Blog

  • Manifestation européenne des cheminots – Reportage photos

    Hier a eu lieu une action symbolique de la Fédération européenne des travailleurs des transports (FET). Le même jour se réunissait à Bruxelles le Conseil européen des ministres des transports. Les cheminots ont manifesté dans la neige, par un froid au moins aussi glacial que l’avenir que leur réserve les ministres européens…

    Eric

  • DOSSIER – Venezuela : Une nouvelle phase et de plus grands dangers. Vers où aller ?

    L’arrivée au pouvoir de Hugo Chavez en 1998 a représenté un tournant important dans la situation mondiale. C’était la première fois qu’arrivait au pouvoir un gouvernement qui refusait l’idéologie impitoyable du néolibéralisme qui avait dominé chaque gouvernement et élite dirigeante à travers les années ‘80 et ‘90. L’arrivée au pouvoir de Chavez représentait donc un développement positif. Le régime de Chavez a mis en place toute une série de réformes populaires, surtout au niveau de l’éducation et de la santé, qui ont été soutenue de manière enthousiaste par le CIO et par les travailleurs du Venezuela.

    Par Alejandro Rojas, CIO

    La politique populiste radicale mise en œuvre par Chavez a très vite suscité la colère de l’impérialisme américain et de la classe dirigeante vénézuélienne qui ont tenté de le renverser. La lutte au Venezuela est passée par différentes phases et revirements. Maintenant, elle est entrée dans une nouvelle phase critique. Au départ, Chavez parlait seulement d’une «révolution bolivarienne». Toute une série d’importants programmes de réformes ont été entamés. Les «Misiones» dans la santé (Barrio Adentro) et dans l’éducation (Mision Robinson) ont été particulièrement populaires. Un million de personnes ont pu sortir de l’analphabétisme et des millions de gens ont pu accéder à un docteur pour la première fois de leur vie. Trois millions de personnes ont eu accès à une éducation primaire et secondaire. Depuis que Chavez est arrivé au pouvoir en 1998, plus de trois millions d’hectares ont été distribués à des coopératives paysannes. Ces réformes, et d’autres aspects de son programme ont très vite conduit son régime à un conflit ouvert avec les oligarques qui avaient auparavant été au pouvoir, et ont provoqué la colère de l’impérialisme américain.

    La tentative de coup d’Etat en 2002 et le “lock-out” patronal de 2002-2003 ont été suivis par toute une série d’actes de sabotage, provoquant des pénuries de biens de consommation et des défis électoraux. Toutes ces tentatives de contre-révolution ont été vaincues. Elles ont été bloquées par un mouvement massif, indépendant et spontané provenant des masses populaires. La défaite de ces tentatives de contre-révolution a représenté d’importantes victoires.

    En 2005, encouragé par ces événements et par la pression des masses pauvres et ouvrières, Chavez a été plus loin et a, pour la première fois, déclaré que les objectifs de la révolution bolivarienne étaient d’édifier un «socialisme du 21ème siècle». Pour la première fois depuis la chute du Mur de Berlin, ceci a une fois de plus remis la question du socialisme à l’ordre du jour politique, et a représenté un développement positif.

    Toutefois, c’est une chose de parler du socialisme, mais c’en est une autre de comprendre quels sont le programme et les méthodes requises pour l’accomplir. Les marxistes ont aussi la responsabilité de tirer et de discuter des faiblesses, des déficiences et des dangers qui sont présents dans tout mouvement et qui peuvent constituer un obstacle pour la mise à bas du capitalisme.

    Il est nécessaire d’aider les travailleurs et les socialistes à s’orienter de manière correcte afin de faire progresser la lutte et d’accomplir la révolution socialiste. Le socialisme authentique peut alors être construit à travers la mise en place d’un véritable système de démocratie ouvrière, qui tire les leçons des expériences du mouvement ouvrier sur le plan international et sur le plan historique.

    Les marxistes tentent d’aider les socialistes au Venezuela à tirer les leçons de l’expérience internationale des travailleurs dans d’autres luttes afin de faire avancer la lutte pour la révolution socialiste. Nous acceptons aussi volontiers les commentaires et les critiques des travailleurs vénézuéliens quant à la lutte des travailleurs dans d’autres pays.

    Le CIO a salué les avancées positives qui ont été accomplies au Venezuela. Mais nous avons aussi averti quant aux dangers auquel est confronté le mouvement, provenant de la contre-révolution et de la réaction, du fait des déficiences dans le programme, dans les méthodes et dans l’organisation de la classe ouvrière. Contrairement à certaines personnes au sein de la gauche, nous avons évité de tomber dans le double piège de l’opportunisme d’une part – qui consiste à se cantonner dans un rôle de fans ou de conseillers de Chavez – et du sectarisme de l’autre – c’est-à-dire d’attaquer Chavez sans nuances ou à titre personnel.

    La menace de la contre-révolution demeure, parce que le capitalisme, malheureusement, n’a pas été vaincu et remplacé par un plan de production socialiste et démocratique basé sur l’édification d’un système de démocratie ouvrière et paysanne. Maintenant, une nouvelle phase critique s’est ouverte au Venezuela, qui amène de nouveaux dangers pour la lutte pour le socialisme.

    Le fait que le capitalisme n’ait pas été vaincu est maintenant la cause de toute une série d’attaques sur les programmes de réformes et sur la classe ouvrière. La nouvelle élite riche qui s’est élevée sur le dos du mouvement et de l’appareil bureaucratique en perpétuelle extension, truffé de corruption, entre de plus en plus en conflit avec la classe ouvrière et avec la lutte pour faire progresser la révolution. Usant d’une «rhétorique socialiste», la bureaucratie et la nouvelle élite émergente ont de plus en plus adopté des mesures répressives contre la classe ouvrière et contre ceux qui entrent en conflit ou qui critiquent le régime.

    Le CIO a déjà commenté à de nombreuses reprises le fait qu’une des plus graves faiblesses de la situation au Venezuela est l’absence d’une organisation de la classe ouvrière consciente et indépendante, qui se mettrait à la tête de la lutte pour une révolution socialiste. Le mouvement bolivarien a été dirigé par en haut, sans aucun moyen de contrôle de la part de la classe ouvrière. Cela a conduit à ce que des méthodes bureaucratiques, administratives et, de plus en plus, malheureusement, répressives, soient utilisées contre la classe ouvrière et contre ceux qui remettent en question ou défient le régime sur sa gauche.

    Ces deux éléments – prédominance du capitalisme et méthodes répressives bureaucratiques – ont été renforcés au cours de la dernière période. Le processus révolutionnaire qui s’est développé, surtout après la tentative de coup d’Etat et le lock-out de 2002-03, s’est heurté à cette conjoncture. Si un processus révolutionnaire n’avance pas, alors inévitablement, il peut commencer à se rouiller et même à pourrir.

    Malheureusement, cette menace commence à se développer au Venezuela. En conséquent, le soutien à Chavez est en train d’être gravement sapé et érodé. Même l’idée du socialisme commence à être discréditée parmi toute une couche de la population, à cause de l’échec de l’avancement de la révolution. Toutefois, commence à émerger une contre-révolution qui provient en partie de l’intérieur du mouvement chaviste lui-même.

    Les “Boli-bourgeois”

    Cette contre-révolution implique des sections de l’ancienne élite qui se sont ralliées à Chavez, et qui maintenant s’enrichissent et tirent d’immenses profits de l’ensemble du processus. Il faut ajouter à ces couches les «nouveaux riches» qui sont apparus. Aujourd’hui, le terme de «Boli-bourgeoisie» (Boli-burguesia) fait partie du vocabulaire de nombreux vénézuéliens. On retrouve ici un important élément du processus qui s’est déroulé en Afrique du Sud, où toute une section de l’ANC s’est enrichie après la chute du régime de l’apartheid. Ces personnes se sont muées en une nouvelle classe moyenne supérieure, et sont même devenu une section de la classe capitaliste. Ce processus est fort avancé dans le Venezuela d’aujourd’hui, au nom du «socialisme». Il y a même une organisation constituée d’entreprises «socialistes» – des compagnies qui se déclarent socialistes mais qui opèrent comme des entreprises capitalistes normales ! Cette couche inclut des gens tels que Ricardo Fernandez Barruesco, qui a démarré dans l’industrie agro-alimentaire mais s’est maintenant diversifié et possède la Banque Canarias, la Banque Bolivar et de nombreuses autres entreprises. Il y a aussi des membres de la nouvelle élite dirigeante tels que Wilmer Ruperti. Il y a dix ans, il n’était qu’un «homme d’affaires» parmi tant d’autres. Aujourd’hui, il est un magnat de la marine marchande et milliardaire. En fait, l’homme le plus riche du Venezuela, c’est lui. Il a amassé sa fortune pendant le «lock-out» patronal en utilisant ses pétroliers pour briser la «grève» et approvisionner le gouvernement en pétrole. Depuis lors, il a été richement récompensé, par des contrats juteux avec PDVSA, la compagnie pétrolière étatique. Bien que cette couche a tenté de se réconcilier avec Chavez, il reste clairement une autre section de l’ancienne élite et autre forces de droite, qui sont toujours déterminées à le vaincre.

