Category: Non-marchand

  • Manifestation du non-marchand : il nous faut un refinancement public !

    Aujourd’hui, le secteur non marchand a à nouveau arpenté les rues de la capitale. Là aussi, les raisons d’être en colère ne manquent pas, la politique d’austérité menée ces dernières années au pas de charge a de profondes implications sur le personnel ainsi que sur les usagers et patients. Dans les soins de santé tout particulièrement, la qualité des soins et les conditions de travail et de salaire du personnel sont inextricablement liées.

    Les manifestants étaient on ne peut plus clairs concernant leurs exigences: plus de personnel, plus de pouvoir d’achat et de meilleures conditions de travail. Cela nécessite un refinancement public du secteur social dans son ensemble. Les manifestants entendaient également dénoncer la marchandisation des soins.

    Voici ci-dessous quelques photos de cette manifestation.

    Non profit betoging - Manif non marchand

  • Manifestation massive du non-marchand à Bruxelles

    La colère du non-marchand a résonné dans les rues de Bruxelles ce matin, en rouge, vert et bleu. Le manque de moyens pèse lourdement sur ce secteur, au détriment des usagers et du personnel. Les syndicats réclament de nouveaux accords sociaux pour le secteur (hôpitaux, aide à la jeunesse, maisons de repos, socioculturel,…) depuis déjà plusieurs mois, vain. Le mécontentement est donc très grand, ce qui s’est reflété dans les chiffres de mobilisation. A la tribune, il était question de quelque 17.000 participants, soit bien au-delà des attentes initiales (10.000 personnes).

    La santé était particulièrement bien représentée dans le cortège, mais toutes les catégories de ce large secteur étaient présentes en nombre. Certains manifestaient d’ailleurs pour leur toute première fois aujourd’hui, il n’était pas rare de voir des militants regarder leur secrétaire avec malaise avant de remplir leur carte de grève…

    La pénurie de personnel est grave partout, dénoncent les syndicats, tandis que les conditions de travail et de salaire trop peu attractives dissuadent de s’orienter vers des métiers pourtant cruciaux pour la bonne marche de la société. A cette combinaison déjà très toxiques s’ajoutent encore de nouvelles réformes et des coupes budgétaires drastiques.

    Sur le site de la RTBF, Bernard Decebel, délégué Setca au Centre neuropsychiatrique saint Martin de Dave, explique que “la charge de travail administrative, ne cesse de s’alourdir. Pour un entretien de dix minutes avec un patient, il en faut le double pour rédiger et encoder le rapport. Et l’on nous demande de noter les moindres faits et gestes des nos patients. Tout cela, c’est en plus d’un travail déjà stressant. De plus en plus de collègues craquent et tombent malades. Du coup, nous devons pallier à leurs absences car on ne peut pas laisser les gens sans surveillance et sans aide. Et nous craquons à notre tour… c’est un vrai cercle vicieux. Et en plus Maggy De Block veut nous supprimer douze jours de congés par an que nous avions obtenu pour les travailleurs de plus de 45 ans. A l’avenir, il faudrait attendre d’avoir 50 ans pour en bénéficier. C’est vraiment se moquer des travailleurs.”

    Un changement d’orientation est nécessaire, le secteur a besoin de plus de moyens publics. Il s’agit de la seule manière de garantir des soins de qualité. C’est pourquoi les syndicats exigent un nouvel accord social. “En novembre dernier, nous étions plus de 20.000 à défiler en rue. Cette mobilisation massive a permis aux négociations avec les Gouvernements de démarrer. Mais ces derniers n’ont toujours pas libéré de budget. Et sans argent, impossible de conclure un accord. Des emplois, du pouvoir d’achat et un travail décent ne s’obtiennent pas gratuitement. Les gouvernements ne prennent donc pas au sérieux les revendications des travailleurs. Il est temps de les secouer à nouveau.”

    Il nous faut collectivement organiser la lutte contre l’austérité. Par le passé, le secteur a déjà réussi à construire un rapport de forces favorable aux travailleurs pour arracher de nouvelles conquêtes sociales. De plus en plus de personnes éprouvent de grandes difficultés, traiter les causes de celles-ci, cela exige plus d’investissements publics, ce qui automatiquement pose la question de la répartition des richesses dans cette sociétés. Il faut aller chercher ce qui se planque chez les banques et les multinationales !

    Quelques photos de la manifestation

    Betoging Witte Woede // Geert

  • La ‘‘colère blanche’’: Bilan et perspectives

    Le secteur non-marchand est un enchevêtrement très complexe de compétences de réalités différentes, sa composition est très hétérogène. Certaines structures dépendent des autorités fédérales, d’autres des régions ou des communautés, d’autres encore n’appartiennent pas au public et se trouvent dans le privé… voire un peu des deux (certains hôpitaux comprennent par exemple à la fois des composantes privées et publiques). Il est donc très important pour les travailleurs de regarder comment entrer en action de la manière la plus unitaire possible.

    Il a fallu deux actions de protestation pour que le Cabinet de la ministre Maggie De Block parvienne à fixer une date pour des négociations concernant le nouvel accord social du secteur fédéral (le 17 janvier)… C’est parfaitement absurde et cela ne présage rien de bon pour la suite. Mais comme nous le savons déjà depuis un certain temps, le dialogue social ne représente pas une priorité pour ce gouvernement. Et c’est un euphémisme.

    La manifestation du 24 novembre dernier fut la plus grande de ce secteur en vingt années. Plus de 20.000 manifestants étaient présents. Puisque des accords concrets (pourtant précédemment promis par le Cabinet) n’avaient pas été respectés, une nouvelle action a eu lieu le 22 décembre avec environ 1000 participants. Les néerlandophones se sont ensuite rendu manifester aux portes du gouvernement flamand.
    Le contexte actuel rend les choses plus compliquées encore. Beaucoup de changements surviennent au même moment : au sujet de l’avenir et des formations dans les soins de santé ou encore des réformes structurelles du paysage de la santé (réorganisation des hôpitaux en réseaux, nouveaux projets pilotes de financement des hôpitaux pour réduire les séjours des patients, régionalisation de certains domaines), tout cela dans un contexte de diminution des budgets. Il y a encore la plate-forme de revendications pour un nouvel accord social … nous l’avions presque oublié!

    Face à cela, la communication officielle des syndicats réussit à peine aborder tous ces changements aux différents niveaux. Sur les lieux de travail, c’est la confusion. Cela peut toutefois être fait comme l’a particulièrement illustré une page Facebook flamande à partir d’un cartoon véritablement devenu viral.

    Des nouvelles actions en prévision ?

    Sur base de l’expérience passée, le front commun syndical du secteur privé réfléchit à de futures actions si les négociations ne livre rien, ou trop peu. On parle d’un nouveau grand rassemblement entre les vacances de Carnaval et de Pâques, suivi d’autres actions militantes en direction de véritables grèves vers fin mai, début juin. Tout cela n’est bien entendu encore qu’une première idée qui ignore le rythme des négociations de même que les effets réels des lourdes mesures d’économies budgétaires et des réformes dans le secteur hospitalier, entre autres.

    Celui qui estime qu’un nouvel accord social sera obtenu sans lutte sérieuse démontre une énorme naïveté. Les vétérans de la colère blanche savent qu’il n’en sera rien !

  • [Courrier des lecteurs] Les soins de santé vus de l’intérieur

    Les nombreux problèmes que rencontrent les soins de santé, à quoi s’ajoutent encore les dernières mesures d’austérité drastiques du gouvernement Michel, suscitent de nombreuses réactions indignées. Le texte suivant nous a été envoyé par Benjamin, un patient qui nous offre un autre regard sur quelques réalités spécifiques du secteur. Merci à lui.

    Les travailleurs du secteur ne décolèrent pas de voir les soins de santé souffrir des coupes budgétaires implémentées par le gouvernement: à l’heure actuelle, les soins de santé souffrent de la compétition et du manque de moyens que l’on octroie aux différentes institutions et ASBL.

    J’aimerais vous présenter un autre point de vue des soins de santé : celui du patient (avec toute la subjectivité que cela implique).

    Ce gouvernement a fait de la dénonciation de la « fraude sociale » et des coupes dans les soins de santé ses chevaux de bataille. Il est de bon ton ces dernières années de dénoncer celui qui profite des « largesses » de l’état. Et vu que le malade est inactif, donc profiteur, on va piocher l’argent dans son portefeuille. Cela passe notamment par l’augmentation du prix de certains médicaments et du moindre remboursement des prestations à des médecins spécialistes, ce qui impacte directement les plus nécessiteux.

    En ce qui me concerne, je tiens juste les deux bouts et je vis en dessous du seuil de pauvreté. Les spécialistes m’ont diagnostiqués une maladie mentale invalidante : la schizophrénie. Cela n’a jamais été mon choix d’avoir des symptômes, j’ai toujours lutté contre la maladie, mais quelques fois c’est paralysant.

    On ne me donne pas la possibilité d’être un acteur de mon traitement. Je suis invalide pour l’état mais on ne me donne pas les moyens de me soigner. La politique actuelle est à la culpabilisation des malades : certains n’osent même pas réclamer des allocations auxquelles ils auraient droit. Certains ne se soignent pas car ils craignent un trou dans leurs C.V. ou bien d’avoir la réputation d’être des assistés.

    C’est injuste et violent pour deux raisons : la première parce que si l’on m’en donnait les moyens, je pourrais peut être reprendre les études ou bien une formation ; la seconde parce que l’état a mis en place un système de soins de santé à deux vitesses, on donne plus aux riches et de moins en moins à ceux qui sont ceux qui n’ont pas les moyens. Il existe des cliniques privées qui traitent en priorité certains patients qui peuvent mettre la main au portefeuille ; des spécialistes qui ne sont disponibles que pour les plus favorisés.

    Je connais des gens qui refusent de se soigner parce qu’ils sont malmenés dans leur parcours en institution ; chose bien connue : dans les établissements de seconde zone, on donne une camisole chimique aux patients pour les calmer. Les médicaments de dernière génération coûtent plus cher que les génériques. Les psychiatres accrédités peuvent réduire le coût d’une consultation. C’est-à-dire que certains professionnels se forment et offrent donc des prestations mieux remboursées par la mutuelle mais d’autres ne s’en donnent pas la peine et en ce sens ont une certaine clientèle.

    En tant que patient handicapé, ma condition s’est détériorée. Le bulldozer Maggie De Block a commencé son boulot de démantèlement des droits du patient ; elle a commencé à réguler le droit aux soins des plus nécessiteux en s’attaquant d’une part à l’offre de soins mais aussi à soumettant les malades de longue durée à des lois plus strictes. Maggie De Block continue son travail: 900 millions d’économie par an et plus de responsabilité pour celui qui « profite allègrement » des soins de santé…

    Elle tient son modèle de l’Allemagne, qui force au travail des gens qui sont invalides. L’Allemagne est un « modèle » dans ce domaine, on force les malades à faire du travail précaire et payé au rabot. Il s’agit de la pierre angulaire de la politique de droite conservatrice de Merkel. À l’époque où cela a commencé, des milliers d’emplois stables ont étés remplacés par des jobs précaires, sous-payés et aliénants et cela s’est ensuite étendu et normalisé aux soins de santé.

    L’aliénation vient aussi du fait que le patient soit rendu responsable de sa situation. On individualise, on fait des coupes, on prive de liberté certaines personnes afin qu’elles se « soignent » puis on les met au travail. Tout cela est culpabilisant et d’une violence sociale manifeste.

    Dans un pays comme la Belgique, si ce type de politique était implémentée, cela réduirait certes les stéréotypes de profiteurs des allocations sociales, mais avez-vous vraiment envie de personnes invalides pour retravailler ? Voulez-vous que l’on donne du travail précaire machinal à des gens qui sont tout juste capables de le faire ? Par exemple, actuellement, il existe dans les centres de fret aérien du travail qui consiste à vérifier chaque envoi et qui est réalisé par des personnes non-valides.

    Une des lois qui est passée en Belgique est la diminution du nombre de nuits que l’on peut passer en dehors d’une institution lorsque l’on est patient. Je connais des patients en institutions psychiatriques qui comptent les jours d’absence car une des réformes restreint les nuits libres à 48 par an ! C’est-à-dire que lorsqu’un patient quitte l’hôpital ou l’institution de soin qu’il habite, il doit partir l’après midi et revenir pour la mi-journée le jour suivant. Tout cela est comptabilisé par les professionnels et participe à la tendance à faire peser sur le dos des patients. Avant, les patients avaient moins de contrainte (ils ne pouvaient pas quitter le pays plus d’un mois par an). À présent, non seulement ils ne peuvent pas quitter le pays plus de 30 jours par an, mais les nuits qu’ils passent hors de l’institution sont comptabilisés, comme s’ils profitaient de leur maladie alors qu’ils ne font que des choses élémentaires telle que rejoindre leur famille ou des amis.

    Les coûts des traitements ont également augmenté même pour les personnes qui ont un statut des plus précaires. Par exemple sur une prestation auprès d’un psychiatre que je dois voir, je paye deux fois plus de frais qu’avant le début de cette réforme des soins de santé. C’est-à-dire qu’avec mon allocation qui ne dépasse pas les 900 euros, je vais payer une quinzaine d’euros par prestation là où je n’en payais que 7 avant la réforme. On surveille tout : les médicaments, les thérapies, l’autonomie : on considère que je suis presque assez autonome pour travailler alors que je souffre d’un handicap mental qui m’a empêché de faire des formations et de terminer mes études.

    Les critères pour qu’un patient puisse se « soigner » sont des critères d’autonomie, pas des critères de maladie ou bien de mal-être. Je connais des gens qui sont gravement malades mais que l’on force au travail pour la simple raison qu’ils sont capables d’effectuer des tâches simples ; la sécurité sociale prive d’allocation les personnes qui sont suffisamment autonome pour travailler indépendamment de leur équilibre psychologique. Je connais des gens qui sont privés d’allocations sociales parce qu’ils ont eu l’idée de faire un temps partiel ou bien un intérim. C’est-à-dire que pour toucher des allocations, il faut être incapable de faire des choses de la vie quotidienne. Il s’agit d’un double sens : d’un côté on veut que tout le monde travaille et mette la main au portefeuille tout en disant qu’on ne veux pas impacter le patient. Le patient est donc dans la ligne de mire de la sécurité sociale dès qu’il montre un soupçon de rétablissement ou bien qu’il travaille, ce même pour simplement se sentir utile.

    Les exemples que vont chercher le gouvernement se basent sur le modèle de l’Allemagne et de l’Angleterre : il faut faire travailler les plus aptes et raboter le « coût » de l’allocataire en soins de santé. En Allemagne, cela marche tellement bien que même des personnes vivant dans la précarité travaillent pour un euro symbolique de l’heure… Une belle hypocrisie !

    À nouveau, la politique s’inscrit ici dans la vie privée du patient : on le culpabilise et plutôt que de le soigner véritablement, on lui fait comprendre qu’il doit au plus vite redevenir autonome et travailler. Auparavant, on ne faisait pas travailler des gens dépendant de la sécurité sociale dès lors qu’un spécialiste s’opposait à son maintien sur le marché du travail. À présent en Allemagne, on fait travailler les allocataires pour un euro symbolique et on leur donne des allocations au rabais.

    Les conditions de travail des professionnels du secteur sont également sous pression : Je connais des médecins qui travaillent plus de 50 heures par semaines et qui n’en peuvent plus ; Ils ne sont plus en mesure d’effectuer leur travail avec humanité ; on leur demande de plus en plus avec de moins en moins de moyens. Par exemple, on leur demande de respecter leur serment d’Hippocrate mais les services d’urgence refusent parfois un patient qui a des difficultés en raison de l’engorgement.

    Autre mesure phare de ce gouvernement : réduire les numéros INAMI et les moyens qui sont octroyés pour les médecins. Ici, il est important de dire que la première ligne, les soins d’urgence sont mis sous pression par ce système qu’il faut pointer du doigt : On diminue l’offre pour faire des économies budgétaires, on augmente le coût de l’accès aux traitements et aux prestations du médecin… La politique de Deblock pousse les professionnels à abandonner leur éthique en raison des coupes budgétaires faites dans les services rendus aux personnes malades. Par exemple, avant le médecin n’hésitait pas à faire passer des batteries de tests aux patients et à prolonger l’hospitalisation quelques soient ses revenus. Aujourd’hui, le médecin doit faire attendre le patient pour certains examens. Par ailleurs, on met la pression sur le patient : il est responsable de son état.

    Mais pourquoi n’en parle-t-on pas dans les médias ? Toutes les injustices produites par ce genre de système ? D’un côté, on a diminué l’offre – il y a en effet de moins en moins de professionnels sur le terrain par le double jeu des départs à la retraite et de la diminution des numéros INAMI – mais la demande est toujours pareille ; d’un autre côté, on contrôle la demande par une politique de dénonciation de la fameuse « fraude sociale » et on fait la part belle à la responsabilisation du patient. Tout le système de soins de santé – qui permet de se soigner, de consulter des professionnels à bas prix, de recevoir des allocations si besoin – que les mouvements sociaux ont mis des dizaines d’années à mettre en place est en train d’être balayé d’un revers de la main par la politique de Maggie Deblock depuis le début de son mandat, en quelques mois.

    Cela n’est pas une fatalité. On peut s’opposer à la logique néolibérale. Les professionnels et les patients ont des intérêts communs. Il faut que les syndicats et les associations de patients travaillent ensemble pour faire valoir les droits et les revendications de chacun.

    La politique de Maggy de Block ne va pas s’arrêter d’elle-même. Cela dépend de la capacité de toutes les composantes du secteur des soins de santé, travailleurs comme patients, à construire et à mettre en œuvre ensemble la stratégie qui la mettra en échec.

  • Le non-marchand en colère : On ne va pas se laisser faire !

    Ce jeudi 24 novembre, une marée de colère a déferlé à Bruxelles à l’appel du secteur non-marchand. Plus de 20.000 membres du personnel des hôpitaux, des maisons de repos, des labos, des crèches, des institutions éducatives, des soins à domicile, etc. ont battu le pavé pour dénoncer les 902 millions de mesures d’austérité supplémentaires prévues par le gouvernement fédéral dans le secteur. Mais il y a plus. Dans ce domaine comme ailleurs, les pénuries sont immenses depuis longtemps. Dans certains cas, le manque de subsides ne permet même pas de respecter les lois sociales !

    Qu’est-ce que le non-marchand ?

    Le secteur emploie entre 400.000 et 525.000 travailleurs selon les estimations respectives du Syndicat des employés, techniciens et cadres de la FGTB (SETCa) et de la Centrale nationale des employés de la CSC (CNE). Près de la moitié des travailleurs du non-marchand au sens restreint travaillent pour le fédéral, soit 240 000 selon les estimations de la CNE. Ce sont les travailleurs des hôpitaux privés (120 000), des maisons de repos et des maisons de repos et de soins (72 000) ou encore les infirmiers à domicile salariés (10 800). Le secteur des maisons de repos a été communautarisé par la 6e réforme de l’État, et directement régionalisé du côté francophone.

    Du côté de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le non-marchand représente quelque 25 000 travailleurs. Ceux-ci sont principalement occupés dans les secteurs de l’Aide à la jeunesse (8000), le socio-culturel (8000) et l’accueil de l’enfance et de la petite enfance (7600). La Wallonie et Bruxelles (Région, Cocof, Cocom) comptent respectivement 18 000 et 7000 travailleurs dans des secteurs comme l’aide aux familles et aux personnes handicapées ou encore l’insertion socio-professionnelle.

    Et pourtant, partout, un seul constat s’impose : il s’agit d’un secteur avec trop de travail et trop peu de personnel. Quatre professionnels de la santé sur dix souffrent déjà du stress et le nombre d’épuisements professionnels (burn-out) explose : un travailleur sur dix ! Isabelle Hansez, professeure de psychologie du travail à l’ULG, explique : ‘‘Le monde de la santé et celui du travail social sont les plus exposés. À vrai dire, la notion même de burn-out est apparue à partir de ce qui était observé chez les infirmières.’’ À cela s’ajoute encore l’introduction des mécanismes du marché dans les secteurs des soins, sa commercialisation.

    Le coup de hache de Maggie ‘‘Thatcher’’ De Block

    Un tiers de la centaine d’hôpitaux généraux que compte le pays a déjà un budget dans le rouge suite au sous-investissement chronique qui sévit depuis longtemps déjà. Avec les nouvelles mesures du gouvernement fédéral, chacun verra ses moyens amputés de plusieurs millions d’euros. Des investissements nécessaires vont être repoussés, voire carrément annulés, et il y aura également suppression de personnel dans certains cas. Le 24 novembre, on a même vu des gestionnaires d’hôpitaux venir manifester dans la capitale !

    Du côté des mutualités, on ne manque pas de souligner que la ministre De Block avait promis de ne pas toucher à la Sécurité sociale. Mais la croissance du budget des soins de santé sera bel et bien limitée à 0,5 % (au lieu du 1,5 % promis), ce qui sera insuffisant pour faire face à la hausse des besoins liée au vieillissement de la population. Et qui en supportera le coût ? Les patients, que cela soit par des hausses de tarifs ou par la réduction de la qualité des soins. Le front commun des mutuelles dénonce le renforcement d’une médecine à deux vitesses : ‘‘C’est un recul social jamais vu depuis 10 ans’’.

    Les choses sont à peine meilleures dans les entités qui ne dépendent pas du fédéral. ‘‘Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles est dans la même logique que le fédéral. Il promet l’établissement d’un calendrier de discussions, mais aucun budget n’est prévu’’, expliquait Christian Masai, secrétaire fédéral Setca, en marge de la manifestation du 24 novembre. Il n’est dès lors pas surprenant que la manif du 24 ait été la première expérience de ce genre pour de nombreux travailleurs du secteur. La coupe est pleine, partout, et depuis longtemps déjà !

    Il faut plus de moyens !

    Les travailleurs et bénéficiaires du secteur doivent reprendre les choses en main. En organisant la lutte contre l’austérité de concert, l’opportunité existe d’imposer le développement de l’aide et des soins de santé. Pour cela, il faut une nouvelle colère blanche, en référence à la période de lutte du secteur des soins de santé qui s’était ouverte en 1989. Il avait été possible de construire un sérieux rapport de force et d’imposer des améliorations.

    Ce qui arrive dans ce secteur très large et diversifié touche l’intérêt de chacun. Tant que les politiques d’austérité de ces autorités ne seront pas arrêtées, la destruction se poursuivra. Pour cette raison, il nous faut un plan d’action interprofessionnel allant crescendo, jusqu’à la chute du gouvernement.

    Les richesses sont suffisamment présentes dans la société pour donner à tout le monde la possibilité de vivre une vie de qualité. Tant que ces richesses seront dans les mains d’une élite richissime qui vit sur notre dos, assurer à chacun la possibilité de vivre une vie décente restera inaccessible. Une lutte généralisée pour des services de base, pour la répartition du travail et la transformation de la société est absolument nécessaire pour le bien-être et la santé de tous !

     

  • Le non-marchand manifeste en masse à Bruxelles !

    nonmaarchand_emily“Jeune infirmière et (déjà) en colère” pouvait-on lire sur les t-shirt de quelques jeunes infirmières. Elles ont été rejointes par des gens issus de tout le pays et de divers secteurs très différents de la santé. Dans nombre d’hôpitaux, la volonté de faire grève était tellement grande qu’il a été bien difficile d’assurer le minimum d’occupation. Pour le personnel de plusieurs institutions et organisations, c’était là la toute première grève ainsi que la première manifestation !

    Le degré de colère est particulièrement élevé et il y a de quoi ! Il est irréaliste d’exiger plus de flexibilité d’un personnel déjà à bout pour un salaire qui ne suit pas. La destruction du secteur des soins de santé a un impact énorme sur la société dans son ensemble. Le secteur a beau représenter des réalités très différentes, la volonté de se retrouver ensemble pour une lutte commune était remarquable.

    Le potentiel d’une nouvelle “colère blanche” est très certainement présent. La prochaine étape n’a pas encore été annoncée amis il est évident que les manifestants comptent bien ne pas en rester là ! Le tract Polslag / Hypertension que nous avons distribué a été pris avec impatience.

     

  • Des soins de qualité? Il nous faut une nouvelle colère blanche!

    hypertension_maggie

    Pour un PLAN D’ACTION interprofessionnel afin d’ARRÊTER L’AUSTÉRITÉ !

    Ça suffit! Le secteur social tout entier est étranglé, dans toute sa diversité. Les autorités locales à Anvers et Maggie De Block ont la gâchette facile, ce n’est pas une surprise. Elles sont partisanes de la politique d’austérité néolibérale. Nous payons le prix de ces cadeaux aux riches en tant que travailleurs, bénéficiaires et patients : c’est intolérable ! Nous appelons tout un chacun à contribuer à la construction de la résistance !

    Stop à la commercialisation

    Le secteur social

    L’administration communale d’Anvers s’en prend à l’aide sociale en la remettant aux mains de la multinationale G4S Care. Le personnel et les bénéficiaires en seront les victimes, aux dépens du profit des actionnaires. La qualité du service diminuera, concernant l’aide aux sans-abris par exemple. On y passera d’une approche personnalisée à la prestation minimale du gîte et du couvert. Nous exigeons que le secteur social soit un secteur public. Mais, avant même la commercialisation, le manque de moyens était déjà gigantesque. Seuls des investissements massifs dans les services publics de base peuvent permettre que les soins de santé et la prévention soient efficaces. Avec leurs actions, les assistants sociaux (aidés des étudiants et des bénéficiaires) ont mis l’administration communale d’Anvers sous pression. La prise de décision est reportée. La lutte paie, mais il nous faudra plus de solidarité.

    Si vous travaillez dans les soins de santé ou dans les soins aux personnes handicapées, vous savez ce que la commercialisation signifie dans la pratique.

    Les soins aux personnes âgées

    Les pratiques répréhensibles en cours dans les maisons de repos gérées par les multinationales sont bien connues. Pensons au rationnement du matériel d’incontinence en raison de son coût. Ce n’est pas que ce soit trop cher, mais cela limiterait le profit des actionnaires et c’est ça qui compte! Récemment, un scandale a encore éclaté aux Pays-Bas concernant les patients atteints de démence. L’insuffisance de personnel et de moyens conduit à des situations dégradantes, tant pour les patients que pour les travailleurs.

    Les soins aux personnes handicapées

    Le nouveau système de financement des soins aux personnes handicapées en Flandre entraine la commercialisation du secteur, une flexibilité accrue pour le personnel et une grande insécurité chez les patients. Cela conduit en même temps à une cassure dans la solidarité entre organisations et patients, alors que cette solidarité était justement la force du secteur. En plus, des organisations sans permis pourront à l’avenir assurer l’accueil et l’accompagnement des personnes possédant un handicap, avec pour le personnel des conditions de travail et de salaire différentes ainsi que des normes de qualité floues. Cette politique libérale nous ramène plusieurs années en arrière au lieu de nous projeter vers l’avenir.

    Pas touche à nos mesures de fin de carrière … et au reste !

    Maggie De Block a elle-même déclaré qu’elle ne pouvait pas rester éternellement la plus populaire. Avec les 902 millions d’euros de mesures d’austérité dans la sécurité sociale, elle va entrer dans l’histoire comme étant l’architecte de la destruction du gouvernement fédéral. Maggie «Thatcher» De Block touche tout de suite aux mesures de fin de carrière, une des plus grandes conquêtes de la colère blanche. Si elle pense que nous allons laisser passer ça comme ça, elle se trompe. Nous savons tous que ce ne serait qu’un début : il reste encore une batterie entière de mesures d’austérité qui seront traduites par des pertes d’emplois massives et des services de moins bonne qualité. La qualité des soins semble être la dernière de ses préoccupations.

    Pensons à la suppression de 4.000 lits d’hôpitaux (l’équivalent de la fermeture de 10 hôpitaux régionaux), à la réorganisation de 91 hôpitaux dans 25 réseaux et à la nouvelle financiarisation des hôpitaux selon DRG – Diagnosis-Related Group (des enveloppes fixes par profil de patient) qui va augmenter la pression pour externaliser les services auxiliaires/de soutien/logistiques dans la mesure où ce n’est pas déjà fait. C’est certain que ça va conduire à une perte d’emplois massive chez tous les groupes du personnel.

    Les idées du cabinet à propos de l’avenir des professions des soins de santé sont tout sauf rassurantes. Le fondement juridique des emplois dans les soins de santé, le tristement célèbre AR 78, a notamment été renommé « Loi-cadre relative à l’exercice des professions des soins de santé », avec le but d’en donner à court terme un tout nouveau contenu, qui semble effrayant.

    Les soins de santé et le bien-être calqués sur le modèle américain? NON MERCI !

    sophie_grootstPartout dans le non-marchand, on assiste à un mouvement du public vers le privé et du privé vers le commercial. Cette destruction assure la diminution de la qualité de la prestation de soins et met les travailleurs sous une pression supplémentaire car tous les soins se retrouvent sur le marché. Nous connaissons les exemples des USA et des Pays-Bas. Aux USA, de bons soins de santé sont presque impayables pour un travailleur normal si cela n’est pas compris dans son paquet d’avantages extralégaux. Les CEO des assurances maladies privées sont parmi les mieux payés et cela signifie beaucoup au pays de Wall Street !

    DES INVESTISSEMENTS DANS LES SOINS! EN AVANT!

    En tant que travailleurs et bénéficiaires du secteur, il nous faut reprendre les choses en main. En organisant la lutte contre l’austérité ensemble, l’opportunité existe d’imposer le développement de l’aide et des soins de santé. Pour cela, il nous faut une nouvelle colère blanche. Dans le passé, il nous a été possible de construire des rapports de force et d’imposer des améliorations. Nous ne pouvons toutefois pas nous y limiter : les gens ont de plus en plus de problèmes de bien-être et de santé. Il faudra plus que des emplois et du travail faisable pour s’attaquer aux causes de ces problèmes. Des investissements dans des services de base sont nécessaires, ce qui demande de s’en prendre aux richesses des banques et des multinationales.

    UN PLAN D’ACTION INTERPROFESSIONNEL POUR ARRÊTER L’AUSTÉRITÉ !

    Ce qui arrive dans ce secteur très large et diversifié touche l’intérêt de chacun. Nous sommes déjà victimes de la politique d’austérité brutale et cela risque d’empirer. Il s’agit de l’énième attaque contre nos conditions de vie et de travail. Donner une nouvelle vie à la colère blanche signifie de construire la résistance dans notre secteur, jusqu’à ce que nous obtenions des résultats. La lutte paie !

    Tant que les politiques d’austérité de ces autorités ne seront pas arrêtées, la destruction se poursuivra. Pour cette raison, nous demandons un plan d’action interprofessionnel allant crescendo pour arrêter l’austérité. Il nous faut être unis, combattifs et solidaires jusqu’à ce que le flux financier s’écoule dans l’autre sens ! Les richesses sont suffisamment présentes dans la société pour donner à tout le monde la possibilité de vivre une vie de qualité. Tant que ces richesses seront dans les mains d’une élite richissime qui vit sur notre dos, assurer à chacun la possibilité de vivre une vie décente restera inaccessible. Une lutte généralisée pour des services de base, pour la répartition du travail et la transformation de la société est absolument nécessaire pour le bien-être et la santé de tous !

    HYPERTENSION: qui sommes-nous ?

    « Polsslag » (dont Hypertension est la version francophone) a vu le jour en 2004 pendant la colère blanche, en tant que journal d’action réalisé par et pour des syndicalistes combattifs et critiques de la CSC et de la FGTB. Ce réseau est né à l’initiative de délégués et militants du Parti Socialiste de Lutte (socialisme.be) et est ouvert à chaque activiste combattif du secteur.

  • [INTERVIEW] Pourquoi être dans la rue ce 24 novembre avec le non-marchand?

    Photo : Socialisme.be

    Ce jeudi 24 novembre à 10 heures, une manifestation partira de la gare du Nord à Bruxelles. Le personnel du non-marchand dénonce les 902 millions d’austérité supplémentaires dans le secteur. Nous avons interviewé une jeune infirmière qui nous explique pourquoi elle descendra dans la rue ce jeudi.

    Bonjour Céline, peux-tu te présenter en quelques mots ?

    J’ai terminé mes études d’infirmière cet été, j’ai tout de suite trouvé une place dans un hôpital, en gériatrie. C’est le service où l’on demande le plus de personnel actuellement, un service assez lourd ou l’on est confronté à toutes les pathologies confondues. J’effectue un horaire à pause mais pas encore de nuits. Je gagne environ 1600 euros en comptant les tickets repas.

    Pourquoi as-tu choisi ce travail ?

    Apporter du réconfort, apporter du bien-être aux personnes et les soigner. C’est un travail avec énormément de contacts humains et nous avons une relation particulière où règne un climat de confiance. On se sent valorisés, lorsque par exemple les patients nous disent merci, ce qui arrive souvent.

    Peux-tu nous décrire tes conditions de travail ?

    Comme dans d’autres boulots, le travail à pause est exigeant.

    Nous avons un rythme de travail très élevé dans le service, il y a une pénurie de personnel et je suis parfois seule pour 12 patients. Il n’y a pas le temps d’un véritable écolage par les infirmières plus expérimentées pour les nouvelles engagées. En plus des patients, on doit gérer des familles en détresse. Il faut faire preuve de psychologie mais surtout de patience. On est constamment sollicités, et il faut sans cesse intercaler dans notre organisation des imprévus.

    Malgré un rythme soutenu, nous n’avons pas d’autre choix que de faire des heures supplémentaires. Elles devraient êtres récupérées et payées mais dans les faits, ce n’est pas respecté, sans compter le temps de midi que l’on saute volontairement pour terminer le travail, et soulager l’infirmière de la pause suivante. S’en suit des burn-out, des crises de larmes et une auto-culpabilisation des collègues.

    Lorsqu’un collègue est malade, la direction estime que des étudiants peuvent assumer le travail. Non seulement ceux-ci travaillent gratuitement, mais en plus ils n’ont pas le même rendement.

    Tu seras dans la rue lors de la manifestation du 24/11, pourquoi ?

    Tu sais, c’est mon premier boulot, les conditions sont difficiles et ça va grandement s’empirer. Chez nous, comme ailleurs, on profite des travailleurs et on tire constamment sur la corde.

    Le gouvernement va couper dans le budget santé alors qu’on a besoin de tout l’inverse : des investissements massifs dans des engagements de personnel supplémentaire et de matériel.
    La droite nous dit que les coupes sont nécessaires lorsqu’on gère un budget mais ces gens n’ont jamais travaillé avec nous. On rénove des bâtiments en repeignant des portes mais « il n’y a pas d’argent », par exemple, pour la climatisation. En été, c’est l’enfer pour les travailleurs et les patients qui doivent subir une température de 30° dans les chambres !

    Les libéraux nous expliquent que c’est normal d’économiser pour établir un budget, comme tout le monde est d’ailleurs obligé de le faire. Mais l’Etat n’est pas tout le monde !

    Les sources de financement de l’Etat sont multiples, on peut aller taxer les grosses fortunes et arrêter les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises (qui partiront de toute façon après avoir fait beaucoup de profit) au lieu de hausser la TVA et de couper dans les services publics. Le choix d’un budget est un choix politique.

    Ça me fait rire quand on parle de l’argument du service minimum dans les services publics contre les grévistes. Le service minimum, il n’est déjà même pas respecté en temps normal vu le manque de personnel. La direction nous met la pression du haut vers le bas à la manière d’un pyramide, on doit inverser cette pression.

    C’est particulièrement dur de s’organiser dans ce secteur, car les patients sont sous notre responsabilité. Il est hors de question de juste quitter tous ensemble le service, c’est d’ailleurs notre plus grande faiblesse pour construire un rapport de force. Pourtant, on y trouve une grande solidarité entre collègues, ainsi qu’une colère immense.

    Dans ce type de secteurs, les grèves doivent être organisées à l’avance et une partie du personnel reste bien entendu au travail. Toutefois, les travailleurs peuvent exprimer leur colère et leurs désaccords en portant un badge, en faisant circuler des pétitions, en organisant des manifs au sein de l’hôpital, etc.

    Tu as vécu le plan d’action syndical de 2014 en tant qu’étudiante, ses grèves massives et ses manifestations de masse. Ce sera ton premier mouvement en tant que travailleuse, qu’attends-tu du 24 novembre ?

    Lors d’une discussion politique, une collègue m’a dit que c’était moins grave d’économiser dans la santé que dans l’éducation. Nous ne devrions pas à avoir à choisir, les moyens existent et il faut aller les chercher. Le 24/11 tout seul sera insuffisant pour faire annuler ces économies. On ne devra pas s’arrêter là. Cette manifestation, c’est évidemment l’occasion de montrer notre colère et d’attirer l’attention de tout le monde sur l’irresponsabilité des dirigeants. Mais elle pourrait aussi être le déclencheur d’un nouveau plan d’action comme celui de 2014. On a vu récemment les cheminots, les gardiens de prison, les travailleurs de Caterpillar, lutter seuls chacun à leur tour, mais on ne gagnera pas seuls. On doit impliquer tous les secteurs dans une seule et même lutte car le gouvernement ne reculera pas, nous devons le faire tomber.

    Je ne pense pas qu’un gouvernement porté par d’autres forces politiques traditionnelles (centre et gauche par exemple) appliqueront une politique fondamentalement différente. La tendance est à la privatisation de tous les services, je pense plutôt qu’on doit nationaliser les secteurs-clé de l’économie sous contrôle démocratique des travailleurs et usagers. L’économie doit servir aux besoins des gens et aux nécessités dans la société, et non pas à engranger des profits pour une minorité.

    RDV à 8 h ce jeudi devant la gare de Namur !

    Départ collectif des Etudiants de Gauche Actifs – EGA
    info@gauche.be www.gauche.be Emily : 0474 35 30 36

  • Soins de santé: l’éternel dindon de la farce ?

    colereblanche

    24 novembre : grève nationale et manifestation

    Dès son entrée en fonction, ce gouvernement a annoncé 2,6 milliards d’euros d’économies dans les soins de santé pour la fin 2016. Le ton était donné… Début septembre, le ministère a suggéré que ce montant s’élève à 3, 6 milliards d’ici la fin de la législature. La rapidité et la brutalité des coupes budgétaires laissent cependant penser que ce montant est sous-estimé. La facture est maintenant évaluée à environ 3,84 milliards d’euros. Pour 2017, cela signifie concrètement une économie de 902 millions d’euros. Un tiers des économies totales du dernier budget retombe donc sur le dos de la sécurité sociale.

    Par un délégué syndical du secteur

    Les soins de santé représentent un secteur important de l’économie. Conclusion : il y beaucoup d’argent à aller ramasser là-bas. ‘‘Les dépenses de santé représentent aujourd’hui un peu plus de 10% du produit intérieur brut (PIB), dont 2% sont financés par les gens eux-mêmes, et 8% par la collectivité. En termes de dépenses, c’est également l’un des secteurs les plus importants de notre sécurité sociale, car aujourd’hui il absorbe presque 40% de nos dépenses en sécurité sociale. Ce secteur est en croissance constante, mais surtout il croît plus vite que le PIB. Par conséquent, la part des dépenses totales de santé dans le PIB est en constante augmentation.’’ (Information CM 263, mars 2016)

    Maggie De Block tente de s’ériger en défenseure des soins de santé, mais en réalité, elle nous a concocté un mélange explosif pour l’avenir proche. Sans surprise, Maggie se contredit sans cesse. Le train à grande vitesse des mesures d’économie majeures et des réformes profondes du secteur des soins de santé sortira complètement des rails et ce plutôt tôt que tard.

    En ce qui concerne les réformes fondamentales, nous pouvons être brefs. Au fur et à mesure que les textes en provenance du SPF Santé publique paraissent, la direction que prend le projet devient évidente: de soins de santé collectifs, européens et non marchands, nous allons vers un système hyper-individualisé, à l’américaine et commercial.

    Nous connaissons tous le dogme libéral du ‘‘dégraissage’’ de l’Etat mais en ce qui concerne les soins de santé, le gouvernement est déjà en train de couper dans les tissus musculaires. La logique libérale suppose que si l’on va jusqu’à l’os, la collectivité ne peut plus garantir la prise en charge des soins de santé et donc le secteur commercial sera accueilli à bras ouverts comme le sauveur de la patrie.

    Pour Maggie De Block, la réforme serait indolore pour le patient: un pur non-sens !

    Voici déjà une liste non-exhaustive… Les allocations de maladie, d’accidents de travail ou d’invalidité ont subi un saut d’index (tout comme les salaires). En revanche, les soins de santé sont de plus en plus chers. Le ticket modérateur pour une visite chez le spécialiste est porté à 12 euros. La contribution des personnes qui ont droit à un arrangement spécial en raison d’un revenu trop bas, sera également portée à 3 euros.

    Un certain nombre de médicaments, y compris les antibiotiques et les médicaments contre les aigreurs d’estomac, seront plus chers pour le patient et certains ne seront même plus remboursés, parmi lesquels les sprays nasaux contenant des corticostéroïdes. Plus précisément, la facture de médicaments augmentera de 9% pour le patient. Punir le patient financièrement pour la surconsommation d’antibiotiques et d’anti-aigreurs d’estomac n’a pas de sens, car c’est le médecin qui les prescrit. Selon le secrétaire général de Solidaris: “Au total, le gouvernement fait payer aux patients 62 à 94 millions de plus de leurs poches. Mais ce montant peut augmenter de manière conséquente.

    Il n’est pas du tout certain que les fournisseurs de soins de santé veulent conclure des accords tarifaires. Le risque est réel qu’ils compensent leurs pertes de revenu par des suppléments d’honoraire pour le patient.’’ (Communiqué de presse du 17 octobre, 2016). Concrètement, on parle ici de 300 millions d’euros!

    En outre, la facture maximale augmente. Le gouvernement a également décidé d’économiser 7 millions dans les centres médicosociaux de quartier et de geler leur nombre. Et ce alors que ces centres offrent des soins gratuits et accessibles aux groupes les plus vulnérables.

    Qu’en est-il des travailleurs du secteur des soins de santé?

    Dans de nombreuses institutions, le personnel est déjà sur les rotules, le taux d’occupation minimum est plutôt la règle que l’exception avec toutes les conséquences que cela entraîne pour les prestations de service et donc les patients. Le vieillissement de la population frappe aussi le personnel. Les hôpitaux doivent économiser 92 millions d’euros l’année prochaine, alors même qu’un hôpital sur trois est déjà dans le rouge. Qui va endosser cela selon vous? Les économies comprennent également la mise en oeuvre accélérée des réformes dans le secteur hospitalier; c’est-à-dire, des pertes d’emploi et une diminution du nombre de lits.

    Entre-temps, il n’y a plus eu, depuis 2005, d’accord social pluriannuel digne de ce nom qui ait été conclu dans les secteurs fédéraux. Depuis 2011, nous devons nous contenter des miettes qui tombent via des mini-accords alors que le besoin en personnel supplémentaire et motivé ne cesse d’augmenter.

    Fin septembre, le front commun syndical n’a reçu qu’une seule réponse claire du cabinet De Block au cahier de revendications du secteur: nous sommes dans une période de réduction des dépenses! Après que le budget ait été établi en octobre, le bruit a couru que le gouvernement veut aussi s’en prendre aux jours de fin de carrière ou de RTT. Il existe différentes formules, mais la plus célèbre accorde au travailleur un jour supplémentaire de diminution du temps de travail par mois, par tranche de 5 ans, à 45 ans, 50 ans (2 jours par mois) et 55 ans (3 jours par mois). Pour l’introduction de cette mesure, les travailleurs ont dû renoncer à une augmentation de salaire dans un secteur où les salaires ne sont déjà pas confortables. La journée nationale d’actions (avec grève et manifestation) de l’ensemble du secteur social le 24 novembre ne tombe donc pas du ciel.

  • [INTERVIEW] Soins de santé: le gouvernement va à l'inverse de la logique

    bartvdb-300x216“Le vieillissement de la population et du personnel suppose plus d’investissements, le gouvernement fait exactement l’inverse”

    Nous avons discuté avec Bart Van der Biest, infirmier à l’hôpital Sint-Maria à Halle. Il y a permis l’implantation du SETCa en 2004. Depuis 2008, il est représentant SETCa-FGTB pour les infirmiers et soignants au ministère de la santé publique comme membre du Conseil fédéral de l’art infirmier(commission consultative). Il est à nouveau candidat aux élections sociales.

    Quels sont les problèmes spécifiques dans ton secteur qui rendent nécessaire une forte présence syndicale ?

    “Dans les prochaines années, nous entrerons dans une zone de turbulence étant donné que la ministre De Blockva procéder à de profondes réformes dans le secteur des hôpitaux. Dans ses plans, il n’y a que quelques phrases sur le sort du personnel. Avec un gouvernement pour lequel l’austérité est l’alpha et l’omega, ce n’est pas de nature à rassurer.

    “Le vieillissement de la population mais aussi du personnel est un énorme défi en soi. En 2020, 30% du personnel de soin aura plus de 50 ans et le nombre de travailleurs de plus de55 ans aura doublé. Cela implique en fait plus d’investissements dans le secteur mais notre gouvernement fera le contraire. Si nous regardons ce qui se passe dans les pays voisins où de telles mesures ont déjà été prises, nous pouvons déjà nous faire une idée du futur. L’instauration du financement DRG (enveloppe fixe par profil de patients) en Allemagne est en grande partie à l’origine de l’énorme déficit en personnel. Le syndicat allemand Verdi estime ce déficit à 262.000 têtes: c’est environ le double de tous les infirmiers actifs en Belgique ! En France, on va fermer 10% des services d’urgence,…Et je préfère ne pas parler de l’horreur intégrale dans le secteur de la santé aux Pays-Bas.

    “Par-dessus le marché, il y a encore les plans de Kris Peeters qui permettent encore plus de flexibilité. Les syndicats de notre secteur essaient depuis des années déjà de limiter la flexibilité.Dans notre hôpital, nous avons mis sur pied un système grâce auquel l’horaire de la semaine suivante est “bloqué” le lundi. Cela se passe sur base d’un roulement étendu sur toute l’année et qui est adapté en fonction des besoins du service. Pendant cette ‘‘période bloquée’’, l’horaire variable prend un caractère d’horaire fixe et on peut donc refuser de faire un remplacement ou de changer de shift. Cela permet une prolongation relative du délai minimum de communication des horaires prévu par la loi : c’est-à-dire cinq jours à l’avance. Pour ceux qui, à la demande de l’employeur, changent de shift dans les 24 heures (sur base volontaire !), ily a une prime de rappel de 50 euros.Si les plans de Peeters se concrétisent dans le secteur, nous pourrons oublier tout ça.”

    Comment envisages-tu la campagne électorale et quels sont les projets à ton boulot ?

    “Un syndicat rouge dans un hôpital catholique de l’agglomération flamande de Bruxelles, c’est loin d’être naturel.Nous essayons de nous adapter en écrivant nous-mêmes nos tracts et nos affiches afin qu’ils correspondent le plus étroitement possible à l’environnement de nos collègues. Entre-temps,nous avons développé notre propre style particulier que nous pourrions qualifier de “cartoonesque avec une bonne pincée de sarcasme et d’absurdisme.’’ Dans le travail syndical, la communication est essentielle. C’est pour cela que nous utilisons de nombreux canaux: notre propre site web, facebook, journaux muraux à l’étage des caves et des vestiaires, un tour des services mensuel,… La plupart des problèmes ne peuvent pas être résolus tout de suite et dans ce cas, il est très important que le personnel sache comment nous nous occupons de ces problèmes.Un sujet auquel nous voulons nous attaquer est la politique d’agression ou plutôt son absence. La collaboration avec la LBC s’est toujours bien passée jusqu’à présent et pendant le plan d’action de 2014, elle a même été excellente.Se profiler comme un adversairede l’autre syndicat n’est pas une bonne idée alors qu’après les élections sociales, il faut collaborer. Aussi, nous travaillons de façon complémentaire et pas concurrentielle.”

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop