Category: International

  • Bruxelles. Manifestation massive contre le massacre à Gaza

    Ce dimanche, une manifestation particulièrement importante a eu lieu à Bruxelles pour protester contre le massacre de Gaza. Des dizaines de milliers de personnes venues des quatre coins du pays y ont participé. Les organisateurs ont d’abord parlé de 25.000 participants, puis de 40.000. Les manifestations de masse sont importantes pour exprimer la colère face à ce carnage, mais elle constitue également un contrepoids aux politiciens de l’establishment et aux médias grand public qui approuvent et soutiennent la violence de guerre. Vous trouverez ci-dessous le tract que le PSL a distribué lors de la manifestation, suivie de quelques photos.

    Pour une résistance de masse contre l’occupation, le siège, la pauvreté et le capitalisme

    La brutalité barbare de l’attaque de l’État israélien dépasse les massacres précédents à Gaza. Le nombre de morts augmente d’heure en heure, jour après jour, nuit après nuit. Les bâtiments réduits à néant par la quatrième armée du monde, avec un équipement militaire en partie fourni et payé par les États-Unis et l’Union européenne.

    Les grandes puissances impérialistes se sont unies pour soutenir la violence de Netanyahou. Joe Biden a promis 8 milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire à Israël, qui s’ajoutent aux 3,8 milliards de dollars versés chaque année par les États-Unis. La Commission européenne a d’abord menacé de supprimer toute aide aux Palestiniens, mais elle a dû faire marche arrière. Les banques, les assureurs et les investisseurs européens investissent des milliards d’euros par an dans l’armement et l’équipement nécessaire à l’occupation.

    Le seul moyen de stopper ça, c’est de construire un mouvement de masse dans le monde entier contre l’occupation, l’impérialisme et le terrorisme. Ce mouvement de masse peut, d’une part, soutenir la lutte contre l’occupation dans la région elle-même et, d’autre part, viser en plein cœur l’impérialisme qui contribue à financer le carnage. Les syndicats de Palestine appellent à la fin des livraisons d’armes. Cet appel devrait être soutenu par les syndicats en Europe et ailleurs.

    Pour un mouvement de masse contre l’occupation, le siège, la pauvreté et le capitalisme

    Dans le monde entier se manifestent la colère et l’entrée en action contre l’horreur à Gaza. Parallèlement, on assiste à des tentatives d’étouffer les protestations. En Allemagne et en France, les manifestations sont interdites, des étudiants ont été suspendus et des syndicalistes placés en garde à vue pour s’être exprimés contre l’occupation et la violence de l’État israélien. En Allemagne, le port de la Kufiya a même été interdit.

    Cela démontre de quel côté se trouve l’impérialisme occidental. C’est aussi pourquoi nous n’avons aucune confiance envers les solutions diplomatiques. Leur diplomatie n’est que la défense de leurs intérêts dans la région, qui coïncident avec les intérêts géopolitiques de l’État capitaliste d’Israël et des régimes répressifs des États pétroliers qui l’entourent.

    Les tentatives de répression des manifestations illustrent à quel point les élites dirigeantes en Europe sont effrayées par la puissance potentielle d’un mouvement anti-guerre véritablement massif. Cette crainte n’est pas injustifiée : les guerres se terminent généralement par l’usure, les défaites et les destructions, ou par des mobilisations de masse qui empêchent leur poursuite. La Première Guerre mondiale a pris fin à la suite de révolutions en Russie et en Allemagne. Les troupes américaines ont dû se retirer du Viêt Nam lorsque leurs pertes militaires étaient accompagnées d’une résistance anti-guerre grandissante à l’intérieur du pays, une résistance qui menaçait même l’ensemble du système capitaliste.

    La construction d’un tel mouvement anti-guerre, du niveau local au niveau international, basé sur des actions, des comités démocratiques et des manifestations de masse, voilà la seule solution pour que la solidarité internationale de masse se transforme en une pression mondiale sur la machine à tuer israélienne.

    La libération de la Palestine

    Le Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij (PSL/LSP) et notre organisation-sœur en Israël/Palestine, le Mouvement de Lutte Socialiste, soutiennent pleinement le droit du peuple palestinien à se défendre et à résister à la terreur de l’État israélien et à l’oppression systématique et raciste dans laquelle il vit, y compris par les armes. Mais la lutte armée ne peut et ne doit jamais être un substitut à l’action de masse et surtout pas un substitut pour la lutte politique. Nous défendons la constitution de comités démocratiques d’action de masse à l’image de ceux qui sont nés de la première Intifada (1987-1993), mais cette fois-ci avec un programme visant à la transformation socialiste démocratique de la société et non à s’aligner sur des régimes arabes capitalistes réactionnaires et dictatoriaux qui oppriment et exploitent leur propre peuple.  

    Les assassinats brutaux et aveugles de travailleurs, de personnes âgées et de jeunes assistant à un festival de musique doivent être totalement rejetés. Ces méthodes ne vaincront pas l’État israélien. Au contraire, l’aversion qu’elles suscitent chez les citoyens ordinaires en Israël et à l’étranger renforce la position des oppresseurs des Palestiniens.

    Il faut s’inspirer des méthodes utilisées lors des précédentes luttes du peuple palestinien, à savoir les grèves et les manifestations de masse, comme la première Intifada en 1987 ou la Grève de la Dignité en mai 2021, la dernière fois que l’État israélien a imposer sa terreur sanglante à Gaza. L’industrie israélienne de la construction a dû admettre que la grève avait paralysé les chantiers, avec une perte estimée à près de 40 millions de dollars en une seule journée, puisque seuls 150 des 65.000 travailleurs s’étaient présentés au travail. En Cisjordanie, depuis le début de l’année, les Palestiniens ont dû faire face à une répression encore plus forte en fermant leurs lieux de travail, leurs commerces et leurs services face aux pogroms des colons d’extrême droite et à la brutalité de l’armée israélienne. C’est aussi là qu’une telle lutte entre en conflit avec le programme politique et la stratégie du Hamas qui, avant cette nouvelle phase de l’occupation, réprimait encore les manifestations à Gaza contre la crise de l’énergie et l’envol des prix.

    Un changement socialiste révolutionnaire

    Les grèves, les manifestations et l’autodéfense organisée, avec des appels à la solidarité internationale, peuvent sortir le mouvement du désespoir. La lutte pour la libération nationale palestinienne doit être liée à un changement systémique révolutionnaire dans la région. La classe ouvrière et les pauvres de toute la région doivent s’unir dans une lutte contre l’ennemi commun qu’est le capitalisme et l’impérialisme. C’est ainsi qu’ils pourront prendre le pouvoir dans leurs mains collectives et transformer la société. Cela inclut la classe ouvrière juive israélienne, qui vit sous un État de plus en plus autoritaire qui restreint les droits démocratiques et souffre d’inégalités massives – avec 21 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Il s’agit d’un État dont l’oppression systématique des Palestiniens a conduit à un cercle vicieux de conflits, faisant d’Israël l’endroit le plus dangereux au monde pour un juif.

    La domination de l’impérialisme, des régimes oppressifs comme celui de l’État israélien et de ses divers voisins, ainsi que de l’exploitation capitaliste promet un avenir uniquement constitué de pauvreté, de violence et d’oppression. Ce système est incapable de répondre aux aspirations nationales et de garantir les droits des minorités. Il doit être renversé.

    Cela signifie qu’il faut retirer les vastes ressources de la région des mains du secteur privé et les soumettre à la propriété publique et au contrôle démocratique. Cela signifie construire un Moyen-Orient socialiste reposant sur le pouvoir démocratique de la classe ouvrière et des masses opprimées.

    – Halte au terrorisme d’État israélien !

    Solidarité avec toutes les victimes de la guerre, du terrorisme et du terrorisme d’État !

    – Pas touche aux droits démocratiques, défendons le droit de manifester !

    – Pour un mouvement de masse contre l’occupation, le siège, la pauvreté et le capitalisme !

  • La crise politique s’approfondit aux Pays-Bas

    Le quatrième gouvernement de Mark Rutte (VVD, Parti libéral) vient de chuter. Depuis la trahison du parti travailliste social-démocrate, la gauche politique est affaiblie et incapable de vaincre la droite. Les sociaux-démocrates ont ouvertement choisi des gouvernements néolibéraux depuis les années 1990, ce qui leur a coûté de nombreuses voix. En 2023, les partis établis « de gauche » ne représentent plus que 34 des 150 sièges de la Chambre basse.

    Par Jorein Versteege (Socialistisch Alternatief, ASI-Pays-Bas)

    Cinq partis de gauche sont présents à la Chambre basse. Le BIJ1 est considéré comme le plus à gauche. Parti né de la lutte contre le racisme et l’oppression, il se dit anticapitaliste, mais il a été marqué par une série de conflits internes exacerbés par l’absence de programme visant à construire l’unité dans la lutte contre toutes les formes d’oppression. 

    Le Parti pour les animaux se présente comme une variante radicale de la Gauche verte qui a intégré progressivement d’autres thématiques que celle du bien-être animal. En septembre dernier, il a connu une crise interne lorsque la direction du parti a voulu écarter la tête de liste. Les médias ont présenté les choses comme une bataille entre les fondateurs activistes de 2004 et une génération plus jeune plus modérée.

    La Gauche verte et le Parti travailliste constituent une liste commune pour les élections de novembre. Les sondages laissent présager une progression en termes de voix, surtout par crainte d’une nouvelle victoire de la droite. Mais ils ne sont pas dignes de confiance. Ils peuvent s’allier avec n’importe qui pour constituer un gouvernement et sont eux-mêmes de fervents partisans des lois du marché.

    Dans les sondages, le Parti socialiste (SP, un parti de gauche radicale) est en très mauvaise posture, avec seulement 3 à 4 % d’intentions de vote. Sa présidente Lilian Marijnissen semble conduire le parti à la défaite, une fois de plus. Le SP n’a pas gagné une seule élection depuis 2010. Cela fait des années qu’il refuse d’en tirer les leçons. Sa direction cherche désespérément à se rapprocher du monde politique traditionnel. Lilian Marijnissen a déclaré qu’elle serait heureuse de faire partie d’un gouvernement avec le VVD libéral ! Lorsque l’organisation de jeunesse du parti (Rood) a vivement critiqué cette déclaration, toute la structure a été dissoute.

    La confusion politique produit régulièrement des météores populistes. L’extrême droite a réussi à marquer des points avec des figures comme Geert Wilders et Thierry Baudet. Ces formations s’avèrent toutefois très instables. Nous pouvons nous réjouir que l’extrême droite néerlandaise se prenne régulièrement les pieds dans le tapis. Le Forum pour la démocratie (FvD), en particulier, a perdu des députés en raison du comportement de Baudet, qui croit fermement aux théories du complot et soutient Donald Trump et Vladimir Poutine. Le FvD a perdu plusieurs membres au profit de partis dissidents tels que JA21 et BVNL.

    Les nouveaux prétendants sont le Boer Burger Beweging (BBB, Mouvement agriculteur-citoyen) et le Nouveau contrat social (NSC). Le BBB a marqué des points sur base des protestations d’agriculteurs. Le Nouveau contrat social n’a pas encore de sièges, mais les sondages en font le futur plus grand parti. Il a été fondé par Pieter Omtzigt, ancien député du CDA (Appel chrétien-démocrate) considéré par beaucoup comme un homme politique intègre et différent. C’est en partie dû au rôle qu’il a joué dans la poursuite en justice des fonds de pension et, plus récemment, dans l’affaire des plus de 25.000 familles accusées à tort de fraude aux allocations familiales. Mais le Nouveau Contrat Social ne représente pas une rupture avec le système, il assurera précisément la continuité des mêmes politiques une fois au gouvernement.

    Malgré un paysage politique très fragmenté et l’absence d’une voix de gauche forte, les revendications radicales bénéficient d’un soutien certain. Par exemple, nombreux sont celles et ceux qui souhaitent que le gouvernement cesse de subventionner les combustibles fossiles. Beaucoup espèrent également des investissements dans la collectivité, tels que des salaires corrects liés automatiquement à l’augmentation des prix et de meilleures conditions de travail. Même en l’absence d’un parti des travailleuses et travailleurs doté d’un programme socialiste, le mouvement ouvrier et les socialistes anticapitalistes peuvent intensifier la lutte en ce sens.

  • Stop au bain de sang et à la guerre, stop au massacre à Gaza!

    Les Palestiniens assiégés de Gaza – la plus grande prison à ciel ouvert du monde, où vivent 2,3 millions d’opprimés – sont à nouveau bombardés par l’État israélien raciste et colonial à la suite des attaques sans précédent et aveugles du Hamas.

    La sauvagerie barbare de l’attaque de l’État israélien dépassera les massacres précédents à Gaza – le nombre de victimes augmente d’heure en heure alors que les bâtiments sont rasés par l’équipement militaire de la quatrième plus grande armée du monde, dont une partie est fournie et payée par les États-Unis et l’Union européenne. Toutes les voies d’évacuation ont été fermées, le point de passage de Rafah, la frontière entre l’Égypte et Gaza, a été bombardé à cet effet.

    Ces actions s’ajoutent à la rhétorique raciste dégoûtante des représentants du gouvernement israélien illustrée par un ministre israélien, Yoav Galant, qui a déclaré « nous combattons des bêtes humaines ». Le régime de Netanyahou resserre l’étau autour de Gaza en coupant l’accès aux médicaments, à l’eau, au carburant, à l’électricité et à la nourriture. Il s’agit d’un crime de guerre inavoué.

    Les principales puissances impérialistes se sont unies pour soutenir les actions de Netanyahou. Joe Biden a promis 8 milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire à Israël, en plus des 3,8 milliards de dollars qu’il lui accorde chaque année. Parallèlement, la Commission européenne a d’abord menacé de supprimer toute aide aux Palestiniens. Cette semaine, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a fait une déclaration dans laquelle elle soutenait implicitement la guerre d’Israël contre Gaza.

    Le gouvernement israélien est déterminé à punir collectivement Gaza pour l’attaque du Hamas contre des villes israéliennes le week-end dernier, qui a tué des centaines de civils innocents, juifs et bédouins palestiniens. Les assassinats brutaux et aveugles de travailleurs et de pauvres, y compris d’enfants et de personnes âgées, dans les villes, les kibboutzim, ainsi que de jeunes qui assistaient à un festival doivent être combattus sans réserve. Ces méthodes ne vaincront pas l’État israélien. Au contraire, leur aversion parmi les gens ordinaires en Israël et à l’étranger ne fera que renforcer la position des oppresseurs des Palestiniens.

    Solidarité avec les Palestiniens victimes des bombardements meurtriers à Gaza et avec les familles des victimes de toutes les communautés des deux côtés de la barrière !

    La libération de la Palestine

    Le PSL/LSP et notre organisation sœur en Israël/Palestine, le Mouvement de Lutte Socialiste, soutiennent pleinement le droit du peuple palestinien à la défense armée et à la résistance contre le terrorisme d’État israélien et contre l’oppression systématique et raciste qu’il subit. Cette lutte doit être organisée et contrôlée démocratiquement à partir de la base, avec l’implication des masses de travailleurs, de pauvres et de jeunes dans des comités de lutte démocratiques, organisés des deux côtés de la ligne verte, dans les villes, les villages, les lieux de travail, les écoles et les universités.

    Elle devrait reposer sur les méthodes des luttes précédentes du peuple de Palestine, des grèves et des manifestations de masse, à l’image de la première Intifada en 1987 ou de la grève de la dignité en mai 2021, la dernière fois que l’État israélien a infligé sa terreur sur Gaza. L’industrie israélienne de la construction a dû admettre que cette grève avait paralysé les chantiers, avec une perte estimée à près de 40 millions de dollars en une seule journée, puisque seuls 150 des 65.000 travailleurs étaient venus travailler. En Cisjordanie, la répression s’est encore accrue depuis le début de l’année. Les Palestiniens ont bloqué leurs lieux de travail, leurs magasins et leurs services face aux pogroms des colons et à la brutalité de l’armée israélienne.

    Un changement socialiste révolutionnaire

    La lutte pour la libération nationale palestinienne doit être liée à un changement systémique révolutionnaire dans cette région, unissant la classe ouvrière et les pauvres de toute la région dans une lutte contre l’ennemi commun qu’est le capitalisme et l’impérialisme. Ils doivent prendre le pouvoir dans leurs mains collectives et transformer la société. Cela inclut la classe ouvrière juive israélienne, qui vit dans un État de plus en plus autoritaire qui restreint les droits démocratiques et souffre d’énormes inégalités : 21 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Il s’agit d’un État dont l’oppression systématique des Palestiniens a conduit à un cercle vicieux de conflits, faisant d’Israël l’endroit le plus dangereux au monde pour un juif.

    La domination de l’impérialisme, des régimes oppressifs comme celui de l’État israélien et des différents États arabes, et du capitalisme dans cette région en général, promet un avenir uniquement fait de pauvreté, de violence et d’oppression. Ils sont incapables de répondre aux aspirations nationales et de garantir les droits des minorités. Il faut mettre fin à leur règne.

    Cela signifie qu’il faut retirer les vastes ressources de la région des mains du secteur privé et les soumettre à la propriété publique et au contrôle démocratique. Cela signifie de construire un Moyen-Orient socialiste reposant sur le pouvoir démocratique de la classe ouvrière et des masses pauvres.

    Lire également la déclaration de notre organisation sœur en Israël/Palestine (rédigée dimanche dernier)

  • Israël-Palestine : Une nouvelle guerre éclate dans un contexte de normalisation de l’occupation et de l’état de siège

    Face au bain de sang, lutter pour une solution fondamentale

    Les actions guerrières dramatiques de ce week-end – avec plus de mille morts jusqu’à présent – en Israël et dans la bande de Gaza ont ébranlé le monde. Cela pourrait être le début d’une plus grande instabilité et d’une guerre élargie. Voici un premier commentaire du Socialist Struggle Movement (Mouvement de lutte socialiste, section d’ASI en Israël-Palestine).

    • Solidarité avec celles et ceux qui ont perdu des proches ainsi qu’avec les hommes et les femmes ordinaires de toutes les communautés, des deux côtés de la barrière, qui font face aux horreurs de la guerre.
    • Au cœur de « l’échec » se trouvent l’arrogance de la politique gouvernementale de « gestion des conflits » ainsi que la normalisation de l’occupation et du siège, c’est ce qui a conduit à la guerre.
    • Ce qu’il faut, c’est une lutte pour arrêter la détérioration et mettre fin au siège, à l’occupation et à la pauvreté, dans le cadre d’une lutte pour une solution radicale aux cycles de conflits sans fin, dans le cadre du changement socialiste, sur la base de la garantie de l’égalité des droits à l’existence, à l’autodétermination, à la dignité et au bien-être.

    Déclaration du Secrétariat du Mouvement de lutte socialiste (ISA en Israël-Palestine)

    La guerre qui a éclaté samedi matin, avec une attaque surprise du Hamas d’une ampleur sans précédent (l’Opération Déluge d’Al-Aqsa) suivie d’une attaque dont on s’attend à ce qu’elle soit encore plus sanglante de la part du gouvernement Netanyahu (qui a officiellement déclaré l’état de guerre), continue de produire des événements horribles parmi les communautés, des deux côtés de la barrière. Ces événements sont d’une ampleur qui ne fait qu’empirer pour les habitants de la bande de Gaza, soumise au siège israélo-égyptien. Netanyahou a promis une « vengeance » qui transformerait « la ville du mal en une ville de décombres ».

    Parallèlement, le nombre de morts résultant du massacre de centaines d’habitants des villes et communautés du sud d’Israël et des tirs de roquettes aveugles augmente, y compris dans les communautés bédouines où il n’y a pas d’abris. Entre-temps, l’escalade militaire s’est étendue à la frontière israélo-libanaise, avec des tirs de roquettes du Hezbollah, qui semblent être un message d’avertissement contre une éventuelle invasion israélienne de Gaza. La crise pourrait se poursuivre pendant des semaines et même dégénérer en guerre régionale.

    Le choc, le chagrin et la peur règnent désormais parmi les habitants du district sud et d’autres districts d’Israël, et pas seulement parmi la population juive, et plus encore dans la bande de Gaza, au milieu des bombardements, alors que les habitants n’ont même pas d’abris ou de systèmes d’alerte aux missiles. Le Mouvement de lutte socialiste (ASI en Israël-Palestine) est solidaire de la population ordinaire, des parents des morts et des blessés de toutes les communautés, des deux côtés de la barrière, et des citoyens kidnappés. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le nombre de tués s’élève à plus de 700 dans le sud, issus de diverses communautés nationales, et à 500 dans la bande de Gaza. Tout cela alors que le gouvernement Netanyahou encourage la brutalité des punitions collectives, notamment en coupant l’électricité et en réduisant en ruines les bâtiments à Gaza. Il s’agit de terrorisme d’État.

    L’ampleur sans précédent des enlèvements de dizaines d’Israéliens et d’Israéliennes dans la bande de Gaza avait pour but, selon le Hamas, de limiter la puissance de feu du régime israélien et de servir de moyen de négociation pour la libération des prisonniers palestiniens. L’enlèvement des civils, y compris des enfants et des femmes âgées, mérite d’être condamné. Ils et elles ne sont pas responsables de la politique brutale du régime israélien dans la bande de Gaza et à l’égard des Palestiniens. Cette politique – qui comprend l’incarcération massive, avec procès militaire ou sans procès du tout, y compris d’enfants et de résidents palestiniens qui cherchent à manifester et à s’opposer à l’occupation militaire – est également ce qui a motivé les enlèvements en premier lieu. Une intervention militaire visant à libérer les otages entraînerait un grand nombre de morts. Il faut exiger du gouvernement qu’il permette un accord rapide et complet sur les prisonniers dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu.

    Nous appelons à une manifestation pour mettre fin à la guerre et aux politiques de punition collective et de « diviser pour régner », pour refuser de participer à une offensive de vengeance contre les habitants de Gaza, et pour lutter pour un changement profond de la réalité quotidienne, y compris la fin de l’occupation des territoires palestiniens et du siège de Gaza. De même, les appels à la grève de protestation et aux marches de la colère en Cisjordanie peuvent aider à construire la lutte nécessaire pour contester le statu quo – la dictature de l’occupation et du siège qui leur est imposée – tout en se préparant à l’autodéfense et à la protection des marcheurs et des résidents palestiniens.

    L’escalade militaire dans le conflit national n’est pas venue de nulle part. Le soi-disant gouvernement de droite dirigé par Netanyahou, Ben Gabir et Smotrich a agi avec toute sa vigueur non seulement pour nier l’opposition de masse au plan de « coup d’État légal » conçu pour renforcer son pouvoir, mais aussi pour consolider l’occupation, le siège et les colonies imposés à des millions de Palestiniens. Tout cela dans l’ombre d’une prétention arrogante à maîtriser la « gestion des conflits » et d’une prétention cynique à la promotion de la paix régionale par le biais du processus de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite sous les auspices des États-Unis.