    La croissance de la «Boli-burguesia» est une caractéristique qui va probablement se poursuivre dans la période qui vient. Chavez, confronté à une économie sur le déclin – avec une chute prévue de 10,5% dans la production pour le troisième trimestre de cette année – a renforcé son appel au secteur privé, lui demandant de l’aider à relancer son économie vacillante. Listant cinquante-quatre enjeux prioritaires pour la relance de l’économie, il a fait appel aux banques privées – certaines se trouvant parmi les plus riches d’Amérique latine – pour aider à stimuler l’économie en augmentant le crédit au secteur commercial. (Ultimas Noticias, 22/09/09)

    Alors qu’on beaucoup parlé sur le plan international de certaines des “nationalisations” accomplies par le gouvernement, la plupart d’entre elles ont, en fait pris la forme de partenariats publics-privés. Toute la portée de la politique économique du gouvernement Chavez a été d’accroître l’intervention étatique mais de laisser en place une économie capitaliste mixte – en l’étiquetant «socialisme».

    L’impact de la crise

    Au début de la crise économique mondiale, Chavez a nié le fait que le Venezuela puisse en être affectée.

    Toutefois, son argument est maintenant impossible à maintenir, étant donné que les effets de la chute du prix du pétrole ont commencé à frapper l’économie. Il est par exemple stupéfiant de constater que la dette de la compagnie pétrolière étatique s’est accrue de +146% en 2008! On estime que PDVSA doit 12 milliards de dollars à ses créanciers. Ceci a maintenant un impact direct sur la capacité du gouvernement à maintenir son plan de réformes qui était au départ si populaire.

    La plupart des réformes et des programmes sociaux ont été financés par PVDSA. L’accroissement de la dette de PVDSA force maintenant le gouvernement à faire des coupes dans son programme de réformes sociales. Les dépenses du programme social ont été réduites de 58% en 2008 par rapport à 2007. D’autres coupes ont aussi été prévues dans les dépenses étatiques pour 2009. Une fois que l’inflation, d’une hauteur de 30% – la plus élevée de toute l’Amérique latine –, est prise en compte, les économistes estiment que la valeur réelle du budget annoncé pour 2009 sera de 30% inférieur à celui de 2007 !

    L’inefficience et la non-gestion bureaucratique

    Il faut aussi ajouter à ces coupes les conséquences dévastatrices des méthodes, de la corruption et de l’inefficience bureaucratiques, qui ont sérieusement sapé même les plus populaires des « Misiones » (programmes de réformes) au cours des dernières années. Celles-ci incluent les programmes les plus populaires, tels que Barrio Adentro (pour la santé), la Mision Robinson (pour éradiquer l’analphabétisme), les supermarchés étatiques (Mercal) et le contrôle des prix que le gouvernement a instauré sur les denrées de base.

    Les cliniques sous la direction de Barrio Adentro, qui avaient été ouvertes dans les « barrios » dans l’enthousiasme général, sont maintenant le plus souvent fermées et ne parviennent pas à fonctionner. Des plaintes ont été envoyées à La Havane par les docteurs cubains, concernés par la crise dans le secteur de la santé, ce qui a poussé Fidel Castro à écrire à Chavez pour le prévenir que le système des soins de santé ne fonctionnait pas. Chavez a déclaré avoir reçu une lettre de Castro qui se plaignait des problèmes de Barrio Adentro et qui demandait que quelque chose soit fait. Comme si Chavez lui-même n’avait rien à voir avec ce problème! Et pourtant, pourquoi a-t-il fallu une lettre de Castro pour prévenir le gouvernement vénézuélien de la crise dans son propre secteur de la santé ?

    Comme beaucoup d’autres programmes de réformes, les réformes populaires dans la santé se sont retrouvées mêlées à tout un réseau de bureaucratie et de corruption, et au manque d’une planification même dans un seul secteur. L’introduction d’une planification unifiée du secteur de la santé, géré par un système de contrôle et de gestion ouvriers, aurait pu être un exemple de ce dont le reste de l’économie a besoin.

    Malheureusement, le secteur de la santé est en train de plonger dans une crise de plus en plus profonde. L’introduction de nouvelles cliniques, qui ont permis aux couches les plus pauvres de la population d’avoir accès à un docteur, a été accompagnée de la stagnation et des coupes dans le secteur de la santé qui existait déjà. En dehors des cliniques de Barrio Adentro, une visite chez le docteur signifie une facture pour la consultation! La crise dans le secteur de la santé atteint maintenant des proportions explosives.

    Des installations de base comme les cuisines et lavoirs dans un des plus grands hôpitaux de Carácas, El Agodonal, ont été fermées ou ne fonctionnent plus correctement depuis des années, ce qui cause des infections et des contaminations. Il suffit de faire le tour de cet hôpital, que Che Guevara lui-même a jadis visité, pour apercevoir des projets de réparations restés à l’abandon depuis plus d’un an. Entre 2007 et 2009, le gouvernement a décidé de consacrer plus de 2 millions de Bolivars à la réparation et à l’infrastructure hospitalières. Pourtant, après deux ans, pas un seul de ces projets n’a été achevé à plus de 30%. Ceci a eu un effet direct sur le fonctionnement des hôpitaux. El Agonodal ne fonctionne qu’à 30% de sa capacité.

    Malgré le nombre de médecins cubains envoyés dans le pays, il y a toujours au niveau national un déficit de docteurs de 30%.

    L’absence d’un système de véritable contrôle et gestion ouvriers a pour conséquence que le cancer de la corruption et de la bureaucratie est en train de ronger et de saper l’efficacité des programmes de réformes. Sous Chavez, il y a eu une croissance explosive de la bureaucratie étatique. Avec la récente réorganisation du gouvernement, Chavez a maintenant six vice-présidents! L’Etat emploie maintenant plus de 2 millions de personnes sur 12 millions de personnes en âge de travailler. Le nombre de fonctionnaires d’Etat s’est largement accru. Par exemple, le nombre de fonctionnaires travaillant pour la compagnie pétrolière étatique PDVSA a augmenté de +266% depuis 2002.

    Les projets d’infrastructure que le gouvernement a entamé restent la plupart du temps inachevés – souvent en conséquence de la mauvaise gestion et de la corruption bureaucratiques. Dans le centre de Carácas, une nouvelle route pour les bus, construite sur le côté des avenues embouteillées, était censée permettre aux bus de tracer à travers la ville. Cette route reste inachevée et est empruntée par les voitures et les motos, victime de la corruption et du fait que la compagnie russe qui avait reçu le contrat pour la construire a disparu sitôt après reçu l’argent. A cette triste liste s’ajoutent les coupes récurrentes dans l’approvisionnement en eau et en électricité. Ces coupes sont en partie dues au manque d’investissement dans l’infrastructure, et en partie à la non-gestion bureaucratique.

    La compagnie d’électricité nationalisée emploie environ 42.000 travailleurs, qui sont répartis entre plus de 200 différents départements! Nous avons là un pays jouissant d’une abondante capacité potentielle de développer un approvisionnement hydro-électrique plus qu’adéquat, grâce à ses vastes fleuves et à son accès facile à l’eau. Chavez affirme que les coupures de courant sont la conséquence de la modification du climat. En réalité, ces coupures constituent un monument au manque d’investissement sérieux dans l’infrastructure tout au long de la décennie qui a suivi l’arrivée au pouvoir de Chavez. La solution du Président est: «ne prenez une douche que de trois minutes.» Une minute pour se mouiller, une pour se savonner, et une pour se rincer !

