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  • Elections sociales. Interview de Jo Coulier, délégué FGTB

    Elections sociales. Interview de Jo Coulier, délégué FGTB

    Jo Coulier est délégué principal pour la CGSP (FGTB) à la Vrije Universiteit Brussel (VUB). Nous avons eu un entretien avec lui dans son local syndical. La dernière fois, la FGTB-VUB avait récolté 65% des voix. Au cours des dernières années, la délégation a pris le devant de l’opposition aux plans de réforme du ministre Vandenbroucke.

    Propos recueillis par Eric Byl

    Après les 65% précédemment obtenus, vous attendez-vous à pouvoir répéter ce résultat ?

    Jo: « Si les salariés évaluent le travail des dernières années, je peux difficilement m’imaginer qu’ils ne votent pas pour la FGTB (CGSP). La CSC ne se présente pas ici et la CGSLB représente uniquement les laïques libéraux ou socio-démocrates. Chez les nouveaux salariés, on sait que la résistance contre le ministre de l’enseignement et contre le patron local émane de la FGTB. Nous diffusons régulièrement une dépêche contenant nos points de vue, nos luttes et les acquis obtenus. Nous avons un noyau de militants dans toutes les catégories du personnel et dans toutes les institutions qui communiquent avec leurs collègues. Mais nous connaissons aussi un renouvellement de personnel assez important. Chaque année, 200 salariés partent et arrivent. Lors de chaque nouvelle élection sociale, on peut donc compter sur 25% de nouveaux électeurs, car il existe pas mal de contrats à durée déterminée, surtout parmi le personnel académique ».

    Comment faites-vous pour aboutir à un programme unifié avec un noyau de militants tellement varié?

    Jo: « A la VUB, nous avons une situation unique. Dans le noyau des militants, il y a des chercheurs, des profs, des membres du personnel administratif et technique, des gens qui gagnent 1.000 euros par mois et d’autres qui en gagnent 4 à 5.000. Afin de réunir tous ces gens, il faut un fonctionnement très démocratique, bien prendre le temps pour discuter tout en profondeur, informer et former les gens. Car pour pouvoir énoncer un jugement, il faut bien pouvoir estimer tous les éléments en jeu. Notre formation n’est pas uniquement de nature technique, mais aussi idéologique et politique. Grâce à cela, la FGTB dispose de membres capables de discuter avec leurs collègues. »

    « En ce qui concerne la conviction politique, le noyau des militants est très divers, avec des membres et des sympathisants du SP.a, du MAS/LSP, de Groen! ou des indépendants politiques. Envers la direction, cela ne pose pas de problèmes. » « Le mouvement contre le plan Vandenbroucke a été porté tant par les délégués qui sont membres du SP.a que par les autres, à aucun moment donné des doutes n’ont été soulevés. »

    Comment sont vos rapports avec la CGSLB?

    Jo: « La direction se sert d’eux pour imposer des accords contre la volonté de la FGTB. Cela en dit beaucoup sur la démocratie. Ils ne récoltent même pas la moitié de nos voix mais, à travers eux, la direction peut imposer des Conventions Collectives de Travail à l’ensemble du personnel. »

    « En revanche, si des salariés organisés à la CGSLB sont visés par la direction, alors nous les défendons. Bien des fois, j’ai agi en tant que conseiller pour les membres CGSLB. »

    Quels sont vos thèmes de campagne pour les élections sociales?

    Jo: « Nous n’étions pas du tout content de l’Accord Interprofessionnel que la CGSP avait signée en 2006 pour les quatre années suivantes. Il comprend une augmentation salariale de seulement 1% pour le personnel administratif et technique. Pour le personnel académique, qui forme tout de même les deux tiers du personnel, il ne prévoit même rien au-delà de l’index ! Et à cause du remaniement de l’index, cela représente une perte de salaire réel, qui n’est que partiellement compensée par des augmentations barémiques. La CGSP de la région de Bruxelles avait pourtant rejeté l’Accord Interprofessionnel avec 87% des voix. »

    « Nous voulons 5% d’augmentation salariale, ou alors au moins 100 euros d’augmentation forfaitaire. Nous voulons que l’on fasse quelque chose au sujet de la pression au travail qui, avec l’augmentation du nombre d’étudiants et donc du travail, deviennent parfois intolérables. Nous revendiquons l’extension des retraites extralégales pour tous parce qu’actuellement seuls 50% des membres du personnel y ont droit, surtout ceux qui travaillent dans la recherche scientifique. Finalement, nous avons encore un éventail de revendications pour des groupes-cible comme l’égalisation et l’amélioration du statut des boursiers, une politique de promotion plus honnête, etc. »

  • Le capitalisme se dirige-t-il vers une crise économique profonde?

    Récession aux USA – Bientôt ici aussi ?

    L’économie mondiale est sans doute à un tournant. Une récession économique ou une crise aux USA aurait des conséquences bien plus profondes que la baisse des Bourses à laquelle nous avons assisté ces derniers mois. Elle se traduirait très certainement en Europe par de nouvelles vagues de licenciements massifs, de délocalisations et d’attaques contre les salaires et contre la sécurité sociale.

    Peter Delsing

    Au cours des années ‘90, le capitalisme a connu une forte croissance économique grâce, entre autres, aux nouvelles technologies (en particulier en informatique) ainsi qu’aux privatisations et aux délocalisations. L’ouverture de l’Europe de l’Est, de la Russie et de la Chine au capitalisme a aussi permis de réaliser des profits massifs parce que les sociétés multinationales ont trouvé sur place une gigantesque réserve de main-d’œuvre qualifiée et à bon marché. Tout cela a provoqué en retour une forte pression à la baisse sur les salaires dans les pays capitalistes les plus développés, encore une fois au bénéfice des patrons.

    Mais les années ‘90 ont aussi déjà connu différentes « bulles spéculatives » (des hausses de prix excessives sur différents marchés) à cause de l’afflux d’argent provenant des énormes profits réalisés par les entreprises. Ainsi, en 1997, la crise asiatique a entraîné une chute des monnaies et de valeurs boursières surestimées ainsi que l’éclatement d’une première bulle immobilière.

    Spéculation: le capitalisme de casino

    La part des sociétés financières dans le chiffre des profits globaux de toutes les entreprises après impôt a considérablement augmenté aux USA : elle est passée de 5% en 1982 à 41% en 2007 ! Ce poids des profits spéculatifs illustre le caractère malsain et pourri du capitalisme actuel. Les grands actionnaires se servent de la richesse qu’ils se sont appropriées sur le dos des travailleurs pour investir non pas dans la production réelle, mais bien dans toutes sortes de constructions financières en espérant réaliser ainsi de plus grands profits basés sur la spéculation.

    Après la crise de 2001, ce développement malsain et parasitaire du capitalisme n’a pu être maintenu que par la consommation des salariés. Mais comme leurs salaires réels avaient chuté, ceux-ci ont été incités à dépenser de l’argent qu’ils n’avaient pas encore gagné – en l’empruntant. En 2005, aux USA, les dettes pour le remboursement d’une maison s’élevaient en moyenne à 98% du revenu disponible alors que ce chiffre n’était encore “que” de 60% dans les années ’90.

    Afin de contrôler cette montagne de dettes, la Banque Centrale des Etats-Unis, la Federal Reserve (Fed), a commencé très progressivement à augmenter le prix de l’emprunt. Mais cette hausse – même limitée – des taux d’intérêts a eu immédiatement un effet ravageur sur les subprimes (les crédits à haut risque) et les prêts « NINJA » (pour « No Income, No Job, No Assets » : sans revenu, sans travail et sans patrimoine). Grâce à de tels emprunts, des gens qui n’étaient pas du tout solvables avaient tout de même pu acheter une maison puisqu’ils étaient sensés s’enrichir grâce à la hausse de la valeur de celle-ci et pouvoir décrocher ensuite de nouveaux prêts plus avantageux. Mais la saturation du marché et la hausse des taux d’intérêt par la Fed a fait s’écrouler cette illusion.

    L’économie américaine au-dessus de ses moyens

    Tant que les prix de l’immobilier augmentaient, beaucoup d’Américains ont eu l’impression de s’enrichir et ont ainsi contracté massivement d’autres types d’emprunts (voitures, MasterCard, etc.). C’est cette bulle de crédit qui a poussé la croissance américaine dès 2001 et qui a aussi gonflé artificiellement le dollar. Comme le gouvernement américain recevait aussi beaucoup d’argent, il pouvait se permettre de maintenir pour une certaine période des prix bas pour les bons d’Etats, c’est-à-dire les emprunts qu’il accorde lui-même. Pour soutenir une économie américaine basée sur la consommation, des pays asiatiques comme la Chine, dont l’économie repose sur l’exportation, ont acheté des bons d’Etats US afin de consolider leur propre position et de maintenir des prix élevés pour les produits américains.

    Cet équilibre artificiel entre les USA et les banques asiatiques devait immanquablement conduire un jour à un retour de flamme économique et à l’éclatement de la bulle du dollar. Les USA vivent depuis longtemps au-dessus de leurs moyens. Le capital américain espérait qu’à travers une baisse progressive du dollar, il pourrait faire endosser la crise au reste du monde. Ainsi, il a joué à la roulette russe avec les banques asiatiques et les investisseurs de l’OPEP en leur disant : « Si nous baissons le dollar, oseriez-vous changer en une autre monnaie vos dollars achetés avec vos surplus commerciaux et provoquer ainsi une crise économique et financière mondiale? »

    La récession touche les salariés et les pauvres

    L’économie américaine ne peut pas se sauver elle-même en se rattrapant sur ses exportations. Le développement de la consommation intérieure demeure crucial. Aujourd’hui, nous ne nous trouvons encore que dans la première phase de la chute des prix de l’immobilier et pourtant les USA sont déjà menacés d’une récession. Alors que les prix de l’immobilier n’ont chuté « que » de 8%, deux mil-lions d’Américains ont déjà perdu leur maison. Or on estime aujourd’hui que cette baisse pourrait atteindre au final 20 ou 30%. Dans un pays où le système de retraites est privé et côté en bourse, la chute de la valeur des maisons couplée à celle des Bourses constitue une catastrophe pour beaucoup de familles.

    A partir du secteur limité des crédits à haut risque, la crise s’est étendue, par l’intermédiaire des banques, au reste du système financier. C’est que les banques avaient « titrisé » ces mauvais emprunts, c’est-à-dire les avaient inclus dans des paquets comprenant aussi des emprunts plus sûrs, des actions et des obligations. L’idée était de répartir le risque et même de l’éliminer mais il s’est en réalité étendu comme un virus en infectant au passage de larges parts du système financier.

    Prises de panique, les banques ont limité fortement leurs opérations de prêts entre elles et aux entreprises, provoquant ainsi un ralentissement de l’activité économique. Au quatrième trimestre de 2007, la croissance américaine a chuté de 0,6% sur base annuelle alors qu’une croissance de plus de 3% serait nécessaire pour garantir le maintien de l’emploi. Deux Américains sur trois estiment déjà que leur pays se trouve en crise économique et la confiance des consommateurs a connu la baisse la plus prononcée depuis seize ans.

    Les bons de consommation ne suffiront pas

    La décision de la Fed de diminuer à nouveau à deux reprises le taux d’intérêt indique qu’une certaine panique s’est installée. En janvier, l’inflation a gonflé de 4,3% sur base annuelle. Si ce phénomène de stagflation – stagnation ou récession économique liée à une inflation – se maintient, le taux d’intérêt devra à nouveau être augmenté pour diminuer la quantité d’argent disponible et une récession profonde s’ensuivra.

    Le reste du monde n’est pas immunisé

    Il est illusoire de penser que le reste du monde est immunisé contre une récession survenant aux USA. Si, jusqu’ici, les répercussions se remarquent surtout sur les Bourses, les prévisions de croissance ont tout de même été revues à la baisse tant en Asie que dans la zone euro.

    D’après une déclaration récente de la Banque Mondiale, le PIB par habitant de la Chine est équivalent à 9,8% de celui des USA. Les classes moyennes limitées de la Chine ou de l’Inde ne pourront pas reprendre le rôle moteur joué jusqu’ici par le consommateur américain.

    L’économie mondiale se trouve à un tournant de la période post-stalinienne. Et au moment même où s’effectue ce tournant, dans des pays comme la Belgique et l’Allemagne, les salariés se mettent en mouvement contre la baisse du pouvoir d’achat. L’intensification du taux d’exploitation qui a permis la croissance économique dans les années 90 commence à se retourner contre le système : il n’existe plus de marge pour que les travailleurs puissent faire face à l’augmentation des prix.

    La plupart des travailleurs n’ont connu la croissance de l’après 2001 que sous la forme d’une baisse du pouvoir d’achat. Dans ces conditions, une nouvelle crise économique entraînera une ouverture plus large pour les idées socialistes et offrira plus d’occasions pour le développement d’une alternative révolutionnaire.

  • Intérêt notionnels : PS/SP.a : A gauche toute ?

    La guerre semble déclarée entre «socialistes» et libéraux. Principale pomme de discorde : les intérêts notionnels qui, selon Laurette Onkelinx, sont d’un « machiavélisme fiscal inouï ». Et Di Rupo de continuer: « la droite a vidé les caisses ». Et quoi les gars ? Vous n’avez pas été au pouvoir avec les libéraux ces 8 dernières années ?

