Category: Politique belge

  • La large mobilisation illustre l’illégitimité de la réforme des pensions : Michel doit reculer

    Celui qui prétend que manifester ne sert à rien en a été pour ses frais le mois dernier avec la manifestation pour les pensions. Le ministre des Pensions Bacquelaine (MR) avait prévenu qu’il ne changerait pas de cap, mais, selon le journal patronal De Tijd, la pension à points a, en fait, dû être enterrée. Selon Le Soir, le gouvernement ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour imposer ses plans tels quels et se concentrera d’abord sur les élections. La participation massive a eu une influence sur la teneur de la réforme des pensions, mais nous n’avons pas encore gagné. Nous n’obtiendrons une victoire sur l’ensemble du dossier que si nous persévérons via un plan d’action sérieux.

    Par Eric Byl

    Que ce serait-il passé si nous n’avions été que 30.000 ? Ce chiffre était diffusé par les médias au tout début de la manifestation, mais a ensuite dû être revu à la hausse : 55.000 selon la police, 70.000 selon les syndicats. Le gouvernement aurait pris 30.000 manifestants pour un laissez-passer concernant les métiers lourds, les périodes assimilées et pour faire avancer la pension à points. Les médias auraient surtout parlé des embouteillages causés par la manif. Le patronat aurait expliqué qu’étudier plus longtemps, vivre plus vieux et partir plus tôt en pension est intenable. Beaucoup de travailleurs seraient tombés dans le fatalisme.

    Heureusement, il n’en a rien été. Cela illustre que le patronat et le gouvernement ne peuvent pas s’en tirer si facilement que ça avec des demi-vérités et des mensonges complets. Le fait que nous restions plus longtemps aux études s’explique par les exigences du patronat qui propose des emplois qui demandent des qualifications toujours plus élevées. Corrigé après inflation et en prix de 2016, nous sommes aujourd’hui 5,6 fois plus productifs qu’en 1950 par heure travaillée. Même en tenant compte de la chute du nombre d’heures de travail, chaque travailleur rapporte encore en moyenne 4,2 fois la valeur d’alors chaque année. Le nombre de pensionnés a augmenté, mais pas dans cette mesure, loin de là. Ce qui a augmenté dans la même proportion, et même bien au-delà, c’est les bénéfices d’entreprise ; le nombre de burnouts et de dépressions a aussi explosé parce que la pression au travail ne fait qu’augmenter, et non pas parce que nous surchargeons notre temps libre de loisirs, comme le prétend le patronat.

    Bart De Wever (N-VA) considère que la manifestation est “incompréhensible”, la réforme des pensions étant “selon lui aussi inévitable que les changements climatiques” pour “arriver à un équilibre sain avec les coûts salariaux”. Nous savons de suite ce qu’il faut entendre. Raoul Hedebouw (PTB) a expliqué au parlement pourquoi De Wever ne nous comprend pas : il devrait, lui, bénéficier d’une pension mensuelle de 6500 € ! Après avoir relevé l’âge de la pension et celui de la pension anticipée, supprimé les périodes assimilées et annoncé la fin des tantièmes préférentiels, le ministre des Pensions Bacquelaine s’étonne que les syndicats s’opposent à “de nouveaux droits pour les travailleurs”. Ceci après avoir supprimé les anciens droits, bien meilleurs. Comme un mensonge n’est cru qu’après avoir été suffisamment répété, De Wever poursuit : “nous avons toujours dit que nous ne toucherions pas aux droits acquis.”

    Même De Standaard a dû reconnaître que la stratégie syndicale porte ses fruits. “La différence par rapport à la manifestation précédente du 19 décembre dernier est flagrante”. De Standaard l’explique par une meilleure préparation, entre autres, via “l’édition du journal des pensions”. Quoi qu’il en soit, la participation sur beaucoup de lieux de travail est remontée au niveau de celle de 2014, lorsqu’un plan d’action constructif avait fait chanceler le gouvernement, mais les dirigeants syndicaux avaient malheureusement étouffé le feu et permettant au gouvernement de se redresser. Nous ne pouvons répéter cette erreur. Le gouvernement essaiera peut-être d’amadouer les leaders syndicaux en reconnaissant encore quelques périodes assimilées ou en relevant l’enveloppe de 40 millions destinée aux métiers lourds. La pension à points sera reportée et reviendra plus tard sous une autre forme. Nous ne pouvons nous en satisfaire et devons mener une lutte sérieuse pour réellement réaliser les revendications reprises dans le journal des pensions. Comme nous l’écrivions dans notre tract pour le 16 mai : “Après une participation massive, tout reste possible, mais uniquement si nous n’en restons pas là et continuons avec un plan d’action sérieux.”

    Lors de la manifestation, une petite minorité demandait une grève générale. Cela peut certainement faire partie d’un plan d’action sérieux, mais ce n’est pas un passe-partout que l’on peut annoncer sans une préparation minutieuse. Un mouvement spontané autour de la pression au travail – comparable aux grèves spontanées de longue durée dans les prisons et à la SNCB au printemps 2016 – pourrait construire la nécessité d’une grève générale sectorielle, voire interprofessionnelle encore avant cet été. Mais en général, nous estimons que des concentrations militantes par province pour discuter de la manifestation, pour faire le point sur les pensions et les prochaines actions répondent mieux à l’état actuel du mouvement. Ce serait un excellent incitant pour des assemblées du personnel en front commun syndical sur le terrain et des concentrations nationales encore avant l’été pour préparer des jours de grève provinciale à l’automne, juste avant les élections communales, et une grève générale nationale encore avant la fin de l’année.

    Cela rayerait la politique politicienne de la carte et remettrait la question sociale au centre. Une grève générale pose évidemment la question du pouvoir. Les directions syndicales savent autant que nous que les revendications du journal des pensions du front commun syndical exigent une majorité de gauche prête à rompre avec l’omniprésente politique d’austérité de ce gouvernement et de ses prédécesseurs, qui nous est aussi imposée par l’Europe. Le patronat ne va pas arrêter d’imposer ses revendications à ses partenaires politiques. Si les syndicats prennent aux sérieux leurs revendications, ils doivent chercher des partenaires politiques, renforcer ceux qui ont le projet de mettre ces revendications dans un programme politique et rompre avec ceux n’y sont pas prêts.

    Réaliser ces revendications et les consolider dans un système où l’on ne produit que pour faire des bénéfices est impossible. Les syndicats doivent, avec ceux des pays voisins, lutter contre ce système, en mettant en avant une alternative où l’on produit selon les besoins de la grande majorité de la population et non pas pour faire croître les richesses accumulées par une poignée de capitalistes.

  • Tuerie de Liège. Après des années de politique répressive, la violence augmente.

    Le boulevard d’Avroy, où les meurtres ont été commis. Photo : Wikimedia.

    Une fois de plus, le pays s’est retrouvé en état de choc. L’horreur et la tragédie ont cette fois touché la ville de Liège ce mardi 29 mai lorsque Benjamin Herman a tué deux policières, Lucile Garcia et Soraya Belkacemi, puis Cyril Vangriecken, un étudiant de 22 ans qui se trouvait en voiture et a été tué sous les yeux de sa mère. Nous exprimons nos sincères condoléances aux proches des victimes ainsi que notre solidarité envers toutes les personnes impliquées dans ce drame, parmi lesquelles les élèves et le personnel de l’athénée Léonie de Waha, dont la femme de ménage prise en otage qui a courageusement tenté de raisonner le criminel avant qu’il ne soit abattu.  

    Depuis la tuerie de Liège, la semaine dernière, les commentaires de la droite ne manquent pas. On oublierait presque que la droite est au pouvoir depuis des années et qu’elle est donc aussi responsable des problèmes rencontrés actuellement. Les propositions que l’on a pu entendre vont du ‘‘travail citoyen’’ volontaire des détenus pour les mettre sur le “droit chemin” à la création d’une sorte de “Guantanamo sur l’Escaut” où les personnes radicalisées seraient enfermées sans procès jusqu’à ce que “la guerre avec Daesh ait pris fin”.

    Par Sander (Termonde)

    La droite instrumentalise les dramatiques événements de Liège pour mettre en avant des mesures dures et antisociales. La sympathie générale envers les victimes de cette terrible violence est utilisée à cette fin. C’est aussi une fuite en avant pour éviter de discuter de la politique de sécurité défaillante des autorités. Comment expliquer que nous en sommes toujours là après des années d’utilisation intensive de rhétorique martiale et ‘‘plan Canal de lutte contre la radicalisation’’ (mis en place à Bruxelles début 2016, quelques semaines après les attentats de Paris) ? La vérité, c’est que le droit économise sur tout, y compris dans les prisons. Les agents pénitentiaires s’étaient d’ailleurs révoltés en 2016 contre les conditions de travail inhumaines et les conséquences que cela avait, notamment pour les détenus. La Belgique a été critiquée à plusieurs reprises pour son attitude à l’égard des prisonniers. Assuré que ces derniers puissent s’intégrer dans la société exige un travail social conséquent, que ce soit en prison ou par la suite, mais aussi qu’il existe suffisamment d’emplois décents et de logements abordables. Toutes ces choses, la droite y est allergique.

    La proposition du Syndicat libre de la fonction publique (SLFP) visant à permettre aux prisonniers de faire un ‘‘travail citoyen’’ à l’extérieur des prisons essaie au moins de trouver une manière de préparer le retour des détenus dans la société. Mais cela risque avant tout d’instaurer une pression supplémentaire sur les salaires. Quelle commune recrutera encore du personnel pour l’entretien des espaces verts si des détenus peuvent effectuer ce même travail pour 2 euros de l’heure ? Aux États-Unis, le travail carcéral est d’ailleurs devenu une activité très rentable.

    Avec sa proposition de détention sans procès pour une durée indéterminée, Bart De Wever lorgne lui aussi vers les États-Unis et plus particulièrement sur Guantanamo Bay. Il est assez hypocrite d’exiger des réfugiés qu’ils signent la déclaration des droits de l’homme alors que le président du plus grand parti au pouvoir propose que les conventions relatives aux droits de l’homme ne s’appliquent pas à tous. De Wever & Co préféreraient d’ailleurs que cela ne s’applique pas à tous ceux qui représentent un danger pour leur avidité néolibérale.

    Aux Etats-Unis, l’échec de décennies de politiques sécuritaires répressives et de mesures d’exception a encore été récemment illustré par les mobilisations de la jeunesse contre les fusillades dans les écoles, qui sont d’ailleurs en augmentation constante. A l’instar des événements de Liège, il s’agit là aussi de terroristes issus de la “même culture”. En dépit de cet échec flagrant, c’est exactement ce que la droite nous propose comme logique : des mesures sévères mais inefficaces.

    Cette logique refuse de s’en prendre au terreau fertile sur lequel l’extrémisme et même des éléments du terrorisme peuvent prospérer. Cela nécessiterait un débat sur les relations sociales dans la société, ce qui veut par-dessous tout éviter l’élite capitaliste qui s’enrichit de plus en plus. Il est pourtant évident qu’il ne saurait être question de sécurité au beau milieu d’un désert social. Tout comme il est évident que la situation de guerre interminable au Moyen-Orient – encore aggravée depuis 2003 et l’invasion de l’Irak, sur base de mensonges, pour accéder aux réserves de pétrole du pays – a conduit à l’émergence de groupes réactionnaires tels que Daesh. Si la Syrie et l’Irak restent en ruines, Daesh peut bien être rayée de la carte, mais ce ne sera qu’une question de temps avant que de nouveaux groupes réactionnaires similaires ou pires encore se développent.

    Le fait que même ici des gens soient suffisamment aliénés de la société pour chercher une perspective dans le fondamentalisme réactionnaire en dit long sur la profondeur de la crise du capitalisme.

    Combattre le terrorisme exige un plan d’investissements publics ambitieux dans les services publics (enseignements,…), pour plus de logements sociaux, plus d’emplois décents (et donc l’introduction de la semaine des 30 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires). Cela serait de nature à offrir une perspective d’avenir à ceux qui peinent actuellement à garder la tête hors de l’eau.

    Des investissements dans le système carcéral et le soutien adéquats sont bien entendu également nécessaires pour assurer que les détenus puissent retrouver une place dans la société. Cela implique une société reposant sur une économie où la production est orientées vers la satisfaction des besoins de la population et non pas vers l’avidité des multinationales et autres parasites ultra-riches. Ce n’est que de cette manière qu’il est possible de donner naissance à un monde débarrassé du terrorisme et de l’exploitation.

     

  • La politique qui déshumanise les réfugiés est responsable de la mort de Mawda !

    Où s’arrêtera la politique de criminalisation des migrants, sans papiers et demandeurs d’asile ? Le 15 mai dernier, le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken a reçu le feu vert du Kern (Conseil restreint des ministres) pour le projet d’adoption d’un arrêté royal sur le placement d’enfants en centres fermés dès juillet. Cette politique raciste du gouvernement, menée à coups de rafles, d’enfermements et de violence est allée jusqu’à causer la mort d’une fillette de deux ans, la jeune Mawda, dont la famille kurde fuyait la terreur instaurée par l’État islamique en Irak.

    Par Pietro (Bruxelles)

    Des centres fermés pour familles avec enfants !

    Dès juillet 2018, l’extension du centre fermé 127 bis ouvrira cinq ‘‘unités pour les familles’’ (trois pour six personnes et deux pour huit) afin d’y enfermer parents et enfants en situation irrégulière. L’ouverture de 3 nouveaux centres fermés est également prévue d’ici 2021 afin de doubler la capacité de rétention. En 1988, on comptait 30 places en centre fermé, on compte aujourd’hui près de 650 et demain, il y en aura 1066(1)! Il s’agit bien de véritables prisons où des hommes, des femmes et des enfants, qui n’ont commis aucun délit et qui ne sont passés devant aucun juge, sont enfermés.

    Le gouvernement a décidément de l’argent pour enfermer les migrants, y compris leurs enfants, mais il n’en a pas pour créer des emplois convenables et mener une politique sociale pour la population.

    La répression tue !

    Le jeudi 17 mai dernier, Mawad Shawri, une fillette de deux ans née en Allemagne de parents fuyant la guerre au Kurdistan irakien, a été tuée par la Police fédérale d’une balle dans la tête. Les circonstances de ce meurtre ont été rendues publiques le mardi 22 mai par les parents de Mawda, via l’intermédiaire de leur avocat : ‘‘Un policier a tiré sur la camionnette lors de la course-poursuite entre les migrants et la police. La camionnette ne fonçait pas sur un véhicule de police. Les véhicules de police les plus avancés étaient à hauteur de la camionnette et non pas devant ou à un endroit où la camionnette aurait pu les menacer. Aucune arme n’a été trouvée dans la camionnette.’’

    Dès l’annonce de la mort de Mawda, tout a été fait pour étouffer l’affaire. Puis pour faire porter la responsabilité de la violence sur les passeurs et les migrants eux-mêmes. Le Parquet de Mons a d’abord donné la version de la police : avant le résultat de l’autopsie, le parquet niait la possibilité d’un mort par armes à feu. L’autopsie a prouvé l’inverse ; Mawda a bien été abattue par une balle tirée par l’arme d’un policier fédéral. Le parquet a également avancé la version de la police selon laquelle la camionnette, arrêtée sur le bord de l’autoroute voulait foncer sur les policiers, repris largement dans la presse sans questionnement sur les évènements.

    Michel, Jambon et partis traditionnels : hypocrites !

    Le cabinet du ministre de l’Intérieur Jan Jambon a déclaré que les migrants étaient responsables : ‘‘Les règles sont simples, la police peut ouvrir le feu si des vies humaines sont en danger’’. Pas une seule réserve sur les circonstances dans lesquelles la police a ouvert le feu ! Autrement dit, le message du ministre de l’Intérieur adressé à sa police est qu’il existe désormais un ‘‘permis de tuer’’ des migrants, car ils représenteraient un danger.

    Charles Michel a déclaré vouloir faire toute la lumière sur les faits et traiter cette affaire avec humanité et dignité. C’est sans doute dans cette logique d’humanité qu’un ordre de quitter le territoire a été délivré à la famille juste après le drame, transformé par la suite en un titre de séjour uniquement temporaire. Quelle hypocrisie !

    C’est la politique de haine et raciste envers les migrants menée ces dernières années par le gouvernement MR-NVA qui a tué Mawda. Pour Charles Michel, on doit regretter une telle tragédie irréparable, mais il ne voit pas de problème quant aux rafles de migrants dans la rue, les trams, les centres culturels ou dans des lieux d’hébergement.

    De son côté, Frédéric Daerden (PS) a déclaré qu’une Commission d’enquête parlementaire était prématurée. Reconnaissant qu’il existe un ‘‘climat particulier anti-asile en Belgique’’, il estime toutefois que ‘‘lier ce contexte avec le drame’’ lui paraissait ‘‘être un raccourci’’ ! Que lui faut-il de plus ?! Le CDH dénonce ‘‘le populisme’’ de ceux qui voient dans cette affaire des causes et responsabilités politiques.

    Contre la haine, la solidarité Régularisation !

    Le gouvernement a utilisé de manière consciente cette politique de répression des migrants pour diviser, détourner l’attention de l’opinion publique des vrais responsables des politiques d’austérité antisociales et utiliser les migrants comme boucs émissaires.

    Le gouvernement n’est pas seulement responsable moralement de la mort de Mawda, il l’est aussi politiquement. Cet homicide est la conséquence du climat de répression envers les migrants et les sans-papiers. Il y a 20 ans, après l’affaire de Semira Adamu, le ministre Louis Tobback avait démissionné. Aujourd’hui, rien de tel. Le ministre N-VA reste en place et ne se soucie pas du large sentiment de réprobation dans la population.

    L’indignation n’est plus suffisante. Il faut organiser cette colère en forgeant un rapport de forces chez les jeunes, les travailleurs et d’une manière générale auprès de tous les citoyens pour exiger les démissions de Jambon, de Francken et la fin de toutes ces politiques racistes.

    A cette fin, le PSL mobilisera largement pour la manifestation du 10 juin afin de soutenir les associations de sans-papiers, les collectifs, les syndicats contre la politique migratoire répressive du gouvernement. Aucune contradiction n’existe entre lutter pour la régularisation des sans-papiers et, en même temps, lutter pour des politiques sociales à destination de l’ensemble de la population vivant en Belgique en matière de logements, d’emplois, de services publics, etc. Si la liberté de circulation des personnes est combattue par le gouvernement, les richesses produites par les travailleurs en Belgique, elles, se dorent la pilule dans des paradis fiscaux, pour un montant de 221 milliards d’euros. Une convergence des luttes est indispensable pour que les richesses que l’on produit soient mises à profit de l’ensemble de la population.

    RDV le dimanche 10 juin à 14h, gare de Bruxelles-Nord pour une grande manifestation pour la régularisation de tous les sans-papiers, contre la politique qui criminalise ceux qui cherche un refuge.

    1) http://www.knack.be/nieuws/belgie/capaciteit-gesloten-centra-breidt-uit/article-normal-852551.html
    2) http://www.levif.be/actualite/belgique/mort-de-mawda-mise-en-place-d-une-commission-d-enquete-parlementaire-prematuree/article-normal-842091.html

  • N’en restons pas là après la manifestation massive pour nos pensions !

    Charge de travail, pensions : ils veulent nous faire crever à la tâche !

    ‘‘Travaillez et mourrez’’, ‘‘Donne-moi mon dentier, je dois aller travailler’’,… Les pancartes des quelque 70.000 manifestants de l’impressionnante mobilisation du 16 mai à Bruxelles étaient sans équivoque. Alors que l’agitation sociale reprend vigueur en réaction à la pression croissante au travail, nous savons pertinemment que nous ne tiendrons pas jusqu’à 67 ans. Tout ça pour une pension ridicule – la moyenne est aujourd’hui de 1181 euros pour un homme et de 882 euros pour une femme – ce qui ne manque pas de rajouter de l’huile sur le feu.

    Le personnel de Lidl a donné le ton avec sa vague spontanée de grèves : la pression au travail est insoutenable. Là-bas, les magasins sont parfois ouverts et fermés par à peine trois collègues. Les pilotes de Brussels Airlines sont eux aussi entrés récemment en action. On entend gronder dans presque tous les secteurs. Près de la moitié des enseignants jettent l’éponge dans les cinq ans qui suivent leur entrée dans l’enseignement secondaire. Si c’était à refaire, quatre infirmières sur dix ne choisiraient pas cette carrière.

    La grève a porté ses fruits chez Lidl : il y aura plus de personnel pour effectuer le même travail! Comment pourrait-on réduire la pression autrement ? Cependant, les patrons sont réticents, ils préfèrent largement presser leur personnel comme des citrons. S’il y en a qui lâchent prise, cela ne les concerne pas : c’est la collectivité, mais aussi les travailleurs à titre individuel qui prennent à leur charge les frais des maladies, du stress et des burnouts. Ces dernières décennies, la productivité a considérablement augmenté, le patronat en a tiré de juteux bénéfices. Il est inimaginable pour eux de s’en défaire ! Si l’on ose à peine le suggérer et c’est tout l’establishment politique qui s’élève et pousse de grands cris.

    Entre la révolte grandissante contre la pression insoutenable au travail et les pensions de misères, le lien est évident. Cette pression est un obstacle à notre bonne santé. En 2016, l’espérance de vie moyenne en bonne santé pour les hommes est passée de 64,4 à 63,7 ans. La baisse fut plus limitée chez les femmes : de 64 à 63,8 ans. La tendance est donc à vivre en bonne santé durant une plus courte période. Et on devrait travailler plus longtemps ?!

    Pourtant, les employeurs, leurs pantins politiques au gouvernement et leurs porte-paroles grassement rémunérés sous l’appellation ‘‘d’experts’’ persistent à dire qu’il est impossible de faire quoi que ce soit au sujet de la charge de travail et des pensions. Pour Gwendolyn Rutten (Open-Vld), les manifestants du 16 mai ont fait un ‘‘doigt d’honneur’’ à ceux qui travaillent. Son collègue Bart De Wever (N-VA) a déclaré que la réforme des retraites est aussi inévitable que le changement climatique. S’il est inévitable de travailler jusqu’à en crever, c’est que le système a un sérieux problème.

    ‘‘Ils sucent le sang des travailleurs, des pensionnés et des malades’’, a-t-on également pu lire sur une pancarte le 16 mai. Il ne nous reste que des miettes tandis que ce sont toujours les mêmes qui s’empiffrent de gâteau. L’année dernière, les bénéfices des sociétés belges cotées au Bel20 ont augmenté de 7 milliards d’euros pour atteindre 21 milliards d’euros. L’argent ne manque pas pour un travail agréable et une pension d’au moins 1500 euros par mois. Mais il faut se battre. Avec acharnement. Et arracher les moyens dont nous avons besoin.

    La manifestation pour des ‘‘pensions dignes prises à un âge décent’’ a démontré que la volonté de se battre est générale. Les grèves chez Lidl ont prouvé que la lutte paie. Poursuivre les actions et construire la voix politique de gauche la plus forte possible, voilà ce qui compte maintenant.

    Il est même possible d’organiser méticuleusement des actions par provinces avant les élections communales, en direction d’une journée d’action nationale à l’automne. Si la gauche conséquente réalise une percée remarquable aux élections locales, cela augmentera encore la pression. Pour faire respecter nos revendications, il n’y a pas d’autre voie que la lutte pour construire une société où la production sera orientée vers les besoins de la grande majorité de la population et non vers les profits d’une poignée de capitalistes qui récompensent richement leurs représentants politiques pour services rendus.

  • Meeting “Gauches Communes”: les forces de gauche face à l’austérité

    Le mercredi 20 juin à 19h, à la Pianofabriek, rue du Fort n°35, à Saint-Gilles (Bruxelles)

    Avant l’été, Gauches Communes vous invite le 20 juin à son meeting public : “Les nouvelles forces de gauche face aux carcans austéritaires”.

    Le 20 juin nous somme heureux d’accueillir Sabine Rubin, députée La France Insoumise, aux côtés d’Anja Deschoemacker et de Marisa Cabal (organisatrice de la campagne Rosa (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) à Bruxelles).

    Politiques néolibérales, coupes budgétaires dans les service publics, austérité … partout les capitalistes et leurs politiciens tentent de faire payer les crises aux jeunes et aux travailleurs. Inévitablement, les luttes prennent place et, à différentes échelles, de nouvelles formations de gauche voient le jour.

    Comment briser les carcans austéritaires et ainsi mener une politique qui fait réellement face aux besoins de la population ?

    >> Événement Facebook

  • Violences LGBTQI-phobes: Ni acceptation, ni instrumentalisation

    Photo : Mario

    Ce samedi 2 juin, un rassemblement a eu lieu à Bruxelles, à la Gare du Nord, suite à une nouvelle agression LGBTQI-phobe commise à Schaerbeek. Le texte ci-dessous est issu du tract de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) qui y a été distribué.

    C’est vrai, l’égalité juridique a fait de grands pas en avant en Belgique. Mais ça ne suffit pas. Les discriminations et les violences ne diminuent pas, c’est même plutôt l’inverse. Comme l’a expliqué Clément à la presse suite à son agression mi-avril parce qu’il tenait la main de son mari : ‘‘Je crois que la société est en train de changer et que beaucoup de gens sont d’accord avec ça, mais cela se fait dans un contexte de tension sociale.’’ La politique dominante – l’austérité – rend la société plus brutale, plus dure, sans filet de sécurité. C’est un terreau nauséabond mais fertile pour les discriminations, le désespoir, la peur, la violence.

    Des mobilisations comme celle d‘aujourd’hui Gare du Nord sont cruciales pour ne pas laisser les agressions sans riposte ainsi que pour visibiliser la communauté LGBTQI+ et les problèmes auxquels elle fait face : les risques accrus d’agressions, de suicides ou encore de pauvreté dans une société où les individus sont laissés à l’abandon et montés les uns contre les autres par l’élite d’ultra-riches et les politiciens à leurs bottes.

    Cet état de fait, nous pouvons le changer, par la force collective et par une lutte menée ensemble – quelle que soit notre identité de genre ou orientation sexuelle – contre la LBGTQI+phobie, contre le sexisme et contre le racisme !
    Le racisme n’est pas une réponse à la LGBTQI+phobie

    La N-VA veut uniquement soutenir les LGBTQI+ qui lui conviennent dès lors qu’il s’agit de les instrumentaliser dans sa stratégie de division raciste de la population, mais elle n’a que faire des autres. Irène Zeilinger, de l’association Garence spécialisée dans les violences centrées sur le genre, explique ainsi que le plan d’action de la secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances Zuhal Demir (N-VA) s’inscrit « pile-poil » dans « la politique anti-migratoire raciste du gouvernement fédéral » soutenue par tous les partis du gouvernement.

    Pour elle, ce plan « est basé sur des informations qui sont représentées de manière biaisée. Par exemple, tout ce qui est recherche académique sur les questions d’homophobie, transphobie est clairement instrumentalisée à des fins partisanes (…) Dans un communiqué de presse, Zuhal Demir met en avant la soi-disant plus grande homophobie chez les musulmans comme le grand problème, mais ne parle pas de l’homophobie plus grande chez les hommes et les gens de droite. Donc, cela pose problème car elle vise une communauté sous prétexte d’aider une autre communauté. »

    Nous ne devons pas nous laisser prendre dans cette stratégie de division. La politique de coupes budgétaires et de pénuries sociales du gouvernement Michel, de ses prédécesseurs et des divers niveaux de pouvoir a un impact très concret sur nos vies.

    La précarisation du travail, la chasse aux chômeurs ou aux malades de longue durée, les coupes budgétaires dans le domaine de la santé,… renforcent la dépendance aux familles, où sévit encore trop souvent le rejet d’orientations sexuelles et d’identités de genre. Le manque de logements sociaux laisse les couples de même genre en proie aux discriminations sur le marché locatif privé. D’autre part, de nombreux jeunes LGBTQI+ rejetés de chez eux se retrouvent sur le carreau.

    Vivre dans une société épanouissante est possible, mais cela signifie de se battre pour retirer les rênes de la société des mains de ceux qui ont tout intérêt à nous diviser : les capitalistes. La soif de profits est inconciliable avec la satisfaction des besoins de toutes et tous.
    Luttons ensemble pour :

    • le développement de refuges partout dans le pays, non seulement pour la communauté LGBTQI+, mais aussi pour toutes les personnes victimes de violences (femmes battues et leurs enfants, etc.),
    • des investissements publics massifs dans l’enseignement et des cours d’éducation sexuelle qui ne soient pas hétéronormés et où la thématique de genre est discutée,
    • plus de logements sociaux abordables et décents,
    • des soins de santé accessibles et de qualité, qui prennent notamment en compte les besoins spécifiques des trans et intersexes,
    • des services publics et sociaux de qualité,
    • des emplois décents, sans discrimination à l’embauche.

    Photos: Mario

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  • Anvers. Action de protestation contre la répression sanglante en Inde

    Ce 31 mai, une vingtaine de personnes se sont mobilisées à Anvers contre la violence meurtrière à l’encontre des manifestants dans l’État de Tamil Nadu, dans le sud de l’Inde. Un mouvement de masse contre une usine polluante Sterlite a dû affronter une répression sanglante de la part des autorités. Treize personnes ont été tuées.

    Le gouvernement indien de droite du parti nationaliste hindouiste BJP dénonce les manifestants, mais le gouvernement de l’État de Tamil Nadu n’est pas meilleur. Ce dernier essaie de faire semblant de soutenir les manifestants, mais c’est le gouvernement de l’État qui a appelé Sterlite. Il y a vingt ans, un autre Etat a refusé de permettre à cette fonderie de cuivre de fonctionner au motif qu’elle était trop polluante et qu’il y avait trop de protestations contre elle. L’entreprise a pu démarrer son activité à Tamil Nadu : les pots-de-vin ouvrent de nombreuses portes. La réglementation en matière de sécurité et d’environnement n’a pas été respectée. C’est contre cette énorme pollution que les protestations ont commencé à prendre de l’ampleur et sont finalement devenue un mouvement de masse.

    Avec l’action à Anvers, nous avons défendu le droit à l’action collective. Nous exigeons une enquête indépendante sur les décès, l’indemnisation des familles des victimes et des sanctions pour les responsables de ces décès. La droite réactionnaire a un problème international avec une protestation contre la politique poursuivie : de l’extrémiste hindouiste BJP au conservateur N-VA à Anvers. Lors de l’action sur De Coninckplein, la FGTB a été appelée à agir le 15 juin : deux membres du personnel de la FGTB doivent répondre en justice de leur participation à une action en grève, qui peut être punie d’une peine d’emprisonnement.

    Le gouvernement de Tamil Nadu a temporairement fermé le site Sterlite, mais le tribunal national peut revenir sur cette mesure. Sterlite mis en avant les conséquences économiques de la fermeture et les pertes d’emplois. Si l’entreprise se réoccupait vraiment des employés, elle aurait adopté des mesures il y a des années pour garantir la sécurité sur le lieu de travail et pour protéger le cadre de vie autour de l’usine. Il est clair qu’il ne s’agit que de profit. Le gouvernement central du BJP n’a pas hésité à choisir son camp. Le fait que la société mère de Sterlite est un donateur financier important du BJP (mais aussi du Parti du Congrès dans l’opposition) joue sans aucun doute également un rôle.

    Cette action qui s’est tenue à Anvers visait à défendre le droit de mener des actions collectives. Nous exigeons une enquête indépendante sur les décès, l’indemnisation des familles des victimes et des sanctions pour les responsables de ces décès. Mais, partout dans le monde, la droite réactionnaire a un problème avec les actions de protestation, que l’on parle des extrémistes hindouistes du BJP ou des conservateurs de la N-VA à Anvers. Ce 15 juin, deux membres de la FGTB doivent passer devant les tribunaux pour avoir participé à des piquets de grève et même être condamnés à une peine d’emprisonnement.

    Cette action visait aussi à défendre l’environnement. Si cela se heurte à la soif de profits, les entreprises polluantes doivent être reprises en mains publiques afin que la production puisse être organisée de manière sûre et respectueuse de l’environnement. Le droit de vivre dans un environnement vivable est également une question internationale pour laquelle nous devons être actifs.

    La solidarité internationale que nous avons exprimée avec cette action à Anvers était importante pour les militants de Tamil Nadu. Il était aussi utile de faire connaître la problématique aux passants. Nous avons distribué une centaine de tracts (trilingues : néerlandais, anglais et tamoul) et avons reçu des réactions positives.

    Protest tegen moorden in Tamil Nadu // Foto's door Liesbeth

  • Arrêt de travail au CPAS de Saint-Gilles

    Suite à l’Assemblée générale du personnel du CPAS de Saint-Gilles le 7 mai, le syndicat CGSP ALR a pris la décision de faire un arrêt de travail le 22 mai 2018 de 09h à 11h pour une revendication collective, afin de demander à la direction l’octroi de chèques repas pour tous les travailleurs du CPAS. Rappelons que les employés du CPAS ne disposent pas de cantine, qu’ils sont moins bien payés qu’en Flandre et en Wallonie !

    Rapport, photos et vidéo par Mario

    L’arrêt de travail « Mobilisons-nous pour des chèques repas ! » a eu une massive et combative participation des travailleurs avec des calicots, chants et musique pour scander leurs revendications. En même temps ils ont distribué un trac expliquant aux usagers que « les travailleurs du CPAS se mobilisent aujourd’hui pour améliorer leurs conditions de travail pour mieux vous recevoir »

    « La CGSP Saint-Gilles soutient cette demande collective des travailleurs », le PSL-LSP, avec Gauches Communes, soutient cette lutte.

    CPAS St Gilles en action // Mario

  • Politique d’asile : de la répression au permis de tuer

    Manifestation de ce vendredi 18 mai, avec une présence du PSL et d’EGA.

    Il y a d’abord eu un ordre de quitter le territoire. Ensuite une balle perdue. Mawda, une fillette de deux ans, a été tuée. La police a ouvert le feu sur une camionnette où se trouvaient des migrants. Depuis quand est-ce la norme ? On ne tue pas des enfants. ‘‘Nu niet, nooit niet’’ (Pas maintenant. Jamais), pour reprendre des termes que Theo Francken aime utiliser quand cela l’arrange.

    La couverture médiatique de ce dramatique événement a de suite provoqué le malaise. Tout a été fait pour tenter de faire porter la responsabilité de cette violence mortelle sur les migrants présents dans la camionnette eux-mêmes. Comme s’il s’agissait de légitime défense. Il était évident pour la police après la course-poursuite qu’il s’agissait d’une camionnette remplie de personnes. Même si le véhicule ne s’est pas arrêté immédiatement, il n’y avait aucune raison de tirer sur ses occupants.

    La politique répressive en matière d’asile se répercute sur le terrain. La N-VA considère les migrants comme des “nuisibles” ayant un “coût”. Le jour-même où Francken (secrétaire d’État N-VA à l’Asile et aux Migrations) et Van Overtveldt (Ministre N-VA des Finances) annoncent commander une étude à la Banque nationale portant sur le coût de la migration – une proposition directement reprise de l’ancien plan en 70 points du Vlaams Blok (prédécesseur du Vlaams Belang) qui a conduit le parti à être condamné pour racisme – des policiers tirent sur des migrants. Et tuent.

    Impossible de ne pas penser au meurtre de Semira Adamu il y a 20 ans de cela. Elle fut étouffée à l’aide d’un coussin par deux policiers lors d’une tentative d’expulsion du territoire à l’aéroport de Zaventem. L’indignation était grande et les protestations nombreuses. Les ministres responsables ont démissionné. Aujourd’hui, les ministres compétents ne se sont pas montrés très loquaces, une attitude qui tranche avec leur habitude de sauter sur n’importe quoi sur Twitter et autres dès qu’il s’agit de pouvoir diviser la population. Ils ont gardé bouches closes sur cette preuve de l’échec de leur politique. Les mensonges qui se sont succédé font penser à une manœuvre de dissimulation. Et ce n’est que sous le feu des critiques que Théo Francken a daigné exprimé son opinion : “Je pense qu’il est terrible que cette fille soit morte, mais quelle reprise politique dégoûtante”. Quelle attitude répugnante.

    Cet incident n’est pas isolé. En janvier, un migrant a trouvé la mort lors d’un contrôle de police sur l’autoroute, à Jabbeke. Les migrants qui fuient la misère et la guerre en Irak, en Syrie ou en Somalie sont traités comme du gibier à chasser en Belgique. Pour le cabinet-Jambon, ce sont les migrants eux-mêmes qui seraient responsables ! “Les règles sont simples. La police peut ouvrir le feu si des vies humaines sont en danger. C’est absolument le cas lorsqu’une camionnette tente de s’échapper et joue ainsi avec la vie de ses occupants.’’ Pas une seule critique sur le fait que des gens se font ouvertement tirer dessus ! En d’autres termes : il existe visiblement un “permis de tuer” à l’encontre des migrants.

    Le témoignage de la mère de la petite, dans Het Nieuwsblad, va dans cette direction : “Quand nous roulions sur l’autoroute, un premier tir a été entendu. La camionnette s’est alors arrêtée. Mais quand les gens sont sortis, un policier a tiré une deuxième fois. Mon mari pouvait éviter la balle. Mais Mawda, qui était dans mes bras, n’a eu aucune chance” Alexis Deswaef, le président de la Ligue des droits de l’Homme, a déclaré à juste titre : “Je crains également que les policiers commencent à penser qu’ils peuvent faire plus que ce que la loi exige. Ils entendent aussi ce que Jambon dit. S’ils optent pour une approche dure, ils savent que le ministre les protégera toujours’’.

    On ne fuit pas pour rien

    Les parents de Mawda viennent du Kurdistan irakien. Ils tentaient de se rendre en Angleterre, mais se sont retrouvés dans un camp de réfugiés près de Dunkerque, d’où ils ont cherché un moyen de traverser. Pourquoi ont-ils quitté l’Irak en 2015 ? “Nous ne voyions pas d’avenir en Irak. Si les choses se passent bien une journée, les bombes peuvent retomber le lendemain’’.

    C’est la réalité dans de nombreux pays touchés par la guerre : de l’Afghanistan à l’Irak, de la Syrie à la Somalie en passant par la Libye. Quel avenir reste-t-il dans ces pays ? La politique d’asile de ce gouvernement vise à déshumaniser les réfugiés : elle ne se penche pas sur les raisons pour lesquelles les réfugiés sont partis de chez eux, et encore moins sur la manière dont sont nées ces circonstances. Les décennies de pillage néocolonial ainsi que d’interventions et de guerres impérialistes ont entraîné un désespoir gigantesque. Alors que l’argent ne manque pas pour mener la guerre, il n’y en a pas pour la reconstruction. Ce terreau est fertile pour les conflits sectaires et les seigneurs de guerre. De là découle la problématique des réfugiés. Francken prétend vouloir arrêter la migration, mais il reste aveugle et sourd aux raisons pour lesquelles les gens laissent tout derrière eux dans l’espoir de trouver un avenir ailleurs.

    Les autorités belges ne sont pas exemptes de responsabilités. Elles ont participé à diverses interventions militaires et le gouvernement veut maintenant libérer des milliards d’euros pour l’achat de nouveaux avions de combat qui peuvent par exemple être utilisés dans des guerres au Moyen-Orient. Le prix de revient de ces avions de combat a déjà été calculé – nous n’avons pas besoin de Van Overtveldt pour cela – il s’agit de 15 milliards d’euros.

    La droite essaie de faire croire que ce que veut la gauche, c’est plus de réfugiés. A gauche, pourtant, on se rend bien compte que personne ne fuit pour son plaisir. La gauche a toujours été à l’avant-garde de la résistance contre la guerre en Irak, par exemple. Pour notre part, nous avions à l’époque prévenu que cette intervention impérialiste transformerait le Moyen-Orient en une bombe à retardement aux conséquences désastreuses, y compris dans les pays occidentaux. Le soutien aux guerres, aux dictatures, aux pillages néocoloniaux, aux trafiquants d’êtres humains libyens ou aux tortionnaires soudanais ne fait qu’exacerber le problème. Trump en rajoute encore une couche avec ses multiples provocations au Moyen-Orient, ce qui n’a pas été sans incidence sur la violence du régime israélien contre les manifestants palestiniens. La semaine dernière, cette violence qui a causé des dizaines de morts a reçu le soutien du président de la N-VA, Bart De Wever. Partout dans le monde, la droite fait des ravages et laisse des ruines derrière elle. Quiconque se montre solidaire des victimes de cette politique est lui-même criminalisé.

    Mettre fin aux politiques inhumaines

    La politique d’asile qui prévaut actuellement doit être combattue et renversée. Ce qu’il faut, c’est la régularisation des personnes sans-papiers, la défense du droit au logement pour tous, l’abolition des centres fermés pour étrangers, la liberté de circulation, la fin des expulsions et de la criminalisation des personnes sans-papiers, la fin du racisme et de l’hypocrisie de l’État ainsi que le respect des droits fondamentaux tels que l’accès aux soins médicaux et à l’éducation.

    Evidemment, nous n’obtiendrons rien comme cadeau de la part de ce gouvernement de droite dure. A l’heure actuelle, toute réforme exige une lutte révolutionnaire. Les revendications qui précèdent doivent aller de pair avec une lutte soutenue pour l’unité de tous les travailleurs contre l’austérité et le racisme, pour une société débarrassée de toutes les formes de discrimination. Ce système de misère et d’exploitation, nous le rejetons. Il repose sur la guerre et le pillage néocolonial qui ne laissent d’autres choix à d’innombrables personnes que de risquer leur vie et de fuir. Construisons un rapport de forces de lutte et de solidarité vers l’instauration d’une société socialiste démocratique, sans exploitation et concurrence impitoyable, où les leviers de l’économie seraient aux mains de la population, sous son contrôle et sa gestion démocratiques.

    La manifestation spontanée de ce vendredi soir fut une bonne première étape. Le 10 juin est une autre date importante : il y aura ce jour-là une manifestation nationale des sans-papiers. Nous devons nous organiser, nous mobiliser, continuer les protestations et construire les forces qui peuvent permettre de faire voir le jour à une alternative anticapitaliste.

    Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons mettre fin aux guerres, aux pillages néocoloniaux, aux politiques d’asile répressives, à la violence policière mortelle, etc. La terrible mort de Mawda doit nous inciter à nous battre plus fortement et plus résolument contre les politiques actuelles. Ce n’est peut-être pas très réconfortant pour les parents de Mawda, mais c’est le seul moyen de rendre des situations similaires impossibles à l’avenir.

  • Le grand vol des pensions

    Comment les capitalistes volent-ils nos salaires différés

    Le spécialiste des pensions du PTB, Kim De Witte, a publié en néerlandais ‘‘De Grote Pensioenroof’’ (le grand vol de nos pensions), un livre qui défend, preuves à l’appui, que nos pensions sont tout à fait payables et nous arme de nombreuses données chiffrées. L’instrument est utile pour sensibiliser nos collègues quant à l’impact des attaques contre nos pensions et les mobiliser pour la manifestation du 16 mai et ensuite.

    Par un militant de la CGSP-Cheminots

    Dans sa préface, Jonas Geirnaert souligne que la prospérité n’a jamais été aussi grande. Cela rend absurde l’argument selon lequel nos pensions seraient impayables. Le problème, c’est la répartition inéquitable de la richesse. Il enterre cette idée fausse qu’il est inévitable de devoir travailler plus longtemps. Il conclut en défendant une approche qui repose sur les besoins et non les profits.

    Kim De Witte affirme qu’il existe une ligne rouge entre néolibéralisme et humanisme. Curieusement, il ne parle pas de la ligne de démarcation entre travail et capital, ce qui peut aussi expliquer pourquoi il n’est pas fait mention de la classe ouvrière ou du socialisme. Il préconise toutefois l’organisation du travail en fonction des besoins et l’utilisation des gains de productivité pour réduire le temps de travail. Mais cela n’est pas contextualisé dans la lutte de la classe ouvrière contre le capital.

    Kim De Witte a raison de dénoncer le manque de débat sérieux concernant les pensions. Aucun des partis ne s’est présenté aux élections en défendant l’augmentation de l’âge de la pension. Le relèvement de l’âge de la pension va de pair avec une attaque contre la retraite anticipée. Dorénavant, cela ne sera possible qu’à partir de 63 ans et après 42 ans de carrière. Cela exclut de facto les trois quarts des femmes et le quart des hommes, en partie en raison du travail à temps partiel. Pour ceux qui travaillent moins de 104 jours par an, seule la moitié d’une année compte dans le calcul de la durée de leur carrière.

    Allemagne et Autriche

    En Allemagne, la pension légale est en chute libre depuis les gouvernements rouge-vert de Schröder (1998-2005). Avant cela, elle le montant s’élevait à 70% du revenu moyen, et on s’attend à ce qu’il ne soit plus question que de 4% d’ici 2020. Les gens sont poussés vers le deuxième pilier subventionné (les fonds de pension) et le troisième pilier (les formes personnelles d’épargne-pension). Kim De Witte souligne les liens étroits entre le monde politique et le secteur des assurances. Maschmeyer, le patron d’AWD, par exemple, a financé la campagne électorale de Schröder.

    Les caisses de retraite représentent un marché d’un milliard d’euros. Il existe maintenant 16 millions de plans de retraite individuels facultatifs privés (Riester Rente). Entre 2002 et 2016, le gouvernement a subventionné ce projet à hauteur de 34,8 milliards d’euros et, d’ici 2020, ce montant passera à 50 milliards d’euros. Le système public de Sécurité sociale est pillé, et l’épargne-pension ne compense pas cette perte. Les fonds de pension ont également un problème de rentabilité pour les épargnants : le rendement garanti est passé de 4% à 1,75%. Ce faible rendement s’explique en partie en raison des coûts élevés pour les assureurs, qui représentent jusqu’à la moitié des cotisations. C’est presque mieux de mettre son argent dans un bas de laine…

    Pour les retraités ordinaires, la situation est souvent désastreuse : le minimum vital ne se monte qu’à 787 euros par mois. Près d’un quart d’entre eux travaillent dans des secteurs à bas salaires, ce qui se traduit également par des retraites médiocres. La forte tendance à l’individualisation et à la privatisation des retraites allemandes ne fait qu’exacerber les problèmes.

    L’exemple allemand contraste fortement avec l’autrichien. Il y existe toujours une forte pension légale. En moyenne, un Autrichien touche une pension de 1.820 euros, contre 1.050 euros pour un Allemand. Pour les femmes, cela représente 1.220 et 590 euros.

    En 2003, le gouvernement Schüssel des démocrates-chrétiens et de l’extrême droite voulait abolir la retraite anticipée, réduire la pension légale de 38% et pousser les gens vers les assurances privées. Cela a conduit à une résistance massive. Une journée d’action réunissant 300.000 participants (assemblées générales dans les entreprises, blocage des rues, manifestations locales, etc.) a été suivie d’une manifestation nationale et d’une grève générale avec 1 million de participants, la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement de masse a stoppé l’essentiel de l’attaque. L’extrême droite a ensuite été électoralement punie : le FPÖ de Jörg Haider s’est scindé en deux et, en 2006, il n’atteignait que 4,1%.

    Des revendications offensives

    Kim De Witte développe quelques revendications offensives : redescendre l’âge de la retraite à 65 ans, la retraite anticipée à 60 ans après 35 ans de carrière, la retraite anticipée à 58 ans pour les professions lourdes ou pour les carrières de 40 ans, une pension minimale équivalente à 75% du salaire moyen, une pension minimale de 1.500 euros (après 40 ans de carrière) et maximale de 3.000 euros,… De Witte plaide en faveur d’une réduction du temps de travail et de l’inclusion complète des (anciennes) périodes équivalentes.

    Pour financer tout cela, il propose également d’arrêter et d’inverser partiellement la réduction des cotisations patronales de 16 milliards d’euros par an. À ce stade, De Witte est très prudent, mais il serait logique de subventionner entièrement l’emploi par le biais des services publics et des secteurs clés de l’économie nationalisée.

    Comment assurer cela ? Kim De Witte fait référence à l’opposition en Autriche en 2003 et à celle des syndicats polonais contre le relèvement de l’âge de la retraite. Il faut se battre, c’est évident. Toutefois, il n’est pas fait mention de la nécessité d’un plan d’action similaire à celui de 2014 en Belgique. Il aurait pu aborder cette question cruciale plus en détail. Le livre se termine par une belle citation du poète belge Willem Elsschot : ‘‘il n’y a pas de tigre qui puisse résister aux fourmis’’. Les fourmis ont effectivement la force du nombre, mais ce n’est rien sans organisation.

    Il s’agit d’un travail bien réalisé qui montre que les pensions sont abordables et qui sape l’argumentaire qui vise à nous faire travailler plus longtemps.

    Malheureusement, les attaques contre les pensions des fonctionnaires statutaires ne sont traitées que très brièvement. Les systèmes de bonus préférentiels et leur impact sur l’âge et le montant de la retraite ne sont pas mentionnés. La principale limite du livre est qu’il n’aborde pas la nécessité d’une rupture avec le capitalisme. Dans ce système, les pensions viables ne seront jamais payables, car, après tout, cela entre en conflit avec les profits des capitalistes. Même des pas prudents vers plus de réalisations, comme en Autriche, où le démantèlement des retraites a été encore plus ralenti, sont inacceptables dans la logique du profit.

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