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  • Quel virage au PTB?

    Lors de la séance de clôture de son 8e congrès, à la VUB le 2 mars dernier, le PTB a annoncé un virage spectaculaire. Quelques 1.300 militants ont participé à cette séance, sans compter les 200 invités, représentants d’Ecolo et de Groen, du SP.a, du PS, de diverses ambassades, des syndicats, de Chrétiens pour la Paix, du PC, de la LCR, etc. Le Mouvement pour une Alternative Socialiste / Linkse Socialistische Partij (MAS/LSP) n’a pas été invité. Nous devons par conséquent nous baser sur les comptes-rendus de la presse, sans pouvoir exclure que certains soient biaisés. Mais nous n’avons cependant relevé aucun démenti de la part du PTB.

    Si le but du PTB était de contribuer à la formation d’un nouveau parti large des travailleurs – une structure commune pour l’action et le débat dans laquelle serait la bienvenue toute personne qui veut combattre le néolibéralisme sans devoir pour autant renier ses spécificités propres – alors le MAS ne pourrait que l’acclamer. Nous défendons la construction d’un tel parti depuis des années, puisque cela renforcerait justement de façon considérable la position du mouvement ouvrier. Le MAS n’a d’ailleurs jamais pensé qu’il s’agissait d’un prétexte pour jeter son programme révolutionnaire par-dessus bord. Au contraire, nous sommes convaincus que l’expérience de lutte commune poussera de plus en plus de travailleurs et de jeunes à être réceptifs à un programme révolutionnaire et au courant qui le représente le mieux.

    Les comptes-rendus de la presse nous font supposer que ce n’est pas cela que le PTB envisage. Nous avons plutôt l’impression que le PTB est seulement prêt à considérer un parti plus « large » si cela se produit autour de lui-même. En échange, le PTB est prêt à jeter aux orties les aspects révolutionnaires et socialistes de son programme. C’est du moins de cette manière qu’il le présente vers l’extérieur, mais nous pensons qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Le MAS veut présenter une contre-proposition au PTB.

    Changement de cap au PTB?

    Ces dernières semaines, le PTB – connu notamment à travers « Médecine pour le Peuple » et les propositions du docteur Dirk Van Duppen autour des soins de santé – est apparu plusieurs fois dans les médias. Des interviews avec le nouveau président Peter Mertens et le cofondateur Kris Merckx ont pris place dans De Morgen et Peter Mertens a aussi expliqué le "renouveau " du parti dans l’émission TV flamande « Phara » et sur Radio 1. On a aussi pu lire un article plus fouillé dans l’hebdomadaire « Le Journal du Mardi », à côté d’une série d’articles dans les journaux francophones et flamands.

    Une partie au moins des médias considère que le « renouveau » de l’ancien TPO/Amada (« Tout le Pouvoir aux Ouvriers / Alle Macht Aan de Arbeiders ») est une information en soi. Pour ces observateurs, le PTB est un des derniers restes visibles des mouvements de lutte de mai ’68, très certainement au vu de l’extinction de son concurrent d’alors, la LRT (Ligue Révolutionnaire des Travailleurs, devenu ensuite le Parti Ouvrier Socialiste, puis actuellement la Ligue Communiste Révolutionnaire).

    En Belgique, le PTB reste pour le moment le plus gros représentant de ce qui est considéré comme la « gauche radicale ». Mais il est difficile de voir si le PTB se considère encore comme faisant partie de cette « gauche radicale » après sa «modernisation». Le nouveau président Peter Mertens se dit partisan d’une « révolution avec des idées », sans dire clairement ce que cela signifie pour les structures du capitalisme. La baisse du pouvoir d’achat, la pauvreté croissante, la flexibilité accrue, l’instabilité politique, la destruction de l’environnement… sont des conséquences directes de la chaotique économie de marché. Des déclarations du PTB sur son « renouveau », il n’est plus possible de distinguer si ce capitalisme doit être réformé ou s’il doit être renversé par un mouvement révolutionnaire. Cuba, la Chine, ou l’ex-URSS ne joueraient plus le rôle de modèles. Le PTB ne parle plus vers l’extérieur de la nécessité d’une société socialiste, mais seulement du besoin d’approfondir la démocratie, sans contenu de classe. Ainsi il présente, entre autres, des propositions détaillées pour adapter le fonctionnement des Nations-Unies et du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui sont pourtant des institutions mises en place pour défendre les intérêts des puissances impérialistes et du capitalisme.

    Selon Peter Mertens, le PTB défend une « société à la mesure des gens ». C’était le thème central d’une des interviews accordée à la radio. C’est malheureusement un discours creux que l’on a l’habitude d’entendre de la part des partis traditionnels. L’ancien CVP (équivalent néerlandophone du PSC, ancêtre du CDH) avait par exemple pris pour slogan électoral «Au milieu des gens» (« midden de mensen »).

    Discussion sur la stratégie, la tactique et le programme

    Le MAS a toujours été partisan de l’unité la plus large possible contre la politique néolibérale. C’est pour cette raison que nous avons activement participé en 2006 à une initiative d’élargissement comme le CAP. Nous pensons que des nouveaux mouvements de lutte pour le maintien de notre pouvoir d’achat, pour une sécurité sociale décente, contre des licenciements,… doivent inévitablement mener à un certain moment à la création d’un nouveau parti des travailleurs. Une telle formation large devrait être l’organisateur des luttes, mais aussi un forum pour le débat et pour l’échange d’expériences. Un parti large des travailleurs n’est viable que s’il fonctionne de manière complètement démocratique et si les particularités de toutes ses composantes – individus et courants – y sont respectées. Le MAS n’a jamais fui ce débat avec d’autres courants politiques. Sur base d’un échange constructif d’idées combiné avec les expériences des travailleurs dans la lutte de classes, une clarification politique peut se dégager quant au programme et aux méthodes qui sont nécessaires pour changer la société.

    Nous pensons que ce que l’on qualifie de virage du PTB pose une série de questions qui peuvent intéresser les travailleurs et les jeunes qui se radicalisent. Sur base de quel programme et de quelle approche les socialistes et les marxistes peuvent-ils aujourd’hui trouver une voie vers des couches plus larges de travailleurs? Quelles conclusions devons-nous tirer de la faillite du stalinisme et des systèmes totalitaires de parti unique dans l’ancien Bloc de l’Est et en Chine? Est-ce vrai qu’il n’y a plus de «modèle» dans la lutte pour une autre société? Ce qui se passe en Chine ou à Cuba ne nous concerne-t-il pas « parce que les conditions y sont tellement différentes »? Est-ce aussi là notre message aux travailleurs chinois, qui sont à nouveau victimes d’une exploitation capitaliste extrême?

    « Ils ont fauté. Eux, pas nous », a déclaré Peter Mertens dans le quotidien flamand De Morgen à propos de l’URSS, de la Chine, des Khmers Rouges et de Cuba. Raoul Hedebouw a, quant à lui, expliqué dans le Journal du Mardi : « S’il faut faire le bilan, c’est aux Russes, aux Chinois et aux Cubains de le faire ». Reste à savoir quels sont les Russes et les Chinois qui vont aujourd’hui établir ce bilan… En outre, pourquoi le PTB a-t-il si longtemps justifié chaque “faute” de ces régimes avec autant de ténacité ? Même si nous suivons le raisonnement de Raoul et Peter, pourquoi n’ont-ils pas saisi l’occasion de corriger au moins leurs propres fautes ? Le soutien sans critique accordé par le PTB aux dictateurs Ceausescu, Milosevic et Saddam Hussein par exemple. Le PTB est-il prêt aujourd’hui à reconnaître le droit à l’autodétermination pour le Kosovo? Ou bien estime-t-il encore que ce droit doit être réprimé? Le premier test depuis le virage du 2 mars est édifiant : le PTB reprend à son compte la version officielle de Pékin sur le Tibet, et n’hésite pas à faire référence à l’éclatement de la Yougoslavie pour refuser aux Tibétains le droit à l’autodétermination.

    Quels sont de surcroît le rôle des perspectives et d’une approche transitoire qui établit le lien entre les revendications minimales, les slogans anti-capitalistes et la nécessité d’une société socialiste? Pourquoi le MAS se fonde-t-il sur une telle approche, en opposition avec la méthode empirique des enquêtes et des consultations que le PTB a fait sienne ? Il s’agit en partie d’une discussion sur la méthode et la stratégie que le mouvement ouvrier doit utiliser pour changer fondamentalement la société.

    Quelles sont les leçons de la faillite du stalinisme ?

    C’est toujours positif qu’un message anti néolibéral bénéficie d’un éclairage médiatique, même si ce n’est que temporairement. Aux Pays-Bas (SP), en Allemagne (Die Linke), en France (LCR) et en Grèce (Syriza), des formations qui s’opposent à la politique antisociale des partis traditionnels commencent à gagner un certain soutien populaire. Il s’agit surtout de phénomènes électoraux et en grande partie passifs, notamment parce que, dans quelques cas, l’ouverture programmatique va malheureusement de pair avec un fonctionnement interne qui étouffe toute dissidence.

    En Belgique aussi, le potentiel pour un “coup à gauche” existe sans aucun doute. Il suffit de regarder la vague de grèves spontanées – et parfois moins spontanées, comme chez les fonctionnaires flamands – pour l’amélioration de notre pouvoir d’achat. Tous les partis traditionnels et bourgeois restent sourds aux revendications justifiées des travailleurs. Cela vaut également pour les anciens partis ouvriers, le PS et le SP.a. Même la direction syndicale n’est pas prête à généraliser cette lutte par un plan d’action pour un meilleur pouvoir d’achat, rivée comme elle est à sa stratégie réformiste de cogestion du capitalisme.

    Il y a par conséquent un vide politique à gauche. Le PTB essaye de le remplir avec sa modernisation, grâce à un nombre de succès électoraux que le parti a rencontré en 2006, dans un certain nombre de communes (Zelzate, Genk, Herstal…), sur base de Médecine pour le Peuple et d’autres campagnes locales.

    Vers l’extérieur, le PTB rompt visiblement avec le stalinisme et le maoïsme. « Nous ne sommes pas des staliniens », déclare ainsi Peter Mertens dans une interview à De Morgen. Selon Kris Merckx encore, « la jeunesse actuelle ne se réfère plus à Staline ou à Mao ». Le PTB n’était plus en mesure de construire son cadre actif sur base de son programme stalinien totalitaire. Cette idéologie est complètement discréditée aux yeux des travailleurs et des jeunes, surtout après la chute du stalinisme en 1989-1992.

    Pourtant, le « Journal du Mardi » note que la formation interne des cadres reste basée, jusqu’à nouvel ordre, sur un manuel qui vénère Staline, Mao et Enver Hoxha. Cette lecture n’est toutefois pas destinée aux membres de base, qui adhèrent au PTB aux conditions minimales en termes d’activité et de contribution financière.

    Le PTB n’explique pas non plus d’où proviennent les “fautes” du stalinisme. Doit-on accepter que tout cela soit arrivé par hasard? Les parodies de procès contre les opposants, le système totalitaire de parti unique, la répression de toute discussion et débat dans la population, l’interdiction des partis ouvriers en opposition au système policier de l’élite stalinienne, la poursuite des syndicats indépendants, la répression des droits des minorités nationales, etc.

    Nous ne pensons pas qu’il s’agisse tout simplement de “fautes” et, pour nous, les jeunes et les travailleurs les plus conscients attendent une évaluation plus sérieuse. L’image que beaucoup de travailleurs et de jeunes ont du socialisme est encore trop souvent ternie par les dictatures staliniennes. C’est seulement en tirant les vraies leçons du stalinisme que l’on pourra gagner une nouvelle génération à un programme révolutionnaire socialiste. Pour cela, il faut remonter aux premières années de la révolution russe ainsi qu’au programme de l’Opposition de Gauche autour de Trotsky. C’est un programme de démocratie ouvrière (élections démocratiques de Conseils ouvriers dans les entreprises et les quartiers, avec des élus qui ne gagnent pas plus que le salaire moyen d’un travailleur et qui peuvent être révoqués à tout moment). Le PTB ne fait pas une telle analyse, ce qui n’est à vrai dire pas étonnant au vu de son histoire. Il lève les bras au ciel en parlant des “fautes” mais il n’est pas en état de les expliquer afin de pouvoir les éviter à l’avenir.

    L’internationalisme n’est pas une “belle pensée” pour les marxistes. La division internationale du travail n’a jamais connu un tel niveau. Les emplois sont menacés de délocalisation vers la Chine et vers l’ancien Bloc de l’Est. Les bas salaires dans ces nouvelles régions capitalistes sont utilisés comme moyen de pression contre les salaires des travailleurs occidentaux. Nous ne pouvons donc pas dire que ce qui se passe dans ces pays, comme dans la Chine encore officiellement « communiste », ne nous concerne pas. Le MAS a une approche internationale de la classe ouvrière. Les intérêts des travailleurs et des pauvres d’ici sont les mêmes que ceux des travailleurs et des pauvres d’ailleurs. Pour contourner la question des réformes capitalistes dans la Chine stalinienne, le PTB semble se retrancher sur un point de vue “national”. Le MAS, lui, construit une organisation internationale, au travers du Comité pour une Internationale Ouvrière, pour combattre le capitalisme.

    Présentation des revendications et du programme

    Le PTB affirme ne plus vouloir être aujourd’hui un « parti professoral ». Peter Mertens affirme : « Au lieu d’être professoral, nous sommes devenus un parti qui est à l’écoute. Nos programmes électoraux sont élaborés après consultation de milliers de personnes. » Kris Merckx le rejoint quand il dit : « Nous devons aller plus loin dans cette voie : des solutions concrètes pour des problèmes concrets, l’action de terrain à la place de grandes théories. » Où avons-nous encore entendu dans le passé: « le mouvement est tout, le programme n’est rien » ou sa variante plus tardive : « Toute cette discussion (au sujet des problèmes théoriques – NDLA) n’est seulement qu’une tempête dans un verre eau. » ?

    Le MAS est d’accord sur le fait que les marxistes doivent mettre en avant des «solutions concrètes pour des problèmes concrets». Ainsi nos membres ont-ils mené ces dernières années des campagnes locales contre le prix des sacs poubelles, contre la fermeture des bureaux de Poste, pour une amélioration du pouvoir d’achat, contre la démolition de notre enseignement, en faveur des logements sociaux contre l’exclusion sur base d’une soi-disant « mixité sociale »,… Nous essayons d’attirer dans l’action et dans la construction d’un rapport de forces une couche plus large de personnes au travers de slogans et d’analyses concrètes pour ainsi remporter la victoire dans une lutte. Mais qu’il s’agisse de notre pouvoir d’achat, de nos anciens services publics, de la redistribution du travail sans baisse de salaire, d’une meilleure santé publique,… même les revendications les plus modérées se heurtent à la logique de profit ou à l’assainissement des finances publiques.

    Au sein du capitalisme, il n’est plus possible de refinancer la sécurité sociale et l’enseignement, de relever sérieusement le pouvoir d’achat des retraités, des allocataires et des travailleurs, de combattre et remplacer les jobs précaires, temporaires et mal payés par de véritables emplois. Il est aussi peu réalisable de bannir de ce système le racisme, le nationalisme ou encore le sexisme. Selon nous, les vrais socialistes ne doivent pas seulement pousser de bonnes revendications, ils doivent aussi expliquer comment ils comptent les réaliser. Aucun acquis social n’est garanti sous le capitalisme, système arrivé aujourd’hui dans une grave crise économique. Pour le MAS/LSP, les revendications minimales, qui ne signifient pas en elles-même une rupture avec le capitalisme, doivent être liées à des revendications justifiées qui rompent avec la logique de ce système. Si nous ne voulons pas répandre du sable dans les yeux des travailleurs et de leurs familles, nous devons aussi argumenter en faveur de la nécessité d’une société socialiste. C’est l’unique solution possible pour résoudre les contradictions insolubles du capitalisme.

    Est-ce là une « grande théorie » qui n’intéresse pas les gens ? Pourquoi la théorie devrait-elle être le privilège de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie ? Marx, Engels, Lénine, Trotsky et d’innombrables autres socialistes n’ont-ils pas concentré les expériences pratiques de la lutte des travailleurs dans de nombreux écrits théoriques ? La théorie n’est pour les marxistes que le résumé de l’expérience de la classe ouvrière. Cela ne signifie aucunement que nous devons donner avec arrogance la leçon aux travailleurs. Nous n’avons jamais été d’accord avec ceux qui affirmaient que les intellectuels devaient « instiller » une conscience politique à la classe ouvrière, ni avec ceux qui ont envoyé des intellectuels dans les mines et les usines. Nous sommes au contraire convaincus que les travailleurs peuvent et vont par eux-mêmes arriver à une conscience politique. Nous voulons, avec les travailleurs et les jeunes, tirer de l’expérience des luttes et apprendre de celles-ci. Mais nous pensons que le marxisme est aussi la mémoire de la classe ouvrière, une compréhension des victoires et des défaites des travailleurs dans la lutte de classes. Nous ne voulons pas faire répéter les erreurs du passé. Il est nécessaire que la classe ouvrière dispose d’un programme et de perspectives qui la préparent pour sa lutte pour le pouvoir.

    Nous pensons qu’il est plus honnête d’expliquer notre objectif final – une société socialiste – aux travailleurs, plutôt que de se taire dans l’espoir de succès plus rapides. Quand on dit être uniquement un parti « qui écoute », on se déforce dans la lutte idéologique contre la bourgeoisie. Les idées dominantes sont en grande partie les idées de la classe dominante. Une enquête peut parfois être un instrument utile, mais c’est aussi la tâche des marxistes que de développer pas à pas la conscience des travailleurs, dans l’objectif d’aboutir à un changement socialiste de la société.

    La manière dont les idées politiques sont présentées n’est pas une question de second ordre. Si les revendications directes sont systématiquement détachées de l’objectif du socialisme, ce dernier devient dans les faits quelque chose qui est renvoyé à un avenir éloigné. Pour le MAS, avec la crise du capitalisme, tous les problèmes quotidiens des travailleurs sont directement liés à la préparation de la révolution socialiste. L’idée selon laquelle une distinction doit être faite entre la « stratégie à long terme » et la « stratégie à court terme » est un retour au réformisme classique, à la sociale-démocratie d’avant la Première Guerre Mondiale : marxiste en paroles, réformiste dans la pratique. Le MAS utilise par contre une approche de transition qui lie les revendications minimales à des slogans anticapitalistes, avec comme conclusion logique la nécessité d’une société socialiste.

    Qu’est-ce qu’une révolution et qu’est ce qui n’en est pas une ?

    Peter Mertens a répondu dans le quotidien flamand « De Morgen » de façon assez remarquable à la question de savoir si le PTB est oui ou non un « parti révolutionnaire »: « Je lutte contre le gouvernement Verhofstadt, mais ce n’est pas pour ça que je pense à faire exploser sa voiture, hé. » Il a encore ajouté : « Le PTB n’est pas d’extrême gauche : nous sommes contre la violence extrémiste à la CCC ou DHKP-C. » Le PTB affirme qu’un bouleversement fondamental de la société est apparemment semblable au terrorisme individuel. C’est pourtant habituellement la bourgeoisie et ses partisans qui utilisent cette analogie pour discréditer les idées révolutionnaires. Les marxistes, à commencer par Marx, se sont toujours opposés au terrorisme individuel.

    Passer à une société socialiste ne peut se faire que sur base d’une force sociale qui bénéficie du soutien de la majorité de la population. A la différence des révolutions bourgeoises dans lesquelles les masses manquant de conscience politique propre sont utilisées dans les intérêts de la bourgeoisie, une révolution socialiste ne peut réussir que si la classe ouvrière reprend consciemment l’organisation et l’administration de la société. Il s’agit là de l’acte politique le plus conscient de l’histoire. Le PTB fait ici un bien joli cadeau à la classe capitaliste en induisant que derrière une transformation révolutionnaire, il y a l’activité d’un petit groupe violent. Ironiquement, le marxisme s’est établi en Russie, sous la direction de Lénine, au cours d’une polémique intense contre les groupes anarchistes qui ont préconisé les fausses méthodes du terrorisme. Les marxistes y opposent la mobilisation, l’organisation et la conscientisation de la masse de la population, la classe ouvrière, dans la lutte pour une autre société, une société socialiste. Il n’y a qu’un mouvement de masse qui soit capable d’en finir avec la machine répressive de l’Etat capitaliste. Cela peut, selon nous, se faire de façon largement pacifique, à condition que la classe ouvrière soit organisée consciemment et qu’elle ne dévie pas de son but. Mais nous défendons naturellement le droit des travailleurs de se défendre contre les attaques de la minorité antidémocratique des capitalistes.

    Quelques jours après l’interview accordée par Peter Mertens au « De Morgen », Raoul Hedebouw, le porte-parole du PTB, a poursuivi cette logique dans une interview au magazine « Le Journal du mardi ». A la question « Vous êtes donc devenus réformistes ? », il a répondu « Oui », en précisant toutefois que le PTB est encore le seul parti qui a l’ambition de grandes réformes dans ce pays. On attendrait alors quelques précisions comme la nationalisation du secteur de l’énergie, la suppression de la TVA ou l’instauration d’un service de soins de santé national, mais rien de tout cela n’est venu. Raoul Hedebouw ne va pas plus loin que le maintien de la solidarité interprofessionnelle, la réduction de la TVA sur le gaz et l’électricité de 21% à 6% et la restauration des taux d’imposition de 52,5 et 55% pour les plus gros salaires.

    Un large parti des travailleurs est nécessaire mais il doit respecter les différences de point de vue

    Le PTB essaye de profiter du vide à gauche et veut, selon ses propres dires, « peser sur le débat dans la société ». Depuis la fin de l’année 2002, le PTB a rendu ses conditions d’adhésion moins exigeantes pour contourner ainsi l’obstacle de sa propre idéologie et de son organisation stalinienne. La justification de ces nouvelles normes assouplies était qu’il fallait s’adapter à l’augmentation de la pression au travail et de la flexibilité dans la société. Les membres doivent venir au minimum deux fois par an aux Assemblées Générales et ils doivent payer une cotisation annuelle de seulement 20 euros. Cela a abouti à ce que le PTB comprenne des membres moins actifs et beaucoup moins formés qui ont renforcé une tendance réformiste au sein du PTB. C’est au cours de ces Assemblées Générales qu’a été choisi le slogan électoral central « Les gens d’abord, pas le profit » avec une courte majorité seulement face au slogan « Les gens d’abord, puis le profit ». Au sein du capitalisme, cette dernière idée – placer les gens en premier lieu et les profits en second – n’est pas possible. Le soutien pour ce dernier slogan – plus de 40% – a montré que le PTB diluait de plus en plus sa conception de parti stalinien d’avant-garde se basant sur la couche la plus combative des travailleurs et des jeunes. Cela s’est fait en faveur de l’essai, selon nous précipité, de se transformer en parti large des travailleurs.

    Il n’est pas exclu que, à défaut d’un véritable parti des travailleurs, un PTB qui se montre plus « pragmatique » puisse exercer un certain attrait, sur le plan électoral par exemple. Mais parmi une couche de militants, la crainte que le PTB ne continue à utiliser ses méthodes sectaires reste grande. Beaucoup de jeunes et de travailleurs se demanderont si le PTB a vraiment rejeté le stalinisme. Ce ne serait pas la première fois qu’un parti stalinien adopte un virage vers la droite pour, à un autre stade – quand une radicalisation est présente dans la société – aller vers des positions ultra-gauches et aventuristes.

    Les statuts du PTB interdisent toujours la formation de tendances ou de fractions au sein de ce parti. Il n’est donc pas possible de discuter de façon organisée et approfondie des désaccords au sein du PTB. Nous pensons que seul un parti des travailleurs qui reflète la large gamme d’opinions de gauche présente au sein du mouvement ouvrier peut être un pôle d’attraction actif pour les couches larges de travailleurs et de jeunes. Les traditions et la structure interne du PTB sont pour cela trop staliniennes. De plus, le danger existe que le PTB soit rapidement prêt à engager la coopération avec les partis traditionnels néolibéraux. Lors des discussions qui ont suivi les élections communales, le PTB a qualifié « d’ânerie idéologique » le refus de la N-VA de participer à une coalition avec lui à Hoboken. Si le PTB effectue une petite percée électorale à l’avenir, la tendance vers le réformisme sera encore renforcée.

    Le PTB proclame une ouverture à ce qui se trouve à sa droite, mais reste sectaire de la façon la plus classique vis-à-vis de ce qui se trouve à sa gauche. Il y a presque trois ans, en mai 2005, une rencontre a eu lieu à l’invitation du MAS/LSP entre des délégations du PTB/PVDA et du MAS/LSP. Peter Mertens et Kris Hertogen étaient présents pour le PTB. Nous leur avons proposé à ce moment de faire un cartel ensemble si des élections anticipées se présentaient mais Peter Mertens et Kris Hertogen ont prétendu que le PTB ne pouvait pas se le permettre parce que la désillusion de « Resist » était encore trop fraîche dans les mémoires. Il y a eu aussi, en décembre 2006, une rencontre à l’initiative de quelques syndicalistes anversois entre une délégation du PTB et une autre du Comité pour une Autre Politique (CAP), dans laquelle se trouvait un membre du MAS, en vue de former un cartel PTB-CAP. L’initiative n’a pas abouti parce que le PTB n’était uniquement intéressé que si Jef Sleeckx poussait la liste à Anvers. Étant donné que ce dernier ne voulait pas être candidat, tout s’est arrêté.

    Nous ne pensons pas que cela fera beaucoup d’impression, mais nous voulons tout de même faire une contre-proposition au PTB. Nous avons toujours été convaincus que le stalinisme était une variante du réformisme de la social-démocratie. Dans la politique de Front Populaire des partis staliniens nous reconnaissons les coalitions de la social-démocratie avec les partis bourgeois et dans « le socialisme dans un seul pays », nous voyons le « chauvinisme national » de la social-démocratie. Au lieu d’un tournant à droite, nous voulons proposer au PTB un tournant à gauche, vers le socialisme international et vers un front unique. Sur cette base, nous invitons le PTB à lancer avec le MAS un appel pour un parti large de lutte de tous les courants qui veulent s’opposer au néolibéralisme et à y représenter la tendance révolutionnaire avec le MAS. Le premier défi serait en ce sens les élections régionales, européennes et peut-être fédérales de 2009 avec une initiative commune pour une liste anti-néolibérale.

  • Côte d’Ivoire: Lutte victorieuse contre l’augmentation des prix de la nourriture !

    Lutte victorieuse contre l’augmentation des prix de la nourriture !

    L’augmentation des prix de l’alimentation est un phénomène mondial. En Afrique, les protestations augmentent, couronnées de succès en Côte d’Ivoire.

    Jan Rybak, Sozialistische LinksPartei, section autrichienne du CIO

    Les travailleurs et les pauvres de Côte d’Ivoire ont prouvé que la lutte contre l’augmentation des prix est non seulement possible, mais aussi qu’elle peut être victorieuse.

    Des centaines de milliers de personnes, principalement des femmes, ont manifesté dans les rues d’Abidjan – la capitale de la Côte d’Ivoire – contre l’augmentation massive des prix de la nourriture et du carburant. La manifestation a été confrontée à une réponse brutale de la part de la police, qui a chargé la foule et a employé des gaz lacrymogènes. La police a aussi tiré sur la foule et a ainsi tué une femme et sérieusement blessé dix autres personnes.

    La foule s’est défendue en brûlant des pneus, tout en appelant la police à les rejoindre dans leurs protestations. Après deux jours de protestations de masse, le président Gbagbo a été forcé de céder et a donc réduit le prix des denrées alimentaires de base et de l’essence.

    L’augmentation importante des prix des principaux aliments signifie que chaque jour la famine touche plus de personnes. Josette Sheeran, responsable du programme alimentaire mondial de l’ONU, a commenté l’apparition d’un nouveau genre de crise alimentaire : « Nous voyons plus de faim dans les villes que jamais auparavant. Nous remarquons régulièrement qu’alors qu’il y a assez de nourriture sur les étagères, les gens sont affamés parce qu’ils ne peuvent pas se permettre d’acheter. »

    Des protestations similaires à celles de Côte d’Ivoire augmentent partout à travers l’Afrique. Dans des pays comme le Cameroun, le Burkina Faso et le Sénégal, des mouvements de protestation semblables contre l’augmentation des prix de la nourriture ont eu lieu ces dernières semaines.

    Ce qui s’est produit en Côte d’Ivoire est une victoire pour les travailleurs et les pauvres. Cela va élever leur confiance ainsi que leur conscience et pourrait ouvrir la voie pour de nouvelles protestations et mouvements de masse.


    Pour en savoir plus:

  • Grève des bus spontanée après une agression

    Une grève spontanée s’est déclenchée ce 21 mars dans les services de transports en commun « De Lijn » du Brabant flamand. En cause: une énième agression, un tir de fusil à air comprimé plus précisément, à l’encontre d’un bus, à Anderlecht. Mais la direction a fait comme si de rien n’était et personne ne s’est occupé du conducteur. Mis au courant, ses collègues ont immédiatement réagi en cessant le travail et la grève s’est rapidement étendue dans la région.

    Par un correspondant

    Il faut dire que cette attaque s’est produite non loin de l’endroit où, récemment, un cocktail Molotov a été jeté contre un bus de la STIB. Les travailleurs des services de transports en commun bruxellois sont alors entrés en grève, mais les agressions se sont poursuivies par la suite. Selon toute vraisemblance, l’agression d’Anderlecht est une réponse vengeresse aux contrôles supplémentaires effectués dans le quartier. Anderlecht, en termes de nombre d’agressions contre les bus, arrive en tête de liste.

    Donc, quand le chauffeur de « De Lijn » est rentré à son dépôt et a fait mention de l’événement, il n’y a eu aucune réaction, aucune aide, et la police n’a pas été avertie. Il a fallu pour cela que les collègues arrêtent massivement le travail. Toutefois, pour les écoliers, le transport a été organisé avec des volontaires.

    Beaucoup de confusion règne sur la réponse adéquate à adopter face à cette violence, confusion qui laisse l’espace aux remarques racistes sans que cela n’arrange rien. Incontestablement, la majeure partie des agressions sont liées aux discussions sur les titres de transport. La revendication de transports en commun gratuits et de qualité n’est pas seulement importante du point de vue écologique, mais aussi vis-à-vis de la sécurité des conducteurs et de l’accessibilité des services publics à toute la population, y compris la plus précarisée.

    Il est certain que le démantèlement des services publics a contribué à la croissance des agressions. La présence d’un deuxième homme sur les bus signifierait, mais alors avec un statut convenable et une formation appropriée un gigantesque pas en avant. Mais cela doit aller de pair avec une politique plus générale qui fournisse plus de moyens pour les transports en commun pour améliorer la fréquence et l’ampleur des services. Il faudra donc plus de personnel. Actuellement déjà, il existe une pénurie importante de personnel avec de grandes répercussions au niveau des horaires ou des changements d’équipes.

    Les chauffeurs doivent se servir de la force d’une grève spontanée pour élaborer une plate-forme de revendications et une campagne qui mène à une véritable fin de la violence. C’est possible en revendiquant tous ensemble plus de moyens !

  • Le coût des études doit baisser !

    Enseignement supérieur et universitaire

    La Fédération des Etudiants francophones (FEF) et la Vlaamse Vereniging van Studenten (VVS) lancent une campagne contre la forte augmentation du coût des études dans l’enseignement supérieur.

    La FEF et la VVS rappellent que la Belgique a signé en 1983 le Pacte des Nations-Unies connu sous le nom de Pacte de New York. Celui-ci stipule dans son article 13 que « l’enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous, en pleine égalité (…) notamment par l’instauration progressive de la gratuité ». Pour la première fois aussi depuis longtemps, une vieille revendication d’Etudiants de Gauche Actifs (EGA, l’organisation étudiante du MAS) refait également surface, celle d’un salaire étudiant. Selon la FEF, les coûts des études ont atteint en moyenne 6.000 à 7.000 euros par an pour les étudiants qui habitent chez leurs parents et 10.000 à 12.000 euros pour les étudiants kotteurs !

    Ce sont surtout les droits d’inscription, le logement, le transport et l’alimentation qui prennent la plus grosse part du budget. Le minerval universitaire coûtait l’équivalent de 250 euros en 1983 ; il est aujourd’hui de 789 euros (et l’an prochain, il montera à 820 euros). Les prix du logement ont augmenté d’environ 60 % en dix ans. A cela s’ajoutent les augmentations générales des prix, entre autre dans l’alimentation et l’énergie (ces dernières ont en outre eu des répercussions sur les prix des transports). Et il faut également tenir compte d’autres frais supplémentaires car il est devenu impossible d’étudier sans ordinateur ni connexion internet.

    Pour renverser la situation, EGA affirme qu’il faut absolument investir afin que l’enseignement supérieur devienne accessible : plus de moyens pour les services sociaux comme les logements, les repas bons marché, l’accès gratuit à internet, un accès à des ordinateurs,…

    Ceci nécessite aussi plus de personnel, avec un salaire décent plutôt qu’un statut bidon. Les moyens financiers doivent venir de l’Etat qui doit augmenter le budget de l’enseignement jusqu’à 7 % du PIB (Produit Intérieur Brut), une revendication qu’EGA met déjà en avant depuis des années.

    Enseignement supérieur Flamand

    De plus en plus ouvert au marché, de moins en moins accessible aux étudiants

    Plus de 100 formations sont menacées dans l’enseignement supérieur flamand par une nouvelle vague de restrictions qui visent à faire disparaître des petites orientations.

    Comment faire cela le plus simplement possible ? Le Ministre de l’Enseignement flamand Vandenbroucke (SP.a) – qui a déjà été à la base de plusieurs plans de rationalisation de l’enseignement supérieur et universitaire flamand ces dernières années – veut supprimer toutes les orientations qui comptent moins de 115 étudiants. Quelque 130 formations sont ainsi menacées dans les Hautes Ecoles et les Universités.

    C’est surtout dans les orientations artistiques et scientifiques que les coupes devraient être faites si cela ne dépendait que du ministre. Alors que tous les pédagogues savent que de petits groupes permettent d’avantage d’offrir des formations de qualité (parce qu’il y a un contact personnel avec les étudiants et un suivi), Vandenbroucke instaure la frontière absurde du minimum de 115 étudiants pour chaque formation. Sinon, le seul choix possible est de fusionner ou de disparaître.

    La commission qui devait préparer la «rationalisation» de l’enseignement supérieur a mis un an pour rédiger un rapport. La règle des 115 y est centrale et serait introduite progressivement en commençant par une première norme de 80 étudiants par formation en baccalauréat pour 2012.

    Vandenbroucke veut introduire une logique de management dans l’enseignement supérieur : ce ne sont pas les étudiants qui comptent, mais l’efficacité économique.

    La démocratisation de l’enseignement supérieur n’a pas eu lieu

    Steven Groenez , chercheur à l’Institut supérieur du Travail (HIVA) de Louvain, a réalisé une étude sur la démocratisation de l’enseignement supérieur. Il est arrivé à une conclusion frappante : les inégalités n’ont presque pas changé depuis la Deuxième Guerre Mondiale.

    Les enfants d’ouvriers ont quatre fois moins de chances de franchir le cap de l’enseignement supérieur que les enfants des employés supérieurs. Actuellement, il y a plus d’enfants de familles ouvrières qui étudient, et pourtant « ils n’ont pas les mêmes chances » selon Groenez. « Le nombre d’étudiants issus de groupes sociaux inférieurs a certes progressé, mais celui des étudiants issus des groupes sociaux plus favorisés a progressé tout autant ».

    L’inégalité commence d’ailleurs déjà à un âge précoce, dans l’enseignement primaire et secondaire.

  • 5 ans de guerre pour le pétrole et le prestige

    Après cinq années de guerre en Irak, plus aucun doute ne subsiste sur le véritable motif de la guerre : le pétrole. Comme tout semble déjà avoir été dit, est-il encore nécessaire de débattre de cette guerre ?

    Thomas

    Oui car, malgré les images atroces vues à la télévision, malgré les documentaires accusateurs, malgré le courant continu de rapports qui décrivent la barbarie qui règne là-bas, tout n’a pas encore été dit. Car cette guerre n’est pas simplement une guerre pour le pétrole.

    Des Etats ne mènent pas des guerres pareilles uniquement pour des matières premières bon marché. Acheter le pétrole de Saddam aurait coûté moins cher que les centaines de milliards qui ont été injectés dans la guerre. Pourquoi alors cette guerre-ci a-t-elle pris une telle ampleur et est-elle si différente de la première guerre du Golfe ? Le problème se trouve dans les forces centrifuges qui secouent le capitalisme aujourd’hui.

    Guerre froide…

    En 1945, l’Union Soviétique avait émergé nettement plus forte que prévu de la Deuxième Guerre Mondiale. Elle avait une armée gigantesque et a pu relativement rapidement participer à la course aux armes nucléaires. Si l’Occident avait réagi de façon dispersée, il aurait été affaibli face à l’Union Soviétique. La guerre froide a permis de souder les Etats capitalistes autour des USA.

    La crise économique qui a commencé à se développer dès la fin des années ’60 a partiellement desserré ces liens. La chute du Mur en 1989 a alors offert l’opportunité aux USA de se profiler à nouveau comme l’unique superpuissance au monde. Mener une guerre rapide et réussie dans une région stratégique comme le Moyen-Orient était alors apparu comme la meilleure manière de le faire savoir au monde. Pénétrer à Bagdad au cours de la première Guerre du Golfe (1991) était inutile, les dirigeants américains ne voulaient pas de colonie mais seulement faire savoir qui était le plus fort.

    L’implosion de l’Union soviétique a fait disparaître l’ennemi extérieur. Les forces centrifuges ont alors repris force dans le camp occidental. Désormais, les USA, l’Union Européenne, le Japon, la Chine et la Russie luttent durement pour les matières premières et les marchés.

    La situation a été rendue plus tendue encore avec la montée des inquiétudes économiques. Les USA ont bien l’économie la plus forte mais elle repose sur une énorme montagne de dettes. Leur croissance économique est de plus en plus dépendante de leurs relations avec la Chine. La perspective de difficultés économiques et politiques à venir a été en 2003 la principale raison de la deuxième Guerre du Golfe et de la décision des USA de renverser Saddam et d’occuper l’Irak. Cette fois, l’idée que l’Irak leur fournirait à bon marché le pétrole dont ils avaient tellement besoin l’a emporté.

    Mais le prix à payer est énorme. La guerre, qui dure depuis 5 ans, a déjà coûté aux USA près de 3.000 milliards de dollars (selon l’étude du Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz). 700.000 Irakiens sont morts (pour 4.000 du côté américain), 2 millions de personnes ont fui le pays et en Irak même, il y a aussi 2 millions de réfugiés ayant fui leur région d’origine. La division religieuse et ethnique a balayé les discours sur la « démocratie » et la « stabilité ».

    Face à cela, il n’y a rien à attendre d’une victoire électorale des Démocrates, un parti qui ne s’est jamais distancié de l’impérialisme et dont les candidats veulent maintenir à l’avenir au moins 100.000 hommes en Irak. Le seul moyen pour en finir avec cette barbarie, c’est de construire, en Irak comme aux USA, une force qui remette vraiment en cause l’impérialisme et sa politique de guerre et de pillage.


    Lien:

  • Quel plan d’action nous faut-il ?

    Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire !

    Les négociations salariales ne devaient commencer qu’en automne mais, dans au moins 80 entreprises, des votes ont eu lieu et il y a eu des négociations salariales anticipées. Il faut retourner aux années ‘70 pour retrouver une telle pression sur les négociations salariales au départ des lieux de travail.

    Eric Byl

    C’est que, d’année en année, les entreprises réalisent des profits record(1) et distribuent copieusement des dividendes(2) tandis que les salaires des managers explosent (3). Même les anciens services publics n’échappent pas à la soif de profit et à l’égoïsme propres aux dirigeants du secteur privé(4). Beaucoup de travailleurs s’attendaient à une indemnité raisonnable pour leurs efforts, maintenant que les prix des produits de base ont explosé. Le fait qu’environ un demi-million de travailleurs ont été confrontés à un gel salarial de fait dans les secteurs où les accords-all-in sont en vigueur(5) a mis le feu aux poudres.

    Ce n’est pas un hasard si la vague de grève a commencé en Flandre. Depuis des années, les travailleurs y sont inon-dés de bonnes nouvelles : la Flandre appartient aux régions les plus riches au monde, les offres d’emploi ne sont guère remplies, le chômage aurait presque disparu et le Flamand serait de nature un bon travailleur. Comment dès lors ne pas avoir confiance en soi? On oublierait presque que la Flandre a une position élevée au classement de la longueur des listes d’attente pour les handicapés, qu’elle ne construit presque plus de logements sociaux, qu’elle est en retard d’un demi-siècle pour la rénovation des bâtiments scolaires, qu’elle comprend énormément de prépensionnés et qu’elle impose une telle pression au travail sur les travailleurs que la Flandre est à la première place au niveau des infarctus et de l’utilisation de calmants. Les travailleurs flamands en ont marre de ce trafic à sens unique. Maintenant que le coût de la vie explose, ils revendiquent leur part du gâteau avant que les profits ne soient consommés.

    L’arrogance avec laquelle le patronat les accuse «d’hystérie du pouvoir d’achat» et rejette leurs revendications justifiées sous prétexte qu’elles sont « émotives » ne fait que jeter de l’huile sur le feu. Au moment où la vague de grèves a semblé perdre en vitesse, les collègues des services de l’administration flamande ont pris le relais.

    En Wallonie et à Bruxelles, on a pu entendre un soupir de soulagement : tous les Flamands ne parlent pas la langue de Leterme, de Somers, de De Wever et du VOKA(6). En Flandre aussi, il existe des gens qui revendiquent des salaires décents et des conditions de travail plus humaines. Depuis des années, la Belgique francophone a été montrée du doigt par le patronat, les médias et les politiciens. Elle serait conservatrice et fermée au renouvellement. Le chômage y est le double de celui de la Flandre, et les dépenses de santé y sont aussi plus élevées. En Wallonie et à Bruxelles aussi, le patronat, les médias et les politiciens essaient de faire croire aux familles des travailleurs que tout cela est de leur faute : contrairement aux «bons travailleurs» flamands, ils seraient des «paresseux» et des «profiteurs» pour qui, en plus, ces bons travailleurs flamands devraient payer. Il n’est donc pas surprenant que la Wallonie et Bruxelles, à l’exception de quelques entreprises, soient restés à la traîne lors de la récente vague de grève.

    Pouvoir d’achat : Rien de prévu

    On ne peut évidemment pas compter sur Leterme & Co pour nous aider à compenser la perte du pouvoir d’achat des familles. L’argument principal du gouvernement et du patronat pour ne pas accorder d’augmentation salariale est la crainte d’une «spirale salariale» à l’ancienne, où les augmentations salariales provoqueraient des hausses de prix qui entraîneraient des revendications salariales plus importantes encore, qui, à leur tour, engendreraient une augmentation des prix plus forte encore.

    Il s’agit là d’un tour vieux de cent cinquante ans qui vise à nous faire croire qu’il n’est pas nécessaire de lutter pour des augmentations salariales. Marx y a déjà répondu à l’époque dans sa brochure “Salaire, prix et profit”. En réalité, le patron s’efforce de s’emparer d’une partie toujours plus importante de la valeur que les salariés ont produite. La crainte d’une croissance de l’inflation n’a jamais empêché le patronat de réaliser un maximum de profits, de distribuer de gigantesques dividendes aux actionnaires ou de payer les managers avec des salaires scandaleusement élevés.

    Parfois, on propose d’instaurer un contrôle des prix comme outil dans la lutte contre l’inflation. C’est d’ailleurs ce que propose la FGTB dans un tract, de bonne qualité, « Parlons franc, parlons pouvoir d’achat ! ». Un contrôle sur les prix de l’alimentation, de l’énergie et du loyer serait le bienvenu pour beaucoup de personnes. Au Venezuela, Chavez a également introduit un contrôle sur les prix des denrées alimentaires, mais le résultat est que les rayons des magasins sont presque vides. Cela ne va pas se produire de si tôt en Belgique, ni avec la nourriture, ni avec les logements, ni avec l’énergie, mais la leçon à tirer de cette expérience, c’est qu’il est illusoire d’espérer contrôler la distribution tant que la collectivité ne prend pas en main la production et, dans le cas des petits producteurs, ne garantit pas leurs revenus.

    Quelle réponse syndicale ?

    La FGTB a dressé une plate-forme de revendications forte, qui doit encore être massivement distribuée avant les élections sociales et la CSC a, elle aussi, laissé entendre qu’elle partage les inquiétudes des travailleurs.

    Hélas, il n’y a aucun mot d’ordre ni appel qui clarifie ce que nous allons concrètement pouvoir faire ou comment nous allons lutter ensemble au lieu de combattre chacun de son côté. Le temps de la sensibilisation est tout de même loin derrière nous. Après des actions dans 80 entreprises et une grève des fonctionnaires flamands, ni les militants ni les délégués n’ont été consultés sur la stratégie à adopter. Les dernières actions interprofessionnelles datent d’avant la vague de grève de février! Que sont sensés penser les travailleurs?

    Les syndicats veulent-ils des augmentations salariales oui ou non ? Comment les délégués sont-ils sensés mener la campagne pour les élections sociales? La faiblesse incite à l’agression, c’est ce qui explique le ton bleu foncé de l’accord gouvernemental.

    Nous appelons à mettre un maximum de pression dans les réunions interprofessionnelles à travers toutes les régions pour discuter de la plate-forme de revendications et avant tout pour établir un plan d’action pour le pouvoir d’achat.

    Une grève interprofessionnelle liée à une manifestation massive, cette fois-ci bien préparée à l’avance dans les entreprises et accompagnée d’un tract massif destiné à la population. Voilà ce qui pousserait tant le gouvernement que le patronat sur la défensive. En outre, cela affaiblirait ceux qui se servent d’une rhétorique communautaire pour dresser les salariés les uns contre les autres pour mieux leur imposer un programme néolibéral.

    Pour en savoir plus:

    • Rubrique "Pouvoir d’achat" de ce site

      Notes :

      1. En 2007, les 30.000 plus grandes entreprises belges ont enregistré ensemble, selon l’hebdomadaire Trends/Tendances un bénéfice record de 77 milliards.
      2. Selon l’édition du journal flamand De Tijd du 21 mars 2008, les dividendes annoncés pour les sociétés cotées en Bourse de notre pays sont 40% plus élevés que l’année précédente.
      3. Selon l’hebdomadaire Trends/Tendances (en décembre 2007) les salaires des PDG des entreprises du BEL20 ont augmenté de 30% en 2006.
      4. L’édition de « L’Echo » du 17 mars 2008 a donné un aperçu choquant des salaires des managers des services publics dans l’article « Les salaires fous du secteur public ».
      5. Dans un accord all-in, les augmentations d’index sont entièrement ou partiellement supprimées passé un certain taux fixé dans l’accord salarial.
      6. Le VOKA est le « syndicat » du patronat flamand (l‘équivalent de l’Union Wallonne des Entreprises)
  • SOCIALISME 2008, photos

    Jonas Van Vossole et Laurent G

    Aperçu de la salle durant la partie consacrée aux formations de gauche en Europe

    Prise de parole d’Alex Rouillard, de la Gauche Révolutionnaire, notre organisation-sœur en France

    Sascha Stanicic, du SAV, notre organisation-sœur en Allemagne

    Eric Byl, secrétaire général du MAS/LSP

    L’une des commissions du samedi

    Discussions au bar…

    … ou à l’extérieur sous le soleil

    Bart Vandersteene, durant le meeting final

    Tony Mulhearn. En arrière plan, une partie du bilan impressionnant des "47" de Liverpool

    Clôture du week-end: l’Internationale est chantée

    L’un des stands de livres et brochures

    Aperçu de la salle pendant le meeting d’ouverture

    Ouverture du week-end, par Geert Cool

    Première intervention, par Mirre Vercoutere, une écolière de Gand

    Els Deschoemacker, responsable de l’organisation nationale du MAS/LSP

    Virginy Prégny, de la Gauche Révolutionnaire (France)

    Une des banderoles du MAS/LSP

  • Socialisme 2008

    Une rencontre enthousiaste qui a confirmé la volonté de bâtir une alternative clairement socialiste !

    Le week-end « SOCIALISME 2008 » vient juste de se terminer et les nombreuses prises de parole et discussions qui s’y sont déroulées, tant sur l’actualité que sur des sujets historiques, résonnent encore à nos oreilles. Le succès de cette rencontre restera longtemps une grande source de motivation pour l’ensemble des participants…

    C’est très probablement Virginy Prégny, membre de notre organisation-soeur française, qui a le mieux résumé le fil rouge de ce week-end : « la meilleure manière de commémorer l’anniversaire de mai 68 est de faire vivre à nouveau la nécessité du socialisme au sein des mouvements de lutte actuels. »

    Environ 200 personnes ont participé à cet évènement. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’agenda de ces deux journées était bien rempli, bien serré, et il était parfois difficile pour les participants de suivre le tout. Mais les coulisses et les pauses ont aussi été l’occasion d’aborder les différents thèmes présentés, de demander de plus amples explications à l’un ou l’autre,… Tous ces thèmes seront aussi abordés à l’avenir dans nos sections et nous publierons bientôt sur ce site des rapports de discussions, d’interventions, d’introductions,… Cependant, nous voulons avec ce court rapport faire ressortir le fil rouge du week-end.

    Mettre à nouveau le socialisme à l’ordre du jour !

    Le week-end a commencé par les interventions de quatre orateurs, en commençant par Mirre Vercoutere – une écolière activement impliquée dans la section gantoise de « Résistance Internationale » – qui a appuyé l’importance de l’implication de la jeunesse dans les luttes. Els Deschoemacker, responsable nationale de l’organisation du MAS/LSP, a ensuite parlé de la crise de l’establishment politique dans ce pays, qui trouve ses sources dans la volonté de poursuivre et amplifier la politique néo-libérale. Virginy Prégny, membre de la Gauche Révolutionnaire, a suivi et a rebondi sur cette question de la politique néo-libérale pour parler de la résistance croissante que rencontre la politique arrogante de Sarkozy.

    Le dernier orateur de ce « tour de chauffe » a été Sascha Stanicic, venu à la place de notre camarade allemande Lucy Redler qui devait être présente à la conférence du nouveau groupe de jeunes de « Die Linke » et dans lequel notre organisation-soeur en Allemagne, le SAV, veut jouer un rôle actif. Sascha nous a expliqué jusqu’à quel point l’expression de « développement vers la gauche » est centrale aujourd’hui dans la politique allemande : les revendications de gauche reçoivent beaucoup de soutien et la toute nouvelle formation « Die Linke » fait une percée dans les sondages. Mais, très certainement dans le contexte de crise économique croissante actuel, un programme clairement socialiste est absolument primordial.

    5 commissions,

    5 exemples pour aborder l’actualité des méthodes et de l’analyse socialistes

    Après cette première session plénière a suivi une première fournée de discussions en commissions plus petites, avec une grande participation des personnes présentes. Incontestablement, c’est la discussion sur la Chine qui a eu le plus de succès parmi les différents thèmes proposés. Vincent Kolo, du site internet Chinaworker.info, y a abordé la situation actuelle en Chine (le Tibet, les Jeux Olympiques, les problèmes économiques et écologiques,…) mais plusieurs aspects de l’histoire de la Chine ont aussi été pris en considération.

    La discussion portant sur la lutte contre les restructurations lancées par les multinationales et surtout sur la construction d’une gauche syndicale forte a été également fort bien suivie. Deux délégués qui possèdent une expérience sérieuse (Levi Sollie de l’ABVV/FGTB-Bayer et Rudi Dom de l’ABVV/FGTB-Agfa) y ont pris la parole au milieu d’une salle qui comprenait tant d’anciens militants que de représentants de la jeune génération qui posent leurs premiers pour s’organiser syndicalement. Il y avait là des syndicalistes des transports en commun, de l’enseignement, du secteur privé,… De quoi obtenir un échange d’expérience plus qu’intéressant.

    Au groupe de travail sur mai ’68, un grand groupe de jeunes qui voulait tirer les leçons de ces évènements a pu discuter avec des militants actifs à cette époque ou dans les années ’70. Conclusion de cet échange : un mouvement révolutionnaire est encore possible aujourd’hui, mais pour conduire un tel mouvement vers le succès, il faut une force révolutionnaire conséquente armée d’un programme socialiste.

    Il y avait enfin des commissions particulièrement intéressantes au sujet du Moyen-Orient et de l’extrême-droite. Dans la discussion sur le Moyen-Orient, des militants originaires d’Iran (avec lesquels nous avons pris ensemble l’initiative de mener des actions aux ambassades américaines et iraniennes ainsi que d’organiser une manifestation le 8 mars dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes) étaient présents. La discussion sur l’extrême-droite, quant à elle, a bien entendu abordé notre programme et notre méthode de lutter contre le fascisme. La discussion et les questions ont principalement porté sur la situation du côté francophone avec, entre autres, la question d’un petit groupuscule néo-fasciste qui organise un rassemblement le 1er mai à Charleroi.

    Question nationale en Belgique :

    Une réponse des travailleurs est nécessaire !

    Cette première journée de « SOCIALISME 2008 » a été clôturée par un débat sur la question nationale en Belgique. Le deuxième débat qui devait initialement prendre place au même moment (au sujet du pouvoir d’achat) a hélas dû être annulé en raison de l’impossibilité de plusieurs orateurs de prendre part à la discussion.

    Le débat contradictoire au sujet de la question nationale a été organisé avec Anja Deschoemacker, du MAS/LSP, Sven Naessen (le militant syndical de Total qui est à l’initiative de la pétition pour le maintien de la sécurité sociale fédérale), Tony Van de Calseyde de B-Plus et Johan Denys de « Meervoud » (un courant nationaliste flamand de gauche). Dans ce débat intéressant, les conceptions qui se sont affrontées étaient parfois fortement éloignées les unes des autres. Tant Anja Deschoemacker que Sven Naessen ont à chaque fois remis l’accent sur le social et la nécessité de la solidarité et de l’unité des travailleurs. Par contre, l’orateur de « Meervoud » a plus mis l’accent sur l’élément flamand tandis que l’orateur de B-Plus a plus abordé les questions institutionnelles et ne s’est pas étendu sur l’aspect social de cette question.

    Nouvelles formations de gauche en Europe

    Le dimanche, la deuxième journée a été entamée par trois orateurs qui se sont succédés en abordant l’état de la gauche aujourd’hui en Europe. Alex Rouillard, de la Gauche Révolutionnaire, s’est évidemment concentré sur la situation en France et sur l’attitude de notre organisation-sœur face à l’initiative de la LCR, qui a lancé un appel pour un nouveau parti anticapitaliste. Nous participons à cette discussion, mais nous pensons que cette initiative doit être réellement organisée et qu’elle doit se baser sur le développement réel des mouvements de lutte qui prennent place en France.

    Sascha Stanicic a parlé de l’Allemagne, de « Die Linke » et du potentiel énorme pour la gauche dans ce pays. Le SAV, notre organisation-soeur allemande, est aussi actif au sein de « Die linke », mais a des critiques à faire sur cette formation, certainement dans l’ex Allemagne de l’Est où « Die Linke » est en grande partie constitué de l’ancien PDS. Là, la formation participe à différentes coalitions régionales qui signifient une politique néo-libérale contre les travailleurs, avec des privatisations et des attaques contre les condition s de travail et de vie des travailleurs.

    Pour la situation et le potentiel de la gauche en Belgique, Eric Byl a pris la parole, en abordant entre autres les actions qui se mènent autour de la baisse du pouvoir d’achat ainsi que l’indignation ressentie face aux grands salaires. Le CAP (Comité pour une Autre Politique) a été une étape importante et utile dans l’implantation de l’idée qu’un nouveau parti des travailleurs est nécessaire, mais cette initiative a perdu son dynamisme au cours des derniers mois. Le MAS/LSP reste ouvert pour engager la discussion avec d’autres sur la question de la représentativité politique des travailleurs, mais pour cette prochaine période, nous allons plus mettre l’accent dans notre travail sur le renforcement d’une force clairement socialiste.

    2e fournée de commissions :

    Encore des discussions intenses

    Il n’était pas non plus facile de se décider le dimanche pour choisir une des 5 commissions proposées. Mais, sans réelle surprise, l’assemblée la plus nombreuse a été celle qui a assisté à la discussion sur l’expérience de Liverpool en 1983-87, quand une majorité socialiste était présente au conseil communal. Une des pages parmi les plus importantes de l’histoire récente des révolutionnaires socialistes. Il faut dire aussi que nous avions la chance de compter comme orateur Tony Mulhearn, à cette époque président de la section locale du Parti Travailliste et qui se trouvait donc de se fait au devant de cette lutte. Sa contribution a été d’importance pour comprendre concrètement ce que signifie une véritable politique socialiste.

    La commission sur l’insurrection de l’île de Cronstadt, en 1921, a attiré également pas mal de monde. Ce thème est peut-être moins évident à aborder 87 années après les faits, mais il est toujours intéressant d’examiner l’histoire pour pouvoir répondre aux arguments anti-bolcheviks qui n’ont pas manqué de fleurir à l’occasion du 90e anniversaire de la Révolution russe, l’an dernier. Le principal point de cette discussion a été la nécessité primordiale de toujours replacer un événement dans son contexte. L’oppression de la révolte qui s’est développée à Cronstadt en mars 1921 n’est certainement pas le moment le plus glorieux pour les blocheviks, mais il n’existait aucune autre alternative à moins d’ouvrir la porte à la contre-révolution des monarchistes et des puissances capitalistes. Comme l’a affirmé Trotsky, il s’agissait d’une « tragique nécessité ».

    Les autres commissions abordaient des thèmes plus directement actuels. La commission sur l’Amérique Latine a été particulièrement riche, mais il faut y voir aussi le résultat d’une période assez longue durant laquelle certains membres de notre parti ont accordé, et accordent toujours, une attention particulière à la situation de ce continent en révolte. Parmi eux, certains ont eu l’occasion de prendre part à des interventions en Amérique Latine ou à l’activité qu’y ont nos sections-sœurs. La discussion au sujet de l’environnement et de la politique énergétique s’est développée autour d’une introduction sérieusement étayée de Kristof Bruyland et sur la réponse socialiste à adopter sur cette question.

    Enfin, il y avait encore une discussion sur la religion et son rôle aujourd’hui, de nouveau en présence de militants iraniens sans que cela n’ait pour autant empêcher une discussion plus globale de prendre place.

    EN AVANT !

    Le week-end a été clôturé par un meeting qui a une nouvelle fois accentué la nécessité de remettre le socialisme à l’ordre du jour. Vincent Kolo a parlé du gouffre énorme qui existe entre riches et pauvres et qui n’épargne pas la Chine. La récession économique qui se développe aux USA et ses conséquences dans le monde vont constituer un point tournant. Les actions que nous avons pu voir dans cette dernière période contre, entre autres, la diminution de notre pouvoir d’achat et pour plus de salaire sont encore survenues dans un contexte de croissance économique qui n’a pas pu empêcher que le gouffre entre riches et pauvres atteignent des proportions inconnues jusque là. Dans le contexte d’une crise économique, ce fossé se creusera de façon encore plus brutale.

    Bart Vandersteene a aussi commencé son intervention en prenant base sur le fossé grandissant entre riches et pauvres. Les riches deviennent plus riches et les profits réalisés en Bourse ont été gigantesques. Mais, dès que les choses vont mal, c’est à la collectivité de payer. Nous avons pu le voir avec les sommes faramineuses injectées par les Banques Nationales dans l’économie. Pour répondre à la crise du capitalisme, seul un projet socialiste avec un programme et une stratégie clairs sera efficace.

    Tony Mulhearn est revenu ensuite, mais cette fois en session plénière, sur l’expérience de Liverpool en 83-87 et en a expliqué les leçons les plus importantes : ce mouvement de masse (qui a par exemple connu une grève de 24 heures à Liverpool avec la participation de 100.000 grévistes ou encore une manifestation de 50.000 personnes pour défendre le conseil communal) a été uniquement possible parce qu’une direction politique consciente était présente. Mais nous ne pouvons pas créer d’îlot de socialisme dans un océan capitaliste. A Liverpool, nous avons pu traduire le socialisme en termes de logement sociaux, d’emploi, de services sociaux, de centres de détente, d’écoles de quartier,… Cela a donné un avant-goût de ce qui peut être possible, mais pour pouvoir réaliser cela de manière permanente, il nous faut un puissant parti révolutionnaire.

    Aisha Paulis est ensuite intervenue comme dernière oratrice du week-end en appelant les participants à poursuivre ces discussions et à renforcer les révolutionnaires socialistes dans leur lutte pour une société socialiste.

    Nous remercions ici une nouvelle fois l’équipe de cuisine et tous ceux qui ont aidé à faire de ce week-end « SOCIALISME 2008 » une réunion particulièrement réussie, à l’enthousiasme énorme et véritablement palpable. Le dévouement des volontaires a permis une organisation pratique particulièrement professionnelle.

    Ce week-end a encore été l’occasion de récolter du soutien, et un appel financier a notamment récolté quelques 3.000 euros. Les stands de livres et brochures ont aussi tourné à plein régime, reflétant ainsi l’atmosphère politique de cette rencontre.

    La détermination et l’enthousiasme présents à ce week-end doivent maintenant se traduire les semaines prochaines en un fonctionnement optimal de chacune de nos sections, notamment dans la poursuite de notre campagne pour plus de pouvoir d’achat.

    En avant !

    Lien:

  • Lucky Reynders arrose les patrons plus vite que son ombre

    Cadeaux fiscaux

    La Belgique : ses frites, sa bande dessinée, ses intérêts notionnels. Une nouvelle campagne de promotion de la Belgique a été lancée par les gouvernements fédéral et régionaux d’inciter les investisseurs étrangers à se tourner vers notre pays. Le personnage choisi pour animer cette campagne est Lucky Luke ! Histoire d’illustrer la politique de cow-boy des politiciens traditionnels ?

    Peter Delsing

    Les salariés normaux ont récemment bénéficié d’une baisse d’impôts mais ce que l’Etat donne aux travailleurs d’une main, il le reprend de l’autre : impôts locaux et soi-disant «écologiques» ont ainsi augmenté et sont venus s’ajouter à la hausse des prix de la nourriture, du mazout, du loyer, etc.

    Les patrons, eux, n’ont pas à se plaindre de leur pouvoir d’achat. Les mesures pour augmenter leurs revenus sont prises plus rapidement, comme avec la réduction des impôts sur la personne physique qui profite surtout aux gros revenus.

    Intérêts fictifs et profits réels

    La déduction des intérêts notionnels est une mesure supplémentaire qui permet aux patrons de réduire leurs impôts (de près de 2,4 milliards d’euros par an) en plus des réductions déjà « classiques » des contributions patronales à la sécurité sociale (entre 5 et 6 milliards d’euros par an).

    Cette déduction des intérêts notionnels est destinée à compenser l’abolition des « centres de coordination », une mesure que l’Etat belge avait prise pour attirer les multinationales et que l’Union Européenne a fini par lui faire supprimer. Ces centres ont permis aux grandes entreprises de réduire fortement leurs impôts. Tandis que les salariés doivent payer au moins 43% d’impôts (pour que les services publics que nous avons payés soient peu à peu vendus au privé par la suite…), les multinationales n’ont parfois à payer que 1% ou encore moins d’impôts.

    Le coup des «intérêts notionnels» vise au même but. Lorsque des entreprises doivent emprunter en banque pour investir, elles peuvent déduire les intérêts de cet emprunt de leurs profits avant de payer leurs impôts. Désormais, si elles investissent en utilisant leurs propres capitaux, elles pourront déduire de leurs profits des intérêts fictifs (« notionnels ») équivalents aux intérêts qu’elles auraient dû payer si elles avaient eu recours à un emprunt en banque.

    Officiellement, il s’agissait d’éliminer des discriminations entre entreprises et d’attirer des capitaux étrangers, tout en créant beaucoup d’investissements et d’emplois, ce qui devait compenser le coût de cette mesure. En réalité, il s’agit d’une subvention aux profits patronaux qui rend surtout les actionnaires plus riches.

    Nous exagérons ? Pas du tout. Le gouvernement avait déjà mené une campagne de promotion à l’étranger en 2005 pour faire la publicité des intérêts notionnels, le bébé favori de Verhofstadt et de Reynders. Son slogan était : « Invest in Belgium. Increase your profit » (Investissez en Belgique. Augmentez vos profits) ». Comme ça, vous l’entendez aussi de quelqu’un d’autre que nous…

    Paradis fiscal sélectif

    Le fisc ne laisse rien passer aux modestes salariés, mais les grandes et moyennes entreprises ne sont guère menacées de telles investigations : seules 4% d’entre elles sont contrôlées de façon approfondie sur base annuelle. Avec un peu de chance, cela signifie donc un contrôle toutes les 25 ans ! Alors que le gouvernement et l’ONEm ne laissent aucun répit aux chômeurs, le personnel chargé des contrôles fiscaux a été consciemment limité.

    Les études universitaires les plus récentes estiment que la fraude fiscale nous coûte chaque année 30 milliards d’euros. Combien d’emplois stables et bien payés généreraient ces milliards d’euros, sans devoir passer par des cadeaux plantureux aux patrons ?

    Les fédérations patronales belges ne cessent d’envoyer des communiqués de presse déclarant que la fraude sociale des chômeurs doit être attaquée et que les allocations doivent être limitées dans le temps. Mais qui sont donc les véritables profiteurs ?

  • Environnement. Poisson surpêché, mer en danger !

    Derrière la hausse des prix de l’alimentation se cachent beaucoup de choses et, parmi elles, la disparition d’espèces pourtant considérées jusque là comme d’inépuisables sources de nourriture. Ainsi, si la tendance actuelle se maintient, la quasi-totalité des espèces de crustacés et de poissons pêchés aujourd’hui pour la consommation n’existeront plus avant 2050.

    Nicolas Croes

    Début février, la Katholieke Universiteit Leuven (KUL) a réuni des experts internationaux pour aborder ce thème (« Le Soir » du 08/02/08). Il est ressorti de cette rencontre que, chaque année, 100 millions de tonnes de poissons sont pêchées pour alimenter un commerce fameusement juteux puisque la pêche commerciale représente annuellement quelques 85 milliards de dollars.

    Cette pêche intensive est responsable de la disparition de 90% des poissons prédateurs (comme le thon ou le cabillaud). La population de grands requins dans l’Atlantique a diminué de moitié depuis 1970, selon l’université canadienne Dalhousie (Le Soir du 20/02/08). Au total, ce sont les trois-quarts des stocks de poissons qui sont surexploités, voire exploités au maximum ! L’approche industrielle menace les équilibres écologiques tout en rendant toujours plus difficile la survie des petits pêcheurs.

    La pêche industrielle est clairement responsable de la majorité des dégâts occasionnés à la faune marine, en particulier à cause du chalutage. Cette méthode consiste à tirer de gigantesques filets lestés sur le plancher des océans qui détruisent absolument tout sur leur passage. Toutes les 4 secondes, une surface équivalente à 10 terrains de football (!) est ainsi retournée. Pour autant qu’elles parviennent s’en remettre, les formes de vie en eaux profondes sont très lentes à se relever après de telles attaques. On estime qu’il nous reste entre 500.000 et 5 millions d’espèces marines à découvrir. Beaucoup ne le seront jamais.

    Seuls 4% des océans sont encore intacts…

    Les scientifiques parlent aussi d’ « évolution induite par la pêche » puisque les plus beaux spécimens des espèces sont particulièrement visés, ce qui ne laisse pour la reproduction que les poissons les plus petits. Au fil du temps, les poissons sont donc génétiquement contraints à diminuer de taille… A titre d’exemple, le cabillaud des eaux canadiennes de Terre-Neuve-et-Labrador a perdu la moitié de sa taille à l’âge adulte entre 1975 et 1992. Cette espèce a toutefois pu regagner quelques centimètres depuis lors lorsqu’elle est devenue espèce protégée.

    Mais l’écrasante majorité des espèces n’ont pas cette possibilité. Si elles représentaient 0,1% de la surface des océans en 1980, les aires marines protégées (MPA) ne représentent toujours aujourd’hui que…0,7% seulement ! Malheureusement, le processus de reconstruction des stocks est beaucoup plus lent que celui qui mène à leur destruction.

    Même si plus aucune pêche n’était effectuée dans la mer de Barents, il faudrait néanmoins 250 ans pour que les stocks regagnent leurs capacités perdues ces 40 dernières années.

    Selon la nouvelle cartographie globale des mers et océans, seuls 4% des océans sont encore intacts de la pollution, de la surpêche, de la destruction des prairies sous-marines, de l’acidification,… (Le Soir du 18/02/08)

    Par le passé, on ne présentait régulièrement que l’un ou l’autre aspect de la détérioration de notre environnement, comme la disparition d’un animal ou d’un milieu en particulier. Aujourd’hui la tendance est à des approches plus globales et de multiples liens sont établis entre les différents problèmes. Nous ne pouvons qu’espérer que l’ébauche de solution ira dans le même sens. Trop souvent encore, les solutions apportées à un problème n’abordent qu’une seule facette de celui-ci et rencontrent rapidement des limites.

    Où se trouve la solution ?

    D’autre part, beaucoup de scientifiques se limitent à dire en conclusion de leurs rapports que «la balle est dans le camp des politiques» ou que c’est «aux décideurs de prendre l’avenir en main»,… Nous doutons fort de la capacité de ces «décideurs» à résoudre des problèmes qui viennent des fondements mêmes du système dont ils soutiennent la logique. La balle est dans le camp des travailleurs et des jeunes de partout à travers le monde : pour survivre, il faut lutter contre ce capitalisme destructeur. Seule une société socialiste, démocratiquement planifiée, se basera uniquement sur les intérêts de la majorité de la population parce que les travailleurs et leurs familles auront eux-mêmes en main les commandes de la société. C’est une absolue nécessité pour mettre fin à la destruction de notre planète.

    Pour en savoir plus

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