Category: Ecologie

  • Quel programme et quelle méthode face aux sommets climatiques?

    newyork2014

    Si nous voulons obtenir un changement fondamental dans la façon dont l’humanité et la société se comportent envers les ressources naturelles et l’environnement, nous n’aurons pas seulement besoin d’un programme qui casse avec la logique de profit mais aussi d’une méthode pour imposer un tel programme.

    Un dossier de Michael Bouchez, responsable jeunes national du PSL. Cet article est tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste et a donc été écrit avant ls attentats de Paris et l’interdiction des marches climatiques à Paris en marge du sommet de l’ONU.

    Comme le scandale de VW l’illustre, même le plus mince effort pour réduire les émissions de CO2 se heurte aux lois du capitalisme. Même la ministre flamande de l’environnement Joke Schauvlieghe a ouvertement démontré dans la discussion autour du bois d’Essers que la politique néolibérale ne sert que la soif de profit au détriment de la qualité de notre environnement. Même à plus grande échelle et dans le secteur de l’énergie, les brevets et la recherche sont gardés sous clef puisque cela met en péril les bénéfices des multinationales.

    Comme nous le défendons ailleurs dans ce journal, seul le contrôle démocratique de la production et des richesses naturelles par la communauté permettra de faire les investissements nécessaires dans les transports en commun et l’énergie renouvelable afin de parvenir à la diminution drastique de 95 % des émissions de CO2 pour 2050. Un tel programme demande évidemment l’expropriation des géants du pétrole et des secteurs énergétiques de sorte que ces leviers économiques passent aux mains de la communauté. C’est dans l’intérêt de la majorité de la population mais cela va précisément à l’encontre de ceux du secteur privé et des multinationales.

    Avoir confiance dans le capitalisme vert et les dirigeants du monde ?

    copen2009Devons-nous nous soumettre à la domination du libre marché et nous contenter de nous plaindre, de dire que tout est perdu ? Non ! Les nombreuses manifestations, actions et mobilisations ne laissent planer aucun doute : des millions de personnes sont prêtes à lutter pour une solution. En 2009, à Copenhague, 100.000 manifestants ont défilé à l’occasion du sommet sur le climat. Ce qui manque souvent, cependant, c’est d’une part la conscience que les solutions ne viendront pas de l’élite capitaliste et, d’autre part, l’orientation pour construire une force capable de véritablement rompre avec les intérêts du capitalisme.

    La vingtaine de sommets précédents sur le climat ont déjà démontré que les leaders mondiaux n’ont rien à offrir. Plutôt que de mettre la “pression” sur ces dirigeants ou de mendier leur attention, il vaut mieux nous orienter vers le mouvement des travailleurs afin de construire, via des manifestations et des grèves, un rapport de force grâce auquel nous mettrons en avant une alternative au capitalisme. Sans travailleurs, il n’y a pas de production et donc pas de bénéfices.

    Ce sont les travailleurs qui, dans les secteurs de l’automobile et de l’énergie, détiennent le savoir-faire et les connaissances nécessaires pour trouver un processus de production respectueux de l’environnement. Aujourd’hui, ils n’ont cependant rien à dire sur l’installation de programmes frauduleux ou le déversement de produits chimiques. Sous le capitalisme, soit ils sont tenus à l’écart soit ils sont menacés de faillite et la pollution semble être la seule manière de maintenir l’entreprise en activité et donc d’offrir des emplois.

    Dans un secteur démocratiquement nationalisé non basé sur le profit mais sur les besoins de la population et donc aussi des travailleurs et des consommateurs, les travailleurs pourraient décider avec l’Etat et les consommateurs des investissements à réaliser et de la manière de parvenir à une production respectueuse de l’environnement. Une décision démocratique logique serait de ne plus investir dans les énergies fossiles ou dans le nucléaire mais dans des alternatives. Un secteur de l’énergie public investirait des moyens dans la recherche et le développement de ces alternatives. Cela marquerait la fin du gaspillage scandaleux provoqué par l’obsolescence programmée, un principe nécessaire au capitalisme selon lequel des produits sont fabriqués pour tomber en panne après quelques années. Le gaspillage programmé pour rehausser les bénéfices d’une petite minorité serait remplacé par une planification socialiste démocratique dont l’axe central serait l’intérêt de la majorité de la population et donc l’environnement.

    Quel est le rôle de la classe ouvrière ?

    C’est pourquoi les Etudiants de Gauche Actifs et le PSL appellent à défendre à Paris, des revendications et un programme socialiste basé sur la distinction entre deux intérêts opposés dans cette société : ceux du 1% les plus riches et ceux des autres 99%.Les travailleurs organisés en classe constituent la seule force capable de mettre sous pression la méthode de production nuisible à l’environnement du capitalisme.

    Tous les acquis de l’Etat-providence ont été obtenus grâce à des actions et à la lutte de la classe ouvrière. C’est via des comités sur les lieux de travail que des travailleurs ont été convaincus du rôle qu’ils pouvaient jouer dans la suppression du travail des enfants, la pression pour obtenir les congés payés, la sécurité sociale,… C’est par de longues et dures grèves que la journée des 12 heures a été réduite. La même chose vaudra pour les revendications climatiques. Nous le constatons déjà au niveau des entreprises via des mesures en matière de sécurité, d’hygiène et de protection au travail. Le mouvement environnemental devra s’organiser autour d’un programme qui défend les intérêts des 99% et qui place clairement la responsabilité auprès du 1% les plus riches.

    Le rôle des syndicats

    L’intérêt d’un tel programme est illustré par le rôle que jouent les syndicats aujourd’hui dans la discussion sur l’énergie nucléaire. Il est exact qu’une sortie du nucléaire dans le cadre du libre marché signifierait des pertes d’emplois ou de nouveaux emplois sous un statut inférieur et à de moins bonnes conditions. Il n’est pas étonnant que la délégation CGSP de la centrale nucléaire de Doel ou le syndicat français CGT s’opposent à la sortie du nucléaire.

    Si nous ne lions pas la sortie du nucléaire à la revendication d’une nationalisation du secteur de l’énergie basée sur le développement d’énergies alternatives soucieuses de l’environnement avec les emplois en découlant, les travailleurs du secteur ne nous suivront pas. Sans de telles revendications, une sortie du nucléaire revient tout simplement pour eux à des pertes d’emplois. Un programme socialiste unifie et peut faire en sorte que les travailleurs du secteur jouent un rôle important dans la construction d’un rapport de force pour faire passer le secteur en mains publiques.

    Leçons du passé. Quel rapport de force construire ?

    Il y a eu différentes occasions de construire un mouvement environnemental fort lié au mouvement ouvrier. Suite au sommet de Copenhague, le président bolivien Evo Morales a tenu un sommet alternatif sur le climat à Cochabamba, en 2010, avec des syndicalistes, des écologistes radicaux, des communautés indigènes,… Chavez, le président vénézuelien de l’époque, entre autres, y a souligné le rôle du capitalisme, la passivité complice des dirigeants du monde et l’urgence des problèmes. Les positions prises à ce sommet étaient un soulagement mais n’ont pas mené à la construction d’un réel mouvement. Les choses en sont restées à une déclaration commune.

    Il était possible de construire un rapport de force à partir de ce sommet alternatif sur le climat via un plan d’action organisant les jeunes, les syndicats, les organisations environnementales,… sur base d’un programme anticapitaliste. De cette manière, le sommet alternatif sur le climat aurait pu être le début d’un mouvement de masse. Il aurait pu appeler, par exemple, à la tenue d’une journée de lutte internationale, à l’image du Premier mai, où se tiendraient à travers le monde des assemblées du personnel dans les entreprises, à des conférences, des manifestations et des grèves dans l’objectif de la collectivisation démocratique des secteurs clé de l’économie.

    Un plan d’action démocratiquement organisé

    Le manque de perspective d’une alternative, d’un programme clair et d’une méthode qui organise les gens autour d’intérêts communs peut entrainer frustration, impatience et méthodes d’action confuses. Ainsi, pendant diverses manifestations internationales, on remarque des méthodes similaires à celles des “black blocs”. Ce sont des groupes qui se revendiquent le plus souvent de l’anarchisme et pensent qu’il faut surtout s’en prendre avec violence aux services d’ordre ou aux symboles du pouvoir capitaliste (banques,…). Cette méthode ne repose pas sur la lutte collective et la tentative de créer l’unité la plus large possible sur base d’un programme de rupture anticapitaliste clair.

    En réalité, de telles actions violentes sont utilisées par le capitalisme pour mettre en marche la répression et criminaliser l’ensemble du mouvement, quand elles ne sont pas directement l’œuvre de flics déguisés jouant ainsi un rôle provocateur. Cela peut repousser des couches plus larges qui peuvent regarder le mouvement avec sympathie mais qu’il faut encore convaincre de rejoindre concrètement la lutte. Les manifestations doivent servir à discuter avec un public plus large, à construire le soutien. Plutôt que de donner des arguments à ceux qui veulent isoler les activistes, nous devons défendre un plan d’action capable de faire vaciller le système.

    Les méthodes de la classe des travailleurs sont basées sur la lutte collective démocratiquement organisée, sur la force du nombre en action afin de créer un rapport de force pour arracher un changement fondamental de société grâce à des outils tels que la grève générale et le blocage de l’économie capitaliste. Cela signifie de mettre fin au système de gaspillage qui nuit à l’environnement pour laisser place à une société socialiste démocratique.


     

    Mettons l’énergie aux mains du public !

    En Flandre, après avoir octroyé des subsides pendant des années à des entreprises telles que Katoen Natie et ING pour les hectares de panneaux solaires qu’ils installaient, l’addition est maintenant présentée à la population. La montagne de dettes totales pour les certificats d‘énergie verte monte à presque 2 milliards d’euros. La Ministre de la région flamande Turtelboom (Open Vld) veut ainsi faire débourser 100 euros supplémentaires par an à chaque famille en Flandre pour payer cette dette.
    La Turteltaxe est une taxe qui fait payer la même chose aux pauvres et aux riches, aux petits consommateurs comme aux gros : 100 euros par raccordement. Les frais de prélèvement sont fixés par tranche, ce qui fait qu’une famille paie comparativement 50 fois plus qu’une grande entreprise. Des exonérations sont d’ailleurs prévues pour les entreprises.

    A qui ont profité les subsides de la région flamande que nous devons payer maintenant ? Les 3.386 grands parcs de panneaux solaires reçoivent chaque année 231 millions d’euros de subsides, une entreprise comme Katoen Natie reçoit 13,4 millions d’euros de subsides par an. Les 100 euros que nous devrons payer doivent rapporter presque 500 millions d’euros par an. En conclusion, nous payons le subside qui a directement disparu dans les poches de ces entreprises.

    En Belgique, la privatisation du secteur énergétique a entraîné des bénéfices supplémentaires pour les entreprises comme Electrabel et sa maison-mère GDF Suez. Ces bénéfices ne sont pas investis dans la production, tout retourne tranquillement chez les actionnaires. Lorsqu’en 2011, il a été décidé de garder les centrales nucléaires ouvertes, il a été chiffré que cela rapporterait 27 milliards d’euros supplémentaires à Electrabel (selon Trends/Tendance). Electrabel a fait au moins 20 milliards d’euros de bénéfices au cours des 10 premières années de ce siècle qui n’ont pour ainsi dire pas été imposés. Ces dernières années, les chiffres ont été embellis, des opérations comptables font en sorte que la part du lion des bénéfices retourne directement à la maison-mère GDF Suez.

    Faire de l’énergie la vache à lait d’entreprises telles qu’Electrabel qui refusent d’investir dans une capacité de production suffisante et respectueuse de l’environnement, c’est la suite logique de la libéralisation du secteur. Nous devrions revenir sur cette libéralisation et placer le secteur entier dans les mains du public, tant la production que la distribution. Cela permettrait d’assurer la transition énergétique vers le renouvelable. Cela permettrait de faire baisser le prix des factures parce que l’énergie ne serait plus au service des grands actionnaires mais à celui de l’ensemble de la population. Des demi-mesures ne suffisent pas, l’énergie doit être entièrement aux mains du public ! Débranchons le marché privé de l’énergie !


    Les sponsors de la COP21: On ne mord pas la main de celui qui nous nourrit !

    La liste des sponsors du sommet sur le climat est ahurissante… Malgré le scandale provoqué par la fraude par logiciel chez Volkswagen, le secteur automobile est bien présent : BMW est l’un des plus grands sponsors. Mais Renault/Nissan et Air France sont aussi de la partie. Les entreprises énergétiques comme EDF et Engie sont également là alors qu’elles sont responsables d’à peu près la moitié des émissions en France. Un autre sponsor est le suédois Vattenfall qui a intenté un procès à l’Etat allemand pour sa sortie du nucléaire.

    Ces entreprises seront-elles moteur de changement positif pour l’environnement ? Volkswagen a levé toute illusion à ce sujet. Mais il y a plus. Beaucoup d’entreprises utilisent une image “verte” pour masquer la gravité de leur état écologique ou pour tirer des bénéfices supplémentaires. Pensons à Suez Environment, une entreprise dont la multinationale de l’énergie GDF Suez est le plus grand actionnaire et qui sponsorise le sommet sur le climat. Suez Environment est active sur le marché de l’eau. Lorsqu’un mouvement dans la capitale argentine de Buenos Aires a forcé le retrait des services des eaux des mains de Suez, un recours en justice a suivi via lequel la multinationale a obtenu un dédommagement de 405 millions d’euros. Suez Environment investit pour l’instant surtout dans le traitement des eaux usées. Entre-temps, la maison-mère GDF Suez investit dans l’extraction de charbon et la fracturation hydraulique, deux sources majeures de pollution de l’eau. Suez Environment a un intérêt direct à la poursuite de l’extraction des énergies fossiles et de la fragmentation. La recherche de profits du capitalisme “vert” ne connaît pas de limites.

    Le rôle de ces multinationales ne se limite pas au sponsor. Il y a des activités parallèles comme le “Sustainable Innovation Forum” et l’occasion sera saisie pour lancer des lobbies qui feront la promotion des “solutions” proposées par les entreprises. En conclusion, le sommet sur le climat est un cirque médiatique dont les entreprises comme BNP Paribas, par exemple, entendent tirer profit. Malgré des investissements dans les énergies fossiles, le sommet offre à l’entreprise la possibilité d’avoir l’air écologique. La liste des sponsors présents nous annonce à quoi nous attendre du sommet sur le climat. On ne mord pas la main de celui qui nous nourrit


     

    Volkswagen: les solutions vertes dans le cadre du marché ne fonctionnent pas.

    Le scandale de la fraude aux tests de Volkswagen est une illustration de plus d’une société où les bénéfices priment sur l’intérêt humain. Il est un fait, certes pas neuf mais condamnable, que les entreprises ne se préoccupent guère de notre climat et de notre environnement et préfèrent jeter de la poudre aux yeux pour faire comme si elles s’en souciaient. Pour les anticapitalistes, un tel scandale n’est pas une surprise et nous estimons que le mouvement environnemental peut en tirer quelques leçons.
    Pour commencer, le scandale lié à la corruption illustre le fait que les “solutions” vertes des entreprises ne sont rien de plus qu’une astuce de marketing. Il s’agit d’un label qu’ils s’approprient parce que cela peut convaincre une partie des consommateurs d’acheter chez eux. Le label “vert” a été vidé de son contenu pour devenir un outil de vente. Le fait que Martin Winterkorn, le grand patron de Volkswagen, ait dû démissionner tout en pouvant compter sur une indemnité de 28 millions d’euros, donne une petite idée des bénéfices qu’il a permis à Volkswagen d’engranger grâce, entre autres, à la fraude qui fait scandale.

    L’un des éléments de la logique qui se cache derrière les solutions de marché tient du fait que les subsides publics – entre autres, sous la forme d’éco-primes – sont octroyés aux entreprises pour stimuler des “produits verts”. Ces subsides sont financés par les impôts des travailleurs. Cet argent qui pourrait être utilisé pour améliorer les transports en commun est ainsi absorbé, par exemple, dans les bénéfices de Volkswagen.

    Et les néolibéraux poursuivent leur malfaisance. Comme s’il ne suffisait pas que l’état octroie des subsides, des éco-primes et autres avantages pour financer de faux labels verts, le ministre Van Overtveldt (N-VA) a promis une fameuse contribution aux amendes imposées à Volkswagen. Si l’usine Audi de Forest reçoit l’autorisation de produire une voiture tout terrain électrique à partir de 2018, le gouvernement déboursera 100 millions d’euros. Les régions ont déjà promis 35 millions d’euros. Selon Einstein, faire et refaire la même chose en attendant un autre résultat, c’est la définition de la folie. On pourrait penser que les autorités encouragent délibérément à frauder !

    Il est un fait que l’analyse des pertes et profits du libre marché détermine tout. S’il est, à court terme, plus avantageux de développer un programme qui fait comme si les normes environnementales étaient respectées plutôt que d’investir réellement dans la technologie verte, on choisit la première option. Hélas, ce n’est pas une question de “bonnes intentions contre mauvaises intentions” ou de bonnes et mauvaises entreprises. C’est la logique même dans laquelle toute entreprise est entraînée, c’est le fondement du capitalisme. Une entreprise qui engrange moins de bénéfices ne peut en fait plus faire partie du tourbillon de la concurrence.

    Nous pouvons donc en conclure que les alternatives basées sur une logique de marché ne fonctionnent pas et sont même contreproductives. Elles nous détournent des véritables solutions et retardent les investissements dans les solutions collectives possibles. Ce que la collectivité ne détient pas elle-même ne peut être contrôlé et géré dans son intérêt. Nous pensons que les revendications écologistes doivent être orientées vers des réponses qui entrent fondamentalement en rupture avec la logique du marché libre.

    Une de ces revendications est le contrôle et la gestion démocratiques des producteurs et des consommateurs sur un secteur automobile nationalisé, ce qui permettrait de décider démocratiquement quels investissements sont nécessaires pour que les besoins des gens soient au centre des préoccupations : réorienter la production vers des transports en commun gratuits et de qualité, par exemple.

  • Changement climatique: que sommes-nous en droit d’attendre de la COP21 ?

    systemchangeAu niveau international, la lutte contre le changement climatique est sensée s’appuyer sur la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, un traité signé en 1992 au Sommet de Rio de Janeiro. Depuis plus de 20 ans, donc, les Etats (195 pays signataires tout de même) palabrent et négocient un accord mondial dont l’ambition est de définir des politiques concrètes concernant la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Chaque année, depuis Berlin en 1995, plusieurs milliers de représentants de gouvernements se réunissent lors des Conférences des Parties (COP). La COP 21 se tiendra à Paris cette fin d’année.

    Par Nicolas Croes, article issu de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Ne faisons pas durer le suspense, ce processus n’a jamais abouti à un véritable accord et il n’en ira pas autrement cette fois-ci. L’urgence est pourtant bien là. Empêcher une augmentation de la température mondiale moyenne de 2° ou plus, et donc éviter les catastrophiques conséquences que cela engendrerait, cela aurait dû signifier que l’année 2014 ait été celle du pic maximal des émissions de gaz à effet de serre (GES) et que 2015 soit la première à connaitre une diminution. Nous sommes loin du compte. Le pire, c’est que les 2° dont il est question (seuil avancé par le GIEC, le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat) sont déjà considérés comme une limite conservatrice. Alors que l’augmentation de la température moyenne a déjà été de 0,85° entre 1880 et 2012, le seuil de 1,5° est mis en avant par divers scientifiques comme maximum à ne pas dépasser.

    Qui tire les ficelles ?

    Dans l’ouvrage collectif ‘‘Crime climatique STOP ! L’appel de la société civile’’, Pablo Solon, ancien négociateur en chef de la Bolivie sur le changement climatique, raconte l’anecdote suivante. Alors qu’il demandait à un autre ambassadeur des négociations sur le climat, un vétéran celui-là, ce qui avait changé en 20 ans de négociations, ce dernier lui a répondu : ‘‘Avant, les négociateurs étaient des gens qui se préoccupaient d’environnement, maintenant, comme tu vas le voir, la majeure partie se préoccupe surtout de business.’’

    Et pourtant, la primauté du droit commercial et des intérêts du capital sur la défense de l’environnement n’est pas neuve… C’est en fait très clair dès les origines de ces négociations, dès le texte de la convention-cadre sur le changement climatique de l’ONU établie au sommet de Rio de Janeiro en 1992. L’article 3.5 de cette convention indique qu’il est hors de question que : ‘‘les mesures prises pour lutter contre les changements climatiques (…) constituent un moyen d’imposer des discriminations arbitraires ou injustifiables sur le plan du commerce international, ou des entraves déguisées à ce commerce.’’

    Mais, c’est certain, la tendance n’a fait que s’alourdir au fur-et-à mesure des ans. Le rouleau compresseur néolibéral a fait son œuvre. Quand les négociations sur le changement climatique ont commencé, le secteur privé n’était encore qu’un secteur parmi tous ceux qui participaient en tant qu’observateurs aux COP. Il s’agit actuellement du secteur le plus important, représenté par des milliers de délégués. En nombre, ils dépassent tous les autres observateurs de la ‘‘société civile’’.

    La mainmise des multinationales sur ces négociations est devenue gigantesque, ce qu’illustre entre autres la liste des entreprises qui financent la COP 21. Les Amis de la Terre, Attac France, le Corporate Europe Observatory, WECF et 350.org ont ainsi dénoncé la place prépondérante des pollueurs professionnels dans les financiers de la COP21 : ‘‘La majorité des entreprises choisies [comme mécènes]émettent massivement des gaz à effet de serre, responsables du changement climatique, comme EDF ou Engie dont les émissions provoquées par leurs centrales à charbon équivalent à elles seules à près de la moitié des émissions de la France’’. (‘‘Non! Les sponsors privés de la COP21 ne sont pas climato-compatibles!’’)

    Pablo Solon, dans le texte cité ci-dessus, conclut par ces termes : ‘‘Pour le capital, l’idéal est que les négociations aboutissent à un accord qui ne limite pas le commerce, qui n’oblige pas à faire des investissements peu profitables, qui ne limite pas l’extraction de matières premières déjà valorisées en Bourse, qui ne réduise pas le niveau de consommation dont dépendent les ventes, qui n’impose pas un rythme de transformation accéléré afin que les bénéfices ne soient pas affectés – et tant qu’on y est, qui lui permettre de blanchir son image. Exactement le type d’accord auquel les COP aboutissent !’’
    Concrètement

    Le texte de négociation de la COP21 parle ‘‘d’émissions zéro d’ici la moitié ou la fin du siècle’’, un vœu pieux en l’absence du moindre objectif intermédiaire d’ici cinq, dix ou quinze ans. Ensuite, l’absolue nécessité d’arrêter d’extraire les combustibles fossiles encore présents dans le sous-sol pour réduire les émissions de carbone n’apparait nulle part. Les études qui font autorité défendent que pour limiter le réchauffement climatique en deçà des 2° (un chiffre contesté comme cela a déjà été dit) il faudrait laisser sous terre 80% des réserves actuellement connues de combustibles fossiles d’ici à 2050. On se demande bien comment réduire les émissions de CO2 sans que ce sujet soit abordé.

    D’autre part, il n’est pas question d’aboutir à un accord contraignant. L’approche adoptée est celle de la ‘‘contribution volontaire’’ où chaque gouvernement décide de ce qu’il veut bien faire, et puis on regarde bêtement ce que ça donne. La COP 21 va aggraver cette logique des INDC Intended Nationally Determined Contributions (Contributions prévues déterminées au niveau national) et la faire perdurer jusque 2030.

    Au final, la logique sous-jacente des COP ne considère les forêts, la terre et l’agriculture qu’en tant qu’infrastructures de stockage ou d’émission de gaz à effet de serre. Point à la ligne. Les cycles naturels (le cycle de l’eau, de l’azote, du carbone, etc.) ou encore la biodiversité sont totalement absents des réflexions. Ce n’est guère surprenant puisque l’économie capitaliste ne comprend la nature que comme un stock de ressources à exploiter au maximum. Laisser cette logique prévaloir, c’est accepter un suicide écologique.

    Sauvons notre planète du capitalisme !

    Les mobilisations qui prendront place en marge de la COP21 sont l’occasion de faire entendre une autre voix, une voix qui ne soumet pas les intérêts de l’environnement, des peuples indigènes, des habitants des pays insulaires menacés par la montée des eaux ainsi que des travailleurs et des pauvres au sens large à l’avidité de la classe capitaliste. Et à ceux qui instrumentalisent l’argument de l’emploi dans les secteurs de l’énergie fossile, rappelons que renoncer à ces pratiques au profit des énergies renouvelables créerait des millions d’emplois socialement utiles à travers le monde.

    La responsabilité du capital et du monde des grandes entreprises est aujourd’hui largement admise. Mais beaucoup se contentent d’exiger un cadre légal ou d’autres mesures qui font abstraction du constat fondamental suivant : on ne contrôle pas ce que l’on ne possède pas. Il est des plus urgents de faire porter au centre du débat environnemental la nécessité de l’expropriation des multinationales et des secteurs clés de l’économie pour les placer dans les mains de la collectivité. Cela seul est de mesure à permettre une réelle transition énergétique rapide de façon démocratique, dans le cadre d’une gestion rationnelle et démocratiquement planifiée de la production économique. C’est ce que nous appelons le socialisme.


     

    ExxonMobil était au courant de la réalité du changement climatique depuis… 1981 !

    La plus grande entreprise pétrolière au monde, ExxonMobil, connait les liens entre réchauffement climatique et combustion des énergies fossiles depuis… 1981. La question n’a fait irruption dans le débat public que sept ans plus tard, grâce à James Hansen, un scientifique de la Nasa. Selon Greenpeace, la firme a financé des organisations climato-sceptiques à hauteur de plus de 22 millions de dollars depuis 1998 uniquement.

    Source : Rapport de l’Union of Concerned Scientists. http://www.ucsusa.org/global-warming/fight-misinformation/climate-deception-dossiers-fossil-fuel-industry-memos#.VgWa0X0po2I

    Obama : Faites ce que je dis, pas ce que je fais

    Barack Obama, alors qu’il était en déplacement en Alaska à la fin de ce mois d’août 2015, a déclaré :‘‘Le climat change plus rapidement que nos efforts pour y répondre.’’ Soudaine prise de conscience de la part du dirigeant de la seconde nation émettrice de gaz à effet de serre au monde ?  Il n’a pas mâché ses mots, appelant la ‘‘communauté internationale’’ à un sursaut face à un ‘‘défi qui définira les contours de ce siècle de manière plus spectaculaire que tout autre’’. Sauf que l’administration américaine venait tout juste d’autoriser la multinationale pétrolière Shell à poursuivre ses opérations de forage au large de l’Alaska, au-delà du cercle arctique… Explication ?  L’économie américaine ‘‘doit encore s’appuyer sur le pétrole et le gaz’’. En anglais, on dit ‘‘business as usual’’.

    Fraude massive chez Volkswagen

    Et quand une législation existe… et bien il y a fraude, comme l’a parfaitement illustré le récent scandale du logiciel clandestin des moteurs à diesel VW installé sur 482 000 véhicules vendus aux Etats-Unis. Les voitures répondent ainsi aux normes d’émission en laboratoire ou durant les tests tout en émettant en situation réelle jusqu’à 40 fois plus d’oxydes d’azote que la norme légale! Et ce n’est encore qu’un début. Comme l’a expliqué le journaliste de Slate James Grimmelmann : ‘‘La voiture du future est un ordinateur avec des roues. Et dès qu’il y a un logiciel, vous trouverez des bugs, du piratage, et l’écran bleu de la mort [surnom du message affiché par Windows lorsque celui-ci ne peut plus récupérer d’une erreur système.]’’

  • Change the system not the climate! Journée de discussion à Bruxelles

    climat_bxl31 octobre : Journée conférences / débats / ateliers à Bruxelles

    Mobilisation pour la COP-21. Le samedi 31 octobre, à la Erasmushogeschool, Rue des Six Jetons 70, 1000 Bruxelles

    Journée conférences, ateliers, débats. Entrée libre.

    Avec PABLO SOLON (ex ambassadeur de la Bolivie à l’ONU) et ASBJORN WAHL (Confédération Syndicale Internationale)

    Programme de la journée

    9h30 Accueil
    10h Conférence de Pablo Solon : mise en perspective de la COP-21 et de ses enjeux
    10h30 – 12h Ateliers

    PAUSE SANDWICHES

    13h30 – 15h30 Ateliers
    15h30 – 17h30 Rapport des ateliers et débat

    Pause

    18h Meeting final avec :
    Pablo Solon, Asbjorn Wahl, Natalie Eggermont (Climate Express), Brigitte Gloire (oxfam solidarité), Douglas Sepulchre (Climat et Justice Sociale)

    Avec en ateliers :

    – Climat et dette écologique

    – Technologies dangereuses

    – Ressources : épuisement, dépassement, effondrement

    – Alimentation, Forêts, usage des sols et Climat

    – Syndicats, Emploi et Climat

    Organisé par : Climat et Justice Sociale, OXFAM Solidarité, CADTM, MPOC, Nucléaire stop

    Avec le soutien de : CETRI, Climate express

    Rendez-vous samedi 31 octobre !

    => Page de l’événement Facebook

  • Chaîne humaine contre le redémarrage de Tihange 2 et Doel 3

    chaine_nucleaireLe 4 octobre, participez à la chaîne humaine anti-nucléaire autour du siège de GDF-Suez. Nous encerclons le siège de GDF-Suez sur l’Avenue Bolivar à Bruxelles (près de la Gare du Nord), ce 4 octobre, à 14h, pour ces revendications:

    — Non au redémarrage des réacteurs fissurés Tihange 2 et Doel 3
    — Du courant bon marché, renouvelable et sans risque pour tous
    — Reconversion des travailleurs des centrales nucléaires

    Info: www.stop-tihange.org 04 76 / 34 99 33

    Organisation: Nucléaire Stop Kernenergie

  • Sauvons notre planète du capitalisme!

    Il est impossible de changer les lois de la nature, alors changeons de système économique!

    LS_sept_VERSOLe 21ème sommet climatique prendra place cette année à Paris, du 29 novembre au 12 décembre. Après 20 sommets du même acabit, pas d’illusion, COP 21 ne sera pas différent. Aujourd’hui, nous subissons la faillite du système capitaliste. En plus des crises économiques et sociales, il devient clair que la crise environnementale a des conséquences de plus en plus néfastes sur notre niveau de vie.

    Par Emily (Namur)

    Ainsi, selon l’OMS, la pollution de l’air a causé la mort prématurée de 7 millions de personne en 2012. A côté de cela, les évènements climatiques extrêmes sont de plus en plus courants avec à la clé destructions, inondations, sècheresses. Couplé à l’augmentation du niveau des mers, cela entrainera un flot massif de ‘‘réfugiés climatiques’’, des millions de personnes forcées de migrer vers des régions plus clémentes.

    Sommes-nous tous pareillement responsables?

    Deux tiers des gaz à effet de serre émis depuis le début de l’ère industrielle ont été produits par seulement 90 multinationales. Ajoutons que les grandes entreprises sont également à l’origine de multiples désastres écologiques : marées noires, catastrophes nucléaires ou industrielles,… Comme l’a illustré la récente explosion d’un entrepôt de produits chimiques de la zone portuaire de Tianjin en Chine.

    C’est clair : nous ne sommes pas tous responsables à la même hauteur ! Si nous ne gérons et ne contrôlons pas démocratiquement ces entreprises, il est impossible d’enrayer le réchauffement climatique et d’empêcher de telles catastrophes.

    Peut-on compter sur ‘‘nos’’ dirigeants ?

    L’hypocrisie des dirigeants est sans limite. Le cas de l’extraction du gaz de schiste, via la fracturation hydraulique, est illustratif. Aux Etats-Unis, le président Obama a récemment fait des belles promesses sur la question environnementale, mais il poursuit en même temps sa politique d’exploitation du gaz de schiste. Via le transporteur de gaz Fluxys, du gaz de schiste américain va très prochainement être importé en Belgique. Les dirigeants de l’Union européenne négocient également le TTIP – le traité transatlantique, extrêmement néfaste, tant pour les normes sociales qu’environnementales. Ce type d’industrie dangereuse connaitra dès lors une grande expansion à travers l’UE. Le TTIP permettra aussi aux multinationales d’assigner en justice des Etats pour leurs règlementations sociales et environnementales comme étant autant d’entraves à la ‘‘libre concurrence’’.

    Nous avons d’urgence besoin d’une transition énergétique massive, mais aucun gouvernement ne s’y attèle. Aujourd’hui, seuls 2% des fonds pour la recherche mondiale sont investis dans le durable et ils sont, en plus, largement contrôlés par des entreprises privées. Les recherches sont donc orientées vers le profit et les résultats sont maintenus secrets, ce qui ralentit considérablement le développement des technologies durables et d’une alternative énergétique. Socialisons les connaissances techniques et scientifiques! Dans ce cadre, il nous sera possible d’orienter les recherches vers les besoins, plutôt que vers les profits.

    Quelle alternative face à la crise écologique et sociale?

    Puisque nous ne pouvons pas changer les lois de la nature, nous devons mettre en avant une alternative au système économique capitaliste qui nous appauvrit, nous et notre planète. Pour cela, nous ne pouvons ni compter sur les grandes entreprises et leur soif de profits, ni sur les politiciens à leurs bottes.
    La recherche, le secteur énergétique et les grandes industries – comme l’ensemble des secteurs clés de l’économie – doivent être nationalisés, contrôlés et gérés démocratiquement par les travailleurs et les consommateurs, dans l’optique de répondre aux besoins de la population de manière durable.
    Nous avons besoin d’investissements publics massifs dans les transports en commun, pour l’isolation de bâtiments, pour une production alimentaire et industrielle durable et un programme de recyclage optimal. Pour cela, il nous faut une planification démocratique qui prenne en compte tous les aspects de la production, depuis l’extraction, jusqu’à la distribution et la consommation.

    Unissons les luttes !

    Nous ne pouvons compter que sur notre classe, celle des jeunes, des travailleurs et des allocataires sociaux ! Les grandes manifestations du 29/11 et du 12/12 à l’occasion du Sommet climatique de Paris sont des dates importantes dans la construction d’un rapport de force, de même que les mobilisations contre le TTIP qui prendront place à Bruxelles les 14, 15 et 16 octobre.

    Nous voulons construire un véritable mouvement de résistance face au système capitaliste en mettant sur pied des comités partout où cela est possible, en organisant des meetings, des actions locales, nationales et internationales en vue d’un changement socialiste démocratique de société. Si toi aussi tu veux contribuer à ce processus, prends contact avec nous!

  • Ecologie : Le gaspillage capitaliste ou la gestion rationnelle planifiée

    systemchangeLes Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et le PSL se rendront au Sommet de l’ONU sur le Climat à Paris fin de cette année pour y défendre un programme d’urgence radical reposant sur des investissements publics massifs dans un secteur énergétique public placé sous contrôle démocratique. Les moyens ne manquent pas pour cela, nous n’avons jamais produit autant de richesses qu’aujourd’hui. Qu’est ce qui bloque alors ?

    Par Michael B. (Gand)

    On ne contrôle pas ce que l’on ne possède pas

    Les cinq sociétés énergétiques et pétrolières les plus rentables ont réalisé en 14 milliards d’euros de profits en 2012. Voilà une somme qui pourrait être consacrée aux efforts destinés à réduire de 95% les émissions de CO² d’ici 2050 ou encore à la sortie du nucléaire. Le nucléaire est parfois présenté comme alternative aux combustibles fossiles mais nous avons déjà pu voir de façon très douloureuse les effets destructeurs de cette énergie pour la majorité de la population et les générations futures. Combien de Fukushima ou de Tchernobyl sont-ils encore nécessaires?

    Selon nous, la seule solution, c’est la nationalisation de la totalité du secteur de l’énergie sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et des usagers. Dans le cadre d’un plan public de recherche scientifique concernant les sources d’énergie alternatives, la création d’emplois verts et la reconversion du personnel, cela pourrait assurer le développement d’un secteur énergétique sans danger et écologique.

    Ce contrôle démocratique sur le secteur de l’énergie exige de lier les revendications environnementales aux mobilisations de masse ainsi qu’à un programme combattif qui n’entretient aucune illusion quant à une hypothétique solution au sein du système de marché. Les 20 précédents sommets climatiques de l’ONU ont reposé sur ces prétendues ‘‘solutions’’ et nous n’avons pas fait un seul pas en avant.

    Pour les grandes entreprises, les labels environnementaux ou les petites mesures ‘‘vertes’’ tiennent plus de la stratégie de communication que de l’écologie. Les sources d’énergie alternatives ne fournissent pas les mêmes marges de profits que les combustibles fossiles. Tant que les bénéfices compteront plus que tout le reste, les grands pollueurs comme les multinationales pétrolières continueront à dévaster la planète. La technologie, l’infrastructure et le savoir-faire nécessaire à l’exploitation des énergies fossiles ont déjà été fortement développés et ne demandent donc que peu d’investissements en comparaison de ce qu’exige une véritable transition énergétique. Les combustibles fossiles ont donc encore un bel avenir sous les cieux du capitalisme, en dépit des conséquences écologiques. Il suffit de penser à l’exploitation du gaz de schiste ou encore au forage arctique, ce qu’Obama vient récemment d’autoriser.

    Tout illustre que nous ne pouvons pas compter sur les dirigeants du monde, c’est-à-dire nos gouvernements et les multinationales qui se réuniront à Paris pour discuter de notre planète. Leur politique néolibérale et leur ‘‘capitalisme vert’’ sont uniquement motivés par la course aux profits de l’establishment capitaliste alors que l’horloge tourne et que grandit le danger de la barbarie écologique. Il est grand temps de rompre avec la logique capitaliste pour développer un système économique capable d’investir pour répondre aux besoins de la majorité de la population et des générations futures.

    Faire payer les consommateurs toujours mieux que rien?

    capitalism-300x200Les partis verts tels qu’ECOLO défendent les écotaxes. Depuis leur introduction sous la coalition Arc-en-Ciel de Verhofstadt, plusieurs versions ont vu le jour, comme les taxes carbone et les taxes prélevées sur les produits polluants ou les emballages afin d’obliger le consommateur à faire un choix écologique. La réalité est cependant que ce choix n’existe pas. Comment choisir entre sa voiture et l’essence plus chère et les transports publics quand ces derniers voient leurs budgets systématiquement rabotés ? Les tarifs des billets de train ne font que croître, au contraire de la qualité du service. Quant aux écotaxes, le gouvernement Michel les utilise de la même manière que la hausse de la TVA sur l’électricité : comme des mesures d’austérités des plus cyniques présentées comme des solutions écologiques alors que les solutions collectives réelles (transports en commun,…) subissent ses attaques.
    Sur le marché privé, il est dorénavant possible de prendre des bons d’investissement ‘‘verts’’ à votre banque. Certaines grandes entreprises se vantent aussi d’avoir un label bio sur leurs produits. Mais souvent se trouve derrière un mécanisme de marché pervers: les labels bios sont contrôlés par d’autres entreprises privées. Dès lors qu’il s’agit de grandes entreprises, ces contrôles sont une vaste blague, ce sont juste des éléments de publicité, ce que les entreprises appellent entreprises elles-mêmes du ‘‘greenwashing’’. Quant aux fonds d’investissement soi-disant ‘‘verts’’, pas mal d’entreprises sont polluantes dans les faits dès qu’on gratte un peu la nature exacte de leurs activités.

    Le principal problème de ces ‘‘solutions individuelles’’ et des solutions axées sur le marché est qu’elles visent à nous persuader que nous sommes tous responsables de la crise écologique de la même manière et que la lutte contre le changement climatique ne doit pas être politique. Mais c’est faux.
    En France, 18% des installations industrielles sont responsables de 87% des émissions de gaz à effet de serre, et 46% de celles-ci proviennent de 21sites uniquement. Les grands responsables ne sont qu’une poignée de super-riches alors que le plus grand nombre de victimes de la crise écologique se trouvent dans des pays qui disposent à peine d’une industrie mais où les sécheresses, les inondations, les maladies,… auront les conséquences les plus lourdes.

    Promouvoir des ‘‘mesures individuelles’’ et le ‘‘capitalisme vert’’ sert essentiellement à masquer qui sont les véritables pollueurs : les propriétaires des compagnies d’énergie et des autres multinationales, afin d’éviter de remettre le système en question.

    Construire un rapport de force pour un véritable changement!

    Aujourd’hui, la majorité de la population n’a rien à dire à propos de la manière dont fonctionnent les moyens de production. Les travailleurs font tourner les entreprises, mais la seule chose qui compte c’est qu’ils reviennent le moins cher possible. Ils ne peuvent décider de ce qui est produit et comment.
    Les patrons se sont vus imposer des législations sur la sécurité et la santé au travail. Mais ils ne considèrent cela que comme des coûts supplémentaires alors qu’existent des pays sans ces protections, où ils peuvent dont produire leurs marchandises à moindre coût. Ces délocalisations ont un coût écologique et social, supporté par la collectivité, tandis que les bénéfices remplissent les poches des propriétaires des grandes entreprises. Quant à ces législations sur la sécurité et la santé au travail, elles n’ont été possibles que grâce à la mobilisation et des travailleurs et au rapport de forces qu’ils ont su instaurer en leur faveur.

    L’essence même du capitalisme est de penser à court terme, en termes de bénéfices, même si cela doit poser des problèmes à plus long terme. Cela explique pourquoi il n’existe aucun investissement massif dans les énergies renouvelables. Pour l’industrie pétrolière, de tels investissements signifient insuffisamment de bénéfices. Les principaux actionnaires préfèrent repousser les conséquences désastreuses vers la majorité de la population en se disant qu’eux, ils auront toujours les moyens d’échapper aux conséquences de leurs actes.

    Ce n’est pas tant l’individu qui est la cause du problème que l’organisation sociale et les relations entre personnes. Tous les modes d’organisation de la production économique n’ont pas un impact identique sur l’environnement. Le capitalisme est un système où la production est très chaotique, mais une économie démocratiquement planifiée pourrait permettre que les besoins de toute la population soient pris en compte dans le respect des ressources de la planète. Disposer d’un environnement sain est de toute évidence une question vitale pour l’humanité, un système incapable d’y faire face n’a aucune raison d’être encore debout.

    Pour disposer d’un secteur énergétique sous propriété publique, le mouvement climatique doit se concentrer sur ceux qui sont en mesure de prendre démocratiquement en mains ces entreprises: les travailleurs. Les syndicats peuvent jouer un rôle crucial dans le mouvement environnemental en étendant au reste de la société les revendications et méthodes qu’ils ont utilisées pour la protection de la santé et de la sécurité au travail. L’organisation des travailleurs dans la lutte peut également poser les bases de comités démocratiques capables à terme de prendre en charge la gestion des entreprises.
    Toutes les grandes conquêtes sociales ont été acquises grâce aux mobilisations de masse et à l’arme de la grève. Aucune amélioration de nos conditions de vie n’a été obtenue en la demandant gentiment. Elles ont toutes été arrachées. S’organiser pour la lutte sur base d’un programme clair est nécessaire. Contrairement à ce que les défenseurs des solutions individuelles voudraient nous faire croire, la crise écologique exige également cette approche.

    Des comités peuvent aider à mobiliser pour participer aux actions de protestation qui prendront place à Paris, dans les écoles, les universités, les lieux de travail et les quartiers. Ce sont aussi des espaces idéaux pour discuter des revendications et de la stratégie dont nous avons besoin sur base de l’identification des causes du changement climatique et des responsables. De cette façon, il est possible de faire de la mobilisation vers Paris non pas une fin en soi mais une étape dans la construction d’un mouvement capable d’entraîner un réel changement de système.

  • Quatre ans après la catastrophe de Fukushima, un réacteur nucléaire reprend du service au Japon

    fukushima_belUne grande majorité de la population japonaise est contre l’énergie nucléaire. En 2013, 200 000 manifestants avaient ainsi exigé dans la rue un Japon sans nucléaire. Ce pays fut non seulement victime des attaques nucléaires de Hiroshima et Nagasaki il y a 70 ans mais il fut aussi secoué par la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011.

    Les conséquences de cette catastrophe sont terribles. Plus de 160.000 personnes ont été évacuées de la région, nombre d’entre eux ne pourront probablement jamais revenir. Démonter la centrale de Fukushima prendra des décennies et reviendra au moins à 100 milliards $. L’impact du désastre ne s’est pas limité au pays, une grande quantité d’eau radioactive est parvenue en mer, un problème qui est loin d’être terminé et qui a ses conséquences notamment pour la pêche au large des côtes.

    L’opérateur Tepco a immédiatement été pointé du doigt en raison du manque d’investissement dans les mesures de sécurité. La catastrophe de 2011 a d’ailleurs servi de prétexte pour réduire les salaires de 20% dans l’entreprise. Le service de nettoyage était particulièrement peu rémunéré au point que, dans certains cas, il s’agissait carrément de sans-abris recrutés par la mafia des sous-traitants de Tepco.

    Ce mois d’août, le gouvernement japonais a, pour la première fois, remis en activité l’un des 50 réacteurs nucléaires du pays. En octobre suivra un deuxième. Le gouvernement justifie cette décision au nom des tarifs de l’électricité, comme si l’on devait croire que ces politiciens conservateurs se sentent concernés par la qualité de vie de la population ordinaire… les motivations des autorités sont en fait guidées par les intérêts des sociétés énergétiques. TEPCO a annoncé avoir réalisé un bénéfice de 1,5 milliards € au cours du deuxième trimestre de cette année, notamment grâces au prix du pétrole et à des ‘‘mesures d’économie’’. La compagnie a déclaré ne pas faire de prévisions pour les prochains trimestres, en partie en raison de l’incertitude quant au moment de la reprise des centrales nucléaires.

    En répondant à la soif de profits des grandes entreprises énergétiques, tout est préparé pour permettre l’arrivée de nouvelles catastrophes nucléaires. On nous a déjà dit que les règles de sécurité étaient strictes et respectées. On nous a déjà dit qu’une catastrophe était impossible à Fukushima. Quatre ans après que le désastre soit bel et bien arrivé, on fait comme si rien ne s’était passé. Voilà qui indique nettement à quel point le capitalisme est un système malade. Il est grand temps d’en sortir et de construire une société qui déploiera les moyens nécessaires en recherche d’énergies vertes!

  • Ecologie : contre le gaspillage capitaliste, la gestion rationnelle socialiste

    autocollant_ecologieCommentant les études du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon déclarait : ‘‘Il sera bientôt trop tard (…) Nos modes de consommation sont incompatibles avec la santé de la planète.’’ Pour les élites économiques et politiques, aborder la problématique environnementale sous l’unique angle de la consommation est avant tout un moyen bien pratique de loger tout le monde à la même enseigne et de culpabiliser la population. Selon nous, le véritable enjeu se situe au niveau de la production. Et de ceux qui possèdent les moyens de production.

    Par Nicolas Croes

    C’est vrai, de plus en plus de nouveaux produits sont générés chaque année tandis que les habitants des pays riches sont poussés à jeter leurs vieux produits. L’énergie qui est nécessaire à la fabrication de ces produits, par exemple, en Chine, est une des raisons pour lesquelles la demande en énergie s’est tellement accrue. Mais la demande en énergie n’est pas simplement un besoin de l’“Occident avide”. C’est le système de production dans lequel nous vivons qui conduit à un épuisement croissant des ressources primaires (sol, eau,…), à un amoncellement de déchets qui ne peuvent plus être traités parce que ça coûterait trop cher, et à un énorme gaspillage de ressources premières et d’énergie, comme dans des opérations logistiques absurdes (transport de marchandises uniquement guidé par le rendement économique,…).

    Pour le journaliste français Hervé Kempf, qui s’est spécialisé dans le journalisme environnemental après la catastrophe de Tchernobyl ; ‘‘Si on raconte la question environnementale de façon attentive, on arrive au constat que le système économique actuel non seulement ne résout pas les problèmes, mais les aggrave. Or, il se trouve que le système actuel, c’est le capitalisme. Donc, un journalisme environnemental conséquent conduit à poser la question du système économique.’’(1)

    Il est impossible de dissocier mode de consommation et mode de production. Un système basé sur la course au profit ne peut qu’entraîner une production de qualité médiocre et une masse de déchets ; une logique soutenue par le rythme de vie imposé par la société, par le bombardement quotidien de publicités,…

    Pourquoi le socialisme ?

    Le socialisme signifie avant tout d’adapter la production aux besoins réels de la population à travers une planification démocratique. Ces besoins incluent la survie de l’humanité, voilà pourquoi il nous faut une planification écologique. Rien qu’en utilisant les idées et ressources actuelles de façon optimale (maisons passives, recyclage, énergies renouvelables, développement des transports en commun,…) de grands pas en avant seraient tout de suite possibles. Aujourd’hui, nombre de méthodes ne sont accessibles qu’à une petite élite qui dispose de suffisamment de moyens et s’achète une bonne conscience par la même occasion. Sous le socialisme, les moyens actuellement détournés de notre travail vers les poches des grands patrons et gros actionnaires pourraient être saisis pour étendre l’application de ces possibilités à une échelle de masse.

    Mais, surtout, une planification démocratique de la production mettrait fin au gaspillage et à la pollution à outrance dont le capitalisme et sa logique de concurrence sont responsables. On pourrait aussi investir massivement dans la recherche d’alternatives écologiques. Une planification démocratique est nécessaire pour déterminer quels sont les besoins et les aspirations de la population, mais aussi pour donner enfin la parole aux scientifiques et aux spécialistes. De nombreuses possibilités ne sont pas utilisées aujourd’hui parce qu’elles ne sont pas rentables immédiatement, ou parce que la recherche n’est pas suffisamment financée.

    Quel programme défendre ?

    • Pour la mobilisation commune des organisations des travailleurs, des peuples indigènes et des militants écologistes contre tous les plans de développements désastreux (extraction des sables bitumineux, plantations de cultures à “biocarburants”,…).
    • Pour le soutien des luttes des peuples des pays à basse altitude (en particulier d’Asie du Sud-Est et du Pacifique) qui seront contraints à la migration et à l’appauvrissement national à cause du changement climatique.
    • Pour l’utilisation des sources d’énergie renouvelables et des investissements publics dans le développement d’énergies renouvelables et d’un plan de capture de carbone !
    • Pour une recherche scientifique publiquement subsidiée et débarrassée de la concurrence et de la logique marchande !
    • Pour la renationalisation du secteur de la production et de la distribution d’énergie dans sa totalité, sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et des usagers, afin de bénéficier des moyens pour sortir de l’utilisation de combustibles fossiles aussi rapidement que possible.
    • Pour une expansion massive du système de transport public, en particulier des chemins de fer, afin de réduire la pollution par les routes (trafic individuel et de marchandises).
    • Pour un plan public d’isolement des bâtiments, quartiers par quartier !
    • Pour la nationalisation des secteurs-clés de l’économie (finance, sidérurgie, grosses entreprises agro-alimentaire, armement,…) sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs, pour rendre possible une planification démocratique et écologiquement responsable de l’économie.
    • Pour la reconversion à large échelle de l’industrie de la “défense” vers la production de générateurs éoliens et solaires.
    • L’économie de marché chaotique et la course aux profits sont un désastre pour l’environnement, les droits démocratiques et les droits sociaux. Pour une économie planifiée et contrôlée démocratiquement par la collectivité: pour un socialisme démocratique et moderne !

    Quelques chiffres :

    • 1 décès sur 8 dans le monde est lié à la pollution de l’air (étude de l’Organisation mondiale de la santé, mars 2014)
    • 180.000 millions de tonnes de déchets toxiques sont annuellement déversés dans les rivières, les lacs et les océans par les industries minières à travers le monde. (planetoscope.com)
    • En moyenne, 55 marées noires de petite ampleur ou catastrophiques se produisent quotidiennement aux États-Unis : 20.000 marées noires par an ! (planetoscope.com)
    • 5 milliards de tonnes d’eau polluée sont déversées chaque année dans la mer par des navires ou des usines. (planetoscope.com)
    • Selon l’OMS, 3,4 millions de personnes décèdent chaque année en raison de la pollution de l’eau.
    • En 2013, 22 millions de personnes ont dû fuir leurs foyers pour des raisons climatiques (les ‘‘réfugiés climatiques’’), selon une étude du Conseil norvégien pour les réfugiés. Le record a été atteint en 2010 : 42,4 millions de personnes déplacées.

    (1) Point Chaud – Il faut sortir du capitalisme (http://www.ledevoir.com/ environnement/actualites-sur-l-environnement/ 388166/il-faut-sortir-du-capitalisme).

  • System change not climate change!

    ls203_versoOur planet not your business!

    La prochaine conférence des Nations Unies sur le climat se déroulera à Paris du 30 novembre au 15 décembre prochain. Il s’agira de la 21e conférence des parties (COP-21) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et de la 11e conférence des parties siégeant en tant que Réunion des parties au protocole de Kyoto (CRP-11). C’est dire que les grandes réunions internationales n’ont pas manqué sur le sujet… Reste que leur résultat est jusqu’ici minime. Comment sortir de cette impasse ?

    Il est ‘‘minuit moins cinq’’ pour le climat, selon le GIEC

    Cet avertissement du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne date pas d’hier, il a été formulé en 2013 déjà. Cette même année, le Programme des Nations unies pour l’environnement estimait que la concentration de CO2 avait dépassé la barre des 400 parties par million (ppm), c’est-à-dire un niveau inégalé depuis 2,5 millions d’années… Depuis lors, les climatosceptiques pour qui le changement climatique ne serait qu’une vaste blague ou ceux qui récusent l’impact de l’activité humaine et du CO2 sur le climat ne font plus beaucoup parler d’eux, et c’est tant mieux.

    Plus globalement, les inquiétudes concernant le climat et la rapide dégradation environnement de notre environnement se sont développées parmi la population. Pour le spécialiste des questions écologistes français Pierre Radanne ‘‘Cette acceptation préalable de la crise environnementale est un phénomène nouveau par rapport à il y a dix ans.’’ Le recul du climatoscepticisme marque ‘‘l’émergence d’une citoyenneté mondiale sur la compréhension du sujet.’’ La sensibilisation sur ce domaine a donc fortement progressé. Mais une prise de conscience, c’est hélas insuffisant.

    La responsabilité des entreprises

    Le rapport ‘‘A Climate of Secrety’’ de la campagne ‘‘Behind the Brands’’ lancée par Oxfam dévoile que les dix plus grandes entreprises alimentaires du monde (les Big Ten)(1) émettent ensemble 50 % de CO2 en plus qu’un pays comme la Belgique. Toujours selon Oxfam, elles seraient très facilement capables de réduire leur émission de 80 millions de tonnes (sur 260 millions), ce qui aurait le même effet que de supprimer d’un coup la totalité du trafic automobile de Los Angeles, Pékin, Londres et New York! Le système alimentaire mondial est responsable d’un quart de l’émission de CO2 et ces émissions augmentent suite aux conditions climatiques extrêmes (cyclones dévastateurs, inondations diluviennes,…) qui découlent du changement climatique.

    D’autre part, les recherches inédites de Richard Heede (publiées fin 2013 dans la revue scientifique Climatic Change) démontrent que 63% des émissions mondiales de gaz à effet de serre accumulées dans l’atmosphère depuis le début de la révolution industrielle (entre 1751 et 2010) ont été causées par seulement 90 entreprises seulement, la moitié de ces émissions ayant été effectuées depuis 1986 à peine. A l’exception de sept entreprises productrices de ciment, il s’agit d’entreprises énergétiques produisant du charbon, du pétrole et du gaz au premier rang desquelles les géants pétroliers Chevron, ExxonMobil, BP et Shell.

    Il nous faut une autre société ! Les différents gouvernements capitalistes se chamaillent dans les faits pour protéger les intérêts de leurs entreprises, et les géants dont nous parlons ici sont capables d’exercer un chantage économique immonde partout sur la planète. C’est ce qui explique le peu d’impact des conférences climatiques qui se sont succédées depuis celle de Rio en 1992. Parvenir à un véritable changement, réussir la transition écologique dont nous avons absolument besoin pour éviter d’entrer dans la zone de danger des 2°C de réchauffement climatique, cela nécessite de s’en prendre à ces mastodontes. Modifier nos modes de consommation ne suffira pas, loin de là, nous devons nous battre pour arracher des secteurs vitaux de l’économie tels que le secteur énergétique ou agro-alimentaire de la dictature des marchés et de la soif de profit capitaliste.

    (1) Il s’agit de Kellogg, General Mills, Coca-Cola, Danone, Mars, Nestlé, PepsiCo, Unilever, Associated British Foods et Mondelez International.

    La Coalition Climat vise à rassembler 10.000 Belges pour se rendre aux diverses manifestations et actions prévues en marge des négociations internationales pour le climat de Paris. Participez avec nous!

  • Les crises écologiques du passé

    autocollant_ecologieLe dernier trimestre de cette année verra se tenir le sommet climatique de l’ONU à Paris. C’est l’occasion pour tous les activistes de se mobiliser pour réclamer une véritable réponse aux différents problèmes environnementaux qui se posent à l’ensemble de l’Humanité. Nous pensons que c’est à travers des luttes collectives pour un système débarrassé de la nécessité du profit que nous pourrons établir un système de production compatible avec les lois de la nature.

    Par Alain (Namur)

    La méthode marxiste un outil pour répondre à la question climatique

    En tant qu’organisation marxiste-révolutionnaire, nous pensons au PSL que les outils conceptuels forgés par les premiers socialistes nous permettent d’analyser la crise environnementale actuelle. Nous partons de la situation concrète de la nécessité pour toute société humaine de produire des biens et des services pour assurer sa survie et sa reproduction. Parallèlement au système de production se trouve un système de répartition du surplus social qui dépend du degré de développement atteint par les différentes sociétés dans l’Histoire.

    Le capitalisme est actuellement le système de production largement dominant. Ce système est fondé sur l’appropriation privée d’une production essentiellement sociale. C’est une des contradictions de ce système à côté de nombreuses autres, dont l’une des plus importante pour la question environnementale : on ne produit pas de marchandises pour leur usage, mais bien pour les échanger sur le marché afin d’en extraire la plus-value qui permettra de produire encore plus de marchandises.

    Ce système de production a eu son mérite, historiquement, il a permis de développer les forces productives de la société a un niveau jamais atteint auparavant. Ce point nous permet d’envisager l’édification d’une société débarrassée du règne de la nécessité matérielle. Le corollaire de cela, c’est qu’il a accumulé des forces de destruction que ses maitres actuels ne savent maitriser. Karl Marx disait déjà à son époque que le système de production capitaliste avait rompu d’une manière inouïe jusqu’ici le métabolisme entre l’Homme et son environnement. Il ajoutait aussi dans le capital que le capitalisme épuise les deux sources de richesses : les hommes et la nature.

    L’équilibre entre l’être humain et son environnement : une histoire sur le fil

    La révolution néolithique a marqué l’apparition de nouveaux outils et techniques et a entrainé des modes de productions inconnus alors. Un des modes de productions qui s’est développé très tôt dans l’histoire de l’Humanité et encore pratiqué aujourd’hui est la culture sur abattis-brûlis. Cette méthode consiste à dégager des clairières à travers les forêts (primaires dans un premier temps) pour pouvoir cultiver sur les cendres de l’espace dégagé.

    L’impact de cette méthode est très bien décrit par Mazoyer-Roudart dans le livre «Histoire des Agricultures du monde». Les auteurs décrivent ainsi les impacts de cette méthode : «L’origine de ces systèmes remonte à l’époque néolithique. Depuis lors, ils se sont étendus à la plupart des forêts et des milieux boisés cultivables de la planète. Dans chaque région du monde, cette dynamique pionnière s’est accompagnée d’un fort accroissement démographique… une fois toute ces réserves vierges investies et la densité de population continuant d’augmenter, la fréquence et l’intensité des défrichements se sont accrues amorçant une dynamique de déboisement… la double crise écologique et de subsistance qui en a résulté ne fut ensuite dépassée que par le développement de systèmes agraires post-forestiers… ».

    Au-delà d’un certain seuil de densité de population, le processus de déforestation épuisait les forêts vierges jusqu’à se frotter à des frontières soit naturelles (mers, forêts non praticables,..) soit des frontières politiques. Malgré cela, ce système a permis de supporter une augmentation de la population qui de 10.000 ans à 5000 ans av. JC a vu sa population passer de 5 à 50 millions de personnes.

    Ce système avait ses contradictions qui ont entrainé une réduction de la fertilité, une érosion des sols et un assèchement du climat. À la p. 169 Mazoyer-Roudart disent de manière très clair que : «Ce processus de déboisement, qui a touché les uns après les autres la plupart des milieux anciennement boisés et cultivés de la planète, fut sans doute le plus grand bouleversement écologique de l’histoire.»

    Nous sommes aujourd’hui dans une situation similaire à celle-ci, à la différence que nous avons une connaissance et une capacité de prédiction beaucoup plus grande que nos ancêtres. La crise de l’époque a pu être résolue dans nos régions tempérées par l’émergence de systèmes agraires à jachères et à culture attelée légère. C’était la révolution agricole de l’antiquité. La superstructure politique qui correspondait à ces modes de productions est la cité-Etat esclavagiste (comme en Grèce, à Rome ou en Macédoine d’alors). Les citoyens qui, grâce au mode de production esclavagiste, étaient détachés de l’activité productrice pouvaient s’adonner à la culture, aux arts et à la politique. C’est sur cette base que la philosophie que nous connaissons encore aujourd’hui s’est développée, de même que les chaussées romaines, les aqueducs et les premiers développements des sciences naturelles. C’est la nécessité de trouver de nouveaux espaces à conquérir et des peuples à asservir pour pourvoir la cité en marchandises qui a poussé les contradictions de ce système jusqu’à sa chute.

    La crise environnementale actuelle :

    Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une crise structurelle du système de production capitaliste. Les contradictions de ce système ont muri jusqu’à nous pousser dans l’impasse économique, sociale et écologique dans laquelle nous sommes maintenant. Nos conditions de vie et de reproductions sont menacées ainsi que celles d’autres espèces. Nous faisons face, selon certains scientifiques, à la sixième extinction de masse après celle des dinosaures. Mais cette fois-ci, ce serait l’Homme, via son système de production, qui en serait la cause.

    La crise, ses solutions et la classe qui doit les mettre en œuvre :

    Nous avons décrit une des contradictions du système actuelle du système capitaliste. La recherche effrénée de profits. Nous avons assez de connaissance et de force productive pour répondre à la crise. Mais cela nécessité pour y parvenir de mettre toutes les chances de notre côté. Il faut socialiser l’ensemble des grands moyens de production pour orienter la production vers la réponse aux besoins sociaux. Nous devons produire en tenant compte des lois de la nature et non pas en tenant compte de l’exigence de rentabilité.

    Nous pensons que cela nécessité la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques afin d’organiser selon une planification démocratique et rationnelle. La seule couche capable de porter ce programme n’est pas celle qui y perdra le plus en adoptant cette approche. Nous ne croyons pas au milliardaire prétendument écolo ni au mécanisme du marché «vert»… Seule la classe qui produit tout le surplus social est à même de réaliser cela, la classe sociale des travailleurs.

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