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  • Luttons ensemble pour des emplois, pas de racisme

    4 mars – 19h30 – Dageraadplaats – Anvers

    Le NSV (étudiants nationalistes flamands) organise sa manifestation annuelle le 4 mars prochain à Anvers. Chaque année, le NSV organise une manifestation dans une ville étudiante en Flandre et, chaque fois, nous organisons une contre-manifestation qui réunit plus de monde que l’extrême-droite.

    Par Mathias (Anvers)

    Le NSV est l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang et sert de pépinière aux futurs cadres du parti. Il n’hésite pas à mettre en avant un profil un peu plus radical que le VB. En 2009, il a organisé un meeting avec le fasciste britannique Nick Griffin, qui a déjà été condamné plusieurs fois pour négationnisme. Le NSV a encore montré récemment qu’il ne se limitait pas à une rhétorique fasciste : le 8 octobre dernier, ses dirigeants ont été impliqués dans une attaque physique contre un meeting des Etudiants de Gauche Actifs (EGA) à Anvers. Seule la résistance organisée des membres d’EGA a pu empêcher la réussite de leur attaque.

    La politique antisociale que les partis traditionnels mènent depuis des années et les conséquences de la crise actuelle peuvent faire fructifier le terreau qui existe déjà pour les idées racistes. Dans certains quartiers, le chômage des jeunes atteint plus de 40%. Chaque jour, 350 emplois disparaissent ; en 2010, la Banque Nationale prévoit la disparition de près de 90.000 emplois. Cela mène inévitablement à une concurrence grandissante entre les demandeurs d’emploi. Sans alternative de gauche, l’illusion selon laquelle les immigrés prennent nos emplois peut avoir un impact parmi des couches plus larges de la population. Cette situation peut mener à une croissance et un renforcement des groupes violents comme le NSV.

    Le NSV n’est pas aujourd’hui une carte importante dans le jeu du patronat. Mais son discours raciste anti-immigrés et anti-Wallons sert bien l’intérêt des patrons. Ceux-ci essaient de nous faire payer la crise à coups d’assainissements et de restructurations. Même dans les entreprises qui continuent à battre tous les records de profits, ils essaient d’économiser sur notre dos. Le fait que des centaines de milliers des travailleurs soient plongés dans l’insécurité – et, pour une partie, directement dans la pauvreté – n’est pas un souci pour le patronat… sauf si les travailleurs s’unissent pour rejeter les plans d’austérité, comme à Bayer et à InBev. Par contre, quand les travailleurs rejettent la responsabilité des conséquences de la crise sur d’autres travailleurs, le patronat peut plus facilement continuer sa politique antisociale. « Diviser pour régner » reste l’une des méthodes préférées des patrons et de leurs partis politiques.

    Chaque année, le NSV manifeste avec des délégations de groupuscules tels que Blood&Honour ou Nation. Nous ne voulons pas laisser la rue à ce genre d’idées et de méthodes. Avec une contre-manifestation massive, nous pouvons montrer que le soutien pour leurs idées est très limité dans la société. Nous pouvons ainsi mieux les isoler et briser leur confiance. La contre-manifestation se déroulera le jeudi 4 mars à Anvers, la ville où le Vlaams Belang est le plus fort. Aidez-nous et venez manifester avec nous sous le slogan : Des emplois, pas de racisme !

  • Joe Higgins – Un véritable socialiste au Parlement Européen

    A la mi-janvier, les candidats pour les postes de commissaires européens ont été interrogés par le parlement. Dans la commission Commerce International, Karel De Gucht a été interrogé notamment par Joe Higgins. Le libéral flamand a constaté qu’il avait « une approche quelque peu différente » de celle de Joe Higgins.

    Higgins: « Vous attirez l’attention sur le fait que vous voulez aller plus vite et plus loin dans la stimulation de l’intégration des marchés par des accords de libre commerce et des accords de coopération économique. La raison d’être de beaucoup d’accords commerciaux de l’UE n’est-elle pas de permettre aux multinationales européennes d’inonder les marchés des pays pauvres, de casser par la concurrence les petits producteurs et d’entraîner un énorme recul social ?

    “Comment pouvez-vous alors dire que libéraliser plus vite et plus loin signifie autre chose que la défense ouverte des intérêts des grandes entreprises européennes ? Acceptez-vous qu’il y ait un conflit d’intérêt entre ce qui est bon pour les superprofits des multinationales européennes d’un côté et le bien-être de la population travailleuse de l’autre côté? Et qu’il y ait aussi un conflit entre les deux sur le plan des droits humains ? »

    De Gucht: « Je suppose que nous avons une approche quelque peu différente sur ce plan. Laissez-moi dire deux choses. Premièrement, je ne pense pas qu’un pays puisse se développer sans développer son économie et cette économie ne peut pas se développer si le commerce n’est pas développé. (…) Et oui, je pense qu’il faut des marchés libres pour cela. D’autre part, le but de notre politique commerciale est aussi de mettre en avant nos valeurs en ce qui concerne les droits humains, le respect de notre environnement et le changement du climat, le respect des travailleurs. »

    Higgins: « Le commerce peut se faire sur base de la solidarité humaine ou sur base d’une exploitation rapace, ce qui est l’approche de l’UE. Sur les droits humains, vous dites, sur base d’une seule discussion politique, qu’il est possible de signer des accords commerciaux avec la Colombie. Mais est-ce qu’il n’a pas déjà été prouvé que le gouvernement et 43 multinationales, dont des multinationales européennes, jouent un rôle dans la violence, et cela surtout envers les militants syndicaux. En 2008, 49 syndicalistes ont été tués et l’année passée il y en a eu plus de 30. Les grandes entreprises et parmi elles des multinationales européennes tirent avantage de la répression envers les militants syndicaux. Quelles démarches allez-vous entreprendre pour résoudre ce problème avant de conclure un accord avec la Colombie ? »

    De Gucht: « (…) Dans le texte d’accord qui est maintenant proposé il va y avoir une clause sur les droits humains et des mesures vont être prises en cas d’infractions. »

  • « Remettre le socialisme à l’ordre du jour »

    Interview de Dominique Willaert, du comité organisateur de la Table ronde des Socialistes

    Le 20 mars prochain se déroulera à Gand la «Journée du Socialisme», une journée de discussion avec des orateurs venant de différents horizons mais, malheureusement, uniquement néerlandophones. L’initiative émane de la Table Ronde des Socialistes, à laquelle participe également le PSL. Nous avons discuté de cette initiative avec Dominique Willaert, actif chez Victoria Deluxe, organisation socio-artistique gantoise, et membre du comité organisateur de la Table ronde des Socialistes.

    Par Bart Vandersteene

    LS: Dominique, pourquoi as-tu décidé de t’engager dans la Table Ronde ? Et pourquoi maintenant ?

    DW: «En fait, cela a commencé par une déception très personnelle concernant l’évolution du SP.a. Cela m’a mis en colère, surtout quand l’arrivée de Bert Anciaux (ancien dirigeant nationaliste flamand de la Voksunie) a été utilisée pour supprimer le terme « socialisme » dans le nom du parti. J’étais en colère et déçu et j’ai trouvé qu’il était nécessaire de faire quelque chose pour remettre à l’ordre du jour le socialisme comme cadre de référence. Un texte que j’avais écrit sur la nécessité d’un grand congrès socialiste a atterri par hasard chez Tom Demeester du PTB. Ils avaient déjà commencé à réunir quelques individus pour une Table Ronde. J’ai ainsi rejoint les initiateurs de la Table Ronde des Socialistes.»

    LS: Comment présenterais-tu cette Table ronde à nos lecteurs ?

    DW: «Ce n’est encore qu’un embryon recherchant une initiative qui regroupe des socialistes de diverses tendances et qui travaille à les réunir. On pourrait mettre en avant qu’il existe deux grandes tâches pour la Table Ronde. Tout d’abord, développer une attitude critique à l’égard du socialisme, non seulement celui du SP.a, mais aussi celui du bloc de l’Est. Et, d’autre part, rechercher ce qui peut nous lier aujourd’hui dans la lutte pour une autre société socialiste.Personnellement, j’espère que cela pourrait évoluer vers un nouveau mouvement socialiste. Nous devons aussi de toute urgence «dépoussiérer» de la théorie. Nous vivons dans une période « anti-théorique » où les nouvelles du jour dominent et où tout est approché de manière soi-disant pragmatique. La Table ronde doit choisir avec fermeté une approche idéologique face aux enjeux actuels.»

    LS: Que pouvons-nous attendre de la première activité publique, la Journée du Socialisme ?

    DW: «La première Journée du Socialisme réunira des personnes qui ont aujourd’hui le courage d’une réflexion idéologique sur la théorie socialiste liée au marxisme. Nous voulons réunir les gens dans plusieurs débats qui se mèneront dans 8 groupes de travail. La journée doit renforcer la conviction que nous pouvons offrir une perspective socialiste à la société. Les jeunes, surtout, doivent refuser le mythe qui dit qu’il n’existe qu’un seul type de système de société. Aujourd’hui, les jeunes n’osent pas imaginer une utopie. Ils voient bien les problèmes économiques dans le monde, mais ils ont des difficultés à désigner explicitement le capitalisme. Contrairement à l’individualisme enfoncé dans les crânes par tous les moyens possibles, nous osons mettre à nouveau en avant des alternatives collectives, mettre la solidarité et la collectivité au premier plan. Et si l’on développe des critiques par rapport à ce qu’il s’est passé dans le bloc de l’Est, cela ne veut pas dire que nous devons jeter par dessus bord le cadre de référence socialiste.»

    LS: Il règne une grande confusion à propos de ce que signifie le socialisme aujourd’hui. Pourrais-tu essayer d’expliquer de manière compréhensible ce qu’il signifie pour toi ?

    DW: «Le socialisme signifie pour moi oser croire à la puissance de la collectivité et à la poursuite d’un intérêt général et partagé. Il s’agit de réduire les inégalités entre riches et pauvres, créer le plus grand bonheur possible pour tous. Quand on voit aujourd’hui la concentration de la richesse dans une toute petite proportion de la population, alors il faut oser affirmer que notre tâche ne consiste pas à lutter contre la pauvreté, mais contre la richesse. La justice sociale doit être notre principe éthique et cela ne peut se faire que par un plus grand rôle pour l’État, la collectivité, dans l’organisation de la société.»

    LS: Et comment pouvons-nous le réaliser selon toi ?

    DW: «Cela peut seulement se faire avec un projet politique. Nous avons besoin à nouveau de courage pour agir politiquement, et pas seulement dans le sens traditionnel du terme. Il existe de nombreuses autres façons. Cela va du rôle que tu prends dans le débat public, à l’organisation dans laquelle tu travailles, à l’organisation et la participation à des manifestations, des activités,…»

    LS: Que pouvons-nous attendre de la Table Ronde ?

    DW: «Notre comité organisateur est aujourd’hui animé d’une bonne dynamique. Ce qui est assez surprenant, compte tenu des différences politiques de certains des participants. Un intérêt commun s’est développé parmi les participants, qu’ils soient du PSL, du PTB, des anciens du CAP ou des gens venant de nombreux autres horizons. Le travail en commun s’effectue fraternellement et cela promet pour l’avenir. Cela donne envie d’aller plus loin. Nous devons veiller à ce que ce ne soit pas une initiative d’un jour et qu’une suite soit donnée après le 20 mars.»

    Inscrivez-vous à la Journée du Socialisme du 20 mars 2010 qui se déroulera dans le bâtiment du “Vooruit” à Gand.

    Plus d’infos sur: www.dagvanhetsocialisme.be

  • Conférence de Copenhague sur le climat. Des mots mais pas de solutions

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    Hypocrisie européenne

    Les leaders européens présents à Copenhague ont vite rejeté la responsabilité de l’échec du sommet climatique sur les autres puissances. C’est bien hypocrite de leur part quand on voit ces mêmes dirigeants pousser à la libéralisation des transports en commun partout dans l’Union européenne.

    Le 17 décembre, en plein sommet climatique, les cheminots ont organisé une manifestation européenne contre les libéralisations. Il est tout à fait possible que cette manifestation débouche cette année sur une journée de grève européenne organisée en commun.

    Dans notre pays aussi, les politiques de libéralisation menacent d’avoir des conséquences négatives pour l’environnement. La direction de la SNCB veut privatiser sa filiale de transport de marchandises B-Cargo. Or, le « transport diffus » (un convoi de wagons de marchandises destiné à différentes entreprises) qui représente aujourd’hui 80% de l’activité de B-Cargo mais seulement 20% de ses recettes, sera jugé peu rentable par le privé. Il risque d’être abandonné à des entreprises routières. Que se passera-t-il si tout ce trafic passe par les autoroutes ? Tant pour la sécurité et les conditions de travail que pour l’environnement, cela sera un désastre. Et la responsabilité ne pourra pas cette fois être rejetée sur les Américains ou les Chinois…


    Le réchauffement amène bien… la neige

    Cet hiver, à première vue, nous avons peu subi les conséquences du réchauffement de la planète. Cela a conduit certains, après avoir évacué la neige de leur trottoir, à se débarrasser aussi de l’idée du réchauffement climatique…Le temps froid de cet hiver est en fait le résultat d’un changement ponctuel dans le système météorologique qui fait que notre air «habituel», réchauffé au voisinage du Gulf Stream, le courant d’eau chaude circulant dans l’Océan Atlantique, n’est pas arrivé chez nous cette fois-ci. Il a été dévié par le Nord de l’Europe et de la Russie ou il s’est considérablement refroidi, nous amenant une neige abondante.

    Sous l’effet du réchauffement global, ces dernières années ont connu les plus grosses disparitions de glace polaire jamais enregistrées, ce qui réchauffe les eaux polaires. Comme expliqué ci-dessus, cela n’a pas suffi pour rendre le climat hivernal plus chaud chez nous. Mais, par contre, cette disparition des glaces menace de libérer dans l’air des quantités énormes de méthane – un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone – qui est aujourd’hui renfermé dans le permafrost.

    Des scientifiques ont expliqué que l’eau de fonte des glaces du Groenland pourrait bloquer et dévier le Gulf-Stream vers le sud. Ce qui risquerait de faire entrer les territoires bordant le nord de l’Océan Atlantique dans une nouvelle ère glaciaire tandis que le reste du monde commencerait lentement à bouillir.

    Le réchauffement de la Terre pourrait donc bien nous apporter encore plus de neige… et ce n’est pas une bonne nouvelle !
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    La conférence climatique de Copenhague s’est terminée, comme on pouvait s’y attendre, sur un échec. La valeur du rapport du GIEC – qui insistait sur les mesures draconiennes à prendre pour éviter une hausse de la température de 2 degrés – a été reconnue. Le texte final reconnaît la nécessité urgente d’agir. Mais il ne contient aucun engagement contraignant. Or les problèmes restent toujours aussi inquiétants.

    Les changements climatiques représentent un problème international qui nécessite une solution internationale. Mais la conférence de Copenhague a surtout montré que les leaders mondiaux n’arrivent pas à offrir une réponse cohérente au désastre écologique. Et cela parce que le système qu’ils représentent, le capitalisme mondial, est basé sur une concurrence impitoyable pour les ressources et les profits à court terme.

    Les classes dominantes des pays les plus puissants se servent du monde néocolonial comme d’une source de main d’oeuvre et de matières premières à bon marché, sans guère se soucier des hommes et de l’environnement. Cela s’est manifesté une fois encore à Copenhague : les pays les plus puissants ont tenu entre eux une « conférence au sein de la conférence » avant que les Etats-Unis imposent en fin de compte un accord vague et non contraignant. Ici aussi, l’ « espoir » promis par Obama n’a pas conduit au « changement ».

    Pendant que les leaders mondiaux parlotent, la planète brûle. L’Organisation Météorologique Mondiale a révélé que la quantité de dioxyde de carbone dans l’air a atteint son niveau record depuis 650.000 ans. Onze des quatorze dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. La glace polaire continue à fondre et alimente le processus en chaîne du désastre écologique. La libération des gaz (dioxyde de carbone et méthane) jusqu’ici emprisonnés dans les sols gelés en permanence (permafrost) représentent une bombe à retardement pour notre planète.

    Pour faire face à ces problèmes, il faut des mesures sérieuses. Le protocole de Kyoto contenait des objectifs très limités mais qui pourtant n’ont même pas été atteints. Le manque de réponse efficace aux changements climatiques représente, selon Nicholas Stern, l’ancien économiste en chef de la Banque Mondiale, « la faillite la plus importante que le marché ait jamais connue». Pourquoi devrions-nous alors continuer à laisser les responsables de cette économie de marché prendre les décisions et décider des solutions?

    Seul un contrôle démocratique de la production par les travailleurs et la collectivité pourrait garantir que les ressources et les richesses de la société soient utilisées de manière rationnelle.

  • Bayer: Riposte syndicale réussie face aux attaques patronales

    Fin 2009, la direction de l’usine chimique Bayer à Anvers a mené une attaque de grande ampleur contre les conditions de travail et de salaire des ouvriers et des employés. Le débat a été lancé dans les médias par les représentants des organisations patronales et des politiciens. Ils étaient tous d’accord : ouvriers et employés devraient faire des sacrifices sur leurs salaires et temps de travail, sinon l’usine risquait de fermer, entraînant la suppression de 850 emplois.

    Geert Cool

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    L’entreprise de Bayer à Anvers a réalisé un profit de 191 millions d’euros en 2008, 18% de plus qu’en 2007. Les bénéfices ont surtout été réalisés dans l’activité financière. Le résultat de la production a baissé de 25 millions d’euros sur un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros, mais il est remonté en 2009. La productivité (valeur ajoutée par travailleur) a doublé depuis 2005.

    En 2008, Bayer n’a payé que 10,02% d’impôt sur ses bénéfices. Les intérêts notionnels lui ont rapporté 55 millions d’euros. D’après les réviseurs d’entreprise, la réduction du temps de travail à 33,6 h par semaine (en 2004) a rapporté plus de 6 millions d’euros de déduction de charges patronales à Bayer.

    Au niveau mondial, les actionnaires de la multinationale ont reçu 3,7% en plus pour l’année 2008 : 1,07 milliards d’euros de dividendes ont été versés.
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    Les syndicats et le personnel chez Bayer ont refusé les propositions de la direction visant à réduire les salaires et se sont opposés courageusement à l’offensive médiatique. Suite à cette opposition, la direction a du retirer ses propositions, en écartant soudainement le scénario de la fermeture. L’attitude résolue des travailleurs, soutenus par leurs collègues du secteur et du site allemand d’Uerdingen, a montré qu’on peut obtenir des résultats en refusant de sacrifier les conditions de travail sous le prétexte trop facile de la crise.

    Que voulait la direction ?

    La direction avait proposé d’augmenter le temps de travail, dans un premier temps de 33,6 h à 35,25 h par semaine. La direction affirmait que cette mesure était nécessaire pour maintenir la position concurrentielle de l’entreprise et s’appuyait, en plus, sur les surcapacités de production de polycarbonate. D’après la direction, il fallait couper dans la production soit à Anvers, soit à Uerdingen (Allemagne).

    L’augmentation du temps de travail se présentait sous la forme d’une réduction de 14 jours de compensation (ramenés à 10 dans la deuxième proposition) en moins. En outre, la direction proposait que les nouveaux travailleurs soient engagés avec un temps de travail de 38 h (36 dans le deuxième proposition) par semaine.

    La direction voulait aussi passer de cinq à quatre équipes. Ceci n’est pas seulement une mesure organisationnelle, il s’agit d’un changement lourd de conséquences pour le rythme de travail, et qui risquait de diviser les travailleurs. Un système de cinq équipes implique de travailler 20 jours dans un cycle de 35 jours. Il n’y a pas de jours de compensation supplémentaires parce que ces jours sont déjà calculés dans le cycle. Avec quatre équipes, il faut travailler 20 jours dans un cycle de 28, ce qui implique un temps de travail de 42 h par semaine. Ces heures supplémentaires sont résorbées par des jours de compensation. Les nouveaux engagés auraient reçu moins de compensation.

    Enfin la direction avait proposé un blocage de salaire, en excluant même, dans un premier temps, toute adaptation à l’index pour une période de 4 ans !

    Le chantage et pas la concertation

    La direction a choisi d’éviter toute concertation avec les syndicats. Pendant la réunion du Conseil d’entreprise le 14 octobre, elle n’a pas parlé d’une restructuration. Elle a simplement annoncé que des mesures étaient nécessaires pour garantir la compétitivité de Bayer et que 7 millions d’euros d’économies devraient être réalisés sur la masse salariale. Cela équivaut environ à 10% des coûts salariaux, qui ne représentent eux-mêmes que 8.6% des coûts globaux de Bayer.

    A ce moment, la direction n’avait encore fait aucune proposition concrète, ce qui ne l’a pas empêché de vouloir arriver à un accord deux semaines plus tard. Elle a finalement dû concéder une nouvelle réunion le 12 novembre où elle a exposé ses propositions.

    Les syndicats ont refusé de négocier sur cette base et demandé une conciliation. La direction a déclaré que la discussion était très urgente, même si les syndicats savaient que c’était faux, grâce aux contacts avec leurs collègues allemands.

    La direction n’avait parlé d’aucune urgence aux travailleurs allemands, tout en annonçant que la production serait maintenue à Anvers et à Uerdingen, mais de manière plus flexible.

    Face au refus syndical, la direction a commencé à chercher d‘autres moyens. Le 24 novembre, elle a envoyé une lettre à tous les travailleurs de Bayer-Anvers dans laquelle elle annonçait une décision « encore cette année » pour limiter la surcapacité. Elle ajoutait que les travailleurs devraient faire « un effort » en échange d’une garantie d’emploi pour quatre années et des nouveaux investissements.

    Afin de faire monter encore plus la pression, la direction a utilisé un autre outil : le quotidien « Gazet van Antwerpen » qui est à nouveau apparu comme porte-parole du patronat chimique à Anvers. La une du 27 novembre titrait : « Bayer : assainir ou fermer ». D’après ce journal, la réunion de conciliation du même jour était la « dernière chance ».

    A cette réunion de conciliation, la direction a adapté ses propositions (suppression de 10 jours de compensation au lieu de 14, blocage des salaires mais maintien de l’indexation, adaptation du système de 4 équipes, temps de travail de 36 h la semaine pour les nouveaux travailleurs). Les syndicats ont refusé les propositions et la conciliation a échoué.

    Apparemment, le chantage mis en scène par la « Gazet van Antwerpen » n’a pas suffi. Par conséquent, la direction a trouvé d‘autres moyens de pression du côté du gouvernement flamand. Après une offensive de presse le 28 novembre, le ministre- président Flamand Kris Peeters a déclaré dans l’émission du « Septième Jour » (programme d’actualité le dimanche matin) : « Les syndicats de Bayer doivent prendre leurs responsabilités et s’occuper de l’avenir et de l’emploi. » Il avait probablement espéré qu’après Opel et DHL, il pourrait être cette fois le messager de nouveaux investissements à Bayer.

    Peeters a été suivi très vite par les représentants des organisations patronales. Un porte-parole de la fédération des patrons de la chimie, Essenscia, est venu expliquer dans la presse qu’une solution était nécessaire à Bayer et « ceci via une adaptation du temps de travail de 33,6 h vers 35,25 h par semaine comme proposé par la direction. » La FEB était bien sûr d’accord avec cette position.

    Quant aux partis politiques soi-disant dans « l’opposition », ils ont montré de quel côté ils se situaient dans les conflits sociaux. La Liste Dedecker a mis en garde « les syndicats qui abîment le climat de concertation et qui sont une menace pour l’emploi. »

    Le front contre les travailleurs était maintenant au complet. N’ayant pas réussi à faire avaler ses projets par les syndicats, la direction de Bayer a donc utilisé ses collègues-patrons du secteur, les responsables politiques (la différence entre ces deux groupes étant limitée, le ministre-président Peeters étant lui-même porte-parole d’une organisation patronale, l’Unizo, avant de devenir ministre CD&V) et ses amis de la presse bourgeoise. Le magazine Trends (Tendances) a ainsi couronné la manoeuvre en lançant un appel aux gouvernements et aux directions syndicales pour « mettre la pression sur les syndicats à Bayer ».

    Le but était de contourner les syndicats, d’augmenter la pression directe sur les travailleurs et d’utiliser l’inquiétude ainsi créée pour faire avaler les attaques par les syndicats. Ce n’était pas une concertation sociale, mais du chantage pur.

    La réponse syndicale

    Les syndicats ont tout de suite réagi aux propositions de la direction. Une prise de position commune de la FGTB et de la CSC a été distribuée après le conseil d’entreprise du 14 octobre. Dans ce tract, les syndicats ont expliqué pourquoi l’austérité n’est pas une option pour les travailleurs. Le fait que le tract était une position commune des deux syndicats n’était pas une donnée isolée. A chaque moment, les délégués ont veillé au maintien de l’unité syndicale. Le tract expliquait aussi que Bayer a fait de grands profits (191 millions d’euros en 2008 !) et que la réduction du temps de travail avait été introduite justement pour éviter des pertes d’emploi en redistribuant le travail disponible (depuis les années 1980, les travailleurs ont gagné plusieurs réductions de temps de travail en renonçant à des augmentations de salaire). Pendant des années, les travailleurs ont été informés d’une manière régulière de la situation financière de l’entreprise (y compris des salaires des managers).

    Cette base de discussion avec les travailleurs a renforcé les délégués dans leur opposition aux attaques patronales. Le soutien parmi les travailleurs était très grand. Chaque prise de position de la délégation syndicale était le résultat d’un processus d’information et d’implication des travailleurs.

    Après la réunion de conciliation fin novembre, les délégués ont organisé 23 réunions d’information pour les travailleurs d’équipe. La réaction de la grande majorité des 260 travailleurs d’équipe était claire : un retour vers un système de quatre équipes ne serait pas accepté. Une assemblée générale a réuni 300 travailleurs. Toutes ces réunions ont montré que les travailleurs continuaient à soutenir les délégués. L’offensive médiatique a obligé les délégués à réexpliquer avec beaucoup de patience leur position. En retour, le soutien des travailleurs à leurs délégués a obligé la direction à revenir sur l’idée d’organiser elle-même un référendum parmi les travailleurs. Elle s’est rendu compte que, dans un tel référendum, elle ne serait pas partie gagnante.

    Les délégués n’ont pas seulement informé et discuté avec les travailleurs de Bayer. Ils ont aussi construit la solidarité et l’unité avec les collègues des autres entreprises du secteur et les collègues allemands. Les délégués d’autres entreprises chimiques à Anvers étaient bien conscients qu’un succès patronal à Bayer serait suivi d’autres offensives patronales chez eux. Les deux syndicats (FGTB et CSC) ont conclu un accord intersyndical pour affirmer qu’aucun accord comportant un recul sur les conditions de travail ou de salaire ne serait signé dans le secteur.

    Le 4 décembre, pendant la manifestation nationale de la FGTB, les militants de Bayer étaient présents sur le podium. Le président national, Rudy De Leeuw, a exprimé son soutien explicite à ceux de Bayer contre toute mesure d’austérité. Au même moment, la direction a tenté son dernier coup, en demandant à tous les travailleurs présents dans l’entreprise de se rassembler, à un moment où elle savait qu’aucun délégué FGTB n’était présent dans l’entreprise. Mais les délégués CSC montaient la garde et la tentative de manipulation de la direction a échoué.

    La direction doit reculer

    Finalement, la direction a dû reculer. Elle a dû accepter de prendre plus de temps pour négocier et accepter qu’aucun sacrifice sur les conditions de travail ne serait accepté. Cette conclusion d’un contact entre direction et syndicats le 3 décembre a été communiquée aux médias par les syndicats mais la nouvelle n’a pas fait la une des journaux…


    Levi Sollie, délégué FGTB : « Pourquoi nous avons dit non »

    Le 15 décembre, le PSL a tenu une réunion publique à Anvers avec Levi Sollie, délégué FGTB. Voici quelques éléments rapportés par Levi.

    « La FGTB et la CSC ont dit non à la proposition de la direction de Bayer qui a réalisé un profit de 192 millions d’euros en 2008.

    « La direction est arrivée avec une liste d’exigences en échange d’une convention collective qui assurerait l’emploi. Les propositions de la direction étaient inacceptables pour tout militant, délégué, secrétaire ou centrale syndicale.

    « Les propositions se composaient de 5 points. D’abord, la direction exigeait que nous renoncions à toute forme d’augmentation salariale pendant 5 ans. Pas de revendication salariale jusqu’à 2015 ! Dans la première proposition, la direction parlait de 4 ans sans indexation salariale. Ce n’est même pas légal !

    « Ensuite, la direction voulait que tout le monde travaille plus longtemps en abandonnant 10 jours de réduction du temps de travail. Si tout le monde travaille 10 jours en plus chaque année, il y aura trop de travailleurs et donc des pertes d’emplois. Dans la crise actuelle en Europe et en Belgique, la seule façon de combattre cette crise est une réduction du temps de travail.

    « Troisièmement, la direction voulait réintroduire le système de 4 équipes au lieu de 5 comme aujourd’hui. Le travail en 5 équipes est le meilleur système d’équipes. Les syndicats dans la chimie revendiquent depuis plus de 30 ans une humanisation du travail d’équipe. Cela implique de lutter contre les aspects dangereux pour la santé et de garantir la possibilité d’avoir une vie sociale. La direction de Bayer voulait mettre fin à cela.

    « La direction voulait encore que la prime d’ancienneté et une partie de la prime annuelle soient versées dans une caisse de pension. Bayer tirerait des avantages fiscaux d’une telle construction, les désavantages seraient pour les travailleurs et leur sécurité sociale.

    « Enfin, la direction voulait que les nouveaux travailleurs aient un autre contrat avec un temps de travail augmenté. Cette proposition ouvrirait la porte à une concurrence entre les travailleurs. Sur un plus long terme, elle minerait tous nos salaires et nos conditions de travail.

    « Nous avons dit non à ces propositions. Nous avions également appris de nos collègues d’Uerdingen (Allemagne) que le chantage patronal ne reposait pas sur une base réelle. Le 9 décembre, un manager allemand est venu nous expliquer qu’il n’y avait pas de scénario de fermeture pour Anvers et que la direction envisageait d’augmenter les activités.

    « Nous avons dit non à leurs propositions parce que nous n’acceptons pas l’agenda que le patronat voulait nous imposer. L’agenda de la FEB, l’agenda du VOKA, c’est de conditionner les investissements à l’acceptation d’assainissements. Comme nous savions que l’entreprise resterait ouverte, nous avons refusé de négocier sur base de l’agenda patronal.

    « Nous avons aussi dit non parce que toutes les entreprises de la chimie ont, dans les grandes lignes, les mêmes conditions de salaires et travail. Ces conditions ne sont pas mauvaises mais elles n’ont rien d’exagéré. Elles sont les résultats d’une concertation sociale avec des accords collectifs conclus avec les patrons. Ces accords ont été réalisés dans de grandes multinationales qui ont fait d’énormes profits dans l’industrie anversoise pendant 40 ans, des profits de millions et même de milliards d’euros !

    « Voilà les raisons pour lesquelles nous avons décidé de dire non et nous avons eu raison de le faire. »


    Pourquoi il nous faut nos propres médias

    Fin novembre les journaux étaient unanimes. Gazet van Antwerpen titrait : « Bayer : assainissements ou fermeture », Het Laatste Nieuws parlait des négociations « de la dernière chance », De Morgen titrait : « Les syndicats de Bayer jouent avec le feu » et De Standaard résumait leur point de vue en titrant : « Bayer Anvers menacé ».

    Quand la direction a reconnu qu’il n’était pas question d’un scénario de fermeture, cette nouvelle a été bien dissimulée dans les journaux. Ceux qui suivent l’actualité en ne lisant que superficiellement les journaux ont compris le message : « les syndicats ne se comportent pas de manière responsable et sont rappelés à l’ordre par des hommes politiques comme Kris Peeters ». Dans les médias bourgeois, il n’y a presque pas eu de place pour la position syndicale ou pour une position critique envers la direction.

    Les médias ont été utilisés par la direction de Bayer pour empêcher la concertation sociale. Ce n’est pas un nouveau phénomène. Les patrons de la chimie à Anvers utilisent tous le Gazet van Antwerpen pour annoncer des restructurations ou des pertes d’emplois. En juin 2006, juste avant les vacances, la direction d’Agfa-Gevaert avait ainsi annoncé une perte d’emploi de 1.000 travailleurs. Début 2008, la direction a suivi le même parcours pour annoncer 250 pertes d’emplois. Les médias ont chaque fois été utilisés pour faire monter la pression sur les travailleurs en diffusant largement ces nouvelles parmi les travailleurs et leur entourage, afin de faire sortir la discussion de l’entreprise et de miner la concertation sociale.

    L’absence de médias largement diffusés favorables aux travailleurs se fait durement sentir. Tous les médias traditionnels suivent l’ordre du jour patronal. Ce n’est pas une coïncidence : ces médias sont contrôlés par le patronat. Lors de la construction du mouvement ouvrier organisé il y a un siècle, la presse ouvrière a toujours joué un rôle important. Malheureusement, les syndicats n’utilisent pas assez les possibilités. Les journaux syndicaux ne sont pas assez réguliers et pas très vivants. Les sites web des syndicats offrent à peine une vue des positions des délégués et militants dans les entreprises.

    Nous avons besoin de nos propres médias. Ce mensuel et le site web socialisme.be veulent y contribuer en publiant des rapports et des analyses venant du mouvement ouvrier. Nous voulons ouvrir un espace aux témoignages des délégués et des militants. Nous voulons également présenter des idées qui permettront aux luttes de progresser.

  • Exposition: Frida Kahlo au Bozar

    La commémoration du 200e anniversaire de l’indépendance du Mexique et du 100e anniversaire de la révolution offre l’occasion d’une exposition unique d’œuvres de Frida Kahlo.

    Kahlo a vécu dans une époque de lutte sociale aigüe en Amérique latine. Pendant 25 ans, elle a peint sur un arrière-fond de troubles politiques. Elle était elle-même une militante engagée. Frida a en effet rejoint le Parti Communiste en 1927, au moment de son mariage avec un autre artiste révolutionnaire, le peintre muraliste Diego Rivera. Tous deux ont été exclus quelques années plus tard quand ils se sont identifiés à l’Opposition de Gauche et aux idées de Léon Trotsky.

    Le caractère âpre de l’œuvre de Frida Kahlo trouve en partie son origine dans la douleur physique toujours présente à laquelle elle a été confrontée. Elle a eu la polio à l’âge de six ans, ce qui a abimé de façon permanente sa jambe droite. A 17 ans, elle a survécu de justesse à un accident de bus qui lui a brisé la colonne vertébrale en trois endroits. Elle en restera handicapée à vie, portant un corset, souffrant horriblement de la jambe et du dos, subissant fausse couche et opérations en série. Parlant de cette période, Kahlo déclara plus tard : «Je buvais pour noyer ma douleur mais cette merde de douleur apprenait à nager.» L’oeuvre de Kahlo est parfois difficile à digérer. Certains se sentiront mal à l’aise en regardant ses peintures. Parfois, il semble que l’artiste incorpore personnellement la douleur du monde entier. Mais cette douleur qu’elle ressent et sa recherche continuelle de liberté toucheront beaucoup de visiteurs, surtout les femmes. Frida Kahlo est aujourd’hui encore vue comme un symbole du féminisme. Son esprit libre a été un exemple pour les femmes partout dans le monde.

    Frida Kahlo a payé aussi un lourd prix dans sa vie personnelle pour son engagement politique. Elle a dû quitter le Mexique après le meurtre de Léon Trotsky avec qui elle avait eu une relation. D’un autre côté, tout cela l’a stimulée à approfondir le caractère politique de son œuvre.

    Frida reste une source d’inspiration pour beaucoup de militants et d’artistes au Mexique et même dans le monde. Récemment, le groupe de rock britannique Coldplay a donné le nom d’une de ses peintures, Viva la Vida, à son dernier album.

    L’exposition est accessible jusqu’au 18 avril 2010 au Bozar à Bruxellles. Plus d’infos sur www.bozar.be

  • Des emplois, pas de racisme! Manifestation Anti-NSV le 4 mars à Anvers

    Le 4 mars 2010, comme chaque année, l’association des étudiants nationalistes (NSV – Nationalistische Studenten Vereniging), l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang (tous les membres principaux du Vlaams Belang furent membres du NSV lors de leur parcours étudiant), organisera une marche de la haine dans une ville étudiante. Cette année, elle se tiendra à Anvers, où ils tentent d’attiser les problèmes de société. Comme chaque année Blokbuster organisera une contre-manifestation. Nous voulons montrer, avec les étudiants et les habitants du quartier, que nous sommes plus nombreux que le NSV et que nous cherchons ensemble de réelles solutions.

    Le tract d’EGA.

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    La liste des actes de violence commis par le NSV est tristement longue. C’est avant tout pour cela que nous organisons cette année une contre-manifestation. Nous ne pensons pas que l’extrême-droite puisse être combattue efficacement par la violence. Nous croyons en une mobilisation massive et non-violente. Ainsi, nous pourrons montrer que l’écrasante majorité des gens n’est pas sensible aux marches d’intimidation de l’extrême-droite dans les rues de nos villes.

    En octobre 2009, un groupe de membres du NSV, masqués, a tenté d’interrompre violemment une réunion des Etudiants de Gauche Actifs (EGA). Cette tentative a échoué grâce à une grande présence à la réunion d’EGA. Les membres de la NSV furent arrêtés par la police et la réunion fut un succès. No pasarán!
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    En ce moment, on estime les pertes d’emploi en Belgique pour 2011 à 800.000, avec un rythme actuel de 350 emplois perdus par jour. La fermeture annoncée d’Opel Anvers en forme un triste point d’orgue. L’extrême-droite tente d’instrumentaliser de telles tensions en affirmant par exemple que les immigrés volent nos emplois. Mais c’est la logique de la course aux profits au détriment de tout qui cause un tel chômage, notamment parmi les jeunes, et un si grand nombre de licenciements. Des marches des jeunes pour l’emploi pourraient constituer un bon premier pas afin de mener une lutte efficace contre le chômage, pour de vrais emplois pour tous. Des emplois, pas de racisme!

    En réalité, l’extrême-droite ne peut être combattue efficacement que par le développement d’une gauche alternative crédible, qui brise avec la logique du gain et se bat entre autres pour des transports publics et un enseignement gratuits et de qualité, pour la construction massive de logements sociaux, pour plus de moyens pour les services publics, pour une diminution du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires afin de redistribuer le travail disponible, etc. Au contraire de mesures comme l’interdiction non-démocratique du foulard dans les écoles secondaires, cela pourrait résoudre les problèmes de société sur lesquels l’extrême-droite se base pour se développer.

    Mais jusqu’à ce que nous arrivions à atteindre ces objectifs, le danger de l’extrême-droite reste réel. Avec leur manifestation, ils tentent de gagner en puissance et sans une forte réaction, ils n’hésiteront pas à employer la violence contre ceux qui ne partagent pas leurs idées ou contre les immigrés. C’est pourquoi nous appelons à une contre-manifestation massive et non-violente, dans une autre partie de la ville. Si tu veux nous aider à faire de cette contre-manifestation un succès, n’hésite pas à nous contacter.

    Jeudi 4 mars – 19h30 Dageraadplaats (pas loin de la gare de Berchem).

  • Lutte à Walibi (Wavre) : les conditions de travail ne sont pas un jeu !

    Depuis ce mercredi 27 janvier 2010 (cela fait donc 8 jours), le personnel du parc d’attraction de Walibi à Wavre est en grève. Une quarantaine d’ouvriers (techniciens, magasiniers, et les « super-verts » – personnel s’occupant de l’entretien des espaces verts) dénoncent des conditions de travail indécentes et les nombreuses promesses non-tenues de la part de la direction. Un camarade du PSL s’est rendu sur place pour apporter un soutien aux travailleurs, il a également pu poser quelques questions au délégué CSC.

    Baptiste

    Comment la grève a-t-elle commencé ?

    « La grève a débuté mercredi dernier, suite à des négociations qui ont commencé déjà il y a un an. Dans ces négociations, il était question d’une revalorisation de la grille salariale. Suite à un premier arrêt de travail en août dernier, la direction a fait des promesses à ce sujet, des promesses qu’elle n’a pas tenues. Aujourd’hui, la revalorisation de la grille salariale est la grosse revendication du mouvement de grève. Mais nous revendiquons également une augmentation globale de salaire (augmentation également promise mais jamais appliquée), et une amélioration de l’ensemble des conditions de travail. Par exemple, la direction propose de plus en plus de fonctionner avec des horaires à pauses, avec des contrats à court terme et un salaire horaire en jours fériés qui n’est pas plus élevé qu’en semaine. C’est toute une logique que nous refusons. »

    Ne craignez-vous pas que la direction utilise le fait que le parc ne soit pas encore ouvert pour ignorer le mouvement et les revendications ?

    « Non. Car bien que le parc soit fermé jusqu’au début de la saison, ce n’est pas le travail qui manque, que du contraire. Par exemple, pour tout ce qui concerne la maintenance et les stockages, le travail est encore plus important à l’heure actuelle qu’en période estivale. Ainsi, si la grève n’empêche pas des entrées à l’heure actuelle, la pression sur la direction est quand même bien présente car la réouverture du parc peut retarder du fait que la maintenance est en partie suspendue et comme plus aucune livraison n’est acceptée, la direction aura de plus en plus d’indemnisations à réaliser vis-à-vis des fournisseurs. »

    La détermination est de mise parmi les travailleurs au piquet. A travers les revendications, c’est un ras-le-bol profond qui dure qui s’exprime : la mascotte du parc, Walibi, en est un symbole avec sa corde autour du cou. C’est un véritable ras-le-bol sur l’ensemble des conditions de travail : une ancienneté de plusieurs années ne permet même pas de toucher 9,50€ brut de l’heure. Que du contraire, plus les années passent et plus la tendance est à la flexibilisation depuis Paris, là où siège la direction de l’entreprise : par exemple, des contrats sur un an ou plus sont détricotés en contrats de 6 mois, avec une pause de 1 mois où le travail n’est pas jugé nécessaire « car c’est la basse saison ». En outre, une telle précarisation des emplois pousse à la baisse également toute une série d’avantages hors salaire.

    La direction joue ainsi avec les conditions de travail et de vie des ouvriers. Néanmoins, la détermination, tout comme la solidarité parmi l’ensemble des travailleurs est très importante : les ouvriers au piquet entendent bien continuer la grève. Et ce n’est pas un hasard si cette grève, qui dure depuis 8 jours, est la plus importante sur les 30 années d’existence du parc d’attraction. Les travailleurs d’InBev l’ont encore démontré récemment : face aux attaques sur les conditions de travail et les mesquineries du patronat, seule la lutte paie !

  • Première action d’EGA-secondaire à Bruxelles

    Les Etudiants de Gauche Actifs-secondaire, organisation lancée en septembre de l’année passée, ont mené leur première action sur Bruxelles. Elle a rassemblé 25 jeunes contre le service militaire « volontaire » du ministre de la Défense Pieter De Crem.

    Rapport de Navid et Nico. Photos de Jente

    Aujourd’hui, conséquence de la crise économique mondiale, le chômage de masse s’accroît énormément. Pour les moins de 26 ans, le taux de chômage atteint 34,4% à Bruxelles (deux fois plus que la moyenne européenne), et jusqu’à 70% dans le quartier maritime à Molenbeek. La question d’un avenir décent se pose de plus en plus clairement pour toujours plus de jeunes. Dans cette situation, le ministre Pieter De Crem propose aux jeunes un service militaire de 6 mois (contre une rémunération complémentaire aux allocations familiales et au chômage) pour ensuite devenir chair à canon pendant 3 ans dans des campagnes militaires à l’étranger, comme en Afghanistan.

    « Resistance Internationale, contre la guerre du capital ! »,

    Il est clair que les guerres en Irak ou en Afghanistan menées par les puissances occidentales ne servent que les intérêts des multinationales. Les gouvernements veulent nous faire croire à une croisade pour la démocratie. Or, en Afghanistan, le soutien de toutes les grandes puissances à Hamid Karzai, élu sur base d’une énorme fraude électorale, illustre quelle conception de la démocratie nos politiciens défendent. Le système capitaliste privilégie les profits à court terme d’une minorité sur le dos de la majorité Nous ne voulons pas tirer sur des jeunes et des travailleurs dans ces régions ou encore risquer de se faire mutiler au combat pour les intérêts et les profits d’une poignée d’actionnaires intéressés uniquement par le pillage des richesses de ces régions et l’exploitation des populations locales.

    « Pour bombarder les gens, ils gaspillent des millions ; mais pour l’Enseignent, ils n’ont jamais un rond ! »

    De nos jours, 6 jeunes sur 10 dans le secondaire ratent au moins une année durant leur scolarité. Le taux de chômage est aussi plus élevé pour les jeunes sans diplôme. La campagne de recrutement de De Crem se tourne vers cette couche, sans emploi ou en échec scolaire. Nos gouvernements viennent de donner énormément d’argent pour sauver le système bancaire (14.000 milliards à l’échelle mondiale). Mais pour ce qui est d’améliorer nos conditions de vie, nos soins de santé ou la qualité de notre enseignement, les caisses sont vides. Au lieu d’investir dans l’armée, le gouvernement ferait mieux de refinancer l’enseignement.

    Mais dans le cadre du système capitaliste, qui ne privilégie que les bénéfices à court terme accaparés par une très petite minorité de capitalistes, de patrons et d’actionnaires en exploitant la grande majorité de la population, nous ne devons pas nous attendre à une amélioration de nos conditions de vies. C’est pourquoi il est indispensable de changer de système, de renverser le capitalisme et de construire une société socialiste où l’ensemble des travailleurs décideraient la manière de redistribuer les richesses.

    « Nous ne voulons pas de conflits sanguinaires, mais de vrais emplois avec de vrais salaires ! »

    Cette action d’EGA-secondaire était soutenue par le Comité pour une marche des jeunes pour l’emploi, initiative lancée par le PSL-LSP. Nous voulons inviter tout ceux et toutes celles, organisations, syndicats, qui veulent avec nous mettre sur pied cette marche des jeunes pour l’emploi. Pour s’assurer un avenir, un emploi et un salaire décent, il nous faudra nous organiser et lutter pour défendre nos intérêts.

    Aujourd’hui, le plan de De Crem est un précédent très important pour la jeunesse en Belgique. En commençant comme ça, il se rapproche des méthodes utilisées par l’armée américaine qui se déplace dans les écoles pour recruter. Aux USA, la résistance des jeunes et du mouvement anti-guerre se concrétise dans des actions pour empêcher les recruteurs de l’armée d’entrer dans les écoles. Nous devons dès aujourd’hui organiser la résistance en Belgique contre de telles méthodes. Nous invitons tous les jeunes intéressés à rejoindre EGA-secondaire dès aujourd’hui et à s’organiser pour un enseignement de qualité et accessible à tous, contre la guerre et le racisme.

    Rejoins EGA-secondaire !

  • Haiti. Une catastrophe qui porte la marque du capitalisme

    Une fois de plus, la population pauvre d’Haïti a été très durement touchée par une catastrophe. Mais l’ampleur prise par ce désastre n’a rien de « naturel ». Haïti est un des pays les plus pauvres au monde. Mais la faute à qui ? C’est le rôle joué par l’impérialisme des Etats-Unis et les régimes pro-USA qui se sont succédé dans le pays, qui a rendu Haïti si vulnérable à des catastrophes naturelles.

    Article de Niall Mulholland

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    Un pays pillé par l’impérialisme et ses pantins

    En 1780, quand Haïti était une colonie française, le pays exportait 60% de tout le café et 40% de tout le sucre consommés en Europe. Au lendemain de la révolution française de1789, les masses noires se sont soulevées et ont réussi à abolir l’esclavage et à obtenir l’indépendance du pays. Depuis lors, les différentes grandes puissances mondiales sont intervenues dans la « république noire » pour tenter de la mettre sous contrôle. De 1915 à 1934, les Etats-Unis ont occupé l’île. De 1957 à 1986, ils ont soutenu l’horrible régime dictatorial des Duvalier père et fils (Papa Doc, puis Baby Doc) jusqu’à ce que ce régime soit renversé par un mouvement de masse des travailleurs et des jeunes.

    Malheureusement, ces mouvements radicaux dans les villes n’ont pas mené au développement d’une direction socialiste révolutionnaire qui aurait pu mettre fin au capitalisme et réaliser les revendications des travailleurs. Il s’en est suivi un certain nombre de régimes instables qui ne sont jamais restés en place très longtemps.

    Le vide politique a été partiellement comblé par Jean-Bertrand Aristide, un prêtre populaire qui travaillait dans les bidonvilles de Port-au-Prince et qui a gagné les élections présidentielles de 1990 en promettant de combattre la pauvreté et d’instaurer la justice sociale.

    En 1991, le régime d’Aristide a été renversé par le général Cedras mais, en 1994, il a été ramené au pouvoir par les USA qui avaient perdu patience face à un Cedras qui s’était révélé moins fiable que prévu. En 2000, Aristide a été réélu avec plus de 90% des voix. Malgré des réformes limitées, il n’a pas tenu ses promesses de lutter contre la pauvreté parce qu’il n’a pas osé s’opposer aux capitalistes dans le pays. La situation a donc continué à se détériorer et le pays a glissé vers le chaos avec enlèvements, violence, fermeture d’usines,…

    L’administration Bush s’est alors retournée contre Aristide et a bloqué toute aide internationale. L’opposition de droite a lancé une révolte, soutenue par les Républicains américains. Aristide a finalement dû! fuir le pays.
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    Même avec un tremblement de terre de 7.0 sur l’échelle de Richter, l’ampleur du drame humain est essentiellement causée par la pauvreté. Haïti possède seulement deux corps de pompiers, et aucune habitation n’est prévue pour résister aux tremblements de terre. 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, les chances de survie des bébés sont parmi les plus basses dans le monde.

    Derrière l’humanitaire, les militaires

    Beaucoup de gens ordinaires ont apporté des contributions généreuses et désintéressées aux opérations de secours. En comparaison, la banque américaine Citigroup a promis 250.000 dollars, essentiellement dans une tentative de redorer son image, mais ce sont des cacahouètes face aux bonus de 5,3 milliards de dollars que la direction de la banque a reçus en 2009, soit 21.000 fois le montant donné pour Haïti. Pourquoi ces moyens-là ne sont-ils pas utilisés ?

    Les reporters du Washington Post ont raconté comment les secours ont été dirigés en premier lieu vers les hôtels fréquentés par les visiteurs internationaux et les quartiers riches. Le quartier riche de Pétionville, dont certaines parties clôturées de fil barbelé ressemblent à Beverly Hills, est sorti presque indemne de la catastrophe. Les supermarchés et les pharmacies y sont protégés par des milices privées. Le 1% le plus riche du pays – qui possède à lui seul 50% des richesses – habite dans ce quartier. Ce sont ces privilégiés qui ont bénéficié en priorité de l’aide internationale.

    Au lieu d’organiser une opération massive de secours, les Etats-Unis se concentrent surtout sur l’intervention militaire, avec déjà une présence de plus de 10.000 militaires sur l’île. Ils ont pris le contrôle du pays, et donc aussi de l’aéroport, où les avions militaires des USA ont priorité sur les avions de secours venant des autres pays. La peur des émeutes et des pillages, conséquence des difficultés d’organisation des premiers secours, a été l’excuse utilisée par le gouvernement US pour « rétablir l’ordre et la paix » avec ses troupes dans le pays.

    Au contraire de ce qui a été dit dans les médias avides de sensation, il régnait au cours des premières heures après la catastrophe une énorme solidarité entre les plus démunis : la nourriture et l’eau étaient partagées, les blessés étaient soignés par des volontaires, des gens aidaient à chercher des disparus avec les membres des familles de ceux-ci,… Mais parce que les opérations de secours se sont révélées insuffisantes pour faire face aux besoins des centaines de milliers de sans-abris, des tensions de plus en plus fortes se sont manifestées par la suite.

    Au cours des premiers jours qui ont suivi la catastrophe, des milliers de blessés sont morts à cause du manque de soins et de médicaments. Aujourd’hui, l’aide afflue mais nul ne sait si elle servira vraiment à secourir ceux qui en ont le plus besoin, puis à reconstruire et développer le pays.

    Car le risque est grand de voir une grande partie de cette aide disparaître dans la corruption. Au Sri Lanka, après le tsunami de 2005, une grande partie de l’aide a été détournée pour l’enrichissement personnel de ceux qui étaient au pouvoir et pour monter la force militaire qui a mené la guerre contre les Tamouls en 2009. Cela n’était évidemment pas le but des millions de personnes qui ont montré leur solidarité après le tsunami. Cela montre la nécessité du contrôle démocratique sur la distribution et l’organisation de l’aide.

    La politique néolibérale conduit à la pauvreté

    Le FMI a alors annoncé bruyamment qu’il accordait un nouveau prêt de 100 millions de dollars pour le pays sinistré. Ce qu’il n’a pas dit publiquement, c’est qu’il y avait des conditions à ce prêt, notamment l’interdiction de toute augmentation de salaires pour les fonctionnaires.

    La politique commerciale imposée par les institutions financières internationales depuis 1994 a mené à une diminution des taxes sur l’importation de riz qui ont été ramenées de 36% à 3%. Dans le passé, Haïti était un exportateur net de riz. Aujourd’hui, les Etats-Unis y déversent leur surplus de riz, si bien que 3 plats de riz sur 4 viennent des USA, au nom de «l’aide au développement». Les agriculteurs locaux ne parviennent plus à concurrencer le riz importé et l’économie locale s’est effondrée.

    Contrôler l’aide et la reconstruction

    Haïti, la première «République noire» née d’un soulèvement d’esclaves, a une longue histoire de révolution et de lutte. Ce n’est que si les masses haïtiennes prennent à nouveau leur avenir en mains qu’une solution pourra être trouvée à la misère, au chômage, aux coups d’Etat et aux dictatures. Il leur faut reconstruire des organisations de travailleurs – syndicales et politiques – indépendantes du pouvoir pour réclamer :

    • l’annulation de la dette extérieure
    • le contrôle démocratique des opérations de secours et de reconstruction
    • la construction d’infrastructures et de logements de bonne qualité et capables de résister aux tremblements de terre et ouragans
    • le contrôle démocratique de l’économie
    • un véritable changement sur base d’une alternative socialiste, qui puisse unir les travailleurs et les pauvres d’Haïti à ceux des Caraïbes et de tout le continent.
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