Le nucléaire et ses petites misères : ne laissons pas le privé jouer avec nos vies !

doel_anversEn Belgique, environ 55 % de l’électricité provient du nucléaire, à partir de deux centrales : Doel (quatre réacteurs) et Tihange (trois réacteurs). Tous ces réacteurs ont été construits dans les années ‘70 et mis en service entre 1975 et 1985. Ces centrales vétustes sont exploitées par le secteur privé, EDF (qui possède 50 % de Tihange 1) et Engie (anciennement GDF Suez, qui possède tout le reste via sa filiale belge Electrabel).

Commentant l’impact de la privatisation du nucléaire belge concernant la sécurité, Jean Marc Pirotton (vice-président fédéral de Gazelco et délégué FGTB-Gazelco à la centrale nucléaire de Tihange), nous expliquait ceci dans une interview accordée à Lutte Socialiste en 2011 : ‘‘Je ne vais pas me prononcer sur l’infrastructure, mais il est certain qu’il faut dénoncer l’organisation du travail mise en place au début des années 2000. Par exemple, avant, il y avait un agent de sécurité de la radioprotection qui travaillait à chaque pause, dans chaque tranche (Tihange I, Tihange II et Tihange III). Pour des raisons d’économies, on a réduit cela à un seul agent pour les trois tranches. Immanquablement, cela va entraîner des problèmes de sécurité. Même avec un incident minime, pour peu qu’il s’en produise sur deux tranches, il y a problème. L’agent ne saura pas se dédoubler…’’

Depuis lors, les avertissements n’ont pas manqué concernant l’infrastructure. Deux réacteurs ont atteint leur limite d’âge. Malgré cela, le prolongement de Doel 1 et 2 a été voté, et ce sans consultation publique, ni étude d’impact environnemental, contrairement à ce qu’exigent les conventions internationales. Deux autres réacteurs ont dû être mis à l’arrêt pendant près de deux ans (Doel 3 et Tihange 2) après la découverte de milliers de fissures dans la paroi de leurs cuves en 2012. L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) a autorisé leur redémarrage cet automne, mais, dès décembre, les centrales ont connu nombre d’incidents (fuite d’eau dans un générateur, problème d’alternateur, incendie, pannes…).

Deux associations de défense de l’environnement, Bond Beter Leefmilieu (BBL) et Inter-Environnement Wallonie (IEW), ont introduit début janvier un recours en annulation de la loi qui prévoit de prolonger les réacteurs de Doel 1 et 2. La ville allemande d’Aix-la-Chapelle a aussi envisagé une action en justice contre le redémarrage de la centrale de Tihange (distante de 60 km). Une action en référé a aussi été introduite par l’ASBL «Nucléaire Stop» pour contester la réouverture des réacteurs de Tihange 2 et Doel 3, et une autre encore par Vega.

Ces recours ont raison de dénoncer le danger nucléaire en Belgique. Mais exiger simplement que les études sur la sécurité soient effectuées par des experts plus indépendants du lobby nucléaire ou s’opposer aux réouvertures de centrales par voie juridique n’est pas suffisant. Une pétition Avaaz intitulée ‘‘Quelques heures pour éviter un nouveau Tchernobyl ? ’’ a recueilli plus d’un million de signatures en moins d’un mois en février, mais les autorités ont déjà affirmé que cela ne changerait rien à l’approche du gouvernement. Seule la construction d’un rapport de forces conséquent nous permettra d’en finir avec le péril nucléaire, par la nationalisation de la totalité du secteur énergétique afin d’assurer la transition vers les énergies renouvelables.

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