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  • Des études de plus en plus chères… Bientôt uniquement pour les plus riches ? Plus de moyens publics pour l’enseignement!

    Des études de plus en plus chères…

    Bientôt uniquement pour les plus riches?

    Selon une étude de la FEF (Fédération des Etudiants Francophones), un étudiant kotteur paie en moyenne de 10.000 à 12.000 euros par an pour ses études. Les autres s’en sortent avec « seulement » 6.000 à 7.000 euros par an. Alors, les études, accessibles pour tous?

    Jeroen Demuynck

    Non ? Rien d’étonnant… L’enseignement n’a pas été épargné par la gestion néolibérale des partis traditionnels et subit le choc des réductions d’investissements publics. La logique de profit domine toujours plus. En 1980, 7% du Produit Intérieur Brut étaient consacrés à l’enseignement, mais ce pourcentage n’est plus aujourd’hui que de 4,9%. Bénéficier de l’enseignement n’est plus considéré comme un droit, mais plutôt comme un « investissement » dans son propre avenir.

    C’est particulièrement perceptible au niveau des droits d’inscription. Une étude du gouvernement flamand de 1999 a établit que les étudiants universitaires payaient 355 euros d’inscription en moyenne, pour 389 euros en moyenne pour les étudiants des hautes écoles. Aujourd’hui, il est demandé 535 euros en moyenne en Flandre et, en Wallonie, le minerval est de 721 euros en moyenne (universités) ou de 530 euros (hautes écoles). Vous trouvez ça cher ? Attendez de voir l’avenir que nous réserve un enseignement à la sauce anglo-saxonne, aux coûts d’inscription de plusieurs milliers d’euros…

    A côté des droits d’inscription, pour de nombreux étudiants, un kot est tout simplement devenu impayable. Selon l’étude citée précédemment, un kot coûtait en Flandre de 1.859 à 1.945 euros par an il y a dix ans. Aujourd’hui, il s’agit de 3.120 euros en moyenne et de 3.150 euros en Wallonie. Et c’est encore plus cher à Bruxelles. Et on n’a pas encore parlé des livres, des transports, de la nourriture, de l’ordinateur et d’internet, des stages…

    De plus en plus d’étudiants sont obligés de « bricoler à côté » pour payer leurs études. Très souvent, ils se retrouvent dans des jobs ultra-flexibles et sous-payés, ce qui mine non seulement leurs chances de réussite, mais aussi les conditions de travail des autres travailleurs. La pression financière pour suivre des études a beaucoup de conséquences : une étude a établi en France que 40.000 étudiants, principalement des étudiantes, payent leurs études en ayant recours à un job dans l’industrie du sexe. Il n’y a pas de chiffres disponibles pour la Belgique mais une pareille évolution est vraisemblable ici aussi.

    La seule manière de concrétiser le droit d’accès à l’enseignement est de développer les services publics sociaux au lieu de les réduire. Pour résoudre le problème de la cherté des logements, la construction d’une grande quantité de homes pour étudiants qui soient bon marché et de qualité s’impose. Grâce à une plus grande offre de kots, les prix du marché privé diminueraient aussi. Au lieu de privatiser les restaurants universitaires et de les remettre à la logique de profits du privé, il faut les développer, au lieu d’augmenter les coûts d’inscription, il faut les supprimer, et il faut instaurer un salaire étudiant pour que chacun puisse réellement avoir accès aux études.

    Pour un enseignement solide et accessible, il faut plus de moyens publics. Les ramener à nouveau à 7% du PIB serait déjà un bon premier pas dans cette direction !


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  • Pour couvrir les frais réels des études : Un salaire étudiant !

    Le lancement de la campagne « Respacte » pour une baisse des coûts directs et indirects des études dans l’enseignement supérieur, à l’initiative de la Fédération des étudiants francophones (FEF) et de son équivalent néerlandophone (VVS) a reçu un large écho dans la presse. A cette occasion, la revendication d’un salaire étudiant a été abordée dans un article du journal « Le Soir ».

    Boris Mallarme

    Etudiants de Gauche Actif – l’organisation étudiante du MAS/LSP – veut contribuer à la discussion au sein de Respacte et à l’élaboration du cahier de revendication que la campagne mettra en avant à l’occasion des élections de 2009. Nous pensons que cette campagne est une bonne occasion pour remettre à l’ordre du jour la revendication d’un salaire étudiant qui était auparavant portée par les organisations jeunes des syndicats.

    L’enquête de la FEF effectuée auprès de plus de 3.000 étudiants francophones révèle que l’ensemble des frais liés aux études (minerval, matériel, logement, transports, alimentation, soins de santé,…) s’élève à des montants variant entre 10.000 et 12.000 euros pour ceux qui ont un kot et entre 7.000 et 9.000 euros pour ceux qui vivent chez leurs parents. Beaucoup de jeunes restent chez leurs parents le temps de leurs études non pas par choix, mais parce que payer un loyer à côté des autres frais est impossible.

    L’augmentation incessante des frais des études ces 20 dernières années a été accompagnée par une réduction de l’accès aux bourses d’études. En Flandre, le nombre de boursiers a chuté de 25% à 15% des étudiants de 1989 à 2004 car les seuils de revenus pour avoir droit à une bourse d’étude n’ont pas suivi l’index. De plus, le montant des bourses est trop restreint et ne couvre au maximum qu’un cinquième de l’ensemble les frais !

    Un étudiant boursier doit encore travailler à mi-temps pendant toute l’année à côté des cours pour s’en sortir. Un travailleur arrive difficilement à épargner suffisamment pour envoyer plusieurs de ses enfants à l’université.

    L’augmentation croissante du coût des études pousse plus en plus d’étudiants à accepter des boulots précaires et mal payés. Des milliers de filles sont même poussées vers des solutions extrêmes comme la prostitution. Selon Randstad, en 2006, 84% des étudiants ont effectué un travail rémunéré dont un cinquième au noir. Toujours selon cette agence d’intérim, ces deux dernières années, le nombre d’étudiants qui travaillent pendant l’année en plus d’un job d’été a doublé et la moitié d’entre eux travaillent l’équivalent de plus d’un mois à temps-plein en dehors des vacances d’été. Comme ce temps doit normalement être consacré aux études, il n’est pas étonnant qu’il y ait de plus en plus d’échecs et d’abandons.

    Dans certains secteurs, les travailleurs intérimaires – toujours plus nombreux au détriment d’emplois stables – doivent souvent chômer pendant l’été et de plus en plus durant l’année car les entreprises utilisent à leur place des étudiants, encore meilleurs marchés. Il s’agit d’une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de l’ensemble des salariés.

    L’enseignement finlandais est souvent cité en exemple, et il est vrai que ce système est moins antisocial. Le financement public y est supérieur, le minerval n’existe pas et le système d’aide est plus étendu. Un peu plus de la moitié des étudiants accèdent à une aide d’un montant maximum de 259 euros par mois pendant 55 mois et il existe aussi une aide au logement de 27 euros à 250 euros par mois (chiffres de 2005). Mais le fait que 65% des étudiants finlandais travaillent montre que c’est encore insuffisant. D’ailleurs, 40% de ceux qui accèdent à cette aide contractent un emprunt étudiant de 300 euros par mois qu’ils mettent dix ans en moyenne à rembourser après leurs études. Le système finlandais est intéressant pour illustrer les améliorations que peut apporter un meilleur financement public mais cela n’offre ni de solution quant à l’accès à l’enseignement supérieur pour les jeunes issus de la classe des travailleurs ni de bonnes conditions d’étude pour réussir et s’épanouir.

    Obtenir une indépendance financière complète des jeunes par l’introduction d’un salaire étudiant permet de garantir que chacun puisse non seulement accéder aux études mais aussi avoir pleinement la liberté de choisir quel type d’étude entreprendre. Un jeune dont la famille a dû faire des sacrifices importants pour qu’il accède aux études est souvent bien plus confronté à la pression de faire des études qui permettent de mieux gagner sa vie au détriment de celles qui l’intéressent peut être plus.

    Ce salaire étudiant, il faut le financer en prenant l’argent là où il est, chez les capitalistes. Les entreprises du Bel-20 ont fait 21 milliards d’euros de bénéfices après impôts en 2007. Et les impôts des entreprises représentent aujourd’hui moins de 12% des recettes fiscales de l’Etat en Belgique…

    Mais ce sont pourtant ceux qui produisent les richesses, les travailleurs, qui n’ont pas les moyens d’offrir des études supérieures à leurs enfants.


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  • Pouvoir d’achat: De plus en plus de travailleurs pauvres!

    Pouvoir d’achat:

    La perte de pouvoir d’achat ne touche pas que les chômeurs et les allocataires. Les travailleurs ont eux aussi de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts. Il apparaît, selon une étude réalisée par la FTGB, que presque 20% des travailleurs ne s’en sortent pas avec leur salaire. Au même moment, les grands actionnaires ont encore obtenu de nombreux nouveaux cadeaux, entre autres grâce à la déduction des intérêts notionnels.

    Les chiffres de la FTGB illustrent à quel point le problème de la baisse du pouvoir d’achat est important. Alors que les politiciens traditionnels parlent volontiers de lutte contre la pauvreté et qu’un secrétaire d’État a même été désigné dans le gouvernement actuel (avec en premier lieu Laloux, PS, rapidement remplacé…), le nombre de Belges sous le seuil de pauvreté augmente. Aujourd’hui, 15% de la population vit officiellement dans la pauvreté et le nombre de travailleurs compris dans ce chiffre augmente également. Dans notre pays, presque 4% des travailleurs vivent sous le seuil de pauvreté.

    Mais la pauvreté est bien plus présente que ne le laisse croire ce chiffre. Le nombre de travailleurs qui connaît des problèmes de fin de mois ne cesse de grandir. Selon la FTGB, 51% des travailleurs ont difficile à finir le mois, 44% affirment qu’un seul salaire n’est pas suffisant pour vivre, 37% n’arrivent pas à épargner, 35% ont des difficultés à assurer l’éducation de leurs enfants, 18% ne partent en vacances qu’une fois par an et ont des problèmes pour payer leurs frais de transport, etc.

    Autres données intéressantes: 61 % des travailleurs effectuent des heures supplémentaires (24 heures par mois en moyenne), mais à peine 6 % le font par choix personnel pour "travailler plus pour gagner plus" et 34 % des travailleurs attendent toujours que leurs heures supplémentaires soient payées ou récupérées…

    Ces chiffres font comprendre que la dégradation du pouvoir d’achat touche un large groupe de travailleurs. La pauvreté n’est plus un problème pour les plus démunis, cela devient de plus en plus une réalité quotidienne, également pour celui qui a un job ! La FTGB parle de travailleurs pauvres. Presque un travailleur sur cinq ne peut acheter sa propre habitation ni partir en voyage.

    Le président de la FGTB Rudy De Leeuw déclare que quelque chose doit être fait contre ce problème : « Nous réclamons la reprise de la réduction d’impôt que les sociétés ont obtenue dans le cadre de la déduction des intérêts notionnels pour le pouvoir d’achat. » C’est une revendication correcte étant donné que les cadeaux fiscaux pour les riches coûtent beaucoup à la collectivité à un moment où couches les plus pauvres (parmi lesquelles beaucoup de travailleurs) voient fortement diminuer leur pouvoir d’achat.

    Cette étude est utile pour se préparer face aux négociations pour un nouvel Accord Interprofessionnel en fin d’année. Le chef de la FGTB a encore déclaré: « Les salaires bruts, les salaires minimums et les allocations doivent augmenter sensiblement. Le contrôle des prix est nécessaire pour l’énergie et dans le secteur de la location. Au besoin, les loyers doivent être bloqués. Pour tout payer, nous devrons parler de la déduction des intérêts notionnels, car avec les deux milliards d’euros de réduction d’impôt que les sociétés ont obtenu, nous pouvons prendre des mesures sociales. »

    Appliquer ces mesures ne sera toutefois pas évident sans prolongement politique capable de briser avec la logique de ce système. Sans rompre cette logique de profit, un contrôle des prix conduira surtout à la disette (parce que le secteur de la distribution des produits n’est pas sous le contrôle de la collectivité). Les grandes entreprises ne cèderont pas non plus facilement les cadeaux qu’ils ont reçus ces dernières années…


    Pour en savoir plus:

  • Augmentation des prix et crise alimentaire: Ce n’est pas notre faute, ce n’est pas à nous de payer!

    Augmentation des prix et crise alimentaire:

    Ce n’est un secret pour personne, les prix augmentent. En Belgique, le prix de l’essence a ainsi augmenté de 12% en une année, celui du pain de 13%, celui des œufs de 25%, celui du mazout de 26% et celui des spaghettis de 25% ! Les dépenses d’un ménage moyen en Belgique se sont en fait élevées de 5,2% quand on compare le premier trimestre de 2008 au premier trimestre 2007. Et rien n’indique que ces chiffres sont appelés à baisser…

    Vous le savez, ni les salaires, ni les allocations n’ont suivi cette courbe. Enfin, ça dépend pour qui. Le patron de Delhaize peut par exemple sans problème s’accommoder de la hausse des prix pratiqués dans ses magasins : il a reçu en 2007 une augmentation salariale qu’aucun travailleur ne juge réaliste pour lui-même : +25% ! Cela lui fait tout de même un salaire de 2,6 millions d’euros… Et, alors que nous devons nous serrer la ceinture sans cesse plus fortement, il est loin d’être le seul dans ce cas : le patron d’Inbev (Jupiler, Stella,…) a ainsi palpé pour l’an dernier un salaire de 4,28 millions d’euros en 2007 (+8,9%).

    Partout à travers le monde

    Partout dans le monde, c’est la même chose, la même tendance, bien qu’il y ait évidemment des différences de proportions et d’impact. Internationalement, depuis la mi-2007, les prix alimentaires ont augmenté d’environ 40% et la Banque Mondiale estime que la cherté de la nourriture est devenue un combat quotidien, un combat de survie, pour environ 2 milliards de personnes. Des « émeutes de la faim » ont pour l’instant touché une quarantaine de pays. Mais à côté de cela, des multinationales agroalimentaires comme Nestlé s’en sortent très bien. L’an dernier, le chiffre d’affaires de cette entreprise était de 66,55 milliards d’euros (+9,2%) pour un bénéfice net de 6,59 milliards d’euros (+15,8%). L’année 2008 commence assez bien aussi puisque son chiffre d’affaires a encore augmenté de 9,8% durant le premier trimestre. Pour Danone, cela se passe encore mieux : + 11,4% de chiffre d’affaires durant le premier trimestre.

    C’est dans ce fossé entre riches et pauvres qu’il faut trouver l’explication de la hausse des prix de l’alimentation. Dans les médias, on entend beaucoup parler de la croissance de la demande en Inde ou en Chine, ou encore des prétendus « bio » carburants. Mais même si ces éléments jouent un rôle, ils n’ont pas émergé d’un coup, comme ça. Ils expliquent donc difficilement la récente et rapide flambée des prix. D’autant plus que, selon l’ONG 11.11.11, il y a actuellement sur terre de quoi nourrir au bas mot 12 milliards de personnes, soit près du double de population actuelle…

    Qui est responsable ?

    La crise économique mondiale issue des Etats-Unis (la fameuse crise des « subprimes », ou crédits à hauts risques) a provoqué un effondrement des possibilités de spéculation.

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    Les protestations augmentent à travers le monde, en Afrique (ci-dessus:"A bas les affameurs du peuple!"), en Europe (ci-dessous, en France) et ailleurs.
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    Les spéculateurs, pas bêtes, se sont donc reportés sur la nourriture et les matières premières. Parce que, ça a beau être la crise, on est tous bien obligés de manger… et donc d’acheter de quoi se nourrir. Et hop, les spéculateurs ont acheté les stocks de nourriture pour s’enrichir encore plus, et tant pis si, au passage, des centaines de millions de personnes ne sont plus capables d’acheter de quoi manger. Ainsi, pour la patronne de la société ADM (une multinationale spécialisée dans la vente et la transformation de grains): "la volatilité sur le marché des matières premières présente des opportunités sans précédents". Ce n’est pas du cynisme, c’est de l’économie. De l’économie de marché, plus précisément.

    Car ici, il ne s’agit pas d’un disfonctionnement du système. Le « libre marché » a conduit à la crise des crédits (on encourageait à consommer quitte à s’endetter jusqu’au cou et au delà) et pour continuer à amasser des profits gigantesques, les coupables spéculent maintenant avec la nourriture. Doit-on laisser ces salauds continuer ? Doit-on permettre que, de crise en crise, ce soient toujours aux victimes – les travailleurs, mais aussi la planète – de payer pour que les responsables continuent à mener leur vie indécente de parasite ?

    Nationalisation sous contrôle des travailleurs et des consommateurs

    Le contrôle de la production de nourriture et de l’approvisionnement doit immédiatement être retiré des mains des spéculateurs, des négociants internationaux et des grosses compagnies agroalimentaires.

    A côté de revendications pour être capables de faire face à la hausse des prix comme une hausse importante des salaires et des allocations, le mouvement ouvrier doit exiger que ces institutions soient nationalisées pour permettre la mise en place d’un plan de distribution de nourriture à des prix raisonnables pour tous. Ces entreprises nationalisées doivent être sous le contrôle des travailleurs et des consommateurs afin que la production soit enfin orientée vers la satisfaction des besoins de la majorité de la population et non vers la soif de profit d’une minorité de capitalistes.


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  • Où va la Chine ?

    Emeutes au Tibet, crise économique, etc. Le régime chinois est un gigantesque paquebot pris dans une tempête et qui commence à craqueler de toutes parts…

    Le Tibet proteste contre l’oppression nationale

    Les récentes émeutes qui ont éclaté au Tibet ont des racines autant ethniques qu’économiques. Dans cette région – la plus pauvre de Chine – les banques, restaurants ou commerces sont le plus souvent contrôlés par des chinois aisés de l’ethnie Han alors que les tibétains sont confrontés au racisme, au chômage et aux brutalités policières. En conséquence, les émeutes ont pu parfois prendre un dangereux caractère ethnique.

    Le régime de Pékin – bien que surpris par la violence du mouvement – a réagi en déployant les forces armées, en bloquant internet et les téléphones portables, en interdisant à tout journaliste indépendant du régime de se rendre sur place,… Tout cela a été accompagné de la plus grande campagne de désinformation que le pays ait connu depuis longtemps.

    Le gouvernement chinois a accusé le Dalaï Lama d’être l’instigateur des émeutes. Mais ce dernier a toujours été plutôt « conciliant » face à Pékin et refuse l’indépendance au bénéfice d’un système similaire à celui de Hong-Kong. Plus marquante encore est son absence totale de critiques face à la situation économique rencontrée par « son peuple ». En fait, l’explosion de la colère tibétaine est plutôt un signe de l’affaiblissement de l’autorité politique du Dalaï Lama et de son gouvernement en exil.

