Category: Ecologie

  • Tract de campagne d'été des Etudiants de Gauche Actifs

    Tout comme chaque année, les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) poursuivrons leurs activités durant l'été. Vous pourrez les retrouver en campagne en rue, sur les festivals,… Le tracts ci-dessous dévoile les principaux thèmes sur base desquels ils engageront la discussion. Bonne lecture!

    => Tract en version PDF


     

    autocollant_ecologie
    Soutiens notre campagne et la participation du plus grand nombre de jeunes à la manif de Paris ! (Autocollant à prix libre)!

    Changeons le système, pas le climat! Sauvons la planète du capitalisme!

    Le changement climatique a déjà un impact catastrophique sur la production alimentaire et les conditions de vie à travers le monde. En 2013, 22 millions de “réfugiés climatiques” ont dû fuir leur région. Sans changement de cap majeur, cela ne va faire qu’empirer.

    EGA_environnementSommes-nous chacun responsable au même titre? Non. Une étude de Richard Heede (revue scientifique ‘‘Climatic Change’’) estime que 61% des émissions de gaz à effet de serre émises depuis le début de l’ère industrielle (1750) proviennent de… 90 multinationales (principalement ces dernières décennies)! Celles-ci possèdent les ressources et la technologie nécessaires pour une transition énergétique écologiquement responsable. Mais pour les multinationales, notre environnement peut être sacrifié pour protéger leurs montagnes de pognon!

    Les vingt sommets climatiques de l’ONU ont systématiquement souligné le péril environnemental qui nous fait face, sans jamais remettre en cause l’immonde gaspillage du système de production capitaliste. Fin 2015, un nouveau sommet climatique aura lieu à Paris. La dernière fois, plus de 300.000 personnes ont manifesté à New-York.

    Opposons à la folie du gaspillage capitaliste une gestion rationnelle des ressources et de la production, basée sur la collectivisation de secteurs fondamentaux comme l’énergie (production et distribution) et des multinationales telles que Monsanto. À partir de là, nous aurons les moyens de démocratiquement planifier la transition écologique et la sortie du nucléaire et de l’énergie fossile, avec des investissements publics massifs dans les énergies renouvelables, dans les transports en commun, dans l’isolation des bâtiments, dans le recyclage de masse,…

    C’est ce changement de société radical que les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) défendront à la manifestation ‘‘Climat’’ de Paris le 29 novembre, au côté de la Coalition Climat qui vise à mobiliser 10.000 Belges. Prends la route de Paris avec nous !


     

    Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère… De cette société-là, on n’en veut pas !
    EGA_laureChômage de masse, jobs précaires,… la vie après les études, c’était déjà la jungle. Mais Michel et sa clique en ont rajouté une couche en augmentant l’âge de la pension à 67 ans (idée splendide pour encore plus boucher aux jeunes l’accès à un emploi) et en refusant à ceux qui finissent leurs études après 24 ans d’avoir une allocation de chômage. Ils veulent aussi diminuer le salaire minimum des jeunes (personne n’avait remarqué qu’il était trop élevé…). Au final, il n’y aura pas le moindre emploi en plus, mais la concurrence entre travailleurs (âgés, jeunes,…) aura été augmentée. Au bénéfice de qui ?

    Ce gouvernement des riches veut livrer au monde des patrons et des actionnaires une masse de travailleurs hyper-flexibles, corvéables à merci et aux salaires tellement bas qu’ils empêchent de se construire sérieusement un avenir. T’es pas content de ton job? Tant pis. D’autres seront forcés de l’accepter.

    En novembre/décembre dernier, pas mal de jeunes ont participé aux actions syndicales. Lors de la manifestation-monstre du 6 novembre (environ 150.000 personnes dans les rues de Bruxelles…), la tête du cortège était constituée d’un bloc déterminé de jeunes. Parmi eux, un bon groupe d’élèves du secondaire de Gand qui avaient eux-mêmes organisé des sit-ins, des manifestations et une grève dans leur ville contre les coupes budgétaires dans l’enseignement.

    Malheureusement, après la grève générale nationale du 15 décembre, les directions syndicales ont refusé de poursuivre la construction du mouvement avec une stratégie audacieuse. Michel & Co ont donc pu poursuivre leur politique de démolition sociale sauvage.

    EGA veut assurer que la jeunesse soit activement présente au côté des travailleurs. Le 7 octobre prochain, une nouvelle manifestation syndicale de masse aura lieu. Assurons que ce soit un succès et qu’un nouveau plan d’action audacieux arrive, jusqu’à la chute de ce gouvernement des riches!


    Stop au racisme et au sexisme – Ils veulent nous diviser pour mieux régner – Non à l’austérité !

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    Autocollant à prix libre.

    Pour Dewever et la N-Va, le racisme, ça n’existe pas vraiment, ce serait juste un prétexte que des personnes d’origine immigrée utilisent pour justifier leur échec personnel. Mais le massacre de Charleston et la violence policière contre les Noirs aux USA, la politique migratoire européenne, l’exploitation des sans-papiers,… illustrent à quel point la société capitaliste est pourrie, rongée par le racisme et les discriminations.

    Ce n’est pas un accident. La meilleure stratégie pour assurer la domination d’une infime minorité, c’est de diviser la masse des opprimés, d’exacerber les préjugés pour nous monter les uns contre les autres et détourner ainsi l’attention des véritables responsables des problèmes sociaux, économiques, environnementaux,…

    Le sexisme est ainsi si ancré dans notre quotidien qu’il en vient à être considéré comme quasiment ‘‘naturel’’. C’est vraiment flagrant sur la plupart des festivals. Combien d’entreprises font leur pub en considérant le corps des femmes comme un vulgaire objet de promotion ? Avec quelles conséquences sur les comportements ? En Flandre, de nombreuses jeunes filles ont décidé de livrer sur les réseaux sociaux leurs témoignages sur le harcèlement de rue, les viols et le sexisme quotidien sous le hashtag #wijoverdrijvenniet (nous n’exagérons pas).

    EGA_racisme_nsvRacisme, sexisme et homophobie sont autant de barrières qui freinent le combat que nous devons mener ensemble pour la satisfaction des nécessités sociales les plus élémentaires. Chacun mérite d’avoir un véritable avenir et d’être respecté indépendamment de son origine, de son genre ou de son orientation sexuelle. La meilleure riposte, c’est l’organisation d’une opposition active et politique conséquente contre toute tentative de diviser la résistance sociale. De la sorte, en Allemagne, ce sont les manifestations de masse qui ont brisé la progression du mouvement islamophobe Pegida.

    Soutiens nos campagnes: EGA et ses campagnes antifascistes (Résistance Internationale (FR) et Blokbuster (NL)) organisent chaque année une manifestation contre la marche de la haine de la NSV (organisation étudiante officieuse des néofascistes du Vlaams Belang). Nous jouons aussi un rôle moteur contre les réactionnaires qui veulent abolir le droit à l’avortement, renvoyer les femmes au foyer, revenir sur les conquêtes des Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s, Transgenres, Queers et Intersexes.


    TTIPNO TTIP! Un avenir où on nettoie le poulet au chlore ? Bombardé d’OGM ? Où la moindre protection sociale est une ‘‘atteinte à la liberté d’entreprise’’ ? Bienvenue dans le monde que nous prépare le Traité transatlantique (TTIP) que nous concoctent les chefs d’État européens et les autorités américaines : la plus vaste zone de libre-échange au monde. Les multinationales sont les seules à applaudir… EGA participera à l’encerclement du sommet européen du 15 octobre prochain (initiative de l’Alliance D19-20).


    MARX AVAIT RAISON! REJOINS EGA!

    marx est mortNous voulons lutter contre le capitalisme, c’est certain, mais pas n’importe comment. Être efficace signifie d’avoir une grille d’analyse pour bien comprendre la situation présente, d’où elle provient, quelles sont ses contradictions internes, comment elle peut se modifier,… Parfois, de grands événements peuvent survenir de façon très abrupte, mais ce n’est pas pour autant que rien ne les annonçait !

    Il faut aussi tirer les leçons du passé pour mieux renforcer les luttes d’aujourd’hui. Le combat contre l’exploitation capitaliste a déjà une riche histoire derrière lui concernant le programme, la stratégie et les tactiques nécessaires pour aller vers une société débarrassée de la guerre, de la misère et de l’oppression.

    EGA, Étudiants de Gauche Actifs (ALS, Actief Linkse Studenten en Flandre) est l’organisation de jeunesse du Parti Socialiste de Lutte (PSL). Elle se revendique du marxisme. Contrairement à ce qu’en a fait le totalitarisme stalinien, il ne s’agit pas d’un dogme rigide, mais au contraire d’une méthode flexible pour comprendre le monde afin de le changer. Nous défendons une alternative anticapitaliste basée sur le contrôle démocratique de l’économie par la collectivité. Nous voulons une société orientée vers les besoins de la majorité de la population plutôt que vers les profits des super-riches. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.

    Rejoins-nous et construisons ensemble cette société !


    Voici le nouveau T-shirt et le nouveau sweat des Étudiants de Gauche Actifs! Ils reviennent à 12 euros pour le T-shirt (modèle homme et femme) et à 25 euros pour le sweat (+ 3 euros pour les frais de port). Vous pouvez passer commande auprès de nos militants ou via info@gauche.be.

    tshirtEGA Sweat_EGA

  • [VIDEO] Débat sur Al Jazeera consacré aux forages arctiques de Shell

    La chaîne Al Jazeera a consacré un reportage à la résistance contre les projets de forage arctique de la multinationale pétrolière Shell. Des protestations impressionnantes ont eu lieu ces derniers temps dans la ville de Seattle, qui accueille actuellement la plate-forme qui servira à procéder à ces forages catastrophiques. Dans le cadre de ce débat, Al Jazeera laisse la parole à des conservateurs favorables à ce projet extrêmement destructeur pour l'environnement, notamment à un responsable Républicain. mais d'autre prennent aussi la parole, comme notre camarade Kshama Sawant, élue socialiste à la ville de Seattle, qui a activement participé aux actions des militants opposés à Shell avec notre organisation soeur Socialist Alternative.

  • Bruxelles: action contre Monsanto, archétype du système capitaliste

    monsanto012 à 300 personnes étaient présentes rue Neuve, à Bruxelles, ce samedi 23 mai, dans le cadre de la 4ème journée internationale contre la multinationale Monsanto et sa scandaleuse politique en matière de pesticides et d’OGM (organismes génétiquement modifiés). Monsanto est le parfait modèle du système de production et de financement capitaliste, une production dangereuse pour du profit immédiat, sans assumer les conséquences dramatiques que cela engendre.

    Cette action était aussi l’occasion de protester contre les accords de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne, notamment le TTIP.

    monsanto03De telles actions et manifestations ont simultanément été organisées dans 421 villes et 48 pays à travers le monde.

    Si elle a eu le mérite d’exister, l’initiative en Belgique était malheureusement marquée par un flou idéologique autour de ces questions.

    Une équipe de militants du PSL et des Étudiants de Gauche Actifs était présente à cette action. Nous avons pu y mener de nombreuses discussions intéressantes et diffuser quelques exemplaires de notre mensuel Lutte Socialiste.

    => Reportage-photos du Collectif Krasnyi

    Photos de Hafed

     

  • Seattle : Bataille engagée contre la multinationale Shell

    shell_usa_03Le président Barack Obama a trahi l’une de ses promesses concernant le climat et l’environnement en permettant finalement à la multinationale pétrolière Shell d’aller forer dans l’Arctique à la recherche de pétrole. Fin avril, des activistes environnementaux avaient envoyé le message suivant à Obama dans les pages du magazine «USA Today» (l’une des publications les plus importantes du pays) : «Si Shell exploite le pétrole de l’Arctique, il y 75 % de probabilités qu’il y ait un accident et 100 % pour qu’il y ait des conséquences néfastes sur le climat.» Mais sur ce thème comme sur d’autres, la présidence a clairement fait le choix de protéger les intérêts des grandes entreprises face à ceux de la population et de l’environnement.

    Les risques sont effectivement loin d’être négligeables. Comme le rapport le site reporterre.net, en juillet 2012, la plateforme de forage de Shell «Discoverer-Noble» a failli s’échouer sur les côtes de la ville d’Unalaska avant d’être remorquée. Une autre plate-forme de forage, le Kulluk, s’était échouée fin décembre dernier sur une île d’Alaska. La région est du reste encore marquée par l’une des plus grosses marées noires de l’histoire survenue en 1989 lorsque le pétrolier Exxon-Valdez a fait naufrage et déversé 40 millions de litres de pétrole brut dans la mer. 1.300 kilomètres de côtes avaient été touchées.

    shell_usa_02C’est la ville de Seattle qui doit servir de base aux nouveaux forages en Arctique de Shell. Il est question de forer une demi-douzaine de puits offshore dans la mer des Tchouktches (entre l’Alaska et la Russie). Des centaines de militants ont se sont donc rendus ce week-end à Seattle (Etat de Washington) afin de bloquer la plateforme de Shell «Polar Pionneer». En avril, des militants de Greenpeace y avaient déjà installé un camp alors que la structure pétrolière était en route vers la ville.

    Dès que l’arrivée du «Polar Pioneer» à Seattle a été connue, jeudi dernier, une trentaine d’activistes parmi lesquels des membres de Socialist Alternative (section du Comité pour une Internationale Ouvrière aux USA) dont leur élue au conseil municipal Kshama Sawant, ont accueilli l’arrivée du mastodonte avec une bannière proclamant «le forage arctique, c’est du chaos climatique!» Le samedi matin, une flottille composée de centaines de kayaks s’est lancée sur les eaux pour dénoncer le forage arctique tandis que des milliers de manifestants protestaient au terminal n°5 du port de Seattle qui servira de refuge au «Polar Pioneer» pour ces prochaines semaines. Ce lundi, une nouvelle action est encore prévue.

    Construire un mouvement de masse contre Shell

    shell_usa_01Dès qu’il a été su que le port de Seattle devait accueillir les infrastructures de forage de Shell, tout a été fait pour convaincre la population que toute opposition serait vaine puisque le contrat avait été signé. C’est exactement ce qui avait été dit dans le cas de Keystone XL, du nom de la quatrième phase du pipeline Keystone, un oléoduc long de 3 461 km  visant à connecter le Canada au Golfe du Mexique à travers les Etats-Unis. Quatre ans après, rien n’est encore joué. Plusieurs projets de développement pétrolier ont été asphyxiés grâce aux efforts de campagnes actives de terrain.

    Un mouvement s’est constitué contre Shell en recourant à toute une variété de tactiques, des poursuites en justice à la pression sur des élus locaux en passant par l’action directe. Ce mouvement a été capable de bouleverser l’agenda politique local. Si, dès le premier meeting public consacré à ce thème, la conseillère municipale Kshama Sawant a clamé «Shell No!», il n’en a pas été de même pour tous les élus. Mais le mouvement a été capable de pousser l’establishment politique de Seattle à prendre position.

    Le conseil municipal a voté à l’unanimité une résolution exhortant le Port à reconsidérer son bail avec Shell. Ed Murray, le maire de Seattle, a déclaré que les immenses plates-formes et les navires logistiques de Shell qui doivent s’y amarrer pour assurer la maintenance des forages n’entrent pas dans le cadre du permis actuel. D’autre part, le conseil d’administration du Port a ordonné à Shell de retarder l’arrivée de ses plates-formes et exigé un examen juridique des plans de forage. Mais Shell n’en a eu cure.

    La lutte n’est pas encore terminée, mais ce week-end a su démontrer que Shell avait face à elle des adversaires acharnés qui n’ont pas fini de faire parler d’eux.

    Kshama Sawant défend :

    – NON aux navires et à la plateforme de Shell à Seattle. Le Port de Seattle ne doit pas participer au désastre environnemental que représente le forage arctique.
    – Pour des salaires décents et une protection syndicale au Terminal 5 du Port de Seattle, pour des emplois qui n’endommagent pas notre environnement! Le front de résistance contre Shel doit tout faire pour s’attirer le soutien des travailleurs du port.
    – Pour un moratoire sur les trains transportant du pétrole ou du charbon passant par Seattle.
    – Pour une création d’emplois par l’intermédiaire de la transition énergétique vers une production écologiquement responsable et une «transition juste» pour tous les travailleurs des industries fossiles.

    Kshama Sawant, Socialist Alternative.
    Kshama Sawant, Socialist Alternative.
    Notre camarade Jess Spears s’exprime sur le mouvement

     

  • Changement climatique : À la recherche d’une solution bon marché

    Le cyclone qui a frappé l’île de Vanuatu dans le Pacifique en mars dernier fut le plus dévastateur jamais enregistré dans la région. Il a mis en évidence une nouvelle fois le lien très probable qui existe entre les conditions météorologiques extrêmes et le réchauffement climatique.

    Peter Dickenson, article paru dans le Socialism Today, mensuel du Socialist Party (section du CIO en Angleterre et au pays de Galles)

    Cette catastrophe pourrait aussi remettre la question d’une « ingénierie climatique » sur le tapis, car elle semble offrir une solution technique rapide et bon marché au problème du changement climatique. La crédibilité de l’ingénierie climatique a connu un certain essor à la suite du récent appel fait par le prestigieux Conseil national de recherche des États-Unis à conduire davantage de recherches dans ce domaine.

    Cette recommandation sera probablement reprise par le Congrès à majorité républicaine ainsi que par les groupes de pression d’extrême droite qui ont longtemps recommandé l’ingénierie climatique comme une solution au problème de l’élévation mondiale des températures. Ces groupes de pression n’expliquent pas, bien entendu, pourquoi ils pensent que des actions si drastiques sont nécessaires lorsqu’ils nient l’existence même d’un changement climatique provoqué par l’homme ou qu’ils minimisent son importance.

    Avant d’examiner les arguments, nous devons définir ce qu’est l’ingénierie climatique – ou la géo-ingénierie comme certains l’appellent –, car il n’y a pas de position commune à ce sujet. Cette discipline comporte deux aspects : l’élimination du gaz principalement responsable du réchauffement climatique, le dioxyde de carbone, de l’atmosphère et la gestion des radiations solaires, qui consiste à refléter certaines radiations du soleil vers l’espace, permettant ainsi de réduire les températures. L’élimination du dioxyde de carbone n’est pas considérée par certains comme entrant dans la catégorie de l’ingénierie climatique, probablement parce qu’elle engendre moins de risques que la gestion des radiations solaires.

    Pourtant, la majorité des techniques d’élimination du dioxyde de carbone ne sont pas exemptes de risques. L’un des gros problèmes que cette solution pose, à cause des graves dangers qu’elle représente pour la santé, est le stockage sécurisé du gaz pendant une période de temps indéfinie. Par exemple, lorsqu’accidentellement un lac d’Afrique a libéré du dioxyde de carbone – rejet dû à des causes naturelles – des milliers de personnes sont mortes asphyxiées, prises au piège par un nuage de gaz qui survolait la campagne.

    Certaines des propositions qui ont été mises dans la catégorie de l’ingénierie climatique sont sans dangers. C’est le cas de la reforestation, car les arbres jouent un rôle majeur dans l’élimination du dioxyde de carbone. Toutefois, on risque ici de donner l’impression que de telles mesures peuvent résoudre le problème du changement climatique, ce qui réduirait la pression visant à diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Malheureusement, il y a bien longtemps que la reforestation à elle seule, bien que nécessaire, n’est plus capable d’apporter une amélioration à l’échelle et à la vitesse nécessaire pour avoir une réelle incidence sur le réchauffement climatique.

    La gestion des radiations solaires est bien plus dangereuse que l’élimination du dioxyde de carbone et de nombreuses propositions sont mises sur la table, certaines plus risquées que d’autres. Certaines propositions, comme le « toit froid », consistent à utiliser des matériaux de toiture clairs qui réfléchiraient la chaleur du soleil plutôt que de l’absorber. Une proposition plus risquée encore serait de diffuser des particules de soufre dans l’atmosphère pour imiter les mécanismes d’une éruption volcanique et réduire les températures à l’échelle mondiale. Ce phénomène a été observé pour la première fois après l’éruption du volcan Krakatoa situé dans le sud-est de l’Asie au XIXe siècle ; il s’agit de l’éruption la plus forte jamais enregistrée.

    Plus récemment, après l’éruption du Mont Pinatubo dans les Philippines en 1991, des milliers de tonnes de particules de sulfate se sont dispersées dans l’atmosphère et se sont rapidement répandues, réduisant les températures mondiales de quelques dixièmes de degré pendant plusieurs années. Cette diminution est considérable à l’échelle du réchauffement climatique, étant donné que de petits changements peuvent avoir une incidence considérable sur l’environnement. Jusqu’ici, nous avons connu une élévation des températures d’à peine 0,75 degré par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle. Pourtant, il y a de plus en plus d’éléments qui permettent de faire le lien entre cette augmentation et les événements météorologiques extrêmes tels que l’ouragan Katrina qui a dévasté la Nouvelle-Orléans et le Golfe du Mexique en 2005.

    Dans leur article publié dans le journal Geophysical Research Letters, les scientifiques du Centre national de recherche atmosphérique au Colorado, États-Unis, ont étudié les effets de l’éruption du Pinatubo et ont découvert qu’elle avait provoqué une forte diminution des précipitations. Ils en ont conclu que toute tentative d’injecter des particules de sulfate dans la stratosphère pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur les cycles de l’eau de la Terre, causant des sécheresses et des famines. La diffusion de particules de sulfate dans l’atmosphère pourrait également provoquer une diminution de la couche d’ozone qui nous protège contre le cancer de la peau favorisé par les radiations solaires.

    Si la gestion des radiations solaires était utilisée pendant une longue période, alors que les émissions de gaz à effet de serre continuaient de croître, et qu’elle était ensuite arrêtée soudainement, cela pourrait provoquer une très rapide élévation des températures, causant encore plus de dommages qu’un changement climatique progressif. Par ailleurs, l’acidification des océans, liée à l’évolution des concentrations de dioxyde de carbone, ne serait absolument pas prise en compte dans le cadre d’une approche de ce type, ce qui pourrait endommager encore davantage la vie sous-marine et l’écologie et détruire les barrières de corail.

    Une autre approche proposée concernant la gestion des radiations solaires consiste à construire des miroirs dans l’espace afin de refléter les radiations solaires. Même s’il y a moins de risques que cette proposition soit mise en œuvre compte tenu des coûts qu’elle engendrerait, elle présente les mêmes inconvénients que l’usage de particules aérosol de sulfate, dans la mesure où elle est employée pour masquer une augmentation des émissions de dioxyde de carbone. Si les miroirs venaient à être détruits pour n’importe quelle raison (problème technique, attentat terroriste, manque de ressources financières pour les maintenir en place, etc.) nous pourrions assister à une élévation très rapide et destructrice des températures.

    Le risque commun à toutes les techniques de gestion des radiations solaires est qu’elles pourraient coïncider avec une éruption volcanique naturelle qui ne pourrait être prévue par aucun modèle informatique. Le résultat d’un tel évènement serait une combinaison entre le refroidissement provoqué par les techniques d’ingénierie climatique et la chute des températures causée par les cendres volcaniques, ce qui aurait des conséquences catastrophiques.

    L’un des attraits principaux de l’ingénierie climatique aux yeux des capitalistes est son coût relativement peu élevé. Le coût que représente la réduction des émissions à un niveau tolérable a été estimé par le rapport Stern, commandé par le dernier gouvernement travailliste en Grande-Bretagne, à 1% de la production économique par an pendant 40 ans (Nicholas Stern, Report on the Economics of Climate Change, 2006). À l’échelle mondiale, cela représenterait à peu près 400 milliards de dollars par an. Les estimations des coûts de la gestion des radiations solaires représentent une fraction de ce chiffre, quelques centaines de millions de dollars par an. Ce qui est effrayant, c’est que cela en fait un objectif à la portée de certains milliardaires irresponsables et obstinés. Bill Gates et Richard Branson ont déjà financé la recherche dans ce domaine. En Russie le conseiller principal du gouvernement qui ne croit pas au changement climatique a effectué des expériences en diffusant des particules de soufre depuis un hélicoptère.

    Aucun organisme scientifique sérieux n’a recommandé l’ingénierie climatique comme une alternative à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ceux qui préconisent d’approfondir la recherche dans ce domaine, comme la Royal Society en Grande Bretagne ou le Conseil national de recherche aux États-Unis, voient cette discipline comme un moyen de gagner du temps pendant que des actions sont mises en œuvre pour s’attaquer aux causes fondamentales du réchauffement climatique. Le danger de cette approche, c’est que les gouvernements capitalistes, qui sont déjà très réticents à l’idée de dépenser de grosses sommes d’argent pour atténuer le réchauffement climatique, s’empressent d’embrasser l’ingénierie climatique comme une alternative bon marché. Emprunter cette voie pourrait être aussi dangereux que le réchauffement climatique lui-même. Pour régler les causes fondamentales du problème, il faut passer par la suppression du système de marché capitaliste basé sur les profits. Plus cette tâche est reportée et pires seront les perspectives de l’environnement.

  • Stop Tihange !

    Le 15 mars, une manifestation antinucléaire aura lieu à Tihange à l’appel de ‘‘Nucléaire, STOP!’’ et de ‘‘Aktionsbündnis gegen Atomenergie Aachen’’ (Aix-La-Chapelle). Quelques jours après le quatrième anniversaire de la catastrophe de Fukushima, ce sera là l’occasion pour les citoyens et les militants antinucléaires de rappeler les dangers qu’induit la production d’énergie nucléaire et de réclamer la mise en place d’une alternative énergétique.

    Par Clément (Liège)

    Des réacteurs obsolètes, source de danger.

    manif-huy-tihange-2015-web-e1422643819237Les sept réacteurs nucléaires belges ne datent pas d’hier. Mis en service entre 1975 et 1985, ils étaient initialement conçus pour avoir une durée de vie de 30 ans (1) selon des normes antérieures à l’accident de Three Miles Island (1979). En pratique, ces limites techniques d’utilisation pour raisons de sécurité sont très relatives aux yeux du patronat et de ses relais politiques. Ainsi, en 2003, la loi sur la sortie progressive de l’énergie nucléaire augmentait la durée d’utilisation des centrales de 10 ans. Puis, en 2012, le gouvernement Di Rupo portait celle du réacteur de Tihange 1 à 50 ans.

    Aujourd’hui, le gouvernement Michel propose de prolonger l’exploitation des réacteurs de Doel 1 et 2 jusqu’en 2025 (2)  (mise en service : 1975). Par ailleurs, la découverte en 2012 de microfissures dans les cuves des réacteurs de Doel 3 et Tihange 2 n’a donné lieu qu’à un arrêt temporaire de ces derniers, dont Electrabel souhaitait la réouverture dans le courant de l’année 2015.

    Basse empreinte écologique ou fort profit économique?

    L’argument selon lequel l’énergie nucléaire serait écologiquement neutre est un des poncifs du discours des entreprises du secteur de l’énergie, tandis que les autorités politiques ne cessent de souligner son faible cout et sa fiabilité. En réalité, ces deux arguments sont caducs.

    D’une part l’impact environnemental de l’exploitation de l’uranium est bel et bien réel : conséquences sanitaires (rejet radioactif dans les zones d’exploitation d’uranium), problème de l’élimination de déchets à la toxicité extrêmement longue et élevée, impact carbone du transport de l’uranium et de la construction des centrales, pollution des eaux dans les zones d’extraction,…

    D’autre part, la libéralisation de 2005 a permis à Electrabel d’accaparer un monopole de fait qui lui permet d’imposer des prix élevés sur un produit à faible cout de production. De ce fait, l’entreprise ne mise que sur le nucléaire (57% de la production en 2013) sans pratiquement investir dans les énergies renouvelables (7% en 2013) (3). Dès lors, cette dépendance est utilisée pour brandir le spectre de la pénurie lorsque le nucléaire est contesté.

    La production d’énergie doit profiter à tous !

    La mise en pâture de la production de l’énergie à de voraces multinationales ne peut amener que pénuries, hausse des prix, dangers écologiques et sanitaires. Cela ne profite certainement pas à l’ensemble de la population. Pour lutter contre la hausse des prix, la désorganisation de la production et aller de l’avant vers une production énergétique qui respecte l’environnement, le PSL défend la nationalisation et la création d’un secteur public de l’énergie démocratiquement contrôle et planifié par la collectivité.

    Dimanche 15 mars 2015 à 14 h à Huy, Avenue DELCHAMBRE

    1.    GREENPEACE. 25 ans après Tchernobyl, 1 mois après Fukushima http://www.etopia.be/sortiedunucleaire/IMG/pdf/dossier_presse_fr.pdf
    2.    Accord de gouvernement. Disponible à l’adresse : http://studioweb.lesoir.be/turnpages/accord/?&&&_ga=1.78898836.1203940237.1424390682#p=12
    3. https://www.febeg.be/fr/statistiques-electricite

  • Les forces du marché freinent l'énergie renouvelable

    Les gouvernements capitalistes à travers le monde ont-ils finalement ouvert les yeux sur le danger du réchauffement climatique ?

    La part de l’énergie renouvelable dans la capacité totale de production d’électricité est passée de 7,8% à 8,5% entre 2012 et 2013 (Programme des Nations Unies pour l’Environnement, Global Trends in Energy Investment, 2014). Plus impressionnant : 43,6% de la nouvelle capacité d’énergie était renouvelable. Une telle hausse de l’utilisation de méthodes de production d’énergie non-polluantes est bien sûr bienvenue, mais cela signifie-t-il vraiment que les gouvernements du monde entier ont finalement ouvert les yeux sur le danger du réchauffement climatique ? Le système du marché nous a-t-il mis sur la voie d’un futur sans émission de carbone ?

    Par Pete Dickinson, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)

    Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de regarder les données plus en détail. Nous devons décomposer l’investissement par pays, et regarder les tendances des dépenses et ce qui les motive. Ensuite, le montant total de l’investissement doit être comparé à celui requis pour maintenir l’augmentation de température à moins de 2°C au dessus du niveau pré-industriel, au-delà de quoi les effets du réchauffement climatique se déchaîneront. Et il est crucial de prendre en considération le délai dans lequel il faut parvenir à ce résultat.

    Mondialement, l’investissement dans les énergies renouvelables a atteint un record de 257 milliards $ en 2011, mais a baissé de 23% depuis, l’austérité de l’Union Européenne ayant un fort impact sur cela. Les dépenses ont baissé de 56% en 2013 par rapport à l’année précédente en Allemagne, et d’un énorme 75% en Italie (Bloomberg New Energy Finance, 2014). L’Allemagne était auparavant en tête des pays européens pour l’énergie verte. La baisse mondiale de 23% est, en fait, bien pire qu’il n’y parait quand on prend en compte la situation au Japon. Là, il y a eu une augmentation de 80% des investissements dans le renouvelable en 2013 par rapport à 2012, mettant le Japon en 3ème position mondiale après les USA et la Chine. Même si d’après la tendance actuelle, le Japon est bien parti pour devenir numéro 1 en 2015, cette « répercussion » du désastre nucléaire de Fukusima en 2011 ne va pas aider à freiner le réchauffement climatique.

    Le gouvernement japonais a dû supprimer une grande quantité de puissance nucléaire, étant forcé de fermer les centrales après le tremblement de terre et le tsunami qui ont détruit les réacteurs à Fukushima. Cela a créé une pénurie d’énergie qui, pensait le gouvernement, demandait des mesures d’urgence pour maintenir l’approvisionnement en électricité. La réponse a été d’intensifier l’utilisation d’énergie fossile et de promouvoir les énergies renouvelables. Le résultat global de cela, cependant, ne sera pas une réduction des émissions de gaz à effet de serre, puisque la source d’énergie qui est remplacée, le nucléaire, ne produit pas des quantités significative de gaz qui causent le réchauffement climatique. (Le nucléaire, bien sûr, n’est pas une source d’énergie écologique puisqu’il produit inévitablement de grandes quantités de déchets toxiques.)

    Il y a des tableaux contradictoires similaires aux USA et en Chine. Malgré leurs positions de tête dans le classement de l’investissement renouvelable, leurs émissions de gaz à effet de serre ont continué à enfler. Poussé par son but stratégique d’accroitre son indépendance énergétique, les USA ont vu une augmentation massive dans la fracturation hydraulique au cours des 10 dernières années, une technologie qui produit du gaz et du pétrole, qui émettent du gaz à effet de serre quand ils sont consumés.

    Quand la croissance économique chinoise était de 10 à 12% par an, il y avait une pénurie d’énergie qui a mené le gouvernement à promouvoir les énergies renouvelables, à côté des énergies fossiles et nucléaire, pour boucher le trou. Les entreprises chinoises voulaient aussi devenir les leaders mondiaux de l’industrie d’énergie solaire. Ils ont réussi dans une grande mesure grâce à leur accès facile aux emprunts soutenus par l’État et au marché intérieur protégé. Cependant, tout en produisant de la technologie écologique, la Chine a continué de remplir la plus grande part de ses besoins énergétiques par le charbon, la plus polluantes des énergies fossiles. Le résultat net pour les USA comme pour la Chine est que les investissements dans le renouvelable ont sont submergés par les technologies qui utilisent les énergies fossiles.

    Un développement intéressant révélé par le rapport de l’UNEP est que le coût unitaire des panneaux solaires a chuté de façon significative, à tel point que même si l’investissement a baissé dans ce secteur, le nombre de panneaux installés a augmenté. A première vue, cette nouvelle situation pourrait promouvoir l’utilisation du solaire, et encourager ceux qui pensent qu’un point de basculement a été atteint et que les économies d’échelles dans les énergies renouvelables vont faire pencher la balance du marché en défaveur des technologies polluantes.

    L’augmentation de la capacité de l’industrie solaire est due à plusieurs facteurs. Le soutien gouvernemental et les subventions, qu’ils soient ouverts comme en Europe, ou masqués comme en Chine, ont joué un grand rôle dans l’augmentation de la production. (cela donne un aperçu des possibilités si les forces du marché étaient écartées). La grande récession de 2008, suivie par l’austérité, ont aussi fait baisser les prix à mesure que la demande d’énergie chutait. En même temps, les prix historiquement hauts du pétrole, beaucoup appuyés par l’instabilité géopolitique et le cartel de l’OPEC, a temporairement rendu le solaire plus attractif.

    Mais cette combinaison de facteurs est en train de disparaître. Le prix du baril de pétrole a chuté de 110$ à 85$ et les subventions ont été beaucoup réduites, ce qui a causé un effondrement de l’investissement dans les énergies renouvelables. En même temps, il n’y a aucun signe de remontée de la demande au niveau mondial. Une forte amélioration pourrait mener à une nouvelle augmentation de la demande d’énergie solaire en Chine, et faire remonter les prix du pétrole, rendant le solaire plus compétitif. Cependant, l’austérité est un facteur à prendre en compte pour de nombreuses années par la plupart des gouvernements capitalistes ; ce qui signifie que de nouvelles subventions sont largement exclues, tout comme la perspective d’une reprise économique forte.

    Même si une combinaison de facteurs de marché favorables réapparaissait, cela ne changerait très probablement pas significativement le tableau global de la dégradation de l’environnement. Le rapport Stern sur le réchauffement climatique, rédigé à la demande du dernier gouvernement travailliste britannique mais jamais mis en œuvre, appelait à l’investissement d’1% du PIB dans les énergies renouvelables pendant 40 ans. Pourtant, il est inconcevable que des conditions de marché favorables persisteraient pendant si longtemps sans interruption, pour que cela devienne une réalité.

    Mais ce n’est pas tout. Le niveau de dépenses nécessaires pour atteindre l’objectif de 1% de Stern n’a jamais été approché, même en 2011 quand l’investissement mondial en énergie verte a atteint un sommet. Cette année, il a atteint 257 millions de $. Ce n’est que 0,33% du PIB mondial mondial, évalué à 77.000 milliards de $ en 2014 par le FMI – et bien en dessous de ce pourcentage si on utilise les chiffres les plus récents des dépenses en énergies renouvelables. De plus, le chiffre de Stern est basé sur les données disponibles il y a 10 ans. Depuis, les émissions de gaz à effet de serre ont beaucoup augmenté, ce qui signifie que l’objectif de 1% est maintenant trop bas. Cependant, même s’il faut 3% du PIB chaque année, ce niveau d’investissement serait tout à fait possible sans perturber le reste de l’économie. En fait, l’investissement vert demande relativement beaucoup de main-d’œuvre et pourrait créer des millions d’emplois.

    L’effet positif des subventions sur les énergies renouvelables donne un aperçu de ce qui serait possible sans la camisole de force de l’économie de marché. Cependant, les subventions dans le cadre du marché ne seront jamais à une échelle suffisante, ni maintenues assez longtemps, pour répondre à la nécessité.

    Pour atteindre l’objectif de dé-carboniser l’économie, la première étape devrait être la nationalisation de l’industrie du secteur de l’énergie, y compris la production d’électricité et les énergies renouvelables. Ces industries pourraient alors être gérées sur une base démocratique, avec des représentants du gouvernement national, des consommateurs d’énergie et des travailleurs de cette industrie. Une priorité absolue du nouvel organisme nationalisé devrait être d’arrêter le réchauffement de la planète. Cela demanderait une coopération internationale qui pourrait être obtenue en supprimant les gouvernements capitalistes actuels qui sont en concurrence pour détruire l’environnement.

  • ULB : le campus de La Plaine menacé

    Des logements de luxe pour remplacer un espace vert. Un peu plus d’automobilistes pour encombrer les routes, sur un réseau déjà surchargé. Des bâtiments construits sans réelle concertation avec les riverains et les usagers. Voilà ce qui attend probablement le site de la Plaine à Bruxelles.

    Par Louis M. (Bruxelles)

    Le campus est utilisé depuis 50 ans par l’Université Libre de Bruxelles. Celle-ci a vendu la moitié du terrain en sa possession, à la recherche de fonds pour combler son sous-financement chronique. C’est une réalité qui sévit depuis plusieurs années : l’ULB vend son patrimoine immobilier pour équilibrer son budget.

    Le privé a donc pris possession de vastes terrains, à proximité immédiate des deux grandes universités bruxelloise et du métro. Elle a choisi d’y implanter un important et luxueux complexe immobilier. Alors que Bruxelles a besoin de logements sociaux et étudiants, ce sont des appartements haut de gamme qui ont été choisis. C’est logique, ils se vendent plus cher.

    Face au projet, des riverains, étudiants et travailleurs se sont engagés. Ils mettent en valeur l’importance écologique du site, qui abrite plusieurs espèces protégées. Il n’est pas rare d’y croiser des lapins, alors qu’il est situé en pleine ville. Plusieurs arbres d’essences protégées sont aussi menacées ; un magnifique alignement planté il y a presque cinquante ans serait abattu.

    La commune d’Ixelles, sur laquelle est située le terrain, n’a pas manifesté un grand intérêt pour les revendications des opposants. C’est facilement compréhensible : ni les étudiants ni les riverains ne sont des électeurs potentiels. Et la puissance du promoteur, regroupant Immobel et les Entreprises Louis De Waele, n’est qu’un argument de plus en faveur du projet.

    Ayant convaincu les autorités communales, Immobel n’eut pas grand-peine à faire de même pour la Région bruxelloise. Tout au plus quelques modifications mineures ont-elles été apportées au projet, répondant à quelques-unes des questions environnementales soulevées par le comité « Sauvez la Plaine ».

    Aujourd’hui, deux des trois permis nécessaires ont été octroyés. L’abattage des arbres peut commencer à tout moment. Face à ce danger imminent, le Comité tente d’organiser une résistance citoyenne, menaçant de bloquer les travaux. La conscientisation des étudiants à l’ULB n’est cependant pas facile, il reste beaucoup de chemin à accomplir.

    Les Étudiants de Gauche Actifs, le groupe jeunes du PSL, souhaitent apporter leur soutien à l’initiative du Comité, tout en rappelant que c’est le sous-financement chronique de l’enseignement qui est la cause principale de la situation. Seul un combat commun entre étudiants, travailleurs, enseignants et riverains sera à même d’influencer la politique de logement à Bruxelles.

    Le projet Universalis Park est une opportunité pour ranimer la lutte étudiante depuis longtemps presque éteinte en Belgique. Nous nous devons de la saisir et de tout faire pour politiser le débat, en insistant sur les causes profondes plutôt que sur leurs conséquences sujettes à mobilisation – la privatisation de plus en plus grande de tous les aspects de la société, l’absence de démocratie dans la gestion de biens à usages collectif, et plus fondamentalement le système capitaliste lui-même.

    Nous devons insister pour que des revendications plus générales que le simple arrêt du projet soient mises en avant. Nous nous battons depuis déjà plusieurs années pour un refinancement de l’enseignement à hauteur de 7 % du PIB, ce qui aurait permis d’éviter la vente de ses terrains par l’ULB. Nous revendiquons aussi la construction de 60 000 logements sociaux à Bruxelles pour répondre à la demande en la matière. Ceux-ci pourraient être aménagés dans des espaces de bureaux laissés vides par leurs propriétaires, sans détruire les espaces verts de la capitale.
    Mais notre revendication la plus fondamentale, c’est sans doute la prise de contrôle par les travailleurs des grands secteurs de l’économie – transport, enseignement, banques, industries. Seule une gestion collective de l’économie sera à même d’empêcher le capital privé de construire là où personne ne veut de nouveaux bâtiments.

  • “This Changes Everything: Capitalism vs. The Climate”, par Naomi Klein

    Klein_bookLe dernier libre de Naomi Klein, que l’on pourrait traduire en français par “Cela change tout : le capitalisme contre le climat”, est un ajout bienvenu et nécessaire aux débats sur la façon de s’attaquer au réchauffement climatique. Naomi Klein, notamment connue pour son livre “La doctrine du choc, le capitalisme du désastre”, ne souligne pas seulement l’énorme menace qui pèse sur l’humanité, mais montre aussi l’absolue nécessité d’un changement de stratégie fondamental pour éviter la catastrophe et saisir l’occasion « d’améliorer spectaculairement les conditions de vie, de combler le fossé entre riches et pauvres, de créer de bons emplois en grand nombre » (p.10) et d’avoir une planète saine sur laquelle vivre. (1)

    Voir le changement climatique comme une opportunité paraît étrange à beaucoup d’écologistes qui sont démoralisés puisque, après plus de 30 ans de débats, les émissions de dioxyde de carbone continuent à augmenter.

    Certains se tournent vers des idées dangereuses et désespérées comme l’énergie nucléaire ou la géo-ingénierie, alors que d’autre caressent l’idée d’éco-dictatures. Ce que Klein fait si bien ici, c’est de montrer que l’échec de la lutte contre le réchauffement climatique au cours de ces 30 dernières années est dû au recours à de fausses stratégies. Le problème essentiel a été de refuser de s’attaquer aux racines des causes du réchauffement climatique (et de beaucoup d’autres maux de la planète) : le système capitaliste. Klein déclare notamment : « Notre économie est en guerre contre beaucoup de formes de vie sur Terre, y compris la vie humaine. Les lois qui doivent être changées ne sont pas les lois de la nature ». Le sous-titre du livre est d’ailleurs sans équivoque : « le capitalisme contre le climat ».

    Ce livre argumente que le réchauffement climatique ne peut être vaincu que par un mouvement de masse international qui lie la création d’emplois et de services publics à l’environnement. Pour ce faire, ce mouvement doit rompre avec le règne du capitalisme. Ce constat est déjà partagé par des défenseurs des idées du socialisme comme nos camarades de Socialist Alternative aux USA ainsi que par toutes les sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge). Mais ce livre pourra donner à ce débat une audience beaucoup plus grande et ainsi accroître l’intérêt pour l’alternative socialiste à la catastrophe environnementale mondiale et aux souffrances humaines liées au capitalisme.

    Klein utilise des témoignages solides très documentés et des expériences touchantes afin d’introduire ses arguments. Beaucoup de ses histoires et de ses rencontres sont alarmantes ou émouvantes, à la fois source d’inspiration ou d’effroi. Mais elles aident toute à défendre sa cause.

    Pour faire du profit, le capitalisme exploite à la fois l’écosystème de la planète et les Hommes. Les montagnes et les forêts deviennent du « terrain-mort » à éliminer pour atteindre les sables bitumeux ou le charbon. Les humains en sont réduits à n’être que du travail « à extraire brutalement » (p.169) faute de quoi ils sont exclus de la société. Les gouvernements ont des montagnes d’argent (des billions de dollars) pour renflouer les banques, mais pas d’argent pour de bons emplois respectueux de l’environnement ou des services publics pour se protéger de l’impact du réchauffement climatique et le gérer.

    Le néo-libéralisme a augmenté la détérioration de l’environnement et du bien-être social. Il a affaibli les pouvoirs de la société civile et des gouvernements à contrôler, du moins de partie, les agissements des grandes corporations. Les fournisseurs d’énergie ont été privatisés et n’ont donc plus aucune considération pour les questions sociales et environnementales. L’idéologie néo-libérale s’est emparée de presque tous les politiciens, les régulations et contrôles des corporations ont donc été déchiquetées. Les accords comme le Traité transatlantique sont utilisés pour écraser les règles qui protègent l’environnement et les emplois.

    Une vérité qui dérange ?

    Klein expose la véritable vérité qui dérange: que le soutien de l’ancien candidat démocrate à la présidentielle américaine Al Gore (qui avait tenté de se profiler comme militant écologiste) et des grands groupes environnementaux a été vital pour les négociations du Traité Transatlantique. Klein critique les stratégies en échec de beaucoup des principaux groupes environnementaux américains – le Big Green, comme elle les appelle – qui constituent en un travail de longue haleine avec les politiciens de Washington et les principales grosses entreprises, y compris certaines qui ont les pires impacts environnementaux. Nature Conservancy, Conservation International, the Conservation Fund, WWF et Environmental Defense Fund ont tous des liens avec les principales entreprises énergétiques, Walmart, et d’autres entreprises directement responsables du changement climatique. Ces liens prennent la forme de donations ou encore de poste aux conseils d’administration.

    Cette fraternisation avec l’ennemi implique la défense des politiques qui créent du profit : le marché du carbone, la régulation des lumières, la culpabilisation du consommateur, le gaz de schiste comme « carburant de transition »… Aucune de ces “solutions” ne s’en prennent au problème, elles n’ont en fait que rendu les choses encore pires en repoussant l’application de solutions nécessaires et déjà existantes. La bourse au carbone et les compensations sont une grande arnaque pour rendre les grandes entreprises plus riches encore. Ce système fait bien plus de mal que de bien à l’environnement.

    Les pourparlers internationaux restent bloqués dans l’impuissance. Les multinationales qui puissent leurs profits des énergies fossile ont identifié des dépôts de carbone encore à extraire représentant 2795 gigatonnes de carbone. Pour eux, cela représente 27.000 milliards de dollars. Mais cela représente aussi 5 fois la quantité maximale de carbone qui peut être brûlée d’ici 2050 pour maintenir le réchauffement en dessous de 2°C, d’après les scientifiques. Cette température n’est pas prise au hasard, il s’agit du seuil au-delà duquel le climat va basculer dans le désastre. Des entreprises comme ExxoMobil ont déjà ouvertement déclaré qu’elles sont confiantes envers le fait qu’il soit “très peu probable” que des politiques climatiques restrictives soient instaurées. Ce n’est pas exagéré de dire que le grand capital sacrifie la planète pour ses profits.

    En fait, l’industrie énergétique, plutôt que de réduire la production d’énergie fossile, augmente la production à partir de sources encore plus dangereuses et néfastes à l’environnement – les eaux profondes, l’Arctique, le sable bitumeux, la fracturation hydraulique (que Klein appelle “l’énergie extrême”). Beaucoup de ces extractions n’ont pas ou peu de régulation.

    Le chapitre sur la géo-ingénierie fait extrêmement peur. Les idées actuellement sérieusement considérées incluent d’injecter des doses massives de fer dans les océans pour augmenter l’absorption de carbone par les organismes marins, de placer des miroirs dans le ciel ou sur le sol pour renvoyer le reflet du soleil, d’injecter constamment des particules dans l’atmosphère afin de refléter la lumière et d’ajouter une couverture aux nuages, etc. Les risques de ces pratiques sont immenses et, une fois mis en place, rien ne peut être inversé. Cependant, le Big Business et certains scientifiques et écologistes envisagent sérieusement de faire appel à ces pratiques. Le changement climatique est dû à l’augmentation du carbone dans l’atmosphère, la réponse la plus simple est d’arrêter d’émettre du carbone. La géo-ingénierie ne s’attaque pas à ce problème ; elle se base sur la logique d’ajouter au changement climatique encore plus de changement climatique dans l’espoir de masquer le réchauffement climatique.

    Fondamentalement, ils continueraient à traiter la planète et toutes les formes de vie comme des choses inertes qui peuvent être manipulée et sacrifiées. La solution n’est pas de « réparer le monde » ; il s’agit de changer le système social et économique qui rend la seule maison que nous avons impropre à notre vie! Mais le profit est prioritaire dans l’esprit des politiciens, des corporations et donc du Big Green.

    Besoin d’emplois verts et propres

    Souvent, les écologistes déclarent que nous devons « sauver la planète » et donc n’avons pas le temps pour les questions sociales. Klein argue que, comme le capitalisme détruit le climat en même temps qu’il abandonne la majorité des gens sur la planète, il est nécessaire de disposer d’un plan qui s’attaque aux deux problèmes. Placer les emplois contre l’environnement est un mensonge mis en avant par le big business pour diviser l’opposition à sa domination. Un programme pour guérir la planète pourrait créer des millions d’emplois décents, socialement utiles et respectueux de l’environnement.

    Contrairement à ce à quoi étaient destinées les stratégies du Big Green au cours de ces 30 dernières années, des années perdues, un mouvement de résistance de masse se développe pour l’instant face au changement climatique, très certainement aux USA, et contre l’énergie d’extraction. Ces mouvements, dans le monde entier, donnent confiance en l’avenir.

    Les écologistes, travailleurs, indigènes et militants pour la justice sociale et économique peuvent consolider et étendre ces luttes en étant liés les uns aux autres. Les changements progressistes réels – la fin de l’esclavage, les droits des femmes, la lutte contre la discrimination – ont toujours été issus de mouvements de masse, et non du lobby des entreprises et des politiciens capitalistes.

    Ces luttes comprennent beaucoup de pauvres, de travailleurs et d’indigènes. Ils ont besoin d’emplois autant que d’eau potable, d’air et de terre. Il n’est ni réaliste ni moral de demander aux travailleurs et aux pauvres de se sacrifier pour la planète. Les grandes entreprises énergétiques peuvent agiter des liasses de billets pour inciter à accepter une mine, un puits de pétrole ou une plate-forme de fracturation. Les travailleurs préféreraient avoir des emplois propres et surs que de travailler dans le secteur dangereux de l’énergie, et les indigènes préféreraient avoir des réserves propres plutôt qu’une contaminée par le pétrole où avec des montagnes au sommet détruit. Cependant, si la seule alternative est le chômage, la faim et ne pas pouvoir nourrir ses enfants, beaucoup de gens vont accepter ces emplois sales à contrecœur.

    Pourquoi sinon, autant de gens travailleraient dans le sable bitumeux ? La lutte pour les emplois et la justice économique sont une part essentielle de la lutte pour le climat. Le changement climatique ne sera arrêté qu’avec un programme pour de bons emplois. Il faut lutter contre le capitalisme et mettre en avant des alternatives positives. « Les seuls qui seront vraiment en mesure de dire non au développement polluant sur le long terme sont ceux qui voient des alternatives réelles et prometteuses ». (p.387)

    Klein est consciente que d’énormes changements du système économique et politique mondial sont nécessaires. Elle reconnaît le besoin de mouvements de masse mais n’explicite pas qu’un tel mouvement a besoin d’être indépendant de l’influence politique des corporations. Pour faire les changements nécessaires, il est clair que nous ne pouvons pas nous appuyer sur le Parti Démocrate. Les Démocrates parlent beaucoup de leur préoccupation de l’environnement et contrairement aux Républicains de droite, ils sont au moins au courant de la réalité du changement climatique mondial. Mais souvenons-nous que c’est Bill Clinton qui a introduit le Traité de Libre Echange nord-américain , qui a détruit les emplois et l’environnement des deux côtés du Rio Grande.

    Sous Obama, malgré le besoin de diminuer les émissions de gaz carbonique et de réduire la dépendance aux énergies fossiles, le principal « accomplissement » de la politique énergétique a été l’expansion massive de l’énergie polluante, y compris par la fracturation et le forage en mer. En fait, les USA sont sur le point de dépasser l’Arabie Saoudite en tant que premier producteur de pétrole liquide. Finalement, la lutte pour les emplois verts et contre la catastrophe environnementale requiert de rompre avec les Démocrates et de construire un nouveau parti politique de la classe ouvrière et des jeunes, un parti des 99%.

    Klein se réfère à d’autres grands changements progressifs comme les droits civiques, mais reconnaît que beaucoup de ces mouvements ont changé les droits légaux plutôt que les inégalités économiques. Le mouvement pour les droits civiques n’a jamais gagné les emplois, logements et éducations décents pour lesquels les gens se battaient. Les mouvement qui ont changé le pouvoir économique qu’elle prend en compte comprennent l’abolition de l’esclavage, les énormes acquis gagné par la vague massive de syndicalisation après la dépression des années 30 et la tentative socialiste d’Allende au Chili, tragiquement écrasée par un coup d’état militaire. Cependant, aucune de ces luttes n’a aboli le capitalisme.

    L’importance de la révolution russe

    L’unique exemple de la réussite de renversement du capitalisme et de l’établissement d’un nouveau pouvoir social et économique est celui de la Révolution Russe – que Klein ne mentionne jamais même si cet exemple correspond clairement à ce dont nous avons besoin aujourd’hui.

    Dans les premières années après la révolution, il y a eu une véritable floraison dans les domaines des sciences – y compris dans la biologie et l’écologie,-  de l’art, de la culture et des droits de l’Homme.

    Malheureusement, la révolution a souffert de la dévastation de la première guerre mondiale suivie par l’invasion de 22 armées capitalistes essayant d’écraser la révolution. L’Union Soviétique a aussi souffert du faible niveau d’éducation et de technique dans la majeure partie du pays. Ensuite, l’isolement de la révolution due à la défaite de la vague révolutionnaire qui a balayé l’Europe a posé les bases de l’émergence de la bureaucratie stalinienne. Cela a culminé avec la guerre civile unilatérale de Staline qui a détruit la démocratie et le dynamisme de la révolution socialiste et a pavé la voie du désastre écologique qui allait suivre.

    Cependant, la Révolution Russe est toujours le meilleur exemple de renversement du capitalisme et de le remplacer par une société bien plus démocratique et égalitaire. Dans le monde d’aujourd’hui, avec un niveau d’éducation et de technique bien plus haut et étendu, et des connexions meilleures au niveau mondial, l’isolement d’une révolution dans un seul pays et la montée d’une bureaucratie brutale est très improbable.

    Si Naomi Klein est excellente pour critiquer le capitalisme, en particulier le néo-libéralisme, ce qu’elle entend par « capitalisme » n’est pas toujours clair : est-ce que c’est seulement le néo-libéralisme, tout capitalisme où quelque chose de plus large qu’elle appelle « l’extractivisme »?

    Soyons clair, c’est le capitalisme, dans tous ses déguisements différents, avec les racines des problèmes remontant à toutes les sociétés de classe par le passe. Klein s’abstient aussi de parler d’une alternative socialiste. La seule façon réaliste de réaliser les étapes qu’elle propose – y compris les emplois verts bien payés, le contrôle de l’industrie et de la finance, le contrôle réel des terres par la communauté et « une économie soigneusement planifiée » (p. 94) – est de remplacer le capitalisme par une intendance coopérative collective des terres et des ressources dont les bénéfices seraient partagés entre tous : un monde socialiste.

    Klein est peut-être réticente à parler de socialisme parce qu’elle n’est pas familière de la critique marxiste du stalinisme. Elle semble incertaine de ce qu’est le socialisme, parlant de « socialisme autoritaire » en référence à l’Union Soviétique. Il y a une contradiction dans les termes ; le socialisme ne peut exister sans une démocratie saine et dynamique. L’Union Soviétique, sous Staline et ensuite, n’était pas démocratique, et la planification n’était basée ni sur la compréhension de l’environnement ni sur la conscience marxiste de la profonde connexion entre le bien-être humain et la nature.

    Marx et Engels sur l’environnement

    Il est dommage que Klein n’ait pas étudié le marxisme, à la fois sur l’Union Soviétique et sur l’environnement. Elle se réfère à Marx une fois, le citant sur « le fossé irréparable » du capitalisme avec « les lois naturelles de la vie elle-même » (p.177). Marx et Engels ont pourtant beaucoup écrit sur l’environnement. L’une de leurs compréhensions-clé est que les humains font partie et dépendent de la nature.

    « Et ainsi les faits nous rappellent à chaque pas que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu’un qui serait en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons avec notre chair, notre sang, notre cerveau, que nous sommes dans son sein, et que toute notre domination sur elle réside dans l’avantage que nous avons sur l’ensemble des autres créatures, de connaître ses lois et de pouvoir nous en servir judicieusement. » (Engels, Le rôle du travail dans la transformation du singe en Homme, 1876)

    Klein fait un point similaire mais sans les idées du marxisme. Elle écrit : « vivre non-extractivement ne signifie pas qu’il n’y a aucune extraction : toutes les choses vivantes doivent prendre de la nature pour survivre. Mais cela signifie la fin de l’état d’esprit extractif – de prendre sans prendre soin, de traiter les terres et les Hommes comme des ressources à épuiser plutôt que comme des entités complexes avec des droits à une existence digne basée sur le renouveau et la régénération. » (p.447)

    Klein écrit par exemple sur le besoin de protéger la fertilité du sol. Marx, il y a plus de 150 ans, avait écrit que le capitalisme mine les sols et que sa réponse à ce problème était d’appliquer une autre source de problèmes. « Chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité. […] La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : La terre et le travailleur. » (Marx, Capital, Volume 1, 1867).

    Répondre à un problème par une autre solution technologique, plutôt que s’attaquer à la racine du problème, que ce soit en utilisant un fertilisant industriel face à l’épuisement du sol où géo-ingénieuriser le climat (probablement la réponse la plus effrayante qui existe) fait partie intégrante du capitalisme.

    Le mauvais usage de la science et de la technologie et la vision des humains comme des conquérants de la nature sont encore des raisons pour lesquelles le capitalisme est incapable d’empêcher le changement climatique.

    La réticence de Naomi Klein à nommer l’alternative au capitalisme affaiblit son livre et affaiblit la construction de cette alternative.

    Le mouvement pour renverser le capitalisme devra être un mouvement de masse à travers le monde entier, avec une compréhension claire de l’ennemi et de ce par quoi le remplacer : une société socialiste qui donne de la valeur à la terre, à sa biodiversité et à son Humanité.

    Quand la terre sera libérée du couloir de la mort qu’est le capitalisme, alors les aptitudes, le savoir et l’imagination de l’Humanité ; les outils et ressources accumulées durant des siècles de travail ; l’énergie illimitée du soleil et la fertilité et la diversité de la vie permettront un monde de développement complet de l’Humanité en harmonie avec une planète florissante.

    (1) “This Changes Everything : Capitalism vs the Climate” est sorti mi-septembre aux Etats-Unis et dans plusieurs pays anglo-saxons. L’ouvrage devrait être disponible en France au printemps 2015, aux éditions Actes Sud.

  • Kshama Sawant : “La marche pour le climat doit marquer un tournant dans l’histoire”

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    Discours de Khsama lors d’un panel sur le changement climatique dans le cadre de la Marche pour le climat organisée par le site de pétitions Avazz.com. Cette manifestation a été organisée dans plusieurs villes, notamment à New York où les camarades ont essayé de mobiliser un maximum de membres. Avec plus de 675 000 manifestants à travers le monde, il s’agit de la plus grande manifestation pour le climat organisée à ce jour.

    “Cette marche doit marquer un nouveau tournant dans l’Histoire, il est temps d’organiser une action collective et de revendiquer un changement radical de société. Ce changement est nécessaire si nous voulons régler la crise environnementale que nous traversons.

    “Cette crise nous touche tous, activistes environnementaux, travailleurs, jeunes, etc. À Seattle, certains activistes ont commis des actes de désobéissance civile en bloquant des trains transportant du pétrole et du charbon. La menace grandissante du changement climatique est bien réelle et, qu’il s’agisse de compagnies pétrolières ou de trains transportant des matériaux polluants, les grandes compagnies productrices de combustibles fossiles n’ont qu’un seul objectif en tête : faire des profits ! Ces entreprises bénéficient du soutien des deux partis politiques traditionnels achetés à coup de pétrodollars. Une chose est sûre : il ne sera pas facile de les arrêter.

    “Notre message lors de la Marche doit être clair : si vous n’êtes pas encore organisé, il est urgent de le faire et de vous impliquer. Rejoignez un groupe de protection de l’environnement, rejoignez un syndicat, rejoignez le parti Socialist Alternative, devenez actif dans la lutte. La revendication que nous posons aux soi-disant dirigeants du monde doit être catégorique : nous avons besoin de projets publics d’envergure pour mettre fin à l’exploitation de combustibles fossiles dans le cadre d’une transition rapide vers des énergies vertes et d’une expansion spectaculaire des infrastructures de transports en commun.

    “Tout cela nous permettrait de créer des millions d’emplois syndiqués avec des salaires décents. Les dirigeants qui sont à la tête ce type de sommet sur le climat sont totalement redevables des compagnies productrices de combustibles fossiles et à l’aristocratie financière qui domine l’économie mondiale.

    “Les cinq entreprises les plus riches du monde sont toutes des compagnies productrices de combustibles fossiles. Ces compagnies possèdent toutes les ressources et la technologie nécessaires pour mettre fin à cette économie basée sur l’exploitation des combustibles fossiles et bâtir une société mondiale à partir d’énergie verte. Dès lors, pourquoi ne l’ont-ils pas déjà fait ? Car aucune preuve scientifique ou argument raisonnable ne sera suffisant pour les convaincre de mettre fin à l’exploitation du pétrole tant qu’il restera encore une goutte enfouie dans le sol. Prenez Texon Mobile, par exemple, qui dépense des millions chaque année pour promouvoir sa vision écologique. Pourtant, récemment l’entreprise affirmait dans une lettre à ses actionnaires qu’elle vendrait tout le pétrole et le gaz découvert jusqu’à présent et tout celui qu’il lui reste encore à découvrir.

    “C’est là le vrai visage du capitalisme international. C’est le produit de ce casino géant qu’est la spéculation imaginée par ces voleurs de Wall Street et ces vautours du secteur pétrolier. Au sein de ce système, le marché est un Dieu et tout le reste est sacrifié sur l’autel des profits. Nous devons bien comprendre que le prétendu marché libre ne sera pas capable de se libérer de son addiction aux combustibles fossiles par lui-même, et certainement pas à la vitesse qu’il faudrait. Il n’est pas non plus capable de mettre en œuvre le type de planification démocratique coordonnée à l’échelle mondiale qui est nécessaire.

    “De nombreuses personnes sont prêtes à modifier leurs habitudes quotidiennes, et c’est important. Toutefois, je veux mettre l’accent ici sur les grandes entreprises. Pourquoi ? D’après certaines estimations, au moins deux tiers des gaz à effet de serre émis depuis le début de la révolution industrielle sont dus à 90 entreprises. Seulement 90 entreprises ! Exon, Shell, BP, vous connaissez leur nom. Pour régler le problème du changement climatique, nous devons décider de manière démocratique et rationnelle comment ces ressources qui sont actuellement concentrées dans les mains d’une petite bande d’oligarques et de spéculateurs peuvent être gérées. Afin que la société dans son ensemble puisse les utiliser dans l’intérêt de tous. Comment peut-on atteindre cet objectif si l’on ne nationalise pas ces géants du pétrole sous le contrôle des travailleurs ? Car finalement c’est assez simple : vous ne pouvez pas contrôler ce qui ne vous appartient pas !

    “Dans notre lutte, nous devrons, bien entendu, mettre en œuvre de nombreuses stratégies différentes selon les conditions objectives de la société. Mais une chose doit être claire comme de l’eau de roche : nous ne pouvons pas nous limiter à ce que les politiciens de l’establishment et les grandes entreprises qu’ils servent considèrent comme « acceptable ». Notre mouvement doit être guidé par les besoins des travailleurs et l’environnement.

    “Il existe des expériences tirées d’autres mouvements sociaux. Récemment à Seattle, mon organisation, le parti Socialist Alternative, a permis de mettre en avant une revendication pour un salaire minimum de 15$ de l’heure pour tous les travailleurs. Au départ, certains ont qualifié cette revendication d’irréaliste. Mais c’était une revendication qui correspondait aux besoins réels des travailleurs. Nous avons travaillé avec d’autres personnes pour mobiliser un large mouvement capable d’atteindre cet objectif. Les grands patrons ont toujours été contre cette idée, mais ils ont été forcés de céder face au soutien grandissant que ce mouvement suscitait parmi la population. Il est vrai que nous n’avons pas gagné sur tous les plans, et que les serviteurs politiques du secteur privé, qui sont par ailleurs tous des démocrates, ont réussi à trouver des failles à exploiter. Mais nous avons obtenu le salaire minimum le plus élevé du pays en le revendiquant. Ce qui est clair, c’est que nous avons obtenu bien plus que si l’on s’était limité à demander ce que les grandes entreprises comme « acceptable ».

    “Pour lutter contre le changement climatique, nous devons employer la même approche. Revendiquer fermement un programme d’investissement public d’envergure dans les énergies renouvelables et les transports en commun. Il faut lier cette lutte à celle contre ce système brisé qu’est le capitalisme. C’est la manière d’obtenir le plus grand nombre d’acquis, en commençant ici et maintenant et en offrant la perspective d’une solution à long terme, d’une société plus juste et durable, d’un monde socialiste qui pourrait offrir des conditions de vie durables et décentes pour tous.

    “Tout le monde s’accorde à dire qu’il est nécessaire d’agir collectivement, de lutter et de s’organiser en marge des grandes entreprises. Selon moi, toutefois, nous n’y arriverons pas tant que nous ne combattons pas la réalité appelée « la politique pour les patrons». Personne ne me contredira quand je dis qu’on ne peut pas faire confiance aux républicains de droite qui nient l’existence même du changement climatique ; mais nous ne pouvons pas nous plus nous fier aux démocrates pro-business. Sous l’administration Obama, nous avons pu observer une expansion massive, non pas d’énergies vertes, mais bien de combustibles fossiles, depuis le forage de puits de pétrole dans l’Antarctique jusqu’à l’exploitation de gaz de schiste. Cela fait plus d’une génération que l’on n’avait pas vu une telle expansion. Et cela ne concerne pas seulement Obama, c’est tout le parti démocrate de l’establishment qui nage dans les pétrodollars. Si nous abaissons nos revendications pour apaiser l’élite démocrate, elle se servira tout simplement de notre générosité pour tranquilliser ses donateurs privés. Seule une force indépendante composée des 99%, un nouveau parti des travailleurs, des jeunes, des activistes de l’environnement et des syndiqués sera capable de combattre Wall Street et les multinationales. Un parti qui luttera et sera le fervent défenseur d’une alternative à ce système en crise.

    “J’ai beaucoup aimé le discours de Bernie Sanders. D’aucuns disent que Bernie va se présenter aux élections présidentielles de 2016 pour offrir aux électeurs un candidat alternatif à Hillary Clinton. Je ne suis pas toujours à 100% d’accord avec Bernie, et notamment ses positions concernant la politique étrangère à mener, MAIS imaginons pendant un instant l’incidence potentielle d’un candidat de gauche de la stature de Bernie se présentant comme un candidat alternatif aux deux partis traditionnels pro-business lors des élections 2016. Si nous avions une campagne de gauche qui refuse l’argent du privé et revendique l’imposition des grandes entreprises et des super-riches en vue de financer un programme de création d’emplois verts d’envergure, la fin des sociétés parasites, un salaire minimum de 15$ de l’heure, un système de soins de santé gratuit et l’annulation des dettes contractées par les étudiants.

    “J’appelle Bernie à se présenter comme candidat indépendant lors des élections présidentielles de 2016, sans lier le moindre lien avec le parti démocrate et son programme pro-business. L’horloge écologique tourne trop rapidement pour que nous laissions la scène politique en 2016 aux mains des républicains qui nient l’existence même du changement climatique ou à celles des démocrates qui se prononcent en faveur de l’exploitation du gaz de schiste.

    “Nous avons besoin d’une voix qui s’élève pour l’environnement, une alternative à ce système dysfonctionnel à deux partis. Une campagne indépendante de gauche attirerait des millions d’Américains qui en ont assez des concessions honteuses faites à Wall Street au nom d’une politique « réaliste ». D’ailleurs, un récent sondage d’opinion montre que 60% des Américains veulent un troisième parti. Une campagne de ce type pourrait donner l’exemple à des centaines de milliers de travailleurs et de jeunes qui veulent lutter, elle jetterait les bases d’un mouvement capable d’obtenir de réels acquis, et ce quelle que soit la personne qui occupera la maison blanche en 2017.

    “Rosa Luxemburg a dit il y a déjà plus de 100 ans que la société de demain sera soit socialiste, soit barbare. Il est de notre devoir de garantir que notre avenir ne plonge pas dans un capitalisme barbare et ne succombe pas aux catastrophes engendrées par le changement climatique mais qu’il se construise plutôt sur des valeurs de coopération, d’humanisme, de beauté et de durabilité.”

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