NON à un second Pacte des Générations

Pourquoi faire travailler plus longtemps nos ainés quand les jeunes ne trouvent pas d’emploi?

L’accord gouvernemental de mars 2008 prévoyait l’organisation d’une Conférence nationale sur les pensions avec les «partenaires sociaux» (patrons et syndicats) qui aurait pour objectif de réformer et renforcer le régime des pensions. Pour le gouvernement et les organisations patronales, tout le monde devrait travailler plus longtemps pour financer les retraites alors que les syndicats veulent augmenter les retraites et conserver nos acquis sociaux. Fin 2009, un rapport doit arriver sur la table pour servir de base aux discussions.

Par Karel (Bruges)

Les organisations patronales et la plupart des partis traditionnels veulent donner une suite au Pacte des Générations de 2005, le premier pacte n’étant selon eux pas assez fort. Entretemps, l’environnement économique a radicalement été modifié par la crise. Les patrons ont sauté sur l’occasion pour claironner qu’il faudrait que nous travaillions plus longtemps. Ce qui ne les empêche pas au même moment de mettre à la porte des dizaines de milliers de personnes – dont bon nombre de plus de 50 ans.

En Europe, ce sont des millions de travailleurs qui se retrouvent sans emploi. Mais dans différents pays l’accès à la pension est en train de passer de 65 à 67 ans au nom de la croissance de l’espérance de vie et du manque d’argent pour financer les retraites. Sans cela, affirment gouvernements et patrons, de moins en moins de travailleurs devront financer de plus en plus de retraites et de frais de santé pour les seniors.

Si une augmentation de l’âge légal de la retraite n’est pas encore à l’ordre du jour chez nous, les tentatives pour nous retenir plus longtemps au travail commencent à fleurir. C’est d’ailleurs l’objectif avoué de la Conférence nationale sur les retraites. Un deuxième Pacte des Générations donc, mais sous un autre nom.

Reste que toutes ces manœuvres butent sur une réalité majeure : il n’y a pas assez d’emplois disponibles pour le nombre de chômeurs (voir en page 1). Il faut d’ailleurs saluer l’hypocrisie des patrons qui se sont battus hier contre la prépension mais qui l’utilisent aujourd’hui à tire-larigot pour faciliter les licenciements. Augmenter l’âge de la retraite ne conduira, dans les conditions économiques actuelles, qu’à une hausse du chômage et/ou à une baisse des retraites, alors que celles-ci sont déjà parmi les plus basses d’Europe. Et comme il est de plus en plus difficile d’avoir une carrière complète permettant de bénéficier d’une retraite complète, la situation ne va pas s’améliorer.

L’argument selon lequel les retraites sont impayables est un pur mensonge. La vérité, c’est que la multiplication des baisses de «charges patronales», en Belgique comme partout en Europe, creuse des trous de plus en plus profonds dans les caisses de la sécurité sociale. La vérité, c’est aussi que la fraude fiscale est estimée à quelques 30 milliards d’euros en Belgique. Notons au passage que cette fraude fiscale massive n’a pas empêché le Financial Times de désigner Didier Reynders comme troisième meilleur ministre des Finances d’Europe. Du point de vue des patrons, c’est assez logique…

La réduction des contributions patronales atteint 7 milliards d’euros, ce à quoi il faut encore ajouter les 2,5 milliards de déduction des intérêts notionnels. Pas étonnant qu’il y ait des déficits dans la sécurité sociale ! La suppression des cadeaux au patronat suffirait à rendre payables les retraites publiques, tout en les augmentant de façon conséquente. Voilà une réponse sérieuse à la privatisation rampante des retraites via les « deuxième et troisième piliers » (les diverses formes d’épargne-pension individuelles et privées) qui permettent aux banques de spéculer sur les marchés financiers avec notre argent. Le problème n’est pas que les retraites ne sont pas payables, mais bien que les moyens existants pour cela soient utilisés contre l’intérêt de la population. Pour le patronat, les contributions à la sécurité sociale (et donc aux retraites) sont des frais qu’ils aimeraient bien éviter pour pouvoir verser cet argent aux actionnaires.

Campagne "Jeunes et emploi" du PSL

Aujourd’hui, la crise du capitalisme frappe de plein fouet les travailleurs et les jeunes. La récession serait terminée? Seuls les actionnaires le ressentent. Pour les jeunes et les travailleurs, le pire reste à venir. Les annonces de licenciements se succèdent et un chômage de masse qui touchera plus fortement les jeunes nous attend. Les gouvernements ont sauvé les grands actionnaires des banques pour un montant d’environ 26 milliards € – nous exigeons un plan de sauvetage de l’emploi dans notre intérêt!

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