    Nous sommes pour le droit à l’autodétermination du peuple tibétain. Mais dans le cadre du système capitaliste – et vu la situation tant économique que géopolitique de la région – l’indépendance du Tibet ne conduirait qu’à l’asservissement non seulement face à la chine, mais aussi face à l’Inde et aux USA. Les masses tibétaines doivent être maîtresses de leur destinée et doivent donc lutter pour le contrôle de leur économie. Cela ne peut se faire qu’en luttant pour une société socialiste avec une économie démocratiquement planifiée où les moyens de productions appartiennent aux travailleurs, qu’ils soient Hans ou tibétains.

    Le socialisme? La Chine se dirige ailleurs…

    Une telle société est aux antipodes de la Chine actuelle. Après la révolution de 1949, malgré le caractère bureaucratique du régime chinois, l’introduction d’une économie planifiée a apporté nombre d’avantages sociaux (dans le domaine de l’enseignement, de la santé publique, du logement, etc.) Mais aujourd’hui, dans les campagnes, le système de santé n’existe même plus. Et même s’il y avait encore assez de médecins, la population ne pourrait pas s’offrir leurs services. C’est donc sans surprise que se développent régulièrement des foyers d’infections. Ne parlons des transports en commun dans les grandes villes: ceux-ci sont soit volontairement laissé à un stade de développement préhistorique (4 lignes de métro seulement pour tout Pékin) soit soumis au capitalisme. Les compagnies de bus de Pékin se font ainsi concurrence, bien qu’elles appartiennent au même propriétaire : l’Etat. Les prix ne diminuent pas pour autant, bien au contraire. Enfin il est important de préciser que le système scolaire est payant.

    Une société où des services élémentaires tels que les soins de santé ou la scolarité sont soit payant soit absent et où la répression et la brutalité sont quotidiennement présentes ne peut se dire socialiste.

    Une récente pénurie de carburant a pris place car les dirigeants de Pétrochina (tous membres du Parti « Communiste ») voulaient augmenter les prix. Le gouvernement, qui craint une inflation trop forte, a tenté de résister et un bras de fer a donc eu lieu avec à la clé une victoire de la compagnie et des difficultés en plus pour la population victime de la pénurie. Quel est le degré de contrôle qu’exerce encore le gouvernement chinois sur les entreprises? Il est clair que les staliniens chinois quittent de plus en plus l’économie planifiée et que les principes capitalistes régissent des pans toujours plus grands de l’économie.

    Crise économique : Quel impact ?

    Jusqu’il y a peu, les dirigeants chinois pensaient que la crise des subprimes ne les menaceraient pas, mais leur prévisions sont maintenant nettement plus pessimistes. La Chine exporte beaucoup vers les USA, et la crise qui s’y développe est un problème d’autant plus préoccupant que la monnaie chinoise a gagné 20% en un an par rapport au dollar et les exportations sont donc plus coûteuses. Il est vrai que la moitié des exportations chinoises restent sur le continent asiatique, mais tous ces pays exportent eux aussi beaucoup vers les USA. S’ils ne peuvent plus y exporter leur production, ils n’importeront plus celle de la Chine.

    En Chine, 90% des logements sont privés (contre 60% en Europe), ce qui entraîne une augmentation du coût de la vie. Les travailleurs doivent s’endetter pour payer leur logement, mais les prix ne cessent d’augmenter. Jusqu’à quel point les travailleurs chinois pourront-ils rembourser? Il est en fait très probable que la crise – en plus de se transmettre – se reproduise en Chine.

    Cette crise est la hantise des dirigeants chinois. Les 10% de croissance annuelle constituent leur meilleur argument pour convaincre le peuple du bien fondé de leur politique. Dans l’hypothèse où la croissance tomberait sous les 7%, le pays serait en récession économique. Le Parti « Communiste » peut à l’avenir se décomposer, sous la pression des protestations sociales massives et des tendances vers l’autonomie au sein de la bureaucratie régnante et de la population.

    Les marxistes doivent dans cette situation soutenir les revendications pour l’obtention des droits démocratiques, mais en les liants à la renationalisation de l’économie, cette fois sous le contrôle des travailleurs.


    Pour en savoir plus

  • Pas d’attaque contre l’index, pas d’accords all-in

    Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire!

    Le patronat se prépare déjà aux négociations pour l’Accord Interprofessionnel (AIP) de cet automne. Il a reçu l’aide de ses amis de la Banque Centrale Européenne et de la Banque Nationale, qui ont déclaré vouloir réduire les effets de l’index ou même carrément l’abolir… Cependant, la vraie cible de ces propos n’est pas l’index en lui-même, mais bien la prochaine norme salariale.

    Geert Cool

    S’attaquer à l’index avec des accords all-in?

    L’index a de toute façon été déjà bien attaqué. L’index-santé, introduit dans les années ’90, ne reprend plus l’essence, le diesel, le tabac et l’alcool. Début 2006, le contenu du « panier de la ménagère » qui sert de référence pour calculer l’index (et ses augmentations) a été « adapté », en mettant davantage l’accent sur certains produits de luxe dont les prix ont baissé (lecteurs DVD, télévisions, etc.)

    Guy Quaden, le gouverneur de la Banque Nationale (membre de longue date du PS) a réagi aux critiques de la Banque Centrale Européenne en déclarant que l’index avait suffisamment été démantelé pour ne plus constituer un «danger»… tout en affirmant que le principe même de l’indexation automatique devrait être rediscuté ! Le but de cette mascarade est limpide : ce n’est pas l’index qui est visé, mais bien les cadeaux que le patronat désire obtenir à l’occasion des négociations de l’Accord Interprofessionnel (si toutefois il y a accord, car il est en fait probable que le gouvernement doive lui-même faire imposer un «accord» comme en 2006).

    Le système des accords all-in, où les augmentations d’index sont partiellement ou entièrement supprimées dès qu’est atteint un «plafond» d’augmentation fixé dans l’accord salarial, est une autre manière de miner l’index. Dans l’AIP précédent (2007-2008), une norme salariale de 5% était prévue pour les augmentations de l’index et des salaires. Mais selon le Bureau du Plan, au cours de cette période, l’augmentation de l’index sera à elle seule de 5,1% (Agoria, la fédération des entreprises du secteur technologique, parle plutôt de 5,6%). Dans plusieurs secteurs, cela a déjà des conséquences inouïes. Dans le secteur de la construction par exemple, une indexation supérieure à 5% n’est plus autorisée ! Dans d’autres secteurs, aucune augmentation autre que l’index ne sera accordée, ce qui signifie une réelle détérioration au vu du détricotage de l’index (l’augmentation réelle des prix, sur base annuelle, est de 4,39%, plus que l’augmentation effectuée via l’index).

    Dans le contexte des augmentations de prix de ces derniers mois, il va être plus difficile pour le patronat de conclure des accords all-in. Gilbert De Swert, de la CSC, a déjà déclaré que : « Les syndicats vont dire non, plus qu’avant, parce qu’ils ont vu la récente augmentation de l’inflation, qui a coulé les accords salariaux dans certains secteurs à un moment où les travailleurs ont plus de plaintes que de pouvoir d’achat ».

    Le patronat veut des diminutions de charges pour les bénéfices et les gros salaires des cadres

    2007 a été de nouveau un excellent cru pour les profits : les actionnaires des entreprises belges cotées en Bourse ont obtenu 10,2 milliards d’euros de dividendes (une augmentation de 42% en comparaison avec 2006). C’est à peu près la moitié des profits qui va ainsi vers les actionnaires. Les cadres de haut vol peuvent aussi se rassasier à la mangeoire des gros profits. Gilbert De Swert dit à ce titre : «Les entreprises ne savent plus aujourd’hui que faire avec tout leur argent, mais, à les écouter, le moindre centime d’euro de plus en charge salariale leur coûterait toute leur compétitivité et tout notre emploi.»

    Le patronat revendique toutefois encore de nouvelles diminutions de charges et ce sera probablement un élément central dans leur paquet de revendications pour l’AIP. Ces diminutions de charges doivent donner aux travailleurs l’illusion qu’ils vont avoir un salaire net plus élevé alors qu’à long terme, cela limite les dépenses du patronat. Cela devra être payé d’une manière ou d’une autre, comme on peut déjà le voir avec les services publics libéralisés (énergie, télécommunications, et graduellement La Poste) Les diminutions de charges et autres recettes néolibérales mènent justement à l’aggravation des problèmes de pouvoir d’achat.

    Il faut organiser la résistance

    Le patronat fait tonner son artillerie pour peser sur les discussions. Les syndicats vont devoir faire quelque chose en réponse à cela s’ils veulent, eux aussi, construire un rapport de forces. De ce côté, après la manifestation du 15 décembre, le silence a régné longtemps. L’idée de journées d’action régionales après les élections sociales et d’une manifestation nationale en automne est certainement positive, mais il va falloir mener une véritable campagne.

    Les actions essentiellement spontanées qui se sont déroulées en Flandre autour du pouvoir d’achat illustrent que ce thème est très sensible. La seule manière d’améliorer effectivement le pouvoir d’achat est d’augmenter les salaires et les allocations. Une offensive pour plus de pouvoir d’achat pourrait compter sur un large soutien et une implication active. Qu’attend-on pour l’organiser ?

  • Liège: “FESTIVAL Avanti”

    Le Festival AVANTI

    Pour en finir avec la politique néolibérale

    menée par tous les gouvernements.

    Pour mettre en avant la nécessité d’un nouveau

    Parti de gauche pour les travailleurs et leurs familles.

    Un parti à gauche du PS et d’Ecolo.

    Un parti de débat et de combat.

    Un parti qui serait le relais et le porte-parole

    De tous ceux qui luttent pour une autre société:

    Une société basée sur la solidarité et pas sur le profit!

    Nous ne sommes pas les seuls à défendre cette idée.

    Alors, que vous soyez syndicalistes, militants de gauche,

    Actifs dans des associations ou simplement outrés par

    l’évolution du monde et désireux de réagir,

    Venez en discuter avec nous!


    A l’initiative de l’ASL "A Contre Temps", du CPCR, de la Casa Nicaragua, de l’ASBL Leonardo da Vinci, de la coopérative des patients de la maison médicale BVS de Seraing, du Mouvement pour une Alternative Socialiste et du Comité pour une Autre Politique.
  • Manif sans-papiers réussie !

    "Libérez nos camarades sans-papiers!"

    Ce mercredi 7 mai, 500 personnes avec ou sans papiers venant de plusieurs pays européens se sont réunies sur la Place du Luxembourg pour réclamer la suppression de tous les centres fermés. Beaucoup d’organisations étaient présentes, dont les syndicats ainsi que les étudiants et les sans-papiers de l’ULB qui ont quitté leur université pour les rejoindre.

    EGA-ULB

    La délégation de l’ULB était très dynamique, très combative, et elle a fait une minute de silence en mémoire du sans-papier mort dans un centre fermé. Motivés, les étudiants de l’ULB ont ensuite décidé de partir en manifestation rejoindre l’Office des Etrangers sous le slogan « Libérez nos camarades sans-papiers ! ». Ils sont passés dans les quartiers populaires de Bruxelles où a résonné « Première, deuxième, troisième générations… nous sommes tous des enfants d’immigrés ! ». Plusieurs habitants ont rejoint le cortège.

    Après avoir manifesté devant l’Office en réclamant la libération des 13 sans-papiers toujours enfermés dans des centres-fermés après la rafle du 29 avril, le cortège s’est dirigé vers le Béguinage en passant par le Boulevard Anspach et devant la Bourse, parcours traditionnel des manifestations syndicales.

    L’action s’est terminée par un cercle symbolique devant l’Eglise du Béguinage où continue l’occupation par les sans-papiers (qui ont par ailleurs commencé une grève de la faim ce matin).

    Les Etudiants de Gauche Actifs ainsi que les membres du MAS ont été très présents dans l’animation. 32 exemplaires de l’Alternative Socialiste – le mensuel du MAS – et 50 exemplaires de l’Egalité – le journal d’EGA – ont été vendus (c’est-à-dire tout ce que nous avions sur nous…) et 80 euros de fonds de lutte ont été récoltés pour poursuivre nos campagnes.


    Pour en savoir plus

  • Augmentation des prix, rébellion et pauvreté.

    La flambée des prix de la nourriture a récemment causé une tempête de protestations et ce partout à travers le monde. Ces grèves et manifestations ne sont que la réaction des ouvriers et paysans face à cette envolée des prix.

    Robert Bechert, Comité pour une Internationale Ouvrière, Londres (article publié le 23 avril sur socialistworld.net)

    Haiti, le Cameroun, l’Egypte ou l’Indonésie ne sont que quelques uns des pays qui ont connu récemment des protestations de masses.

    Si les envolées des prix sont choquantes, elles ne donnent qu’un aperçu seulement de ce qui est en train de se passer, des millions de personnes doivent en fait se battre pour arriver à nourrir leurs familles. Les médias ne cessent de nous rapporter ce qui se passe : le riz a augmenté de 75% en deux mois, le blé de 130% durant l’année dernière et en une seule journée, le riz a augmenté& mondialement de 10%.

