Category: Politique belge

  • Quelle réponse à la politique d’asile brutale de Francken, Trump, Salvini & Co ?

    Photo : Liesbeth

    Droit d’asile : c’est au système qu’il faut s’en prendre, pas à ses victimes !

    Le mois passé, nous décrivions dans les pages de Lutte Socialiste la manière dont la rhétorique trumpienne de la N-VA crée un climat dans lequel les réfugiés sont déshumanisés. Nous le faisions suite à la mort tragique de la petite Mawda et aux réactions de Francken, Jambon et De Wever. Et ça continue aujourd’hui, notamment autour de l’Aquarius, ce bateau d’une ONG qui ne pouvait amarrer en Italie. Le président des Jeunes N-VA avait alors tweeté : “Return to Sender” (retour à l’envoyeur). 629 réfugiés se trouvaient sur le navire sauvé en Méditerranée.

    Par Michael Bouchez

    Etant donné que la mort d’une fillette de deux ans n’a pas eu de répercussions conséquentes, Francken & Co ont dû penser qu’ils pouvaient tout se permettre. Francken a lâché qu’il souhaitait contourner l’article 3 du Traité européen des Droits de l’Homme. Cet article interdit la maltraitance et le renvoi de personnes vers des endroits où ils peuvent être maltraités. Ce n’est pas une première. Francken et le gouvernement ont déjà collaboré avec la dictature soudanaise et les garde-côtes libyens pour renvoyer des réfugiés. Concernant sa proposition de contourner les droits de l’homme, il expliquait : “Nous avons conclu un deal en Turquie avec Erdogan, nous avons un accord avec des milices en Lybie, qui sont champion en matière de violation des droits de l’homme en Afrique.”

    Si les partenaires de coalition et le Premier ministre crient au scandale après les déclarations brutales de Francken, c’est surtout pour occulter leur propre complicité. Car le gouvernement poursuit le même cap et les partis du gouvernement sont derrière la politique de Francken. Ils ne sont pas toujours d’accord sur la brutalité de la rhétorique, mais toujours sur le contenu.

    Trumpisme

    La frontière entre Francken et Trump semble particulièrement ténue. Francken a proposé, entre autres, que les personnes qui entrent sur le territoire de manière illégale perdent leur droit d’asile. Comment doit-on demander l’asile ? Dans les camps de réfugiés hors d’Europe. Pour les réfugiés qui ne résident pas dans des camps mais qui doivent quitter immédiatement leur pays d’origine, cela signifierait, selon Francken, qu’ils “verraient que cela n’a pas de sens de fuir.”

    Pour ceux qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie et y survivent, Francken a fait ouvrir une nouvelle aile au centre-fermé 127bis. Des enfants peuvent à nouveau y être enfermés, avec leurs parents. Aux Etats-Unis, des enfants ont même été séparés de leurs parents et enfermés dans de grandes cages en fer.

    L’Europe sans solution

    Les 629 réfugiés de l’Aquarius sont emblématiques de la politique d’asile européenne. L’Europe-forteresse n’est pas une nouveauté. L’accord conclu avec la Turquie était déjà une manière de repousser les réfugiés hors d’Europe. Le refus du gouvernement italien de laisser amarrer l’Aquarius dans un port italien et à Malte va dans le même sens. Le nouveau gouvernement italien du Mouvement 5 étoiles et de la Lega d’extrême-droite annoncent une politique de migration dure.

    En Allemagne aussi, Merkel est sous pression de son ministre des affaires étrangères, Horst Seehofer, issu de son partenaire de coalition CSU, afin que soit menée une politique migratoire plus dure. Des populistes de droite essaient de marquer des points dans le désordre social en Europe avec une propagande anti-migration. Comme si ce n’étaient pas les ultra-riches et les spéculateurs mais les migrants qui sont responsables de la politique néolibérale menée depuis des années avec les répercussions que l’on connaît sur notre niveau de vie.

    La pression qui est faite pour parvenir à un accord sur la politique européenne d’asile montre à quel point le projet européen est en crise. L’Union européenne prévoit notamment, en théorie, la libre circulation de tous les habitants. Mais dans le cadre du capitalisme, cette libre circulation est toujours soumise à la loi du marché et à la concurrence entre travailleurs.

    Les partis traditionnels et les entreprises voient souvent les migrants comme de potentiels travailleurs à bas salaire. C’est, entre autres, ce qui se cache derrière le “Wir schaffen das” (“On peut le faire”) de Merkel. Ils stimulent la concurrence entre la population active de leur pays et les réfugiés. Dans la pratique, la libre circulation des personnes n’existe pas, mais les populistes de droite saisissent cette compétition pour plaider en faveur de refoulements et de frontières bien gardées.

    Le nouveau gouvernement italien montre comment un gouvernement populiste de droite combine un discours contre l’austérité et un discours anti-immigration. La fin de l’austérité restera lettre morte, ils sont trop occupés à cibler les migrants. En Belgique aussi, la N-VA a déjà utilisé l’argument selon lequel la sécurité sociale sera impayable si nous continuons à accepter des réfugiés. C’est un non-sens, surtout de la part d’un parti qui mine la sécurité sociale pour faire des cadeaux aux grandes entreprises. Mais cela joue évidemment sur les inquiétudes des gens.

    Les partis de l’establishment s’opposent régulièrement en paroles aux déclarations d’hommes politiques tels que Francken, Salvini, Orban ou Wilders. Mais ils vont dans le même sens. Le président du Conseil européen Donald Tusk proposait ainsi de séparer migrants économiques et réfugiés qui ont droit à la protection internationale dans des centres hors de l’UE.

    La droite s’attaque aux victimes, pas aux causes

    La politique d’asile de droite ne change rien aux raisons pour lesquelles les gens fuient. Au contraire. 2017 a été une année record avec 68,5 millions de personnes en fuite au niveau mondial dont presque la moitié ont migré à l’intérieur de leur pays. Ceux qui ont dû quitter leur pays restaient dans un pays voisin dans 80% des cas.

    Les gens fuient pour causes de guerre, d’exploitation et de changement climatique. La N-VA ne parle jamais de ces circonstances. Au contraire, elle n’entend pas toucher à l’investissement de 35 milliards d’euros dans les nouveaux avions de guerre. La droite ne dit rien des guerres pour le pétrole, des multinationales qui pillent les richesses naturelles en Afrique, des conditions de travail au Bangladesh ou des catastrophes écologiques qu’engendre l’appât du gain des entreprises.

    Dans notre pays aussi, la politique de Francken & Co ne change rien pour les travailleurs. Pour la N-VA, qu’il y ait moins de réfugiés ne signifie pas que le reste de la population aura davantage. Les réfugiés servent uniquement à détourner l’attention en vue d’appliquer plus d’austérité au détriment de la majorité de la population. Davantage de pauvreté infantile, d’économies budgétaires, de flexi-jobs, des pensionnés dans la misère,… voilà ce qu’ils nous réservent.

    Traduire la solidarité en programme

    Les mouvements de solidarité actifs partout en Europe montrent que la politique de l’establishment européen n’est pas acceptée sans broncher. Des campagnes et des manifestations sont un contrepoids important pour éviter pire. Trump a dû reculer suite aux protestations spontanées contre l’enfermement de mineurs. De telles campagnes doivent cependant se traduire dans un programme qui offre des réponses structurelles.

    L’opposition officielle n’offre pas de réponse. La gauche traditionnelle est empêtrée dans des scandales et n’est plus crédible. Les partis sociaux-démocrates ont laissé se creuser les déficits sociaux de sorte que des tensions ont pu germer et pourrir au sein de la société. Ils ont échoué faute de mener une politique de gauche, pas parce qu’ils étaient trop à gauche. Leur appel à davantage d’humanité n’est pas pris au sérieux. C’est ainsi que les populistes de droite peuvent occuper le débat.

    Un gouvernement de gauche doit défendre un programme qui réponde à la concurrence entre la population active en Europe et les réfugiés par des investissements publics dans l’emploi, la sécurité sociale, le logement. Ce n’est que de cette façon qu’on pourra fournir asile et accompagnement pour chaque réfugié. Un tel programme peut couper les ailes aux populistes de droite et impliquer de larges couches de la population. Il ne sert à rien d’inscrire les réfugiés sur une liste d’attente interminable pour l’obtention d’un logement social si l’on n’investit pas dans davantage de logements sociaux. Nous n’aurons de véritables “communes hospitalières” que si une politique d’investissements publics massifs est menée. C’est ce que défend la liste ‘Gauches Communes’ à Saint-Gilles (Bruxelles), qui sera présente aux prochaines élections communales.

    Il est aussi nécessaire de s’organiser internationalement pour lutter contre ce qui pousse les gens à fuir. Personne ne laisse tout derrière lui par plaisir. Si rien n’est fait contre la pauvreté, les guerres et le changement climatique, il y aura toujours des réfugiés. Il y a assez de richesse et de connaissance technologique dans le monde pour construire un avenir à chaque enfant, partout. Sous le capitalisme, les richesses ne sont pas mises au service de la population. Tant que le capitalisme existera, les gens fuiront la misère, la guerre et les changements climatiques. Il nous faut un monde où les gens peuvent construire leur avenir où ils le souhaitent, dans leurs pays d’origine ou ailleurs.

  • Migration. Francken veut s’inspirer du « modèle Australien » : de quoi s’agit-il ?

    Alors que le nombre de tentatives de suicides, de violences et trafics divers ne fait qu’augmenter dans les centres de détention australiens (1) (principalement à Nauru et Manus), qu’un réfugié iranien de 26 ans détenu à Nauru vient de mettre fin à ses jours il y a quelques semaines (2) et que les Nations Unies condamnent officiellement la politique d’immigration australienne (3)…Théo Francken réitère son admiration du « modèle australien » dans divers médias belges (4).

    Par Brune (Bruxelles)

    Après l’affaire Mawda et la prochaine ouverture d’une aile pour familles de migrants avec enfants (5) dans un centre fermé, Francken semble vouloir aller plus loin en affirmant qu’il est possible d’appliquer la politique du « No Way » australienne, que la politique d’asile évolue vers un système avec « zéro demandeur d’asile à Bruxelles ». «Nous devons remplacer le modèle actuel, qui se base sur les requêtes à l’initiative des demandeurs d’asile après une entrée illégale sur le territoire, par le modèle australien, dans lequel on pratique uniquement une immigration légale limitée», a écrit Francken sur sa page Facebook.

    Mais quel est ce fameux « modèle australien » ? Pourquoi la NVA propose-t-elle un modèle similaire ?

    La politique du « No way »

    Il y a en ce moment 1.369 réfugiés enfermés dans divers centres de détention australiens, dont 7 enfants (6). La durée moyenne d’une détention est de 826 jours (février 2018), jusqu’à 4 ans pour certains, sans aucune information de la progression de leur application. Deux de ces centres sont offshores : Nauru et Manus Island. La Papouasie-Nouvelle-Guinée et Nauru sont soudoyés par le gouvernement australien pour accepter ces installations sur leurs côtes. Celui-ci a d’ailleurs été embarrassé en 2016 lorsque la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée a statué que le centre de détention de l’île de Manus était illégal.

    Le tribunal a déclaré que les réfugiés étaient “emmenés de force en Papouasie-Nouvelle-Guinée” et détenus dans un établissement “enfermé avec des barbelés”. Les centres de détention australiens ont été qualifiés de “torture”. Certains réfugiés ressortent de ces prisons avec des problèmes de santé mentale extrêmes. Les détenus sont victimes d’intimidation et les installations sont inadéquates. Au moins un réfugié en détention est mort des suites de soins médicaux médiocres. Il y a eu des dizaines de suicides, et l’automutilation est courante.

    Le gouvernement australien gaspille plus d’un milliard de dollars par an pour le fonctionnement des centres de détention, versés à une série d’entreprises privées. Cela inclut Wilson Security, une société versée dans des scandales de corruption et détenue par les frères Kwok de Hong Kong. Le gouvernement australien dépense entre 239 000 $ et 400 000 $ par an pour chaque réfugié en détention – 400 000 $, le salaire de huit travailleurs à temps plein en Australie !

    Le Parti socialiste d’Australie (la section-sœur du PSL) fait campagne pour que les réfugiés puissent rester et s’installer en Australie. Ils exigent que l’argent gaspillé dans les centres de détention soit utilisé pour financer la création d’emplois, des logements sociaux de haute qualité et des services pour les réfugiés et les travailleurs.

    Des dizaines de milliers de personnes en Australie protestent chaque année contre l’emprisonnement des réfugiés. En février 2016, un bébé réfugié nommé Asha a été soigné dans un hôpital de Brisbane. Le gouvernement voulait expulser Asha vers un centre de détention offshore. Le personnel hospitalier a refusé cela. La communauté a formé un piquet de grève à l’hôpital. Ils ont arrêté chaque voiture et ont exigé de vérifier celles-ci pour s’assurer qu’elle n’emportait pas Asha. Le gouvernement a été contraint de renoncer à envoyer celle-ci en détention.

    L’Australie blanche

    La classe dirigeante australienne a une tradition de politique raciste anti-immigration. Dans les années 1850, des restrictions ont été imposées aux immigrants chinois. La “politique de l’Australie blanche”, qui a duré de 1901 à 1966, a été créée pour limiter l’immigration de personnes non européennes. Les politiciens ont parlé du “péril jaune” – le “jaune” est une insulte raciste utilisée contre les Asiatiques.

    Dans les années 1990, le parti politique ” One Nation ” a été lancé pour s’opposer à l’immigration chinoise. La tête du parti, Pauline Hanson, disait alors aux Australiens qu’ils risquaient d’être “submergés par les Asiatiques”. Le Parti socialiste a organisé à l’époque la résistance contre One Nation, menant des grèves d’écoliers et participant à des manifestations contre leur racisme anti-asiatique.

    Le racisme est utilisé pour diviser les travailleurs les uns contre les autres et pour distraire les Australiens en blâmant les étrangers pour les problèmes causés par le capitalisme – chômage de masse et coupures dans l’aide sociale, les hôpitaux et l’éducation. Plus récemment, ce racisme s’est retourné contre les personnes issues du Moyen-Orient, et les réfugiés en ont été les victimes.

    La crise de l’île de Manus, la situation actuelle

    Depuis la déclaration de son illégalité en 2016, rien n’a été fait, ou très peu, pour clôturer le centre de détention de l’île de Manus. D’innombrables demandeurs d’asile sur l’île sont coincés dans les limbes de l’immigration. Il reste environ 600 réfugiés sur l’île, dont beaucoup sont détenus depuis plus de 4 ans.

    Il n’y a pas de véritable plan pour permettre aux réfugiés de quitter l’île. Au lieu de cela, ils devaient être transportés vers des “centres d’hébergement alternatifs”, des centres de transition dans la ville de Lorengau.

    Les centres de transition n’étaient pas terminés en octobre et l’hébergement (des conteneurs) dans ces nouveaux centres est largement en dessous des normes. La décision de la cour en 2016 signifie que le gouvernement australien est maintenant incapable de garder les gens enfermés dans le centre de détention offshore, mais les réfugiés qu’il détient restent piégés sur l’île. Ils n’ont pas de papiers, pas de travail, pas de comptes bancaires.

    Pour empirer les choses, le gouvernement a réduit le nombre d’établissements de soins de santé qui étaient auparavant destinés aux réfugiés. Lorsque le centre de détention a été forcé de fermer, de nombreux services, dont les soins de santé, ont été retirés. Les services de consultation et de traumatologie sont partis avec l’ancien centre et n’ont pas été remplacés.

    Depuis la fermeture du centre, des cliniques à petite échelle ont ouvert sur les trois centres d’hébergement. Mais ils n’ont pas remplacé les anciens services et ils n’offrent pas de service après les heures d’ouverture, de soins aux patients en phase critique ou de soins aux personnes incapables de quitter leur lit.

