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  • Un “Pacte de solidarité” après le “Pacte des générations” ?

    Les six organisations patronales belges (d’entreprises et de classes moyennes, nationales et régionales) ont présenté en commun un « pacte de solidarité » dans lequel elles présentent leur vision commune des réformes nécessaires pour assurer l’avenir de « notre » prospérité. Les organisations patronales veulent 500.000 emplois supplémentaires d’ici 2020.

    Karel Mortier

    Ce Pacte de Solidarité réclame pour cela une poursuite des baisses de charges, une flexibilisation accrue du marché du travail et un « assainissement » de l’administration: «la politique doit alléger au maximum toutes les charges qui pèsent sur les entreprises.» En langage compréhensible : la collectivité doit surtout se mettre au service des employeurs.

    Danger : flexicurité en vue !

    Les employeurs introduisent aussi la notion de flexicurité dans notre pays. Ce mot barbare signifie une activation acharnée des chômeurs combinée à une formation aux frais de la communauté afin d’assurer que celui dont l’emploi devient superflu soit préparé dans un délai minimal à devenir rentable à un autre poste de travail. Dans cet objectif, les patrons veulent « moderniser » la législation des licenciements (lisez : l’assouplir notamment en raccourcissant la durée des préavis), augmenter les allocations de chômage – qu’ils appellent de façon subtile «l’assurance» de chômage – mais en les limitant à une durée fixée à l’avance et en les rendant dépendantes de la volonté du chômeur à se former afin d’atteindre non pas une sécurité d’emploi, mais au moins une sécurité « de travail » maximale (en acceptant donc de voler d’un emploi à l’autre).

    Toutes les organisations patronales nationales et régionales sont aussi tombées d’accord sur le fait qu’une réforme d’Etat est nécessaire pour que les régions obtiennent plus de compétences parce que les différences économiques entre les régions sont, selon elles, trop grandes pour qu’une politique commune puisse être menée. « Les choix politiques, socio-économiques et écologiques peuvent être plus efficaces quand ils sont à la mesure des différents besoins des entreprises de chaque région. » On ne mentionne ainsi plus dans ce texte d’économie belge, mais bien trois économies distinctes qui demandent chacune leur propre politique.

    Les employeurs plaident donc pour « responsabiliser » les régions en leur accordant plus d’autonomie sur le plan du marché du travail et de la politique fiscale. Les patrons sont en fait tombés d’accord sur le fait une concurrence fiscale et sociale entre régions peut leur rapporter plus.

    Les conséquences de la politique néolibérale

    Le patronat veut donc accélérer la politique néolibérale. Nous connaissons pourtant bien les conséquences de cette politique au cours de ces 25 dernières années.

    Bien que plus de personnes soient au travail, 15% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 6% dans les années ‘80. Un célibataire dépendant du CPAS, avec 684 euros par mois, vit par définition en dessous du seuil de pauvreté de 822 euros.

    Le nombre de personnes faisant appel aux banques de nourriture a augmenté sans cesse 13 ans d’affilée. En 2006, 106.900 personnes ont eu recours aux colis alimentaires, contre 70.000 en 1995.

    Celui qui s’en sort mieux n’échappe pas nécessairement à cette spirale. La centrale de crédit de la Banque Nationale a constaté fin 2007 plus 7,5 millions d’accords de crédit. C’est surtout le nombre d’achats à crédit pour de petits montants qui a fortement augmenté ces dernières années (de 75% entre 2003 et 2007). Par rapport à 2000, le nombre de familles qui ont eu recours au CPAS afin de s’en sortir avec leur budget a augmenté de 49%.

    Entre-temps, la réaction des syndicats face aux attaques systématiques des patrons se fait attendre. Un communiqué de presse ou une interview apparaît de temps en temps mais pour le reste, ils restent très silencieux. La discussion autour de la réforme d’Etat paralyse la politique belge depuis presque un an maintenant et les syndicats n’ont toujours pas de réponse commune, ne parlons même pas d’alternative. Les organisations patronales ont donc le champ libre pour leur propagande car les syndicats leur laissent la place dans le débat politique…

  • Tous ensemble contre le ‘Plan Stratégique du Recteur’ !

    ULB

    Depuis quelques mois déjà, le recteur de l’ULB, M. Ph.Vincke, concocte un plan de réformes concernant la politique à mener dans les années à venir sur notre université. Enrobé d’une myriade de phrases aux consonnances attractives («promotion de la réussite», «défense de l’égalité des chances»,…), ce plan, appelé le ‘Plan Stratégique du Recteur’, n’est rien d’autre qu’une nouvelle attaque en règle contre la qualité de notre enseignement, attaque dont l’étendue porte directement atteinte à de larges pans de la vie de notre université et franchit un pas supplémentaire vers la privatisation. Un document présentant ce Plan Stratégique a fait l’objet d’une discussion lors du Conseil d’Administration du 18 février, et devrait être remis sur la table pour être soumis à approbation lors du prochain CA, le 21 avril.

    Etudiants de Gauche Actifs-ULB

    Ce plan est défini comme une « feuille de route pour les prochaines années» définissant 10 axes stratégiques visant à promouvoir une « attitude proactive » face au paysage universitaire de plus en plus complexe auquel doit faire face l’ULB. Pratiquement, il s’agit d’un panel de mesures néo-libérales visant à positionner l’ULB dans le contexte de compétition internationale que se livrent les établissements supérieurs et universitaires entrés dans l’ère Bologne.

    Le recteur affirme dans son projet que l’ULB applique une « politique sociale », visant à « donner à chaque étudiant, quelle que soit son origine, une chance réelle de réussite ». Le recteur a visiblement la mémoire bien courte : les dernières années ont été marquées par une série d’attaques profondément anti-sociales de la part des autorités universitaires de l’ULB. La privatisation de nombreux services sur l’université (restaurants, foyer étudiant, service de nettoyage, sécurité, …) n’en est qu’un seul exemple. Les prix de plus en plus élevés des logements et autres services alloués aux étudiants sont autant d’obstacles supplémentaires aux moins fortunés d’entre nous pour pouvoir étudier dans de bonnes conditions. Un nombre croissant d’étudiants sont ainsi forcés de travailler à côté de leurs études pour subvenir à leurs besoins. Selon une étude comparative réalisée l’an dernier, globalement les étudiants-salariés ont 40% moins de chances que les autres de réussir leurs études. Cela ne correspond pas vraiment à notre vision d’une « politique sociale. »

    L’ULB : vers une université d’élite ?

    Les politiciens traditionnels et les recteurs n’hésitent plus à recourir régulièrement au terme d’ « universités d’élite » lorsqu’ils évoquent le processus de Bologne. Pour ceux qui s’en souviennent, l’ancien recteur de l’ULB De Maret avait déjà déclaré : « Le 21ème siècle sera le siècle des universités d’élite. L’ULB en fera partie ». Le ‘Plan Stratégique du Recteur’ s’inscrit exactement dans cette logique. L’insistance avec laquelle ce dernier fait référence au système des ‘rankings’ internationaux (c’est-à-dire les classements mondiaux des universités les plus prestigieuses) est éloquente à ce titre. La direction de l’ULB veut jouer dans la cour des grands, afin d’être capable de rivaliser avec les autres universités européennes et américaines, et élever sa place dans le ‘hit-parade’ des universités les plus élitistes. Ne soyons pas dupes ! Les critères de ces classements ne sont pas basés sur des aspects démocratiques ou sociaux, mais sur des critères de prestige, d’élitisme et de sélection qui poussent les universités et Hautes-Ecoles à attirer les étudiants dont les chances de réussite sont les plus grandes, c’est-à-dire avant tout les étudiants issus des milieux les plus fortunés. Ce qui se dessine derrière cette compétition internationale est de plus en plus palpable : un enseignement à deux niveaux, avec d’un côté des institutions de pointe accessibles uniquement aux surdoués et aux étudiants riches ; de l’autre, des institutions de second rang sous-financées pour la masse des étudiants issus de milieux plus modestes. Une telle logique a donc un prix : un simple coup d’oeil sur les montants exorbitants des minervals et droits d’inscription exigés dans les prestigieuses universités anglo-saxonnes suffit pour s’en convaincre.

    Suppression massive de cours en perspective

    Selon le recteur, « la promotion de la réussite et de l’égalité des chances passe aussi par une réflexion approfondie sur l’harmonisation de notre offre d’enseignement avec les ressources humaines dont nous disposons. » Il n’est malheureusement pas expliqué comment le recteur va s’y prendre pour promouvoir la réussite en tronçonnant dans l’offre des cours disponibles : en effet, tel est bien l’idée qui sous-tend cette « harmonisation ». Selon les propres dires du recteur, « Aujourd’hui, les ressources humaines dont nous disposons dans le Corps académique et le Corps scientifique devraient nous permettre d’offrir un ensemble d’environ 2500 cours de 2 ou 3 ECTS. Or, actuellement nous en offrons entre 4000 et 5000 dans nos programmes…Il n’y aura pas de miracle, nous ne recevrons pas de la Communauté française 50 nouveaux professeurs. Il faudra réfléchir à notre offre d’enseignements et la revoir à la baisse quitte à développer des partenariats avec des universités voisines pour rationnaliser l’offre d’enseignement… »

    Une rationnalisation de l’offre des cours, cela signifie concrètement faire des économies sur le dos des étudiants et du personnel. Etrangement, peu de publicité a pourtant été faite envers ces derniers afin de les avertir que cette politique d’« harmonisation » a déjà commencé depuis plusieurs mois : certains cours de la filière indo-européenne par exemple (Sanskrit, Iranien ancien, Grammaire comparée), ont été largement réduits en nombre d’heures, voire supprimés. Et ce n’est qu’un début. Dans la logique d’un enseignement davantage orienté vers le marché, les orientations qui ne sont pas intéressantes pour les entreprises, à vocation plutôt sociale ou intellectuelle, passeront progressivement à la trappe. C’est dans la même optique que le ministre Vandenbroucke prépare un nouveau plan de rationalisation dans l’enseignement supérieur et universitaire flamand, visant à supprimer toutes les orientations qui comptent moins de 115 étudiants. Quelques 130 formations sont ainsi menacées, essentiellement dans les filières artistiques et scientifiques.

    Notre université n’est pas un marché !

    La conception néo-libérale de l’éducation est celle d’un produit de marché plutôt que d’un service public. Résultat des courses : en trois décennies, le financement public de l’enseignement a littéralement fondu, alors que, en toute logique, les besoins générés par l’augmentation du nombre d’étudiants aurait dû impliquer une courbe dans le sens opposé. En 1980, le gouvernement dépensait encore 7 % du PIB pour l’enseignement. Depuis, ce pourcentage a chuté à 4,9 %. C’est pourquoi, depuis des années déjà, EGA met en avant la revendication d’un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB.

    La diminution de la participation de l’Etat au financement de l’éducation sert de credo aux autorités rectorales pour justifier les mesures d’austérité ainsi que le recours à des modes de financement ‘alternatifs’. En clair, il s’agit de plus en plus d’aller chercher les fonds dans la poche des étudiants ou dans le secteur privé.

    Le recours au financement privé est précisément la voie prônée par le rectorat pour refinancer la recherche. Arguant des ressources limitées de la Communauté Française, le recteur propose ainsi le développement d’une politique de « fundraising », dont la première campagne débuterait lors de la rentrée académique 2009-2010. Le fundraising consiste à aller faire la quête -essentiellement auprès des entreprises- pour leur demander des fonds. Les conséquences d’une telle politique sont évidentes: une orientation de la recherche vers les intérêts de profitabilité des entreprises, une dégradation du statut des chercheurs, etc.

    Liberté d’expression menacée

    L’application de mesures néo-libérales sur notre campus ne peut que susciter des réactions de plus en plus larges de la part des étudiants et du personnel. C’est pourquoi les autorités universitaires se préparent à des lendemains plus ‘agités’ : le rectorat entend pouvoir museler toute velléité de résistance de la part de la communauté universitaire. C’est dans cette logique qu’il faut comprendre les récentes mesures restreignant la liberté d’expression sur le campus : auditoires payants et difficilement accessibles pour les étudiants comme pour les enseignants en-dehors des cours, difficultés à pouvoir diffuser des tracts sur l’avenue Paul Héger, espace d’affichage restreint, paperasse administrative de plus en plus lourde, interdiction de toute action sur le campus sans autorisation préalable du recteur trois semaines à l’avance, etc.

    Quelle réponse ?

    Les mesures proposées par la direction de l’ULB ne peuvent se comprendre que placées dans un contexte plus général. En effet, l’université n’évolue pas en vase clos, et les étudiants ne sont pas les seuls à subir des attaques. Alors que de plus en plus de travailleurs et d’allocataires sociaux sont confrontés au problème du pouvoir d’achat, et que les grosses entreprises réalisent des profits gargantuesques, la déclaration gouvernementale de Leterme Ier entend encore renforcer la flexibilité sur le marché du travail, accélérer la chasse aux chômeurs et arroser le patronat de nouveaux cadeaux fiscaux. Nous ne pouvons dissocier ces attaques de celles qui sont menées dans l’éducation : les unes commes les autres sont destinées à satisfaire la soif de profit d’une minorité de capitalistes et d’actionnaires, pendant que la majorité des travailleurs et des jeunes subissent une dégradation perpétuelle de leurs conditions de vie, de travail et d’études. Tous les partis politiques traditionnels adhèrent à cette logique néo-libérale, y compris ceux qui prennent la peine de se voiler d’un vernis ‘social’. Il suffit de dire que les ministres prétendûment ‘socialistes’ sont depuis des années à l’avant-poste pour mener les assainissements dans l’enseignement, qu’il soit primaire, secondaire ou supérieur.

    C’est pourquoi il est indispensable d’élargir notre combat aux travailleurs, ainsi qu’à la construction d’un outil politique indépendant du patronat, un parti qui puisse réellement relayer nos intérêts. L’an dernier, lors de la lutte qui émergea à l’ULB contre la vente des kots et de la moitié des terrains de la Plaine, les syndicats, le personnel et le corps académique n’ont à aucun moment été appelés à soutenir et à s’impliquer dans la lutte. Nous pensons qu’il s’agissait là d’une erreur que nous ne pouvons réitérer ; si nous voulons lutter de manière efficace, il sera indispensable de lier nos luttes à celles du mouvement ouvrier, notamment celles qui se mènent en ce moment même pour une revalorisation du pouvoir d’achat.

    • Non au Plan Stratégique du Recteur ! Aucune suppression de cours ! Luttons pour la défense de chaque emploi !
    • Non au processus de Bologne et à la marchandisation de l’enseignement ! Stop aux privatisations des services sociaux ! Pas d’ingérence du secteur privé sur la recherche !
    • Non aux augmentations des droits d’inscriptions ! Pour un salaire étudiant !
    • Pour un refinancement public et massif de l’enseignement à tous les niveaux, à hauteur de 7% du PIB minimum !
    • Pour un enseignement gratuit, de qualité et accessible à tous et toutes !
    • Solidarité avec les luttes des travailleurs ! Pour une augmentation généralisée des salaires et des allocations !

    Lien:

  • Les fonctionnaires flamands en lutte. La parole à quelques militants syndicaux

    Depuis trois mois, les actions se sont multipliées pour obtenir des augmentations salariales afin de rétablir le pouvoir d’achat. Après les actions dans le privé, les fonctionnaires flamands ont pris le relais en faisant une semaine de grève fin mars. Au cours des différentes actions, nous avons parlé avec quelques responsables syndicaux. Nous en extrayons les passages les plus marquants.

    Tessa Van Buggenhout, militante CGSP

    Interview par Els Deschoemacker

    “ Nous revendiquons 5% d’augmentation salariale, prenant l’exemple du management qui s’est servi lui-même copieusement. Le gouvernement flamand parle très positivement des surplus budgétaires, ce qui veut dire qu’il y a de l’argent et que les fonctionnaires flamands en fin de compte ont bien fait leur travail. Il est temps que le gouvernement pense à son personnel, lequel n’a pas eu d’augmentation structurelle depuis dix ans.

    “Mais il s’agit de bien plus que du seul salaire. Le ministre Bourgeois essaie d’introduire d’autres choses auxquelles nous nous opposons, en particulier l’engagement d’intérimaires. Les contractuels actuels sont déjà défavorisés par rapport aux statutaires, mais les intérimaires n’auront droit à rien du tout, ni aux congés payés ni à la sécurité d’emploi. Les gens pourront être licenciés d’un jour à l’autre. Cela concorde avec le souhait du gouvernement d’accorder toujours plus de sous-traitance au secteur privé. Comme si cela ne coûtait pas énormément d’argent.

    “ Les intérimaires sont aussi plus faibles car ils sont moins bien organisés. Le gouvernement essaiera certainement de les utiliser comme un levier pour s’attaquer par la suite aux droits des fonctionnaires.”

    Hilaire Berckmans, secrétaire CGSP

    Interview par Jonas Van Vossole

    “Pour essayer de démontrer que nos actions ne sont pas légitimes, les organisations patronales affirment que les hausses de prix seraient compensées par l’indexation. Cela ne vaut rien comme argument. D’abord, l’index court derrière les hausses de prix et les salaires ne sont augmentés que quelques mois après. Cela veut dire que les familles doivent acheter leurs produits à des prix plus élevés pendant plusieurs mois tandis que leur salaire ne bénéficie pas d’une augmentation correspondante.

    “D’autre part, l’index a été miné depuis longtemps et est maintenant transformé en un soi-disant index-santé. Tous les produits pétroliers ont été enlevés de l’index. Or, les prix pétroliers et les prix de l’essence ont augmenté énormément ces derniers temps. En outre, ce sont les dépenses pour les combustible de chauffage et de transport qui sont les plus importantes. L’index santé est donc une farce. Nos salaires doivent augmenter de 5% !”

    Christoph Vandenbulcke, secrétaire CSC

    Interview par Thomas Bayens

    “Au début des négociations, nous n’avions pas mis en avant le point sur le pouvoir d’achat. Depuis des années, on nous dit qu’il n’y a pas d’argent pour des augmentations salariales.

    “Mais quand nous entendons qu’il y a assez d’argent pour accorder aux hauts fonctionnaires une augmentation d’environ 28.000 euros tandis que d’autres doivent se serrer la ceinture, les gens se fâchent, naturellement, et exigent leur part du gâteau. Le gouvernement flamand a un surplus et il l’utilise pour payer les réductions de charges patronales. Pourquoi n’a-t-il donc pas de moyens pour nos augmentations?”

  • Misère, révolte, répression et grande politique

    Tibet

    Depuis le 10 mars, de violentes émeutes ont éclaté au Tibet. Le mécontentement s’est ensuite propagé dans les provinces voisines. Le régime dictatorial «communiste» a alors employé les grands moyens: verrouillage de quartiers entiers de la capitale Lhassa, déploiement de plusieurs milliers de policiers, violences généralisées,… Il y aurait eu une centaine de morts.

    Par Thibaud Mertens

    « Il y aurait », car seuls les médias chinois sont autorisés et leur point de vue n’est pas des plus objectifs… Le Dalaï Lama a initialement appelé à la retenue mais, devant les réactions internationales, il a critiqué plus durement Pékin, même si ses revendications se centrent sur la préservation de l’identité culturelle tibétaine. Rien sur les conditions misérables dans lesquelles vit « son peuple » dans ce qui est la région la plus pauvre de Chine. Est-ce si étonnant ? Quel serait son intérêt à voir une révolte des travailleurs, quelle serait son influence après cela ?

    Pourquoi une telle médiatisation des troubles au Tibet alors qu’en Chine les manifestations des travailleurs et paysans passent largement inaperçues ? Tout simplement parce les multinationales ont besoin de l’exploitation des travailleurs chinois pour maintenir leurs profits et que, pour que cette exploitation continue, des violences policières (et autres) sont nécessaires.

    Dans le même ordre d’idée, ce n’est pas par philanthropie que le monde s’intéresse au Tibet : les grandes puissances se battent pour le contrôle des richesses de la région et tout ce qui peut déstabiliser la Chine est utile. Bien évidemment, ces manœuvres en sous-main ne sont pas accompagnées de vraies critiques du système chinois.

    En résumé, tout le monde ira aux JO !

    Pour en savoir plus

  • Le Tibet en éruption !

    La répression brutale rencontre une faible réaction des gouvernements étrangers.

    Des milliers de membres de la police paramilitaire et de soldats ont été déployés à Lhassa, la capitale tibétaine, après les protestations les plus sérieuses contre la domination chinoise depuis presque 20 années. Plus de 80 personnes ont été tuées et des centaines ont été blessées selon les groupes tibétains en exil, alors que pour les sources officielles de la Chine et de la Région autonome du Tibet, il y a eu tout au plus 16 tués, dont trois jeunes tibétains qui sont « morts en sautant d’un toit ».

    Vincent Kolo, Hong Kong, article publié le mardi 18 mars sur chinaworker.info

    Les protestations ont commencé il y a plus d’une semaine et ont culminés dans une émeute importante dans la capitale tibétaine ce vendredi 14 mars où plus de 300 maisons et magasins ont été brûlés selon les sources officielles. Le dimanche 16 et le lundi 17, les protestations se sont répandues aux régions tibétaines des provinces voisines de Sichuan, Qinghai et Gansu, et un sitting d’une centaine d’étudiants tibétains a même eu lieu dans un parc du district de Haidian, dans la capitale chinoise, Pékin.

    A moins de cinq mois des Jeux Olympiques, la dictature chinoise semble avoir opté pour une répression massive et rapide des protestations tibétaines en comptant sur de faibles protestations de la part des puissances étrangères capitalistes qui dépendent de plus en plus de la Chine économiquement. Comme cela était prévisible, les USA, l’Union Européenne et d’autres gouvernements ont émis les « inquiétudes » habituelles ; mais ont également fait clairement entendre que les protestations tibétaines et la répression n’affecteront en rien leurs relations avec Pékin.

    Dans la région, les gouvernements indien et népalais, où l’ancienne guérilla maoïste a quatre ministres au gouvernement, ont usé de la force contre les manifestations de solidarité avec les protestataires tibétains. À Lhassa, les derniers rapports indiquent que les recherchent se font maison par maison pour trouver les « émeutiers » dans les quartiers tibétains de la ville, les médias officiels qualifiant l’opération de « guerre » contre les forces séparatistes (c’est-à-dire pour l’indépendance). Un état de loi martiale larvé existe à Lhassa et dans d’autres secteurs tibétains et des rapports non confirmés relatent la mort ce dimanche 16 mars de huit protestataires tibétains dans la région d’Aba, dans la province de Sichuan.

    Plutôt que de restaurer la «stabilité», la nouvelle démonstration de terreur d’Etat (peut-être calculée pour « pacifier » le Tibet avant que les jeux olympiques ne commencent en août) ne fera qu’empirer une situation déjà explosive. La jeunesse tibétaine – issue pour la plupart des campagnes où vivent toujours les trois quarts de la population tibétaine – mène une existence de plus en plus désespérée à Lhassa et dans d’autres villes où elle espère trouver du travail, mais ne rencontre que la discrimination, le harcèlement brutal de la police et la concurrence exacerbée des colons chinois Han pour chaque travail.

    En dépit d’un développement spectaculaire du secteur de la construction et d’une économie qui a connu l’an dernier une croissance de 13.8%, la Région autonome du Tibet connaît un des fossés les plus grands entre riches et pauvres, les Tibétains de souche étant dans le deuxième groupe. Les revenus du Tibet, principalement rural, sont seulement équivalents à un tiers de la moyenne pour la Chine dans son ensemble. Tandis que de riches Chinois Han conduisent des voitures étrangères de luxe dans les villes comme Lhassa, nombreux sont ceux qui, dans la jeunesse tibétaine, sont forcés de se tourner vers le crime ou la prostitution. L’afflux de commerçants Han et de petites entreprises, caractéristiques de ces dernières années, a accéléré l’ouverture de la nouvelle ligne de chemin de fer, mais cela n’a en fait que marginalisé plus encore les pauvres tibétains. Alors que l’ethnie tibétaine compose encore officiellement 78% de la population de Lhassa, si on prend en compte les travailleurs issus d’autres provinces ainsi que les soldats de l’Armée Populaire de Libération, il y a alors une majorité de 60% de Han dans la capitale tibétaine.

    Protestations dirigées par la “clique du Dalai Lama”?

    Il est extrêmement difficile de dire exactement ce qui se passe en raison du contrôle du régime sur les médias et l’information. Les journalistes étrangers ainsi que les équipes TV de Hong Kong et de Macao ont été expulsés du secteur et leurs films ont été confisqués. L’association des journalistes de Hong Kong (Hong Kong Association of Journalists) a émis une protestation au sujet du traitement de ses membres, dont beaucoup ont été retenus pendant des heures par les autorités chinoises avant d’être enfin libérés.

    La censure s’étend aussi à Internet ; non seulement des sites étrangers comme « YouTube » sont maintenant bloqués pour la durée des troubles tibétains, mais même le journal britannique « Guardian » ou d’autres sites d’information subissent momentanément le même sort que celui dont chinaworker.info fait régulièrement l’expérience. Sur les blogs et les forums chinois, n’importe quelle mention du Tibet est rapidement effacée par les censeurs. Dans le monde d’Internet, Tibet a déjà cessé d’exister !

    Le régime de Pékin est impliqué dans une guerre de propagande pour vendre sa version des événements à l’opinion publique chinoise ainsi qu’au reste du monde. Mais l’expulsion de tous les témoins indépendants – même les touristes – démontre clairement que la version des événements présentée par le régime ne peut pas être crédible. Les médias d’Etat ont été remplis de contes sinistres relatant des attaques vicieuses contre des civils Han. Le régime veut désespérément isolé les protestataires tibétains d’autres groupes opprimés – travailleurs qui combattent les fermetures d’usines, ceux qui protestent contre la pollution, les paysans qui résistent aux saisies de terre – dont les luttes entraînent une semblable réponse violente de la part de l’Etat chinois.

    Si la version officielle des événements était véridique, les autorités s’assureraient que les journalistes étrangers et les témoins oculaires la corroborent. Mais ils ont visiblement quelque chose à cacher. Selon le dicton, « la vérité est la première perte de la guerre ».

    Pékin accuse la « clique du Dalaï » d’avoir incité les protestations, une référence au chef spirituel bouddhiste tibétain et à son gouvernement en exil en Inde. Ce n’est clairement pas le cas. Plutôt que de revendiquer l’indépendance, le Dalai Lama a adopté une attitude conciliante envers Pékin en espérant une forme d’autonomie plus grande au sein de la Chine dans le style de celle dont jouit Hong Kong. Mais cette stratégie, qu’il appelle la « voie du milieu » est de plus en plus rejetée par les couches les plus radicales de la population tibétaine, en particulier la jeunesse.

    A l’instar de l’occupation israélienne et de la répression en Palestine qui ont miné l’autorité des plus « modérés » (c.-à-d. des pro-capitalistes et des organismes pro-occidentaux palestiniens comme le Fatah), l’explosion actuelle de la colère tibétaine est un signe de l’affaiblissement de l’autorité politique du Dalaï Lama et de son gouvernement en exil. Ces « guides » en exil ont basé leur stratégie sur l’obtention de l’appui des gouvernements étrangers, de l’ONU et d’autres agences capitalistes et impérialistes afin d’exercer une pression sur Pékin. Cela a été un insondable échec dans un monde où gouvernements et chefs d’entreprise se concurrencent de plus en plus les un les autres pour se soumettre à la dictature chinoise en échange de gains économiques.

    Les faiblesses du mouvement tibétain ont maintenant ouvertement éclaté. Un porte-parole du Congrès Tibétain de la Jeunesse a déclaré que le Dalaï Lama, en refusant de réclamer un boycott des Jeux Olympiques et en renonçant à la violence, était « dépassé » par l’humeur des Tibétains. Un instituteur tibétain de Dharamsala, en Inde (où se trouve le siège du gouvernement en exil), a déclaré à l’agence de presse AFP : « en ce moment, le Dalaï Lama est en dehors du processus. C’est un mouvement du peuple Tibétain ».

    Quelques couches de la jeunesse tibétaine regardent et approuvent la lutte de guérilla au Népal alors qu’au lieu de la lutte armée rurale menée par les maoïstes népalais, c’est en fait un mouvement de protestation urbain de masse ainsi qu’une grève en avril 2006 qui a mis fin au règne de la monarchie absolue.

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    Ci dessus: En Inde, répression de protestations tibétaines

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    Voilà le contexte qui se trouve derrière la dernière explosion des protestations. Le sentiment d’être trahi par le monde extérieur et abandonné par les dirigeants en exil est né des humiliations quotidiennes et continuelles sous la domination Han. Des sections plus radicales du mouvement tibétain, qui espèrent obtenir une attention avant les Jeux Olympiques ont placé leurs vues sur le 10 mars, ont voulu utiliser l’anniversaire du soulèvement de 1959 vaincu par la dictature chinoise. Les Tibétains exilés au nord de l’Inde ont alors organisé deux marches dans le but de franchir la frontière et de continuer vers Lhassa. Ces manifestations ont été détournées par les forces de sécurité indienne, mais cela a néanmoins obtenu un écho à l’intérieur du Tibet parmi la jeunesse, y compris chez les jeunes lamas (moines), qui ont occupé les rues. Tout a commencé par une série de marches de protestation non-violentes.

    Propagande de guerre

    Les protestations ont pris une envergure hors de tout contrôle le vendredi, avec une grande quantité d’émeutes, de pillages, d’incendies de magasins et de rapport d’attaques aveugles contre des civils Han, contre les pompiers et même contre des Tibétains. Les médias commandés par le régime ont naturellement donné une énorme prééminence aux entrevues avec les victimes de ces attaques hospitalisées. Dans un mouvement sans organisation ou direction, il est tout à fait possible qu’une couche de jeunes tibétains marginalisés aient participé à des attaques racistes contre des civils Han. Les socialistes et les travailleurs politiquement conscients ne pardonnent pas de telles actions. Mais nous devons également préciser que c’est un fait connu que les forces d’Etat envoient des agents provocateurs dans les manifestation et utilisent aussi des gangsters « loués » pour semer la confusion et le chaos afin de discréditer le mouvement de protestation et donner de ce fait un prétexte pour une répression impitoyable. C’est exactement le même modèle que l’an dernier en Birmanie, quand les conseillers militaires chinois ont donné des leçons particulières à la junte birmane sur la façon de scinder et écraser le mouvement de masse. La colère a monté et il n’y a aucun organisme démocratique pour canaliser la lutte dans des moyens plus disciplinés et plus efficaces de protestation comme la grève. De plus, il est assez commun en Chine que des mouvements de protestation attaquent et parfois brûlent des véhicules de police et des bâtiments gouvernementaux.

    Le régime chinois veut condamner la violence des manifestants et dépeindre les protestations tibétaines comme des pogroms raciste anti-Chinois afin de renforcer l’indignation nationaliste à travers la Chine pour noyer toute critique de la politique répressive au Tibet. Ainsi, l’éditorial d’un quotidien tibétain contrôlé par le régime a qualifié la situation de « combat de vie ou de mort », en faisant même appel aux associations militaires de « guerre » contre le séparatisme (c.-à-d. contre les revendications indépendantistes). L’attaque médiatique de Pékin vise également à neutraliser la critique internationale : Qiangba Puncog, le Président du gouvernement régional du Tibet a demandé à cet effet: « Y a-t-il un pays démocratique régit par la loi capable d’accepter une telle violence ? »

    Mais les méthodes brutales employées par les forces de sécurité dans les régions tibétaines sont aujourd’hui exactement les mêmes que celles employées contre les travailleurs et fermiers chinois Han chaque fois qu’ils luttent pour leurs droits. Pour cette raison, les travailleurs et les socialistes de partout devraient exiger la fin de la répression au Tibet, la levée immédiate de la loi martiale et le retrait de la police paramilitaire et des unités armées.

    La tragédie de la situation au Tibet, comme ailleurs en Chine, est l’absence complète d’organismes indépendants de la classe ouvrière – syndicats et partis politiques – qui pourraient organiser des groupes de défense de quartier multiethniques pour protéger les vies et les bâtiments tout en lançant une lutte commune des travailleurs Chinois Han et des pauvres tibétains contre les maux qui se posent aux deux communautés : les prix des denrées alimentaires qui sont pris dans une spirale ascendante, la pénurie de logements accessibles, le manque de travail pour les jeunes, ou encore l’effondrement des services publics.

    Parmi la jeunesse tibétaine, il y a un sentiment d’urgence – quelque chose doit être fait – même si ils ne sont pas exactement certains de ce qui devrait être fait. Les socialistes défendent le droit des tibétains de décider de leur propre avenir, y compris le droit à l’indépendance, avec des droits et des garanties nationales intégraux pour la minorité chinoise Han et pour les autres groupes ethniques présents au Tibet.

    Pour réussir, le mouvement au Tibet doit entièrement tirer les leçons de sa propre histoire, mais également d’autres libérations nationales et luttes anti-despotiques, particulièrement dans l’ère du capitalisme et de l’impérialisme généralisés. Un regard autour de la région prouve que l’indépendance nationale sur une base capitaliste ne peut nullement résoudre les problèmes des masses appauvries.

    Prenez les exemples du Bhutan dit « indépendant » et du Népal. Ces Etats sont dominés par des puissances étrangères, ruinés par la pauvreté, et dirigés par des élites antidémocratiques et racistes. Pourtant, même ce type d’”indépendance” ne sera pas à portée de main pour le Tibet aussi longtemps que l’actuelle dictature pro-capitaliste règne en Chine.

    Même l’option du Dalai Lama d’une autonomie plus véritable semblable à celle obtenue par Hong Kong est impossible sur base de la puissance d’Etat existante en Chine. Le régime de Pékin tolère un degré large d’autonomie pour Hong Kong pour des raisons économiques et historiques particulières, mais craint à juste titre que des concessions semblables pour le Tibet n’ouvrent une boîte de Pandore de demandes d’autonomie d’autres provinces, ce qui menacerait la Chine d’un démantèlement territorial. En raison de leur propre prestige et puissance, le gouvernement autoritaire de Pékin ne peut récompenser l’insubordination tibétaine.

    Pour s’opposer à un Etat si puissant, soutenu d’ailleurs dans sa politique appliquée au Tibet par les capitalistes du monde entier, les masses tibétaines doivent donc lier leur lutte pour les droits démocratiques de base et pour la fin de l’occupation militaire chinoise à la lutte de la classe ouvrière chinoise surexploitée.

    La jeunesse tibétaine doit particulièrement soutenir et établir des liens avec la lutte de la jeunesse et des travailleurs chinois qui combattent le même oppresseur et recherchent fondamentalement les mêmes libertés : la fin du règne du parti unique et de la terreur policière, la liberté d’assemblée, la liberté d’expression et de culte religieux, le droit de s’organiser et l’abolition de l’exploitation de classe par la nationalisation de l’industrie sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs.

    Le socialisme démocratique véritable n’a rien en commun avec les dictatures bureaucratiques de parti unique de Mao ou de Staline, et encore moins avec le « communisme » néo-libéral qui règne en Chine et dans la Région autonome du Tibet. En s’alliant également aux masses opprimées de la région de l’Inde et de l’Himalaya, la lutte du peuple tibétain – comme la lutte socialiste et anti-impérialiste – pourrait inspirer un mouvement continental pour mettre fin au système putréfié et corrompu du capitalisme et établir le socialisme international.

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  • Discussions intenses aux congrès régionaux du MAS/LSP

    Les 6 Congrès régionaux qui ont eu lieux entre le 1er et le 15 mars à Bruxelles, Liège, Mons, Louvain, Gand et Anvers ont eu pour tâche de préparer politiquement l’organisation pour les prochains mois qui promettent d’être explosifs.

    Els Deschoemacker

    Dans la partie consacrée aux perspectives, la crise économique a tenu une position centrale, de même que l’instabilité sociale et économique qui en découle et la manière dont ces deux aspects interagissent et se renforcent. La croissance économique de ces dernières années n’a pas été bénéfique pour tout le monde : profits, salaires gigantesques et diminutions d’impôts pour l’élite riche ; charge de travail immense, flexibilité et perte de pouvoir d’achat pour l’immense majorité de la population.

    Les grèves, spontanées ou non, sont la conséquence de cet ensemble de fait. « Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire » est devenue une revendication importante. La classe capitaliste doit maintenant tenir compte d’une nouvelle résistance des travailleurs qui prennent conscience de leurs propres forces.

    Sur le plan politique, les tensions économiques se sont traduites par des tensions communautaires, ce qui a conduit à la plus longue crise de l’histoire de Belgique et depuis peu à un gouvernement instable qui a les yeux fixé sur 2009. C’est en de tels moments que des initiatives doivent être tentées. Nous avons eu beaucoup de discussions portant sur la capacité du CAP à être un contre-pouvoir face aux politiciens néolibéraux.

    L’incapacité du CAP à se construire malgré nos efforts décidés et répétés lui a fait perdre le crédit qu’il avait auparavant gagné auprès de syndicalistes. Les Congrès de District ont décidé que notre engagement dans le CAP devait être réévalué et discuté, mais sans toutefois que cela nous détourne de la priorité donnée à la lutte pour le pouvoir d’achat.

    Les Congrès ont aussi évalué les structures de district qui fonctionnent depuis trois ans déjà et qui ont permis de développer des directions régionales du MAS/LSP.

    Des jeunes membres ont ainsi eu l’occasion de prendre d’avantage de responsabilités. Il est d’ailleurs très important que nous puissions continuer à garder un lien avec la jeunesse, les travailleurs de demain. Cinq des six congrès de district se sont ainsi déroulés juste avant les manifestations anti-NSV et pour la Journée Internationale des Femmes.

    Les membres des différents districts se sont aussi exprimés en faveur d’une plus grande organisation locale du travail syndical, au vu de la progression de notre implantation syndicale, qui concerne aussi beaucoup de jeunes sur leur lieu de travail. Bref, les Congrès de Districts ont illustré les progrès d’un jeune parti marxiste de lutte, qui doit encore apprendre beaucoup de choses mais qui a néanmoins obtenu un certain succès à travers son programme et sa volonté de mener le combat avec le mouvement ouvrier et pour le socialisme.

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  • Une avancée est-elle en vue ?

    Sans-papiers

    La déclaration gouvernementale a suscité des espoirs parmi les sans-papiers… et surtout parmi leurs défenseurs belges. Une avancée a en effet été obtenue. Désormais, on tiendra compte de l’ « ancrage local » comme critère de régularisation. Est-ce suffisant pour crier victoire ?

    Malheureusement, ce progrès reste très limité. Il n’y a toujours pas de loi qui reprenne les critères de régularisation. La commission indépendante qui devrait statuer sur les demandes de régularisation reste à l’état de projet. Il n’y a rien qui annonce un changement en matière d’expulsions et de détention dans les centres fermés (même pour les enfants) et encore moins de régularisation générale des sans-papiers. Et le dossier de l’asile et des sans-papiers reste dans les mains d’une ministre libérale flamande, Annemie Turtelboom.

    Or, son prédécesseur Patrick Dewael, lui aussi VLD, a bloqué toute avancée sur la régularisation pendant quatre ans, malgré les mobilisations massives des sans-papiers, les occupations de dizaines d’églises, le développement d’un large mouvement de soutien dans la population. L’arbitraire est resté total dans les décisions d’expulsions et de régularisation. La seule chose qui a pu faire fléchir partiellement le gouvernement, ce sont les grèves de la faim de plusieurs semaines menées par de sans-papiers. Et encore, bien des promesses faites solennellement à ces occasions n’ont pas été tenues par la suite.

    Pourquoi la droite, VLD en tête, est-elle aussi opposée à la régularisation ? Pour deux raisons principalement. L’une est politique. Mis sous pression par le Vlaams Belang, les libéraux flamands veulent garder l’image du shérif qui fait respecter la loi et expulse les clandestins. L’autre est économique. Une partie du patronat profite abondamment du travail clandestin, surtout dans la construction et l’horeca. Pour ces patrons, les sans-papiers sont la main-d’œuvre idéale, obligée d’accepter des bas salaires et des heures supplémentaires à gogo, de ne pas avoir de sécurité sociale,… et qui n’ose pas réclamer par peur de la police et des expulsions. Ces patrons font pression sur les partis de droite pour qu’ils bloquent toute régularisation parce que celle-ci ferait disparaître une grande partie des avantages qu’apporte la clandestinité aux patrons.

    Sous Leterme comme sous Verhofstadt, les actions et les manifestations resteront le meilleur moyen pour empêcher les expulsions et pour avancer vers une régularisation générale des sans-papiers. Mais face au blocage imposé par la droite et le patronat, la solidarité humanitaire ne suffit pas. C’est surtout par la syndicalisation des sans-papiers et en mobilisant les syndicats qu’on pourra construire un rapport de forces qui pourra imposer la régularisation générale des sans-papiers et le droit au travail et à une vie décente pour tous, quelle que soit la nationalité.

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  • Chercheurs. Action pour un statut unique et convenable

    Le 20 mars dernier, les trois organisations syndicales et quelques organisations du personnel ont organisé « La journée des chercheurs » à l’Université Catholique de Leuven (KUL). L’initiative avait été lancée par une pétition de Jon Sneyers, chercheur à la KUL et militant de la LBC (la CNE en Flandre), contre les statuts inégaux et souvent très mauvais des chercheurs.

    Par Jan Vlegels, chercheur à l’université d’Anvers et membre de la CGSP-enseignement

    Cette pétition, qui revendique l’alignement vers le haut des salaires, a obtenu un grand succès : plus de 1.400 chercheurs l’ont signée. Parallèlement, une campagne commune a été lancée dans les universités d’Anvers, de Bruxelles et de Louvain où, à chaque fois, des militants ou des délégués syndicaux, membres du MAS, ont popularisé l’initiative. La journée des chercheurs a rassemblé une soixantaine de chercheurs qui ont expliqué leurs griefs au chef du cabinet du ministre flamand de la politique scientifique, Patricia Ceysens (Open VLD).

    Aujourd’hui, des chercheurs liés aux universités qui connaissent la même fonction et la même ancienneté peuvent avoir, selon leur source de financement, plusieurs milliers d’euros de différence salariale par an. De plus, les règles sont différentes pour le calcul de la pension, le congé de maternité, l’ancienneté, la demande de congé,… quand les règles existent !

    Les statuts injustes actuels sont issus du Plan Global du gouvernement Dehaene de 1993. Les chercheurs ont été transformés de travailleurs à part entière de l’université en « étudiants du troisième cycle » et les contrats de travail réguliers ont systématiquement été changés en contrats sur base d’une bourse exonérée d’impôts : le « doctorant boursier » était né.

    Les boursiers peuvent être employés par le Fonds de la Recherche Scientifique, par l’Institut pour la Science et la Technologie ou par l’université elle-même. Tous utilisent des normes différentes, ce qui explique que les salaires nets varient de 1.122 euros (les chercheurs venant de pays en « voie de développement ») à 1.713 euros (boursiers FRS).

    Les universités ont été calmées par l’argument que, grâce à ces bourses peu élevées et exemptées de précompte professionnel, il leur serait possible d’engager plus de chercheurs sans augmenter les dépenses, ce qui ferait monter le nombre de publications scientifiques et rapporterait donc davantage, puisque les subsides y sont liés. Mais pour les chercheurs, cette exonération d’impôts n’a que des désavantages: la pension est calculée sur base du salaire brut, elle entraîne des revenus de remplacement plus bas (p.ex. en cas de congé maternel), il n’y a pas de primes fiscales (p.ex. un prêt hypothécaire), les crèches ne sont pas déductibles,…

    Tout cela contredit la propagande des dirigeants gouvernementaux. On parle toujours de la nécessité d’investir en technologie et en recherche scientifique puisque l’avenir se situerait dans les secteurs de pointe. Mais, parallèlement, on n’est pas prêt à offrir un emploi convenable à ceux qui «produisent» la science.

    La campagne a fait monter la pression sur la ministre pour aligner les statuts. Parallèlement, avec les militants syndicaux, nous avons popularisé l’idée que des améliorations peuvent être acquises par une mobilisation active parmi les chercheurs, un groupe qui n’est pas toujours facile à mobiliser.

    Mais pour remporter des victoires réelles contre le néolibéralisme – qui est à la base du problème du statut des chercheurs comme de bien d’autres – c’est une lutte politique consciente de grande ampleur qui devra être menée.

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  • Leterme a fini par décrocher son job

    Leterme a fini par décrocher son job

    Ce qui est social n’est pas concret !

    Cette fois, ça y est, Leterme 1er est devenu réalité. Mais, bon, cela n’empêche pas la presse d’estimer à la quasi-unanimité que ce nouveau gouvernement est tout aussi intérimaire ou transitoire que le précédent. Au finish, les neuf mois de crise politique et les trois mois de gouvernement intérimaire n’ont débouché que sur une « déclaration d’intentions » en lieu et place d’un réel accord. Les promesses sociales sont toutes très vagues et restent à concrétiser : il n’y a aucun chiffre ni aucune indication qui permette de deviner où sera trouvé l’argent nécessaire.

    Article d’Anja Deschoemacker

    Alors que les directions syndicales ont réagi de manière étonnamment modérée à l’accord gouvernemental, pas mal de propositions concrètes doivent pourtant faire frémir les syndicalistes.

    BENEDICTION DU PS, DU CDH ET DU CD&V A LA CASSE SOCIALE

    Il va ainsi devenir possible d’attirer des immigrés économiques pour boucher les pénuries sur le marché de l’emploi. Leterme 1er veut aussi approfondir « le suivi systématique des chômeurs » de plus de 50 ans (lire : pouvoir les forcer à accepter des emplois à bas salaires et à mauvaises conditions de travail). Le travail intérimaire doit devenir possible dans les services publics, même s’il est dit que ce sera à des « conditions exceptionnelles et temporaires ».

    A chaque fois, il est précisé que l’élaboration de ces mesures doit s’effectuer en concertation avec les partenaires sociaux. Le PS et le CD&V espèrent obtenir des accords qui auront reçu la bénédiction des directions syndicales, raison pour laquelle certaines mesures d’adoucissement figurent dans le texte, même s’il est déjà certain qu’il n’y aura pas suffisamment d’argent pour les financer toutes.

    Citons encore les nouvelles diminutions de charges pour le travail en équipe et de nuit et surtout l’annualisation de la semaine de 38 heures. Ce dernier point est présenté comme une manière de faire passer la récupération des heures supplémentaires de façon « plus flexible », « pour le patron aussi bien que pour le travailleur. Les travailleurs peuvent par exemple compenser une période dans laquelle ils veulent être plus à la maison en travaillant plus durement dans une autre période de l’année ». Pourtant, la revendication de moins de stress et de moins de pression au boulot résonne toujours plus clairement. Mais désormais, vous devrez travailler plus durement quand ça arrange le patron, et travailler moins… quand ça arrange le patron. Et hop ! Tout le « problème » des heures supplémentaires « trop chères » disparaît dans un paquet de secteurs.

    POUR LE RESTE: ATTENDRE !

    Sans disposer de chiffres, aucune comparaison ne peut être faite entre les moyens dégagés pour le pouvoir d’achat et ceux consacrés aux cadeaux pour les patrons. Mais les mesures en faveur du pouvoir d’achat seront extrêmement limitées. En affirmant sa volonté de développer des coûts salariaux « plus favorables » (pour le patronat) en comparaison avec nos plus importants partenaires (et concurrents) commerciaux, le gouvernement a donc déjà prévenu que le moyen le plus efficace pour améliorer le pouvoir d’achat de la population – une réelle augmentation des salaires et des allocations – n’était pas pour lui une option. « La société » va devoir payer pour l’augmentation des coûts et pour compenser l’argent que le patronat ne verse plus grâce aux nombreuses diminutions des charges, à la déduction des intérêts notionnels et à la fraude. Mais la société… c’est nous.

    Il n’est toutefois pas certain que ce gouvernement va rester debout longtemps. Le premier obstacle est pour l’été, puisque le deuxième paquet de la réforme de l’Etat doit être prêt à la mi-juillet. Le deuxième sera pour septembre avec le nouveau budget, qui devra cette fois aboutir à des données chiffrées.

    Et en cas de survie, il y aura toujours BHV, combiné à la fièvre électorale en prévision des élections régionales. Leterme veut mettre en place un gouvernement stable reposant sur le principe que les intérêts de la bourgeoisie doivent être satisfaits à tout moment et que les autres intérêts sont secondaires. Mais ce gouvernement sera tout de même fort probablement un «gouvernement de transition» dans lequel les bagarres vont continuer jour après jour.

    Le mouvement ouvrier doit garder les yeux grands ouverts : travailleurs et allocataires vont devoir payer avant même qu’une crise économique ne donne l’occasion aux héritiers du vieux PSC-CVP de faire appel à leurs talents les pus reconnus : lancer, la larme à l’œil, des appels déchirants à ce que «tous» se serrent la ceinture.

  • L’avenir de Bombardier à Brugges est incertain.

    Selon le journal « De Standaard », la SNCB a entrepris des pourparlers avec l’entreprise allemande Siemens pour la livraison de rames pour le Réseau Express Régional de Bruxelles pour un montant de plus d’un milliard et demi d’euros. Cette nouvelle a de suite inquiété Bombardier à Bruges, qui avait espéré obtenir le contrat.

    Article de Karel Mortier

    Bombardier était en concurrence avec trois autres entreprises pour obtenir ce contrat. Le porte-parole de Bombardier affirme que l’avenir de l’entreprise de Bruges et des 850 membres du personnel est en jeu. Aujourd’hui, il y a encore du travail pour quelques années, grâce à une commande de trains à deux étages pour la SNCB et de trams pour la STIB. Cela assure le travail jusque, respectivement, 2009 et 2013 mais, pour la période qui suivra, il n’y a encore aucune commande, ce qui signifie que l’avenir de l’établissement à Bruges est en jeu. Bombardier avait déjà dit auparavant que l’avenir de son installation à Bruges serait dépendant des commandes qu’ils obtiendraient en Belgique.

    Le 11 mars, à Bruges, il y a eu un arrêt de travail et une réunion à l’Hôtel de Ville. Celle-ci a rassemblé 300 travailleurs et les syndicats ont demandé l’appui des politiciens locaux auprès de la direction de la SNCB, afin que le contrat puisse encore être accordé à Bombardier. Les syndicats affirment qu’il ne faut pas seulement tenir compte du prix mais aussi de l’emploi local. Selon les syndicats, les rames de la concurrence n’existeraient que sur papier et seraient de moins bonne qualité que celles qui seraient fabriquées à Bruges.

    Le 14 mars, le personnel est allé à Bruxelles pour mettre la pression auprès de la direction de la SNCB. Landuyt (SP.a) a déjà réagi en disant qu’il interpellerait Leterme sur le cours de la procédure. Selon Landuyt, Leterme doit contrôler si un traitement égal des différentes candidatures est bien garanti. Pol Vandendriesche (CD&V) était présent à l’Hôtel de Ville et veut un « signal » de tous les parlementaires brugeois, en dehors des différences de partis.

    Bombardier, à Bruges, mieux connu sous le nom « la Brugeoise », est un des plus importants pourvoyeurs d’emploi dans la ville et la dernière entreprise en Belgique qui fabrique de façon indépendante et complète des trains et des trams. Si c’était la fin de la Brugeoise, non seulement 850 emplois directs et 500 indirects seraient perdus (selon la direction), mais aussi beaucoup de connaissances et d’habileté disparaîtraient pour toujours de notre pays, comme cela a déjà été le cas plus tôt dans la construction navale, après la fermeture du Boelwerf à Temse.

    La réaction des syndicats est compréhensible et ils ont raison de réagir de suite et de prendre l’initiative afin de préserver l’emploi à Bruges, mais la question est de savoir si le protectionnisme ou l’appel à acheter des produits belges est la meilleure réaction face à la décision possible de la SNCB de commander chez Siemens. Finalement, Bombardier utilise l’argument de l’emploi en premier lieu pour obtenir des commandes belges aux meilleures conditions, afin de faire un maximum de bénéfices. A chaque fois qu’il y a un problème ou que Bombardier n’arrive pas à obtenir une commande (quelle qu’en soit la raison), la menace de fermer l’installation de Bruges s’élève. La réaction des politiciens brugeois est facile à prévoir. Les gardiens du marché libre et de la libre circulation des marchandises et des services en Europe, font un tour à 180° lorsqu’ils sont confrontés aux conséquences et à la logique de leur propre politique lors des deux dernières décennies.

    Le financement défectueux de la SNCB et l’introduction de la logique de marché dans le secteur du rail font que le prix devient un des arguments les plus déterminants lors du choix d’un fournisseur. D’une part, les politiciens reprochent à la SNCB que les coûts sont trop élevés et, d’autre part, on lui reprocherait de choisir l’option la moins chère. Les politiciens locaux se présentent depuis des décennies comme les défenseurs de la libre concurrence et du libre marché. La réaction de Landuyt pointe aussi les possibilités limitées qu’ont les politiciens de réagir. Tout le monde à Bruges connaît l’importance du contrat Réseau Express Régional pour Bombardier. Sans aucun doute, cela fait longtemps que les politiciens brugeois sont en train de conspirer mais cela n’a pas marché. A présent, ils veulent se protéger contre des réactions de colère du personnel.

    Le contrat offre une occasion d’emploi jusque 2016 au maximum et après, le risque d’être à nouveau confronté à un manque de commandes reviendra. Si le gouvernement belge prend la décision (quelle qu’en soit la raison) d’acheter des rames à l’étranger, alors ce gouvernement devra aussi prendre ses responsabilités envers les travailleurs de Bruges qui en seront les victimes. Cela signifie bien plus que poser des questions parlementaires ou le fait de donner un « signal ». Le gouvernement doit tout faire pour que l’emploi et les connaissances soient maintenus à Bruges , sans pour autant entrer dans le chantage de Bombardier qui pourrait éventuellement se répercuter dans le porte-monnaie des utilisateurs des transports en commun, des contribuables et, à la fin, des travailleurs eux-mêmes.

    Ce n’est pas une solution de signer un chèque en blanc à Bombardier en lui passant des commandes sans tenir compte des besoins spécifiques des transports publics ou des coûts qui en découleraient pour les utilisateurs. C’est l’option la plus facile pour les politiciens qui ne devront pas payer la note et qui n’utilisent pas les transports publics. Cela permettrait peut-être une continuité de quelques années à Bruges mais cela ne ferait que repousser les problèmes.

    La seule réponse possible et durable afin de garantir l’existence de la Brugeoise à plus long terme est la nationalisation de l’entreprise et la mobilisation des connaissances et de l’habileté du personnel pour moderniser et étendre les transports publics dans notre pays et dans toute l’Europe.

    De cette façon, on ne se retrouve plus à la merci des fantaisies du marché internationale ou d’une multinationale qui n’est pas intéressée par l’avenir de l’entreprise de Bruges, ni par l’avenir du personnel et laisse tomber la qualité des transports publics dans notre pays. Le besoin urgent d’investir plus de moyens dans les transports publics (pour des raisons écologiques aussi) peut être combiné aux connaissances et à l’habileté qui sont présentes à Bruges. Pourquoi attendre pour utiliser ce potentiel ?

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