    Des millions de personnes sont forcées d’économiser simplement sur ce qu’ils consacrent à la nourriture et des millions de personnes ressentent une colère immense. Au Salvador, les pauvres mangent deux fois moins qu’il y a un an. La Banque Mondiale a estimé que 100 millions de personnes en plus ont déjà été poussé dans «l’extrême pauvreté». Même dans les pays « développés », les prix augmentent : en Grande Bretagne, un test comparatif reprenant 24 produits de consommations courants a montré que leurs prix avaient augmenté de 15% en une année.

    Cette crise a même choqué les institutions capitalistes telles que le Fond Monétaire International ou la Banque Mondiale, principalement car elles en craignent les conséquences. Le président de la Banque Mondiale a déclaré que 33 pays étaient en proie à un «malaise social» à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires. Le terme «malaise» est une sous estimation grossière de la situation : la pénurie alimentaire et l’inflation peuvent provoquer des révolutions.

    Les travailleurs commettraient une erreur en se reposant sur ces gens, ou sur des philanthropes, pour trouver une solution. Bien sur, ils pourraient organiser une aide d’urgence, mais c’est fondamentalement leur système – l’économie de marché – qui est à l’origine de la crise.

    Les demandes d’actions se multiplient.

    Mais, quelles sont les causes de la crise ?

    Clairement, un grand facteur de la crise est le chaos du marché «libre» et la spéculation qui l’accompagne. Loin d’être le fil conducteur qui guide les progrès humains, le marché aggrave l’inflation du prix de la nourriture. Comme la crise économique mondiale provenant des USA a provoqué un effondrement des possibilités de spéculations financières, les spéculateurs capitalistes se sont reportés sur la nourriture et les matières premières.

    Encore inondés des super profits datant de la dernière période de croissance économique, ils se sont accaparé les stocks de nourriture. Comme les gens sont bien obligés de manger pour vivre, ils pensaient ainsi pouvoir s’enrichir encore plus en spéculant sur les prix de la nourriture et des autres matières premières. Depuis le début de l’année, le nombre d’accords financiers conclus quotidiennement sur le marché CME de Chicago (Chicago Mercantile Exchange – bourse de produits des matières premières, particulièrement au niveau de l’alimentation) a augmenté de 20%. L’Ethiopie a tenté de lutter contre cette spéculation en interdisant les accords dans « le futur » (des paris sur les prix à venir de la nourriture et des matières premières). Mais l’action d’un seul pays, a fortiori s’il est issu du monde néocolonial, n’a qu’un impact limité.

    Cependant, la spéculation n’est pas la seule cause de la hausse des prix. Certaines autres causes telles que la demande croissante de nourriture, le changement climatique ou encore les «bio» carburants ont été très souvent mentionnés. Lester Brown, directeur du Earth Policy Institute à Washington a déclaré, pas plus tard qu’en avril dernier, que la surface utilisée aux USA pour produire des biocarburants ces deux dernières années aurait pu fournir à 250 millions de personnes leurs rations en grain.

    L’hebdomadaire de droite « The Economist » a involontairement mentionné un autre facteur de la hausse des prix : l’offensive néolibérale depuis les années 1980. « The Economist » a expliqué que les rendements des nouvelles récoltes avaient tendance à diminuer naturellement, et que c’était seulement en produisant de nouvelles variétés que l’on pouvait maintenir ou faire progresser les rendements.

    Cependant, « la plupart des recherches agronomiques sont financées par des gouvernements qui, dans les années 1980, ont commencé à réduire (…) les dépenses (…) ils ont préféré faire intervenir le secteur privé. Mais, beaucoup des entreprises privées engagées pour remplacer les chercheurs d’Etats se sont révélé n’être intéressés que par le profit. La part de l’agriculture dans les dépenses publiques dans les pays en voie de développement a chuté de moitié entre 1980 et 2004. Ce déclin a eu un impact inévitable… Entre les années 1960 et 1980, dans les pays en voie de développement, le rendement des céréales principales augmentait de 3 à 6% par année. Maintenant, la croissance annuelle est revenue à 1 à 2%, en dessous de l’augmentation de la demande. « Nous payons le prix de 15 ans de négligence » a déclaré Bob Ziegler, directeur de l’Institut international de recherche sur le riz, basé aux Philippines. » (The Economist, 19 avril 2008).

    En réalité, ce n’est pas de la « négligence » mais le dogme néolibéral et la recherche de nouvelles zones où faire des profits qui s’est ajouté à cette crise alimentaire.

    Qu’est ce qui peut être fait ?

    Dans beaucoup de pays, des voix se font entendre pour instaurer un contrôle du prix de la nourriture, pour introduire ou défendre les subsides pour la nourriture ou encore pour une hausse des salaires. Les syndicats devraient exiger une hausse des salaires qui suit l’inflation. Les salaires devraient être liés à un indice des prix qui correspondrait réellement au coût de la vie. Cependant, de telles mesures, bien que bienvenues, ne seraient que provisoire.

    Le contrôle de l’approvisionnement en nourriture doit être immédiatement retiré des mains des spéculateurs, des négociants internationaux et des grosses compagnies agroalimentaires. Le mouvement ouvrier doit exiger que ces institutions soient nationalisées pour permettre la mise en place d’un plan de distribution de nourriture, à des prix raisonnables, pour tous.

    Mais une telle nationalisation devrait être contrôlée démocratiquement au rique d’être utilisée par les gouvernements pour s’enrichir eux mêmes ainsi que leurs alliés capitalistes.

    Dans beaucoup de pays, le contrôle de l’importation ou de l’exportation a toujours été source de corruption et de mercantilisme. L’argentine, le Vietnam ou l’Inde ont déjà interdit certaines exportations de nourriture ou ont instauré des taxes sur celles-ci. Mais de telles mesures n’abaissent pas automatiquement le coût de la nourriture, et peuvent mener de petits fermiers à la rébellion.

    Seul un contrôle et une gestion des ressources par les travailleurs combinée à une comptabilité ouverte pourra assurer la répartition équitable de la nourriture et ce sans marché noir. Les petits fermiers et les petits commerçants doivent donc se voir attribuer des revenus et une place dans la chaîne de distribution de la nourriture. Si le rationnement doit être imposé, il doit être laissé sous le contrôle démocratique des travailleurs, pas sous celui des gouvernements corrompus servant des élites.

    Des mesures doivent être prises pour « booster » l’approvisionnement en nourriture. Les entreprises produisant les graines, le fertilisant,… doivent également être nationalisées sous le contrôle des travailleurs. Alors, de nouvelles récoltes pourront être développées pour répondre aux besoins et non pas pour réaliser des profits. Les engrais pourront aussi être rendus plus accessibles.

    Les banques, dont beaucoup ne survivent plus que grâce aux aides de l’Etat, devraient également être nationalisées et leurs ressources employées pour fournir aux petits fermiers des crédits bon marchés.

    Les grands producteurs agricoles, eux aussi, devraient encore être nationalisés. Sur cette base, il serait possible de commencer à planifier l’augmentation de la production de nourriture avec l’aide de progrès dans l’irrigation ou dans d’autres techniques, pour répondre aux besoins et non pour s’adapter au marché.

    Pour sauver notre planète, le capitalisme doit être éliminé.

    Fondamentalement, cela signifie contester le système capitaliste en lui-même. La crise financière a vu des banquiers courir auprès des gouvernements pour demander de l’aide. L’argument néo libéral selon lequel l’Etat ne peut intervenir dans le marché s’écroule, poignardé en plein cœur par les capitalistes eux mêmes.

    Cependant, l’Etat n’est pas neutre. Dans les pays capitalistes, l’Etat agit pour protéger les intérêts des capitalistes. La nationalisation d’entreprises, voir même d’un secteur entier de l’économie, n’est pas en soi une cassure vis-à-vis du capitalisme. La propriété publique avec la nationalisation des secteurs clés de l’économie est la vraie alternative au système du marché qui produit régulièrement des convulsions.

    Déjà dans un certain nombre de pays, ce sont les organisations de travailleurs, telles que les syndicats, qui ont été forcées de défendre les « norme de vie ». Le mouvement des travailleurs a la responsabilité d’agir, de prévenir la faim et d’offrir une alternative. Les travailleurs, organisés internationalement, ont la capacité de décider de l’utilisation des ressources du monde.

    Cependant, ce n’est pas juste la question de la popularisation de l’alternative socialiste; c’est un but. Récemment, lors d’un discours aux Nations Unies à New York, le président bolivien, Evo Morales, a déclaré que : « pour sauver la planète, il faut éliminer le capitalisme. » C’est absolument correct, mais de tels appels verbaux doivent mener à des conclusions concrètes à moins de ne rester que du vent. Si Morales est sérieux, son gouvernement peut servir d’exemple en mobilisant les pauvres et les travailleurs pour briser le capitalisme, et montrer que cela peut être fait. Cela sera un appel aux pauvres et aux travailleurs du monde entier pour suivre le même parcours.

    L’impact brutal de l’augmentation des prix de l’alimentation va, comme le craint la Banque Mondiale, ouvrir une nouvelle période de lutes révolutionnaires et de possibilités pour construire une force socialiste de masse capable de mettre fin au capitalisme, capable de mettre fin à la misère, capable de mettre fin à la pauvreté et à la faim.


    Liens:

  • “C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes!”

    INTERVIEW

    Depuis quelques temps, des sans-papiers occupent l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et revendiquent la régularisation de tous les sans-papiers. Un Comité d’Actions et de Soutien s’est formé et Jalil – membre de notre organisation étudiante "Etudiants de Gauche Actifs" – en est le porte parole-parole.

    Par Pablo (EGA – ULB)

    Pablo : Un mouvement sans-papiers s’est créé autour de l’occupation des sans-papiers de l’ULB. Comment cela a-t-il commencé ?

    Jalil : Au début, des sans-papiers de l’UDEP (Union pour la Défense des sans-papiers) ont décidé d’occuper un bâtiment de l’ULB (n°129 Avenue Buyl) pour faire pression sur le gouvernement afin d’avoir un agenda précis sur l’accord gouvernemental qui traite des sans-papiers.

    P : Pourquoi l’ULB ?

    J : Pour lancer le débat sur la question des sans-papiers, avoir le soutien intellectuel et politique de la communauté universitaire.

    P : Quelle a été l’implication d’EGA au départ ?

    J : Les camarades d’EGA-ULB ont aidé les sans-papiers à s’installer (nettoyage, création de liens avec les autres cercles, aides logistiques,…) et très vite nous avons mis en avant la nécessité de mobiliser les étudiants et donc de créer un Comité de soutien (le CAS) démocratique et ouvert à tous (étudiants, personnels et riverains) pour organiser la mobilisation.

    P : Pourquoi EGA a directement fait cause commune avec les sans-papiers ?

    J : Car les personnes sans-papiers ne viennent pas dans nos pays sans raisons; ils ne quittent pas leur famille, leurs amis, leur pays sans raisons. Ils quittent tout ce qui leur est cher, car les multinationales et les gouvernements occidentaux créent la misère dans les pays du Sud. Les pays du Tiers-Monde sont obligés d’ouvrir leurs marchés aux entreprises occidentales. Les multinationales, n’ayant comme intérêt que leurs profits, jouent un rôle important dans le maintien des régimes réactionnaires dans le monde néo-colonial. Les grandes puissances n’hésitent pas à utiliser la force pour assurer leur domination économique et politique. Les différentes interventions impérialistes des Etats-Unis, de l’Europe ou de la Chine en sont des exemples. Cette politique de pillage des richesses et de surexploitation de la force de travail ne sert que les intérêts des multinationales. Les populations locales subissent l’inexistence de protection sociale, des journées de 18 heures de travail et cela dès le plus jeune âge,…

    D’ailleurs, nous refusons la distinction entre les réfugiés politiques et économiques, car c’est la politique des puissances capitalistes qui engendre la misère et les conflits sanguinaires qui les poussent à fuir. D’ailleurs les émeutes de la faim qu’on a pu voir récemment dans de nombreux pays du Sud (Côte d’Ivoire, Haïti,…) illustrent bien que le capitalisme enfonce des centaines de millions de personnes dans la pauvreté (selon la Banque Mondiale). Les prix des produits alimentaires ont augmenté de 40% depuis mi-2007. L’augmentation des prix est alimentée depuis des années par différents facteurs comme les biocarburants. Mais l’explosion récente vient de l’énorme spéculation des capitalistes, qui auparavant était présente sur l’immobilier et dans les actions et qui s’est déplacée sur les produits alimentaires depuis le développement de la crise économique au Etats-Unis. En Bref, les capitalistes jouent avec la nourriture comme au casino pour engendrer des profits au détriment des masses.

    EGA étant une organisation étudiante anticapitaliste se devait de se solidariser avec les sans-papiers et dénoncer ce système économique en participant au comité de soutien.

    P : Quelles sont les différentes tâches de ce comité ?

    J : La première était de créer une mobilisation (actuellement la question est plus de l’organiser et d’avoir un relais médiatique), la deuxième est d’élargir le mouvement aux travailleurs et au mouvement ouvrier et la troisième est de faire pression sur les autorités de l’ULB pour qu’elles donnent des moyens logistiques et n’envoient pas la police sur l’occupation (comme elles l’ont fait il y a 2 ans avec l’occupation des sans-papiers iraniens).

    P : Quelles actions avez-vous menées par la suite ?

    J : Nous avons organisé une manif sur le campus qui avait pour but d’informer la communauté et de faire pression sur les autorités. Au plus fort de l’action, 400 étudiants étaient présents et nous avons demandé au recteur de nous recevoir, mais ce dernier a refusé, nous avons donc décidé de bloquer l’avenue Roosevelt avec150 étudiants en protestation. Nous avons par la suite organisé la fameuse manifestation du 29 avril avec les sans-papiers du Béguinage. Malgré le fait qu’elle soit autorisée, le bourgmestre PS Thielmans a envoyé la police arrêter presque tous les manifestants (140 personnes) et a réprimé très durement cette action. Il y avait très clairement une tentative de criminalisation du mouvement, comme c’est le cas très souvent dans notre pays.

    P : Tu veux dire qu’il y a une volonté politique d’étouffer les mouvements pour les régularisations ?

    J : Oui, clairement.

    P : Pourquoi ?

    J : Parce que c’est dans l’intérêt d’une certaine couche du patronat belge et donc de leurs politiciens. En effet, la politique d’expulsions confine des dizaines de milliers de personnes – dont des milliers de familles – dans la clandestinité. Ils vivotent de petits boulots au noir sous-payés. Ils sont privés de toute protection sociale. La dérégulation du marché du travail et la politique d’expulsions conjuguent leurs effets. Des pans entiers de l’économie capitaliste basculent dans l’illégalité, ce qui exerce une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail des salariés dans la sphère légale. Les sans papiers ne pourront obtenir une victoire que s’ils parviennent à gagner le soutien d’une couche plus large de la population, notamment au sein du mouvement ouvrier organisé.

    De plus, le système capitaliste, que représentent ces politiciens, essaie de diviser la population sur une base raciste : nécessité d’un permis de travail, différence de salaires, différences des pensions pour un même travail etc. Dans nos universités, les étudiants d’origine étrangère ne sont pas logés à la même enseigne que ceux originaires de l’Union Européenne. Les minervals pour un étudiant étranger à l’ULB peuvent s’élever à plus de 10.000 euros. Les réfugiés et les immigrés servent de boucs émissaires pour la crise économique. Ce ne sont pourtant pas les réfugiés et les immigrés qui attaquent tous nos acquis en matière d’enseignement (restaurants sociaux, les kots bon marché,…), qui licencient, qui ferment les entreprises, qui privatisent les services publics, qui rallongent l’âge de la pension ou qui sont la cause de la baisse du pouvoir d’achat. La réaction de Thielmans n’a donc rien d’étonnant. Elle est dans la continuation de la politique du « diviser pour régner » en criminalisant un mouvement qui recherche la solidarité avec la population belge.

    P : Que s’est-il passé par la suite ?

    J : Un rassemblement d’étudiants et de représentants politiques et syndicaux de 300 personnes a eu lieu dans les heures qui ont suivi notre incarcération dans la prison du Palais de Justice afin d’exiger la libération de tous les étudiants et les sans-papiers. Pour finir tous ont été libérés sauf 13 camarades sans-papiers qui ont été envoyés vers différents centres fermés en vue de leur expulsion.

    Ensuite, nous avons été manifester le lendemain matin devant le siège du PS, durant la soirée devant la Fête du Progrès que le PS organisait et durant la Fête de la FGTB sur la Place Rouppe pour montrer notre opposition aux méthodes policières et répressives envers le mouvement des sans-papiers. Maintenant nous manifestons le 7 mai contre les centres fermés, pour la régularisation de tous les sans-papiers et pour la libération de nos 13 camarades enfermés.

    P : Que penses-tu de l’attitude du PS par rapport au moratoire sur les expulsions et sur les ancrages durables et quelle attitude prend EGA par rapport à cela?

    J :Tout d’abord, par rapport aux ancrages durables -appelés aussi attaches durables-, c’est très clairement une avancée, mais qui reste très limitée. En effet, il n’y a toujours pas de loi qui reprenne les critères de régularisation. La commission indépendante qui devrait statuer sur les demandes de régularisation reste à l’état de projet. Il n’y a rien qui annonce un changement en matière d’expulsions et de détention dans les centres fermés (même pour les enfants) et encore moins de régularisation générale des sans-papiers. Et le dossier de l’asile et des sans-papiers reste dans les mains de Annemie Turtelboom, membre du parti libéral VLD, qui fera très peu de pas en avant.

    Par rapport au moratoire sur les expulsions, le PS et tous les autres partis pro-moratoires ne sont que des hypocrites. Chaque parti a eu l’occasion de faire l’exercice du pouvoir et aucun, ECOLO y compris, n’a fait cesser les expulsions ou régulariser massivement. De plus, c’est seulement quand les sans-papiers reviennent sur le devant de la scène qu’ils essayent de montrer qu’il faut quelque chose. Toutefois le PS a montré en premier son intérêt sur la question… en envoyant la police arrêter les sans-papiers, en refusant tout dialogue, ou encore en faisant de grandes promesses devant les caméras et rien concrètement.

    Les Etudiants de Gauche Actifs sont socialistes, mais pas socialistes en mots comme c’est le cas pour le PS ; pour nous le socialisme n’est pas d’expulser des personnes sans-papiers ou de leur envoyer la police quand ils manifestent, pour nous les socialistes ne doivent pas promouvoir des gouvernements dictatoriaux dans les pays du Sud ou défendre les intérêts de la classe capitaliste en attaquant les acquis sociaux des travailleurs. Nous sommes des vrais socialistes et donc nous défendons l’unité des travailleurs avec ou sans-papiers, nous défendons les acquis des populations et la nécessité d’un emploi convenable pour tous. Nous combattons ce système fait de misère et d’exploitation et nous nous battons pour un monde socialiste, où l’on produit en fonction des besoins des gens et non pas pour les profits d’une minorité !


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