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  • 1672 licenciements chez Carrefour: il faut résister!

    Hier, le groupe Carrefour a fait connaître sa volonté de licencier 1672 personnes et de fermer 21 magasins en Belgique. Si les médias parlent de bénéfices en baisse, Carrefour a néanmoins réalisé l’an dernier un bénéfice de plus de 400 millions d’euros. Les travailleurs sont sacrifiés pour la soif de profits aveugle des actionnaires. Il faut résister!

    Par Jonas

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    De nos archives

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    Des rumeurs circulaient déjà depuis quelques jours au sujet d’un nouveau plan d’assainissement chez Carrefour. Une chose était claire, il était question de centaines de licenciements. Carrefour s’ajoute à la liste des multinationales présentes en Belgique qui ont dévoilé des plans de “ restructuration” : Opel, Bayer, Inbev,… à un moment où des centaines de milliers de travailleurs et de jeunes se trouvent déjà sans emploi.

    Et puis la nouvelle est tombée: 1.672 personnes risquent de perdre leur emploi et 21 magasins de fermer d’ici au 30 juin. Les sites concernés sont ceux de Bruges, Middelkerke, Zwijnaarde, Malines, Westerlo, Genk, Eupen, Kuurne, Mouscron, Renaix, Casteau, Haine-St.- Pierre, Jumet, Gand, Courtrai, Anvers, Maaseik et Maasmechelen. En plus, 10 magasins doivent être franchisés et 20 cédés à la famille Mestdagh. Le dépôt de Ternat (de Logistics, un sous-traitant), qui compte un personnel de 270 personnes, va également fermer. Ternat Logistics fournit surtout les hypermarchés. Il est encore question de geler les salaires des travailleurs qui sont sous la Comité Paritaire 312 (concernant les ouvriers et employés des grands magasins).

    Des licenciements prémédités

    La direction craignait qu’un tel plan d’économie ne soit considéré comme totalement inacceptable par le personnel mais aussi par l’opinion publique. C’est pour cela que ces licenciements ont été préparés des mois durant en faisant circuler toutes sortes de scénarios catastrophe. Il y a déjà plusieurs mois, on a lancé une rumeur selon laquelle le groupe Carrefour dans sa totalité pourrait quitter la Belgique, rumeur destinée à susciter une peur telle que le personnel accepte plus facilement le plan d’économie actuel.

    Les chiffres de la comptabilité de la chaîne ont aussi été consciemment falsifiés. Au nouvel an, la direction a retiré de Carrefour-Belgique au moins 1 milliard d’euros afin d’artificiellement appauvrir la société. Le quotidien flamand De Standard déclarait ce lundi: “ en jouant avec les flux monétaires, on peut le rendre vendable (le plan d’assainissement, ndlr)… Carrefour a retiré de l’argent de la société en Belgique pour que les syndicats négocient maintenant avec une entreprise «pauvre». Du fait même que l’argent est parti, Carrefour est en quelque sorte moins vulnérable au chantage social.”

    Le tantième plan d’austérité

    En termes de plans d’assainissement, Carrefour n’en est pas à son coup d’essai. Ces dernières années, la multinationale en a lancé toute une série. Une méthode éprouvée est de fermer les magasins (16 en 2007) pour les revendre ensuite à des indépendants. Le personnel peut être éventuellement ré-accepté, mais avec des salaires beaucoup plus bas et une plus mauvaise protection syndicale. Mais le personnel plus âgé est alors éliminé: trop d’ancienneté et trop d’expérience syndicale.

    Carrefour a entre-temps continué à recevoir des bénéfices avec la location de son installation et les droits de vente. De beaux bénéfices donc, et aucune charge sur un personnel qui pourrait en plus protester contre l’exploitation!

    Un autre moyen par lequel Carrefour sacrifie son personnel pour ses actionnaires est de donner un autre statut aux travailleurs des nouveaux sites. Ainsi, il y a quelques années, un nouveau site a ouvert à Bruges, la Tour Bleue. Mais ce qui était surtout nouveau, c’était les conditions de travail du personnel. Au lieu d’être sous la commission paritaire 312, la commission des supermarchés, le nouveau personnel est tombé sous la commission paritaire 202.01, pour le commerce de détail indépendant. La direction a ainsi pu économiser 25% sur ses coûts de personnel. En plus, les travailleurs étaient contrôlés par caméra et il n’y avait pas de délégation syndicale.

    Il n’est pas étonnant que ces emplois low-cost n’aient pas été très populaires parmi les chercheurs d’emploi brugeois, il a été nécessaire de ‘collaborer’ avec la VDAB (équivalent flamand du Forem). Tous les chômeurs brugeois ont été invités à une bourse à l’emploi à la Tour Bleue pour accepter un travail dans ce Carrefour. Celui qui refusait ces conditions perdait immédiatement ses allocations. L’esclavage moderne, c’est quelque chose de ce genre!

    Répression

    Trends/Tendance a fait connaître ce lundi que le Conseil d’Administration qui devait annoncer les licenciements serait protégé de près. Un service de sécurité a été spécialement engagé contre les employés qui n’auraient pas été d’accord de se tenir à l’écart. Cela illustre déjà en soi la manière dont Carrefour traite son personnel, surtout s’ils ne sont pas d’accord avec l’exploitation: la répression est un atout.