    Nicolas Croes

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    Une fiscalité pour les riches !

    En 1996, l’impôt moyen sur les sociétés était encore de 45%. Aujourd’hui, il est (officiellement) de 33,99%. Encore de trop ? Selon l’institut canadien C.D. Howe Institute, la Belgique se positionne en tête d’une liste de 36 pays industrialisés et de 45 en voie de développement comme la destination la plus intéressante en matière d’investissements. Les calculs d’un professeur de l’Université de Toronto – relayés par le VLD et le quotidien l’Echo, en octobre 2006 (déjà) – illustrent que les intérêts notionnels auraient fait chuter d’un seul coup l’impôt réel moyen sur le capital étranger investi de 23,5% en 2005 à -4,4% en 2006 !

    Il faut encore ajouter que tous les bénéfices des entreprises ne sont pas taxés. Loin, très loin, de là. Pour l’exercice d’imposition 2003, par exemple, les bénéfices des entreprises étaient de 46,212 milliards d’euros. Après les nombreuses déductions, la base soumise à l’impôt n’était plus que de 20,277 milliards d’euros. De fait, les impôts des entreprises représentent aujourd’hui moins de 12% des recettes fiscales de l’Etat.

    Qui paye le reste? Nos salaires et allocations soi-disant trop élevés…
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    Car à l’époque de la mise en place de ces fameux intérêts notionnels, les « socialistes » ont été beaucoup moins critiques… Annemie Roppe (SP.a-/Spirit) l’avait à l’époque qualifié de « projet révolutionnaire » dont employeurs, salariés et syndicats «peuvent être fiers». Eric Massin (PS) déclarait, lui, que l’opération était «indolore du point de vue budgétaire» et que rien ne permettait de «remettre en cause les chiffres présentés», c’est-à-dire 566 millions d’euros. Et pourtant…

    Derrière ces intérêts « conceptuels »…

    …il y a une manœuvre magnifique. Un coup en or pour les patrons. Quant aux po(n)tes « socialistes », ils ont été, au mieux, des dupes incapables de la déceler ou, plus probablement, des complices enthousiastes de ce véritable hold-up légal.

    A la base de tout cela, il y a la polémique sur l’existence en Belgique des Centres de Coordination qui appartiennent à des multinationales et qui jouent pour elles le rôle de banquier. En encourageant la création de ces Centres, le gouvernement visait officiellement à attirer les quartiers-généraux des multinationales pour créer de l’emploi (même si les conditions en termes d’emplois sont de 10 équivalents temps-plein engagés par chaque centre !).

    Que payent-ils comme impôts ? Quasiment rien. En 2002, les 207 centres de coordination fonctionnant en Belgique ont payé 73 millions d’euros d’impôts pour un bénéfice de… 5,36 milliards d’euros! Un taux d’imposition de 1,36%! Par rapport à celui des sociétés encore en vigueur à l’époque, le manque à gagner pour l’Etat était de 2,08 milliards d’euros.

    Mais l’Union Européenne a jugé que ces Centres de Coordination relevaient de la concurrence déloyale vis-à-vis des autres pays. Alors, au lieu de supprimer cette pratique, Didier Reynders l’a appliquée à tout le monde (enfin, aux entreprises…) sous la forme des désormais fameux « intérêts notionnels ».

    Il s’agit d’un mécanisme permettant aux entreprises ayant fait des investissements sans passer par des emprunts bancaires (et donc sans payer d’intérêts) de déduire des intérêts « fictifs » équivalents de leur déclaration d’impôts. Reynders avait fait la promesse totalement ridicule que cela allait coûter beaucoup moins que les Centres de Coordination. Et cette fois, sans l’argument de la création d’emplois, mais avec celui de la suppression d’une inégalité (on croirait rêver).

    Aujourd’hui, le même Reynders avoue que la mesure coûte (au bas mot) 2,4 milliards d’euros au lieu des 566 millions de départ. Et ce n’est certainement pas dans son intérêt de surévaluer ce chiffre, bien au contraire…

    Les « socialistes » aveugles ?

    Ce n’est qu’en janvier de cette année que le PS a commencé à formuler des critiques. Pour Laurette Onkelinx : « On ne peut faire un budget 2008 sans réformer les intérêts notionnels ». Car, que cela soit bien clair, aucun parti traditionnel ne réclame, malgré leurs hauts cris, l’annulation de ces cadeaux « offerts » aux patrons par les contribuables. C’est juste que, sous la pression de l’arrivée de la crise économique, les patrons vont vouloir en faire payer les dégâts aux travailleurs. Le PS et SP.a, en voulant amender quelque peu ces intérêts notionnels scandaleux, affirment simplement haut et fort que sans un minimum de poudre aux yeux, cela ne passera pas… Qui en sera dupe ?


    Beaucoup d’informations fiscales de cet article et du cadre ci-contre sont tirées de l’ouvrage de Marco Van Hees «Didier Reynders, l’homme qui parle à l’oreille des riches».

  • Remettons le socialisme à l’ordre du jour !

    RESISTANCE INTERNATIONALE contre l’extrême-droite, l’oppression des femmes, la guerre et le capitalisme

    Là, ça commence à devenir évident pour beaucoup, la crise découle du capitalisme lui-même. A travers le monde entier, les augmentations de prix entraînent une protestation grandissante et en Belgique aussi, il est question d’une vague de grèves inconnue depuis de nombreuses années. Elle a prouvé que la lutte est payante. Pour maintenir nos acquis sociaux, il faudra nous battre car tous les politiciens se rejoignent sur une seule chose: l’adhésion à la politique capitaliste !

    Benoit Douchy

    Des services publics sont démantelés afin d’être ensuite privatisés ; l’enseignement est rationalisé ; la sécurité sociale devient de moins en moins une sécurité et perd son caractère social,… C’est sur ce terreau fertile que, depuis 20 ans, l’extrême-droite flamande a pu se développer avec le Vlaams Belang. Les effets d’une récession en Belgique rendraient encore plus important le potentiel du néofascisme et du populisme de droite, surtout maintenant avec une autre direction au FN. S’organiser, participer à des actions et discuter de l’antifascisme et de ses meilleures méthodes reste indispensable !

    Le démantèlement des services publics touche surtout les couches les plus faibles de la population : les chômeurs, les pauvres…. Aujourd’hui déjà, 15% de la population est pauvre, pourcentage encore plus élevé chez les pensionnés et les mères isolées. Au lieu de services publics collectifs, l’accent est de plus en plus mis sur la « responsabilité » individuelle. Les femmes surtout en sont victimes, alors que les tâches ménagères continuent de peser sur leurs épaules. La lutte pour l’émancipation des femmes est donc loin d’être finie !

    Le système actuel entraîne de plus en plus d’oppositions, aussi bien entre pauvres et riches qu’entre les différentes puissances nationales. Conséquence : un accroissement des tensions internationales et des guerres. Si cela ne tenait qu’à notre gouvernement, les troupes belges joueraient d’ailleurs un rôle plus actif, entre autres en Afghanistan et au Tchad.

    Contre la politique de « diviser pour mieux régner », il y a nécessité de l’unité dans la lutte de tous les travailleurs, jeunes, immigrés, femmes… Pour une amélioration de notre qualité de vie : lutte, solidarité et socialisme ! Cette solidarité est d’autant plus forte quand elle repose sur la défense des plus faibles par eux-mêmes.

    Ne pas réagir contre la division semée par le capitalisme ne fait que renforcer le discours dominant et donc le système. C’est pourquoi nous menons une campagne active pour la manifestation contre les néo-nazis du NSV à Gand, le 6 mars et pour la manifestation contre l’oppression des femmes, le 8 mars.

    Nous désirons coupler ces actions concrètes à une discussion sur la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs, qui réunisse tous ceux qui veulent s’opposer au néolibéralisme. Le glissement vers la gauche, en Allemagne, nous en démontre le potentiel.

    Durant le Week-End de débats et de discussions de SOCIALISME 2008, nous voulons engager la discussion avec les travailleurs et les jeunes qui s’opposent activement au néolibéralisme.

    Nous voulons y parler de la façon de s’organiser contre le néolibéralisme et de construire une alternative socialiste. Contre la vague néolibérale, nous devons remettre le socialisme à l’ordre du jour ! Socialisme 2008 constitue une bonne opportunité pour cela.

  • Imagix-Mons. Grogne au cinéma

    Imagix-Mons

    Le boulot d’opérateur est simple : monter et démonter les films, charger les machines, surveiller la projection et s’occuper des petites pannes. Dans un petit cinéma, où le nombre de salles est limité, le boulot peut être agréable, le seul problème étant le salaire de misère. Mais lorsque le nombre de salles est plus grand, le boulot devient un véritable enfer.

    L’exemple du rechargement lorsque l’on est seul en cabine est parlant : il y a 14 salles à Imagix et les films se terminent en moyenne 30 minutes avant la séance suivante dans le meilleur des cas (si il n’y a pas de retard et que le film n’est pas trop long), ce qui laisse 2 minutes par machine pour recharger sans compter le déplacement éventuel des bobines et les va-et-vient dans la cabine de 130 mètres de long.

    La pression et le stress sont donc maximaux et le risque d’erreur ou d’accident de travail est très présent. Lorsque l’on sait que le thermomètre a déjà affiché plus de 50° en été en cabine, on ne s’étonnera pas que certains soient tombés dans les vapes. Les journées font régulièrement 9h30 de travail, presque continuellement debout. Aucun système de pause n’est prévu, on mange entre les machines, dans le bruit, la chaleur et l’air vicié de la cabine car on doit être prêt à intervenir si un problème se présente.

    Jusqu’ici, la franche camaraderie entre les projectionnistes leur permettait de supporter l’exploitation qu’ils subissaient. Cela aurait sans doute pu durer encore longtemps si la direction n’avait pas poussé le chef projectionniste à la démission. Les projectionnistes ont dû commencer a faire la programmation des films, la répartition de salles, les feuilles de lancement, la gestion des stocks, etc. Ils ont du faire l’entretien des machines et les grosses réparations. Pire encore : à chaque fois qu’un problème technique survenait dans le bâtiment, les projectionnistes étaient appelés. Il faut donc maintenant s’occuper des problèmes de chaudière, d’électricité et autres … tout ça pour le même salaire et avec un chef projectionniste en moins.

    Après 4 mois à ce régime infernal, la coupe a débordé. Malgré l’absence d’expérience de lutte collective, les discussions entre projectionnistes se sont faites plus nombreuses et les plaintes contre la direction plus fortes. Finalement, nous avons fait appel au syndicat pour nous venir en aide.

    Nous avons rédigé un cahier de revendications dont les principaux points sont une augmentation salariale de 30% et l’augmentation du nombre d’heures totales prestées en cabine à travers l’engagement à temps plein de deux des trois travailleurs à temps partiel.

    Au moment ou j’écris, une réunion doit avoir lieu entre la direction et les représentants syndicaux pour mettre les revendications sur la table et menacer de grève si rien n’est fait rapidement.

  • 8 mars 2008 : la Journée internationale des Femmes a cent ans

    La Journée Internationale des Femmes trouve son origine dans une grève de travailleuses de l’industrie de textile et de vêtements à New York, le 8 mars 1908, menée pour une journée de travail de 8 heures, pour de meilleures conditions de travail et pour le droit de vote des femmes. L’année suivante, un appel du Socialist Party américain a débouché sur une lutte de plusieurs semaines pour de meilleurs salaires et conditions de travail, dans laquelle 30.000 travailleuses ont été impliquées,. Cette journée est restée longtemps un jour de fête et de lutte pour les organisations de femmes du mouvement ouvrier, même si la mobilisation s’affaiblissait d’année en année. La nouvelle vague d’activités féministes après Mai’68 a repris cette vielle tradition et, cette année encore, il y aura des activités partout dans le monde, bien que celles-ci ne mobilisent plus les masses.

    Anja Deschoemacker

    L’histoire de l’origine de la Journée Internationale des Femmes ressemble beaucoup à celle du 1er Mai. Tout comme celle-ci, elle célèbre des actions qui ont eu lieu aux Etats-Unis et qui ont été ensuite reprises internationalement par le mouvement ouvrier organisé. La première célébration internationale, celle qui a été en ce sens la première véritable Journée Internationale des Femmes, date de 1911. La Journée des Femmes la plus tumultueuse et la mieux connue, celle aussi qui a eu le plus de conséquences, a été celle du 8 mars 1917 (23 février en Russie), qui annonçait le début de la Révolution de Février dans ce pays. Ce n’est qu’en 1922, à l’appel de l’Internationale Communiste, que la journée a été fixée à une date qui s’est imposée partout : le 8 mars.

    Les femmes ouvrières ont lutté pour l’acceptation de leurs revendications dans le mouvement ouvrier

    L’acceptation de la revendication du droit de vote des femmes n’était pas évidente dans l’Internationale Socialiste (aussi connue comme la Deuxième Internationale), tout comme ne l’était d’ailleurs pas l’ensemble de la lutte pour les droits des femmes. L’organisation en 1907, par Clara Zetkin et les femmes socialistes allemandes, d’une Conférence internationale des femmes, qui s’est réunie la veille de la Conférence de la Deuxième Internationale, a donc marqué la préhistoire du mouvement. Une motion y a été votée par laquelle les partis adhérents s’engageaient à lutter pour le droit de vote des hommes et des femmes.

    Clara Zetkin était une figure importante dans le parti socialiste allemand, une socialiste convaincue et une championne des droits des femmes, mais aussi une opposante déterminée au féminisme bourgeois. Lors de la réunion où a été décidée la mise sur pied de la Deuxième Internationale (1889), elle avait déjà argumenté que le socialisme ne pouvait pas exister sans les femmes, que les hommes devaient lutter ensemble avec les femmes pour les droits des femmes, que cette lutte faisait partie aussi de la lutte des classes. La réponse peu encourageante qu’elle avait reçue l’avait conduite à prendre l’initiative d’un mouvement socialiste des femmes, ayant pour but d’influencer les partis socialistes. Elle avait essayé d’acquérir et d’élargir cette influence avec le journal femme socialiste Die Gleichheit, dont elle était rédactrice en chef.

    Mais, malgré l’acceptation de la résolution, l’enthousiasme pour le droit de vote des femmes était tiède dans la plupart des partis socialistes. Pour changer cela et pour impliquer davantage les femmes dans la lutte, la deuxième Conférence Internationale des Femmes Socialistes a décidé de tenir chaque année une journée internationale des femmes, une journée pendant laquelle on manifesterait, on ferait de la propagande,… En 1911, la Journée Internationale des Femmes a été célébrée en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Suisse et aux Etats-Unis. La liste des pays s’est élargie jusqu’à la Première Guerre Mondiale.

    Cette guerre n’a pas signifié seulement un massacre massif, mais aussi la désintégration de la Deuxième Internationale. Le soutien à la guerre, venu d’abord de la social-démocratie allemande mais adopté ensuite par tous les partis de la Deuxième Internationale, a montré que, dans chacun de ces partis, le soutien à sa propre bourgeoisie dans le cadre d’un socialisme réformiste avait pris le dessus sur l’internationalisme, sur le refus de laisser les travailleurs de « son » pays tirer sur ceux d’autres pays, au seul bénéfice de leur propre bourgeoisie belliqueuse. Le seul parti qui est resté fidèle aux principes internationalistes du socialisme a été le parti russe, et en particulier son aile gauche majoritaire (les bolcheviks) sous la direction de Lénine, suivi dans cette voie par une partie de l’aile gauche de l’Internationale Socialiste.

    L’organisation internationale des femmes a continué d’exister et s’est rangée dans le camp anti-guerre. Les Femmes Socialistes allemandes, au contraire de la direction du Parti Social-Démocrate allemand, ont aussi continué à mobiliser contre la guerre et contre la répression de l’Etat, notamment en 1914 contre la guerre qui approchait à grands pas et contre l’arrestation de Rosa Luxembourg, qui participait avec Clara Zetkin à la direction des groupes de gauche dans le SPD.

    Les protestations à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes ouvrent la voie à la Révolution de Février en Russie

    Pendant la guerre, les femmes socialistes ont poursuivi les actions de protestation à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, dont la date varie alors entre le 23 février et le 18 mars. Ces protestations étaient fortement centrées sur le manque de vivres et les prix élevés de la nourriture provoqués par la guerre, ainsi que sur l’opposition à la guerre elle-même.

    C’est ainsi les femmes socialistes italiennes de Turin ont diffusé une affiche, adressée aux femmes des quartiers ouvriers. L’arrière-plan de leur propagande, c’est alors l’augmentation générale des prix de la nourriture de base, comme la farine (dont le prix a grimpé de 88% entre janvier 1910 et 1917) et les pommes de terre (+ 134%). Ces affiches disaient : « N’avons-nous pas assez souffert à cause de cette guerre ? Maintenant la nourriture qu’il faut pour nos enfants commence à disparaître aussi. (…) Nous crions : à bas les armes ! Nous faisons tous partie de la même famille. Nous voulons la paix. Nous devons montrer que les femmes peuvent protéger ceux qui dépendent d’elles. »

    Mais les protestations les plus spectaculaires ont eu lieu lors de la célébration de la Journée Internationale des Femmes en 1917 en Russie. Sous la direction d’Alexandra Kollontaï, les femmes russes sont descendues dans les rues. Au centre de leurs préoccupations se trouvaient les conditions de vie qui continuaient à empirer. Le loyer d’un logement à Saint-Pétersbourg avait doublé entre 1905 et 1915. Les prix des produits alimentaires, surtout ceux de la farine et du pain, avaient augmenté de 80 et 120%. Le prix d’une livre de pain de seigle, qui était la base de la nourriture des familles ouvrières de Saint-Pétersbourg, était monté de 3 kopecks en 1913 à 18 kopecks en 1916. Même le prix du savon avait augmenté de 245%. Une spéculation énorme et un marché noir de la nourriture et de l’énergie se développaient à toute allure alors que les entreprises fermaient leurs portes l’une après l’autre faute d’énergie. Les femmes et les hommes qui étaient licenciés partaient souvent en grève. En janvier et février 1917, plus d’un demi-million de travailleurs russes ont ainsi fait grève, surtout à Saint-Pétersbourg. Comme dans les autres pays impliqués dans la guerre, les femmes formaient une grande partie de ces travailleurs, vu que beaucoup d’hommes avaient été envoyés au front.

    A l’occasion de la Journée Internationale des Femmes (le 23 février du calendrier russe correspond au 8 mars) les femmes ouvrières ont organisé une manifestation passant le long des usines de Saint-Petersbourg. Beaucoup de travailleurs des usines métallurgiques ont rejoint l’action. Le 25 février, deux jours après le début de l’insurrection des femmes, le Tsar a commandé à l’armée de tirer sur les masses pour arrêter le mouvement. Ainsi a commencé la Révolution de Février, qui a forcé le tsar à abdiquer le 12 mars.

    Le Gouvernement Provisoire qui a pris le pouvoir en main est le premier gouvernement d’une grande puissance à accorder le droit de vote aux femmes. Mais, pour le reste, ce gouvernement n’était pas du tout prêt à augmenter le niveau de vie des masses. Le Tsar était parti mais les grands propriétaires fonciers et les capitalistes continuaient d’exploiter les masses et d’accaparer les richesses. A coté de ce Gouvernement Provisoire, une autre force s’est construite, les Conseils (soviets) de délégués élus des travailleurs, paysans et soldats. Ces Soviets sont entrés en concurrence avec le Gouvernement Provisoire sur la question centrale : qui va diriger le pays. En outre, le gouvernement refusait également de mettre fin à la guerre, une revendication qui gagnait toujours plus de soutien parmi les masses, en raison aussi de la campagne menée sans répit par les bolcheviks.

    Ce double pouvoir – d’un coté le Gouvernement Provisoire et de l’autre les soviets – ne pouvait pas durer longtemps. Lors de la Révolution d’Octobre, les Soviets, réunissant les représentants élus des masses laborieuses, ont répondu à l’appel des bolcheviks et ont pris le pouvoir en main. Ces événements ont fixé la date de la Journée Internationale des Femmes en Russie et en Europe au 8 mars. L’Internationale Communiste (ou Troisième Internationale), mise sur pied à l’initiative de Lénine et Trotsky, les principaux dirigeants de la Révolution Russe, a fait en 1922 de cette journée un jour férié communiste.

    La dégénérescence du mouvement communiste révolutionnaire coïncide avec celle de la Journée Internationale des Femmes

    L’Etat ouvrier, arrivé au pouvoir par la Révolution d’Octobre, a donné aux femmes travailleuses des acquis dont les femmes en Occident ne pouvaient alors que rêver. A coté de l’égalité devant la loi, non seulement il leur a offert le droit au travail et des régimes de travail spéciaux (diminution du temps de travail, interdiction du travail de nuit, congé de maternité,…) qui tenaient compte de la fonction sociale des mères en plus du travail hors de la maison, mais il a aussi été le premier à prendre réellement ses responsabilités envers les masses populaires sur le plan du logement et des services de base. Les richesses produites par la population laborieuse ont été pour la première fois réellement utilisées pour servir les intérêts des masses, par le biais d’une économie planifiée qui avait au cœur de ses préoccupations les besoins des masses et qui, dans une première période, était aussi élaborée de manière démocratique à travers les soviets, les conseils des travailleurs, paysans et soldats.

    Mais le jeune Etat ouvrier a fait beaucoup plus encore. L’oppression des femmes est en effet un problème plus profond qu’une simple question de revenu et de salaire. Le droit à l’avortement, la possibilité de divorcer plus facilement, l’abolition des « droits » que les hommes avaient sur les femmes dans le mariage,… tout cela a fait partie des acquis des femmes travailleuses russes – des acquis que les femmes occidentales ont du attendre longtemps encore. Afin de stimuler et d’aider les femmes à sortir de leur foyer et à s’engager dans la société, un travail de formation sur une grande échelle a aussi été entamé, au moyen de campagnes d’alphabétisation dans la campagne et du travail de formation pour élever le niveau culturel. Des femmes socialistes ont parcouru cet immense pays pour expliquer aux femmes les droits dont elles disposaient.

    Mais la Révolution Russe ne pouvait pas rester debout et évoluer vers une société socialiste dans l’isolement total dans lequel se trouvait le pays après la défaite des mouvements révolutionnaires en Europe, et tout particulièrement en Allemagne, des défaites qui se sont succédées surtout à cause de la trahison des partis socialistes de la Deuxième Internationale. La société russe se heurtait à un manque de développement technique, à une arriération culturelle dans les vastes régions rurales,… et était en plus entraînée dans une guerre sans fin, les puissances capitalistes de l’extérieur faisant tout pour aider l’ancienne élite dirigeante russe à reprendre le pouvoir, en bloquant les relations commerciales mais aussi en envoyant des troupes (les armées de 21 pays ont ainsi foncé à travers le territoire de la Russie). La continuation d’une situation de guerre imposée à la société russe a conduit à des famines dans différentes parties du pays.

    Le soutien – ouvert et concret – donné par tous les partis russes, excepté les bolcheviks, à la contre-révolution a conduit à une situation dans laquelle de plus en plus de partis ont été mis hors-la-loi. Cette période de « communisme de guerre » reste toujours vue, même aujourd’hui, par une série de partis communistes comme un « modèle » alors qu’elle n’était qu’une adaptation concrète et nécessaire à la guerre qui était imposé au jeune Etat ouvrier. Beaucoup de penseurs bourgeois mettent cela en avant pour montrer combien le « communisme » est « antidémocratique » – bien que dans les pays capitalistes la démocratie ait été également suspendue en temps de guerre et parfois d’une manière encore plus profonde qu’en Russie.

    Mais l’échec des révolutions en Europe occidentale et les difficultés économiques internes dans un pays détruit par la guerre ont fait qu’en Russie, une bureaucratie a pu concentrer dans ses mains toujours plus de pouvoir. Cette bureaucratie, sous la direction de Staline, a progressivement étranglé toute opposition et a remplacé le fonctionnement démocratique de l’économie planifiée par son propre pouvoir tout-puissant. Cette prise de pouvoir s’est marquée aussi à travers l’adaptation graduelle du programme du Parti Communiste russe envers les femmes, qui a glissé de plus en plus vers la glorification de la maternité et de la famille nucléaire dans laquelle la mère préoccupée du bien-être de la famille occupait la place centrale.

    Parallèlement, l’Internationale Communiste est devenue partout dans le monde un instrument de cette bureaucratie russe, donnant chaque jour davantage la priorité aux intérêts de la politique extérieure de l’URSS sur les intérêts de la classe ouvrière dans le reste du monde. C’est ainsi qu’a commencé une longue chaîne de trahisons, débutant avec la première Révolution Chinoise dans les années ’20 (au cours de laquelle le Parti Communiste a été forcé à aider le Kouo-Min-Tang, le parti bourgeois nationaliste au pouvoir), se poursuivant avec la guerre civile espagnole en 1936-39 (au cours de laquelle le Parti Communiste a notamment utilisé son influence pour retirer leurs armes aux femmes ouvrières et les cantonner au rôle de cuisinières et d’infirmières dans l’armée), dans laquelle les intérêts des travailleurs et paysans espagnols ont reçu une importance bien moindre que les accords que Staline avait conclus avec des différents pays capitalistes, ce qui a mené à la victoire de Franco ou encore avec la Révolution Iranienne de 1979, au cours de laquelle le Parti Communiste a refusé de jouer un rôle indépendant et de diriger lui-même la lutte, a apporté son soutien à Khomeiny et a abandonné les femmes iraniennes totalement à leur sort. Dans ce cadre, la Journée Internationale des Femmes a changé de nature dans les pays staliniens pour devenir une sorte de fête des mères ou de Saint-Valentin, un jour où les femmes reçoivent des fleurs.

    Relance de la lutte des femmes dans les années ‘60

    Dans le reste du monde, la Journée Internationale des Femmes a été de plus en plus oubliée pour n’être reprise qu’à la fin des années ’60 par le nouveau mouvement féministe, ce qu’on a appelé la « deuxième vague » (après une « première vague » pour le droit de vote). C’est également la période dans laquelle d’autres mouvements d’émancipation, comme le mouvement des homosexuels, a connu une forte poussée.

    Les années ’60 ont vu un grand afflux de femmes sur le marché de travail. Vu le chômage très bas, les femmes ont été stimulées à aller revendiquer leur place au travail. La nouvelle vague féministe s’est donc développée sur la base de ces conditions économiques favorables. En Belgique, la montée de ce mouvement a été annoncée par la grève des ouvrières de la FN d’Herstal sur la revendication « à travail égal, salaire égal » qui a duré 12 semaines.

    Cette nouvelle vague féministe, qui a coïncidé avec le développement d’autres mouvements d’émancipation comme celui des homosexuels, avait comme objectifs d’obtenir l’indépendance économique, de rompre avec la répartition classique des rôles entre hommes et femmes, d’arracher la libération sexuelle, de casser le « plafond de verre » qui tenait les femmes loin des hautes fonctions, y compris dans la politique. Dans beaucoup de pays, cette lutte a obtenu des acquis importants, entre autres sur les questions de la contraception et de l’avortement, de l’assouplissement des lois sur le divorce,… illustrés par des slogans comme le très connu « maître de mon ventre » ou « le personnel est politique ».

    En termes légaux, la revendication “à travail égal, salaire égal” a été obtenue, tout comme l’interdiction des discriminations professionnelles, mais sur ce plan on doit aujourd’hui bien constater que les salaires réels des femmes sont toujours en moyenne 25% plus bas que ceux des hommes.

    La Journée Internationale des Femmes doit être remise à l’ordre du jour

    Malgré les énormes acquis – accès à l’enseignement et au marché du travail, légalisation de l’avortement, facilitation des procédures de divorce, égalité devant la loi,… – obtenus par les femmes dans les pays capitalistes développés, les problèmes ne sont pas fondamentalement résolus. Au contraire, au cours des 20 à 30 dernières années de politique antisociale et néolibérale, un grand nombre d’acquis ont été rabotés. Les femmes sont touchées de façon très dure : les chômeurs qui ont perdu leur allocation de chômage à cause du fameux article 143 (devenu 80) limitant la durée des allocations pour les chômeurs cohabitants sont en grande majorité des femmes, les allocations de chômage partiel des travailleurs à temps partiel non-volontaire ont été graduellement abolies, le démantèlement de services comme ceux des hôpitaux (notamment avec la réduction du temps de séjour) a pesé surtout sur elle,…

    Beaucoup de femmes travaillent en dehors de la maison aujourd’hui et très peu de filles et de jeunes femmes se voient comme futures femmes au foyer. Mais la société ne voit toujours pas les tâches ménagères et de soins – que ce soit pour les enfants, pour le mari et, à cause du coût élevé des maisons de repos combiné au faible montant des pensions, toujours plus aussi pour les parents âgés – comme des tâches sociales pour lesquelles il faut créer des services publics. Dès lors, tout le poids repose dès lors sur le dos des femmes qui subissent une double journée de travail. Cette double journée, dans la situation d’un marché de travail de plus en plus flexible, fait que beaucoup de femmes ne gagnent pas assez pour être indépendantes sur le plan financier. De bas salaires, le temps partiel, des périodes de non-présence sur le marché de travail,… font qu’arrivées à un certain âge, les femmes sont aussi en moyenne bien plus pauvres parce que leurs pensions sont plus faibles, et parfois beaucoup plus faibles.

    Ce manque d’indépendance financière fait que les femmes sont vulnérables face à la violence. Même si elles veulent échapper à une relation violente, elles rencontrent plein d’obstacles sur leur route. Comment, avec les bas salaires que beaucoup de femmes subissent à cause du temps partiel, avec les titres-services et autres « petits boulots », avec l’insécurité d’un contrat temporaire ou intérim,… trouver un nouveau logement et des revenus suffisants pour vivre, en particulier s’il y a des enfants ?

    La violence contre les femmes est inhérente au capitalisme : elle fleurit sur la division et les préjugés entretenus envers les groupes spécifiques afin de diviser et de paralyser la majorité de la population qui est exploitée et opprimée par la bourgeoisie. Les femmes sont souvent confrontées au harcèlement sexuel dans l’espace public, dans les écoles et les lieux de travail, mais aussi avec la violence physique et sexuelle dans leurs familles. Les préjugés envers les femmes font aussi qu’elles doivent souvent travailler bien plus dur pour être vues comme égales aux hommes. Le sexisme installe des limitations très réelles dans la vie des femmes. Malgré les énormes pas en avant qui ont été faits et la plus grande liberté que les femmes ont aujourd’hui pour déterminer leur vie, cette violence dure toujours : la principale cause de mort et de handicap permanent pour les femmes entre 16 et 44 ans en Europe est la violence du partenaire.

    De nouvelles formes d’oppression sont aussi apparues, ou plus exactement de vieilles formes sous une nouvelle apparence. La croissance de l’internet a été utilisé par la mafia du sexe pour assurer un élargissement jamais vu de l’industrie de sexe – le porno est un des plus grands secteurs sur internet. On voit aussi un glissement vers du porno de plus en plus dur, vers la pornographie enfantine. Le porno est présent partout aujourd’hui et diverses études ont montré que cela impose une pression sérieuse sur les jeunes femmes, en particulier sur le plan de leurs « prestations » sexuelles. Elles ont montré que, dans 97% du matériel pornographique, les relations entre les sexes reposent sur l’obéissance et la soumission des femmes. La plus grande partie du matériel porno déborde de clichés du genre « si les femmes disent non, elles veulent dire oui.

    Pour beaucoup de jeunes femmes qui sont attirées dans cette industrie du porno – faire des photos est quand même une façon « innocente » et facile de se faire un peu d’argent – ces premiers pas s’avèrent être un marchepied pour la prostitution. Bien qu’on entende aujourd’hui dire de plus en plus souvent que c’est un « choix » que les femmes font, il est quand même remarquable que même ces femmes qui pensent que c’était leur « choix » doivent à terme utiliser des drogues pour pouvoir continuer à faire ce « travail ». Toutes les prostituées sont confrontées régulièrement à la violence. Bien que différentes organisations, y compris des organisations soi-disant progressistes, veulent présenter aujourd’hui la prostitution comme « un boulot comme un autre », ce n’est pas du tout le cas. Pour la grande majorité des prostituées, il ne s’agit pas d’un « choix », mais d’une pure nécessité économique. Une grande partie du marché de la prostitution est en outre occupée par ce qu’on ne peut pas appeler autrement que des esclaves sexuelles, importées par des réseaux de traite d’êtres humains. Ce n’est pas étonnant que cette industrie du sexe ait profité à fond de la désintégration des Etats staliniens en Europe de l’Est et en Russie et qu’un grand nombre de femmes submergent le marché de prostitution, forcées de façon directe ou indirecte par les trafiquants de chair humaine.

    Malgré le fait qu’une plus grande proportion de femmes que d’hommes se trouvent dans une situation de pauvreté, leur surconcentration dans les emplois mal payés, temporaires et à temps partiel, la violence, le harcèlement et les préjugés,… une grande partie des politiciens et politiciennes prétendent pourtant que les femmes ne sont plus opprimées ni discriminées. En réalité, la situation s’est détériorée au cours des dernières décennies pour les femmes qui travaillent ou qui dépendent d’une allocation. La dépendance économique fait que toute une série de droits dont les femmes disposent légalement ne peuvent pas être appliqués dans la réalité.

    C’est pour cela que le MAS mène campagne en mars. Une campagne sur le thème du pouvoir d’achat et son impact sur de larges couches de femmes qui disposent de revenus moyens plus bas que ceux des hommes. Une campagne qui met aussi en lumière la solidarité internationale avec une manifestation en solidarité avec le mouvement des femmes iraniennes, contre le régime en Iran mais aussi contre l’intervention impérialiste des Etats-Unis au Moyen-Orient.

  • Une manifestation pacifique et combative

    Hier, trois manifestations différentes ont eu lieu à Gand. Mais paradoxalement, c’est celle qui a été la plus grande qui a le moins reçu d’attention des médias. Mais les 1.200 personnes présentes à la manifestation de Blokbuster se souviendront d’avoir participé à un cortège particulièrement dynamique et combatif à travers les quartiers populaires de la ville. Ils ont porté un message de résistance active contre l’extrême-droite ainsi que celui de la nécessité d’une véritable alternative contre la politique antisociale.

    Geert Cool

    Différents actions ont pris place à Gand contre la manifestation annuelle du club d’étudiant d’extrême-droite du NSV. Ainsi, une réunion a pris place durant l’après-midi au sujet d’une pétition contre la reconnaissance du NSV. Actief Linkse Studenten (Etudiants de Gauche Actifs en Flandre) et Blokbuster soutiennent cette pétition et ont participé à la réunion. Le soir, une manifestation antifasciste était prévue, dans laquelle les anarchistes voulaient former leur propre bloc. Ce bloc est finalement parti hors de la manifestation avant même que celle-ci ne débute. Les anarchistes ont donc suivi leur propre chemin et ont rapidement été encerclés par la police.

    La manifestation de Blokbuster a obtenu le soutien de la part de beaucoup d’étudiants mais aussi de plus vieux militants. Mais ce sont surtout les étudiants et les écoliers qui ont fait de cette manifestation un cortège particulièrement réussi. Nous voulions, avec cette manifestation, donner un signal clair pour clamer que la haine de l’extrême-droite n’est pas la bienvenue à Gand. Nous ne voulons pas laisser les rues à l’extrême-droite et avons donc appelé à une occupation pacifique des rues gantoises. C’est d’ailleurs cela qui s’est passé, à l’exception d’un petit groupe qui a trainé avec les anarchistes pour aller chercher la confrontation.

    La manifestation a reçu beaucoup de soutien parmi les passants et les riverains des quartiers populaires, elle s’est d’ailleurs agrandie à mesure de son parcours, des plus ou moins 1000 participants du début vers 1.200 à la fin. Sur les bords du trajet, de nombreux journaux ou autocollants antiracistes ont été vendus, et beaucoup de personnes ont demandé à recevoir plus d’informations sur nos actions.

    Après le parcours ont suivi quelques prises de paroles. Par la suite, les discussions ont continué autour d’un verre sur fond de musique tandis que d’autres dansaient. Autour de 23h, tout s’est arrêté, nous n’avons en effet pas voulu jouer avec la sécurité.

    Tous les manifestants auront sans doute ouvert grands les yeux de surprise ce matin en lisant les rapports dans les médias au sujet des manifestations. Toute l’attention s’est concentrée sur des caquetages sur la violence qui a eu lieu alors que les 1.200 manifestants n’ont rien eu à remarquer. Les médias ont mentionné deux manifestations alors qu’il y en avait clairement trois. Le plus petit cortège des anarchistes a obtenu le plus d’attention car la plupart des arrestations s’y sont produites. L’autre petit cortège d’environ 250 supporters du NSV a aussi obtenu de l’attention parce qu’une cinquantaine de hooligans de droite se sont livrés à la violence.

    Faute de n’avoir pas été assez spectaculaires aux yeux des médias, les 1.200 manifestants pacifiques de la manifestation combative de Blokbuster valide n’ont pas pu bénéficier d’attention de leur part.

    Avec cette manifestation antifasciste, nous avons clarifié que nous continuons à protester contre le danger de l’extrême-droite. La pression électorale sur le Vlaams Belang, de la part de la Lijst DeDecker entre autres, n’élimine pas ce danger. Le nouveau président récemment arrivé à la tête du VB, Bruno Valkeniers, a tout de suite clairement prouvé pour quoi il est : le racisme. Il a soutenu expressément le racisme institutionnalisé du régime de l’apartheid sud-africain. C’est aussi illustré par le parlementaire du VB Deman qui a écrit sur son site qu’il n’y a pas « beaucoup de nègres malins ». Ce racisme est accompagné par les actions violentes du NSV. Des membres du NSV ont d’ailleurs fait parler d’eux récemment à Anvers en mettant à sac un snack-pita. L’an dernier, à l’occasion des trente ans du NSV, Bruno Valkeniers avait encore parlé des membres violents et racistes du NSV comme étant « l’élite future de la Flandre ». Valkeniers affirme du reste qu’il n’a aucun problème avec la « violence de rue occasionnelle » du NSV, une organisation qu’il a lui-même aidé à créer.

    La résistance reste nécessaire et nous remarquons qu’il est toujours plus urgent de construire une alternative politique. Le néolibéralisme entraîne un gouffre grandissant entre pauvre et riches qui ne nous épargne pas : 15% de la population est pauvre en Belgique. Pendant qu’une petite couche au sommet profite de bénéfices record et de gros salaires, le pouvoir d’achat de la majorité de la population est fortement miné. Dans une lutte pour gagner quelques miettes de plus de cette pénurie, la désunion peut gagner du terrain, d’où la croissance des préjugés et des positions racistes, mais aussi sexistes. S’y opposer, c’est lutter en commun pour une amélioration générale.

    Nous pensons qu’une réponse socialiste est nécessaire face aux problèmes que nous rencontrons dans ce système, c’est-à-dire la construction d’une société qui trouve sa base non pas dans la satisfaction des intérêts d’une minorité, mais bien dans celle des intérêts de la majorité. Ce n’est qu’alors que pourront être abattues les barrières artificielles de désunion entretenues par un système, le capitalisme, qui n’a que chômage, pauvreté, guerre et misère à offrir. Rassemblons-nous dans la lutte contre le racisme et le fascisme, mais aussi dans la lutte pour une alternative socialiste. Contactez-nous dès aujourd’hui à : info@lsp-mas.be.

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