    Pour ajouter au problème, le gouvernement australien a mis fin à son contrat avec le prestataire de services de santé International Health and Medical Services, IHMS. Les services de soins de santé sont maintenant transférés à des entrepreneurs locaux et au système de santé publique de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

    Selon une étude d’Amnesty International, l’hôpital Lorengau de l’île de Manus fonctionne à 33 % au-dessus de sa capacité. La moitié des postes de médecins et 43 % des postes d’infirmières demeurent vacants. L’année dernière, deux réfugiés de l’île de Manus se sont suicidés. Un autre réfugié est mort après avoir sauté d’un autobus à la fin mai. Les changements apportés au système de soins de santé entraîneront probablement plus de décès sur Manus.

    Maintenant que le centre de détention a été fermé, la question se pose de savoir ce qu’il adviendra des réfugiés actuellement pris au piège sur l’île. L’île de Manus est une petite île où sévit le chômage et a une économie en difficulté. L’île de Manus a une population de seulement 50 000 habitants et des ressources extrêmement limitées, ce qui signifie que l’installation à long terme des réfugiés n’est pas viable sans l’aide constante du gouvernement australien.

    Bien qu’il existe un accord avec les États-Unis pour échanger certains réfugiés sur Manus contre des réfugiés d’Amérique centrale, ce n’est pas une option viable pour de nombreux réfugiés sur Manus. L’interdiction d’immigration de Trump sur les citoyens de l’Iran, de la Libye, de la Somalie, de la Syrie et du Yémen signifie que beaucoup se verront refuser l’asile aux États-Unis.

    La Nouvelle-Zélande a offert d’accueillir des réfugiés, mais le gouvernement australien refuse cette offre. Ils prétendent croire que cela encouragera plus de bateaux et que les réfugiés utiliseront les lois de la Nouvelle-Zélande en matière d’immigration comme porte dérobée vers l’Australie.

    La seule solution viable est d’autoriser les réfugiés à venir en Australie. Il n’y a aucune raison pour que tous ceux de Manus et ceux de Nauru ne puissent pas être amenés en Australie, logés dans la communauté. La raison pour laquelle le gouvernement ne s’engage pas dans cette voie est d’ordre politique.

    Ce ne sont pas quelques milliers de réfugiés qui sont responsables de la montée en flèche des loyers, des pertes d’emplois et des services inadéquats. La faute en incombe aux gouvernements capitalistes et aux grandes entreprises qu’ils représentent.

    Les travailleurs australiens doivent faire campagne pour des logements abordables, des emplois décents et des services publics adéquats pour tous. Nous devrions lier nos campagnes pour de meilleurs niveaux de vie au besoin de droits des réfugiés. Nous devons mettre fin à la détention obligatoire et aux centres offshores.

    Nous ne devrions pas permettre au gouvernement de monter différents groupes de personnes exploitées les uns contre les autres. Il y a plus qu’assez de richesses en Australie pour subvenir aux besoins de tous, y compris les réfugiés. Le problème, c’est qu’il est détenu par les 1% de la population.

    La politique de la NV-A

    En Belgique aussi, les divisions sont une arme dans les mains des politiciens à la botte des capitalistes. La politique de criminalisation des migrants, sans papiers et demandeurs d’asile en est l’expression la plus vive. Comme nous le disions récemment dans un article du PSL : « Le 15 mai 2018, le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken a reçu le feu vert du Kern (Conseil restreint des ministres) pour le projet d’adoption d’un arrêté royal sur le placement d’enfants en centres fermés dès juillet. Cette politique raciste du gouvernement, menée à coups de rafles, d’enfermements et de violence est allée jusqu’à causer la mort d’une fillette de deux ans, la jeune Mawda, dont la famille kurde fuyait la terreur instaurée par l’État islamique en Irak ».

    L’ouverture de 3 nouveaux centres fermés est prévue d’ici 2021 afin de doubler la capacité de rétention. Il s’agit bien de véritables prisons où des hommes, des femmes et des enfants, qui n’ont commis aucun délit et qui ne sont passés devant aucun juge, sont enfermés.

    Le gouvernement a décidément de l’argent pour enfermer les migrants, y compris leurs enfants, mais il n’en a pas pour créer des emplois convenables et mener une politique sociale pour la population.

    La politique de Théo Francken, et son amour pour le « No way » australien est l’expression d’une politique pour diviser, détourner l’attention de l’opinion publique des vrais responsables des politiques d’austérité antisociales et utiliser les migrants comme boucs émissaires.

    Bien que la politique insulaire permettant à l’Australie d’envoyer des réfugiés dans des îles perdues dans l’Océan Pacifique ne soit pas applicable à la Belgique, de telles déclarations permettent à Francken de flatter son électorat et sa base de soutien au sein de la NV-A ; en comparaison des Michels and Co. celui-ci paraît être « l’homme de la situation », un homme prêt à répondre aux problèmes de l’immigration avec fermeté.

    Il est très important de répondre à cela en mettant en avant la réalité derrière ce type de politique d’immigration, qu’elle soit Belge ou Australienne : une réalité cruelle et meurtrière.

    L’indignation n’est malheureusement pas suffisante. Il faut organiser la colère en forgeant un rapport de forces chez les jeunes, les travailleurs et d’une manière générale auprès de tous et toutes pour exiger les démissions de Jambon, de Francken et la fin de toutes ces politiques racistes.

    Ainsi, le PSL mobilise largement pour des manifestations diverses afin de soutenir les associations de sans-papiers, les collectifs, les syndicats contre la politique migratoire répressive du gouvernement. Une convergence des luttes est indispensable pour que les richesses que l’on produit soient mises à profit de l’ensemble de la population, afin d’en finir avec un système barbare qui ne produit que misère et inégalités, partout dans le monde.

    NOTES
    1. https://www.theguardian.com/australia-news/2017/may/18/self-harm-suicide-and-assaults-brutality-on-manus-revealed
    2. https://www.theguardian.com/world/2018/jun/15/iranian-asylum-seeker-dies-by-suicide-on-nauru
    3. https://www.theguardian.com/world/2018/jul/08/un-body-condemns-australia-for-illegal-detention-of-asylum-seekers-and-refugees
    4. http://www.lesoir.be/151237/article/2018-04-15/no-way-theo-francken-veut-adopter-la-politique-dimmigration-australienne-video
    5. https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_un-centre-ferme-pour-familles-avec-enfants-inacceptable-pour-les-associations?id=9918169
    6. https://www.refugeecouncil.org.au/getfacts/statistics/aust/asylum-stats/detention-australia-statistics/

  • Participer aux élections ? Oui, mais pour construire une relation de force contre l’austérité !

    Peter Mertens, président du PTB, lors du premier mai. Photo : Liesbeth.

    Tutelles régionales sur le budget des communes, contrats précaires et pénurie de personnel dans les services communaux, listes d’attentes pour les crèches, manque de place dans les écoles du fondamental, nombre incroyablement insuffisant de logements sociaux,… l’austérité touche tous les niveaux de pouvoir. Nos communes sont loin d’être épargnées. Les élections communales sont l’occasion de défendre un programme de rupture avec le néolibéralisme. Il est crucial que la colère puisse trouver son prolongement dans un programme mais, pour qu’il devienne réalité, il nous faut une mobilisation active des travailleurs et de la population. Le programme et l’obtention d’élus véritablement à gauche doivent en premier lieu servir à consolider notre rapport de force contre l’austérité.

    Par Nicolas Menoux, membre du Bureau Exécutif du PSL

    Seattle & la lutte pour les 15$/h

    Aux USA, le thème du salaire minimum s’est imposée à l’agenda politique sous l’impulsion des travailleurs des fast-foods. En 2013, notre camarade Kshama Sawant (Socialist Alternative) a été élue parmi les 9 conseillers de la ville de Seattle. Le programme de Socialist Alternative défendait notamment l’augmentation du salaire minimum à 15$/h (alors que le salaire minimum fédéral de l’époque était de 7,25$) relayant ainsi les attentes de millions de travailleurs à travers le pays. Ce siège remporté à Seattle allait alors être utilisé comme porte-voix pour les mobilisations sociales, et de là est née la campagne ‘‘15 NOW’’. Des groupes d’action ont été lancés dans les quartiers pour affermir la mobilisation, organiser des réunions locales et des meetings publics,… pour impliquer les habitants et les faire descendre dans la rue. Ces groupes ont offert aux gens de pouvoir eux-mêmes mener leur lutte pour les 15$.

    La position de Kshama Sawant a été utilisée pour contrer le discours et les attaques de la classe dominante, ses politiciens et ses médias. Avec les groupes locaux et le mouvement syndical, une pression suffisante a été exercée pour arracher la revendication des 15$ minimum de l’heure, une réalisation historique aux USA ! A partir de cette victoire, le thème est devenu un enjeu national (et même jusqu’au Canada et au Québec) tandis que la campagne ‘‘15 NOW’’ s’est essaimée dans d’autres villes.

    Tout cela illustre d’une part que la lutte paie et, d’autre part, que séparer arbitrairement la lutte des classes et les élections est une erreur. Refusons que la bourgeoisie occupe tout le terrain électoral, opposons-leur nos propres représentants, issus de nos syndicats, de nos quartiers, des mouvements sociaux !

    Une politique de gauche sur le plan local ?

    La majorité communale à Saint-Gilles (Bruxelles) a décidé courant juin de fermer un tunnel piétonnier sous les voies ferrées. Ceci a déclenché une vague de protestations sur les réseaux sociaux : les piétons et les cyclistes doivent depuis passer par un tunnel routier beaucoup plus dangereux. Mais il était évident que la majorité entendait ainsi expulser les sans-abris qui s’y réfugiaient ! En quelques jours, une manifestation a été organisée. Cela a suffi, en organisant la mobilisation, à faire reculer les politiques qui n’ont pas rouvert le tunnel mais ont dû promettre de trouver une solution pour les SDF.

    Quelles leçons en retirer ? Tout cela démontre qu’une commune de gauche et des élus de gauche doivent absolument articuler leur action autour des mobilisations sociales et de la lutte concrète de la rue. Il s’agit d’une nécessité cruciale pour ne pas trahir son programme. A Barcelone, libérer le secteur de l’énergie pour le placer dans les mains de la collectivité grâce à la remunicipalisation est un enjeu impératif pour éradiquer la pauvreté énergétique. Ce n’est réalisable que grâce à la construction d’un rapport de force face aux intérêts des entreprises privées, et si les travailleurs et leurs familles s’organisent dans des comités de lutte locaux, quartiers par quartiers. La mairie de gauche devrait utiliser tout ce qui est à sa disposition pour favoriser l’essor d’un tel mouvement.

    En Belgique, la percée électorale du PTB en 2014 et les sondages encourageants depuis lors ont donné un aperçu de l’espace existant pour une alternative anti-austérité, particulièrement dans ce contexte de scandales multiples pour les partis traditionnels. A la RTBF le 22 juin, Raoul Hedebouw a expliqué que ‘‘le PTB est prêt à gouverner dans les communes s’il n’est pas la 5e roue du carrosse’’. De telles discussions devraient être menées publiquement par le PTB afin de les sortir des négociations secrètes entre partis. La meilleure manière d’éviter de se voir astreindre un rôle de bouche-trou, c’est que l’accord repose fermement sur le programme. Lequel ? Pour l’ensemble du personnel communal : la reconversion des Articles 60 en vrais CDI à temps plein et une campagne de nomination des travailleurs, l’application immédiate de la réduction collective du temps de travail à 30 heures/semaine avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, un plan radical d’investissements publics pour les crèches, les logements sociaux, les écoles,… Avec un tel programme, une coalition représenterait une réelle rupture.

    L’occasion est à saisir, avec des initiatives visant à insérer dans le débat électoral cette nécessité de renforcer la confiance à entrer en lutte. Le PSL a proposé de pouvoir participer à ces échéances électorales au côté du PTB. Face à leur refus, nous présenterons des candidats à Saint-Gilles sur la liste de Gauches Communes ainsi qu’à Keerbergen. Ailleurs, nous appelons à voter pour le PTB, mais aussi à discuter avec nous de nos propositions, de notre programme politique et de nos méthodes.

    Mais, que cela soit avant ou après les élections, la question fondamentale reste la manière de construire une relation de force suffisante pour briser la camisole de force de l’austérité et imposer l’instauration de programmes progressistes. L’obtention d’un ou une élue réellement socialiste serait l’occasion d’illustrer concrètement cela.

  • ‘‘Les syndicats perdent des membres’’ ? Que se passe-t-il ?

    Manifestation du 16 mai en défense de nos pensions. Photo : Walter.

    Début juin, la presse dominante a adopté un ton triomphant pour annoncer une perte de membres chez ‘‘les syndicats’’. Avec empressement, les divers auteurs en ont conclu que les syndicats sont en perte de popularité en raison de leur opposition au gouvernement Michel. Il n’est pas toujours facile d’évaluer dans quelle mesure l’augmentation ou la diminution du taux d’affiliation syndicale reflète les tendances économiques ou plutôt les politiques syndicales. Nous estimons cependant que les analystes capitalistes vont bien vite en parlant sans équivoque d’une ‘‘crise dans les syndicats’’.

    Par Peter Delsing

    Le haut degré de syndicalisation en Belgique a longtemps été une source de grognements insatisfaits du côté patronal, chez les journalistes de droite et dans les partis néolibéraux tels que le MR, la N-VA ou l’Open VLD. Environ 55% des salariés belges sont syndiqués. En y incluant les chômeurs et les préretraités, on parvient à un niveau de syndicalisation d’au moins 74% en Belgique en 2015.(1)

    Cette force potentielle des travailleurs, c’est précisément ce que veulent saper, rabaisser et diviser le capital et ses médias. Ils opposent les réfugiés aux Belges, les Flamands aux Wallons, les jeunes aux vieux, les travailleurs actifs aux inactifs, en bonne santé aux malades, du privés aux fonctionnaires,… Il ne se passe pas un jour sans que les multiples voix de l’establishment n’entonnent leur refrain reprochant à l’un ou à l’autre bouc émissaire le manque de logements abordables, d’emplois bien rémunérés, de services de qualité, etc. Ce n’est jamais la faute de la tendance à la suraccumulation des capitaux, à la politique d’austérité et la baisse du pouvoir d’achat, ou à l’avidité sans borne des profits des capitalistes.

    Depuis 2014, les syndicats belges auraient ensemble perdu 88.000 membres.(2) La part de loin la plus importante est représentée par la CSC, qui a perdu 76.000 membres. Pour la FGTB, on parle sur la même période d’une croissance de 28.000 membres en Flandre et d’une perte de 17.000 en Wallonie.

    A l’automne 2014, nous avons connu un large mouvement syndical, qui a isolé et ébranlé le gouvernement, avec un plan d’action allant crescendo fait de concentrations syndicales, d’une manifestation nationale de 150.000 personnes, de grèves régionales et d’une grève générale nationale. La CSC, cependant, a été la première à rompre le front de résistance sociale, contre la volonté de beaucoup de ses militants ou de secteurs.

    Selon nous, la CSC paie ici le prix de sa position moins combattive dans ce vaste mouvement et dans un certain nombre de conflits d’entreprise plus récents. Localement, nous constatons que, lorsque la FGTB adopte une attitude combative dans des conflits concrets (ce qui n’est pas toujours le cas), l’affiliation augmente. Les médias bourgeois vendent de la propagande en disant que l’action syndicale et la lutte font fuir les affiliés. C’est tout l’inverse.

    Les syndicats belges restent des mastodontes et des armes de choix pour l’autodéfense des travailleurs. Nous ne devons toutefois pas non plus être aveugles ou manquer de critiques à l’égard de nos propres dirigeants syndicaux. Si la désillusion se faufile dans les rangs après que la lutte ait été abandonnée ou arrêtée d’en haut, si les jeunes et les militants ne sont pas idéologiquement formés quant au rôle de la lutte de classe et à ses phases, alors une rechute temporaire peut survenir.

    Récemment, la lutte a réussi à remporter un certain nombre de victoires, comme à Lidl, avec plus de personnel à la clé. Certaines couches de militants en tireront des conclusions d’une plus grande portée pour des conflits plus généralisés. Nous avons besoin de réseaux de militants syndicaux combattifs pour discuter de la manière de construire efficacement une relation de force. Il nous faut parallèlement un relais politique massif pour les revendications syndicales et une discussion approfondie sur l’alternative dont nous avons besoin face au système de profit.

    (1) Trends, 16/04/15
    (2) De Tijd, 07/06/18

  • Saint-Gilles : pour un plan radical d’investissements publics pour 3000 logements sociaux de qualité !

    Photo : Wikipedia

    Des loyers abordables pour du logement de qualité !

    Année après année, le problème du coût du logement ne cesse de s’aggraver à Bruxelles. Contrairement aux années 1970-1990, le taux de propriétaires n’augmente pas en raison de l’appauvrissement de la population. A Bruxelles, 60% des ménages sont des locataires. Le marché immobilier est de plus en plus concentré dans les mains de multipropriétaires. 93% des logements loués sont des appartements dont les loyers ont augmenté de plus de 100€ en 10 ans pour atteindre en moyenne de 710€ en 2016(1).

    La pénurie de logements abordables est propice aux affaires, tout d’abord pour les spéculateurs fonciers qui revendent les terrains avec une marge maximum poussant les prix constamment à la hausse, mais également pour les promoteurs immobiliers qui ne produisent quasi pas de logements sous la barre de 2700€ le m². Un logement pour un Bruxellois au revenu moyen devrait être produit au maximum à 1500€ le m². Ainsi, la Région subsidie très fortement le secteur pour qu’une partie du parc immobilier soit tout de même plus accessible à l’aide de PPP (partenariat public privé) garantissant les bénéfices des promoteurs immobiliers avec l’argent public.Cette option particulièrement inefficace est très coûteuse pour la collectivité.

    Les logements sociaux à Bruxelles (moins de 40.000) ne représentent aujourd’hui que 8% de l’ensemble des logements. 44.000 ménages sont sur une liste d’attente et les 10 ans décourage beaucoup de s’y inscrire. Pourtant, la moitié des Bruxellois remplissent les conditions pour y accéder. Soulevons que 3% de ces logements sociaux sont inoccupés, 145 occupés en moins en 2016 par rapport à 2004(2). Les investissements publics sont insuffisants même pour seulement maintenir le parc de logement social en état. La situation à Saint-Gilles est parmi les pires : seulement 4,3% de logements sociaux, dont 9,7% inoccupés faute de moyens suffisants alloués à leur rénovation ! Gauches Communes, initiative à laquelle participe le PSL, défend la nécessité d’un parc de logements comprenant 15 à 20 % de logements sociaux publics pour mettre pression sur les loyers du marché privatif.

    On estime entre 15.000 et 30.000, le nombre de logements vides à Bruxelles – dont environ 800 sur le territoire de la petite commune de Saint-Gilles(3). Malgré environ 1 million de m² de bureaux vides, on continue à promouvoir des projets de nouvelles tours de bureaux dans le quartier du Midi… Saint-Gilles refuse d’utiliser le droit de réquisition, via la loi Onkelinkx de 1993, pour pouvoir y loger les sans-abris ou mettre une maison à la disposition des comités de sans-papiers à la recherche d’un bâtiment sur Bruxelles. C’est cela que ferait une véritable commune hospitalière.

    Une politique communale de gentrification pour chasser les pauvres

    MR et Open-VLD ont lancé leur campagne électorale à Bruxelles-Ville pour en finir avec le logement social dans la commune. Leur argument est que le logement social crée un appel d’air qui attire les pauvres. Leur idée est que les pauvres doivent déménager du centre-ville vers les autres communes pour pouvoir continuer la politique de city-marketing et de tourisme d’affaires.

    En réalité, toutes les communes tentent d’attirer dans des quartiers modestes la classe moyenne aux revenus plus élevés ou bien des ménages qui disposent encore de deux revenus stables, de sorte à augmenter les revenus fiscaux. L’argent public est alors dépensé pour développer l’attractivité plutôt que le bien-être des habitants. Sous prétexte d’organiser une mixité sociale, il s’agit en réalité d’évacuer les plus pauvres, à la place de lutter contre la pauvreté en soi. Dans ce contexte, construire des logements sociaux serait, de leur point de vue, non seulement non productif, mais surtout cela engendrerait le risque pour les communes d’attirer les pauvres que les autres chassent.

    Logement social ou logement public ?

    La commune de Saint-Gilles possède la deuxième plus grande Régie foncière après Bruxelles-Ville. Pour les autorités communales, chaque partenaire public a son public cible. Le Foyer Sud(4) mise sur le logement social pour les allocataires sociaux via le financement de la Région, tandis que la régie opte plutôt pour ‘‘les revenus moyens’’ avec un financement de la commune. Saint-Gilles ne compte que 1123 logements sociaux sur un peu moins de 29.000 logements. Durant la campagne électorale de 2012, le PS saint-gillois s’était engagé à fournir 350 nouveaux logements publics à Saint-Gilles, mais aucun logement social ! La régie possède aujourd’hui près de 900 logements publics contre environ 800 lors de la législature précédente. Elle les loue à ‘‘loyer modéré’’, soit très légèrement sous le coût du marché privé.

    Le revenu annuel maximum pour accéder à un logement public de la régie est fixé depuis en 2009 à des montants très élevés : 40.000 € pour un isolé et 70.000 € pour un ménage(5). Cela revient quasiment à ne pas fixer de limites, si ce n’est celle de ne pas être propriétaire. Le revenu médian net imposable est très bas à Saint-Gille : soit 16.600 € 6). La majorité des Saint-Gillois remplissent donc les conditions d’octroi d’un logement social (22.500 € pour un isolé, 28.500 € pour un ménage sans enfants). Mais la commune ne souhaite pas que les bas revenus aient accès à ces logements publics de la régie. Pour ce faire, elle a introduit une limite minimale de revenu empêchant le loyer de dépasser 40 % des revenus du ménage, alors que près de la moitié des ménages bruxellois doivent consacrer plus de 50% de leurs revenus à ce poste.

    Cathy Marcus, échevine du logement, déclare : ‘‘Dans le haut, la commune laisse faire le privé, ce n’est pas là que la régie a envie d’investir’’. Dans les faits, cette régie achète les bâtiments peu entretenus dans les quartiers pauvres, les rénove et les remet sur le marché locatif à destination de couches à plus hauts revenus. Elle intervient ainsi pour transformer les quartiers les moins ‘‘rentables’’ en nouveaux quartiers attractifs aux investissements. Dans ce contexte, le logement social est clairement mis sur une voie de garage.

    3000 nouveaux logements sociaux publics à Saint-Gilles : irréaliste ?

    Pourtant, le nombre de logements sociaux construits à Bruxelles par les pouvoirs publics atteignait jusqu’à 7.000 unités par an dans les années ‘70. Mais quasiment rien n’a été fait pour le logement social depuis 40 ans, le retard accumulé est considérable et nécessite un plan de création de logements sociaux d’une ampleur inédite.

    Certains rétorquent que l’espace est inexistant au vu de la densité de l’habitat, comme si le logement social ne peut se faire que via des tours type HLM et qu’agir rue par rue est uniquement l’apanage de la régie pour du logement moyen ! Il semble que la mixité sociale ne va que dans une seule direction : en installant des personnes aux revenus plus aisés dans les quartiers du bas de la commune, mais pas ceux aux revenus modestes dans les quartiers plus aisés du haut de la commune, laissée en pâture au privé. Ceux qui tiennent ce discours veulent laisser la part belle aux spéculateurs et à leurs profits et n’ont pas la volonté politique d’enrayer la hausse des loyers. La logique de Gauches Communes est tout autre : celle des besoins de la population et de chercher un chemin pour les rencontrer.

    Créer 3000 logements sociaux publics de qualité et écologiquement neutres au cours de la prochaine législature communale est la seule façon d’exercer une pression réelle sur les loyers en attribuant 15 % du parc de logements au logement social, comme première étape vers l’objectif de 20 %, en ne concentrant pas tout le logement social dans le bas de la commune et l’est du centre, mais en l’étalant sur tout le territoire de la commune.

    Créer, cela ne signifie pas seulement construire de nouveaux logements. Rien n’empêche de revoir les conditions d’accès au logement de la Régie pour reconvertir les 900 logements publics vers du logement social, ainsi que d’élargir les activités de la régie sur la moitié haute de la commune. Nous pouvons agir via l’acquisition et la réquisition, entre autres des 800 logements vides et des bureaux vides et nous devons rénover urgemment les dizaines de logements sociaux inoccupés.
    Pour parvenir à la création massive de 3000 nouveaux logements sociaux publics, nous devrons lutter pour obtenir les moyens suffisants de la Région et du Fédéral. Pour y arriver, la commune devra construire un rapport de force en favorisant l’émergence d’un front de communes de gauche et en stimulant l’action massive des habitants et du mouvement ouvrier organisé.

    1) Enquête réalisée par Marie-Laurence De Keersmaecker, professeure de géographie à l’UCL, en collaboration avec Sonecom. L’enquête sur la situation et l’évolution des loyers dans la capitale s’est focalisée sur 5004 logements échantillonnés sur le territoire bruxellois dans le cadre de l’Observatoire des Loyers de la Région de Bruxelles-Capitale durant l’été 2016.
    2) Chiffres de la Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale.
    3) Codes, Comité de Défense de Saint-Gilles.
    4) Sisp, Société Immobilière de Service Public.
    5) Ces montants auraient été indexés, mais nos interpellations téléphoniques et nos courriers écrits à la Régie sont restés sans réponse.
    6) SPF finances, 2015.

  • La commune de Saint-Gilles lutte contre le sans-abrisme en chassant les sans-abris

    Réquisitionnons les immeubles inoccupés !

    Mi-avril, entre 20 et 30 personnes s’étaient installées dans le tunnel cyclo-piéton de la rue des vétérinaires « dans l’indifférence générale (1) ». Le 8 juin, la police les a « délogés », emportant à la décharge le peu qu’ils avaient et Infrabel a barré l’accès du tunnel cyclo-piéton à l’aide de grilles à la demande de la Commune de Saint-Gilles, gestionnaire de la voirie. Un peu plus tard, pour cacher ces grilles honteuses que dénonçaient des citoyens, des bâches bleues ont été apposées.

    Par Mario et Esméralda (Bruxelles)

    Ce tunnel permet le franchissement des voies entre Anderlecht et Saint-Gilles sur environ 100 m et est organisé avec une séparation entre la circulation automobile et les circulations douces (piétons, cyclistes). Selon la Note d’orientation du quartier du Midi réalisée en 2012 (2), ce passage piétonnier est peu engageant en raison d’un manque de lumière et vu son état dégradé. Il restait cependant une alternative offerte aux cyclistes et aux piétons qui sans lui devraient affronter les 470 véhicules par heure qui l’empruntent aux heures de pointe du matin et les 1010 véhicules par heure qui l’utilisent en fin de journée. Or, au-delà de déloger les sans-abri et de les plonger dans une situation encore plus précaire, la décision prise à la demande de la Commune de Saint-Gilles, oblige désormais quotidiennement des cyclistes et des piétons à affronter ce flux de véhicules.

    Un garçon de 14 ans qui empruntait ce tunnel pour aller jouer au rugby s’inquiète : « Que vais-je faire, il y a autant de voitures que sur une autoroute ! Je ne comprends pas, ils ne m’ont jamais ennuyé ! » Un papa, lui, s’exclame : « Je passais plusieurs fois par semaine par ce tunnel et je n’ai jamais eu aucun problème avec les gens qui y vivaient, bien au contraire, ils me saluaient. C’est vraiment LA HONTE ».
    Déloger les sans-abri, pour éviter la malpropreté est un choix politique surprenant pour une commune qui s’est déclarée « Commune Hospitalière », il y a peu. Ce n’est malheureusement pas une mesure isolée ni à Saint-Gilles ni dans d’autres communes de la Région Bruxelloise. De plus en plus souvent, la lutte contre le sans-abrisme se résume à lutter contre les sans-abri pour vider l’espace public de leur présence. Quitte à ce que ceux-ci ne se déplacent tout simplement pas d’un endroit à un autre. Cela passe par la suppression d’un banc utilisé par quelques-uns pour dormir, le remplacement d’autres bancs par des sièges à place unique séparés par des plots métalliques qui empêchent de s’y allonger, par l’installation de grilles autour d’une pelouse pour en interdire l’accès notamment aux sans-abri (3) (place Marcel Broothaers) ou par la pose de grilles pour interdire l’accès (comme dans ce tunnel et dans la Rue Couverte de la Gare du Midi).
    Pourtant depuis plusieurs années, le sans-abrisme augmente de façon significative. (4) La population sans-abri a quasiment doublé d’après Les différents dénombrements de sans-abri effectués entre 2008 et 2016, le dénombrement de 2017 vient malheureusement confirmer une hausse continue de ce phénomène alarmant.

    Il est évident que cette hausse est en lien avec un appauvrissement général de la population et les différentes mesures d’austérité qui précarisent les plus pauvres, les exclusions du droit aux allocations de chômage mais aussi avec l’absence d’une politique volontariste de développement des logements sociaux.

    On estime le nombre de logements vides à environ 800 à Saint-Gilles. Des spéculateurs laissent tomber littéralement des immeubles à l’abandon. Depuis 2012, la commune a sanctionné 476 propriétaires en défaut. La commune refuse d’appliquer le droit de réquisition rendue possible par la loi Onkelinx de 1993. 476 réquisitions auraient été possibles pour offrir du logement de qualité afin de loger les sans-abris, mais aussi garantir une place gratuite dans un refuge pour les femmes violentées ou les jeunes LGBTQI chassés de chez leurs parents ou encore mettre un immeuble à disposition des comités sans-papiers pour rendre la commune hospitalière dans les actes et pas que dans les mots.

    Il est urgent de prendre des mesures véritables pour permettre un accès au droit au logement, ne plus se contenter d’aide ponctuelle pour répondre à des besoins primaires et surtout ne plus tenter de seulement dissimuler les sans-abris en le chassant de l’espace public. Nous devons enrayer les prix excessifs des loyers par un plan radical investissements publics pour créer 3000 nouveaux logements sociaux et en finir avec les listes d’attente interminable.

    => “Le bout du tunnel – Rassemblement” ce samedi à 13h, rue des Vétérinaires, Saint-Gilles. (Evénement Facebook)

    1. http://www.vivreici.be/article/detail_saint-gilles-un-campement-de-sans-abris-s-installe-dans-l-indifference-generale-pres-de-la-gare-du-midi?id=169665
    2. Adt Ato, Gare du Midi, Note d’orientation, http://perspective.brussels/sites/default/files/poles/20120627_note_d_orientation_midi_adt.pdf
    3. ibid
    4. « Personnes sans abri et mal logées en Région de Bruxelles-Capitale – novembre 2016/mars 2017 – Centre d’appui du secteur bruxellois de l’aide aux sans-abri La Strada » https://lastrada.brussels/portail/images/PDF/Denombrement_nov16mar17_synthese_FR_long.pdf
  • Une majorité progressiste peut-elle arrêter la politique d’austérité ?

    Robert Verteneuil, président de la FGTB

    Avec l’approche des échéances électorales communales/provinciales en 2018 et régionales/fédérales/européenne en 2019, les discussions sur la manière d’arrêter la politique d’austérité se déplacent du terrain social au terrain politique. Fin 2017, la FGTB Wallonne faisait un appel à une majorité régionale progressiste. À l’occasion des discours du premier mai 2018, elle a appelé à un nouveau pacte social. Comment peut-on s’assurer que ces appels ne restent pas lettre morte ?

    Par Alain (Namur)

    Une majorité de gauche en Wallonie ?

    Selon le sondage paru dans Le Soir en février 2018, PS, PTB et Ecolo totaliseraient pratiquement 50% des voies. Avec la percée du PTB et le rétablissement partiel d’Ecolo, cela a lancé des discussions sur les possibilités de constituer une majorité alternative. Les différents partis y ont réagi de manière contrastée.

    La coprésidente d’Ecolo a déclaré que le parti n’était ni de gauche ni de droite, sans expliquer ce que cela signifiait concrètement en termes de programme et de politique économique. Du côté du PS, la réaction est différente. Il est mis sous pressions par les membres de l’action commune (FGTB et mutualité socialiste) pour mener une autre politique, et ce alors qu’il est en pleine clôture de son chantier des idées et encore empêtré dans les affaires Publifin et Samusocial. Il n’a pas fermé la porte directement. Sans décliner, il se repose sur la réponse ambiguë du PTB qui a affirmé ne pas vouloir monter au pouvoir avant 15 ans pour ainsi appeler au vote utile à gauche.

    Quelle marge politique et quel programme

    Une grande majorité de la population ressent la nécessité de changer de cap au niveau politique. Que ce soit sur la question des pensions ou du travail faisable, une grande majorité de gens ne se retrouve pas dans les projets et la vision de la FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) défendue par ce gouvernement.

    Pour les centaines de milliers d’activistes qui n’ont eu de cesse de se mobiliser ces dernières années contre la politique de casse sociale du gouvernement, il est nécessaire de discuter de la nécessité d’un relais politique dans ce combat. Le mouvement social doit se faire entendre et mettre ses revendications économiques et sociales au centre des priorités pour la prochaine période. Il ne s’agit pas seulement d’envoyer des représentants au parlement. Pour la classe laborieuse, il faut que les groupes politiques qui la représentent soient élus sur base d’un programme et de revendications qui soient largement débattus et discutés dans la société. C’était le sens de l’appel de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut en 2012. Cela a débouché sur un fascicule de revendications sur lesquelles pourraient s’engager les candidats qui demandent notre voix.

    Lors des discours du premier mai 2018, Robert Verteuneuil (futur président de la FGTB) a évoqué la nécessité d’un nouveau pacte social. Elio Di Rupo dans son dernier livre et lors de ces discours y fait aussi référence. Avec les centaines de milliers d’activistes qui se mobilisent, nous devons en évaluer la possibilité. C’est une chose de mettre ça sur papier, construire une relation de force en se battant pour y parvenir et chercher les partenaires politiques adéquats en est une autre. Arracher des réformes sociales, même limitées, comme le diminution de l’âge de la pension, les 14 euros de l’heure et la réduction collective du temps de travail, pourrait inverser les relations de force et redonner confiance au mouvement ouvrier pour consolider ces avancées avec un vrai changement de société. Faute de quoi, les capitalistes chercheront toujours à revenir sur les conquêtes sociales au moment où les relations de force changeront.

    Cette aspiration en faveur de majorités progressistes peut être utilisé pour discuter à la fois de nos revendications et des méthodes nécessaires pour en arracher la réalisation. Après tout, ce n’est pas parce que des partis qui se disent de gauche constituent un gouvernement que la politique menée est automatiquement de gauche. Pour que cela survienne, il faut résolument rompre avec la rage néolibérale austéritaire. C’est bien différent d’une ‘‘austérité light’’. Les revendications du journal des pensions du front commun syndical (une pension minimum de 1500 euros, équivalente à 75% du dernier salaire, le retrait de l’augmentation de l’âge de la pension, etc.), la réduction du temps de travail sans perte de salaire, un plan massif d’investissements publics dans les services publics, etc. constituent une bonne plateforme de départ pour les campagnes électorales. Nous pourrions utiliser tous les militants pour préparer le terrain en vue d’une telle rupture et pour construire un mouvement avec lequel nous pourrons y parvenir.

  • Le 14 octobre, votez PTB! Vous voulez rejoindre la lutte ? Rejoignez le PSL!

    Il y aura des candidats du PSL à Saint Gilles (Gauches Communes) et à Keerbergen (Consequent Links). Ailleurs, nous appelons à voter pour le PTB.

    Peter Mertens au 1er mai à Anvers. (Photo : Liesbeth)

    Dans le numéro précédent de Lutte Socialiste (mai 2018), nous faisions état de la discussion à venir entre le PTB et le PSL sur les élections communales. La résistance sociale à l’échelle locale pourrait connaître une importante impulsion si, le 14 octobre prochain, une alternative de gauche cohérente obtenait un bon résultat. Cela renforcerait la confiance pour lutter sur le plan local, mais aussi sur le plan régional et fédéral. Car le néolibéralisme a aussi infecté la politique communale. Le coût du logement grimpe en flèche, les infrastructures sont déficientes, qu’il s’agisse de routes, d’écoles, de crèches ou de transports publics, tandis que les services à la population se font plus chers et que les listes d’attente s’allongent.

    Par Bart Vandersteene, porte-parole national du PSL, éditorial de l’édition de juin de Lutte Socialiste 

    Les partis traditionnels participent à la politique de transfert des ressources communales vers les promoteurs et spéculateurs immobiliers aux dépens de la politique sociale et des services publics. Il existe une large marge de manœuvre pour une alternative de gauche, surtout si elle est combinée à des campagnes militantes et au regroupement des différents partis de gauche cohérents. Le PSL a proposé son aide au PTB pour contribuer au meilleur résultat possible le 14 octobre. Malheureusement, nos arguments sont tombés dans l’oreille d’un sourd.

    Le PTB refuse la collaboration

    La réunion avec Benjamin Pestieau, membre de la direction nationale du PTB, a finalement eu lieu le vendredi 27 avril, soit onze mois après l’envoi à la direction du PTB de notre proposition de rencontre et après dix mails de rappel. Même les plus optimistes des camarades du PSL savaient que le PTB ne débordait pas d’enthousiasme pour s’assoir à une même table et travailler côte-à-côte. Mais nous avons estimé qu’il était important que la discussion ait lieu, ne serait-ce que pour mieux connaître l’analyse et le raisonnement politique du PTB.

    Voici ce que le PTB a clairement indiqué lors de la rencontre qui a finalement eu lieu :

    • le PTB ne vise pas, pour le moment, d’obtenir le plus d’élus possible aux élections communales
    • il ne s’intéresse aux résultats que dans les endroits qu’il considère comme prioritaires ;
    • la résistance sociale se heurte à un manque de dynamisme de la base ainsi qu’à une faible conscience socialiste ;
    • une rupture radicale avec la logique capitaliste n’est donc pas possible à court ou moyen terme ;
    • le PTB développe donc un plan d’implantation à long terme ;
    • il n’existe pas une confiance suffisante entre nos deux partis pour collaborer.

    Une confiance doit s’établir avant que la PTB n’envisage la possibilité éventuelle d’avoir des candidats PSL sur les listes du PTB. Benjamin Pestieau a cependant dû concéder que des membres du PTB estiment qu’une telle collaboration est possible. Les militants de base du PTB disent à leurs dirigeants que, sur le terrain, sur les lieux de travail, dans les secteurs ou les sections syndicales,… bref en de nombreux endroits, la coopération est excellente avec les militants du PSL. Ce n’est pas une coïncidence : les militants combatifs savent qu’ils sont toujours plus forts s’ils travaillent ensemble dans le respect des uns et des autres. Nous avons l’impression que la direction du PTB refuse de coopérer avec nous aux élections en raison de calculs politiques alors qu’elle devrait être guidée par le désir de construire la résistance, le mouvement social et une gauche conséquente autant que possible.

    Afin d’obtenir le meilleur résultat possible, le PTB – de loin le plus grand acteur – devrait prendre la responsabilité de rassembler la gauche au sens large dans une campagne dynamique, rebelle et ambitieuse. Nous comprenons que le PTB souhaite conserver le contrôle sur son propre développement électoral, mais cela ne signifie pas pour autant que d’autres forces de gauche soient incapables de livrer une contribution substantielle et énergique à leur campagne. A notre avis, une approche semblable à celle de Jean-Luc Mélenchon, qui fait tout ce qu’il peut pour développer le front le plus inclusif possible dans la lutte (voir en page 12), renforcerait la force de la résistance, tant sur le plan social qu’électoral. Loin d’affaiblir la position de Mélenchon, cela la consolide.

    Aucun autre intérêt que ceux de la classe ouvrière

    Lors de son congrès de 2008, le PTB a annoncé qu’il tournait la page du dogmatisme et du sectarisme : le parti se concentrerait sur des réponses concrètes aux problèmes concrets. Le PTB s’est doté d’un nouvel emballage à destination du grand public et a développé ses ambitions électorales, qui pilotent de plus en plus son programme. Selon ses propres dires, le PTB s’est ouvert. Mais ses anciennes méthodes, responsables d’une image négative auprès de nombreux militants de gauche et de la population, n’ont pas disparu.

    Quelles étaient ces méthodes ? Il s’agissait notamment du refus de reconnaître l’existence de toute une série de courants au sein du mouvement ouvrier, d’avoir une attitude brutale envers les autres courants et de l’idée que son propre parti (le PTB) s’élèvait au-dessus de la classe ouvrière. Le PTB avait adopté cette approche du ‘‘socialisme réellement existant’’ comme on l’appelait alors (le stalinisme et ses variantes maoïstes). Cette approche contraste fortement avec celle de Karl Marx et Friedrich Engels dans le Manifeste du Parti communiste. Le deuxième chapitre de ce manifeste commence par la question de la façon dont les communistes voient les travailleurs. Le deuxième chapitre de ce manifeste commence par la façon dont les communistes considèrent les travailleurs. ‘‘Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers. Ils n’ont point d’intérêts qui les séparent de l’ensemble du prolétariat.’’

    Dans le contexte actuel, une victoire électorale du PTB représenterait un pas en avant important pour l’ensemble des travailleurs. Le travail mené par Raoul Hedebouw et Marco Van Hees au Parlement fédéral tire le débat politique vers le haut et vers la gauche, ce qui renforce à son tour, d’une manière générale, la confiance pour participer activement aux luttes sociales. Nous appelons donc à voter pour le PTB.

    Ce n’est que dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles et à Keerbergen que des membres du PSL participeront à des listes d’unité de gauche radicale. Cela nous donne l’occasion de défendre un programme qui répond aux besoins concrets de la population en liaison avec des actions sur le terrain, sans mettre pour autant en danger l’élection de candidats du PTB.

    Nous sommes enthousiastes quant à la possible percée électorale du PTB, mais il aurait été préférable que le PTB ait suivi l’approche de Marx et Engels et ait accompli tous les efforts pour que la gauche conséquente obtienne le meilleur résultat possible.

  • 25 juin : manifestation en front commun à Namur

    Ce 25 juin, la CSC et la FGTB manifesteront ensemble dans la capitale wallonne, en prélude à une mobilisation de plus grande ampleur prévue le 20 septembre prochain. Une première depuis plus de 15 ans. Les deux syndicats entendent dénoncer le gouvernement Borsus (MR-CDH) et plus particulièrement ‘‘La réforme des points APE, la politique de l’emploi et la diminution de la qualité et de la quantité des services à la population.’’

    Par Simon (Liège)

    Le dispositif d’Aide à la promotion de l’emploi (APE) est un dispositif d’aide à l’embauche mis en place par la Région wallonne en 2002 dans le but de soutenir la création d’emplois dans le secteur public, principalement dans les communes et CPAS ainsi que dans le non-marchand. Bien connu des travailleurs du secteur social, culturel ou sportif, ce dispositif permet à ce jour l’emploi de quelque 60.000 travailleurs en Wallonie répartis entre 4000 employeurs. Aujourd’hui, ces emplois sont mis sous pression par le gouvernement wallon MR-CDH.

    En avril, le ministre wallon de l’Emploi, Pierre-Yves Jeholet (MR), annonçait vouloir réclamer les sommes versées aux employeurs sur les exercices 2014 à 2016 dans le cadre des Aides à la promotion de l’emploi. Il s’agit d’une somme de 15 millions d’euros versés aux communes et ASBL.

    On peut bien sûr porter un regard critique sur la complexité du dispositif qui a été dénoncée à de multiples reprises par les fédérations d’employeurs du non-marchand ou par la fédération des CPAS de Wallonie. On peut déplorer que les budgets insuffisants mettent en concurrence les associations et les pouvoirs locaux pour l’obtention des précieux points APE. On peut surtout rester sceptique devant un dispositif qui condamne un trop grand nombre de travailleurs à un emploi précaire lié à l’attribution périodique d’une subvention par une autorité de tutelle.

    Il n’en reste pas moins que les travailleurs APE ce sont des travailleurs sociaux dans les CPAS, des puéricultrices dans les crèches, des animateurs dans les maisons de jeunes, les centres culturels ou sportifs, du personnel dans les écoles…en bref, ce sont des emplois qui comblent tous les jours des besoins sociaux essentiels.

    Sous couvert de transparence et de lutter contre des dérives du système qui tend à laisser sur le côté les travailleurs moins formés, le ministre wallon Pierre-Yves Jeholet a pris la décision de supprimer le dispositif d’ici 2020 pour le remplacer par un système structurel ‘‘mieux maîtrisé sur le plan budgétaire’’ et mieux contrôlé par le gouvernement. Le ministre ne nie pas la probabilité de pertes d’emploi liées à cette réforme. Selon le dirigeant de la FGTB wallonne Thierry Bodson, quand on regarde la trajectoire budgétaire 2018-2020, le budget des points APE diminuera de 7 %.

    C’est donc plutôt une mesure austèritaire de plus que veut nous faire avaler le gouvernement, en plus d’une probable redistribution des subventions vers des associations et pouvoirs locaux les plus dociles.

    60.000 travailleurs sont donc sur la sellette. Allons-nous, comme en France avec la fin des contrats aidés imposée par le gouvernement, vers le plus grand plan de licenciement de ces dernières années dans le non-marchand ?

    A l’heure où nous mettons sous presse, il reste un mois aux militants syndicaux des secteurs concernés pour alerter leurs collègues de travail et les mobiliser afin de faire du 25 juin le premier pas d’une mobilisation victorieuse contre la réforme des APE telle que présentée à l’heure actuelle.

    La prochaine mobilisation aura lieu peu de temps avant la tenue des élections communales, en septembre, et pourra jouer un rôle pour que la colère s’exprime également dans les urnes, à destination d’une gauche conséquente. Ce n’est pas un hasard, Thierry Bodson l’exprime clairement : ‘‘Les points APE, cela concerne les emplois dans les crèches et les garderies communales, cela touche les gens. C’est important de l’évoquer avant les élections.’’

    Ces deux dates de même que le débat et la mobilisation qu’elles impliquent sont aussi l’opportunité de défendre l’absolue nécessité d’investissements pour de bons services publics ainsi qu’un secteur associatif renforcé. Cet argent existe, il faut aller le chercher et permettre ainsi que les missions du secteur public et du non-marchand puissent être réellement délivrée, par un personnel disposant de bons emplois, avec des contrats de travail décent et non précaires.

    >> Evénement facebook

  • [PHOTOS] Manifestation pour la régularisation des sans-papiers

    Ce dimanche, une manifestation en faveur de la régularisation des sans-papiers appelée par la Coordination nationale des sans-papiers a regroupé 2000 personnes. On pouvait y constater une grande colère contre la politique d’asile répression des autorités, encore tout récemment illustrée par les propos scandaleux du secrétaire d’Etat à la migration Theo Francken concernant le contournement de la Déclaration des droits de l’Homme. Le nom de Mawda était sur toutes les lèvres, et nombreux sont ceux qui ont fait le parallèle avec Semira Adamu, décédée il va y avoir tout juste 20 ans dans le cadre de son expulsion du pays. Aujourd’hui, les sans-papiers sont condamnés au travail au noir avec des salaires de misères dans des conditions d’extrême exploitation. Si le gouvernement ne veut pas connaître la régularisation, c’est notamment pour défendre les intérêts des employeurs qui recourent à cette main-d’œuvre bon marché et corvéable à merci.

    >> Lire le tract que nous avons distribué à cette manifestation

    Quelques photos de Mario:

    [embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/TzZo9iyRPgwjTeYWA]

    Photos de Liesbeth:
    [embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/a6ooWRycSRa1q4Er7]

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop