Category: Politique belge

  • Saint-Gilles : Gauches Communes, moteur d’une campagne marquée à gauche

    Comme en 2012 et 2014, nous avons participé aux élections à Saint-Gilles avec Gauches Communes, liste de gauche unitaire soutenue par le PSL, le Parti Humaniste et la Campagne ROSA. Ainsi, nous avons pu préserver le travail accompli à Saint-Gilles depuis des années et la riche expérience que nous en avons tirée.

    Par Nicolas Menoux

    Majorité PS-MR sanctionnée

    A Saint-Gilles, les résultats expriment une petite révolution : le PS de Charles Picqué perd sa majorité absolue, le MR perd énormément de voix et passe de 6 à 3 sièges et le cdH sort, lui, du conseil. Ecolo-Groen consolide sa deuxième place et négocie avec le PS pour une majorité, la coalition historique entre les amis PS et MR s’apprête à disparaître. Mais c’est le PTB et son entrée au conseil à Saint-Gilles (4 sièges) qui constitue la véritable bonne nouvelle.

    Gauches Communes : un facteur politisant à Saint-Gilles

    Depuis des années, nous intervenons dans la commune plusieurs fois par an avec un tract thématique toutes-boites et, comme en 2012 et 2014, nous accélérons le rythme pendant la période électorale ; nous ne partions donc pas de nulle part. Et force est de constater que les problèmes n’ont pas changé : les pénuries sociales sont restées nombreuses dans nos quartiers.

    Le programme de Gauches Communes chiffre ces pénuries et trace une voie pour les résoudre. Aucune autre liste sur Saint-Gilles n’a pris autant de temps et mis autant d’énergie militante pour expliquer et discuter son programme : 11 tracts thématiques prenant l’espace d’argumenter en profondeur ont été déposés dans chaque boite aux lettres de la commune et nous avons quotidiennement organisé des stands en rue pour discuter de la nécessité de construire 4 nouvelles écoles, 3000 logements sociaux et 30 crèches.

    C’est Gauches Communes qui a pris le temps d’analyser le bilan de la majorité sortante en détail et qui a expliqué qu’une politique réellement progressiste devrait inévitablement briser les carcans budgétaires volontairement étouffants et lutter avec la population pour un plan radical d’investissements publics.

    Tout ceci a joué un rôle moteur pour orienter les discussions et obliger les autres listes à intervenir sur ces thèmes. Pour les partis traditionnels, il était crucial d’expliquer que nous avions un programme irréaliste, tout en se devant quand même d’expliquer comment ils comptaient faire pour répondra aux carences. Notre campagne a permis que les idées de gauche conséquentes deviennent prédominantes et d’ainsi placer les partis de la gauche radicale dans une meilleure posture.

    Le PTB a pu bénéficier de sa position nationale dominante à la gauche des partis traditionnels pour atteindre ce score à Saint-Gilles, mais Gauches Communes a accentué cette confiance pour voter à gauche. Le soir des élections, l’ancienne tête de liste Ecolo à Saint Gilles, Alain Maron, déclarait à propos du PTB à Saint-Gilles : ‘‘leurs conditions sont tellement incongrues : renoncer au cadre budgétaire et creuser les déficits et donc contrevenir à certaines règles qui viennent des traités européens mais pas seulement. (…) Certes il faut augmenter les logements sociaux, ce doit être une priorité, mais les chiffres qu’ils avancent sont bien souvent irréalistes. Aller faire 3000 logements sociaux, je dois dire, on ne peut pas le faire en claquant dans les doigts.’’

    A Saint-Gilles, le PTB proposait de rénover 100 logements sociaux et d’obliger les nouveaux projets immobiliers d’atteindre 30% de logements sociaux. Les milliers de logements sociaux et la sortie des carcans budgétaires, cela figure dans le programme de Gauches Communes ! Belle illustration de l’impact que nous avons pu avoir dans le débat politique.

    Nous avons récolté 2,28%, un score honorable, meilleur qu’en 2014 (1,12%) bien que nous aurions préféré disposer de notre premier élu. Nous reculons par rapport à 2012 ; à ce moment-là, le PTB n’avait pas encore réalisé sa percée remarquable de 2014. Nous sommes conscients que l’espace à côté du PTB était très mince et nous aurions préféré nous présenter ensemble. Alain Maron démontre une chose : les partis traditionnels ne rentreront pas en conflit avec les limites budgétaires injustes, quelle que soit l’urgence sociale. Nos besoins peuvent attendre longtemps, il nous faudra résister et nous pourrons compter sur Gauches Communes à Saint-Gilles à côté des 4 nouveaux élus du PTB.

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    Esméralda témoigne :

    ‘‘Je travaille dans une association d’alphabétisation qui dispense des formations d’adultes issues des 19 communes de Bruxelles.

    ‘‘Lors d’une animation menée en début d’année, les participants ont été invités à exprimer un souhait pour leur commune : après les élections, je souhaite que ma commune…

    ‘‘Une liste des souhaits a été dressée : un bourgmestre accessible en dehors des périodes électorales, des rues propres, des logements décents à un prix abordable, des places dans les crèches, dans les écoles,… Les participants ont alors sélectionné parmi ces propositions celles qui leur semblaient les plus importantes.

    ‘‘Le palmarès retenu correspondait à l’analyse des besoins repris sur l’affiche électorale de Gauches Communes : des logements décents à un prix abordable, ‘‘car si tu n’as pas de logement, tu n’as pas de domicile et il n’est pas possible de trouver un travail’’, un travail ‘‘car sans travail, tu ne pourras ni payer ton loyer ni faire vivre ta famille’’, une place dans une crèche ‘‘pour pouvoir aller travailler’’, une école pour les enfants proche du domicile. La priorité est le logement, un logement de qualité car, expliquait une dame, ‘‘quand on vit dans un appartement exigu avec trois ou quatre enfants, comment veux-tu que nos enfants puissent étudier ? Il y en a un qui pleure, un autre qui joue et crie, un autre qui devrait faire ses devoirs,…’’

    ‘‘Ces priorités émises lors d’une animation, ce sont celles que Gauches Commune mettait en avant sur ses affiches électorales suite à une analyse des besoins de la population saint-gilloise.

    ‘‘Au début de la campagne électorale à Saint-Gilles, la problématique des logements sociaux était à peine évoquée par les partis politiques, Gauches Communes les a forcés à se pencher sur ce sujet, mais aussi sur celui des crèches, des écoles et de la gratuité des repas scolaires.

    ‘‘En ce lendemain d’élection, les priorités de ces personnes restent identiques et doivent être prises en compte par les élus des 19 communes : des logements sociaux, un travail décent, des crèches et des écoles.’’

  • Le gouvernement mis en difficulté, la résistance sociale doit passer à la vitesse supérieure !

    Photo : Jean-Marie

    Les deux dernières semaines de la campagne électorale ont mis les questions sociales au premier plan. La journée d’action des syndicats du 2 octobre avait réuni des dizaines de milliers de manifestants et, en Flandre, le thème du logement social et des loyers (in)abordables a été plus discuté. Ces thèmes sont arrivés assez tardivement dans la campagne. Le résultat montre que les partis au pouvoir ont été un peu touchés ici et là, mais qu’il en faut plus, certainement du côté flamand, pour éviter une réédition du gouvernement Michel après mai 2019.

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    Les partis du gouvernement reçoivent des claques

    A Bruxelles et en Wallonie, le MR de Charles Michel a bu la tasse. Le premier ministre lui-même ne s’est pas présenté mais à Wavre, sa ville natale, la Liste du bourgmestre (libérale) a enregistré 15% de pertes. Dans les villes où le PS s’est retrouvé empêtré dans les scandales (comme Liège ou Bruxelles), le MR n’a pas su progresser. Son partenaire de coalition à la Région wallonne, le CDH, ne s’en est lui non plus pas bien sorti. Son déclin se poursuit dans les villes.

    Du côté flamand, la N-VA s’en est bien tirée à Anvers et dans sa périphérie. Ce phénomène n’est cependant pas neuf, les résultats dans la “ceinture jaune” anversoises étaient d’ailleurs encore plus forts lors des élections fédérales de 2014. Pour citer deux exemples : dans le district de Kapellen (Kapellen, Brasschaat, Stabroek et Schoten), la N-VA avait obtenu 46% en 2014, alors que son meilleur résultat est désormais à Brasschaat avec 44% ; dans le district de Zandhoven (Zandhoven, Schilde, Wijnegem, Wommelgem et Ranst) le score de 49,5% avait été atteint en 2014, tandis que le meilleur résultat de la N-VA est aujourd’hui de 41% à Schilde. La lisière sud anversoise a également montré des résultats similaires. Les scores électoraux restent toujours élevés, mais ils indiquent toutefois une légère baisse.

    En raison du résultat obtenu à Anvers et des scores élevés dans la périphérie, cette légère perte n’est pas perçue comme telle. A Anvers, De Wever est parvenu à supplanter l’opposition et à quasiment répéter son résultat de 2012 avec 35%. En dehors d’Anvers, la N-VA a éprouvé des difficultés. Dans des villes comme Gand, Bruges, Ostende ou Courtrai, le parti a perdu des voix et reste petit. A Sint-Niklaas, Hasselt, Turnhout, Louvain ou Hasselt, la stagnation ou une légère progression ont été présentées comme des victoires. Ce n’est qu’à Genk que de réels progrès ont été engrangés avec Zuhal Demir. Les efforts effectués par la N-VA pour s’implanter dans un certain nombre de communes bruxelloises se sont révélés vains.

    Pour le VLD et le CD&V, les résultats sont mitigés. Les bastions du CD&V à la campagne tiennent bon et le parti progresse même ici et là. De plus, le parti se maintient à Genk et connait une croissance à Bruges. Dans les grandes villes comme Anvers, Gand ou Malines, le CD&V a perdu sa pertinence. Kris Peeters était le grand perdant de la campagne électorale à Anvers. L’Open VLD a eu de bons résultats à Ostende, Courtrai et Gand, mais surtout à Malines, où Bart Somers obtient une majorité absolue dans un cartel avec Groen (Groen ayant toutefois 13 sièges contre 10 pour l’Open VLD). A Anvers, cependant, le secrétaire d’Etat De Backer est resté bloqué à 5% à peine et, pour la première fois de l’histoire, il existe un district où l’Open VLD n’a pas obtenu d’élu (Hoboken, où le parti a réuni 2,8% des voix).

    Si les résultats provinciaux sont convertis en sièges pour le Parlement flamand et la Chambre, c’est en particulier le nombre de la N-VA qui diminuerait, mais ce serait aussi le cas pour le CD&V et l’Open VLD. Au gouvernement flamand, l’Open VLD n’était pas mathématiquement nécessaire en 2014, mais il le serait avec les résultats actuels. Du côté francophone, le MR et le CDH ne constituent pas de majorité. Le gouvernement fédéral perdrait lui aussi sa majorité.

    L’opposition de gauche fédérale pourrait-elle en bénéficier ?

    Dans la Région de Bruxelles-Capitale, le PS tient largement le coup tandis qu’Ecolo et le PTB ont réalisés des percées remarquables. A Bruxelles-Ville, la perte pour le PS est très limitée et Philippe Close peut continuer à être bourgmestre en dépit du scandale du Samusocial. Les pertes du MR étant supérieures, le PS peut même prétendre que sa légère baisse est une victoire. Dans la Région de Bruxelles-Capitale, le résultat à Molenbeek est remarquable : une fois de plus, le PS est le parti le plus important après six ans d’opposition et un maïorat détenu par Françoine Schepmans (MR). Catherine Moureaux (PS) s’est directement déclarée favorable à une coalition de gauche avec le PTB et Ecolo.

    Ecolo et le PTB connaissent une croissance partout à Bruxelles, ce dernier dépassant les 10% dans plusieurs communes : 11,6% à Bruxelles-Ville, 13,6% à Molenbeek, 14,6% à Anderlecht, 13% à Saint-Gilles, 10% à Forest, 12,7% à Schaerbeek. Au total, le PTB compte maintenant 36 conseillers communaux bruxellois. A Forest, Ixelles et Watermael-Boitsfort, Ecolo est devenu le plus grand parti. A Forest, Ecolo fournit le bourgmestre d’une coalition avec le MR et le CDH, à Watermael-Boitsfort dans une coalition avec le MR et à Ixelles dans une coalition avec le PS-SP.a. La rapidité de la formation de ces coalitions et la rapidité de leur formation peuvent être vus comme de la politique politicienne de la part d’Ecolo, les postes semblent être plus importants que le programme.

    Le PS résiste relativement bien en Wallonie malgré l’affaire Publifin. Dans les grandes villes wallonnes, le PS encaisse une perte, mais le MR ou le CDH n’ont guère pu en profiter. Le PS demeure au-dessus des sondages désastreux d’il y a un an environ. Ce sont principalement le PTB et Ecolo qui connaissent des percées dans les villes. A Liège, le PS perd 7% mais, avec 30,8%, il reste beaucoup plus important que le MR qui perd également 3% et termine à 18%, tout juste avant le PTB et ses 16,3% et Vert Ardent (une liste constituée autour d’Ecolo) avec 14,75%. A Charleroi, le PS perd 6% mais reste le parti le plus important avec 41,3% et le PS obtient même une faible majorité absolue en nombre de sièges. Le PTB est le deuxième parti de la ville avec 15,7 %. Il en va de même à Mons, où le parti de Di Rupo cède 11% et reste le plus fort avec 45%, devant le MR, Ecolo et le PTB.

    La PTB a obtenu des résultats remarquables en Wallonie : 24 % à Herstal (9 sièges) et Seraing (11 sièges) par exemple. Mais il a égalemet eu de bons résultats à Grâce-Hollogne (19 %) et Flémalle (18 %) en périphérie liégeoise. Avec 16,3% à Liège (9 sièges), 15,5% à La Louvière (7 sièges) et 15,7% à Charleroi (9 sièges), un grand nombre de conseillers communaux viennent rejoindre les rangs des élus du PTB. Dans les 16 communes wallonnes où le PTB s’est présenté, le parti a obtenu 78 sièges. La force du PS n’a pas été brisée et il est possible que ces résultats ne soient pas suffisants pour rejoindre des majorité communales, même si des pressions existent en ce sens à Liège, par exemple, où une majorité progressiste du PS et des Verts doit prendre le PTB pour obtenir une majorité confortable. La perte du MR a sapé l’option de coalitions entre le PS et le MR au niveau local.

    Ces résultats sont un tremplin pour que le PTB dispose d’un grand un grand nombre d’élus aux parlements régionaux et à al Chambre après mai 2019. Cette croissance est importante. On dirait que le PS n’a rien appris des scandales, ces derniers étant des conséquences logique de l’acceptation du néolibéralisme dans la politique locale. Selon ce raisonnement, les services publics doivent être des entreprises commerciales, quand bien même sont elles encore aux mains du secteur public. Et dans les entreprises commerciales, seul compte le profit. Ce n’est pas au bénéfice de la communauté, les seuls qui en profitent réellement sont les cadres supérieurs qui se servent eux-mêmes pour se remplir les poches. Rien n’indique que le PS va rompre avec cela.

    En Flandre, le résultat du SP.a est mauvais. A Louvain et Vilvorde, les bourgmestres SP.a tiennent le coup, mais le résultat à Gand n’est pas bon et, à Ostende et à Bruges également, les pertes ont été considérables. Le cartel de Gand reste la formation la plus importante mais, au sein de celui-ci, Groen obtient de meilleurs résultats que le SP.a, de sorte que la discussion sur le poste de bourgmestre porte sur Groen et un Open VLD très triomphant. A Anvers, le SP.a semble satisfait des 11% de Jinnih Beels. Ce résultat signifie cependant que, pour la première fois dans l’histoire de l’après-guerre, le SP.a ne joue pas de rôle important à Anvers. Le SP.a est au plus mal dans toute la province d’Anvers : le dernier bourgmestre rouge (à Herentals) est maintenant aussi de l’ordre du passé.

    Groen a connu une progression dans de nombreuses villes, mais aussi en campagne. Une vague verte a eu lieu et Groen dépasse maintenant le SP.a. Cela reflète certainement des inquiétudes sur la pollution de l’air dans les villes. Le changement climatique reste également une question très sensible, en particulier chez les jeunes. Groen en a profité et a obtenu d’excellents résultats, même si cela ne s’est pas immédiatement traduit en bourgmestres. La percée s’est toutefois révélée insuffisante pour faire descendre Bart De Wever de son trône à Anvers. Avec 18,1%, le parti est resté en deçà des attentes, malgré la bataille menée entre De Wever pour la N-VA et Van Besien pour Groen. Le maintien d’une coalition progressiste à Borgerhout est une maigre consolation si ce district reste isolé (comme cela sera probablement le cas). Au niveau local, Groen collabore avec à peu près tout le monde : en cartel avec l’Open VLD à Malines et avec le SP.a à Gand, mais aussi en coalition avec la N-VA (dans le district anversois de Deurne lors de la précédente législature, où vivent la présidente de Groen Meyrem Almaci et le président de la N-VA Bart De Wever). Groen a déjà formé des coalitions avec la N-VA et l’Open VLD à Sint-Niklaas et avec la N-VA, le SP.a et le CD&V à Turnhout tandis que l’administration de Malines, où Groen gouverne avec l’Open VLD, est présentée comme un modèle de politique. Comme dans d’autres grandes villes, l’embellissement du centre-ville s’améliore visiblement, mais Malines aussi des logements de plus en plus inabordables et le déplacement social.

    Le PTB a remporté 3 siège à Gand et 2 à Hasselt, mais il gagne également ses premiers élus communaux à Louvain, Vilvorde, Malines, Saint-Nicolas, Turnhout, Geel et Brasschaat. A Lommel, Genk, Zelzate et Anvers, le parti reste au conseil communal. En Flandre, le PTB passe de 14 à 24 conseillers communaux. Dans les districts d’Anvers, s’ajoutent deux autres élus. Cette percée est bien sûr plus limitée qu’en Wallonie et à Bruxelles, elle n’en demeure pas moins réelle. Grâce au scandale du logement social inhabitable à Gand et à plusieurs interviews croisées entre Peter Mertens et Bart De Wever, le PTB a été présent dans le débat public. Davantage était attendu à Anvers, où le PTB n’a progressé que de 0,7% depuis 2012 et a obtenu 8,7%, un score inférieur à l’objectif de 11% fixé par le présidetn du parti Peter Mertens. Dans les districts de Hoboken et de Borgerhout, où le PTB avait déjà eu de bons résultats, il y a une légère perte chez l’un, une légère progression chez l’autre. Peut-être que le PTB restera au conseil de district de Borgerhout et, en outre, la seule possibilité de participation de coalition est à Zelzate, où le PTB augmente légèrement et conserve ses 6 sièges.

    Peut-être que les thèmes sociaux sont arrivés trop tard dans la campagne pour permettre de meilleurs résultats au PTB. Là où les têtes de liste ont été identifiées aux campagnes actives du parti, les résultats ont été plus importants : la tête de liste gantoise Tom De Meester s’est faite connaître sur le thème de l’énergie et a pu défendre ses opinions concernant les logements sociaux. A Gand, il y a aussi eu la pression des sections locales du PSL qui, par des actions et avec un programme combatif, ont défendu sur la place publique des thèmes tels que l’amélioration des transports publics ou encore la lutte contre le sexisme et le racisme. La tête de liste à Hasselt, De Witte, est le spécialiste des pensions du parti. Le défi du PTB est maintenant de passer d’un petit parti d’opposition à un facteur qui dirige la résistance sociale. Ce qu’il faut, ce sont des initiatives audacieuses visant à développer de larges mouvements sociaux pour défendre des revendications offensives. C’est tout particulièrement le cas à Anvers, où De Wever est dans les starting-blocks pour six autres années de démolition sociale.

    La menace de l’extrême droite

    Le Vlaams Belang n’a pas pu faire son retour dans le bastion historique du parti à Anvers. Filip Dewinter a annoncé qu’il sera remplacé comme chef de groupe par Sam Van Rooy, qui n’a qu’une avec obsession : l’Islam. Dans certaines communes de la périphérie d’Anvers (Stabroek, Schoten), certaines petites villes (Turnhout, Sint-Niklaas) et dans la région de Denderleeuw (Alost, Denderleeuw, Ninove), le Vlaams Belang a pu obtenir de bns résultats ou au moins récupérer une partie des votes perdus aux précédentes élections.

    Les 40 % obtenus par Forza Ninove, autour de Guy D’Haeseleer, sont particulièrement inquiétants. Le soir-même des élections circulaient déjà des images du journal De Morgen qui montraient les partisans de Forza Ninove tels qu’ils sont. La photo de l’homme effectuant le salut hitlérien restera longtemps gravée dans les mémoires. A Denderleeuw, le Vlaams Belang est le parti le plus important avec 26% des voix, mais le risque de rupture du cordon sanitaire est limité. Une coalition avec Forza Ninove n’est pas à l’ordre du jour, les messages haineux de D’Haeseleer sur les médias sociaux rendent cela impossible pour la N-VA. Pendant ce temps, les limites du cordon sanitaire autour de l’extrême droite sont explorées, avec par exemple le coalition de l’Open VLD et de la N-VA avec l’ancien membre du Vlaams Belang Bart Laeremans à Grimbergen, qui avait monté une liste indépendante. Laeremans a rompu avec le VB, mais au moins un de ses élus est toujours membre du personnel du VB.

    Le président du Vlaams Belang Van Grieken a présenté le résultat de son parti comme une grande victoire. A la suite des reculs connus par le parti ces dernières anénes et dans le cadre de l’accent actuellement mis sur l’immigration dans le débat public, il était évident qu’une nouvelle progression était de l’ordre du possible. Le Vlaams Belang est cependant encore loin des résultats de 2006 (sauf à Ninove et Denderleeuw) et, dans les grandes villes, il n’a pas été possible de réellement remettre le parti sur les rails. Cependant, le danger de l’extrême droite, en particulier dans la région de Dender, reste élevé. Ceci est renforcé par le fait que la N-VA a adopté de nombreux points du Vlaams Belang et les a fait valoir avec enthousiasme dans cette campagne. Il n’en sera peut-être pas autrement lors des élections fédérales de l’année prochaine : les préjugés racistes sont utilisés pour masquer les politiques antisociales en matière de pensions, de salaires, d’allocations sociales et de services publics.

    Acroître la résistance sociale !

    Pour le mouvement des travailleurs, ces élections ont donné l’opportunité d’exprimer nos préoccupations mais il en faut plus pour rompre avec la politique actuelle. À l’approche des élections de mai 2019, nous devons en tirer les leçons et renforcer la résistance sociale dans la rue.

    Comme l’a résumé De Standaard ce lundi : “La coalition suédoise survit, mais elle a été mise à rude épreuve. Sa viabilité est menacée. La gauche est en plein mouvement, mais n’est toujours pas une alternative. Les extrêmes de droite et de gauche progressent. Le paysage politique n’est pas devenu plus stable.” Ce résultat est un problème pour la coalition suédoise. Cela peut aussi expliquer pourquoi De Wever examine explicitement d’autres options, comme l’option d’une coalition dans laquelle les verts seraient inclus. Pour les verts, la chose n’est pas évidente, l’expérience du gouvernement arc-en-ciel a été suivie d’un châtiment qui leur fut presque fatal. D’un autre côté, une crise politique peut alimenter leur “responsabilité d’Etat”. D’autre part, les résultats différents obtenus du côté francophone et du côté néerlandophone peuvent encourager la N-VA à ressortir l’artillerie communautaire.

    Si nous n’assurons pas nous-mêmes que les questions sociales telles que les pensions, les salaires, les allocations sociales et les services publics soient défendues de manière offensive, alors les élections porteront sur les questions que d’autres déterminent, autour de leur perspective de droite. Pour éviter cela, il faut renforcer la résistance sociale. Les syndicats ont un rôle à jouer à cet égard, mais aussi le PTB et toutes les forces qui s’opposent activement à l’austérité. Le pa, d’action allant crescendo de 2014 et la campagne d’information du Journal des pensions des syndicats en vue de la manifestation de mai 2018 en ont donné une idée de ce qui est possible en termes de lutte sociale.

    Des réunions régionales de militants et des assemblées du personnel sont nécessaires pour préparer de nouvelles actions. Dans le même temps, des campagnes doivent être lancées contre les mesures antisociales au niveau local et autour de revendications telles que accessibilité du logement abordable. S’il entre en action, le mouvement des travailleurs pourra faire des pas en avant. Des demandes offensives et des objectifs clairs, tels que la fin de la politique d’austérité ou le doublement du nombre de logements sociaux, peuvent accroître la participation aux actions. À notre avis, cela devrait être lié à une perspective de changement social : le capitalisme entraîne une augmentation des inégalités et des tensions sociales. C’est ce que nous avons mis en évidence avec les listes auxquelles nous avons participé à Saint-Gilles (Gauches Communes) et à Keerbergen (LSP-Consequent Links) où nous avons obtenu respectivement 2,28% et 1,9%. C’est aussi ce que nous avons défendu ailleurs en appelant à un vote en faveur du PTB. Il faut rompre avec le capitalisme pour construire une société socialiste basée sur la satisfaction des besoins de la population plutôt que sur la soifs de profits des ultra-riches.

  • La tradition de Blokbuster dans la lutte contre l’extrême droite – Leçons pour aujourd’hui

    À la suite de l’indignation causée par le reportage de la VRT consacré à Shild & Vrienden, nombreux sont ceux qui se demandent comment un tel groupe peut s’épanouir et même trouver sa place dans des institutions universitaires.
    par Els Deschoemacker, ancienne coordinatrice nationale de la campagne antifasciste flamande Blokbuster dans les années 1990.

    Article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Le développement d’un tel groupe s’explique par le climat raciste qui sévit depuis de nombreuses années. Ce faisant, de nouvelles frontières sont constamment franchies en diabolisant les réfugiés et les migrants. Si nous le permettons, le discours raciste et anti-migrant fera partie de la nouvelle normalité.

    Les politiciens traditionnels sont responsables de cette situation, tout comme les médias dominants qui sont devenus les porte-paroles de la droite et de ce qui est encore plus à droite. Sans sourciller, le gouvernement Michel, la N-VA en tête, va plus loin que les précédents ; il fait du vieux l’adage ‘‘diviser pour mieux régner’’ le cœur de sa stratégie. Pour s’assurer qu’une base sociale suffisante ne remet pas en question la logique d’austérité qu’il continue à imposer avec la plus grande détermination, il cherche à pointer du doigt les groupes sociaux les plus faibles comme responsables de tous les maux. Ceux qui fuient la guerre, les violences, la persécution politique et l’extrême pauvreté sont rendus responsables des problèmes sociaux causés par les économies budgétaires et le manque d’investissements.

    L’extrême droite prospère dans un désert social – les leçons des années 90

    Une période similaire s’est produite au début des années 1990. La social-démocratie et les partis communistes – les partis politiques traditionnels des travailleurs – avaient été durement impactés par la chute du mur de Berlin. Ils ont alors abandonné l’idéologie socialiste pour embrasser le ‘‘libre’’ marché. C’est avec une majorité sociale-démocrate que l’Union européenne a imposé un carcan budgétaire à tous les pays de la zone euro et a drastiquement réduit les dépenses sociales. Des privatisations ont été menées partout.

    L’extrême droite a tout particulièrement bénéficié de cette trahison et de la perte progressive des conquêtes arrachées par le mouvement ouvrier au fil des décennies. Des groupes néofascistes sont apparus et ont acquis la confiance nécessaire pour sortir dans la rue. Comme aujourd’hui, cela a rapidement conduit à des actes de violence en Allemagne de l’Est, à Rostock et à Solingen, où des centres pour demandeurs d’asile ont été incendiés. Des jeunes de quartiers défavorisés ont été embarqués pour une action radicale contre les “migrations massives”.

    Cela a effrayé le monde et a engendré le premier mouvement de jeunesse de masse post-chute du mur. La mobilisation antiraciste était beaucoup plus forte ce que le potentiel d’action des racistes de l’époque.

    Au cours de l’été 1991, quelques mois avant le dimanche noir (le dimanche 25 novembre 1991 où le Vlaams Blok a pour la première fois triomphé aux élections), les prédécesseurs du PSL ont lancé la campagne antiraciste Blokbuster toujours active aujourd’hui. Un an plus tard, l’organisation internationale YRE (Youth Against Racism in Europe / Jeunes contre le racisme en Europe) a été créée et a organisé une marche internationale contre le racisme à Bruxelles en octobre 1992 avec 40.000 participants.

    Blokbuster est devenu l’instrument idéal pour les jeunes principalement afin d’entrer en discussion dans leurs écoles, leurs quartiers, les centres de jeunesse,… pour discuter de la lutte contre le racisme, récupérer l’espace public et ralentir l’essor du Vlaams Blok. Il s’en est suivi une période de petites et grandes mobilisations, d’actions aux écoles et de grèves écolières, d’actions ludiques et moins ludiques, de rassemblements contre les réunions et les manifestations d’extrême droite. Parfois, si le rapport de force nous était favorable, ces dernières ne pouvaient tout simplement ne pas avoir lieu.

    Sur le plan électoral, le mouvement antiraciste n’est pas parvenu à arrêter le Vlaams Blok. Il a toutefois largement compliqué la vie de l’extrême droite et réduit ses possibilités d’occuper la rue. La jeunesse, en particulier, a fait pression sur les politiciens traditionnels pour qu’ils n’entrent pas en coalition avec le Vlaams Blok ce qui a abouti au cordon sanitaire, toujours en vigueur, et à une condamnation par la justice du Vlaams Blok pour incitation au racisme, à la haine et à la violence. Le parti a été interdit, mais il s’est relevé en 2004 sous le nom de Vlaams Belang. La même année, il a obtenu son score électoral le plus élevé avec 24,2% en Flandre.

    Des emplois, pas de racisme !

    Nous avions déjà prévenu de ce danger à l’époque. Blokbuster a lié la lutte contre le racisme à celle contre la casse sociale. C’est pourquoi nous nous sommes toujours concentrés sur le mouvement des travailleurs et, en particulier, sur les syndicats.

    Tout comme actuellement, la logique du ‘‘diviser pour mieux régner’’ donnait le ton social. L’un des slogans du Vlaams Blok était ‘‘500.000 chômeurs / 500.000 migrants’’. À l’époque, ce n’étaient pas tant les réfugiés, mais la migration économique qui constituait leur cible. L’augmentation rapide du chômage a provoqué une concurrence sur le marché du travail. Notre slogan ‘‘Des emplois, pas de racisme’’ visait à fournir un programme et une approche pour atteindre non seulement les convaincus, mais aussi la base sociale de l’extrême droite, en l’impliquant dans la lutte sociale. Avec un discours moralisateur, la gauche ne peut jamais récupérer les votes perdus à droite, disions-nous. Pour cela, il faut répondre à la base matérielle du succès de l’extrême droite.

    La classe des travailleurs avait un sentiment d’insécurité et d’abandon. L’offensive idéologique néolibérale a toujours mêlé les problèmes sociaux à l’individu. L’effondrement du tissu social dans les quartiers les plus pauvres a rendu ces groupes sensibles à la propagande diviseuse de l’extrême droite.

    Aujourd’hui, ces tensions sociales n’ont pas disparu, bien au contraire. La crise d’il y a dix ans a accéléré la dégradation sociale. Ce n’est pas par hasard que nous assistons à une nouvelle flambée de l’extrême droite, avec la violence raciste à Chemnitz, mais aussi à l’élection de Trump aux États-Unis, de Salvini en Italie, la coalition de droite avec l’extrême droite en Autriche,…

    La crise du capitalisme replace à l’agenda la nécessité d’un changement de société

    Depuis la crise de 2008, toute une génération de jeunes est confrontée à la réalité qu’ils seront plus mal lotis que leurs parents. Le programme antiraciste doit les organiser et lier la lutte contre le racisme à celle en faveur d’une autre société.

    Ce n’est pas une perspective utopique. La crise du capitalisme annoncera inévitablement le retour de la lutte de classe et un regain d’intérêt pour les idées socialistes. Dans certains pays, cette nouvelle génération est déjà dans la rue et prend la tête des protestations de masse. En Espagne, en Irlande, aux États-Unis, en France, en Grande-Bretagne, la classe capitaliste est confrontée à une nouvelle génération politisée et radicalisée qui veut renverser le capitalisme. Cette génération commence à laisser sa marque sur l’agenda politique. Là où elle passe à l’action en masse, elle gagne en confiance et commence à défier la classe dirigeante. C’est un signe avant-coureur de ce qui va également se développer en Belgique.

    L’initiative des Étudiants de Gauche Actifs et de la campagne ROSA pour une sortie collective des cours à Gand en réponse à Schild & Vrienden peut représenter un événement déclencheur important. Une approche juridique ne suffira pas, pas plus qu’un discours moralisateur. Cette action peut mener à la création de comités antiracistes dans les écoles. Si les jeunes ont l’idée qu’ils peuvent imposer le changement, rien ne les arrêtera. Par la mobilisation, ils peuvent à nouveau montrer qu’ils sont plus forts, mais l’expérience de la lutte contre le racisme dans les années ’90 nous a montré que ce n’est pas suffisant.

    Outre la mobilisation, une réponse politique s’impose, allant à l’encontre du climat de racisme et de discrimination qui prévaut dans les médias de masse. Elle doit aussi lier la lutte des jeunes à celle de toute la classe ouvrière à travers un programme de transformation socialiste de la société. C’est la seule garantie pour pouvoir mettre une fois pour toutes un terme à un monde dans lequel une petite minorité condamne la majorité à se battre pour les déficits que cette première a créés.

     

  • Pourquoi un plan radical d’investissements publics est-il nécessaire ?

    L’échec de l’austérité illustrée par l’infrastructure délabrée

    Si quelque chose caractérise la période actuelle, c’est bien l’inégalité. Une poignée d’ultra-riches possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Comment y parviennent-ils ? Au prix d’un travail acharné, dit-on parfois. C’est vrai. Cependant, c’est notre travail qui les enrichit ! C’est non seulement le cas directement, puisqu’une partie de la valeur que nous produisons est accaparée par les patrons, mais aussi de façon indirecte, à travers la politique d’austérité. Celle-ci réduit considérablement les dépenses publiques. La pénurie de moyens frappe durement les soins de santé, l’enseignement ou encore les infrastructures (routes, bâtiments, etc.). Les conséquences sont désastreuses.

    La politique d’austérité signifie que la population ordinaire est de moins en moins protégée en cas de malheur. Jusqu’à un quart des ouvriers n’ont pas d’épargne et une personne sur six ne saurait pas s’en sortir un mois sans salaire. Mais le filet de sécurité collectif disparaît lui aussi : les chômeurs et les malades sont ciblés par des mesures de ce gouvernement (et les précédents). Disposer d’un logement abordable relève de l’impossible parce que les autorités n’investissent pas et laissent tout au marché privé, qui réalise de juteux profits. L’infrastructure délabrée met à nu un système qui ne génère pas d’optimisme ou de confiance en l’avenir. La confiance dans ce système devient progressivement aussi instable que l’était le pont Morandi à Gênes. La question n’est pas de savoir s’il va s’effondrer, mais quand.

    Pas de lumière au bout du tunnel

    Ces derniers mois, nous avons connu une timide reprise économique. En Belgique, la croissance est présente quoiqu’inférieure à celle du reste de l’Europe. De nombreux facteurs de risque – de la guerre commerciale en cours à l’instabilité politique, en passant par les montagnes de dettes – font de plus en plus craindre une nouvelle récession. Cela aurait des conséquences d’une portée considérable dans notre pays. En 10 ans, les mesures d’économie budgétaire ont été massives. Comment pourrait-on aller encore plus loin ?

    C’est pourtant la seule perspective avancée par les analystes. Le scénario optimiste dépeint une croissance de seulement 1,5% pour cette année et des chiffres similaires sont attendus pour les années à venir. En sachant que l’inflation est de 1,9%, on comprend de suite que la croissance stagne. Selon la logique néolibérale, le seul remède est de saigner encore plus le malade.

    La reprise économique de ces dernières années n’a signifié aucune amélioration de nos conditions de vie. Au contraire, les travailleurs ordinaires et leurs familles ont le sentiment légitime d’avoir été laissés de côté. Des mesures comme le saut d’index ont réduit nos salaires, les réformes des retraites nous obligent à travailler plus longtemps, les attaques contre la sécurité sociale et les nombreuses augmentations d’impôts indirects (du carburant au sucre) nous pressent comme des citrons. Mais il n’est possible de presser un citron qu’une fois. Si la reprise de ces dernières années n’a pas entraîné de reprise pour la majorité de la population, que signifiera une nouvelle récession ? Sous le capitalisme, la lumière au bout du tunnel n’existe pas.

    Les investissements publics diminuent

    Les investissements publics ont diminué de moitié depuis les années 1970. À l’époque, 5,5% du PIB était consacré à l’investissement public en Belgique, contre seulement 2,3 % aujourd’hui, soit 9,7 milliards d’euros. (1) Dans les années ‘70, 100 km de nouvelles routes se sont ajoutés au réseau alors que, aujourd’hui, il n’est tout simplement pas possible d’entretenir le réseau existant. De Tijd écrivait le 17 août : ‘‘Depuis la fin des années ‘80, les investissements publics n’ont guère suffi à compenser la détérioration des infrastructures existantes. En plusieurs années, le taux d’investissement a même été inférieur à ce qui est nécessaire pour faire face à la vitesse à laquelle le béton s’érode.’’ (2) En dehors de l’Irlande, aucun autre pays européen n’investit aussi peu dans l’infrastructure routière. Nous pouvons encore comprendre qu’il y a moins d’investissements dans les routes en Irlande : il s’agit d’une île avec une seule grande ville. Mais la Belgique est une plaque tournante logistique en Europe, facilement accessible depuis l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Pourtant, le montant d’investissement dans nos routes est lamentable.

    Même un économiste libéral comme Bart Van Craeynest tire la sonnette d’alarme : ‘‘La Belgique est au plus bas avec ses investissements depuis plus de trente ans. Moins investir a été perçu comme une économie facile, car les gens n’en ressentent pas directement l’impact. Mais les conséquences sont les mêmes : des tunnels bruxellois qui s’effondrent, des carrefours de circulation qui se bouchent ou des problèmes avec les chemins de fer. Les dommages économiques causés par le manque d’investissements sont bien réels.’’ La situation est telle que même les partisans idéologiques de cette politique qualifient ses conséquences de désastreuses.

    Au cours des dix dernières années, la baisse des investissements s’est encore accélérée. Dans l’Union européenne, l’investissement public est tombé à 2,7 % du PIB en 2016, son niveau le plus bas en 20 ans. La Banque européenne d’investissement a constaté que les investissements sont de 20 % inférieurs au niveau d’avant la crise financière de 2008(3), ce qui signifie que la reprise économique ne s’est pas non plus répercutée sur l’infrastructure publique.

    Bien entendu, l’investissement public ne concerne pas seulement les routes et les infrastructures. Environ un tiers des investissements sont réalisés au niveau local. Sur les 9,7 milliards d’investissements publics, 3 milliards sont réalisés par les villes et communes. Cela concerne les écoles et les crèches, les maisons de quartier, les infrastructures routières et cyclables, la politique de la jeunesse, les centres culturels, la politique de lutte contre la pauvreté… Bref, toutes les structures de base de notre vie quotidienne. En 2012, les communes ont dépensé 4 milliards d’euros en investissements mais, en 2017, ce chiffre est tombé à 3 milliards d’euros : un quart de moins ! Cela signifie qu’il faut réduire les services et les effectifs, que les services existants sont devenus plus coûteux et que toutes sortes d’impôts et de taxes touchent la population ordinaire.

    Massacre social parmi le personnel communal : 17.000 statutaires en moins !

    Les économies réalisées par les collectivités locales – tant en termes d’investissements que de ressources de fonctionnement – ont un impact majeur sur l’emploi : entre 2011 et 2017, le nombre de fonctionnaires locaux dans les 589 communes belges est passé de 156.582 à 139.687, soit une baisse de 17.000 ou 11%. (4) Certaines de ces fonctions ont été externalisées ou reprises par des contractuels, mais la diminution est spectaculaire et affecte évidemment aussi le personnel restant. Plusieurs employés communaux nous ont confirmé qu’il y avait une augmentation du nombre de burnouts, des cas de stress et des tensions sur les lieux de travail. La charge de travail, le sentiment d’insécurité au travail et le problème des pensions futures des travailleurs statutaires s’accentuent.

    En Flandre, la composition du collège échevinal ne semble pas faire de différence dans la diminution du nombre d’employés statutaires. A Anvers (dirigée par la N-VA), la diminution de -11% est même plus faible qu’à Gand (dirigée par le SP.a), où elle a été de -18%. Cependant, il existe une différence communautaire : la plus forte baisse se situe en Flandre avec -15%, contre -2% en Wallonie. A Bruxelles, le personnel statutaire a augmenté de +8%. Cela s’explique en partie par le fait qu’il y a plus d’agents statutaires en Flandre : ce pourcentage est encore de 36%, alors qu’il n’est que de 24% dans les communes wallonnes.

    La forte baisse des investissements publics dans le cadre de la politique d’austérité des années ‘80 a également entraîné des pertes indirectes d’emplois (un emploi sur quatre dans le secteur de la construction).

    Pourquoi n’y a-t-il pas d’investissements ?

    L’infrastructure et les services participent au tissu social d’une collectivité. Là où il y a des pénuries, les tensions augmentent. De plus, les déficits actuels sont dangereux. L’effondrement du pont Morandi à Gênes a tué 43 personnes. Et s’il y a une catastrophe demain dans un des tunnels de Bruxelles ? Ou si un pont s’effondre ? Il y a 31 ponts sur une liste flamande de vigilance accrue, environ 50 des 4.500 ponts wallons sont sur la liste des problèmes et à Bruxelles deux des 92 ponts sont sur cette liste des problèmes à surveiller.

    En 2016, le professeur de finances publiques Wim Moesen a déclaré : ‘‘Un pays civilisé consacre trois pour cent de son produit intérieur brut à l’investissement public.’’ (5) La Belgique se situe en dessous de ce niveau depuis une trentaine d’années. Ces dernières années, tous les investissements publics (du fédéral au communal) ont représenté de 2 à 2,5 % du PIB, la plupart de ces ‘‘investissements’’ étant en fait des amortissements et non de nouveaux investissements. L’investissement public net ne représente qu’une fraction de 1% du PIB. Il y eut même, certaines années, un désinvestissement net.

    Les investissements sont maintenus aussi bon marché que possible. L’ingénieur en génie industriel Wim Van den Bergh (Université d’Anvers) a déclaré dans DS Weekblad : ‘‘Techniquement, nous pouvons construire des ponts et des routes parfaitement pour les 50 ou même 100 prochaines années, les ingénieurs ont le savoir-faire. Mais quand mes étudiants arrivent sur le marché, on ne parle que de prix. Les marges sont devenues si faibles que la qualité en souffre. C’est ainsi que nous ouvrons la porte à la dégradation.’’ Van den Bergh ajoute : ‘‘Je me sens mieux quand je conduis sur une route bien construite ou quand j’entre dans un bel immeuble, tout comme c’est mieux pour le moral quand on vous enseigne dans un bel immeuble scolaire. Les bâtiments inesthétiques et les mauvaises routes rendent les gens tristes.’’ (6)

    Pourquoi n’y a-t-il plus d’investissement aujourd’hui ? questionne De Tijd dans un édito du 16 août 2018. ‘‘Parce que les autres dépenses devraient être supprimées. Les politiciens, cependant, préfèrent dépenser de l’argent en cadeaux pour plaire aux électeurs et aux groupes d’intérêt. Les investissements dans les infrastructures de base en souffrent.’’ (7) L’argent manquerait car il a été dépensé pour satisfaire la population ? C’est faux. Ce sont les cadeaux fiscaux aux ultra-riches qui représentent le problème.

    Le gouvernement affirme être en train de renverser la vapeur, il y a même un véritable pacte d’investissements. Lors de son lancement en mars 2017, le Premier ministre Michel a opportunément inclus les investissements existants tels que ceux de la liaison Oosterweel à Anvers ou encore l’achat d’avions de combat. Ce ‘‘pacte d’investissement’’ vise à porter l’investissement public à 3,2 % du PIB. Un comité d’experts a calculé que pas moins de 150 milliards d’euros pourraient être investis d’ici 2030. La plupart des idées restent toutefois vagues, sans propositions d’investissement concrètes et encore moins de propositions de financement concrètes. Avec ce pacte d’investissement, Michel dit qu’il veut transformer notre pays en un ‘‘nouvel eldorado’’. (8) Mais au cours de cette législature, aucun changement n’est survenu dans les investissements publics. Sous la pression de la logique d’austérité, les investissements sont restés inférieurs aux normes.

    Pour un plan radical d’investissement public

    Augmenter les investissements publics global, qui est passé de 2,3 % du PIB à 5,5 % comme au début des années 70, a plus que doublé. Si ces 2,3% correspondent aujourd’hui à 9,7 milliards d’euros d’investissements publics, 5,5 % représenteraient 23 milliards d’euros. Si plus d’un tiers à 40% devaient être investis par les municipalités, nous parlerions d’un budget de 7,7 à 9,3 milliards d’euros par an au lieu des 3 milliards actuels. Ces ressources sont nécessaires pour éliminer les déficits sociaux.

    Cela signifierait que les pénuries croissantes de logements sociaux, d’éducation, de garderies et de services pourraient être traitées dans le cadre d’un plan radical d’investissement public. Un tel plan donnerait à de plus larges couches de la population une meilleure perspective d’avenir : les ressources existantes et les possibilités technologiques seraient enfin utilisées dans l’intérêt de la majorité de la population, et non au profit d’une petite minorité. Les investissements seraient également plus durables.

    Aller chercher l’argent là où il est

    Les années de laisser-aller et d’austérité résultent en partie des défaites des luttes passées et de l’offensive idéologique néolibérale qui a poussé le mouvement ouvrier dans une position très défensive dans les années 1990. La situation évolue progressivement : aujourd’hui, même les défenseurs de ce système doivent reconnaître que les politiques menées conduisent à un manque de ‘‘civilisation’’, pour paraphraser les propos du professeur Moesen. Parmi les jeunes, on constate une recherche croissante d’alternatives aux Etats-Unis mais aussi en Europe : le socialisme est plus populaire que le capitalisme parmi les jeunes Américains. Au Royaume-Uni, le dirigeant de gauche du parti travailliste Jeremy Corbyn est largement le plus populaire parmi la jeunesse.

    Soyons honnêtes, il faudra se battre pour changer de politique. Les ultra-riches ne renonceront pas volontairement à leur position privilégiée. Sans rapport de forces, nous n’obtiendrons pas un plan d’investissements publics massifs. Cette lutte ne peut qu’être renforcée en étant d’emblée associée à l’idée d’une alternative au capitalisme : une société socialiste où les ressources disponibles seraient utilisées en fonction des besoins et des exigences de la population, les secteurs clés de l’économie étant aux mains des pouvoirs publics pour s’inscrire dans une démarche planifiée sous gestion démocratique.

    Les campagnes électorales menées par le PSL – à la fois avec nos candidats de Saint-Gilles (Gauches Communes) et de Keerbergen (Consequent Links) et, là où nous ne disposons pas de nos propres candidats mais appelons à voter en faveur du PTB, mais à rejoindre le PSL – soulignent la nécessité d’investissements publics massifs. Nous voulons préparer le terrain afin d’y parvenir par la lutte. Ce défi se pose également après les élections locales du 14 octobre : des administrations communales rebelles peuvent briser la logique d’austérité et construire un front de villes et communes désireuses de briser la camisole budgétaire qui les étouffe pour répondre aux besoins de la population. Il ne suffit pas de rejeter la politique d’austérité, nous devons également défendre de nouveaux investissements et de nouvelles réalisations sociales.

    Notes

    1) Nationale Bank: https://www.nbb.be/doc/ts/publications/other/Report_public_investments_fr.pdf
    2) “Belgische investeringen in beton lopen hopeloos achter,” De Tijd 17 augustus 2018, https://www.tijd.be/politiek-economie/belgie/algemeen/belgische-investeringen-in-beton-lopen-hopeloos-achter/10040516.html
    3) “België barst: een infrastructureel probleem. ‘We zijn al 30 jaar putjes aan het vullen’,” De Standaard weekblad 15 september 2018, http://www.standaard.be/cnt/dmf20180914_03743593
    4) “17.000 jobs weg bij gemeenten,” Het Laatste Nieuws 25 januari 2018, https://www.hln.be/de-krant/17-000-jobs-weg-bij-gemeenten~a08f8d54/
    5) “Gat in de begroting, gaten in het wegdek,” NRC 29 september 2016, https://www.nrc.nl/nieuws/2016/09/29/gat-in-de-begroting-gaten-in-het-wegdek-4516264-a1523957
    6) “België barst: een infrastructureel probleem. ‘We zijn al 30 jaar putjes aan het vullen’,” De Standaard weekblad 15 september 2018, http://www.standaard.be/cnt/dmf20180914_03743593
    7) “Investeringen,” De Tijd 16 augustus 2018, https://www.tijd.be/opinie/commentaar/investeringen/10040500.html
    8) “Experts presenteren Investeringspact van 150 miljard,” De Tijd 11 september 2018, https://www.tijd.be/politiek-economie/belgie/federaal/experts-presenteren-investeringspact-van-150-miljard/10048224.html

    Le Musée national de Rio de Janeiro détruit par la négligence

    Le manque d’investissement a des effets désastreux. Le Brésil en est un exemple remarquable. Le Musée national de Rio de Janeiro a été presque entièrement détruit par un incendie le 2 septembre. Le bâtiment et ses collections ont presqu’été totalement détruits. Le musée était le plus ancien du pays et contenait des pièces inestimables, dont le crâne de Luzia, le plus ancien vestige humain jamais trouvé en Amérique latine. Un membre du personnel du musée a déclaré : ‘‘C’est 200 ans de travail d’un institut scientifique, le plus important d’Amérique latine. Tout est détruit.’’

    Le musée attendait un prêt de 5 millions d’euros pour installer un système de détection et de lutte contre l’incendie. On savait depuis longtemps que le musée était en mauvais état, mais aucun fonds n’a été débloqué pour sa rénovation ou sa sécurité. Un anthropologue belge associé à l’Université de Rio a déclaré : ‘‘C’est un symbole de la situation dramatique à Rio et dans tout le Brésil : une réduction systématique des investissements dans la recherche historique et scientifique, dans l’éducation et dans le patrimoine.’’ Même le secteur de la lutte contre l’incendie a souffert du manque d’investissement.

    Le manque d’investissement dans la science et la culture a été dénoncé le 3 septembre. La réaction du gouvernement ? Les manifestants ont été dispersés avec des gaz lacrymogènes. On investit dans la répression, mais pas dans la science et la culture. Cela en dit long sur la santé du capitalisme.

  • Contrecarrer la politique d’austérité de la droite – Propositions pour renforcer la percée du PTB

    1er mai à Liège. Photo : socialisme.be

    Le but de ces élections est clair. Une victoire des partis au pouvoir sera interprétée comme un feu vert pour plus de casse sociale, plus de répression et encore moins de bienveillance à l’égard des plus démunis. Mais la gauche traditionnelle – les sociaux-démocrates et les verts – n’a pas de solution. Tout au plus leur programme est-il une version édulcorée de celui de la droite. Quant à leurs politiciens, ils ont parfois adopté un style de vie et une arrogance semblables. Leur argument massue, le ‘‘moindre mal’’, est de plus en plus absurde. Dans l’ensemble, seul le PTB est en faveur d’un véritable revirement politique. Au plus sa percée sera importante, au plus les travailleurs et les jeunes auront confiance en eux pour résister et riposter.

    Par Eric Byl

    C’est en raison de cette constatation objective que le PSL, à l’exception de Saint-Gilles, appelle partout à voter en faveur des listes du PTB quand elles existent. Cela ne signifie pas pour autant que nous renonçons à nos différends avec le PTB, ni que nous n’avons aucun commentaire à faire quant à son programme et ses tactiques. Facile de critiquer depuis le banc de touche ? Ce n’est certainement pas notre choix d’y être. Nous avons proposé à maintes reprises au PTB d’examiner ensemble la meilleure façon de renforcer sa campagne, y compris avec des candidats du PSL. Étant donné que le PTB est aujourd’hui le seul barrage crédible pour l’ensemble du mouvement ouvrier et la gauche contre la politique de droite, nous estimons qu’il aurait mieux valu que cette situation trouve sa réflexion sur les listes du PTB. La présence d’une force organisée telle que le PSL aurait été beaucoup plus convaincante que de se limiter à quelques candidats d’ouverture.

    Au moment où ont éclaté les scandales autour de Publifin, du Samusocial, etc. le PTB aurait pu prendre une excellente longueur d’avance à cet égard. Dans les sondages, il était en progression constante. C’est le seul parti dont les parlementaires gagnent l’équivalent du salaire d’un travailleur. Au côté des mouvements sociaux, des syndicats et de la gauche radicale, il aurait pu faire le tour du pays pour expliquer ce principe et tout ce que cela implique lors de meetings locaux de masse et même l’y soumettre au vote. Réduire de moitié le salaire des bourgmestres de Charleroi ou de Liège ? Pourquoi pas. Mais si les entreprises et les plus nantis continuent de s’enrichir, ce ne sera tout au plus que de l’ordre du symbolique électoral que la droite contournera. Il aurait été préférable de bâtir un mouvement autour de l’engagement des représentants des travailleurs à ne pas gagner plus que l’équivalent du salaire moyen d’un ouvrier qualifié.

    Le PTB aurait pu utiliser l’appel pour une coalition de gauche de la FGTB wallonne pour défendre un plan d’action d’investissements publics massifs dans le logement social, les écoles, les crèches et l’emploi via une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et réduction des cadences. Il aurait pu appeler à la formation de conseils communaux rebelles pour constituer un front de lutte contre la camisole de force budgétaire dans laquelle les autorités fédérales et régionales maintiennent nos communes. De cette manière, il aurait pu construire un front à partir de la base pour faire de la coalition progressiste proposée par la FGTB le véritable représentant du mouvement des travailleurs, de la jeunesse et des mouvements sociaux. Nous sommes conscients que ces propositions ne seront plus mises en œuvre avant les élections du 14 octobre, mais la même méthode peut également être utilisée dans la période précédant les élections du 26 mai prochain.

  • Des intercommunales publiques sous gestion de la collectivité !

    La libéralisation du marché de l’énergie en 2008 a entrainé une perte de dividendes annuels de près de 200 millions d’euros pour les communes belges au profit de fournisseurs privés tels qu’Electrabel, Lampiris/Total ou Luminus. Afin de compenser ces pertes, les communes exigent de plus en plus de revenus provenant des intercommunales qui continuent à gérer le réseau de distribution d’électricité et de gaz naturel sur leur territoire.

    Par Julien (Bruxelles)

    A Bruxelles, c’est le cas avec l’intercommunale SIBELGA contrôlée à 100% par les communes et active sur les 19 communes de la Région Bruxelles-Capitale. Dans la commune de Saint-Gilles, entre 2008 et 2012, chaque habitant a ainsi payé en moyenne 110 euros/an de taxes cachées sur sa facture d’énergie (redevances voiries, obligations services publics, etc.) ! Ceci n’est pas une exception, mais plutôt la règle. L’intercommunale Vivaqua (l’ancienne Compagnie intercommunale bruxelloise des eaux), quant à elle, a augmenté ses tarifs de 60% en 10 ans ! Malgré cette hausse, des canalisations sont encore composées de matériaux en fonte âgés de plus d’un siècle, faute d’investissements suffisants ! Celles-ci ont entrainé l’effondrement de plusieurs chaussées. Pendant ce temps, tant le privé que les politiciens s’en sont mis plein les poches. Ils continuent de privilégier leur enrichissement personnel au bien-être des usagers et du personnel des services publics.

    Le cas Brutélé

    Aujourd’hui, la majorité PS-SP.a-MR à Saint-Gilles propose de privatiser une autre intercommunale, Brutélé, dont elle reçoit chaque année 200.000 euros issus de sa participation avec 5 autres communes bruxelloises et 24 communes wallonnes. Brutélé exploite la marque Voo au côté de la société privée liégeoise Nethys. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 116 millions d’euros en 2016. Toutefois, selon nos politiciens, une entreprise rentable doit absolument être privatisée. Il y a un an, en août 2017, les communes bruxelloises impliquées dans Brutélé ont exprimé leur souhait de la revendre au plus offrant. Pourtant, sa valorisation est estimée à 300 millions d’euros.

    En juin 2018, Telenet Group s’est déclaré prêt à reprendre Brutélé en cas de privatisation. Telenet deviendrait ainsi le seul acteur de la télédistribution bruxelloise tout en bénéficiant d’une meilleure position pour acquérir Voo (détenu conjointement par Brutélé et Nethys).

    Nethys a beaucoup fait parler d’elle à l’époque du scandale Publifin (2016/2017). Il était notamment apparu qu’elle avait distribué 4,4 millions d’euros à dix administrateurs l’année précédente, parmi lesquels plusieurs mandataires du Parti Socialiste. Au cœur de ce scandale se trouvait Stéphane Moreau, administrateur délégué de Nethys et bourgmestre PS d’Ans. Plutôt que d’utiliser les moyens pour mener une politique sociale, les politiciens se comportent comme des rapaces capitalistes. Tant du côté de Telenet que de celui de Stéphane Moreau, Brutélé est uniquement perçu comme un moyen de conquérir des parts de marché et de s’en mettre plein les poches.

    Privé de services publics

    La libéralisation du marché de l’énergie a saigné les communes belges. Electrabel s’est enrichi et les consommateurs en ont payé le prix. Les politiciens responsables de cette débâcle nous imposent aujourd’hui l’austérité au prétexte que les moyens manquent. La privatisation de Brutélé et des autres intercommunales aura le même effet. Après des années de sous-investissements, les infrastructures et les services publics sont dans un état lamentable et le personnel se retrouve dans une précarité avancée. Par la suite, la situation est instrumentalisée pour ouvrir la voie à la libéralisation.

    A Saint-Gilles, Gauches Communes estime que les intercommunales devraient, au contraire, servir la collectivité. Nous défendons l’appel de la CGSP-ALR (Administrations locales et régionales) de Bruxelles via leur tract intitulé ‘‘Pas de moyens ? Plus d’argent ?… ça dépend pour qui !’’

    La CGSP-ALR insiste ; ‘‘ce système d’enrichissement personnel sur le dos des usagers et du personnel des services publics doit s’arrêter immédiatement ! (…) Ce sont ces mêmes personnes qui, en réunions de négociation, osent nous répéter qu’il n’y a pas d’argent, pas de budget pour l’amélioration de nos conditions de travail !!’’

    On ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas

    En finir avec la dictature de la finance implique de lutter pour la collectivisation du secteur financier. En finir avec les pratiques de Moreau & Co – et assurer que les autorités publiques œuvrent réellement au bien-être de la collectivité – signifie que les propriétés d’Etat doivent être effectivement contrôlées et gérées par les autorités, les travailleurs et les usagers et non tout simplement fonctionner comme des entreprises privées dans lesquelles les autorités sont simplement actionnaires.

    Les mandataires ne peuvent pas bénéficier de privilèges et doivent pouvoir être révoqués à tout moment par la population. C’est un principe que nous tenons à respecter : si Gauches Communes obtient des élus, ils s’engagent à vivre avec l’équivalent du salaire moyen d’un travailleur.

    Gauches Communes revendique la renationalisation des secteurs privatisés. Les richesses doivent servir à la collectivité, pour financer un plan radical d’investissements publics, pour la création de logement sociaux, de crèches et d’écoles en suffisance.

    Gauches Communes: ReprenonsNosCommunes.be

  • Une gauche ‘‘rhinocéros’’ plutôt qu’une gauche ‘‘respectable’’ !

    Avec l’accord d’été du gouvernement fédéral, Charles Michel et sa bande ont persévéré dans leur impitoyable politique de hold-up social. Uniquement dans les services publics fédéraux, 10.000 équivalents temps plein ont été perdus depuis 2015, soit 13% du personnel.

    Edito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste, par Nicolas Croes

    La société a véritablement été saignée à blanc par la politique d’austérité, alors qu’il était déjà difficile de citer un secteur épargné par le sous-investissement chronique. Depuis que le gouvernement ‘‘papillon’’ de Di Rupo a lancé les hostilités en décembre 2011 – après 541 jours de crise de formation du gouvernement – le montant des ‘‘efforts’’ d’austérité a dépassé les 50 milliards d’euros en 6 ans !

    Depuis 2012, l’avalanche de mesures antisociales n’a pas cessé, et ce à un rythme infernal avec le gouvernement Michel, sous prétexte d’assainir les finances publiques, de réduire la dette et de retrouver la croissance. Pour quel résultat ?

    Dès le premier contrôle budgétaire, en mars 2012, le compte n’y était pas. L’équilibre budgétaire prévu pour 2015 a été repoussé. De nouvelles économies ont été imposées. Encore. Et encore. Aujourd’hui, l’idée est d’atteindre cet objectif en 2020. Et devinez quoi ? À peine le budget 2019 a-t-il été décidé fin juillet que le Bureau fédéral du plan a averti que le déficit budgétaire en 2019 s’élèvera à 5 milliards d’euros de plus qu’indiqué par le gouvernement. Soit un trou de 8,2 milliards ! On connaît tous la chanson, c’est dans nos poches qu’il y aura un trou si on les laisse faire !

    Assez de la politique pour les riches !

    Il ne faut y voir aucune incompétence. Toute cette politique a bénéficié au grand capital. Les dividendes versés aux actionnaires explosent ! Les politiques fédérales ont permis aux dividendes de passer d’une ponction moyenne sur les bénéfices des entreprises belges de l’ordre de 50% avant la crise de 2008, à quelque 75% aujourd’hui (chiffres du CEPAG).

    Et, à côté des mesures fiscales pro-patronales, de nombreuses réformes ont visé à détruire les conquêtes sociales et changer le rapport de force en faveur des patrons et des grandes entreprises sur le long terme : remise au travail forcé des malades, loi travail, etc.

    Le patronat ne va pas arrêter d’imposer ses revendications à ses partenaires politiques. Si les syndicats prennent au sérieux leurs propres revendications, ils doivent chercher de véritables partenaires politiques, renforcer ceux qui construisent leur programme politique autour des intérêts du monde du travail et rompre avec ceux n’y sont pas prêts, ou qui trahissent leur programme à la moindre occasion.

    Ceux qui ressentent l’urgence de mettre fin à la casse sociale et qui aspirent à un changement fondamental de politique ne manquent pas. C’est ce que le secrétaire régional de la FGTB Thierry Bodson a exprimé en appelant à la constitution de futures majorités de gauche, appel réitéré à la rentrée. ‘‘Nous ne nous positionnons pas en tant que formateur mais si au lendemain des élections une majorité entre le PS, le PTB et Ecolo est mathématiquement possible, cela doit être la priorité des priorités pour ces trois partis.’’ Les élections locales du 14 octobre constitueront un bon premier test.

    Le PS s’est toujours plaint d’être l’otage de la droite lorsqu’il est au pouvoir. Mais la réaction d’Elio Di Rupo est aujourd’hui de préférer entrer en coalition avec Ecolo et DéFi (le seul parti qui avait ouvertement défendu l’âge de la pension à 67 ans avant les élections de 2014) plutôt qu’avec le PTB. Du côté d’Ecolo, le silence est assourdissant…

    De l’audace !

    Les mobilisations syndicales de cette rentrée permettent d’imposer les thématiques sociales dans le débat politique et de donner confiance afin que la colère s’exprime également dans les urnes, à destination d’une gauche conséquente. Nous espérons que le PTB remportera des dizaines de conseillers communaux ce 14 octobre. Mais nous souhaitons surtout qu’il ne se contente pas de ce résultat et saisisse l’opportunité pour aller de l’avant.

    Cela exigera de transformer ces succès électoraux en larges mouvements de résistance, à l’image de ce qu’a fait la France Insoumise au travers de ses diverses initiatives pour soutenir la lutte contre Macron en France. Si la France Insoumise est devenue le principal adversaire de Macron et de La République En Marche, en reléguant le PS français dans les limbes, c’est en étant audacieux et en démontrant dans la pratique que son opposition à la droite ne se limite pas à des discours au Parlement, mais se fait en organisant des manifestations de masse en soutien aux luttes syndicales, etc. La France Insoumise a su démontrer que, en dépit de certaines faiblesses, elle était actuellement le meilleur véhicule pour la résistance sociale.

    En reposant sur la mobilisation active des travailleurs, le PTB pourrait, dès le lendemain des élections, appeler à construire un véritable front de la résistance sociale, en invitant toutes les personnes désireuses de lutter contre l’austérité à le rejoindre, dans le respect de leurs spécificités. Cela répondrait à l’aspiration de nombreux militants et activistes qui ne se retrouvent pas au PTB et cela forcerait la main au PS et à Ecolo pour qu’ils se prononcent clairement en faveur de la lutte contre l’austérité.

    Il est aussi possible que le PTB entre dans des majorités progressistes communales. Mais, pour appliquer un véritable programme visant à répondre aux besoins de la population, celles-ci seront obligées d’entrer en collision frontale avec la camisole financière dans laquelle les gouvernements régionaux et le fédéral maintiennent les communes. Dans les années 80’, le conseil municipal de Liverpool a trouvé la parade pour lancer son vaste programme d’investissements publics : il a construit un front de résistance d’une vingtaine de municipalités de gauche. Via des grèves et des manifestations de masse, il a forcé le gouvernement Thatcher à céder un refinancement de la ville. Pourquoi ne pas envisager cela aujourd’hui en Belgique ?

    Margaret Thatcher avait été surnommée la Dame de fer, ou encore le rhinocéros, en raison de son entêtement. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’une gauche de combat, une gauche rhinocéros, qui utilise chaque ouverture dans le débat public pour faire avancer la défense des intérêts des travailleurs tout en défendant ouvertement l’absolue nécessité de rompre avec ce système capitaliste pour construire une société alternative, une société socialiste démocratique. C’est tout à fait possible. Et nous n’avons de toute manière pas d’autre choix.

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    >> Rubrique de ce site consacrée aux élections communales

    Le PSL participera aux prochaines élections communales. Nous voulons utiliser cette période pour mener une campagne offensive pour un refinancement des communes et pour une politique socialiste au niveau local, mais aussi pour avancer la nécessité de rompre avec la politique d’austérité et de défendre un autre type de société.

    Notre campagne dans la plupart des villes et communes sera axée autour du mot d’ordre : ‘‘Votez pour le PTB, rejoignez le PSL’’.

    >> Le 14 octobre, votez PTB! Vous voulez rejoindre la lutte ? Rejoignez le PSL!

    Nous nous présenterons tout de même dans deux communes sur des listes de gauche large.

    À Keerbergen (Brabant flamand), nous nous présenterons sur la liste Consequent Links (‘‘Gauche conséquente’’). Nous jouissons là d’une position spécifique : nous sommes la seule liste à gauche présente aux élections, et nous avons construit une couche large de sympathisants qui participent à nos activités et seront actifs avec nous durant la campagne électorale.

    À Saint-Gilles (Bruxelles), nous nous présenterons sur la liste Gauches Communes, une alliance de gauche inclusive avec le Parti Humaniste (PH) et des individus intéressés à s’unir avec un respect mutuel de la spécificité de chacun autour d’un programme. Avec cette campagne, nous voulons nous enrichir d’une expérience importante d’implantation locale et promouvoir l’idée qu’une élue véritablement socialiste pourrait prendre des initiatives visant à renforcer la mobilisation sociale et le rapport de force en faveur des travailleurs et de leurs familles, pour briser les carcans financiers et législatifs du fédéral et des régions qui imposent l’austérité dans les communes.

    >> Nous vous invitons à vous rendre sur le site de Gauches Communes !

  • Bruxelles : Meeting électoral de Gauches Communes

    Mercredi 3 octobre, 19h, au Pianofabriek, 35 rue du fort, salle Arenberg.

    Dans le cadre des élections communales du 14 octobre la liste Gauches Communes a Saint Gilles vous invite a son débat électoral public. Venez découvrir et débattre avec nos candidats et les militants de notre liste unitaire de gauche saint-gilloise.

    Oratrices :
    Anja Deschoemacker tête de liste, PSL-LSP.
    Fresia Fernandez 3ème, représentante du Parti Humaniste a Saint Gilles
    Marisa Cabal 5ème, responsable de la campagne ROSA à Bruxelles.

    >> Evénement Facebook

  • Elections communales : notre appel de vote pour stopper la casse sociale

    • Votez PTB dans tout le pays, votez Gauches Communes à Saint-Gilles !
    • Et rejoignez le PSL !

    Beaucoup se reconnaîtront dans le slogan anarchiste : “si les élections pouvaient changer quelque chose, elles auraient été abolies il y a longtemps”. C’est parce que ce slogan contient un certain degré de vérité. A l’approche des élections communales et provinciales du 14 octobre, nous serons submergés de publicité. Les mêmes politiciens hypocrites auront des débats interminables à la télévision et à la radio pour finir par dire plus ou moins la même chose. Leur dilemme ? Faire des promesses qu’ils n’honoreront pas dès que le patronat les rappellera à l’ordre ou, au contraire, se présenter sur le marché comme l’évidence pour appliquer la même politique patronale.

    Par Eric Byl

    La presse écrite sera pleine d’interviews et d’analyses. A cela s’ajoute le combat inégal pour les panneaux publicitaires, les tracts, les affiches aux fenêtres et dans les jardins et, parfois, sur les rares panneaux officiels, du moins là où ils n’ont pas encore été abolis, qui visent à donner une impression d’impartialité. Tant de discours pour ne résoudre aucun des déficits fondamentaux fera exploser le nombre de votes blancs et nuls ainsi que pour les candidats anti-establishment, qu’ils soient sincères ou hypocrites.

    Parallèlement toutefois, l’attention portée à la politique augmentera. Cela offre au PSL et à ses sympathisants l’occasion d’entrer en débat avec la famille, les amis, les collègues ou des gens encore inconnus. Nous proposerons de briser l’étau budgétaire impitoyable dans lequel les gouvernements du fédéral et des régions enserrent les villes et les communes afin de mettre en œuvre un plan massif d’investissements publics dans le logement social, l’infrastructure, la garde d’enfants, l’enseignement et les emplois décents. Une véritable autorité communale de gauche refuserait de rembourser les dettes et, avec d’autres autorités communales de gauche, constituerait un front de résistance pour réclamer ce que les autorités supérieures ont volé ces dernières années. Ce serait unique. Toutes les communes, quelle que soit leur composition, acceptent la contrainte budgétaire. Elles essaient de rétablir leurs revenus par le marketing urbain afin d’attirer les investisseurs privés. Leur politique de logement vise à attirer des couches intermédiaires mieux nanties et à chasser les résidents les plus pauvres. Les seuls gagnants sont les grands promoteurs.

    Les élections communales seront également un test pour les élections régionales, fédérales et européennes du 26 mai 2019. Les partis au pouvoir, en particulier la NV-A, saisiront l’occasion d’un bon résultat pour imposer une casse sociale encore plus agressive. Sur leur liste de souhaits : la limitation dans le temps des allocations de chômage, des négociations salariales individuelles au lieu des négociations collectives, la restriction du droit de grève et, selon certaines informations, le contrôle des fonds de grève et la personnalité juridique pour les syndicats de même que le retrait de la gestion des allocations de chômage et de maladie par les syndicats et les mutuelles.

    Nous ne prétendons pas que le PS, le SPa, Groen et Ecolo auraient fait les choses aussi brutalement. Mais jusqu’à présent, nous devons constater qu’ils n’ont pas de réponse face à la droite. Leur opposition porte principalement sur la forme et le rythme, jamais sur le contenu. Leur faiblesse fait la force de Michel, qui se réfère toujours à des gouvernements “socialistes” pour cautionner la politique d’austérité. Tant que cela représentera la seule alternative, les élections n’entraîneront en effet aucun changement fondamental, seulement de la frustration au grand plaisir de toutes sortes de populistes.

    Mais, tout comme ailleurs, une nouvelle force de gauche a le vent en poupe en Belgique : le PTB. Le PSL a d’importantes divergences d’opinion avec le PTB et ce dernier adopte une attitude condescendante à notre égard. Après avoir demandé comment nous pouvions contribuer à sa campagne et être restés sans réponse pendant 11 mois, nous avons sèchement dû essuyer un refus. La présence de parlementaires du PTB à la Chambre est néanmoins déjà inestimable. Elle assure à ce que les points de vue du mouvement ouvrier soient, pour la première fois depuis longtemps, entendus de temps à autre, tout particulièrement en Wallonie et à Bruxelles. Renforcer cette voix et la faire entendre en Flandre est le défi des prochaines élections.

    C’est précisément pour cette raison que l’appel de vote du PSL pour les élections communales est principalement en faveur du PTB. Nous estimons par ailleurs que les dirigeants syndicaux commettent une grave erreur en se liant exclusivement et trop étroitement avec le PS et le SPa pour la FGTB ou, pire encore, au CD&V pour la CSC. Ces partis sont en partie responsables de l’effondrement social et ont perdu toute crédibilité. Leurs résultats électoraux démontrent que les mots d’ordre politiques des dirigeants syndicaux sont dépassés. La base refuse de suivre et un changement de stratégie politique s’impose. Un appel de vote ouvert et incluant le PTB est la moindre des choses que les dirigeants syndicaux doivent faire.

    Nous espérons que le PTB remportera des dizaines de conseillers communaux, mais aussi qu’il se rendra compte que faire du bruit dans la marge ne suffira pas. Sa participation avec Groen et le SPa au conseil de district de Borgerhout (Anvers) a été carrément décevante. Sa grande réalisation, c’est ‘les patrons de place’, des jeunes nommés pour désamorcer des conflits et améliorer ainsi la qualité de vie dans le quartier. Ce n’est pas une mauvaise initiative mais, au lieu de former et de recruter ces jeunes en tant que travailleurs rémunérés, on a opté pour le volontariat dans un secteur qui, faute de ressources, doit de plus en plus compter sur celui-ci.

    A Keerbergen, où le PTB ne se présente pas, nous avons nous-mêmes pris l’initiative pour une liste de gauche conséquente. A Saint-Gilles (Bruxelles), le PSL dispose d’une véritable implantation, mais notre proposition de disposer de candidats sur la liste du PTB a également essuyé un refus. Avec le Parti Humaniste, un petit parti de gauche radicale, nous constituons le noyau dur de Gauches Communes, qui a obtenu 3,6% lors des précédentes élections communales. Gauches Communes défend une version détaillée du programme expliqué ci-dessus. Cela n’empêchera pas le PTB de remporter un ou plusieurs élus, mais un bon résultat pour Gauches Communes augmentera la pression sur lui afin qu’il ne se contente pas de ne faire que du bruit à la marge. Ailleurs en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles, là où ni le PTB ni le PSL ne sont présents, nous appelons à voter en faveur de candidats ouvriers de gauche sur les listes du PS, du SPa, d’Ecolo ou de Groen ; s’ils existent.

  • Pourquoi voter Gauches Communes à Saint-Gilles ?

    Gauches Communes est une petite liste avec peu de moyens, mais une grande volonté d’action. Notre présence durant toute l’année sur les marchés, aux diverses actions citoyennes et dans les boîtes aux lettres a eu le mérite de sortir le débat politique de l’Hôtel de Ville, des médias traditionnels et des débats pour spécialistes. C’est parce que nous avons insisté, à travers nos tracts et interventions, sur l’existence de pénuries dans les communes que la majorité s’est sentie obligée de répondre en communiquant son bilan des 6 dernières années dans toutes les boîtes de la commune.

    La majorité se vante d’avoir fait des efforts. Elle dit avoir créé 700 places dans les écoles, 100 logements sociaux supplémentaires et des crèches. Nous sommes convaincus que, sans la pression systématique de Gauches Communes, même ces maigres efforts n’auraient pas été fournis. Mais les pénuries dans la commune sont bien plus étendues que cela.

    Il manque 4 écoles, 30 crèches, 850 emplois décents et 3.000 logements sociaux si nous voulons assurer un avenir de qualité à chacun. Il faut un plan radical d’investissements publics. Le PS ne peut pas prétendre que l’électeur ne l’a pas suffisamment mandaté. Cela fait des années qu’il bénéficie d’une majorité absolue. Il aurait pu mettre en place une politique sociale depuis longtemps mais, malgré cette majorité absolue, il a au contraire préféré se lier aux libéraux. Il se sert de cela comme écran de fumée pour ne pas devoir appliquer une politique réellement de gauche. Que le PS ne se fasse pas d’illusions : lorsqu’il sera suffisamment brûlé et que la droite pourra faire sans, ses amis néolibéraux jetteront la social-démocratie et se serviront de la politique de celle-ci pour justifier une politique encore plus à droite, à l’instar de la tactique appliquée sur le plan fédéral par Michel face à son ancien partenaire Di Rupo.

    Heureusement, pour la première fois depuis des décennies, une formation plus à gauche que le PS a le vent en poupe : le PTB. Gauches Communes s’en réjouit et nous avons d’ailleurs demandé au PTB d’œuvrer à une unité plus large en ouvrant sa liste à des candidats de Gauches Communes. Malheureusement, le PTB a refusé. Aujourd’hui, nous en comprenons mieux la raison : les revendications phares du programme du PTB à Saint-Gilles se résument à des kits scolaires gratuits, la rénovation de 100 logements sociaux vides et l’ouverture des parkings privés de nuit aux riverains. C’est largement en dessous de ce qui est nécessaire pour satisfaire les besoins des habitants. La gauche doit avoir l’ambition d’appliquer une politique qui marque une différence fondamentale et ne pas se limiter à manœuvrer dans la marge.

    Un élu de Gauches Communes à Saint-Gilles peut marquer une telle différence à gauche. Il utiliserait sa position d’élu, joignant ses forces à celles des conseillers de gauche qui le souhaitent, pour prendre des initiatives afin de renforcer la mobilisation sociale et donc le rapport de forces en faveur des travailleurs et leurs familles. Un tel renforcement viserait à briser les carcans financiers et législatifs qui imposent l’austérité dans les communes de la part du fédéral et des régions.

    – Meeting électoral sur le programme de Gauches Communes : mercredi 3 octobre à 19h au Pianofabriek (35 Rue du Fort, Saint-Gilles).

    – Vous pouvez retrouver les grandes lignes du programme de Gauches Communes sur www.reprenonsnoscommunes.be

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