    La crise guerrière aiguë et généralisée déclenchée ce samedi est survenue après deux cycles d’escalade militaire depuis la formation du gouvernement et après des années au cours desquelles la fréquence des cycles de conflit a augmenté en tant qu’expression de l’instabilité croissante de l’occupation et de l’état de siège. L’escalade actuelle présente des caractéristiques exceptionnelles qui marquent une nouvelle phase de confrontation.

    Attaque surprise du Hamas

    Le Hamas, que les gouvernements d’occupation capitalistes israéliens prétendent jusqu’à ce jour « dissuader » (récemment encore, le conseiller à la sécurité nationale d’Israël, Tzachi Hanegbi, a déclaré que « le Hamas est très, très modéré ») a temporairement franchi les frontières du blocus militaire avec une force de plusieurs centaines d’hommes armés, dont certains sont même venus par la mer et en parapente. Ces forces ont pris le contrôle du quartier général de la division de Gaza de l’armée israélienne, ont confisqué des véhicules militaires et se sont barricadées dans un poste de police de la ville de Sderot, dans le sud du pays. En outre, parallèlement à des éléments de guerre partisane contre les forces militaires, elles ont pris le contrôle d’un certain nombre de communautés israéliennes pendant de longues heures (jusqu’à plus d’une journée) et, dans le même temps, elles ont également eu recours à des actes terroristes : assassinats aveugles de civils, y compris de participants à un festival de musique, et enlèvement de dizaines de civils.

    En quelques heures, le Hamas a atteint ses objectifs politiques en réussissant, au-delà d’une démonstration de force, à compliquer la « normalisation » entre Israël et le régime saoudien, ainsi que l’Autorité palestinienne. Bien qu’il ne s’agisse pas du premier raid de l’aile militaire du Hamas au-dessus de la barrière de la bande de Gaza, c’est la plus grande démonstration de force militaire que le Hamas ait réalisée jusqu’à présent, avec un niveau de compétence et d’audace sans précédent, qui a également été enveloppé dans une rhétorique présentant l’opération comme une mesure de libération.

    Au cours des premières heures, quelques habitants de la bande de Gaza ont profité de la levée temporaire du siège pour franchir la clôture et marcher, ne serait-ce qu’un instant, hors du plus grand camp de prisonniers du monde, avec un sentiment d’exaltation. Pour une masse de résidents de Gaza et pour de nombreux Palestiniens en général, la possibilité d’assister, ne serait-ce qu’un instant, à une rupture de la clôture du siège et à une démonstration de force contre le pouvoir qui les emprisonne, piétine leur vie et leur refuse l’indépendance nationale et toute possibilité d’accéder au territoire d’où leur famille est originaire – cette possibilité en soi peut susciter de la sympathie à l’égard des forces du Hamas, présentées dans ce contexte comme une « force protectrice ».

    D’autre part, le régime israélien peut cyniquement profiter des dommages massifs causés aux civils israéliens pour entretenir le mythe selon lequel le blocus de la bande de Gaza est une politique « défensive » et mobiliser encore plus de « légitimité » pour tuer et détruire à grande échelle dans la bande de Gaza. Les deux millions d’habitants de la bande de Gaza vivent dans des conditions d’extrême pauvreté et de détresse, 63 % d’entre eux souffrant d’insécurité alimentaire, sans eau potable, sans infrastructures de base et sans liberté de mouvement. Alors que le régime israélien exploite politiquement les préoccupations existentielles et sécuritaires de la classe ouvrière juive pour promouvoir, entre autres, l’oppression et les attaques contre les Palestiniens, les attaques quotidiennes, ainsi que la dévastation et le deuil laissés par les bombardements israéliens au fil des ans, ont créé en premier lieu des possibilités politiques pour le Hamas. Il a pu exploiter le soutien désespéré d’une partie de la population palestinienne, même pour des actions réactionnaires d’attaques aveugles contre la population civile.

    En outre, étant donné que l’équilibre sanglant entre les victimes israéliennes et palestiniennes est souvent extrêmement asymétrique – avec des dizaines de morts palestiniens pour chaque mort israélien – les rares moments où l’on observe un équilibre numérique un peu plus « égal » peuvent en eux-mêmes renforcer le soutien désespéré au Hamas. Le Hamas peut se présenter comme ayant la capacité de « faire payer le prix », de se venger, voire de créer une dissuasion ou une force militaire capable de vaincre l’occupation et l’état de siège.

    Les dirigeants du Hamas savent qu’ils ne sont certainement pas capables de vaincre militairement la plus grande puissance militaire de la région. Au fil des ans, comme il est typique d’un pouvoir doté d’un programme politique de droite et pro-capitaliste – qui met en œuvre l’oppression politique, les attaques contre les travailleurs et les pauvres de Gaza, l’oppression des femmes et des personnes LGBTQ et la coercition religieuse – les dirigeants du Hamas se sont appuyés sur leur dépendance à l’égard des régimes de la région et des puissances impérialistes, et même sur des accords de « coexistence » avec Israël. Cependant, le Hamas cherche à donner l’impression d’une victoire par le biais d’un défi militaire – contrairement à l’Autorité palestinienne et aux régimes arabes – selon un schéma qui ressemble à celui du Hezbollah qui, en 2006, a montré de son côté les limites de la puissance régionale d’Israël et a menacé dans le passé de s’emparer de communautés israéliennes, comme le Hamas l’a fait aujourd’hui.

    Menaces de « victoire militaire décisive »

    Le gouvernement Netanyahou, qui prétendait avoir prouvé sa capacité à dicter complètement l’ordre du jour du conflit national et à « dissuader » toute résistance, a maintenant été exposé à une perte dramatique (bien que partielle) de contrôle sur les événements. Il tente de reprendre l’initiative par des moyens militaires. Il menace de lancer une attaque prolongée et de grande envergure sur la bande de Gaza, essentiellement pour protéger l’ordre existant d’occupation et d’état de siège qui a précisément donné lieu à la crise actuelle.

    Le ministre de la défense Galant menace de « briser la nuque du Hamas ». Cette menace est similaire à celle de Netanyahou lors de la campagne électorale de 2009, à savoir infliger une soi-disant « victoire militaire décisive ». Même avant cela, les gouvernements israéliens ont assassiné des dirigeants du Hamas et attaqué ses forces. Toutefois, entre les séries d’effusions de sang et le « rétablissement de la dissuasion », la capacité militaire relative du Hamas, bien que limitée, a augmenté et s’est développée au point que le régime israélien a été contraint de la prendre davantage en compte, tout en s’appuyant par défaut sur ses « accords » avec le gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza afin de préserver et de maintenir l’ordre existant. Une tentative du régime israélien de « vaincre militairement le Hamas » sera non seulement incapable d’éliminer le mouvement Hamas, mais aura également des conséquences déstabilisatrices à grande échelle, et c’est pourquoi le message du gouvernement Netanyahou utilise des termes plus vagues.

    La mobilisation des partis de l’establishment israélien de « l’opposition », qui se sont engagés à soutenir politiquement les politiques et les opérations militaires menées par la bande Netanyahou-Ben Gabir dans la crise actuelle, souligne leur responsabilité, y compris sous le gouvernement précédent, dans la situation actuelle. Les propositions de Lapid et de Gantz de réintégrer le gouvernement avec Netanyahou sous les auspices de la crise de la guerre – Lapid voulant remplacer les ministres d’extrême droite, tandis que Gantz est prêt à les avoir dans la coalition au pouvoir – prouvent par elles-mêmes qu’en fin de compte, les différences entre les partis sur les questions essentielles sont étroites.

    Netanyahou, dont le gouvernement, jusqu’à la crise actuelle, s’appuyait sur le soutien d’une minorité distincte du public israélien, a saisi l’occasion de promouvoir un large accord de coalition avec les partis de Lapid et de Gantz, sans rompre avec les partis d’extrême-droite. Cela correspond à l’intérêt de la classe dirigeante d’essayer de limiter une influence « aventureuse » de la part des ministres d’extrême droite en réponse à ces événements, et est également cohérent avec les pressions exercées ces derniers temps par Washington, afin de faciliter un accord de normalisation avec le régime saoudien. Cependant, Netanyahou craint de se débarrasser de Ben Gvir et de Smotrich, car il est en concurrence avec eux pour une base de soutien similaire.

    Le cœur de « l’échec » : la politique

    La question de savoir « qui a tiré le premier » dans la dynamique qui a conduit au cycle actuel peut susciter des réponses différentes compte tenu de l’escalade actuelle des tensions nationales, mais elle passe en tout état de cause à côté des causes fondamentales de la guerre. De même, la question de « l’échec du renseignement » de l’armée israélienne, 50 ans après la guerre de 1973, détourne l’attention du point principal : la racine de la crise est l’application de l’ordre existant dans lequel le capitalisme israélien, disposant de la plus grande puissance militaire de la région, impose l’occupation et l’annexion et nie les droits fondamentaux, y compris le droit à l’autodétermination, de millions de Palestiniens.

    Le soutien politique des gouvernements capitalistes du bloc impérialiste « occidental » aux actions militaires du gouvernement Netanyahou offre désormais une marge de manœuvre pour la poursuite du bain de sang et illustre une défense fondamentale du statu quo de l’occupation. La sécurité personnelle des gens ordinaires des deux côtés de la barrière non seulement ne les intéresse pas, mais est mise à mal à cause d’eux.

    Déjà, depuis l’époque du précédent gouvernement Bennet-Lapid, le nombre de morts palestiniens a connu une forte tendance à l’escalade et a battu un record de 20 ans. Les maisons palestiniennes en Cisjordanie ont été détruites à un rythme accéléré ; les attaques de l’État et des colons visant à déraciner les communautés palestiniennes se sont poursuivies, de même qu’une augmentation des provocations nationalistes religieuses par des éléments juifs de droite promouvant une guerre religieuse avec le soutien de l’État autour de la mosquée d’Al-Aqsa. La crise économique a intensifié la pression de la vie sous l’occupation. Cependant, le gouvernement Netanyahu-Ben Gabir a adopté une ligne encore plus dure à l’encontre de toute concession aux Palestiniens et a cherché à enterrer toute idée d’indépendance palestinienne.

    Simultanément, avec le développement des actions de protestation populaire et des conflits armés, les directions du Hamas et du Jihad islamique, sous les auspices du Hezbollah et de l’Iran, se sont efforcées de se présenter comme plus efficaces dans la confrontation contre l’occupation que le Fatah et l’Autorité palestinienne – qui traverse une crise de légitimité aiguë en raison de son rôle réel de sous-traitant de l’occupation. Face au nouveau gouvernement israélien de Netanyahou, le Hamas et le Jihad islamique ont annoncé cette année qu’ils agiraient comme un seul front dans la confrontation avec Israël, même si la direction du Hamas a préféré ne pas entrer dans un conflit direct avec Israël lors de l’embrasement de mai dernier dans la bande de Gaza et des raids de juillet en Cisjordanie. Cependant, il y a deux semaines, le 24 septembre, les dirigeants du Hamas, du Jihad islamique et du « Front populaire » ont annoncé, lors d’une réunion à Beyrouth, qu’ils renforceraient leur coordination afin d’intensifier les actions en réponse à l’agression du régime d’occupation.

    La crise dans la bande de Gaza et les protestations contre la barrière

    Cette annonce est intervenue au milieu d’une nouvelle série de manifestations palestiniennes sur la barrière de Gaza, qui ont été accueillies par une répression militaire. Le régime israélien craignait que les manifestations ne deviennent incontrôlables. Une évolution dans le sens d’une lutte de masse représente un risque plus fondamental pour le régime que des séries de confrontations militaires, surtout si l’on considère la capacité accrue d’un mouvement de masse à susciter des échos et de la sympathie au niveau régional et mondial, et même à influencer les travailleurs et les jeunes au sein de la population juive. Mais en général, le régime israélien craint une déstabilisation et le développement de conflits dans d’autres domaines, ce qui ferait pression sur Riyad pour qu’il ne conclue pas d’accord de normalisation.

    Cette crainte d’une déstabilisation a également, à maintes reprises au cours des derniers mois, conduit les chefs de l’establishment militaro-sécuritaire, en coordination avec Netanyahu et Gallant, à intervenir pour freiner l’extrême droite, en particulier avec les tentatives de Ben Gabir de faire avancer les attaques sur les conditions des prisonniers palestiniens. Le 29 septembre, le journal libanais Al-Akhbar a rapporté que le gouvernement israélien, avec la médiation égypto-qatarie, avait apparemment accepté un « retour aux accords précédents », une nouvelle augmentation symbolique des fonds d’aide qataris à Gaza, ainsi que le quota de travailleurs de la bande de Gaza entrant en Israël, l’expansion de la zone de pêche sur le littoral de Gaza, et des quotas d’exportation et d’importation. Apparemment, les forces militaires israéliennes ont ensuite été détournées de la bande de Gaza vers la Cisjordanie, ce qui a permis au Hamas d’exécuter plus facilement son plan en bénéficiant de l’effet de surprise militaire.

    Alors que l’Autorité palestinienne dirigée par le Fatah a fait part de sa volonté de coopérer à la normalisation israélo-saoudienne, le prince héritier saoudien Bin Salman a fait savoir que tant que rien ne s’y opposerait, les conditions des concessions israéliennes aux Palestiniens ne constitueraient pas des obstacles à la conclusion d’un accord. Cette insinuation, ainsi que l’aggravation de la crise dans la bande de Gaza, malgré les apparentes compréhensions, ont apparemment fait pencher la balance pour que les dirigeants du Hamas interviennent militairement à une échelle sans précédent dans le but d’accroître la pression sur Israël en « changeant l’équation ». Il s’agissait de démontrer la capacité à faire payer un prix plus élevé par des moyens militaires, notamment en perturbant le processus de normalisation, et, ce faisant, de créer une fausse impression politique de progrès dans la lutte contre le siège et l’occupation.

    Construire une lutte et promouvoir une issue

    Il est important de souligner que, face à un siège et à une occupation, ainsi qu’à une éventuelle invasion militaire, les habitants ont le droit de lutter contre les attaques dont ils font l’objet et de s’organiser pour se défendre, y compris par le biais d’une guerre de partisans. De nombreux Palestiniens ont dû être heureux de voir la destruction symbolique d’un certain nombre de véhicules militaires israéliens, compte tenu de la destruction, du deuil et de la détresse auxquels ils sont confrontés depuis des années dans la bande de Gaza.

    Mais il y a une différence entre une telle résistance – qui peut se développer de la manière la plus bénéfique lorsqu’elle s’inscrit dans une stratégie de construction d’une lutte de masse nécessaire aujourd’hui, et sous le contrôle démocratique de comités d’action élus (ce qui n’est pas compatible avec le programme politique et la stratégie du Hamas) – et les tirs aveugles ainsi que le fait de blesser la population civile, en particulier les femmes et les hommes travailleurs et pauvres de toute communauté nationale. Les attaques militaires du Hamas contre les travailleurs et les pauvres non seulement ne favorisent pas la libération du blocus et de l’oppression nationale, mais servent politiquement d’excuse à l’establishment israélien pour mobiliser le soutien en faveur d’attaques encore plus barbares contre les Palestiniens assiégés et occupés.

    Le ministre de la sécurité nationale, Ben Gabir, a déclaré un « état d’urgence sur le front intérieur », qui étend les pouvoirs de la police dans la sphère publique. Cette mesure pourrait également être utilisée pour accroître les persécutions politiques en général, et contre les activistes arabo-palestiniens en particulier. En arrière-plan, des rapports font état de militants d’extrême-droite qui cherchent à profiter de la crise pour attiser le schisme national et promouvoir des attaques contre la communauté arabo-palestinienne. Il est nécessaire d’organiser une lutte intercommunautaire contre les tentatives de l’extrême droite de promouvoir des attaques racistes et des affrontements nationalistes dans les rues des villes, et contre le gouvernement qui nourrit régulièrement ces éléments et leur donne une sécurité politique accrue à travers toutes ses politiques.

    Le fait que le gouvernement Netanyahou ait été confronté jusqu’à la crise actuelle à un mouvement de masse implique la possibilité, plus tard, de développer une large réponse de protestation avec des critiques sur les échecs et la responsabilité de cette guerre. Cependant, l’”opposition” officielle et la direction autoproclamée du mouvement de masse, qui agit au nom des capitalistes et des généraux qui profitent cyniquement de la lutte de masse contre le « coup d’État légal », se sont alignées sur le soutien politique au gouvernement et au bombardement des habitants de Gaza, et ont appelé à un gel des manifestations.

    Il est nécessaire de promouvoir la protestation et la lutte maintenant afin de montrer la direction nécessaire pour arrêter le bain de sang et résoudre les problèmes qui ont conduit à la guerre. Suite à l’expérience des événements de mai 2021, des actes de protestation et de lutte sont maintenant nécessaires – tels que la « grève de la dignité » palestinienne à l’époque, des manifestations de solidarité intercommunautaires sur les lieux de travail et dans les écoles, des piquets de protestation, des réunions syndicales pour prendre position – contre l’escalade militaire, contre les bombardements à Gaza, contre la politique de « Diviser pour régner », et contre la poursuite du siège et de l’occupation. Compte tenu de l’ensemble des politiques d’oppression nationale, de crimes de guerre et d’inégalité promues par les gouvernements capitalistes de droite, il est nécessaire de mettre à l’ordre du jour l’horizon d’une issue, pour la solution des problèmes fondamentaux, dans le contexte d’une lutte pour un changement socialiste dans la région, sur la base de la garantie de droits égaux à l’existence, à l’autodétermination et à la vie dans la dignité et le bien-être.

  • France. L’interdiction de l’abaya, basse manœuvre de diversion

    Macron et son gouvernement sont sortis victorieux, mais profondément affaiblis, de la bataille des retraites. Pour reprendre le contrôle de la situation, il leur fallait tenter d’amadouer de potentiels alliés à droite, injecter des éléments de division racistes dans la société et détourner l’attention des questions sociales. Le soldat Gabriel Attal, nouveau Ministre de l’Éducation nationale, a répondu « présent ! » avec l’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires. Comme l’a résumé le député de la France Insoumise, Thomas Portes: « Les fournitures scolaires augmentent de 11%. Les AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap, NDLR) et les professeurs sont en sous-effectif. Des parents ne peuvent même plus payer la cantine. L’urgence pour Gabriel Attal c’est de faire la police du vêtement : une décision islamophobe.»

    Par Stéphane et Myriam

    Aux femmes de décider !

    Macron a donné le ton de la rentrée politique: « il faut réduire significativement l’immigration » (en parlant du projet de « loi Immigration ») et « il faut reciviliser » (à propos des révoltes dans les banlieues fin juin). Interdire l’abaya, c’est une attaque de plus contre la communauté musulmane. Une attaque de plus aussi contre les femmes : vêtements trop courts, vêtements trop longs ; leur corps est en permanence instrumentalisé à des fins de divisions, à l’aide de l’islamophobie et du sexisme.

    Qu’il s’agisse d’une mini-jupe, d’un t-shirt troué, d’un crop top, d’un pantalon, d’un voile ou de l’abaya : nous défendons le droit des femmes à librement choisir de porter ce qu’elles désirent. Cela implique une opposition résolue aux conservateurs qui veulent interdire un vêtement, mais aussi aux autres conservateurs qui veulent l’imposer.

    Le port de l’abaya est présenté – à tort – comme une attaque contre la laïcité et la République. Interdire l’abaya ou même tout port de signe religieux, cela n’a rien à voir avec la lutte contre l’islam radical. La mesure est même plutôt de nature à en renforcer l’influence par effet boomerang. Si l’on veut s’en prendre à la force d’attraction de l’islam radical sur des jeunes aliénés de la société, il faut s’en prendre aux discriminations et à la pénurie de moyens, notamment dans le domaine de l’éducation. La question est totalement liée à la défense d’un enseignement de qualité accessible à toutes et tous, qui tienne compte des différents milieux et qui dispose du personnel qualifié en suffisance pour faire face aux discriminations au sein de l’établissement ainsi qu’à la pression des proches.

    Le prétexte de défense des droits des femmes sert régulièrement d’alibi raciste dans les pays occidentaux avec un aspect très genré : les hommes étant considérés comme « oppresseurs » et « dangereux », les femmes comme « victimes à sauver ». Il existe bien entendu des rapports de domination sexistes, mais ils sont présents dans toute la société. Mais les viols et agressions de quelqu’un comme Patrick Poivre D’Arvor sont considérées comme un cas individuel, alors qu’un cas de violence exercé par un migrant ou une personne issue de l’immigration est directement relié à sa « culture ».

    Pour rendre réellement possible de faire un choix en toute liberté, il est essentiel d’améliorer la position sociale de toutes les femmes dans la société et tout particulièrement de garantir leur indépendance financière. Cela signifie de se battre pour des allocations sociales qui dépassent le seuil de pauvreté, un salaire décent indépendamment du genre, de la religion ou de l’apparence, etc.

    Le rôle crucial du mouvement des travailleurs et travailleuses

    La révolte dans les quartiers socialement défavorisés à la suite du meurtre policier et raciste du jeune Nahel ainsi que le caractère partiellement émeutier qu’elle a prise ont souligné les faiblesses et les erreurs commises par les directions syndicales au cours des dernières décennies. Ce fut aussi le cas durant le récent mouvement contre la réforme des retraites. Tout porte à croire que le sommet des appareils syndicaux est incapable de considérer la classe travailleuse au-delà des couches traditionnellement organisées. De là l’échec à élargir la lutte au moment de la bataille des retraites et à réagir avec une approche de classe conséquente concernant l’abaya ainsi que la population musulmane et celles des banlieues.

    La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet s’est d’ailleurs favorablement prononcée concernant l’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires : « Si c’est considéré comme un signe religieux, évidemment qu’il faut l’interdire. » Macron n’espérait probablement pas trouver un tel soutien à sa volonté de diviser notre classe sociale ! Cette division se reflète aussi partiellement à l’Assemblée Nationale au sein de la NUPES, l’alliance de partis autour de la France Insoumise, regroupant des formations à gauche de Macron et à droite de la FI.

    Les syndicalistes et les militant.e.s de la FI ont un rôle important à jouer dans l’émergence d’un mouvement de lutte unifié. Mélenchon avait d’ailleurs remporté des scores exceptionnels dans les quartiers populaires lors de l’élection présidentielle 2022. L’alliance de la NUPES qui a suivi a toutefois mis à mal une partie de ce soutien puisqu’il a intégré des responsables de politiques d’austérité locales. Le collectif « On s’en mêle », un réseau d’acteurs de terrain des quartiers populaires lancé en soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon, avait ainsi rapidement exprimé sa colère et sa déception en dénonçant les logiques d’appareils de la NUPES qui s’étaient imposées à leur détriment.

    Les points forts et l’atmosphère combative du mouvement historique sur les retraites peuvent servir de levier pour une lutte de masse en faveur d’une hausse généralisée des salaires et des allocations, pour bloquer les futures lois « immigration » et « travail » et toute la politique austéritaire et oppressive. Le mouvement des travailleurs et travailleuses a un rôle crucial à jouer en défendant par la lutte un programme qui ne laisse personne au bord du chemin. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut assurer que personne ne se trompe de colère et ne s’oriente vers l’extrême droite ou son frère jumeau, l’islam politique réactionnaire.

  • Séisme au Maroc. Quand le manque d’infrastructure tue

    Vendredi 8 septembre, un terrible tremblement de terre de magnitude 6,8 sur l’échelle de Richter a frappé la ville de Marrakech. Si la ville a pu plus ou moins s’en sortir, ce n’est pas le cas de nombreux villages de l’Atlas, totalement anéantis par la catastrophe qui a causé près de 3.000 morts et le double de blessés. Les dégâts matériels sont estimés à 10 milliards d’euros, soit 8% du PIB du pays.

    par Arno (Liège)

    Il est assez facile d’imputer au hasard ces morts, les dégâts matériels et toutes leurs conséquences. La « Nature » nous rappellerait à quel point nous sommes petits et fragiles, et rien n’aurait pu empêcher ça. Comme l’avait rappelé Carmia Schoeman, titulaire d’une maîtrise en géologie des glissements de terrain et membre du WASP (section d’ASI en Afrique du Sud), à l’époque des séismes qui ont frappé la Turquie, la Syrie et le Kurdistan en février dernier : « Dans l’étude des géorisques, nous avons un dicton qui dit que les tremblements de terre ne tuent pas vraiment les gens, ce sont les bâtiments qui le font. »

    Dans les zones touchées, les normes qui auraient dû assurer une résistance plus importante des bâtiments n’étaient pas respectées. La région a pourtant connu précédemment d’autres tremblements de terre importants, en 1960 et 2004 notamment, dus à la situation du Maroc, à cheval sur les plaques tectoniques africaine et eurasiatique. Pire que ça, de nombreux villages de l’Atlas, les plus durement touchés car situés dans l’épicentre de la catastrophe et disposant d’une architecture rustique, étaient largement inaccessibles pour les secours, faute de route bien aménagée.

    Une catastrophe aggravée par les inégalités

    La chose est d’autant plus criminelle quand on sait que les régions les plus touchées sont également les plus pauvres. Le PIB par habitant de la région de Marrakech-Safi est de deux fois inférieur à la moyenne nationale. La population est essentiellement composée de paysans pauvres vivant d’une économie agricole de subsistance. La plupart ne disposent pas d’assurance. Si le pays dispose d’un Fonds de Lutte contre les effets des Catastrophes Naturelles (FLCN), le régime d’indemnités en cours depuis 2020 n’est pas capable de débourser plus de 100 millions par an selon la banque mondiale. Sans compter que l’indemnisation demande des démarches administratives impossibles à réaliser dans ces régions reculés où l’Etat est peu présent.

    Ces problèmes d’assurance peuvent rappeler, toutes proportions gardées, les dégâts causés par les inondations de juillet 2021 en Belgique et le manque de volonté des assurances d’indemniser les sinistrés. Cette comparaison n’est pas finie : si le séisme n’est pas la conséquence du réchauffement climatique, les inondations qui ont dévasté au même moment la Libye rappellent que les catastrophes naturelles risquent d’augmenter dans les années à venir, accroissant la nécessité de construire des infrastructures solides face aux périls qui s’annoncent.
    Mais les conditions actuelles du Maroc ne permettent pas une telle chose. Si le Maroc est la cinquième économie du continent africain et deuxième plus grand investisseur du continent, c’est aussi le pays le plus inégalitaire d’Afrique du Nord. Les trois milliardaires les plus riches du pays réunissaient à eux seuls 4,5 milliards de dollars en 2018 selon Oxfam, et l’accroissement de leur fortune en un an est égal à la consommation des 375.000 Marocains les plus pauvres sur la même période.

    Tout cela est dû à une politique économique globale tout entière offerte aux caprices du marché, notamment sous l’impact des plans d’ajustement structurel des années 70-80. À l’époque, face à la crise de la dette, les pays capitalistes développés avaient confié au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale la mission d’imposer une discipline financière stricte aux pays surendettés et notamment la privatisation d’une grande partie de l’économie, des transports entre autres.

    En 2011, le pays avait connu, comme de nombreux autres en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, une puissante vague de contestation contre le régime, le « mouvement du 20 février », face à un chômage de masse affectant particulièrement la jeunesse et une situation de désespoir socio-économique global, fruit des politiques évoqués plus haut. Le mouvement, bien que maîtrisé, continuait à alimenter un certain esprit, qui a pu se manifester à nouveau dans la région du Rif en 2016. Ces mouvements de masse étaient le signe de la volonté de larges pans de la population de lutter contre le régime dictatorial du roi Mohamed VI, soutenant avant tout les élites marocaines et impérialistes qui pillent de concert le pays au détriment de la population. Cependant, la puissance répressive du régime et le manque d’organisation politique capable de lui offrir un débouché avaient eu pour conséquence un échec du mouvement. L’esprit de contestation reste toutefois puissant au Maroc, et ce nouvel élément dramatique vient ajouter aux raisons de la colère, rendant plus nécessaire que jamais la constitution d’une organisation large des travailleurs, capable d’organiser la population autour d’un programme de rupture, afin d’investir dans les besoins sociaux vitaux de la population et de la prémunir contre de nouveaux désastres de ce genre.

  • Antifascisme et défense des droits LGBTQIA+ : entretien avec Ollie Bell (Trans & Intersex Pride Dublin)

    L’école de juillet d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) est toujours l’occasion d’échanges d’expériences et d’analyses entre militant.e.s, et cette année n’a pas dérogé à la règle ! Nous en avons profité pour discuter avec Ollie Bell, membre de notre section irlandaise, le Socialist Party, et l’une des personnes à la base de la Trans & Intersex Pride organisée à Dublin depuis 2018.

    « Nous avons connu de sérieuses avancées concernant les droits LGBTQIA+ en Irlande ces dernières années avec la victoire au référendum sur le mariage égalitaire en 2015 et la possibilité de quitter légalement le genre assigné à la naissance. Mais nous constatons toujours l’état lamentable des soins de santé en Irlande, tout particulièrement pour les personnes transgenres. Une seule clinique irlandaise s’occupe des personnes trans et la liste d’attente peut vous faire patienter 6 à 10 ans. Durant tout ce temps, il n’y a pas d’aide ni de nouvelles, on laisse les gens en plan.

    « Après de longues années, on a enfin droit à un rendez-vous extrêmement pénible de trois à quatre heures avec une pause de 15 minutes. Il s’agit d’un véritable interrogatoire sous un feu nourri de questions invasives : quelles sont nos habitudes concernant le porno, de quelle manière nous rencontrons nos partenaires, la nature de nos relations, nos rapports avec la famille et nos parents, si ceux-ci sont divorcés… Inutile de dire que c’est traumatisant.

    « Cet entretien s’effectue sous la suspicion permanente que l’on est peut-être pas une véritable personne trans, sur base de préjugés parfaitement scandaleux. On attend des personnes trans qu’elles se présentent en se conformant à l’extrême aux standards de genre en vigueur. Des femmes trans arrivent ainsi à la clinique en top et en jeans, mais vont se changer aux toilettes pour enfiler une robe et se maquiller. On doit correspondre aux standards de féminité ou de masculinité les plus stéréotypés afin d’être considéré comme une véritable personne trans. Et même après tout ça, l’accès à un traitement peut être refusé parce que vous êtes sur le spectre autistique ou sous un autre diagnostique, ou même simplement parce qu’on est bénéficiaire d’allocations sociales.

    « Le système de soins de santé existe bel et bien en Irlande, mais il est tellement difficile d’accès pour la vaste majorité des personnes trans… Et je ne parle ici que des adultes. Il n’existe aucune prise en charge pour des jeunes et des adolescent.e.s.

    « Quand nous manifestons, le premier changement que nous exigeons est l’abolition pure et simple du National gender service (service national de genre) pour le remplacer par une toute nouvelle institution reposant sur le consentement, un service public qui livre toutes les informations et l’aide nécessaires aux personnes trans afin qu’elles puissent librement prendre leurs décisions concernant leur autonomie corporelle et la façon dont s’effectue leur transition.

    « Parallèlement, nous avons assisté ces derniers temps à la croissance de l’extrême droite, un phénomène très récent en Irlande mais qui suit la tendance européenne. Ces militants s’en prennent aux migrant.e.s, mais aussi aux personnes LGBTQIA+ et mènent des actions aux centres pour réfugiés et aux hôpitaux, ou encore déboulent en nombre dans des bibliothèques pour arracher certains livres des étagères en harcelant le personnel.

    « Cela ne se passe pas sans riposte : cet été, les syndicats ont réuni 200 personnes devant le conseil municipal de Cork (deuxième plus grande ville d’Irlande, NDLR) pour réclamer une protection des bibliothécaires. Dans ce genre de mobilisation, on retrouve des travailleuses et travailleurs, des syndicalistes (essentiellement du syndicat Union) et la communauté LGBT mobilisée en solidarité.

    « La Trans & intersex pride est explicitement organisée par des socialistes anticapitalistes. Nous défendons un programme qui souligne l’importance des travailleuses et travailleurs en tant que classe sociale ayant des intérêts communs. Elle seule constitue une force capable de dépasser les petits changements législatifs pour lutter contre les inégalités et l’oppression inhérentes au capitalisme et construire une société axée sur l’épanouissement de chacun.e.

    « Nous avons grandi de manière significative dès la première édition en 2018, dans l’élan de la victoire obtenue concernant le droit à l’avortement, dont l’interdiction était jusque-là inscrite dans la Constitution irlandaise. De 3 à 5.000 personnes ont participé aux différentes éditions pour défendre les droits des personnes trans et intersexe. L’atmosphère de l’événement a été constamment plus radicale, la colère n’a fait que croître.

    « Un des éléments frappants est la compréhension croissante du rôle du capitalisme. Nous lions ce terrain de lutte aux autres mouvements sociaux et réclamons par exemple un accès à un logement abordable et de qualité pour chacun.e parallèlement à une solidarité active vis-à-vis des migrants. Ce sont des thèmes brûlants en Irlande et ils sont directement liés au fonctionnement du capitalisme. De plus en plus de gens sont enthousiastes quand nous expliquons la nature anticapitaliste et socialiste de notre combat, les applaudissements de la foule interrompent les discours ! Le mouvement a toujours été radical, mais ce type d’ouverture aux idées socialistes n’était pas visible en 2018 quand nous avons commencé. »

  • Femme, vie, liberté ! Un an après le meurtre de Jina Amini, la lutte continue !

    Tract d’ASI et du réseau international féministe socialiste ROSA préparé à l’occasion de la manifestation de solidarité qui a lieu à Vienne ce 16 septembre

    Un an s’est écoulé depuis l’assassinat brutal de Jina Amini par la « police de la moralité », qui a déclenché l’une des vagues de protestation les plus radicales et les plus larges de l’histoire de l’Iran contre la violence, l’oppression et la dictature. Les femmes et les jeunes étaient en première ligne de ce combat. Ils et elles ont inspiré non seulement des couches plus larges de travailleuses et travailleurs en Iran, mais également des millions de femmes à travers le monde. Aujourd’hui, les forces de l’État ont désespérément intensifié leur répression pour tenter d’empêcher les masses courageuses de descendre à nouveau dans la rue. Mais malgré les arrestations, les exécutions et les intimidations, les protestations n’ont pas cessé.

    La courageuse féministe, journaliste et militante ouvrière Sepideh Qolian a décrit dans une lettre les horreurs de son emprisonnement tout en précisant : « Les échos de ‘Femme, Vie, Liberté’ peuvent être entendus même à travers les murs épais de la prison d’Evin. »

    Pas de retour en arrière possible

    Les manifestations de rue se sont poursuivies et renouvelées au Kurdistan, au Khuzestan, au Sistan et au Baluchestan. D’autre part, des travailleurs et travailleuses se sont mis en grève au printemps dernier contre la fermeture de leur entreprise. Au printemps, des grèves ont éclaté dans plus d’une centaine de lieux de travail pour exiger une augmentation des salaires. Les retraitées et retraités continuent quant à eux de protester contre les effets insupportables de la crise économique. Ce n’est qu’une question de temps avant que le mouvement révolutionnaire ne se réveille et ne proclame, à la suite de Rosa Luxemburg : « J’étais, je suis, je serai ».

    Aujourd’hui, des femmes attendent que la police de la moralité les intimide pour avoir l’occasion de riposter verbalement et physiquement. Les arrestations et intimidations de la part des forces de l’État sont désormais régulièrement suivies d’une riposte spontanée, femmes et hommes se réunissant en une foule en colère visant à empêcher l’arrestation.

    La révolte courageuse des masses, menée par des jeunes femmes et des jeunes hommes, qui a conduit l’Iran au seuil de la révolution, ne sera pas oubliée par celles-ci. Au contraire, elle sert de base à une nouvelle vague du mouvement, qui se soulève à nouveau pour exiger la libération de tous les prisonniers politiques, la fin des brutalités policières et de la répression, ainsi que le renversement de l’ensemble du régime. Les mollahs ont clairement indiqué qu’ils ne feraient aucune concession. Tous les fils de l’État et de l’économie iraniens convergent entre leurs mains et ils ne renonceront pas volontairement au pouvoir et à la richesse. Le renversement du régime brutal des mollahs ne sera possible que par la seule force des masses organisées : toutes les personnes opprimées et en particulier la classe ouvrière, qui a le pouvoir de bloquer l’ensemble de l’économie.

    Pour une action indépendante de la classe ouvrière et des personnes opprimées

    Nous avons eu un aperçu du pouvoir potentiel de la classe ouvrière, des pauvres et des personnes opprimées à prendre leur destin en main avec la lutte héroïque des travailleurs de l’usine Haft Tappeh, avec les enseignants qui se sont mis en grève, avec les travailleurs du pétrole qui sont entrés en lutte. Les masses elles-mêmes sont la seule force qui devrait décider de l’avenir du pays. L’héritier de la vieille monarchie, Reza Pahlavi, et toutes les forces qui se sont ralliées à lui et à son programme ne représentent aucunement ces masses. Ils représentent la richesse et le pouvoir de l’impérialisme, mettent à l’écart les demandes des minorités et constituent une menace pour le mouvement. Afin d’étendre et de reconstruire le mouvement, nous devons nous assurer qu’ils ne constituent pas la seule opposition organisée au régime islamique. La large alliance et la “charte” formées en février par certaines organisations indépendantes de travailleurs et d’étudiants montrent les étapes nécessaires : une action coordonnée et organisée à partir de la base sur la base d’un programme et de revendications communs.

    Construire la lutte pour la liberté de la vie des femmes dans le monde entier

    Construire une véritable solidarité internationale d’en bas avec le peuple iranien : protester dans les rues, exiger de nos syndicats qu’ils prennent position, construire des groupes de solidarité en exil et, par ce biais, résister à toute forme d’intervention impérialiste. Les classes dirigeantes et les gouvernements des pays occidentaux ont volé les ressources et entraîné toute la région dans la guerre et la destruction. La course aux profits est leur seul intérêt, que ce soit sous la forme de sanctions qui frappent principalement les plus pauvres ou sous la forme d’accords pourris avec les mollahs. Ces gouvernements parlent hypocritement de solidarité avec les femmes en Iran, alors qu’ils contrôlent eux-mêmes le corps des femmes en interdisant l’avortement, en s’attaquant aux droits des femmes et des homosexuels, ainsi qu’en appliquant des politiques racistes telles que l’interdiction du hijab.

    Nos alliés sont les masses qui protestent en Syrie contre le régime réactionnaire, les étudiants et les femmes en Afghanistan qui poursuivent héroïquement la lutte contre les Talibans. Ce sont les masses qui protestent en Israël et en Palestine contre la menace de l’extrême droite et des fondamentalistes religieux. Ce sont les jeunes et la classe ouvrière en France qui protestent contre la violence policière et le racisme, ainsi que contre les difficultés économiques et la pauvreté. Ce sont les femmes, les jeunes et la classe ouvrière du monde entier qui souffrent des formes infinies d’oppression et d’exploitation, qu’il s’agisse de la violence sexiste, des meurtres racistes commis par la police, de la guerre ou de la catastrophe climatique. Le capitalisme est un système mondial qui entraîne le monde entier dans la destruction et l’horreur, y compris la perpétuation de régimes réactionnaires comme celui de l’Iran.

    C’est pourquoi la solidarité internationale signifie qu’il faut se battre partout où l’on se trouve, afin de s’assurer que l’appel à la “liberté de vie des femmes” devienne réalité : mettre fin au sexisme, au racisme, à la queerphobie et au système qui les sous-tend. Pour exiger l’égalité totale à tous les niveaux de la société, ce qui inclut la lutte contre les super riches qui volent et exploitent les masses laborieuses, poussés par le système du profit et de l’inhumanité.

    Un reportage racontait l’histoire d’une jeune fille. Dans sa classe, elle a enlevé son hijab obligatoire et le professeur a menacé de la renvoyer de l’école pour cette raison. Lorsqu’il lui a demandé son nom, elle a répondu : « Je suis Jina Amini ». Tous les autres élèves se sont levés et ont dit : « Nous sommes aussi Jina Amini ». Cette situation n’est pas exceptionnelle, elle est devenue une lutte quotidienne contre l’une des dictatures les plus répressives au monde. Ce courage et cette solidarité nous donnent une immense inspiration pour lutter pour nos droits, pour nous organiser maintenant et pour construire une force internationale socialiste-féministe.

    Construire la lutte pour

    L’arrêt immédiat de la répression sanglante, la libération de tous les prisonniers politiques, les syndicalistes et les étudiants, la réintégration de tous les travailleurs anti-régime licenciés et la riposte contre la police, l’armée, les gardiens de la révolution et toutes les forces de l’État ;

    Élargir la lutte pour la pleine égalité et la liberté des femmes et des personnes LGBTQIA+ à tous les niveaux : Se débarrasser de toutes les lois discriminatoires et lutter contre toute forme de violence et d’oppression fondée sur le genre ;

    Construire des structures combattives et démocratiquement organisées sur les lieux de travail, dans les écoles et dans les quartiers pour résister à la répression et pour discuter du programme nécessaire au mouvement ;

    Résister à toute forme d’impérialisme – États-Unis, Chine, Russie – Construire des organisations indépendantes de la classe ouvrière pour lutter en faveur d’une alternative au régime ;

    Lutter pour une démocratie réelle : construire une assemblée constituante révolutionnaire par des conseils de travailleurs, excluant toutes les forces qui ont été impliquées dans l’oppression et l’exploitation, afin de remplacer le régime par une république ouvrière socialiste démocratique avec tous les droits, y compris le droit à l’autodétermination, pour tous les groupes nationaux et ethniques.

    Construire une solidarité internationale de la classe ouvrière et des féministes socialistes : Organisez-vous avec ROSA et ASI pour aider à construire cette lutte ! Pour une lutte internationale qui remplacera le système capitaliste pourri qui alimente le racisme, le sexisme, l’impérialisme et la guerre par une société socialiste égalitaire, prospère et pacifique !

  • Coup d’Etat au Niger, menace de guerre au Sahel – Résistance internationale contre la guerre et le capital !

    Le coup d’État au Niger est un nouveau séisme pour l’impérialisme français et ses alliés. Jusqu’ici, la crainte du développement d’un mouvement antiguerre de masse à travers l’ensemble du Sahel a empêché les relais de l’impérialisme français dans la région (la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, Cédéao) d’intervenir militairement. Comment expliquer la succession de coups d’État dans la région ?  Pourquoi l’interventionnisme français est-il si rejeté ? Quel rôle les masses populaires peuvent-elles jouer dans pareille situation ? Que faire ici pour soutenir la lutte sociale là-bas ?

    Par Alain (Namur)

    Une défaite stratégique majeure pour la France

    Le président nigérien Mohamed Bazoum, renversé par une clique de hauts gradés de l’armée le 26 juillet dernier, avait été élu il y a moins de deux ans au cours d’un processus électoral contesté. Malgré cela, il a bénéficié du soutien de la France, des USA, de la Belgique, de l’Allemagne…  Le pays occupe une place géostratégique cruciale pour l’impérialisme français et il a servi de camp de base à plusieurs de ces pays pour leurs opérations militaires dans la région du Sahel. Il comporte également d’importantes mines d’or et surtout d’uranium.

    Sans surprise, la France a sévèrement condamné le changement de régime. C’est elle qui a le plus à perdre et l’Élysée a menacé d’intervenir: « Quiconque s’attaquerait aux ressortissants, à l’armée, aux diplomates et aux entreprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable », précisant quele président Emmanuel Macron « ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts. »Voilà qui met à nu ce qui se cache réellement derrière la pseudo défense de la démocratie et de la stabilité du pays.

    La lutte antidjihadiste dans l’impasse

    Depuis le début de la décennie passée, les médias belges et commentateurs politiques ont défendu de manière aussi soutenue qu’hypocrite l’envoi de troupes dans la région afin de combattre le djihadisme et de soutenir la « transition démocratique ». Les coups d’État au Mali, au Burkina Faso et maintenant au Niger illustrent de manière éclatante l’échec de la stratégie occidentale, reposant toute entière sur le soutien aux intérêts néocoloniaux de l’impérialisme français au détriment des droits démocratiques, économiques et sociaux de la population.

    Les analystes du phénomène djihadiste tentent généralement de faire accepter qu’il s’agit essentiellement d’un problème militaire. L’expérience démontre que le djihadisme, dans cette région comme ailleurs, ne peut pas être vaincu uniquement par les armes. Il faut s’en prendre à ses racines sociales.

    Quelle est la part de la religion dans le djihadisme sahélien ? Le politologue Jean-François Bayart explique : « Le Sénégal, le nord-ouest du Nigeria, le Tchad, majoritairement peuplés de musulmans, sont épargnés. L’islam en tant que tel n’en est donc pas la cause surdéterminante. (…) Leur djihadisme est d’abord le symptôme d’une crise politique – l’échec de l’intégration aux institutions de l’État de régions excentrées ou de populations défavorisées, notamment d’origine servile – et d’une crise agraire. (…) Face à l’État dit de droit hérité de la colonisation, et qui est surtout un État d’injustice pour l’immense majorité de la population ouest-africaine, les djihadistes apportent des solutions concrètes à cette crise multiforme. » (1)

    Une politique d’austérité imposée

    Les relations de dominations néocoloniales ont été considérablement renforcées suite à la crise économique de 1973 et à la crise de la dette publique des années ‘80. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont conditionné leur « aide » financière à des plans « d’ajustement structurel » qui ont forcé les pays tout juste sortis du joug colonial à accepter leur place de simples fournisseurs bons marchés de matières premières et de produits agricoles non transformés aux plus grandes puissances capitalistes. Parallèlement, une politique d’austérité brutale a été imposée aux gouvernements, ce qui a miné la confiance de la population envers les institutions politiques postcoloniales.

    Dans ce cadre, la question agraire s’est résumée au développement de monocultures sur base de grandes propriétés avec pour finalité l’exportation et la spéculation. Ce fut la source de perpétuels conflits inter et intra communautés. La crise environnementale globale dans cette région bordée de déserts a donné une nouvelle intensité à la problématique.

    De manière générale, les économies de ces pays sont très fragiles au vu de leur soumission totale aux aléas de l’économie capitaliste mondiale. La grande récession de 2008-09, la crise Covid et maintenant l’inflation ont fait remonter toutes les contradictions à la surface.

    Mobilisations populaires

    De puissantes mobilisations populaires ont régulièrement émergé elles aussi. Au Niger, de nombreuses manifestations ont eu lieu dès l’annonce de l’arrivée des militaires français chassés du Mali à l’été 2022. Mais les autorités nigériennes avaient qualifié cette présence militaire française de salutaire pour le pays tout en réprimant les mobilisations populaires. On comprend mieux le soutien manifeste d’une partie de la population aux militaires putschistes ainsi que son hostilité aux institutions légales.

    Un processus similaire est à l’œuvre dans toute la région. Il y a moins d’une décennie, la région avait été balayée par des mouvements sociaux contre des présidents désireux de s’accrocher au pouvoir avec un troisième mandat, comme « Y’en a Marre » au Sénégal et « Le Balai Citoyen » au Burkina Faso. Des aventuriers politiques procapitalistes ont détourné ces mouvements et ont bien vite oublié toutes leurs promesses sociales pour ne plus parler que d’élections au suffrage universel et au scrutin secret. Les classes dirigeantes ont donc gardé le pouvoir économique et étatique sous couvert de la légalité et ont continué à tout se permettre avec le soutien bienveillant de l’impérialisme.

    Nouvelle guerre froide et partage du « gâteau africain »

    Une intervention militaire de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) soi-disant pour « restaurer la démocratie » (c’est-à-dire la domination occidentale) est toujours possible. Les régimes militaires de Guinée, du Mali et du Burkina Faso ont quant à eux déclaré qu’ils considéreraient toute invasion du Niger comme une déclaration de guerre. Une guerre au Sahel impliquerait l’impérialisme français et ses alliés occidentaux derrière le Nigeria et les autres forces alliées de la Cedeao d’un côté et, de l’autre, le Niger, le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et, derrière eux, le groupe de mercenaires Wagner et les impérialismes russe et chinois.

    Rien jusqu’ici n’indique l’implication du groupe Wagner dans le coup d’État. Mais en cas de guerre, le nouveau régime cherchera du soutien d’une manière ou d’une autre, même si l’avenir du groupe Wagner est incertain. Ces dernières années, la Chine a gagné la place de premier partenaire économique en Afrique, mais reste jusqu’ici incapable de mener des opérations d’envergures à même de sécuriser ses investissements économiques. La région du Sahel peut rapidement constituer un nouvel objectif de première importance dans la nouvelle guerre froide qui oppose les impérialismes américain et chinois.

    Les dirigeants dans la région craignent toutefois l’opposition des masses aux aventures guerrières. De la même manière, au-delà des menaces verbales, la prudence de Macron illustre l’affaiblissement politique du capitalisme français sur la scène internationale, mais aussi de Macron lui-même en France notamment à la suite de la lutte en défense des retraites. Ici et là-bas, c’est la lutte de masse en toute indépendance des diverses forces impérialistes en jeu qui représenter la seule solution pour freiner la course à la guerre.

    Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge) et ses partisans au Nigeria et en Côte d’Ivoire défendent la nationalisation des secteurs-clés de l’économie (tels que les mines d’uranium) sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et de la population afin de répondre aux besoins sociaux: des investissements massifs pour développer l’infrastructure et les services publics, pour la création d’emplois et de perspectives d’avenir pour la jeunesse, pour l’adaptation à la crise climatique, pour le soutien aux petits paysans, etc.

    Le peuple nigérien doit mener cette bataille au sein des syndicats et dans la rue et développer des organisations révolutionnaires capables de formuler de telles revendications pour les populations de la région et prêtes à lutter jusqu’au bout pour les réaliser. C’est ainsi que l’on pourra en finir avec le djihadisme, mais aussi en finir avec les causes qui poussent tant de jeunes faire le choix de quitter le continent au péril de leur vie.

    Nous disons :

    * Non à la guerre et à toute invasion militaire du Niger.

    * Aucun soldat n’a besoin d’aller mourir pour défendre des régimes politiques qui appauvrissent et oppriment les masses travailleuses du Niger.

    * Non aux sanctions contre les masses travailleuses du Niger.

    * Pour l’unité des masses travailleuses et des soldats du rang afin d’agir ensemble contre le capitalisme et l’impérialisme.

    * Pour la solidarité avec les travailleurs du Niger et de la région du Sahel opposés au capitalisme et à l’impérialisme.

    1) « C’est la terre, pas l’islam, qui explique le djihadisme au Sahel », Jean-François Bayart, publié le 3 août 2021 sur www.letemps.ch.

  • Triomphe électoral de l’extrême droite en Argentine

    Ne nous laissons pas paralyser par la peur, organisons-nous et luttons !

    Lorsqu’il a été officiellement confirmé que le candidat d’extrême droite Javier Milei avait remporté les élections primaires ouvertes, simultanées et obligatoires (PASO, qui définissent les partis habilités à se présenter aux élections nationales) avec plus de 30 %, la surprise était grande parmi les analystes politiques. Ceux-ci s’attendaient à ce qu’il soit battu.

    Par Marcos Ariel (ASI-Argentine)

    L’autre grand perdant est le péronisme sous ses différentes formes, ralliés à la candidature de l’actuel ministre de l’économie Sergio Massa. La défaite de la coalition péroniste rebaptisée Unión por la Patria était prévisible, même si Massa aspirait à être le candidat le plus populaire, ce qui n’est clairement pas le cas. Ils sont arrivés en troisième position avec 27,27 %, ce qui en fait l’une des pires élections de l’histoire du péronisme.

    Le Frente de Izquierda y de Trabajadores-Unidad (FIT-U), qui aspirait à occuper une partie de l’espace laissé par la débâcle péroniste en augmentant son nombre de députés, a connu un résultat électoral médiocre, stagnant avec 2,65 %, un pourcentage légèrement inférieur à celui des élections présidentielles de 2019. Dans plusieurs provinces, il n’a pas dépassé le seuil électoral de 1,5 % qui détermine qui pourra présenter des candidats aux élections générales du 22 octobre.

    Ces résultats s’inscrivent par ailleurs dans un contexte de fort absentéisme : seuls 69% des électeurs se sont rendus aux urnes.

    Le résultat de l’élection, à savoir une quasi-égalité entre les trois candidats Milei, Bullrich et Massa, rend l’issue des élections d’octobre incertaine et aggrave la crise politique au sommet. La victoire de Milei soulève beaucoup d’incertitudes pour la bourgeoisie, car il est peu probable qu’il puisse mettre en œuvre son programme réactionnaire sans déclencher une rébellion populaire. Au-delà du résultat d’octobre, ces élections signifieront probablement la fin du bi-collaborationnisme avec lequel les capitalistes ont gouverné le pays au cours des dernières décennies autour du péronisme et de la droite. L’aggravation de l’austérité et l’attaque contre les conditions de vie déjà détériorées de la classe ouvrière seront plus importantes, quel que soit le prochain président.

    La colère canalisée par la droite

    Il ne fait aucun doute que la victoire de Milei suscite beaucoup d’inquiétude parmi les travailleurs et les jeunes les plus impliqués dans la lutte, qui doivent tirer les meilleures conclusions pour interpréter correctement cette situation, se préparer à intervenir dans la lutte de classe qui s’approfondira sans aucun doute au cours de la prochaine période et ne pas céder aux pressions du péronisme qui demandera une fois de plus de voter pour un candidat de droite afin d’éviter qu’un autre candidat de droite ne l’emporte.

    Bien que le vote pour Milei exprime un aspect de soutien programmatique de la part d’un secteur plus conservateur et rétrograde de la société, ce qui est fondamental, c’est qu’il s’agit d’un vote qui exprime la colère et la rage face à la situation sociale critique en vigueur dans le pays. Avec sa rhétorique contre la caste politique, il a été perçu comme un rebelle anti-système par des couches larges de la société, en particulier la jeunesse qui a utilisé son vote pour punir le péronisme et l’opposition de droite qui ont gouverné ces dix dernières années en alternance et qui sont responsables de la crise. Ils sont certains qu’avec l’une ou l’autre des deux coalitions majoritaires, leur vie ne s’améliorera pas et ils considèrent Milei comme l’espoir de quelque chose d’autre, peut-être. Ce n’est pas un hasard si celui-ci s’est approprié habilement le slogan de l’argentinazo, le soulèvement de masse qui a secoué l’Argentine en 2001 : « Qu’ils s’en aillent tous ».

    D’autre part, il apparaît avec une proposition économique concrète : la dollarisation de l’économie. Dans un pays dépendant du dollar américain, sa proposition est interprétée comme synonyme de stabilité, de pouvoir d’achat et de qualité de vie.

    Ce sont les deux thèmes centraux qui lui ont permis d’atteindre une grande partie de la classe ouvrière et de la classe moyenne inférieure, principalement des jeunes âgés de 16 à 30 ans, en majorité des hommes, sans attente de progrès d’aucune sorte, souffrant du manque de travail et de l’instabilité d’emploi.

    La responsabilité de la progression de l’ultra-droite n’incombe toutefois pas aux jeunes, mais à ceux qui leur ont volé leur avenir. Les responsables sont à la Casa Rosada (La Maison rose, le siège du pouvoir exécutif argentin). Le péronisme et ses différents secteurs avait promis en 2019 de revenir au pouvoir pour stopper la droite, enquêter sur la fraude de la dette extérieure et transformer la vie des gens. Au lieu de cela, ce gouvernement « de gauche » co-gouverne avec le FMI avec pour conséquence que 40% de la population vit dans la pauvreté, avec un taux d’inflation de 113% et une dévaluation du dollar à plus de 700 pesos (lorsque Alberto et Cristina Fernández ont pris le pouvoir, le dollar valait 70 pesos).

    Cet aspect est fondamental pour comprendre pourquoi la colère s’est exprimée à droite et non à gauche. Ce n’est pas par hasard que Milei a attaqué le socialisme et la gauche, en identifiant ce gouvernement comme socialiste. Mais si Milei devient finalement président et tente de mettre en œuvre son programme d’austérité brutale et de suppression des droits démocratiques, ces jeunes de la classe travailleuse l’accompagneront-ils sur cette voie ?

    Un glissement vers la droite, oui, mais un glissement électoral

    L’identification du gouvernement kirchneriste à la gauche, au communisme, au socialisme, au féminisme, etc. a permis à Milei et à JxC de débattre des droits sociaux concernant l’avortement, les droits humains, les piquets de grève et les communautés indigènes. Une grande composante idéologique de droite existe aussi dans les votes exprimés en faveur de Milei, mais c’est aussi le cas pour Bullrich. Ils représentent à eux deux  plus de 11 millions de votes. Tous deux veulent mettre fin au droit de grève et mettre en œuvre de nouvelles mesures d’austérité. Et bien qu’il soit clair qu’il y a un changement électoral à droite, cela ne doit pas être automatiquement considéré comme synonyme d’un changement à droite dans la société. Il est difficile de le transmettre dans la lutte des classes et c’est bel et bien cela qui sera en fin de compte déterminant pour l’avenir de la classe ouvrière.

    Le fait que le vote en faveur de Milei soit un moyen de punir la caste dirigeante est illustré par le fait qu’il a gagné non seulement dans 16 des 24 provinces, mais aussi dans celles qui ont connu des luttes sociales d’ampleur. Il a par exemple remporté 40% à Jujuy, où une grande rébellion populaire a affronté le gouverneur de droite Gerardo Morales, candidat à la vice-présidence de Rodriguez Larreta, qui voulait réformer la constitution provinciale pour enlever les terres riches en lithium aux communautés indigènes et les céder à des entreprises étrangères. Lors des récentes élections provinciales, où le vote de Milei n’existait pas, le FIT avait obtenu de très bons résultats en battant même le péronisme.

    Son meilleur résultat a été obtenu dans la province de Salta où il a gagné 50% des voix. Dans cette province, il y a trois mois à peine, une grande grève des enseignants a été brutalement réprimée par le gouverneur Gustavo Saenz, un allié de Sergio Massa.

    Dans le Chubut, où a eu lieu une énorme rébellion pour la défense de l’eau contre l’exploitation minière, l’extrême droite a également gagné.

    Même dans des provinces historiquement péronistes comme Tucumán, où le parti au pouvoir a remporté les élections provinciales il y a un mois, il a également gagné à Santa Cruz, un bastion du kirchnerisme, qui, pour la première fois en 32 ans, a perdu le pouvoir provincial.

    En quelques semaines, dans ces provinces, les enseignants, les travailleurs, les communautés indigènes sont-ils vraiment passés à droite et ont-ils soutenu un programme de privatisation de l’éducation et de la santé publique, de cession du lithium et d’autres biens communs ?

    Il y a sans aucun doute un élément d’opposition réactionnaire à ces luttes qui a été canalisé dans le vote pour deux variantes d’extrême droite que sont Patricia Bullrich et Javier Milei. Mais ce qui est fondamental, c’est que ce dernier a été utilisé comme un outil électoral pour punir le gouvernement national et JxC.

    C’est important pour déterminer qu’au cas où il deviendrait président et mettrait en œuvre son programme d’attaque contre la classe ouvrière, il serait difficile pour ses électeurs de le soutenir. Il ne dispose pas non plus d’une structure de parti nationale pour pouvoir contenir la colère. Contrairement à Trump ou Bolsonaro, il n’a pas de parti ou de secteur comme l’armée pour le soutenir. Il ne compte pas non plus sur la structure des églises évangéliques qui ne font pas partie de son parti. Cette faiblesse s’est constatée lors des premières élections provinciales où il a obtenu des résultats terribles.

    Le péronisme s’enfonce, mais respire encore

    Le péronisme a connu les pires élections de son histoire et se retrouve pour la première fois en troisième position. S’il a été battu au niveau national, il a évité la défaite grâce à sa victoire dans la province stratégique de Buenos Aires. En outre, la mauvaise élection de Juntos por el Cambio, qui n’a qu’un point d’avance, leur donne l’espoir de pouvoir renverser la situation pour le mois d’octobre, d’arriver au second tour et de rester au pouvoir. Pour cela, ils utiliseront toutes les ressources économiques de l’État pour faire voter une partie des 30 % d’électeurs qui se sont absentés et, fondamentalement, ils attiseront la peur du monstre fasciste, comme ils l’ont fait lors des élections de 2019. Il y aura une forte pression pour voter pour le moindre mal, Massa.

    Tous ces calculs sont inutiles si la crise sociale n’est pas abordée, et à cet égard, le péronisme au pouvoir n’apporte aucune réponse. Au contraire, au lendemain des élections primaires, le ministre et candidat Sergio Massa a décrété une dévaluation de 22% du dollar officiel, qui s’est rapidement répercutée sur les prix des produits de première nécessité. Ainsi, par exemple, le prix des médicaments a augmenté de 25 %, celui des carburants de 12 %, celui des aliments de 15 %, celui de la viande de 60 % et celui du pain de 20 %. Ces augmentations de prix s’ajoutent aux augmentations de prix cumulées pour l’année, de sorte qu’à la fin de l’année, l’inflation devrait être supérieure à 200 %. Les services tels que les transports publics, l’électricité et le gaz augmenteront également. Les annonces d’accords de prix stables avec les entreprises alimentaires et les grands supermarchés ne se concrétisent pas.

    C’est la réalité dont souffre la classe ouvrière et la campagne de peur risque de ne pas fonctionner et le second tour se jouera entre Milei et Bullrich.

    Il est évident que Milei risque de l’emporter, mais en même temps, le candidat du péronisme est un homme de droite qui, en plus d’être celui qui applique les mesures d’austérité brutales dont souffre le peuple et qui, dans ses premières déclarations, s’est opposé au droit de grève en critiquant les grèves des enseignants, est également un ancien dirigeant de l’Ucedé (un parti de droite pro-dictature aujourd’hui disparu) et un représentant direct de l’ambassade étatsunienne. Le péronisme demandera à la classe ouvrière de voter pour son propre bourreau.

    La meilleure façon d’empêcher l’ultra-droite d’arriver au pouvoir ou, si elle y arrive, de l’empêcher de mettre en œuvre ses projets, est de lutter dès maintenant contre le FMI et les mesures d’austérité du gouvernement, nous ne pouvons pas attendre octobre comme tentent de le faire les dirigeants syndicaux péronistes ou la gauche populaire qui fait partie d’Unión por la Patria (Union pour la Patrie). La tactique consistant à rejoindre le péronisme pour le “changer de l’intérieur” a échoué avec Alberto et échoue avec Massa qui, dans ses premières déclarations post-électorales, s’est prononcé contre le droit de grève.

    Les résultats du Frente de Izquierda y de Trabajadores-Unidad sont médiocres

    L’effondrement du péronisme ne s’est pas traduit par une croissance de la gauche. Sur les 6 millions de voix que le péronisme a perdues en quatre ans, aucune n’est allée à la gauche révolutionnaire, principalement regroupée au sein du Frente de Izquierda y de Trabajadores-Unidad (Front de gauche et des travailleurs – Unité). Comme nous l’avons souligné plus haut, le vote punitif, rebelle et anti-système s’est porté sur Milei.

    La crise interne du FIT l’a empêché de voir que le monstre grandissait. L’inévitable conflit entre deux listes, d’une part Myriam Bregman – Nicolás del Caño (tous deux du PTS) qui l’ont emporté sur la liste menée par Solano-Ripoll (Partido Obrero et MST), leur a fait oublier Milei, qu’ils ont minimisé, et d’autre part les différences n’ont pas été clairement expliquées aux électeurs de gauche.

    Mais le facteur décisif de la stagnation et de la régression électorale est dû à l’incapacité des forces qui composent le Front, qui existe depuis 10 ans, à créer une force qui aille au-delà des élections, qui agisse dans l’unité au sein des luttes quotidiennes de la classe ouvrière et qui soit une référence pour les milliers de militants qui ne font partie d’aucune des forces qui composent la FIT-U. Une telle organisation aurait la capacité de s’adapter à l’évolution de la situation et à l’évolution de la société. Une telle organisation aurait la capacité d’affronter Milei et tous les défenseurs du capitalisme.

    Ce débat, qui a été soulevé de manière positive par le PO et le MST. Il s’est reflété dans la plénière de la gauche convoquée à Buenos Aires en juillet et doit être suivi de nouvelles plénières et d’appels à l’organisation de militants dans tout le pays.

    Les bilans faussement optimistes, principalement de la part du PTS, qui voit une “consolidation des électeurs”, des pourcentages élevés dans des endroits spécifiques et une “victoire éclatante” dans les élections internes, ne servent pas la tâche de rassembler dans l’unité tous ceux qui veulent affronter les trois candidats de l’austérité.

    Les membres du FIT-U doivent réfléchir et changer non seulement en vue des élections d’octobre pour essayer de gagner le plus de voix possible, mais fondamentalement pour se préparer à la période qui s’ouvre et qui sera faite d’attaques toujours plus grandes contre la classe ouvrière. Il faut mettre de côté le faux optimisme et le pédantisme et organiser la résistance.

    Milei, Bullrich et Massa passeront, mais la colère et la rage resteront. La gauche sera-t-elle à la hauteur des futures rébellions des masses argentines indignées ?

    L’avenir est à l’organisation et à la lutte

    Quiconque croit qu’une victoire de Milei ou de Bullrich en octobre marquera la fin de l’histoire se trompe. La classe ouvrière argentine a derrière elle une grande tradition de lutte. Elle l’a récemment démontré lors de la manifestation de Jujuy, de la grève des enseignants à Salta ou des immenses mobilisations populaires à Chubut et à Mendoza pour la défense de l’eau.

    Nous sommes le pays du Ni Una Menos et de la marée verte (pour le droit à l’avortement), de la lutte pour le mariage égalitaire et des grandes mobilisations de femmes, du Nunca Más et des procès de féminicides, qui se poursuivent encore aujourd’hui, des mères et des petits-enfants retrouvés, le pays du grand mouvement piquetero (mouvement de masse des chômeurs) et de la classe ouvrière organisée. En bref, nous sommes le pays de l’argentinazo, dont les braises couvent encore et brûleront à nouveau tôt ou tard dans la classe ouvrière et les masses argentines. Cette tradition de lutte et de droits conquis ne sera pas facilement effacée par Milei, Bullrich ou Massa. Notre force réside dans la rue et la lutte.

    La rébellion de Jujuy nous montre l’avenir, quel que soit le vainqueur, nous devrons nous battre pour nos droits et pour avoir une vie digne d’être vécue. Ne vous laissez pas paralyser par la peur de l’avancée de l’ultra-droite, organisez-vous et battez-vous !

    C’est pourquoi nous construisons une organisation révolutionnaire en Argentine dans le cadre d’une organisation internationale qui rassemble des militants du monde entier, appelée Alternative socialiste internationale (ASI). La lutte contre l’extrême droite ne concerne pas seulement notre pays, mais aussi d’autres pays. Nous luttons contre la guerre et le fascisme, pour les droits des personnes LGBTIQ+ et le féminisme socialiste, pour la défense contre le changement climatique. Toujours ensemble avec la classe ouvrière pour organiser une révolution qui détruira ce système capitaliste et amènera au pouvoir ceux qui n’ont jamais gouverné auparavant : les travailleurs.

    Juntos por el Cambio : Coalition de droite formée en 2019, précédemment appelée Cambiemos. Elle comprend PRO, le parti de l’ancien président Macri, qui gouverne la ville de Buenos Aires depuis 2007, l’Union civique radicale, qui était au pouvoir lorsque l’Argentinazo a éclaté, ainsi que des péronistes de droite. C’est en tant que coalition qu’ils ont gouverné le pays entre 2015 et 2019.

    Le péronisme. D’abord appelé Partido Justicialista ou justicialismo, il s’agit du mouvement politique fondé par l’ancien président Juan Domingo Perón dans les années 1940 pour contenir la classe ouvrière en lui concédant divers droits sociaux. Il existe de nombreuses variantes du péronisme, mais on peut le diviser en deux groupes : d’une part, le secteur conservateur pro-patronal et, d’autre part, le secteur progressiste.

    Frente de Izquierda y los Trabajadores – Unidad. (Front de gauche et des travailleurs – Unité.) Formé en 2011 en tant que coalition électorale des quatre plus grands partis trotskystes : le PTS, le Partido Obrero, Izquierda Socialista et le MST (qui les ont rejoint lors des élections de 2019).

    Kirchnerisme. Secteur péroniste fondé par l’ancien président Nestor Kirchner en 2003 après l’explosion du péronisme due à la rébellion de 2001 dite “el argentinazo”. Avec une politique de redistribution des richesses et une rhétorique pro-droits humains et, dans certains cas, anti-impérialiste, le kirchnérisme a réussi à rassembler un large secteur de la classe ouvrière et de l’avant-garde de la jeunesse combative. Il a dirigé le pays de 2003 à 2015 et, depuis 2019, il occupe la vice-présidence du pays avec sa dirigeante Cristina Fernandez.

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