« Remettre le socialisme à l’ordre du jour »

Interview de Dominique Willaert, du comité organisateur de la Table ronde des Socialistes

Le 20 mars prochain se déroulera à Gand la «Journée du Socialisme», une journée de discussion avec des orateurs venant de différents horizons mais, malheureusement, uniquement néerlandophones. L’initiative émane de la Table Ronde des Socialistes, à laquelle participe également le PSL. Nous avons discuté de cette initiative avec Dominique Willaert, actif chez Victoria Deluxe, organisation socio-artistique gantoise, et membre du comité organisateur de la Table ronde des Socialistes.

Par Bart Vandersteene

LS: Dominique, pourquoi as-tu décidé de t’engager dans la Table Ronde ? Et pourquoi maintenant ?

DW: «En fait, cela a commencé par une déception très personnelle concernant l’évolution du SP.a. Cela m’a mis en colère, surtout quand l’arrivée de Bert Anciaux (ancien dirigeant nationaliste flamand de la Voksunie) a été utilisée pour supprimer le terme « socialisme » dans le nom du parti. J’étais en colère et déçu et j’ai trouvé qu’il était nécessaire de faire quelque chose pour remettre à l’ordre du jour le socialisme comme cadre de référence. Un texte que j’avais écrit sur la nécessité d’un grand congrès socialiste a atterri par hasard chez Tom Demeester du PTB. Ils avaient déjà commencé à réunir quelques individus pour une Table Ronde. J’ai ainsi rejoint les initiateurs de la Table Ronde des Socialistes.»

LS: Comment présenterais-tu cette Table ronde à nos lecteurs ?

DW: «Ce n’est encore qu’un embryon recherchant une initiative qui regroupe des socialistes de diverses tendances et qui travaille à les réunir. On pourrait mettre en avant qu’il existe deux grandes tâches pour la Table Ronde. Tout d’abord, développer une attitude critique à l’égard du socialisme, non seulement celui du SP.a, mais aussi celui du bloc de l’Est. Et, d’autre part, rechercher ce qui peut nous lier aujourd’hui dans la lutte pour une autre société socialiste.Personnellement, j’espère que cela pourrait évoluer vers un nouveau mouvement socialiste. Nous devons aussi de toute urgence «dépoussiérer» de la théorie. Nous vivons dans une période « anti-théorique » où les nouvelles du jour dominent et où tout est approché de manière soi-disant pragmatique. La Table ronde doit choisir avec fermeté une approche idéologique face aux enjeux actuels.»

LS: Que pouvons-nous attendre de la première activité publique, la Journée du Socialisme ?

DW: «La première Journée du Socialisme réunira des personnes qui ont aujourd’hui le courage d’une réflexion idéologique sur la théorie socialiste liée au marxisme. Nous voulons réunir les gens dans plusieurs débats qui se mèneront dans 8 groupes de travail. La journée doit renforcer la conviction que nous pouvons offrir une perspective socialiste à la société. Les jeunes, surtout, doivent refuser le mythe qui dit qu’il n’existe qu’un seul type de système de société. Aujourd’hui, les jeunes n’osent pas imaginer une utopie. Ils voient bien les problèmes économiques dans le monde, mais ils ont des difficultés à désigner explicitement le capitalisme. Contrairement à l’individualisme enfoncé dans les crânes par tous les moyens possibles, nous osons mettre à nouveau en avant des alternatives collectives, mettre la solidarité et la collectivité au premier plan. Et si l’on développe des critiques par rapport à ce qu’il s’est passé dans le bloc de l’Est, cela ne veut pas dire que nous devons jeter par dessus bord le cadre de référence socialiste.»

LS: Il règne une grande confusion à propos de ce que signifie le socialisme aujourd’hui. Pourrais-tu essayer d’expliquer de manière compréhensible ce qu’il signifie pour toi ?

DW: «Le socialisme signifie pour moi oser croire à la puissance de la collectivité et à la poursuite d’un intérêt général et partagé. Il s’agit de réduire les inégalités entre riches et pauvres, créer le plus grand bonheur possible pour tous. Quand on voit aujourd’hui la concentration de la richesse dans une toute petite proportion de la population, alors il faut oser affirmer que notre tâche ne consiste pas à lutter contre la pauvreté, mais contre la richesse. La justice sociale doit être notre principe éthique et cela ne peut se faire que par un plus grand rôle pour l’État, la collectivité, dans l’organisation de la société.»

LS: Et comment pouvons-nous le réaliser selon toi ?

DW: «Cela peut seulement se faire avec un projet politique. Nous avons besoin à nouveau de courage pour agir politiquement, et pas seulement dans le sens traditionnel du terme. Il existe de nombreuses autres façons. Cela va du rôle que tu prends dans le débat public, à l’organisation dans laquelle tu travailles, à l’organisation et la participation à des manifestations, des activités,…»

LS: Que pouvons-nous attendre de la Table Ronde ?

DW: «Notre comité organisateur est aujourd’hui animé d’une bonne dynamique. Ce qui est assez surprenant, compte tenu des différences politiques de certains des participants. Un intérêt commun s’est développé parmi les participants, qu’ils soient du PSL, du PTB, des anciens du CAP ou des gens venant de nombreux autres horizons. Le travail en commun s’effectue fraternellement et cela promet pour l’avenir. Cela donne envie d’aller plus loin. Nous devons veiller à ce que ce ne soit pas une initiative d’un jour et qu’une suite soit donnée après le 20 mars.»

Inscrivez-vous à la Journée du Socialisme du 20 mars 2010 qui se déroulera dans le bâtiment du “Vooruit” à Gand.

Plus d’infos sur: www.dagvanhetsocialisme.be

Author

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop