales, comme les USA et le Royaume-Uni, ont exprimé leur « considération » quant à la fin de la démocratie en Thaïlande, il n’y a eu aucune condamnation sérieuse du coup d’état. Ces puissances sont plutôt satisfaites de voir la démocratie supprimée, et l’arrivée au pouvoir des généraux, si cela est dans l’intérêt général des grosses entreprises et de l’impérialisme, et si cela permet de faire taire les mouvements de protestation populaires. Qu’en est-il de l’idée des « révolutions démocratiques », que Bush et les autres leaders occidentaux ont proclamée partout au Moyen-Orient et dans le monde néocolonial ?!

    Les partis d’opposition thaïs, la population urbaine et les groupes de « citoyenneté » qui ont mené les manifestations au cours des derniers mois, ont bien acclamé l’intervention de l’armée. Ils pensent que l’action des généraux peut mettre un terme à l’incertitude politique qui avait été amenée par le régime Thaksin. Les directions de ces organisations n’ont pas un programme pour en finir avec les crises économiques et politiques. Ceci signifierait la fin du système de profit.

    Les populations rurales et urbaines

    A de nombreuses reprises, l’histoire de la Thaïlande a démontré qu’à chaque fois qu’il y a une intense crise politique ou économique, la classe dirigeante utilise soit la monarchie, soit l’armée, ou, quand elle le peut, le système parlementaire, comme outil pour briser la révolte populaire et façonner l’Etat en faveur des besoins de la classe capitaliste. Le coup d’état militaire de cette semaine a été mené à des fins similaires. L’intervention de l’armée a été conçue pour mettre un terme à un an de troubles politiques, qui ont affectés l’industrie et l’économie toute entière, en particulier à Bangkok, qui se trouve être le pivot de l’économie thaïe.

    Sous le règne militaire, il pourra y a voir quelques réformes pour apaiser des couches de la population, tels que les pauvres à la campagne. Mais aucune réforme ne peut être durable dans le système de profit, qu’elles soient établies par des gouvernements civils ou par des dirigeants militaires. Le capitalisme est incapable de satisfaire les besoins fondamentaux des travailleurs et des paysans. La classe ouvrière thaïe et les paysans pauvres vont devoir faire face à encore plus d’incertitudes et d’attaques sur leur mode de vie au cours des prochaines années, ce qui mènera à une nouvelle instabilité politique, qui déclenchera de nouvelles luttes de masse.

    Lors des deux précédentes émeutes de masse en Thaïlande, il y avait des illusions envers la soi-disant « bourgeoisie progressive » (la classe capitaliste), surtout parmi les classes moyennes, les étudiants et les paysans, qui espéraient gagner des droits démocratiques par des luttes contre le régime militaire. Le 14 octobre 1973, une manifestation menée par des étudiants renversa une dictature militaire et amena une courte période de régime démocratique. Cette période dura jusqu’en 1976, lorsque des forces militaires de droite réprimèrent violemment le mouvement étudiant. En mai 1992, un autre dictateur militaire, Suchinda Kraprayoon, a été chassé par des citoyens thaïs. Ils étaient en colère contre ses mesures anti-démocratiques. Mais Suchinda Kraprayoon fut remplacé par un gouvernement de droite qui fut incapable de résoudre les problèmes économiques et sociaux qui se posaient au peuple thaï.

    Ces événements montrent que les travailleurs et paysans thaïs peuvent avoir des illusions dans les ailes soi-disant « démocratiques » ou « progressives » de la classe capitaliste. Toutes les différentes sections de la classe dirigeante et des partis politiques agissent d’abord au profit des grosses entreprises, et cela inclut la suppression des droits démocratiques s’ils entrent en contradiction avec leurs intérêts de classe.

    Cette année, al crise politique a révélé les différents agendas des organisations qui constituent l’opposition, qui inclut les partis politiques, les étudiants, les ONG (organisations non-gouvernementales), les syndicats et d’autres, tous unis sous « l’Alliance Populaire pour la Démocratie » (APD). Ils resserrèrent les rangs après que Thaksin ait été accusé d’abuser de son pouvoir, et en particulier, de s’enrichir soi-même grâce à une grosse opération financière dans le secteur des télécommunications. Mais les forces qui composent l’APD différèrent au sujet de ce qu’il fallait faire de Thaksin et de son parti, de la nature des réformes constitutionnelles, et des négociations de « libre échange » avec les Etats-Unis.

    Les partis d’opposition de droite, tels que le Parti Démocrate, qui a organisé des attaques sur les paysans et les travailleurs lorsqu’il était au gouvernement, se concentre maintenant essentiellement sur le démantèlement du parti de Thaksin. La demande d’une « réforme constitutionnelle » émanant du Parti Démocrate n’est qu’une rhétorique politique pour tenter d’élargir son soutien électoral. Les syndicats, les « groupes de pression », et les organisations d’étudiants veulent plus de changements fondamentaux, exigeant la fin des privatisations et des autres attaques néolibérales sur les travailleurs. Mais cela n’est pas à l’agenda des directions de l’APD et du Parti Démocrate.

    La plupart des partis politiques et des organisations de masse misent publiquement sur le roi, espérant qu’il calmera la situation, et qu’il veillera à l’amélioration de la vie pour les Thaïs. Mais l’histoire des nombreux coups d’état en Thaïlande montre que le roi a toujours donné son soutien à partir des coulisses aux juntes militaires comme le régime Sonthi. Cela montre bien que la monarchie aide les magnats de l’industrie tels que Thaksin à monter au pouvoir. Le roi légitimise les coups d’état et les régimes anti-travailleurs et anti-paysans.

    Le problème des rébellions des musulmans, et des demandes séparatistes – une cause d’instabilité majeure en Thaïlande – ne peut être résolu sur base du capitalisme. Seule, l’action de la classe salariée, par la lutte pour ses droits démocratiques, pour les réformes sociales et économiques, et pour le socialisme, peut gagner de véritables droits pour cette communauté opprimée.

    Les expériences passées de luttes de masse en Thaïlande ont clairement prouvé que, en dépit de leur héroïsme et de leur sacrifice, ni les paysans, ni les étudiants, ni la classe moyennes, à cause de leur caractère très hétérogène, ne peuvent mener la bataille pour la mise à bas du capitalisme. En ce moment, il semble que la population rurale (surtout composée de paysans), qui constitue la majorité de la population en Thaïlande, penche vers un soutien à des meneurs tels que Thaksin.

    La classe salariée est la seule classe capable de prendre la direction jusqu’à la chute du capitalisme, et capable de tirer à elle le soutien des pauvres des campagnes, des étudiants et des classes moyennes, ainsi que celui des pauvres musulmans du Sud. Afin d’accomplir cette tâche, il est crucial de commencer la construction d’un parti des travailleurs. Un tel parti, avec un soutien massif, sur base d’un programme socialiste, donnerait assez de confiance à la classe salariée pour qu’elle prenne la direction des luttes d’opposition.

    Pour un parti des travailleurs et des paysans, il est nécessaire de lier les revendications pour des droits démocratiques et des réformes économiques et sociales, au besoin de bâtir un Etat ouvrier. Une Thaïlande socialiste gagnerait le soutien des travailleurs à travers toute l’Asie du Sud-Est, et le monde entier.

    Le CIO demande :

    • Opposition totale au coup d’état militaire
    • Non au règne des généraux, non au règne des politiciens millionnaires et corrompus
    • Non à la suppression des droits démocratiques, et à la mainmise étatique sur les médias
    • Pour une lutte de masse afin de remporter des droits démocratiques complets, y compris le droit aux travailleurs de s’organiser, de manifester et de faire grève
    • Pour des organisations paysannes et des syndicats indépendants, combatifs, et démocratiques
    • Des droits syndicaux pour les soldats – afin de gagner le soutien des soldats pauvres pour les luttes des travailleurs
    • Pour la construction d’un parti de masse, des salariés et des paysans
    • Pour une lutte unie des travailleurs et des paysans, afin de renverser l’armée et son gouvernement fantoche
    • Pour une Assemblée Constituante honnête et représentative
    • Abolir la monarchie
    • Pour un gouvernement à majorité ouvrière et paysanne
    • Des droits égaux pour toutes les minorités ethniques, y compris les populations musulmanes
    • Non à la politique néolibérale de privatisation et de dérégulation
    • Nationaliser les grosses entreprises, les secteurs-clé de l’industrie, les grands holdings privés et les banques
    • Pour une économie planifiée destinée à fournir à tous les travailleurs et paysans leurs besoins de base, sous le contrôle et la gestion démocratique de comités élus à partir des ouvriers et des paysans
    • Pour une Thaïlande socialiste et membre d’une fédération socialiste d’Asie du Sud-Est
  • Combien de "dimanches noirs" sont encore à venir?

    > Combattre le racisme avec une politique sociale

    > Seul un nouveau parti des travailleurs peut affaiblir le soutien à l’extrême-droite

    A la rédaction de cet article, les résultats des élections communales ne sont pas encore connus. Malgré les manœuvres techniques contre le FN, il est clair que le soutien pour des partis comme le FN ou le Vlaams Belang en Flandre et à Bruxelles augmente. Leurs scores provoqueront certainement un nouveau "dimanche noir".

    Emiel Nachtegael

    Blood&Honour Le danger des néo-nazis

    Dans le passé, le MAS et notre campagne antifasciste Blokbuster du côté flamand ont, à plusieurs reprises, averti du danger des groupes néo-nazis comme Blood&Honour. Déjà en 2004 nous avons publié une photo de Thomas Boutens de Blood&Honour, qui, dans la caserne de Leopoldsburg utilisait des armes (voir photo). Boutens est maintenant arrêté par la police après une recherche qui a mené à l’arrestation de 17 néo-nazis flamands notamment pour possession d’armes illégales.

    Beaucoup de jeunes et de travailleurs veulent s’opposer activement au racisme et à l’extrême-droite. La question est: comment s’y opposer ?

    Jusqu’ici, 2006 a été l’année de la croissance de la violence raciste. Après des années d’une politique néolibérale, la pauvreté n’a cessé d’augmenter. Une couche grandissante de la population n’a plus de liens ou de responsabilités envers cette société. Ce qui entraîne une diminution du seuil de violence, notamment raciste, perpétuée quelquefois par des groupes organisés comme Blood&Honour.

    Dans la lutte contre le racisme et l’extrême-droite, le MAS s’oppose à l’idée que les électeurs de l’extrême-droite sont responsables. Après l’attentat raciste à Anvers le 11 mai, des politiciens comme Karel De Gucht (VLD) disaient que les électeurs du Vlaams Belang étaient coresponsables de cet acte qui avait causé deux décès et un blessé après qu’un jeune fasciste ait tiré sur des immigrés dans le centre-ville.

    Incontestablement, le Vlaams Belang a ses responsabilités dans la croissance de la violence raciste du côté flamand. Mais il n’est pas seul: c’est la politique anti-sociale des partis traditionnels qui renforce le soutien à l’extrême-droite et les divisions entre Belges et immigrés. Le manque de logements sociaux, par exemple, renforce la polémique sur la question de l’accès au logement social.

    La résistance à la politique néolibérale manque d’instruments. L’extrême-droite, sans une grande base active de militants, peut se présenter comme "alternative" ou de toute façon comme "différente". Mais de quelle façon l’extrême-droite est-elle différente ? Dans les actions contre le Pacte des Générations, l’extrême-droite était absente. Au Parlement, le VB s’est abstenu lors du vote du Pacte des Générations parce qu’il ne le trouvait pas assez offenssif.

    Après le 8 octobre il est possible que dans quelques petites villes ou villages, le Vlaams Belang puisse entrer dans des coalitions. Il ne suffira pas de se plaindre ou de le reprocher aux électeurs du VB. Il nous faudra une résistance active contre la politique répressive et antisociale qui sera menée par le VB.

    Le MAS s’oppose à la politique néolibérale amenant pauvreté, chômage et misère pour la majorité de la population. L’extrême-droite n’a pas de solutions pour les victimes de ce système. Au contraire, elle se limite à la criminalisation des immigrés, ou des francophones en ce qui concerne le VB, pour ne pas s’opposer aux vrais responsables des problèmes: les patrons.

    Nous allons protester avec nos campagnes anti-fascistes, Résistance Internationale (RI) et Blokbuster, contre toute possibilité de participation au pouvoir du Vlaams Belang. Début décembre nous allons aussi manifester contre les étudiants du VB à Anvers.

    Lors de ces actions, nous aborderons la discussion sur la nécessité d’une alternative politique en réponse à la croissance du soutien à l’extrême-droite. Les néo-fascistes du NPD, en Allemagne, ont pu gagner des parlementaires à Mecklenburg-Vorpommern, mais pas à Berlin où le WASG a gagné 3% aux élections. En Suède le parti d’extrême-droite SD (Sverige-demokraterna) a gagné aux élections communales, mais pas à Haninge (Stockholm) où notre organisation-sœur suédoise a gagné deux conseillers communaux. Cela démontre l’utilité d’une opposition de gauche crédible.

    Contre le racisme et d’autres réponses individuelles, il nous faut des solutions collectives pour rediviser la richesse et non plus propager la pauvreté. Aidez-nous à construire une alternative politique pour assurer qu’il n’y ait plus jamais de dimanches noirs.

  • Le trafic international de déchets tue

    COTE D’IVOIRE

    Six personnes décédées officiellement – mais officieusement il y en aurait 75 – et des milliers d’autres intoxiquées, tel est le résultat d’une pollution causée par le déversement de déchets extrêmement toxiques à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire.

    Marie Francart

    Dans la nuit du 19 au 20 août, un navire russe, le Probo Koala, battant pavillon panaméen (de complaisance évidemment) et affrété par une société immatriculée en Espagne, arrive au port d’Abidjan. Officiellement, sa cargaison est composée de 528 m3 d’eux usées contenant des hydrocarbures. En réalité, il s’agit de sulfure d’hydrogène, un produit très toxique et dangereux. Pourtant, à peine arrivés en terre africaine, ces produits sont transportés et ensuite déversés – en toute légalité – dans sept décharges d’Abidjan par une société locale.

    Quelques heures à peine après les déversements, une odeur nauséabonde d’œuf pourri se répand et les riverains sont victimes de violents malaises : maux de tête, diarrhées aigues, problèmes gastriques et difficultés respiratoires. Les centres hospitaliers se retrouvent rapidement débordés par l’afflux des malades et impuissants face au mal puisque, pendant longtemps, ils sont privés d’information quant à la nature exacte de la pollution.

    Qui sont les vrais responsables ?

    Les responsables en amont sont évidemment en premier lieu les patrons de la société multinationale Trafigura, qui a affrété le Probo Koala. Ils prétendent que les déchets sont des résidus issus du nettoyage de cuves de bateau. Pourtant, lorsque, quelques jours auparavant, alors que le navire était amarré en port d’Amsterdam, des tests avaient révélé la présence de produits toxiques inhabituels, qu’il aurait fallu stocker puis traiter à Rotterdam – ce qui allait coûter la somme de 285 000 dollars – la société a préféré « ignorer » le problème et envoyer le navire poursuivre sa route pour finalement aboutir à Abidjan où il a vidangé ses résidus. Actuellement, la société continue de réfuter toute responsabilité, arguant qu’Abidjan est un des ports les mieux équipés d’Afrique de l’Ouest. Or les responsables de Trafigura ne sont pas naïfs, le seul but de cet acte criminel était de s’épargner un maximum d’argent par rapport à ce que le traitement des résidus dans un pays européen leur aurait coûté.

    Mais les patrons de Trafigura ne sont pas les seuls à tremper dans cette eau sale. Les autorités ivoiriennes semblent elles aussi, mouillées jusqu’au cou dans cette affaire. D’ailleurs pas un seul Abidjanais ne doute que les ministres et responsables portuaires ont touché des pots-de-vin au passage, au mépris de la santé des habitants.

    En effet, le 16 août, alors que, le Ministre des Transports reçoit un courrier l’informant de l’arrivée de la cargaison et de la nécessité de traiter les résidus comme des « eaux chimiques », il donne l’autorisation pour le transport des produits dans des camions citernes pour des « eaux usées ». Le lendemain, les autorités ivoiriennes font savoir à la population qu’un traitement chimique sera effectué sur la ville pour désinsectiser (tuer les moustiques) et qu’il ne faudra pas s’inquiéter des mauvaises odeurs !!! Quelle hypocrisie ! Puis, dans la nuit du 19 au 20 août, les chauffeurs des camions-citernes commencent leur travail de transfert et de déversement, escortés par des agents de forces de sécurité. La suite, on la connaît …

    Mobilisation populaire et boucs émissaires

    L’ampleur du drame (le nombre de gens gravement malades) a amené la population à se mobiliser. Elle a commencé à organiser des séances d’information d’abord et des manifestations pacifiques ensuite, au nom du « droit à la vie ». La principale revendication de ces manifs est que les responsables soient publiquement désignés. Mais que peut-on attendre des représentants politiques dans un pays déchiré par la guerre civile depuis quatre ans et où les milices armées du pouvoir ont mis la population au pas ? Finalement, face à cette crise, le gouvernement de transition a démissionné. Mais alors à qui la population peut-elle s’adresser ?

    Il y a bien eu sept arrestations de responsables, deux dirigeants de Trafigura et des patrons d’entreprises travaillant sur le port d’Abidjan. Mais à part ces responsables-là, ce sont surtout les chauffeurs de camions qui ont transporté les produits toxiques qui sont stigmatisés et présentés comme les ennemis publics numéro un. A la télévision et à la radio, des avis de recherche, donnant les numéros d’immatriculation des camions passent d’ailleurs en boucle, invitant la population à venir témoigner à la police. Bien sûr, ces travailleurs ont fait un sale travail et se sentent coupables, mais comme le témoigne l’un d’eux : « On n’a pas pensé un instant que le produit n’était pas bon : tout s’est passé en plein jour, sous le contrôle des corps de police. Cela n’avait rien de clandestin. Si on avait su ce qu’on transportait, jamais on ne l’aurait fait. »

    L’affaire du Probo Koala n’est malheureusement pas un cas isolé. Chaque année, 4 ou 5 cas comparables de déversements (ou de tentatives de déversements) sont signalés. Selon les données collectées par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, la quantité de déchets dangereux exportés est passée de 2 millions de tonnes en 1993 à 8,5 millions de tonnes en 2001. Le trafic illicite de déchets rapporte des milliards de dollars. Et ce n’est pas non plus pas un hasard si les déversements ont lieu surtout dans des pays d’Afrique et de l’ex-Union Soviétique – là où les règles de sécurité sont minimales et la corruption maximale – au mépris de la santé de la population. La mondialisation du commerce a produit la mondialisation du trafic des déchets et celle-ci non plus ne fait pas de cadeaux aux plus faibles.

  • FN: Même pas capable de présenter des listes sous son sigle!

    Ces dernières élections, c’est sous le sigle FRONT-NAT. que le FN s’est présenté en Wallonie. Pour quelle raison? Le parti de Daniel Féret a oublié de satisfaire aux conditions d’utilisation du sigle "FN"…

    Par Stéphane Ramquet

    Une des listes des quatre partis traditionnels placée dans cette situation aurait-elle eu le même problème? On peut en douter. Il est clair que ce point technique de règlement a été utilisé afin de museler le Front National. Nous n’allons évidemment pas plaindre ce parti raciste et sexiste qui n’est finalement victime que de son incompétence (démesurée), mais cette tactique de bloquer le FN à coup de décrets et d’entourloupes est-elle une bonne solution pour lutter contre le racisme et le fascisme?

    Non. Mais c’est par contre la seule tactique que le PS, le MR, le CDH et Ecolo peuvent utiliser, car une véritable lutte contre l’extrême-droite et ses causes serait une lutte contre la politique que ces partis appliquent eux-même! C’est la politique anti-sociale, cause de misère et d’exclusion, qui crée le terreau propice à la croissance de l’extrême-droite!

    Seules restent donc à la portée des partis traditionnels les techniques institutionnelles et les campagnes moralistes pour contenir le FN. La perpétuelle croissance du vote FN nous en démontre l’inefficacité… De plus, cette méthode permet au Front National de se poser en victime, comme à son habitude, en accusant "l’Inquisition Etatique". Mais pour utiliser pleinement cet argument, il faudrait que le FN soit un vrai parti.

    Car le FN est une coquille vide sans section locale active, et comptant extrêmement peu de militants. Signe de "vitalité" de ce parti qui rassemble pourtant autant de soutien électoral, il n’a déposé "que" 13 listes en Wallonie, chaque fois avec très peu de candidats (5 à Liège, par exemple). La seule "bonne idée" qu’a eu Daniel Féret, et jusqu’à présent garante de sa position de leader, est d’avoir en 1985 prit légalement possession du sigle FN. C’est en fait Jean-Marie Le Pen qui fait la promotion de son clone belge dégénéré.

    Ces derniers déboires, ajoutés aux diverses condamnations et procès qui attendent Daniel Féret, notamment pour la gestion frauduleuse de l’argent de son parti, semblent le mettre sur un siège éjectable. Il sera difficile de mettre à sa place quelqu’un d’aussi bête et incapable, et sans alternative crédible face à l’establishment, le FN pourrait se développer bien plus encore.

  • Il est plus qu'urgent de faire entendre une opposition de gauche!

    La campagne électorale a souffert d’une absence quasi-totale de débat politique. Les affiches et les slogans étaient creux, tout comme la plupart des programmes. Laurette Onkelinx (PS) a fait campagne à Schaerbeek avec pour seul slogan « Passionnément Schaerbeekoise » (alors qu’elle fait construire une maison à Lasne, la commune la plus riche de Wallonie !). Le bourgmestre Bernard Clerfayt (MR) lui a donné la réplique en y allant d’un « Ensemble, continuons le changement ». Nombre de candidats ne se sont même pas donné cette peine en diffusant un tract ou une affiche où ne figuraient que leur photo et leur nom.

    Bart Vandersteene

    Ils font pourtant mieux que le bourgmestre d’Anvers Patrick Janssens qui avait pour seul slogan « Patrick ». Pour Ecolo, « Les idées sont contagieuses ». A défaut d’idées, c’est l’absence d’idées qui semble contagieuse puisque même le PTB s’est fendu d’un « Mieux vaut une mauvaise affiche qu’un mauvais programme » (à Gand).

    A Schaerbeek, Laurette Onkelinx s’en est prise au bourgmestre comme si elle était dans l’opposition alors que le PS est dans la majorité communale. En Wallonie, la nouvelle loi électorale – qui assure le poste de bourgmestre au candidat qui aura reçu le plus de voix sur la principale liste de la nouvelle majorité – a déplacé la concurrence entre les candidats au sein même de chaque parti.

    Bon nombre de Belges citent la politique du logement et l’accès à des logements abordables comme le principal problème et aussi comme le problème où la politique a le plus failli. La hausse des prix du logement fait peser une lourde hypothèque – c’est le mot ! – sur le niveau de vie et le bien-être de toute une génération. Mais là où il y a des perdants, il y a aussi des gagnants : un cercle fermé de gros propriétaires, de spéculateurs, de sociétés immobilières et d’entreprises de construction, sans oublier les banques, qui ont accumulé des fortunes sur le dos des travailleurs, des locataires et des acheteurs. Ce petit groupe a largement tiré profit de la politique néolibérale aux niveaux communal, régional et national. Nous avons besoin d’une autre politique qui prenne en compte les 95% restants de la population.

    Un journaliste m’a un jour demandé lors d’une interview ce que je ferais en premier si j’étais élu bourgmestre de Gand. Je ne pouvais citer qu’un seul thème. J’ai répondu sans ambage : tout faire pour réaliser le plein emploi à Gand. Même si la commune ne dispose pas des principaux leviers pour veiller au plein emploi, une majorité communale réellement socialiste pourrait déjà faire beaucoup : répartir le travail au sein des services communaux, créer des services supplémentaires et donc des emplois, imposer aux entreprises des mesures de répartition du travail. Seuls des socialistes anticapitalistes sont en mesure de faire de tels choix.

    Les élections communales ont surtout rendu manifeste le manque d’une alternative politique claire. Elles seront vite suivies d’élections législatives. Jamais le besoin d’une opposition de gauche n’a été aussi criant. Donc votez pour le MAS le 8 octobre, venez tous à Bruxelles le 28 octobre et puis dans la rue, dans les entreprises et dans les écoles pour y construire une autre politique !

  • STIB. Grève suite à des nouvelles agressions

    Dans deux précédents articles, nous évoquions l’augmentation des agressions physiques sur les conducteurs de la Société des Transports Intercommunaux Bruxellois. Ce matin 25 septembre, suite à de nouvelles agressions qui ont lieu ce week-end, les chauffeurs de tramway de plusieurs dépôts (Forest, Molenbeek, Ixelles, Schaerbeek) ont une nouvelle fois voulu exprimer leur ras-le-bol en cessant spontanément le travail. Interview d’un délégué CGSP du dépôt d’Ixelles.

    propos recueillis par Cédric Gérôme

    Peux-tu expliquer les raisons du mouvement de grogne des chauffeurs ?

    Il y a eu pas mal d’agressions physiques sur des conducteurs de la STIB ces derniers temps. Nous constatons que ce phénomène est en constante augmentation. Quelques réunions se sont tenues avec la direction, mais il n’y a aucune amélioration sur le terrain.

    Il y a clairement un manque structurel d’effectifs pour la sécurité, dont les chauffeurs sont évidemment les premiers à payer les frais. Quand un agent est agressé et qu’il fait un appel radio, la BCO (le service de sécurité de la STIB, ndlr) arrive souvent trop tard (parfois une demi-heure après les faits) ou ne vient même pas du tout.

    En plus du manque d’effectifs, il y a un manque de coordination qui rend ce service inefficace et peu à même de répondre au problème en temps voulu.

    Avant, la BCO disposait de plus de moyens et de plus de personnel. Mais depuis quelques temps, elle doit opérer avec des moyens réduits, et il y a donc un relâchement manifeste : avec une ou deux équipes, ils doivent couvrir tout Bruxelles ! Du coup, souvent, les chauffeurs préfèrent appeler les copains (les autres chauffeurs, ndlr) pour faire face aux problèmes plutôt que d’appeler la BCO.

    Les mesures d’économie ont donc pour résultat direct une augmentation de l’insécurité et une surcharge de travail, tant pour les chauffeurs que pour les agents de la BCO. Nous avons donc besoin de plus de personnel.

    Comment se positionnent les syndicats par rapport aux récents incidents, ainsi que par rapport au mouvement de grève d’aujourd’hui ?

    Là, on touche le fond du problème. Les directions syndicales nous laissent dans la merde et refusent de prendre leurs responsabilités. Jusqu’à présent, la grève déclenchée ce matin n’a pas été reconnue, et n’est donc pas couverte. Par conséquent, beaucoup de conducteurs ont peur de faire grève.

    Cela explique pourquoi il n’y a pas de piquet, pas de mots d’ordre, et pourquoi de nombreuses lignes continuent à rouler normalement. Il n’y a aucun répondant de la part des permanents, ils ne veulent pas se bouger. Je suis allé voir mon permanent tout à l’heure, qui m’a répondu que nous serions indemnisés seulement dans le cas où « un mouvement de masse se forme » !

    Quelles solutions entrevois-tu à la crise ?

    Satisfaire notre principale revendication, implicitement ou explicitement exprimée par tous les chauffeurs, des trams comme des bus : nous avons besoin de plus de moyens et de plus d’effectifs !

    Avant, il y avait systématiquement au moins 2 agents dans chaque véhicule ; aujourd’hui, les conducteurs sont submergés de travail et doivent assurer, en plus de leur boulot de chauffeur, celui d’agent de police et de contrôle des passagers. Cela ne peut plus durer.

  • Sexisme et publicité font bon ménage au Ministère des Finances

    On connaissait depuis longtemps le cynisme dont sont capables les publicitaires. La pub n’est pas connue pour s’adresser à notre intelligence. Ce sont plutôt nos pulsions, nos instincts, notre inconscient qui sont la cible des campagnes de pub. Depuis quelques années, on assiste à une recrudescence des pubs à caractère plus ou moins réactionnaire. Le sexisme, notamment, et c’est connu, est omniprésent dans la publicité: il semblerait que l’on ne puisse vanter un produit que si une fille (nue de préférence) y est associée. La femme-objet est la vache à lait des créateurs des agences de pub.

    Article de Simon Hupkens

    Dans ce domaine, les services publics avaient jusqu’ici fait preuve d’un peu de retenue, voire même d’un peu d’engagement. On se rappellera par exemple de la campagne de pub des administrations régionales wallonnes en faveur de la diversité dans leurs services. Mais le contre-exemple existe, superbe démonstration que les discriminations ne sont pas l’apanage des entreprises privées.

    Il s’agit d’une publicité vous invitant à souscrire des bons d’Etat. L’administration des finances y reprend un vieux refrain: les bons d’Etat sont un placement sûr, sans mauvaise surprise. C’est garanti: c’est le meilleur placement.

    Pour illustrer ce thème, on vous présente la femme idéale: elle est jolie et souriante. Jusqu’ici, ce n’est ni pire ni meilleur que n’importe quelle campagne de pub. Mais regardez son t-shirt: Cette fille se vend elle-même et elle présente des garanties.

    « Elle est cadre ». Cela signifie qu’elle a une bonne situation et que c’est une femme énergique. Ce n’est pas la bobonne vieux-jeu qui reste au foyer. (Ceci dit, après sa journée de boulot elle ira sans doute s’occuper des enfants et de la cuisine).

    « Elle ne met pas tout son argent dans ses chaussures ». Parce que, en général, les femmes sont de fichues dépensières ! Elles sont tout le temps en train de dépenser des sous dans des choses futiles comme les vêtements ou les chaussures. Le publicitaire reprend ici une des idées les plus poussiéreuses de l’arsenal réactionnaire sexiste: les femmes sont frivoles. Elles ne savent pas gérer leur argent. Et souvent, il vaut mieux ne pas leur donner de responsabilité. Mais la demoiselle sur la photo, elle, est une perle rare.

    Attendez, le meilleur arrive:

    « Elle se tait quand son mec regarde le foot ». D’abord parce qu’il ne vient pas à l’esprit du publicitaire qu’elle puisse aimer ça et s’enthousiasmer pour un match. Et surtout parce qu’elle sait qui est le chef. Et quand son mec dit qu’elle doit le laisser tranquille quand il regarde la télé, elle s’exécute. La boucle est bouclée. On est de retour à la bonne vieille époque où le chef de famille était toujours au masculin. L’époque de la femme qui doit obéissance. Voir ça après un siècle de lutte en faveur des droits des femmes, c’est affligeant, et cela démontre une fois de plus qu’il y a encore fort à faire.

    Qui est responsable de cette obscénité?

    C’est le service fédéral des finances, l’administration du trésor, c’est à dire notre bon ministre Didier Reynders (MR). On va m’accuser de faire ici un procès d’intention mais quand on sait que ce monsieur est un catholique bon teint, on peut le soupçonner de ne voir aucun inconvénient à cette campagne de pub. Admettons qu’il ait laissé passer ça sans se rendre compte du caractère insultant de ce dépliant pour toutes les femmes du monde. Je tiens le pari qu’il ne s’en excusera même pas si on vient attirer son attention là-dessus. Un vrai ministre ne s’excuse qu’auprès des patrons.

    Luttes des femmes:

    Pour en savoir plus:

  • S’il y a moins de lettres, d'autres types d’envois ont fait gonfler le volume postal!

    Modèle 9, Bulletin d’information et de discussion par et pour les postiers

    Régions

    Beauraing: le lundi 17 juillet, un facteur est décédé. Yves Smal n’a sans doute pas supporté la lourde charge de travail consécutive à un service de 10,5(!) heures d’après un communiqué de presse de Jean-Marie Flamey, secrétaire intersectoriel CGSP de Namur. La charge de travail: chaque jour, il devait distribuer les journaux jusqu’à 7h30 avec un véhicule de La Poste, ensuite il devait organiser sa tournée jusqu’à 9h30 pour finir à 13h (en théorie). En réalité, il était encore à la tâche à 14h25 lorsqu’il est mort officiellement d’une maladie “inconnue”. (Le Soir Namur-Luxembourg 28/07/06)

    Louvain: Georoute 2 y est implanté le 18/9, soit 3 semaines avant les élections! Le bureau passe de 87 à 80 tournées! (Het Laatste Nieuws 07/09/06). Encore un exemple de décision éclairée à La Poste…

    A Bruges, les facteurs ont cessé le travail la semaine du 4 septembre à cause de la charge de travail. Des intérimaires vont distribuer les imprimés électoraux… (un militant du MAS-LSP)

    Chers postiers,

    Depuis la parution du dernier Modèle 9, de nouveaux changements sont intervenus dans les bureaux. Géoroute 2 devrait être arrivé dans les bureaux distributeurs, parfois flanqué de nouvelles têtes à la direction suite à Refocus! Est-ce que la situation s’est améliorée depuis lors? Vous en jugerez vous-mêmes. Rappelons-nous qu’ils justifiaient l’introduction de Géoroute 1&2 par la soi-disant diminution du volume de courrier. Le journal De Tijd du 18/01/2006 confirme ce que nous écrivions dans le dernier Modèle 9, à savoir que le volume de courrier n’a pas diminué ces deux dernières années. C’est en contradiction avec la commande des ENA (envois non adressés) avant l’introduction de Géoroute 2 dans les bureaux distributeurs. Est-ce que c’est une attitude correcte de la part de la direction et de Johnny Thys?

    La Gazet van Antwerpen du 24/08/06 a fait le même constat. Nous citons : « l’entreprise a vu son chiffre d’affaires croître de 5%, soit 1 milliard 122 millions d’euros. Les bénéfices ont crû de 3%, soit 83 millions d’euros pour la première moitié de l’année ». Qu’est-ce que le personnel a reçu en échange? Plus de boîtes à servir, plus d’ENA, plus de kilos à transporter sur des tournées plus longues. Une fois de plus, on n’a pas tenu compte des intérêts du personnel et des clients. Depuis l’introduction de Géoroute 1&2, les clients ont vu trois facteurs différents se succéder dans un bref intervalle de temps. Donc plus question d’entretenir de bons rapports sociaux avec les clients. Est-ce que le facteur y trouve son compte? Est-ce que le client y trouve son compte? La dernière enquête menée par Test-Achat en juin 2006 prouve le contraire.

    S’il y a moins de lettres, d’autres types d’envois ont fait gonfler le volume postal. Il y a plus d’envois plastifiés, donc plus de volume et plus de poids. La direction veut encore en rajouter; elle accorde une réduction de 50% sur les imprimés électoraux pour les élections du 8 octobre… et Géoroute 3 montre déjà le bout du nez! Ce n’est certainement pas ce que veut le personnel. Seule une lutte unifiée de tous les postiers, soutenue et organisée par les syndicats, peut changer la situation. Les directions syndicales doivent assumer leurs responsabilités.

    Le Pacte des Générations et la dernière convention collective ont rendu plus difficile l’accès à la prépension et ce malgré le nombre de jeunes qui cherchent du boulot. Pendant les grèves et les manifestations en octobre de l’année passée, les travailleurs et leurs familles n’ont pu compter sur aucun relais politique. Et pas davantage sur le PS/SPa et le CDh/CD&V qui, comme les autres partis, mènent aussi une politique néo-libérale sur le dos des travailleurs. On a besoin d’un parti politique qui défende réellement les intérêts des travailleurs et qui les soutienne dans leurs luttes. Le samedi 28 octobre, une CONFERENCE pour Une Autre Politique aura lieu à l’ULB à Bruxelles. On y tentera, en collaboration avec le MAS-LSP (www.socialisme.be), de constituer un front de gauche vraiment large contre le démantèlement de nos acquis sociaux et la casse des services publics comme La Poste. Vous y êtes tous les bienvenus !

  • STIB. Nous ne sommes pas des “Punching-Balls” !

    Tract "La Planchette"

    Le 28 août 2006, un conducteur de Delta a été sauvagement agressé. Cette situation de violence est récurrente (plus de cent agressions verbales ou physiques par an sur le personnel STIB). Pour le mois de juillet 2006, quatorze faits de violences verbales ou physiques sur le personnel ont été dénombrées :

    Patrouilleurs 5

    Omt 5

    Omc 3

    Mezzanine 1

    Le vase ayant débordé, les conducteurs n’ont pas pris le travail le lendemain, 29 août 2006. Diligent, un représentant de la direction écoute la base, rendez-vous est pris avec la direction générale, ce n’est pas rien! Le 30 août, des délégués permanents, des délégués syndicaux Bus et une délégation des chauffeurs (une première!) participent à une réunion avec la direction générale. Le personnel exprime librement ses difficultés, les desideratas sont écoutés. La Direction confirme son engagement sur les points suivants :

    1. Gestion des plaintes : Révision des lettres adressées à la clientèle , révision de la procédure de convocation, amélioration du processus de feedback. Complémentairement, il sera veillé à ce que les félicitations soient dûment actées et documentées.
    2. Les accompagnateurs : L’accompagnement sera ciblé sur les lignes et arrêts dits “sensibles” (minimum 12 etp.)
    3. Suivi de l’agent après incident ou agression : La procédure de débriefing doit continuer à être améliorée.
    4. Formation : “Comment gérer le stress et les conflits”. Des formations sont données à ce sujet depuis 2000. Dans le cadre de la formation continue, des rappels seront organisés tous les 3 à 5 ans.
    5. Consultation : La Direction Bus transmettra régulièrement à la Délégation Sûreté et Contrôle, toutes les suggestions utiles en provenance de ses collaborateurs. Une meilleure organisation sera mise en place de manière à faciliter la remontée des informations en provenance du terrain. Renforcement du rôle de l’encadrement de proximité.
    6. Amélioration de la coordination entre les services : La visibilité des différents types d’abonnements STIB sera sensiblement améliorée dans les meilleurs délais. Les accords entre les Directions “Bus” et “Süreté et Contrôle” sont en voie d’être finalisées. Celui relatif au contrôle des titres de transport (déjà signé) entre en vigueur dès le 1er septembre. Celui relatif aux missions d’intervention sera opérationnel dès le mois de novembre.
    7. Augmentation de l’effectif et révision du fonctionnement “Sûreté et contrôle” : Accord de principe pour une 4ème équipe d’intervention (environ 15 ETP en plus). Plus de contrôles ciblés (équipes réduites pour les autobus standard mais dédoublées). Equipement progressif de caméras dans tous les véhicules (programme 2006 à 2009). Equipement de GPS dans les véhicules d’intervention.
    8. Amélioration de la communication : Communication de sanctions à charge des clients dans les véhicules en cas d’agresion vis-à-vis des chauffeurs (droits et devoirs des voyageurs).
    9. Animation dans les écoles : Meilleure coordination par la Délégation générale à la communication des actions menées jusqu’à ce jour par 4 entités différentes de l’entreprise avec pour objectif essentiel de sensibiliser les jeunes sur un comportement civique et responsable dans les transports publics.
    10. Contacter les ministres responsables concernant la sécurité et la justice : Les organisations syndicales sont soutenues par la Direction dans les démarches qu’elles devront entreprendre auprès des instances compétentes, dans le but de les sensibiliser aux problèmes de sécurité que vivent quotidiennement les agents de la STIB.
    11. Actions dissuasives : Amendes administratives en cas d’incivilité, un projet d’ordonnace approuvé par le Gouvernement régional sera introduit à cet effet au Parlement Bruxellois pour permettre à nos agents assermentés d’imposer ce type d’amendes. Doublement de la peine en cas d’agression d’un agent de conduite (projet de loi qui doit encore être voté par le Sénat). Suggestion qui sera examinée : suppression définitive ou temporaire du droit à l’abonnement pour les clients coupables d’incivilités ou/et voies de fait. Nouveaux contacts de la direction avec les différents chefs de zone de police de manière à assurer des interventions plus rapides et plus efficaces.
    12. Une plainte avec constitution de partie civile a été déposée par la STIB contre l’agresseur présumé.

    Une évaluation de ces mesures sera faite en novembre 2006.

    Des accords de principes sont obtenus, mais bien en-deçà de ce qui est espéré. Beaucoup de points ne sont que des plats réchauffés, des mises au courant de finalisation d’accords. Si la responsabilité en matière de sécurité incombe à la direction générale, elle n’est pas seule en cause; en effet, les ministres concernés, via le budget, ont également une part de responsabilité.

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