    Même les programmes de réforme agraire, pourtant très limités, ont été affectés par la croissance de la bureaucratie et par le manque d’investissements dans des machines à un prix que les travailleurs agricoles et que les paysans peuvent se permettre. Depuis 1999, l’Etat a saisi environ 2,5 millions d’hectares de terrain. En 1999, la quantité de viande produite tous les mois était de 17,4kg par personne et par mois. Ceci suffisait à approvisionner presque tout le marché domestique. On s’attend à ce qu’en 2009, la production ne soit plus que de 7,8kg par personne et par mois – à peu près 38% de la demande locale. Ceci a forcé l’Etat à importer plus de 50% de la viande consommée au Venezuela.

    Sous certaines conditions, la classe ouvrière serait sans nul doute prête si nécessaire à accepter des sacrifices, et même une réduction de son mode de vie pour une durée temporaire. Un exemple de ceci est la situation qui a suivi la Révolution russe de 1917, lorsque la Révolution était isolée et menacée, et que vingt-et-une armées de l’impérialisme sont intervenues pour tenter d’écraser la Révolution dans le sang. Toutefois, pour que la classe ouvrière accepte de telles privations, elle doit être convaincue qu’il est nécessaire de défendre la révolution socialiste et sentir que ses dirigeants et militants sont eux aussi prêts à faire les mêmes sacrifices. Lorsque les inégalités se creusent, que croît la corruption, et qu’une partie de la population s’enrichit de plus en plus, les travailleurs n’accepteront pas que soit attaqué son mode de vie.

    Le CIO a salué les programmes de réformes lorsqu’ils ont été instaurés, en tant qu’avancée positive. Cependant, nous avons aussi averti qu’à moins que le capitalisme ne soit renversé, et qu’un véritable système de démocratie ouvrière et paysanne ne soit mis en place, ces programmes ne pourraient pas être maintenus et développés plus en avant. Maintenant, ils commencent à refluer, sous l’impact de la crise économique qui s’approfondit.

    Les contrôles des prix que Chavez a introduits ont maintenant été abolis. Même les supermarchés populaires Mercal ont rehaussé leurs prix sur nombre de denrées de base. Le prix du riz a augmenté de 29%, celui du lait de 68%, celui des pâtes de 78%. Alors que les supermarchés étatiques offrent toujours des prix bien plus bas, ces augmentations affectent directement les sections les plus pauvres de la population. Vingt ans après la Chute du Mur, les pénuries, les étagères vides, les files massives – une visite au supermarché Mercal rappelle nombre de clichés habituellement liés aux anciens régimes staliniens d’Europe de l’Est et de l’ex-Union Soviétique. Il n’est pas inhabituel de devoir faire le tour de quatre à cinq magasins avant de trouver du lait. Sans une planification démocratique de l’économie, les pénuries sont inévitables.

    Ces pénuries proviennent en partie du sabotage économique par certaines sections des entreprises capitalistes de droite. Cependant, elles sont aussi en partie la conséquence de la bureaucratie, d’une mauvaise administration et de la corruption.

    Sous le gouvernement de Salvador Allende au Chili, entre 1970 et 73, des pénuries sont apparues pour certaines matières premières à cause du sabotage et du boycott organisé par les patrons, qui préparaient les conditions pour un coup d’Etat militaire contre le gouvernement. Au Chili, les conséquences de ces pénuries ont été partiellement surmontées par les organisations démocratiques ouvrières et populaires qui existaient à l’époque. Les comités d’usine, les Cordones – et les JAP qui se sont formé dans de nombreux bidonvilles – ont organisé la distribution de la nourriture sur base des besoins et de leur disponibilité. La spéculation sur les prix était contrôlée par les JAP pendant une certaine période, en fixant le contrôle sur la nourriture de base. Malheureusement, ce genre d’organisation n’existe pas au Venezuela. De telles organisations sont nécessaires pour remédier aux pénuries de nourriture causées à la fois par les patrons et par la corruption et l’inefficience de la bureaucratie.

    Les leçons de l’histoire – la classe ouvrière doit prendre la tête du mouvement

    Le régime Chavez est de plus en plus confronté à la contradiction insolvable qui provient du fait de vouloir introduire des réformes et de les maintenir mais sans renverser le capitalisme pour introduire une économie planifiée socialiste et démocratique. Les marxistes saluent toutes les réformes qui peuvent bénéficier à la classe ouvrière et aux pauvres. Toutefois, sous le capitalisme, toute réforme ou acquis qui a été conquis sera constamment menacé et pourra être refoulé et supprimé. Le système capitaliste ne peut pas se permettre et ne permettra pas un programme permanent de réformes durables. Ceci a été clairement démontré lors des mouvements révolutionnaires de masse qui ont agité le Mexique de 1910 à 1920 et la Bolivie en 1952. Dans ces deux cas, l’incapacité à vaincre de manière décisive le capitalisme et les éléments de néoféodalisme a eu pour conséquence que les acquis et réformes massifs qui ont été conquis lors de ces deux révolutions ont été récupérés et détruits. C’est le même processus qui est maintenant en cours au Venezuela.

    Cette contradiction a été encore plus aggravée au Venezuela par les méthodes utilisées depuis le tout début de cette « révolution ». Celle-ci a été « dirigée » du haut vers le bas, en employant des méthodes administratives et bureaucratiques sans l’organisation consciente et indépendante des masses laborieuses et de la classe ouvrière avec un contrôle d’en bas.

    Ce sont ces méthodes qui ont été appliquées par Chavez dès le début ; elles reflètent ses origines militaires et l’absence d’un mouvement conscient, indépendant et organisé de la classe ouvrière et des pauvres. Il faut incorporer les meilleures traditions de la classe ouvrière de chaque pays en un mouvement révolutionnaire audacieux, armé des méthodes et du programme nécessaires pour vaincre le capitalisme. En même temps, il faut surmonter les faiblesses et déficiences présentes. Une révolution socialiste ne peut pas être accomplie en cachant ou en ignorant les problèmes existants.

    Au Venezuela, au contraire du Chili, de la Bolivie et du Brésil, l’organisation indépendante de la classe ouvrière sur le plan industriel ou politique a toujours été historiquement faible. CTV, la première véritable fédération syndicale vénézuélienne, n’a été formée qu’en 1936, et n’a pas réellement commencé à fonctionner avant les années 50. Le Parti Communiste n’a été formé qu’en 1931 – dans la clandestinité, et selon la ligne stalinienne dès sa fondation. Il n’y a eu aucun dirigeant ouvrier historique de la carrure de Luis Recabarren au Chili, lequel a joué un rôle de premier plan dans la construction d’un mouvement ouvrier indépendant, en fondant de nombreux journaux ouvriers, en aidant à la construction de syndicats et du Parti Communiste, et qui était parvenu à se rendre en Russie pour les Congrès du Comintern, y rencontrant Lénine et Trotsky.

    Cette faiblesse a été un des facteurs qui ont permis à Chavez et à ses partisans de prendre la tête du mouvement et de lui donner sa forme et son caractère depuis le début des années 90. Ce point a été illustré par Douglas Bravo, un dirigeant de gauche historique de la guérilla vénézuélienne, qui a collaboré avec Chavez et avec d’autres. L’écrivain britannique Richard Gott, dans son livre “Dans l’ombre du libérateur”, a cité Douglas Bravo, qui lui a raconté une réunion avec Chavez. Ils discutaient de la question d’une grève générale et de lancer une insurrection contre l’ancien régime. Gott commente “C’était exactement ce que Chavez ne voulait pas. Absolument pas. Chavez ne voulait pas que des civils participent en tant que force concrète”. Bravo a relaté le fait qu’une dispute passionnée s’est ensuivie, au cours de laquelle Chavez a déclaré que “tout ce que les civils savent faire, c’est se mettre dans le chemin”. (“Dans l’ombre du libérateur”, pp 64-65)

    Lors des récentes discussions à Caracas avec cet auteur, Bravo a même été plus loin, et a illustré comment Chavez a fait tout son possible afin d’éviter l’implication active des masses. En 1992, Chavez a voulu lancer une rébellion militaire populiste radicale. Selon Bravo, il y avait au cours de la réunion mentionnée par Gott des représentants de diverses organisations étudiantes, civiques et autres, y compris une organisation de jeunes officiers de l’armée comme Chavez. Il avait été décidé que le 8 février serait la date d’une insurrection unie civile et militaire. Cependant, afin d’éviter l’implication de la population “civile”, Chavez a tout bousculé et a organisé tout seul son coup d’Etat (manqué) du 3 février 1992.