    Là non plus, Carrefour n’en est pas à son coup d’essai. La chaîne a déjà démontré dans le passé à quel point elle méprisait le droit de grève en le foulant allègrement des pieds. Quand le personnel était en grève pour protester avec raison contre des restructurations, les piquets de grève de travailleurs et de clients n’ont rencontré de Carrefour que des coups de téléphone d’intimidation, des huissiers, des requêtes unilatérales, des astreintes, la violence physique de la direction et même la violence policière.

    Même les militants politiques et syndicaux qui ont soutenu la lutte des travailleurs de Carrefour ont déjà été confrontés à différentes reprises à la répression brutale de la direction de Carrefour. Le 8 novembre 2008, avec quelques autres syndicalistes un militant de l’ACOD (la CGSP flamande) a été arrêté par la police au Carrefour de Leeuw Saint Pierre. Il a été frappé d’une amende par la suite, en plus d’une taxe-combi.

    Même les médias capitalistes et le système judiciaire trouvent parfois que Carrefour exagère tout de même. En décembre 2008, le tribunal de Furnes a ainsi affirmé que la procédure de requête unilatérale utilisée par la direction pour interdire les piquets de grève était illégale.

    Il faut résister

    Ce n’est pas en comptant sur le tribunal et les médias que nous pouvons remporter la lutte contre les plans d’assainissement de Carrefour. Le personnel et les syndicats doivent organiser la résistance. La lutte paie! C’est ce que de précédentes actions ont déjà démontré dans le passé, y compris à Carrefour.

    Ces dernières semaines, les travailleurs de Bayer et d’InBev ont montré l’exemple. Vis-à-vis de la cupidité des capitalistes, en tant que travailleurs et syndicalistes, nous devons avoir une réponse pour riposter. Durant des années, les bénéfices n’ont cessé de grimper, pourquoi devons nous continuer à payer pour ces bénéfices? Carrefour fait toujours un bénéfice net annuel de plus de 400 millions d’euros!

    Accepter les exigences de la direction serait interprété comme un signe de faiblesse, et d’autres attaques suivraient encore. Dans les magasins qui ne sont pas aujourd’hui menacés de fermetures, une défaite aurait de lourdes conséquences. Pour tout cela, il faut lutter et résister. Ce mardi après-midi, le Carrefour de Leeuw Saint Pierre a donné le bon exemple en partant en grève. D’autres magasins ont suivi.

    Organiser la résistance dans un supermarché est évident. Mais le personnel est divisé dans différentes implantations, et dans les plus petits magasins, le personnel se trouve souvent dans une position plus faible vis-à-vis de la répression et des huissiers. L’organisation de la solidarité entre les magasins et avec les habitants des quartier voisins est cruciale pour une victoire dans cette lutte pour conserver les emplois et les conditions de travail.

    Les syndicats doivent aussi élaborer un plan de lutte si Carrefour veut faire passer ses projets en force. Généraliser la lutte vers d’autres magasins, d’autres entreprises et d’autres secteurs sera alors nécessaire.

  • Qu’est-ce que la «wallonisation»?

    Ces derniers mois, certains médias se sont demandé si la Flandre était en voie de «wallonisation». L’expression désigne une économie souffrant des mêmes maux que la Wallonie, comme un taux de chômage élevé et une morosité économique générale. L’expression peut se comprendre dans le sens où, depuis le début de la crise, les pertes d’emploi sont plus importantes en Flandre qu’en Wallonie. Dans le nord du pays, en 2009, le chômage a grimpé de 23.8%, contre «seulement» 3,4% en Wallonie. Pour le mois de janvier 2010, la tendance se maintient avec une croissance de 15% en Flandre et de 7% en Wallonie (la fermeture d’Opel-Anvers n’est pas encore comptabilisée).

    Par Ben (Mons)

    En fait, la question que l’on peut se poser, c’est de savoir si la Flandre n’est pas en train de subir une vague de désindustrialisation (notamment dans l’automobile) similaire à ce que la Wallonie a subi il y a quelques décennies de cela avec la fermeture des charbonnages ou encore la diminution de l’activité industrielle dans le verre et l’acier.

    Dans ce cas, il peut être utile de montrer en quelques chiffres quelles peuvent être les conséquences d’une désindustrialisation. Le cas du Hainaut est à ce titre assez significatif. Le revenu annuel moyen par habitant y est de 12.647 euros et le taux de chômage y était de 21% en 2009 (contre 17,6% pour toute la région wallonne et 7,1% en Flandre).

    L’aspect le plus dramatique est peut être le taux de chômage parmi les jeunes. En 2007, le taux de chômage chez les 15-24 ans de la province était de 36,8%! Sur les 660 régions d’Europe, ces chiffres plaçaient le Hainaut à la 5ème place, après, entre autres, la Guadeloupe et la Martinique. Pour la même période, la Flandre se situait à la 453e position. Dans cette situation, il n’est pas surprenant que certains avancent le chiffre de 300.000 analphabètes pour l’ensemble de la Wallonie. On ne sera d’ailleurs pas étonné non plus de l’énorme sentiment d’insécurité qui existe un peu partout dans le Hainaut.

    Comment éviter ça? La logique de profit et de rentabilité à tout prix du capitalisme nous conduit inévitablement à ce genre de drame. Il est nécessaire de lutter pour nos droits. Durant la grève de 1960-61, et encore par la suite, le mouvement des travailleurs s’est battu avec acharnement pour revendiquer, entre autres, le plein emploi dans des conditions décentes, voire l’établissement d’une économie sous le contrôle démocratique des travailleurs, orientée vers la satisfaction des besoins de tous et non plus sur base des profit de quelques uns. L’échec malheureux de ces mouvements de lutte n’a pas pu empêcher que la Wallonie soit jetée sur le chemin de la dégradation économique et sociale.

    Revenir sur les raisons de cet échec est crucial afin d’en tirer les leçons et de faire en sorte que les futurs mouvements de lutte soient victorieux.

  • Lituanie: Quand le capitalisme fait faillite…

    En Europe de l’Est, la crise économique a frappé de manière particulièrement sévère. Les trois républiques baltes en particulier (Lituanie, Estonie et Lettonie – qui faisaient partie de l’URSS jusqu’en 1991) ont vu leur économie chuter avec des récessions économiques à deux chiffres. Ces pays sont presque en faillite. La pauvreté, des baisses salariales parfois très lourdes, des logements insalubres, un enseignement inaccessible,… touchent la plupart des travailleurs et leurs familles. Nous avons discuté avec Vyte, une lituanienne qui vit en Belgique. Elle est membre du PSL et a des contacts réguliers avec sa famille en Lituanie. L’histoire de la Lituanie pourrait bien se répéter à court terme dans des pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal,…

    Interview par Peter Delsing

    « Je voudrais donner trois exemples de la crise en Lituanie: la situation des professeurs, des infirmiers et des journalistes. Ma sœur est professeure dans une école secondaire. Récemment, elle a été appelée par la direction. Celle-ci lui a proposé un nouveau contrat avec une baisse de salaire de 20% à cause de la crise ! Son salaire n’est que de 1000 litas par mois (à peu près 290 euros). Avec ça, elle doit payer son studio qui coûte 600 litas, sans compter l’électricité et le chauffage. Si la baisse de salaire est imposée, elle n’aurait que 200 litas par mois pour vivre, c’est-à-dire 2 euros par jour !

    « 10% des gens en Lituanie n’ont même pas assez d’argent pour acheter de la nourriture. En plus de cela, l’Etat impose un taux de TVA sur les produits alimentaires très élevé. Je suis allée une fois au supermarché en Belgique avec une autre de mes sœurs qui me rendait visite. Le prix d’un kilo d’oranges ou de la plupart des produits alimentaires ne diffère pas beaucoup du prix en Lituanie, alors que les salaires y sont beaucoup plus bas. Beaucoup de gens vont donc en Pologne pour y acheter des pâtes, des biscuits, du riz… La nourriture y est moins chère parce que la TVA y est plus basse. »

    « Le syndicat avait conseillé à ma sœur, la professeure, de ne pas signer le nouveau contrat parce qu’il n’était pas légal. La direction lui faisait simplement du chantage : «Il y a assez de gens pour te remplacer», lui a-t’on dit brutalement. C’est d’ailleurs un objectif général du gouvernement : diminuer de 20% les salaires des professeurs. Car les caisses de l’Etat sont vides. « Si l’on travaille et vit encore chez ses parents, la situation est encore plus ou moins gérable. Beaucoup de jeunes y sont forcés. Le minerval pour étudier à l’université coûte 3.500 litas par an (à peu près 1.000 euros). Pour les cours de médecine ou d’ingénieur, c’est encore plus. Si les parents sont de simples travailleurs, il faut oublier complètement l’idée de faire des études supérieures. Il n’y a simplement pas d’argent. A Vilnius, l’université possède des logements étudiants, où les étudiants sont logés à 4 ou 6 dans une chambre. Ce sont presque des casernes.

    « Les infirmiers gagnent encore moins que les professeurs: dans les hôpitaux publics, ils ne gagnent pas plus de 700 litas. Dans les hôpitaux privés, si tu as une spécialisation et si tu es l’assistant d’un médecin, tu peux gagner 1000 litas par mois. « Mon autre sœur en Lituanie est une journaliste free lance. Elle espère ainsi pouvoir payer ses coûts d’études. Si tu as un nom, tu peux gagner jusqu’à 2000 litas en tant que journaliste. Mais pour cela, on attend de toi que tu travailles 14 à 16 heures par jour. Il faut préparer les articles, participer à des réunions,… Il arrive même que les journalistes téléphonent encore après le boulot pour faire de la publicité pour leurs articles. Sinon leur salaire ne leur permet pas de vivre.

    « Ces derniers mois, il y a eu un scandale en Lituanie. Les ministres s’étaient octroyés, en pleine crise, des bonus de 30.000 euros par an ! Tout en recevant déjà un salaire mensuel de 3.000 euros. Comment osent-ils ? En même temps, ces politiciens veulent abolir les aides alimentaires pour les femmes divorcées. Beaucoup de gens en Lituanie ne vivent que de sarrasin et de riz parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de manger de la viande.

    « En septembre et octobre, les chauffeurs de bus ont mené des actions à Kaunas pour réclamer des augmentations salariales. Les travailleurs des bibliothèques sont également sortis dans la rue. A Vilnius, il est interdit de manifester devant le parlement. Ils ont donc été obligés de manifester dans le parc. Le 4 novembre, une grève générale avait été annoncée par les syndicats, mais elle a été postposée par la direction syndicale. Néanmoins, quelques groupes de travailleurs sont quand même partis en grève.

    « Le sentiment général est que, à l’époque de l’URSS, malgré la répression sévère, de nombreux services de base étaient accessibles à tous. Moi-même, je suis trop jeune pour me rappeler de ça. Maintenant, sous le capitalisme, le nombre d’habitants est tombé à 3 millions. 700.000 personnes ont quitté le pays. »

  • VIDEO Peter Taaffe à propos du nouveau livre de Robert Service sur Trotsky

    Robert Service, l’auteur d’une nouvelle biographie de Trotsky, a refusé d’entrer en débat avec notre parti-frère anglais, le Socialist Party. Ce n’est pas un hasard si un livre arrive ainsi pour attaquer Trotsky. Cela fait partie d’une tentative consciente pour dénigrer les idées et la méthode de Trotsky à un moment de crise du capitalisme. Dans la vidéo ci-dessous, Peter Taaffe critique ce livre (il y a cinq les parties, en anglais).

    Documentaire sur la vie de Trotsky

    Ce film documentaire français est constitué de deux parties: “Révolutions”, qui raconte différents épisodes de la vie de Trotsky de la révolution de 1905 à la victoire de Joseph Staline sur l’Opposition de Gauche en 1927, et “Exils”, qui aborde la vie de Trotsky d’Alma-Ata à la ville de Mexico où il sera assassiné par un agent de Staline, en passant par Prinkipo, la France et la Norvège où Trotsky a continué sa lutte contre le stalinisme. Réalisé par Patrick Le Gall et Alain Dugrand, ce film a reçu le prix du documentaire au FIPA de 1988. Il est constitué d’archives filmées d’époque et de nombreux témoignages : Marcel Body, Pierre Naville, Vlady (le fils de Victor Serge), Gérard Rosenthal, Maurice Nadeau, David Rousset, et d’analyses d’historiens tels que le regretté Pierre Broué et Jean-Jacques Marie.

  • NON à la libéralisation – OUI à la sécurité et au service

    TRACT – Après la catastrophe de Buizingen:

    Ce samedi 20 février une marche en hommage aux victimes de la catastrophe de Buizingen ainsi que contre les négligences et les priorités des autorités et de la SNCB a été organisée à Mons. L’un des organisateurs est le porte-parole du comité des victimes de l’incendie des Mésanges, incident au cours duquel sept personnes avaient laissé la vie en 2003, il y a tout juste sept ans. La marche met notamment en avant comme slogan: «NON à l’insécurité et aux catastrophes! OUI à la sécurité de la VIE!» Environ 300 peronnes étaient présentes, dont quelques militants du PSL, avec un tract réclamant plus de moyens pour la qualité et la sécurité du service ainsi que la renationalisation de la SNCB.

    Tract du PSL

    > Tract en version PDF

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    • Après la catastrophe de Buizingen – Article basé sur une discussion entre cheminots
    • Stop à la machine de libéralisation européenne – Les voyageurs et le personnel en danger!
    • B-Cargo: «C’est un combat pour un transport sécurisé et écologique, où le personnel n’est pas taillable et corvéable à merci»
    • CHANTAGE à B-Cargo: “Filialiser ou arrêter toute activité”

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    Un drame comme celui de ce lundi 15 février ne laisse personne indifférent et nous tenons à exprimer notre solidarité avec les familles, amis et collègues des victimes. Cet effroyable accident n’aurait jamais dû se produire, mais il est possible d’assurer que pareille catastrophe ne se produise plus à l’avenir.

    Les usagers et les travailleurs sont les premiers concernés par la manière dont fonctionne la SNCB, certainement en matière de sécurité. Pourquoi ne sont-ils pas impliqués dans le processus de prise de décision? Ils devraient avoir de réels moyens de se faire entendre.

    Les causes du drame ne sont peut-être pas encore claires pour certains, mais il nous est évident qu’attendre la fi n de l’enquête n’est pas nécessaire pour tirer certaines conclusions.

    Depuis la libéralisation des chemins de fer, de nombreux problèmes ont prouvé que de telles pratiques entravaient tant la sécurité des employés que celle des voyageurs. Les travailleurs de la SNCB essayent de se faire entendre depuis longtemps sur cette question, car ils ne peuvent que constater que toutes les libéralisations de chemin de fer en Europe ont provoqué des catastrophes ferroviaires (Angleterre, Italie, etc.) la libéralisation signifie d’entrer dans une logique de profi t et de rentabilité incompatible avec nos intérêts en termes de qualité de service et de sécurité. Des économies ont ainsi été réalisées dans l’entretien du matériel et dans les installations de sécurité.

    Pour couronner le tout, la direction augmente la charge de travail d’année en année. Tout changement de la grille horaire est prétexte à l’allongement des prestations et à l’augmentation de la charge de travail. Les conducteurs roulent presque sans arrêt avec une pause entre deux trajets limitée au strict minimum. La fl exibilité est maximale alors que les journées commencent très tôt (parfois à 2h40 du matin), ce qui est également très néfaste pour la concentration, et donc pour la sécurité.

    C’est d’autant plus scandaleux de voir qu’a côté du manque cruel d’investissements en matière de sécurité, l’argent ne manque pas pour les gares de prestige aux coûts astronomiques (la gare de Liège Guillemins a coûté un demi-milliard d’euros… et le même architecte s’occupe de celle de Mons)

    Mais cela se reproduira, ici ou ailleurs, puisqu’il faut aller toujours plus dans le sens de la privatisation. Mais alors, LEURS profits et LEUR prestige passent avant NOTRE SECURITE. C’est pourtant nous qui faisons tourner la SNCB!

    Face à la politique néolibérale de tous les partis traditionnels;

    • Plus un sous pour leurs projets de prestige!
    • Instauration immédiate du système d’immobilisation automatique sur toutes les lignes!
    • Réouverture des lignes et des gares fermées pour cause de «rentabilité»!
    • Engagement massif de personnel suppléme taire pour lutter contre les cadences infernales et améliorer la qualité du service!
    • RENATIONALISATION de la SNCB sous le contrôle des travailleurs et des usagers! Mise à pied des tops managers et remplacement de ceux-ci par un organe de gestion démocrat quement élu et transparent.
    • Pour des transports en communs gratuits et de qualité!
  • Afghanistan: Operation Moshtarak – La nouvelle offensive d’Obama

    L’OTAN a commencé une offensive massive dans le sud de l’Afghanistan. Avec 15.000 soldats principalement américains, britanniques et afghans, l’«opération Moshtarak» doit être le prototype de la nouvelle tactique d’Obama & Co dans le monde. C’est la plus grande offensive de l’occupation de l’Afghanistan, uniquement comparable à certaines phases de la guerre du Vietnam. L’offensive pakistanaise dans la vallée du Swat qui s’est déroulée un peu plus tôt n’a pas permis de restaurer la stabilité et le calme. L’offensive dans le Helmand y parviendra-t-elle?

    Par Geert Cool

    L’opération Moshtarak est une campagne extrêmement médiatisée. Début février, dix jours avant le début de l’offensive, cette opération a été annoncée dans un communiqué de presse du Pentagone. Au même moment, des tracts étaient déjà en train d’être distribués dans la ville de Marjah afin de prévenir la population du début de la plus grande offensive depuis le début de la guerre. Il semble que le Pentagone lui-même voulait s’assurer que les Talibans soient au courant de ces plans. Le 4 février, le journal pakistanais L’Aube écrivait déjà que «Un porte-parole du Ministère de la Défense afghan a confirmé qu’une offensive impliquant des dizaines de milliers de troupes était en préparation. Bien qu’il ait refusé de confirmer l’endroit, une rumeur bien répandue affirmait qu’il n’était pas exclu que son objectif soit la ville de Marjah, aujourd’hui contrôlée par les talibans.»

    Les rumeurs ont de suite parlé d’une vague de réfugiés limitée, quelques centaines de familles qui auraient pris la fuite. La ville de Marjah compte environ 80.000 habitants, auxquels on peut ajouter les faubourgs pour un total d’environ 100.000 habitants. Cette ville, dans toute son ampleur, fait donc plus ou moins la taille de La Louvière. C’est là que se dirigent maintenant 15.000 soldats afin d’en chasser les talibans dont l’effectif est estimé à entre 500 et 1000 personnes. L’annonce publique de l’offensive via médias et tracts à Marjah est surprenante. L’objectif était-il de laisser aux talibans le temps de fuir de sorte qu’une «victoire» rapide puisse être engrangée tandis que le monde entier observe? Il était déjà annoncé le 4 février qu’un grand nombre de talibans avaient quitté la ville, probablement pour se regrouper ailleurs.

    La ville de Marjah est passée quelque temps sous contrôle taliban depuis que quelques centaines de militants y ont été attirés cet été. La ville se trouve dans la province du Helmand, au sud. 92% de la population y est de nationalité pachtoune. La province est responsable de plus de 40% de la production mondiale d’opium. Dans la région, les talibans ont eu un impact de plus en plus grand. Les troupes d’occupation y sont dirigées par les Britanniques.

    Il y a déjà eu cet été une offensive de grande ampleur, l’opération Khanjar, impliquant 4.000 soldats américains et 650 soldats afghans. Cette opération était une préparation de l’offensive actuelle. Les troupes ont reçu l’instruction de ne pas trop tirer et de gagner la confiance de la population locale, un «calme tactique», selon les mots du Général McChrystal. La grande offensive a donc fait en sorte qu’une partie des talibans sont partis du voisinage de la capitale provinciale, Lashkar Gah, pour gagner le nord et le sud de la province, certains parvenant même au Pakistan. Ceci a été confirmé par le Ministère de la Défense afghan.

    Pour éviter un nouvel exode des talibans vers le Pakistan, des négociations ont été menées avec le régime pakistanais avant le début de l’«opération Moshtarak». En outre, un accord aurait à ce qu’on dit été obtenu au sujet du règlement de toute une série d’accidents avec des drones (des bombardiers sans pilote). Le régime pakistanais ne s’est pas montré prêt à lancer une offensive dans le Nord-Waziristan.

    L’offensive de Marjah doit valider la stratégie du Général McChrystal: la capture du contrôle dans les villes. La population locale voit cela avec des sentiments mitigés. En mai 2009, les troupes internationales et afghanes avaient déjà conquis la ville, mais il n’a fallu alors que peu de temps avant que les talibans n’en reprennent le contrôle, et ne restaurent la ville en tant que centre et base logistique du commerce d’opium.

    Avec l’offensive de Marjah, les talibans sont confrontés aux forces militaires. En outre, des pertes civiles ont déjà été déplorées : dimanche dernier, 12 civils afghans ont été tués par la chute d’une roquette américaine. Le Général McChrystal s’est excusé de cela auprès du Président Karzaï, dont le porte-parole avait fait savoir que le Président était extrêmement inquiet de cet incident. A la suite de l’opération militaire internationale, une trentaine de combattants talibans avaient été éliminés.

    La tentative de contrôler les centres-villes fait un peu penser à l’occupation russe dans les années ‘80. Les troupes soviétiques avaient, à l’«apogée» de l’occupation, environ 100.000 hommes en Afghanistan, et essayaient avec ceux-ci de prendre le contrôle des villes. Les moudjahiddines (combattants islamistes) menaient une guerre de guérilla à partir de la campagne. Lorsque, en 1985, Gorbatchev est arrivé au pouvoir, il croyait qu’il pouvait mettre un terme à cette guerre. Cela devait se produire via la hausse des effectifs à 108.800 hommes, par lequel les moudjahiddines iraient de défaite en défaite, sans qu’une grosse défaite définitive ne soit infligée. Mais l’Union Soviétique ne pouvant pas continuer à financer l’énorme coût de la guerre, le bourbier afghan sans perspective a accéléré le développement de la crise en Union Soviétique.

    De la même manière que Gorbatchev le faisait en son temps en Union Soviétique, Obama a amené aux Etats-Unis un nouveau souffle avec ses beaux discours sur le «changement» et l’«espoir». Il pense aussi pouvoir amener la paix en menant la guerre, avec une grande offensive qui mettra les talibans KO une bonne fois pour toutes. C’est une illusion.

    L’opération Moshtakar se déroule de manière relativement difficile malgré tous les efforts pour laisser filer les talibans à l’avance. Si, pour le contrôle d’une ville de 80.000 habitants, il faut 15.000 soldats, alors Obama va devoir faire passer ses recruteurs aux Etats-Unis à la vitesse supérieure, puisqu’il désire établir son contrôle sur l’ensemble de la province du Helmand (1,4 millions d’habitants).

    De surcroît, il reste la menace d’un élargissement régional du conflit. Samedi dernier encore, des victimes sont tombées lors d’une attaque dans la ville indienne de Pune, à côté de Mumbai (Bombay). Cette attaque s’est produite directement après l’annonce de nouvelles négociations entre les ennemis jurés que sont le Pakistan et l’Inde. De l’Inde, des doigts accusateurs ont pointé le Pakistan; le parti nationaliste hindou d’opposition BJP revendique la fin des négociations avec le Pakistan. Bien que cette attaque puisse n’avoir aucun lien direct avec l’offensive au sud de l’Afghanistan, elle fait tout de même partie du même processus. Les Etats-Unis ont besoin du Pakistan en tant qu’allié, et pour que cet allié reste fiable, il faut également un arrangement avec l’Inde. Les négociations prévues entre les deux pays font donc pour les Etats-Unis logiquement partie de leur stratégie en Afghanistan, qui est également le cadre de l’opération Moshtarak.

    La nouvelle offensive en Afghanistan permettra sans doute de reprendre le contrôle de la ville de Marjah aux talibans, mais ne constituera pas une défaite définitive pour les talibans. Qui plus est, elle va encore plus exacerber les tensions régionales. La nouvelle stratégie du Général McChrystal et du Président Obama pourrait bien accomplir le même résultat que l’effort de guerre de Gorbatchev en son temps. Cela ne l’a pas seulement conduit à une défaite en Afghanistan, mais aussi à une défaite dans son propre pays, avec la chute du Bloc de l’Est.

  • Louvain: Manifestation antifasciste – NON à la reconaissance du NSV comme cercle universitaire! (3)

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    • Reportage photos de Kristof
    • Reportage photos de Jan

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    Ce jeudi soir, une centaine de jeunes ont manifesté à Louvain pour protester contre la possible reconnaissance du NSV à l’université de Louvain. Le NSV est un cercle étudiant d’extrême-droite qui ne répugne pas à recourir à la violence pour propager son message de haine. Cette organisation, le cercle étudiant officeux du Vlaams Belang, essaye d’être reconnue dans toutes les universités flamandes. A l’unique université où c’est déjà le cas depuis longtemps, à Anvers, cela leur a donné suffisamment de confiance pour qu’ils organisent une attaque physique (repoussée) contre une réunion des Etudiants de gauche Actifs, en octobre dernier. Les Etudiants de Gauche Actifs avaient appelés à manifester hier à Louvain, mais entre 600 et 700 listes de pétitions ont également été remises pour protester contre cette reconnaissance. La décision doit être prise aujourd’hui. EGA a fait une manifestation combative qui a pu compter sur beaucoup de soutien et de sympathie dans les quartiers du parcours.

    Jente

    Jobs, geen racisme – Des emplois, pas de racisme!

  • Louvain: Manifestation antifasciste – NON à la reconaissance du NSV comme cercle universitaire! (2)

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    • Reportage photos de Jente
    • Reportage photos de Jan

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    Ce jeudi soir, une centaine de jeunes ont manifesté à Louvain pour protester contre la possible reconnaissance du NSV à l’université de Louvain. Le NSV est un cercle étudiant d’extrême-droite qui ne répugne pas à recourir à la violence pour propager son message de haine. Cette organisation, le cercle étudiant officeux du Vlaams Belang, essaye d’être reconnue dans toutes les universités flamandes. A l’unique université où c’est déjà le cas depuis longtemps, à Anvers, cela leur a donné suffisamment de confiance pour qu’ils organisent une attaque physique (repoussée) contre une réunion des Etudiants de gauche Actifs, en octobre dernier. Les Etudiants de Gauche Actifs avaient appelés à manifester hier à Louvain, mais entre 600 et 700 listes de pétitions ont également été remises pour protester contre cette reconnaissance. La décision doit être prise aujourd’hui. EGA a fait une manifestation combative qui a pu compter sur beaucoup de soutien et de sympathie dans les quartiers du parcours.

    Kristof

    Jobs, geen racisme – Des emplois, pas de racisme!

  • Louvain: Manifestation antifasciste – NON à la reconaissance du NSV comme cercle universitaire!

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    • Reportage photos de Jente
    • Reportage photos de Christof

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    Ce jeudi soir, une centaine de jeunes ont manifesté à Louvain pour protester contre la possible reconnaissance du NSV à l’université de Louvain. Le NSV est un cercle étudiant d’extrême-droite qui ne répugne pas à recourir à la violence pour propager son message de haine. Cette organisation, le cercle étudiant officeux du Vlaams Belang, essaye d’être reconnue dans toutes les universités flamandes. A l’unique université où c’est déjà le cas depuis longtemps, à Anvers, cela leur a donné suffisamment de confiance pour qu’ils organisent une attaque physique (repoussée) contre une réunion des Etudiants de gauche Actifs, en octobre dernier. Les Etudiants de Gauche Actifs avaient appelés à manifester hier à Louvain, mais entre 600 et 700 listes de pétitions ont également été remises pour protester contre cette reconnaissance. La décision doit être prise aujourd’hui. EGA a fait une manifestation combative qui a pu compter sur beaucoup de soutien et de sympathie dans les quartiers du parcours.

    Jan

    Jobs, geen racisme – Des emplois, pas de racisme!

  • Il faut des investissements dans la sécurité et le service – halte à la politique de libéralisation!

    Après la catastrophe de Buizingen

    La catastrophe ferroviaire de Buizingen entraîne une discussion sociale plus profonde au sujet de la sécurité du rail belge ainsi que de ce qu’y doit être la prestation de services. Le constat est que, ces dernières années, l’administration de la SNCB a été fractionnée et ce sont surtout les projets de prestige qui ont bénéficié d’investissements. D’autre part, la politique de libéralisation se poursuit avec le projet de filialisation du transport de marchandises.

    Article basé sur une discussion entre cheminots

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    Trois accidents en neuf mois

    23 mai 2009: un accompagnateur de train perd ses deux jambes en passant sous un train qui démarrait. Le personnel revendique depuis déjà plus de 15 ans une procédure de départ plus sûre.

    19 novembre 2009: un train de voyageurs déraille en entrant en gare de Mons. Une accompagnatrice de train perd la vie. Heureusement, il s’agissait du dernier train de la journée, avec peu de voyageurs, et non d’un train d’heure de pointe.

    15 février 2010: la catastrophe de Buizingen (Hal) coûte la vie à une vingtaine de personnes.

    La sécurité du personnel et des voyageurs menacée

    Après la catastrophe de Pécrot en mars 2001, il a été promis d’installer un système de sécurité rendant impossible de dépasser un feu rouge: le système européen existant depuis 1999 ETCS. Seules les lignes TGV en ont été équipées tandis qu’à peu près un quart des lignes ont reçu le TVL1+, une phase intermédiaire vers l’ETCS.

    Il s’agissait d’une amélioration, mais pas d’aussi bonne qualité que l’ETCS. Avec le TBL1+, le frein d’urgence ne s’actionne qu’après qu’un feu rouge ait été dépassé et pas juste avant. De plus, dans les trains plus anciens, 1% seulement est adapté au TBL1+. Sur les nouveaux trains, il est standard. Les Pays-Bas et la France ont leur propre système de sécurité depuis respectivement 1962 et 1991, après de grandes catastrophes.

    La scission de la SNCB: plus de managers, moins de personnel

    Ces dernières années, la SNCB a été scindée en trois entreprises: l’entreprise de transport SNCB, le gérant de l’infrastructure Infrabel et un holding avec des compétences opérationnelles comme la gestion du personnel, les affaires juridiques, les finances et la coordination, également propriétaire des gares et des parkings.

    Des top managers ont été appelés pour gérer les trois parties: Jannie Haek (ancien chef de cabinet de Vande Lanotte, SP.a), Luc Lallemand (ancien collaborateur de cabinet de Daerden, PS) et Descheemaeker, ancien top manager chez ISS.

    Mais le personnel, lui, a baissé de 42.000 travailleurs en 2004 vers à peu près 38.000 aujourd’hui, et ce malgré une augmentation du trafic.

    Les autoroutes elles aussi insuffisamment entretenues

    La fermeture temporaire de la ligne de chemin de fer Bruxelles-Mons a forcé beaucoup de voyageurs à prendre leur voiture. L’autoroute entre Bruxelles et Mons est généralement connue comme étant spécialement dangereuse à cause du manque d’entretien. Cette situation cause toute une série d’accidents. Sur le plan du maintien des routes également, la sécurité n’est pas une priorité pour les partis traditionnels.
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    Une catastrophe dramatique

    Ce lundi 15 février au matin, deux trains de voyageurs sont entrés en collision. Le bilan est lourd, 18 morts et 171 blessés, dont au moins 11 grave. Suite à ce drame, beaucoup d’hommages et de sympathie ont été démontrés pour la famille et les amis des victimes (tant parmi les voyageurs que parmi le personnel), pour les blessés ainsi que pour les collègues des lieux de travail touchés (Louvain, Braine-le-Comte, Liège et Bruxelles-Midi).

    L’enquête doit encore déterminer quelle est la cause exacte de l’accident, mais les spéculations à ce sujet n’en finissent pas. Certains parlent d’une erreur humaine; un des conducteurs «n’aurait pas respecté» un feu rouge. Le recours à ce terme dans la presse est tout simplement dégoutant, car il induit un comportement volontaire. Il est certain que l’augmentation de la charge de travail sur le personnel ferroviaire et les épargnes réalisées dans l’entretien du matériel et des installations de sécurité n’ont pas joué un rôle positif.

    Très vite, les premiers conducteurs ont stoppé le travail et dans l’après-midi du drame, la plupart des dépôts de Wallonie et de Bruxelles étaient en grève, tout comme à Louvain, d’où provenait l’un des conducteurs, décédé dans l’accident. La grève spontanée s’est ensuite encore étendue.

    Charge de travail

    La direction augmente la charge de travail année après année. Tout changement de la grille horaire est prétexte à l’allongement des prestations et à l’augmentation de la charge de travail. Les conducteurs doivent être détendus pour faire leur travail, cela semble logique. Mais ils roulent presque sans arrêt, avec une pause entre deux trajets limitée au strict minimum. La flexibilité exigée et des journées commençant à des heures incongrues (comme 2h40 du matin) sont également très néfastes pour la concentration, et donc pour la sécurité.

    Cependant, dans une interview accordée à Radio 1, Marc Descheemaecker, le directeur de la SNCB, a tout simplement nié l’augmentation de la charge de travail. Selon lui, le personnel doit "travailler de façon plus intelligente et plus flexible". Un jour seulement après la catastrophe, il avait encore le culot d’exiger plus de flexibilité!

    De l’argent pour les projets de prestige, à peine pour la sécurité

    Avec l’augmentation du trafic et de la pression sur les travailleurs, un meilleur système de sécurité est plus que nécessaire. Sous la pression de la libéralisation des chemins de fer, les directions demandent toujours plus de flexibilité de la part du personnel de transport de marchandise, mais de plus en plus aussi de la part du personnel des trains de voyageurs. Les différentes directions veulent plus de trajets avec moins de personnel, dans une logique de profits mise en évidence par la fierté avec laquelle le site de la SNCB a annoncé qu’en 2007 (dernières données disponibles), le groupe avait réalisé un profit net de 12,9 millions d’euros.

    Pourtant, des investissements, il y en a eu ces dernières années. Mais ce sont surtout les projets de prestige qui ont reçu du financement: la ligne TGV ou encore les projets mégalomanes comme la nouvelle gare de Liège Guillemins (qui a coûté un demi-milliard d’euros et dont le spectacle d’ouverture est revenu à lui seul à 650.000 euros). Donc, de l’argent, il y en a pour un projet massif à l’avantage surtout des entreprises de construction, mais il en reste trop peu pour assurer la sécurité du personnel et des voyageurs. Voilà qui illustre bien la politique de libéralisation dans laquelle les voyageurs aisés, les hommes d’affaires et le prestige des chemins de fer bénéficient de toute l’attention. A côté de cela, le matériel et le personnel attendent les investissements capables d’éviter de nombreux problèmes et de nombreux retards.

    Qui est responsable?

    La direction nie toute responsabilité et prétend investir dans la sécurité. La direction affirme: "Dès le moment où nous sommes arrivés à la tête des chemins de fer, nous avons de suite commencé à élaborer notre propre système de sécurité." Par ailleurs, leur prédécesseur Karel Vinck est depuis 2005 le coordinateur européen pour la construction d’un système de sécurité.

    Jusqu’à présent, la réponse de la direction face à une catastrophe a toujours été limitée à quelques belles paroles. Depuis l’accident de mai 2009, rien n’a été fait pour sécuriser le système de départ, malgré toutes les belles promesses. Les seuls à avoir systématiquement abordé le problème de la sécurité sont les syndicats. Ils pourraient maintenant de bon droit revendiquer la démission de la direction, et pourquoi pas des responsables politiques également, s’ils continuent à vouloir poursuivre leur logique de libéralisation.

    Pour un transport public de bonne qualité

    Les actions spontanées qui ont suivi la catastrophe vont mettre pression sur les directions syndicales. Il faut poursuivre la lutte pour stopper le projet de démantèlement du transport de marchandise (avec la filialisation de B-Cargo) ainsi que pour défendre le service et les conditions de travail. Tant le personnel que les voyageurs se sentent abattus et sous le choc après cette catastrophe. Mais cette peine commune doit servir de base pour une résistance unie entre usagers et cheminots contre le démantèlement du service public et la diminution de la sécurité.

    Nous avons besoin le plus vite possible d’un transport public de bonne qualité avec assez de personnel et suffisamment de matériel de qualité, ce qui est également un impératif environnemental. De la part des directions actuelles et du gouvernement, nous ne pouvons rien attendre de tel. D’autre part, le contrôle d’un service public essentiel comme celui des transports doit revenir aux mains de ceux qui ont la meilleure vue sur ce travail: le personnel et les voyageurs. C’est la meilleure manière de s’assurer que le service à la population soit central dans la mission des chemins de fer, ce qui signifie de rompre avec la logique de ce système dans lequel comptent seulement les profits.

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