    Malheureusement, les expériences de guérilla de Bravo et les développements sur les plans national et international l’ont mené à renoncer au “marxisme-léninisme”, et à se tourner vers un “humanisme de gauche” en tant qu’alternative au régime chaviste.

    L’approche du haut vers le bas adoptée par le mouvement bolivarien a été une de ses caractéristiques depuis que Chavez est arrivé au pouvoir. Le CIO a aussi prévenu des conséquences de ce danger dans de nombreux articles et documents. Par exemple, nous avons dit que “sans le contrôle démocratique de la classe ouvrière, les sections de l’armée qui se retrouvent dans le rôle de dirigeant peuvent inévitablement développer des tendances bureaucratiques ou administratives, qui les mèneront au commandisme. Sans une compréhension claire du rôle de la classe ouvrière dans la révolution, et sans être soumis au contrôle démocratique, même les officiers les mieux intentionnés du monde développent de telles tendances et tentent d’imposer d’en haut leur propre volonté à la classe ouvrière.” (“Les socialistes révolutionnaires et la révolution vénézuélienne”, 2004)

    Aujourd’hui, l’Etat à la matraque et l’appareil du parti ont commencé à utiliser tout ceci directement contre les couches de travailleurs qui se sont mis en lutte pour défendre leurs salaires et conditions de travail et leurs droits démocratiques.

    Répression et méthodes “stalinisantes”

    Malheureusement, la machine d’Etat dirigée par Chavez a commencé à utiliser, tant sur le plan industriel que politique, des formes de répression contre la classe ouvrière et contre ceux qui critiquent le gouvernement sur sa gauche. Sous prétexte de défendre la “révolution socialiste”, les personnes critiques sur sa gauche sont dénoncées comme étant des “contre-révolutionnaires” ou des “agents de l’impérialisme, de la CIA et du MI5”. Au sein du PSUV (le parti chaviste au pouvoir), de telles attaques sont fréquentes de la part de couches de la bureaucratie à l’encontre de ceux qui soulèvent la question d’un véritable contrôle ouvrier, qui se dressent contre la corruption ou mentionnent Trotsky. Par exemple, un partisan du CIO s’est vu dire par un cadre PSUV qu’on n’avait le droit que de parler de “Chavez, Fidel, Che, Mao, mais pas du contre-révolutionnaire Trotsky”. Ceci, malgré le fait que Chavez ait lui-même loué Trotsky lors d’un de ses discours.

    Ces méthodes quasi-staliniennes rappellent celles qui ont été utilisées par les dirigeants du Parti Communiste lors de la Guerre civile espagnole. En Espagne, la classe ouvrière s’est dressée contre la rébellion fasciste de Franco et a fait avancer la révolution – contrôlant à un moment les quatre cinquièmes du pays. Le vieil Etat bourgeois était en lambeaux, tandis que la classe ouvrière faisait progresser la révolution. Toutefois, la classe ouvrière n’est pas parvenue à constituer et à établir son propre Etat ou à prendre pleinement le pouvoir entre ses propres mains. La politique des stalinistes a été de retenir la révolution socialiste et de former un accord avec une couche de la classe capitaliste “progressive”. En conséquence, la politique de l’Etat bourgeois a été reconstituée et la révolution, vaincue. Ceux qui s’opposaient à la politique du Parti Communiste étaient dénoncés et souvent exécutés en tant que “contre-révolutionnaires”.

    Ceci n’est pas la situation du Venezuela d’aujourd’hui, mais l’utilisation de méthodes quasi-staliniennes est une réminiscence de certaines de celles qui ont été employées lors de la Guerre civile espagnole, où tant le capitalisme que l’Etat bourgeois demeurent.

    Les méthodes de répression sont aussi maintenant de plus en plus utilisées contre la classe ouvrière, lorsque des sections de celle-ci sont entrées en lutte pour défendre leurs droits. Au cours de cette année, il y a eu une importante hausse du nombre de travailleurs qui sont entrés en grève pour leurs salaires, leurs conditions de travail et pour la défense de leurs droits. Selon certaines estimations, il y a eu plus de 400 conflits du travail pendant les douze mois qui ont précédé août 2009. Les personnes impliquées sont dans les secteurs de l’acier, de l’électricité, du minerai de fer, de l’aluminium, du transport, de la santé, et autres. En réponse à cela, l’Etat a utilisé contre eux des méthodes répressives.

    Lorsque le personnel du métro de Caracas se préparait à une action de grève afin de défendre une convention collective, Chavez a menacé de les mettre sous loi martiale et de leur enlever leur droit de grève. Utilisant les lois liées à la “sécurité nationale”, des secteurs stratégiquement importants tels que le métro ou les hôpitaux ont été désignés comme étant “zonas de emergencia” où tout mouvement de protestation ou de grève est hors-la-loi.

    Dans l’Etat de Zulia, lorsque les travailleurs du pétrole sont partis en grève en revendiquant le fait d’être incorporés dans une convention collective, 40 membres de la Garde Nationale ont attaqué les travailleurs et ont arrêté les dirigeants syndicaux qui ont été détenus pendant dix-sept heures.

    Les médias du monde entier a accordé beaucoup d’attention au lancement par Chavez du nouveau téléphone portable “socialiste”, Vergatario, qui est parti en production 1er Mai 2008. Très peu de couverture médiatique a par contre été donnée aux conditions et à la répression déplorables que subissent les travailleurs de Vtelca, l’entreprise où ce téléphone est produit. Sans aucune obligation de payer les travailleurs, la direction a utilisé chaque méthode de répression à sa disposition contre sa main d’oeuvre, laquelle a tenté de former un conseil ouvrier et a élu des délégués chargés des problèmes de santé et de sécurité. A un certain point, la Garde Nationale a été utilisée contre la main d’oeuvre et, à l’encontre de l’ensemble du Code du Travail, soixante travailleurs ont finalement été renvoyés pour “manque de dévouement” à leur travail.

    Des sections entières de la classe ouvrière ont été désespérément forcées à entrer en action afin d’appuyer leurs plaintes. Parmi ceux-ci, se trouvaient les 27 travailleurs sur une force de 1400 qui ont été impliqués dans un conflit avec PDVSA. Les travailleurs revendiquaient le fait d’être incorporés dans une convention collective plutôt que d’être laissés dans une société “holding” sans aucun contrat fixe.

    Ces travailleurs, qui ne faisaient aucune confiance à leurs dirigeants syndicaux pour se battre pour leur cause, sont partis en grève de la faim. Ils ont cousu leur lèvres ensemble avec du fil et une aiguille afin d’être sûrs de ne rien avaler ! Au même moment où ce mouvement prenait place, des sections des étudiants universitaires dirigés par la droite descendaient dans les rues pour protester contre les modestes réformes inclues dans la nouvelle loi éducationnelle du gouvernement, certains d’entre eux partant aussi en grève de la faim. Chavez et le gouvernement se sont donc contentés d’attaquer les travailleurs, soi-disant manipulés par les étudiants universitaires contre-révolutionnaires de droite !

    Ces attaques sur les membres de la classe ouvrière qui sont partis en action afin de défendre leurs droits, couplés à la réaction du gouvernement, ont ouvert la porte à un autre danger de la part des forces réactionnaires de droite qui ont tenté de renverser Chavez. Tandis que les travailleurs en lutte ont été dénoncés en tant que “contre-révolutionnaires”, la droite a été capable de se présenter comme une “amie” de la classe ouvrière.

    Tout comme une section de l’ancienne élite qui a tenté de se réconcilier avec le chavisme, toute une section des anciens syndicats de droite a fait de même. Récemment, se sont tenues des élections cruciales pour la direction de FUTPV – la fédération nationale des travailleurs du pétrole national. La liste gagnante était menée par Wills Rangel, avec le soutien du gouvernement et du PSUV. Rangel était un ancien membre du bureau syndical du parti social-démocrate Acción Democratica, un des principaux partis qui composaient l’establishment pré-Chavez. Rangel n’a rompu avec l’AD qu’en 2003.

    La situation qui se développe au Venezuela est une situation où, au nom du socialisme, des sections entières de travailleurs sont dénoncés en tant que “contre-révolutionnaires”, tandis que les forces du capitalisme réactionnaire ont le droit de se présenter en tant que défenseurs des droits démocratiques des travailleurs et des “amis” de la classe ouvrière.

    Dans une des sous-traitants de l’entreprise nationalisée SIDOR, des centaines de travailleurs ont été exclus des conventions collectives lorsqu’ils sont partis en grève, et ont dû faire face à la répression policière et à des arrestations. Un dirigeant syndical critique du gouvernement a déclaré que “le socialisme du 21ème siècle signifie des travailleurs en menottes”.

    Ces développements ont sapé le soutien de Chavez et des chefs du régime. Cependant, inévitablement, différentes couches de travailleurs et de pauvres tirent différentes conclusions de ce processus. Tandis qu’un nombre croissant de travailleurs s’éloignent du régime, toute une couche des plus délaissés et opprimés le soutiennent fanatiquement. Dans certaines zones, des sections entières ont été incorporés dans les “patrouilles socialistes” récemment formées, qui ont été établies en tant que sections communautaires locales du PSUV.

    Certains de ces groupes communautaires de “vigilantes” ont été en certaines occasions mobilisés et envoyés dans le métro et dans certains hôpitaux pour empêcher les travailleurs d’y organiser des assemblées. Parfois, ces patrouilles sont composées des membres les plus opprimés de la société, des zélotes à la solde de Chávez qui ont été drillés par la propagande qui présente ces groupes de travailleurs comme étant des couches privilégiées qui soutiennent la contre-révolution.

    Ce serait une erreur d’exagérer cette tendance, mais elle est en train d’émerger dans certaines zones, et c’est là un avertissement du danger qui est en train de se développer, c’est-à-dire la division de la classe ouvrière et des pauvres urbains sur base d’une telle approche. Il y a eu une accélération rapide de telles méthodes au sein du PSUV et par la machine d’Etat en général. Le PSUV affirme maintenant avoir cinq millions de membres. Ceux-ci sont divisés en trois catégories : membres complets, sympathisants et “réserve” – cette dernière catégorie étant la plus grande – ce qui montre à quel point la militarisation de ce processus est en train de se développer. Certaines de ces méthodes ont au départ été empruntées au régime cubain.

    Maintenant, toutefois, il semble que beaucoup de choses sont en train d’être importées du régime chinois, dont l’influence s’est accrue au fur et à mesure que Chavez a décroché des accords commerciaux et de partenariats pour l’infrastructure. Les Chinois sont en train de bâtir toute une série de liaisons ferroviaires à grande vitesse à travers le Venezuela. Chavez a récemment loué le “gouvernement révolutionnaire” de Chine et a envoyé cent hauts cadres du PSUV en Chine pour une “formation idéologique”. La Chine semble de plus en plus être son “modèle”. Le gouvernement a placé des vœux officiels dans sa presse pour l’anniversaire de la révolution chinoise, afin d’y louer le gouvernement chinois de Hu Jintao!

    De mauvaises fréquentations

    Toutefois, le régime chinois n’est pas le seul à remporter le soutien enthousiaste de Chavez. Une des stratégies internationales de son régime a été de tenter de bâtir un bloc regroupant tout régime qui serait en conflit avec l’impérialisme américain, quel qu’il soit. Un véritable gouvernement socialiste révolutionnaire, dans n’importe quel pays, peut se retrouver isolé pendant toute une période jusqu’à ce que la révolution s’étende à d’autres pays. Dans de telles conditions, rien n’empêche pour un Etat ouvrier de conclure les accords commerciaux qui lui seraient imposés par le contexte. Utiliser les failles et les divisions entre les différentes puissances impérialistes serait, dans de telles conditions, tout à fait légitime. Les bolchéviks et Lénine et Trotsky ont été forcés de conclure de tels accords à cause de l’isolation de la Révolution russe.

    Toutefois, le fait d’établir des relations commerciales formelles ne veut pas dire déverser des tonnes de louanges serviles envers des régimes brutaux qui répriment et agissent contre leur propre population en lutte. Les accords commerciaux ne requièrent pas le fait de chanter les louanges du soi-disant “grand dirigeant révolutionnaire” Ahmadinedjad d’Iran. Selon Chavez, le mouvement de masse contre son régime faisait partie d’un complot impérialiste. Lors du récent sommet des chefs d’Etats sud-américains et africains (ASA), Chavez a ajouté quelques amis de plus à sa liste, y compris le dirigeant libyen Kadhafi.

    Ni son régime, ni celui de Cuba n’étaient même prêts à condamner le brutal massacre du peuple tamoul par le gouvernement sri lankais et de voter contre ce massacre aux Nations Unies.

    Le soutien de régimes tels que les dictatures iranienne ou libyenne par un gouvernement qui prétend défendre le “socialisme révolutionnaire” est indéfendable et peut seulement endommager l’idée du socialisme parmi la classe ouvrière de ces pays et dans le reste du monde. Le futur du régime Chavez est en suspens. Les méthodes et limitations de son programme sont maintenant en train de sérieusement saper son soutien. Des élections parlementaires à l’Assemblée Nationale sont censées se dérouler en 2010. Chavez cherche maintenant à essayer de s’assurer une majorité des deux-tiers. En ce moment, ceci semble peu probable. Cependant, afin de tenter d’atteindre cet objectif, son régime a changé la méthode des élections et a éliminé le système de représentation proportionnelle qui existait auparavant. De telles mesures ne font que saper encore plus son soutien et renforcent l’idée qu’il est maintenant en train de construire un régime de répression. Ceci joue en faveur de la droite. La menace d’une “contre-révolution rampante” demeure, au fur et à mesure que de plus en plus grandes sections de la population sont de plus en plus frustrées et déçus vis-à-vis du régime actuel.

    En même temps, la perspective de l’irruption de plus de batailles de classe, voire de grandes explosions sociales en réponse aux attaques du gouvernement, est présente dans cette situation. Dans un tel contexte, surtout avec l’importante récession économique, il ne peut être exclu que Chavez puisse encore aller dans la direction de plus de mesures populistes radicales, y compris plus de nationalisations ou expropriations, ou mettre en œuvre des mesures contre la “Boli-bourgeoisie” et la corruption. Ceci, malgré son arrangement avec ces “nouveaux bourgeois” et avec la bureaucratie.

    Il faut un programme pour la révolution socialiste

    Pourtant, de telles mesures ne résoudraient pas le problème sous-jacent si elles ne sont pas basées sur un mouvement indépendant et conscient de la part de la classe ouvrière, avec un programme en vue d’accomplir la révolution socialiste. Même si le capitalisme était totalement étouffé, l’absence d’un véritable régime de démocratie ouvrière empêcherait l’avancée du mouvement vers l’édification du socialisme.

    Un programme pour la révolution socialiste au Venezuela devrait inclure :

    • L’introduction d’un véritable système de contrôle ouvrier, via des comités de délégués élus et révocables, qui contrôleraient la marche quotidienne des entreprises. L’ouverture des livres de comptes de toutes les entreprises – y compris des entreprises nationalisées – afin d’être inspectés par des comités de travailleurs, afin de mettre un terme à la corruption et de déraciner la bureaucratie.
    • Ces comités doivent être reliés au niveau de leur ville, de leur région et au niveau national. Les entreprises d’Etat doivent être gérées sur base d’un système de gestion démocratique ouvrière, les conseils d’administration de telles entreprises devant être composés de représentants élus des travailleurs de l’industrie, des couches plus larges de la classe ouvrière et des pauvres, et d’un gouvernement ouvrier et paysan.
    • Tous les cadres doivent être élus et révocables à tout moment, et ne doivent pas recevoir plus que le salaire moyen d’un ouvrier qualifié.
    • L’expropriation des banques, des multinationales et des 100 familles les plus riches qui contrôlent toujours l’économie vénézuélienne, et l’introduction d’un plan socialiste démocratique de production.
    • La formation d’une fédération syndicale indépendante et démocratique, avec une direction élue, redevable à et contrôlée par la base des membres. La lutte pur un tel programme est maintenant urgente afin d’insuffler un souffle nouveau dans la révolution vénézuélienne et d’empêcher sa stagnation et la menace de la contre-révolution.
  • Encore heureux que le logo d’ECOLO est vert…

    …parce que cela ne se voit pas trop ailleurs! Entre le parti ‘vert’ et le sommet de Copenhague existe une similitude de taille: tous ceux qui y ont placés le moindre espoir sont irrémédiablement déçus. Au reste s’ajoute maintenant le scandale de la gestion des eaux usées bruxelloises ou encore le budget bruxellois.

    Evelyne Huytebroeck a dû dare-dare revenir du sommet de Copenhague pour faire face au scandale de l’épuration des eaux usées bruxelloise, qui ont pollué la Senne, du Rupel et de l’Escaut. La société d’épuration privée, Aquiris, qui gérait les eaux usées avait visiblement autre chose en tête que l’intérêt collectif… Ses intérêts financiers par exemple? Cet exemple illustre concrètement et on ne peut mieux à quoi conduit la privatisation de services, sur le plan de l’environnement dans ce cas-ci.

    La ministre bruxelloise de l’environnement a beau jeu de critiquer maintenant la privatisation de la gestion des eaux usées, ECOLO est loin d’être clair sur cette question. Ainsi, pour elle : "Aujourd’hui, le gouvernement bruxellois doit s’interroger et évaluer sur le fait de poursuivre avec une société qui est totalement privée" S’interroger? Les choses ne sont-elles pourtant pas claires?

    La position d’ECOLO concernant B-Cargo est aussi révélatrice: "Pour Ecolo, le trafic de marchandises par rail n’est pas une activité commerciale comme les autres. Si elle n’est pas encadrée par des règles spécifiques, c’est la mort à terme de ce secteur. Il faut dès lors porter le débat au niveau européen pour que le trafic diffus soit reconnu comme spécifique, en raison notamment de son intérêt environnemental, et pour que les Etats soient autorisés à le soutenir financièrement." Le trafic diffus devant être reconnu comme ‘spécifique’, on en conclut donc qu’en règle générale, les lois du ‘libre’ marché peuvent s’appliquer sans soucis. Quelle faible prise de position… qui plus est uniquement verbale! Les actes illustrent une politique qui n’est pas seulement faible, mais contre-productive.

    Ainsi, il y a tout juste une semaine, le 11 décembre, le Parlement bruxellois a voté, avec ECOLO, un projet de budget régional qui est un recul tant du point de vue de l’environnement que du point de vue social. On y parle entre autres des services de transport en commun: la STIB devra économiser 46,2 millions d’euros et les tarifs vont augmenter de 2,53% en moyenne (soit 4 millions d’euros qui sortiront de la poche des usagers)! Pourtant, quand on parle de l’environnement ou encore du fait qu’il faut revoir nos modes de transport, la véritable solution serait un développement de transports en commun gratuits. Mais leur accès devient moins abordable d’année en année. Et nous voyons qu’ECOLO y participe. D’autre part, les travailleurs de la STIB auront eux aussi à souffrir de ce genre de décision. Premièrement parce que les assainissements se feront aussi sur leur dos, deuxièmement par ce que les la plupart des cas de violence dans les transports en commun ont pour cause le tarif.

    Défendre la gratuité et l’extension des transports en commun est une politique qui a un intérêt du point de vue de l’environnement, mais aussi du point de vue de l’emploi, de la sécurité des travailleurs et des usagers ou encore de celui du pouvoir d’achat. ECOLO est à l’opposé de cette politique.

  • Bayer, où l’offensive patronale s’est heurtée à un mur

    Mardi soir, le PSL-Anvers a organisé une réunion publique consacrée à l’attaque patronale qui y a pris place et à la réponse syndicale qui s’est développée en réaction. L’orateur était Lévi Sollie, délégué FGTB/ABVV à Bayer.

    Ces dernières semaines, les ouvriers et employés de Bayer et, plus largement, du secteur pétro-chimique, ont reçu beaucoup d’attention. Ils ont été présentés comme des travailleurs surpayés pour une semaine de travail trop courte. Cette approche a été défendue tant par les journaux flamands (parfois même en première page) que par différentes émissions à la radio ou à la télévision.

    Par contre, c’est à peine s’il a été mentionné dans de très petits articles que les syndicats avaient le soutien de l’immense majorité des ouvriers et des employés.

    Prévue depuis un certain temps déjà, cette réunion était consacrée au thème: «Quelle réponse syndicale face à la crise». Au vu de l’actualité, la réunion a bien entendu été adaptée. Elle s’est déroulée à un moment symbolique; le 15 décembre étant en effet exactement 4 ans après l’approbation du très antisocial Pacte des générations au sein du parlement.

    Levi Sollie est membre de la délégation FTGB de Bayer, une délégation qui, avec celle de la CSC, a dû faire face à l’offensive commune des organisations patronales, du Premier ministre flamand Kris Peeters et des médias traditionnels. Heureusement, cette offensive s’est heurtée à la résistance. Ces dernières années, le personnel de Bayer et de la société-sœur Lanxess a systématiquement été informé et impliqué dans les décisions de la délégation syndicale. Avec le bruit et la propagande des médias, il n’était pas forcément évident que les ouvriers et employés se rangeraient derrière leurs délégués. Mais c’est pourtant bien ce qui s’est produit. D’autre part, l’unité des différents syndicats a été sujet d’une attention constante et conséquente, tant dans le secteur qu’avec les collègues des sites allemands.

    Les syndicats à Bayer ne se sont donc pas laissés faire et ont résisté contre l’attaque de la direction contre leur salaire et leurs conditions de travail. Effectivement, les salaires dans le secteur chimique sont plus élevés que dans d’autres. Mais ce sont précisément ces salaires qui devraient être la norme!

    Ou bien alors est-ce le salaire proposé pour un «facteur de quartier» (8,43 euros) qui devrait être la norme généralement en vigueur? D’autre part, dans le contexte actuel de flexibilité, une semaine de travail de 33,6 heures n’est pas une exigence exagérée. Le gouvernement flamand a donné pendant plusieurs années des subventions à Bayer pour diminuer le temps de travail afin de sauver des emplois lors des restructurations. Enfin, Bayer a encore réalisé l’an dernier un bénéfice de 191 millions d’euros.

    Levi Sollie a donc fait le récit de la lutte que les syndicats et les travailleurs ont dû mener ces dernières semaines pour conserver leurs salaires et leurs conditions de travail. Il a aussi tenu à remercier tous ceux qui ont permis d’obtenir ce résultat: très certainement tous les militants et délégués de Bayer et LANXESS, mais aussi les secrétaires syndicaux et les collègues d’autres sociétés du secteur pétro-chimique. L’offensive patronale a donc pu être bloquée, mais il est certains que d’autres tentatives arriveront.

    Après son allocution, quelques questions et interventions pertinentes sont venues de la salle, notamment de la part de quelques jeune délégués de la SNCB ou de De Lijn. La soirée s’est terminée par des discussions informelles au comptoir.

  • Joe Higgins au sujet de la chute du capitalisme en Europe de l’Est

    Cette semaine, le Parlement européen s’est réuni à Strasbourg. Lors d’une des discussions, l’euro-député Joe Higgins, de notre parti-frère irlandais le Socialist Party, a parlé du rôle néfaste de la restauration du capitalisme en Europe de l’Est, 20 ans après la chute du stalinisme. Voici la vidéo de son intervention.

  • Stop à la machine de libéralisation européenne – Les voyageurs et le personnel en danger!

    Cette action symbolique de la Fédération européenne des travailleurs des transports (FET) est un avertissement au Conseil européen des ministres des transports qui se réunit aujourd’hui à Bruxelles. A cette occasion, la FET veut annoncer une journée d’action encore plus importante et énergique au printemps 2010 qui rassemblera tout le personnel des chemins de fer à travers toute l’Europe. Un préavis de grève européen est déposé.

    Tract du PSL

    Il était plus que temps. La charge de travail est déjà à peine tenable. On discute de shifts coupés de 11h, de la reprise de journées de compensation et, évidemment, de casser notre statut. Partout en Europe on veut filialiser et privatiser afin de faire rentrer les cheminots en compétition l’un avec l’autre. En Pologne, pas moins de 15.000 cheminots seraient de trop, en Roumanie ils seraient 10.000 et en Allemagne 3.900. En Belgique, le secteur privé lorgne déjà sur la filiale encore à créer dans le transport de marchandises. Ce n’est pas un secret que la charge de travail et la flexibilité en hausse minent le respect des procédures de sécurité. Des accidents tragiques comme celui encore très récent sur la ligne Mons-Charleroi ou celui qui s’est produit en gare de Dinant en mai en sont des preuves.

    Lorsque la délégation syndicale chez le géant chimique Bayer (Anvers) refuse des assainissements, elle doit subir des attaques de toutes parts. Elle agirait « de façon irresponsable » et « mettrait en péril l’emploi de 845 travailleurs ». Lorsque la direction de la SNCB à B-Cargo veut se débarrasser de 1.200 statutaires à court terme et de 3.000 autres à plus long terme, cela s’appelle « une nécessité économique ». A Bayer, la délégation à tenu bon. Dans des dizaines de réunions, les syndicats ont informés le personnel de tous les détails. Le résultat : pas d’assainissements, pas de perte d’emplois et de nouveaux investissements! Malgré le chantage mis en avant par la direction de Bayer, le patronat de la chimie et le ministre-président flamand, Kris Peeters, c’est loupé ! A la SNCB, il faut se positionner de la même façon. La grève européenne doit déjà se préparer sur les lieux de travails. L’opinion publique peut se préparer au mieux via nos collègues syndicalistes dans les autres secteurs. Nous avons assez d’arguments pour arrêter ce train de libéralisation.

  • NON à un second Pacte des Générations

    Pourquoi faire travailler plus longtemps nos ainés quand les jeunes ne trouvent pas d’emploi?

    L’accord gouvernemental de mars 2008 prévoyait l’organisation d’une Conférence nationale sur les pensions avec les «partenaires sociaux» (patrons et syndicats) qui aurait pour objectif de réformer et renforcer le régime des pensions. Pour le gouvernement et les organisations patronales, tout le monde devrait travailler plus longtemps pour financer les retraites alors que les syndicats veulent augmenter les retraites et conserver nos acquis sociaux. Fin 2009, un rapport doit arriver sur la table pour servir de base aux discussions.

    Par Karel (Bruges)

    Les organisations patronales et la plupart des partis traditionnels veulent donner une suite au Pacte des Générations de 2005, le premier pacte n’étant selon eux pas assez fort. Entretemps, l’environnement économique a radicalement été modifié par la crise. Les patrons ont sauté sur l’occasion pour claironner qu’il faudrait que nous travaillions plus longtemps. Ce qui ne les empêche pas au même moment de mettre à la porte des dizaines de milliers de personnes – dont bon nombre de plus de 50 ans.

    En Europe, ce sont des millions de travailleurs qui se retrouvent sans emploi. Mais dans différents pays l’accès à la pension est en train de passer de 65 à 67 ans au nom de la croissance de l’espérance de vie et du manque d’argent pour financer les retraites. Sans cela, affirment gouvernements et patrons, de moins en moins de travailleurs devront financer de plus en plus de retraites et de frais de santé pour les seniors.

    Si une augmentation de l’âge légal de la retraite n’est pas encore à l’ordre du jour chez nous, les tentatives pour nous retenir plus longtemps au travail commencent à fleurir. C’est d’ailleurs l’objectif avoué de la Conférence nationale sur les retraites. Un deuxième Pacte des Générations donc, mais sous un autre nom.

    Reste que toutes ces manœuvres butent sur une réalité majeure : il n’y a pas assez d’emplois disponibles pour le nombre de chômeurs (voir en page 1). Il faut d’ailleurs saluer l’hypocrisie des patrons qui se sont battus hier contre la prépension mais qui l’utilisent aujourd’hui à tire-larigot pour faciliter les licenciements. Augmenter l’âge de la retraite ne conduira, dans les conditions économiques actuelles, qu’à une hausse du chômage et/ou à une baisse des retraites, alors que celles-ci sont déjà parmi les plus basses d’Europe. Et comme il est de plus en plus difficile d’avoir une carrière complète permettant de bénéficier d’une retraite complète, la situation ne va pas s’améliorer.

    L’argument selon lequel les retraites sont impayables est un pur mensonge. La vérité, c’est que la multiplication des baisses de «charges patronales», en Belgique comme partout en Europe, creuse des trous de plus en plus profonds dans les caisses de la sécurité sociale. La vérité, c’est aussi que la fraude fiscale est estimée à quelques 30 milliards d’euros en Belgique. Notons au passage que cette fraude fiscale massive n’a pas empêché le Financial Times de désigner Didier Reynders comme troisième meilleur ministre des Finances d’Europe. Du point de vue des patrons, c’est assez logique…

    La réduction des contributions patronales atteint 7 milliards d’euros, ce à quoi il faut encore ajouter les 2,5 milliards de déduction des intérêts notionnels. Pas étonnant qu’il y ait des déficits dans la sécurité sociale ! La suppression des cadeaux au patronat suffirait à rendre payables les retraites publiques, tout en les augmentant de façon conséquente. Voilà une réponse sérieuse à la privatisation rampante des retraites via les « deuxième et troisième piliers » (les diverses formes d’épargne-pension individuelles et privées) qui permettent aux banques de spéculer sur les marchés financiers avec notre argent. Le problème n’est pas que les retraites ne sont pas payables, mais bien que les moyens existants pour cela soient utilisés contre l’intérêt de la population. Pour le patronat, les contributions à la sécurité sociale (et donc aux retraites) sont des frais qu’ils aimeraient bien éviter pour pouvoir verser cet argent aux actionnaires.

    Campagne "Jeunes et emploi" du PSL

    Aujourd’hui, la crise du capitalisme frappe de plein fouet les travailleurs et les jeunes. La récession serait terminée? Seuls les actionnaires le ressentent. Pour les jeunes et les travailleurs, le pire reste à venir. Les annonces de licenciements se succèdent et un chômage de masse qui touchera plus fortement les jeunes nous attend. Les gouvernements ont sauvé les grands actionnaires des banques pour un montant d’environ 26 milliards € – nous exigeons un plan de sauvetage de l’emploi dans notre intérêt!

  • STOP à la chasse aux chômeurs! Action de la FGTB au conseil communal de Liège

    La Commission des Travailleurs Sans Emploi de la FGTB Liège-Huy-Waremme a voulu interpeller les conseillers communaux liégeois ce lundi 14 décembre afin d’exiger la suppression du "contrôle de la disponibilité des chômeurs", qualifiée à juste titre de "chasse aux chômeurs". Le PSL s’est associé à cette action et y était également présent.

    Comme le dénonce la FGTB, la crise c’est 350 emplois supprimés chaque jour en Belgique. Mais c’est aussi 1.800 entretiens à l’ONEM, 115 ménages sanctionnés temporairement ou exclus définitivement du droit aux allocations de chômage (conséquences des contrôles, litiges, etc.) et 2.438 semaines de suppression des allocations de chômage.

    Alors que chaque jour, les fermetures d’entreprises, les restructurations et les licenciements envoient des centaines de travailleurs au chômage, l’ONEM multiplie les contrôles et exclut des dizaines de chômeurs "coupables" de ne pas avoir cherché des emplois qui n’existent pas!

    Mis en place en 2004, le "contrôle de la disponibilité des chômeurs" était présenté par le gouvernement et la direction de l’ONEM comme le moyen "d’accompagner" et d’"activer" les chômeurs dans leur recherche d’un emploi. Mais depuis le début, cette "activation" sert surtout à exclure temporairement ou définitivement des chômeurs.

    En pleine crise et en pleine montée du chômage, ce "contrôle de la disponibilité" des chômeurs ne sert certainement pas à aider les chômeurs. Mais il a par contre une grande utilité… pour les patrons! La division des rôles est bien étudiée. L’ONEM met la pression sur des chômeurs de plus en plus nombreux, les oblige à chercher un emploi inexistant, les menace de sanction et les pousse à accepter n’importe quel boulot. Pendant ce temps, les patrons font du chantage auprès des travailleurs en leur expliquant que s’ils n’acceptent pas de voir leurs salaires et leurs conditions de travail tirées vers le bas, des milliers de demandeurs d’emploi sont "prêts à prendre leur place". Tout bénéfice pour le patronat et les actionnaires!

    C’est inacceptable. Comme le dit la FGTB, "Les travailleurs n’ont ni voulu, ni provoqué la crise. Ceux qui y ont perdu leur emploi n’ont pas à en être une nouvelle fois victimes via la suppression de leurs allocations de chômage."

    Les Commissions des Travailleurs Sans Emploi de la FGTB ont lancé une campagne auprès des conseils communaux pour leur demander de voter des motions appelant à la suppression du contrôle de la disponibilité des chômeurs!

    Le PSL a participé à cette action en disant:

    • C’est le chômage qu’il faut combattre, pas les chômeurs: Stop à la chasse aux chômeurs! Suppression du stage d’attente!
    • Stop aux contrats précaires! Des emplois décents pour tous avec un salaire minimum de 1500 € net!
    • Partageons l’emploi disponible : 32 heures par semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires!
    • Plus de moyens publics pour l’enseignement : 7% du PIB!
    • Des emplois, pas de racisme : Non aux discriminations à l’embauche!
    • Défendons chaque emploi! Nationalisation des entreprises qui font des licenciements collectifs!

    Mais pour pouvoir obtenir cela, nous avons besoin d’un plan d’action conséquent discuté et élaboré dans les entreprises et les commissions syndicales. Faire pression sur des élus dont les partis mènent la politique néolibérale depuis des années n’aura qu’un effet au mieux symbolique. Organisons un rapport de force sur les lieux de travail et dans la rue pour défendre chaque emplois et faire payer la crise aux véritables responsables: aux capitalistes!

    Campagne "Jeunes et emploi" du PSL

    Aujourd’hui, la crise du capitalisme frappe de plein fouet les travailleurs et les jeunes. La récession serait terminée? Seuls les actionnaires le ressentent. Pour les jeunes et les travailleurs, le pire reste à venir. Les annonces de licenciements se succèdent et un chômage de masse qui touchera plus fortement les jeunes nous attend. Les gouvernements ont sauvé les grands actionnaires des banques pour un montant d’environ 26 milliards € – nous exigeons un plan de sauvetage de l’emploi dans notre intérêt!

  • Copenhague: entre capitalisme vert et répression policière

    Lorsqu’on se rend à Copenhague ces temps-ci, on se rend compte combien le capitalisme surfe avec bonheur sur la vague verte. De Toyota à Mc Donald, toutes les grandes entreprises s’y sont donné rendez-vous pour convaincre la population que leurs produits sont les plus respectueux de l’environnement. Des centaines de mètres carrés de publicités s’étalent sur les murs de la capitale danoise jusqu’à l’écœurement. La palme de l’hypocrisie reviendra sans doute à Coca-cola et sa «bottle of hope» dont sort en pétillant un paysage enchanteur.

    Par Simon Hupkens

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Détruire le capitalisme… avant qu’il ne détruise la planète!

    • Les puissances mondiales rejettent toute action urgente
    • VIDEO: Interview – "Notre terre n’est pas à vendre, battons-nous pour la défendre!"
    • Copenhague: Tract du CIO
    • A Copenhague… et à reculons
    • CHANGEMENT CLIMATIQUE: Beaucoup de discussions, pas de solution
    • Capitalisme et environnement sont irréconciliables Dossier de Mattias Bernhardsson
    • Détruire le capitalisme… avant qu’il ne détruise la planète! Brochure du PSL
    • Rubrique "Environnement de ce site"

    [/box]

    Cela ne semble pas choquer les autorités de Copenhague. Des milliers de « manifestants » ont ainsi pu se retrouver dans le centre-ville à la foi pour écouter le prêchi-prêcha de l’évêque Desmond Tutu et admirer les nouvelles voitures « vertes » des grands constructeurs. Tout cela dans une ambiance aseptisée sponsorisée par Siemens et Carlsberg.

    Les tenants du capitalisme vert ont donc toute latitude pour répandre ce qu’il faut bien en définitive qualifier de gros mensonges. Qui pourra croire que des entreprises qui ont pillé sans honte les ressources naturelles de la planète, qui s’apprêtent à dévaster ce qui reste d’espaces sauvages en Amazonie ou en Alaska pour sauvegarder leurs sacro-saints profits se sont mises soudain à l’école de l’écologie? Laver plus vert pour augmenter ses parts de marché, voilà la seule raison de ce matraquage publicitaire.

    A Copenhague, il n’y avait cependant pas que les majors pour parler d’environnement. La gauche radicale marxiste, verte, anarchiste était présente en grand nombre. Une délégation de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, était sur place pour manifester aux côtés des autres mouvements de la gauche radicale en faveur d’un processus écologiste débarrassée du masque grotesque du capitalisme, une écologie au service des travailleurs, une écologie mettant en avant la nécessité d’un système économique mettant fin au gaspillage des ressources naturelles. En un mot, une écologie socialiste.

    Mais exprimer son opinion est apparemment plus difficile pour les anticapitalistes que pour les grandes entreprises multinationales. Pour les autorités de Copenhague, le droit à l’expression ne s’applique pas de la même façon pour tous. Ainsi, notre manifestation, bien que totalement pacifique, a été violement arrêtée par la police. Les manifestants ont étés menottés et obligé de rester plusieurs heures dans une position humiliante alors que la température n’atteignait pas zéro degré. On a pu voir plusieurs malaises chez les manifestants, nécessitant l’intervention d’ambulances. On a pu voir un manifestant en état de choc, pleurant et paniquant sous l’œil placide de la police. Par la suite, ils ont étés transportés pour un contrôle d’identité qui a encore duré plusieurs heures et relâchés dans la banlieue au beau milieu de la nuit.

    Qui peut encore penser après de tels événements que nos dirigeants vont « se rendre compte » et « faire un geste » en faveur d’une écologie véritable. Les dés sont manifestement pipés. Il n’y a rien à attendre des grands de ce monde ou de leurs sbires au sein des partis traditionnels: ils marchent main dans la main avec les plus gros pollueurs du monde et défendent leurs intérêts.

    La seule option qui reste aux travailleurs et à leurs familles est de construire un mouvement à partir de la base, un mouvement organisé internationalement et suffisamment fort pour arrêter les agissements des actionnaires des grandes firmes et la course au néant qu’ils nous imposent.

    Le CIO construit un tel mouvement. La tâche est immense, les difficultés sont innombrables mais notre internationales a enregistré des progrès importants ces dernières années: de l’élection de notre camarade Joe Higgins à la création de sections dans plusieurs pays aux différents coins de la planète. L’urgence nous gagne: n’attendez plus pour vous engager. Rejoignez le CIO et sa section belge le PSL!

    > Traitements dégradants à Copenhague – “Quelque chose de pourri dans le Royaume de Danemark”

    Le capitalisme vert à Copenhague:

  • Le traité de Kyoto de 1997

    Après près de dix années de chamailleries, un accord a été obtenu à Kyoto en 1997 pour un système de commerce des permis de carbone qui incluait des limites juridiques aux émissions de carbone.

    Le traité donnait à chaque pays son propre niveau d’émissions de carbone autorisées, et au sein des pays, les entreprises avaient leur propre objectif qui ne pouvait être dépassé que si ces entreprises achetaient un permis de polluer. Le coût de ce permis était censé être fixé à un niveau assez élevé que pour décourager les entreprises à dépasser leurs quotas.

    Le résultat de Kyoto a été un échec total. Il a été incapable d’empêcher la hausse inexorable des émissions des gaz à effet de serre et l’apparition d’une situation environnementale en rapide détérioration, en particulier la fonte des calottes glaciaires des pôles à un rythme jamais imaginé.

    Cet échec était dû à deux facteurs sous-jacents: un modèle défectueux basé sur le marché, et l’absence d’un accord international sur toute une série d’enjeux liés au mode de fonctionnement du traité, surtout le refus de toute participation de la part des deux principaux pays émetteurs de gaz, les Etats-Unis et la Chine. Sans leur implication, tout marché des permis de carbone était de toute façon sérieusement sapé.

    Les Etats-Unis ont refusé de participer même alors que les objectifs de Kyoto étaient extrêmement modestes, basés sur une petite réduction des émissions comparée au niveau de 1990. Cette date a été choisie de manière arbitraire, puisqu’elle précédait l’effondrement de l’URSS et l’immense chute des émissions de gaz à effet de serre qui a suivi ce désastre. En conséquence, quasi aucune réduction du niveau d’émission de dioxyde de carbone n’était requise en 1997 lorsque le traité a été signé, puisqu’il y avait déjà eu une forte baisse comparé à 1990.

    De plus, on avait laissé toutes sortes de lacunes juridiques dans le traité de Kyoto, telles que la possibilité pour les entreprises d’exploiter l’escroquerie des dispositifs de compensation, et la propension des gouvernements à accorder de si nombreux permis de polluer échangeables, que ceux-ci ne valaient quasi plus rien et qu’il n’y avait de ce fait plus aucune force de dissuasion. En fait, le traité a été conçu pour être essentiellement cosmétique, dans l’espoir de persuader les Etats-Unis de le rejoindre, mais même par rapport à cette ambition, l’échec a été total.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop