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Category: International
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Le capitalisme engendre la guerre et la misère!
Une réalité est que de par notre monde, ce sont des millions de jeunes et de travailleurs qui remettent en cause le système capitaliste. On assiste en effet à une remontée des luttes que ce soit en Europe ou en Afrique, en Amérique latine,…. Je vais faire le tour de plusieurs pays où la classe ouvrière s’est dernièrement mise en action.
Karim Brikci
Nigéria: En juin de cette année, l’économie nigériane était paralysée par une grève générale (il y a eu une dizaine de morts dans les manifestations). Et ce en réaction à la proposition d’augmenter les prix du carburant de 54%. Le gouvernement a donc dû réduire cette hausse des prix pour faire retomber la colère de la population afin de pouvoir exécuter plus tard les mesures prévues. Mais fin septembre, une nouvelle tentative d’augmenter les prix s’est heurtée à la même réaction de colère de la population. La principale confédération syndicale (NLC) annonçait une grève générale à partir du 10 octobre. Quelques heures avant le début de la grêve, le gouvernement retira son projet de hausse des prix. Ces victoires temporaires montrent très bien quelle force a la classe ouvrière organisée qui se met en action.
Algérie: multiplication des luttes : Depuis plusieurs semaines, les grêves se multiplient dans différents secteurs. Le ras-le-bol général de la population (majoritairement jeune) fasse au chômage massif, à la misère, à la corruption,….se fait de plus en plus ressentir. L’Algérie étant un pays riche en or noir ainsi qu’en richesses industrielles, de plus en plus de personnes s’interrogent donc sur le taux élevé de sans emploi, alors que les travailleurs et les jeunes ne demandent qu’à sortir de la crise. Désormais, la population s’exprime dans la violence, les émeutes deviennent presque le seul moyen de se faire entendre. On a assisté à une vague de grêves des cheminots, des enseignants,… La politique de privatisations au seul profit des capitalistes s’accompagne d’un délaissement complet de la population.(ex: les sinistrés du tremblement de terre de Boumerdès sont toujours sous des tentes alors que l’hiver approche).
Pologne: Depuis quelques mois, la Pologne est secouée par une vague de grêves et de manifestations. La plus spectaculaire a été la lutte des mineurs de Silésie contre le projet du gouvernement social-démocrate de fermer quatre mines et de supprimer 14000 emplois. Depuis le début des années 90, les emplois dans les mines sont passés de 450000 à 142000. Soutenus par la population de la région (le chômage atteint 36% en Silésie), des milliers de mineurs ont manifesté à Varsovie. Ils ont investi le siège du parti social-démocrate et le ministère de l’économie. Les capitalistes européens veulent l’ouverture du marché polonais, mais cela se fait au détriment des travailleurs du pays. Dans le contexte récessif européen, ce sont des dizaines d’entreprises qui sont en faillite et des milliers de travailleurs qui n’ont pas reçu de salaire depuis plusieurs mois.
Je pourrais ainsi continuer en remplissant le reste de notre journal mais le manque de place me fait arrêter là. Tout ça pour montrer que la propagande de la bourgeoisie qui dit que la lutte de classe est dépassée est tout à fait mensongère. Le monde n’a jamais été aussi avancé, en terme de production de richesses, d’avancées technologiques et techniques, d’innovations scientifiques, et pourtant un gouffre de plus en plus grand sépare les deux parties de la population mondiale (la classe dirigeante et la classe exploitée). Tout le monde se souvient encore de l’Argentine, des 68 morts de Kabylie, de la grêve générale en Inde,… Tout cela doit aussi nous faire comprendre qu’il y a un manque flagrant d’outils de lutte indépendants de la bourgeoisie pour les jeunes et les travailleurs. Un nouveau parti des travailleurs de masse serait déjà un grand pas dans cette direction. Pour nous, la société capitaliste doit être radicalement détruite et remplacée par une société où l’on produit en fonction des besoins de la population, donc une société socialiste. C’est pourquoi les révolutionnaires travailleront dans un tel parti pour en finir avec les illusions réformistes et convaincre de la nécessité du socialisme. Le CIO dont le MAS est la section belge oeuvre dans ce sens.
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Ca chauffe en Bolivie!
Octobre dernier, un soulèvement populaire contre le gouvernement éclate en Bolivie. Les tensions, nombreuses et déjà présentes depuis longtemps tournent en insurrection lorsque le peuple apprend le projet du gouvernenment d’exporter du gaz.
Rachel
Depuis 2001, la Bolivie est gouvernée par Gonzalo Sanchez de Lozada, qui mène une politique capitaliste en lien étroit avec les Etats-Unis. Le pays étant constitué essentiellement de mineurs et de paysans, les victimes de cette politique sont nombreuses et les conditions de vies sont précaires pour une majorité de Boliviens. Mais ceci n’a en rien inquiété leur président qui avait bien d’autres soucis. Pour la petite histoire, Gonzalo a séjourné de nombreuses années au Etats-Unis et en a toujours conservé un accent anglo-saxon, d’où son surnom de « gringo ». C’est au sein de cette collaboration Gonzalo-américaine que le projet d’exportation du gaz a vu le jour. Il s’agit en fait d’exporter du gaz via un port chilien au Mexique pour y produire de l‘électricité pour la Californie.
Les mouvements de grève contre ce projet ont commencé en Septembre, à El Alto, ville annexe de la capitale où se concentrent les populations les plus pauvres et les plus démunies. Le 7 Octobre, la situation s’aggrave. El Alto est totalement bloquée, et les affrontements entre le peuple et les forces de l’ordre commencent. Le gouvernement tente d’imposer l’ordre par la force : des chars et des mitrailleuses face à des gens avec des frondes et des bouts de bois. Cette répression violente fait une centaine de morts. Celui-ci exige alors non seulement l’annulation du projet d’exportation du gaz mais aussi la démission du président.
« Mourir plutôt que vivre comme esclave », cette phrase de l’hymne national devient le mot d’ordre. Au fil des jours, alors que les affrontements s’intensifient toujours plus, le mouvement s’étend aux autres villes et à tous les secteurs d’activités. Au sein même du gouvernement les contestations naissent, avec notamment la démission du vice-président qui condamne les violentes répressions. Seul au pouvoir, le « gringo » persiste et cela ne fait que confirmer le soutien qu’il a des Etats-Unis.C’est avec la naissance de mouvements solidaires avec le peuple dans l’armée et avec l’organisation de grèves de la faim un peu partout, que la situation tourne. Le 17 octobre, soit après 10 jours de conflit, Gonzalo cède, dépose sa démission et s’exile vers Miami. Il est évident que cet homme est une marionette. Et, de plus, peut-être que si les Etats-Unis n’étaient pas enlisés en Irak, ils seraient intervenus en Bolivie pour y maintenir leur influence. Pour l’instant, c’est Carlos Mesa, le vice-président qui assure l’intérim avant l’organisation de prochaines éléctions.
Le plus difficile reste à faire : créer une politique plus juste, pour que chacun puisse accéder au minimum vital. Le gaz ne fut que le catalyseur des frustrations d’un peuple victime de la misère et de la corruption. La population est lassée d’une situation dont elle ne voit pas le bout, où les gens doivent se débattre pour survivre. La grande revendication, au-delà du gaz, au-delà de la démission du président, c’est que soit pris en compte la soufrance et la misère, que soit écouté l’immense majorité qui constitue le pays. Qu’ils soient reconnus pour ce qu’ils vivent, pensent et espèrent du futur.
Cela est évidemment impossible au sein du capitalisme qui ne prend absolument pas en compte les besoins du peuple, mais qui fonctionne pour le profit d’un petit nombre, en utilisant le reste de la population. Un nouveau parti des travailleurs est nécessaire et serait déjà un pas en avant. Un parti dans lequel les marxistes révolutionnaires pourront défendre leurs idées afin de faire un contre-poids aux idées réformistes. Car il est clair pour nous que pour les travailleurs boliviens et ceux du monde entier, il est nécessaire de rompre avec le capitalisme pour mettre en place un système qui produit selon les besoins de toute la population.
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Mouvement des étudiants en France
A l’appel des étudiants de Rennes-II, en grève depuis le 5 novembre, une vague de grèves a touché les facultés hexagonales : elles étaient 22 à être en grève mercredi 26 novembre selon l’UNEF. Dans de nombreux cas, le personnel a suivi les appels de grève et de mobilisation.
L’ «appel de Rennes «dénonce» les réformes libérales dans le supérieur «et exige» l’abrogation des décret LMD (Licence-master-doctorat ; bac+ 3, bac+5, bac+8 ; l’application de la Déclaration de Bologne en France, ndlr) et le retrait du projet de loi sur l’autonomie des universités «. Selon l’UNEF, le caractère national des diplômes est mis-en-cause par le LMD qui « sous couvert d’une souhaitable harmonisation européenne, remet en cause la valeur de nos diplômes et l’égalité entre étudiants.»
Avec plus d’autonomie pour les universités, elles auront une plus grande souplesse dans l’organisation de leur cursus.
En Allemagne aussi, 20 mille étudiants allemands ont manifesté à Berlin jeudi le 27 novembre contre le programme d’austérité prévu par le gouvernment social-démocrate-verts. Il a été calculé que trois grandes universités allemandes auront 125 millions d’euros de moins en 2009 par rapport à leur situation actuelle.
Plusieurs facultés sont en grève. A Hambourg, un rassemblement pacifique de quelque 500 étudiants en grève a dû faire face à une répression policière féroce.
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Nigéria. Pour la libération immédiate des manifestants emprisonnés!
Appel international en solidarité avec le Democratic Socialist Movement (section du Nigéria du CIO).
Le Democratic Socialist Movement (DSM) condamne les arrestations et la détention de 6 militants socialistes ainsi que la dispersion violente de la manifestation organisée par l’ United Action for Democracy par la police ce mercredi 3 décembre à Lagos.
Parmi ceux arretés, il y a Bamidele Ature, membre de l’UAD; Dagga Tolar, membre de la direction du DSM et éditeur du Socialist Democracy (le journal publié par le DSM); Wale Balogun, membre de la direction du National Conscience Party (NCP), et trois autres activistes dont les noms ne nous sont pas encore parvenus. Les six sont pour le moment détenus dans le «State Police Criminal Investigation Bureau » à Panti, Lagos.
Avant d’arrêter ces activistes, la police a usé d’une forte violence pour disperser la manif. Les activistes arretés ont été brutalisés par les policiers qui les ont frappés de manière répétée avec le bout en bois de leur fusils.
Nous condamnons aussi l’assault de la police sur plusieurs journalistes.
Cette attaque vicieuse de la police ayant agi selon les instructions du gouvernement Obasanjo sur les droits démocratiques de se rassembler et de s’exprimer, est une expression de l’intolérance grandissante du régime et sa détermination de supprimer par la force si nécessaire toute forme d’opposition à la politique néo-libérale du FMI, de la banque mondiale et de l’OMC. Cette politique capitaliste anti-pauvre et impopulaire entraine des privatisations dans les services publics, les services sociaux comme l’éducation et la santé, l’incessante augmentation du prix de l’essence, et des attaques sur les droits démocratiques et syndicaux des travailleurs.
Nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle de ces activistes emprisonnés et la fin des violations des droits légitimes des travailleurs par le régime d’Obasanjo.
Finalement, nous (DSM) appellons les syndicats, le NLC, le NCP, la NANS (association nationale des étudiants du Nigéria), et les travailleurs et jeunes activistes à commencer à travailler pour construire un grand mouvement de masse des travailleurs, des pauvres et de la jeunesse pour s’opposer non pas seulement au régime d’Obasanjo mais à toutes les politiques antisociales et les gouvernements des classes dirigeantes partout dans le monde.
Au lieu de remplacer ces politiques et gouvernements capitalistes qui sont la source même de la misère et la pauvreté sans fin de la majorité de la population, il est temps que la classe ouvrière et ses organisations commencent à construire une alternative politique indépendante qui devra diriger les luttes vers une transformation socialiste de la société sans laquelle il ne pourra jamais avoir de solution à l’oppression économique et politique de la classe ouvrière.
Envoyez des lettres de protestation à l’ambassade du Nigéria de votre pays pour demander l’abandon immédiat des charges contre les détenus. Envoyez aussi des lettres de protestation au mail suivant : dsmcentre@hotmail.com
Segun Sango
General Secretary, DSM -
FSE: Citoyenneté ou Socialisme?
Samedi 15 novembre, 35 camarades d’Etudiants de Gauche Actifs et du Mouvement pour une Alternative Socialiste ainsi que des camarades de France, d’Angleterre, d’Allemagne, d’Ukraine, de Russie et du Kazakstan ont formé une délégation internationale de Résistance Internationale et de la Gauche Révolutionnaire (section soeur du MAS en France) au sein de la manifestation du Forum Social Européen (FSE) à Paris. La manifestation était massive. La presse parle de 100.000 manifestants. Les intermittants francais en lutte depuis des mois pour défendre leur statut étaient à la tête de la manif. Ceux-ci avaient déja manifesté à plus de 3500 deux jours auparavant lors de l’ouverture du FSE. Le caractère international (de fortes délégations de manifestants italiens, la délégation d’IG-Metal d’Allemagne,…) de la manif est très important.
Boris Malarme
50.000 personnes ont participé aux deux jours de « débat » du FSE. Nous sommes intervenus au Forum pendant plusieurs jours mais nous ne nous sommes pas limités à cela. Nous avons mené une campagne dans plusieurs unifs et lycées. Aucune affiche était présente dans les facs. Quasi aucune campagne n’a été menée à Paris pour sensibiliser les jeunes et les travailleurs. Le FSE s’est tenu quelque peu coupé de la population. Après le mouvement contre la réforme de Raffarin et contre la décentralisation de l’enseignement, beaucoup de jeunes et de travailleurs à la recherche d’une alternative à la politique antisociale du gouvernement s’étaient rassemblés dans le Larzac autour de José Bové (200.000 participants). Bové refuse que le mouvement antimondialiste fasse de la politique. Nikonoff, le président d’ATTAC dénonce le risque d’assimilation à l’extême-gauche si le mouvement est trop radical.
Le terme citoyeneté revenait de nombreuse fois lors des débats du FSE. Ce terme avait un sens révolutionaire lors de la révolution francaise de 1789. Il déclarait la fin des privilèges de la noblesse et l’égalité en droit. Mais comme le disait Lénine : «Le sens réel du mot d’ordre d’égalité ne peut résider que dans l’abolition des classes sociales». Ce terme aujourd’hui sème la confusion. Les travailleurs produisent toutes les richesses et ont en mains les armes pour mettre à plat toute l’économie. La bourgeoisie na plus aucun rôle progressiste à jouer aujourd’hui. Le mouvement doit arrêter de ce limiter à dénoncer les horreurs du capitalisme mais doit avancer une stratégie pour en finir avec ce système. EGA avance dans le mouvement la nécessité d’un monde socialiste. La classe ouvrière (les salariés) a la force potentielle de le réaliser.
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Blocage des salaires aux Pays-Bas
Les Pays-Bas sont en récession. Le gouvernement ne se limite pas à lancer une attaque en règle contre la sécurité sociale (pour économiser dans les soins de santé, les congés de maladie des salariés, la réglementation des fins de carrière, les allocations de chômage et les plans de carrières). Les coûts salariaux seront aussi concernés par les mesures d’austérité.
Jan Van Emous
Les prévisions de croissance économique sont de 0,6% pour 2004 (2% pour l’Union européenne) et on prévoit que le chômage augmentera de 100.000 unités en 2004, comme cette année. Le déficit public atteindra et dépassera l’année prochaine, malgré les solides mesures d’austérité, le seuil des 3 % fixé par le pacte de stabilité de l’Union monétaire européenne.
Aux Pays-Bas, les partenaires "sociaux" (gouvernement, employeurs et syndicats) sont arrivés à un accord pour un gel des salaires pour 2004 et 2005. En échange d’un report de deux ans de l’exécution d’une part minime du plan d’austérité (17 milliards d’euros) le mouvement syndical a promis de ne pas revendiquer d’augmentations de salaires lors des négociations pour les conventions collectives. Concrètement cela signifie que le pouvoir d’achat des salariés va faire un saut en arrière. L’indexation automatique des salaires est impossible au Pays-Bas depuis des années.
Les pays voisins qui sont d’importants partenaires commerciaux de la Belgique (France et Allemagne) ne sont pas non plus en bonne santé sur le plan économique. Quel danger cela représente-t-il pour les travailleurs de Belgique? Les exportations, dont dépend une partie importante de l’économie belge, seront plus difficiles que ce que Verhofstadt imaginait. Mais les patrons vont ici aussi appeler à une compression plus forte des coûts salariaux. Ils disposent également d’un moyen de pression légal avec la loi sur la compétitivité de 1996 – qui prévoit que la moyenne salariale belge ne peut pas croître plus vite que dans les pays voisins (Pays-Bas, Allemagne et France).
En Belgique les patrons viennent déjà frapper à la porte du gouvernement Verhofstadt pour obtenir de nouvelles baisses des charges salariales. Les dirigeants syndicaux ont soldé la sécurité sociale. Cela ne sera cependant pas assez pour les patrons. La norme salariale cumulée pour cette année et l’année prochaine est de 5,4% maximum d’augmentation. Comme les bas salaires vont chuter aux Pays-Bas, les patrons belges insistent plus durement pour que les syndicats ne revendiquent pas le maximum de la norme salariale lors des conventions.
Le danger existe que la direction syndicale – en contact étroit avec le gouvernement à travers la social-démocratie – cède aux exigences salariales. Comme il y aura des élections en 2004 et que l’économie ne se portera pas sensiblement mieux, l’appel patronal pour supprimer l’indexation des salaires sera de nouveau fortement écouté, en préambule au prochain tour de négociations sur la norme salariale.
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Allemagne: La résistance à l’austérité s’amplifie
Le SPD du Chancelier Schröder a connu récemment une série de revers aux élections locales. La raison en est "l’Agenda 2010": le programme d’austérité le plus important depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les travailleurs, les sans-emplois, les jeunes et les retraités en font les frais.
Tania Niemeyer
L’Agenda 2010 comprend entre-autres un rabotage des pensions et des allocations de chômage et de maladie. Un chômeur sera contraint à l’avenir d’accepter n’importe quel emploi (y compris un travail à l’autre extrémité du pays). L’allocation de chômage sera limitée dans le temps et retombera après un an et demi à l’allocation du minimex. Les travailleurs ayant perdu leur emploi tomberont plus vite sous le seuil de pauvreté. Jusqu’à présent les consultations chez le médecin étaient gratuites. Cela va aussi changer.
La crise économique rampante est la toile de fond de la politique de Schröder. L’Allemagne est confrontée à une augmentation du chômage (officiellement 4,2 millions) et un gigantesque déficit budgétaire. Schröder n’est pas en état de satisfaire aux critères de Maastricht et beaucoup de villes et de communes sont dans les faits en faillite. L’homme de la rue va devoir payer la crise. Les grandes entreprises et ceux qui déclarent un revenu élevé sont choyés car les impôts directs ont diminué.
Grâce aux liens traditionnels entre les centrales syndicales et la social-démocratie, le SPD de Schröder pouvait jusqu’à présent compter sur le soutien électoral des dirigeants syndicaux. Les syndicats commencent à organiser un certain nombre d’actions locales symboliques contre le plan d’austérité, mais ils ont promis de ne pas mobiliser plus largement.
Cela ne semble pas réussir. En octobre, se sont tenus les congrès des deux plus grands syndicats, IG Metall et Verdi (qui organise tous les travailleurs du secteur des services, y compris tous les services publics). Les dirigeants syndicaux doivent prendre en compte l’impétueuse pression venant de la base. Elles ont donc radicalisé leur discours. A la tribune des congrès les représentants du SPD ont été accueillis par des huées et des calicots de protestation.
Le nouveau président d’IG Metall a dû prendre position: «Si la social-démocratie applique une telle politique, elle ne pourra plus être un allié!». Dans ce cadre, les motions des militants syndicaux de gauche ont eu beaucoup de succès, surtout celle qui appelait à participer à la manifestation nationale du 1er novembre à Berlin. Le congrès a décidé de soutenir la manifestation et de mobiliser. La tentative du président Bsirski d’appeler à l’action était tellement vague qu’elle est tombée à l’eau. C’est la première fois que la direction syndicale est obligée de mobiliser contre la politique de ses amis sociaux-démocrates au gouvernement.
En Westphalie-Nord-Rhénanie, il y a déjà eu une manifestation de 45.000 fonctionnaires contre l’augmentation du temps de travail, la diminution des congés payés et de la prime de fin d’année. Plus de 15.000 métallurgistes de la région du Sud de l’Allemagne ont pris part à l’action de grève contre les atteintes aux conventions collectives sectorielles. Le 14 octobre, les équipes de Daimler Chrysler (12.000 travailleurs) ont arrêté le travail pour protester contre le démantèlement de leur statut. Et cela seulement une semaine après des arrêts de travail chez Daimler, Porsche et Bosch.
L’idée de manifester le 1er novembre à Berlin a été annoncée pour la première fois fin août, lors d’un meeting national de coordination des initiatives de sans-emplois, d’Attac, etc. L’idée avait été lancée par notre organisation soeur en Allemagne, le SAV (Sozialistische Alternative ). Le SAV, en collaboration avec Résistance Internationale, a également organisé une grève de 1.500 lycéens à Kassel. Grâce à ce succès un de nos camarades a été désigné comme orateur officiel des jeunes à la manif du 1er novembre.
Au moment de boucler ce numéro du journal nous apprenons que la manifestation de la Toussaint a rassemblé 100.000 personnes.
Le SAV mène actuellement campagne pour une grève générale de 24 heures pour stopper l’Agenda 2010. Il y a en Allemagne une large combativité dans la population et tous les ingrédients sont présents pour une explosion sociale. La seule carence – et c’est pourquoi ce retard est préoccupant – est une direction militante de masse de la classe ouvrière.
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Nigéria: L’annonce d’une grève fait reculer le gouvernement
En juin de cette année, l’économie nigériane était paralysée par une grève générale. La raison de cette action de masse: la proposition d’augmenter le prix des carburants de 54%. L’explosion de colère des ouvriers nigérians, qui s’est traduite par des protestations de masse et des grèves, a forcé le gouvernement – qui travaille main dans la main avec l’industrie pétrolière – à réduire la hausse des prix. Cette "demi-concession" visait à faire retomber la colère de la population afin de pouvoir exécuter plus tard les mesures prévues. Le gouvernement se trompait lourdement en s’imaginant qu’il pourrait reculer pour mieux sauter…
Laurent Grandgaignage
Fin septembre, une nouvelle tentative d’appliquer la hausse des prix s’est heurtée à la même réaction de colère généralisée. Dès l’annonce de la mesure, la principale confédération syndicale, le NLC, annonçait une grève générale à partir du 10 octobre. Un comité de mobilisation s’est formé dans lequel on retrouvait non seulement les syndicats et les partis politiques, mais aussi les organisations étudiantes et les mouvements de défense des droits de l’homme. Le Democratic Socialist Movement (DSM), notre organisation soeur au Nigéria, jouait un rôle important dans la mobilisation pour une plate-forme plus large qui organise les ouvriers. Avec le DSM et ses membres dans les syndicats, le National Conscience Party (dans lequel nous travaillons) et les mouvements étudiants.
Quelques heures avant le début de la grève, elle était annulée par le NLC: le gouvernement venait de retirer sa nouvelle hausse des prix. Malgré cette victoire, la décision unilatérale du NLC n’est pas exempte de critique: elle a été prise sans aucune concertation démocratique avec les organisations de la plate-forme de mobilisation. De cette manière, le NLC a laissé tomber les organisations militantes, ce qui n’est pas de nature à jeter les bases d’une plate-forme solide et à tisser des liens de solidarité avec les gens qui ne sont pas organisés dans les syndicats.
La lutte contre la politique antisociale et les multinationales pétrolières est loin d’être gagnée. Le gouvernement peut toujours restreindre la distribution de carburant jusqu’à ce que les consommateurs se résignent à la hausse des prix. Mais si les travailleurs se montrent déterminés à passer à l’action de façon organisée, même la menace d’action peut forcer le gouvernement à faire des concessions.
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UDC: Le consensus à la suisse victime de la crise
Les élections législatives du 19 octobre en Suisse ont vu la percée spectaculaire de l’Union démocratique du Centre (UDC), un parti populiste de droite. L’UDC est désormais le premier parti suisse en voix et en sièges.
Thierry Pierret
La progression de l’UDC est spectaculaire: elle obtient 27,7% des voix, soit le score le plus élevé jamais enregistré par une formation populiste de droite ou d’extrême droite en Europe. Pendant longtemps, les Suisses ont vécu dans l’idée que leur pays était un sanctuaire à l’abri de la crise du capitalisme mondial. La faillite de Swissair a frappé les esprits. Les Suisses ont massivement rejeté la politique néolibérale, les uns en votant pour la social-démocratie et les Verts – qui ont fait campagne pour le maintien des acquis sociaux – les autres en votant pour l’UDC qui a surtout fait campagne contre l’immigration et l’ouverture de la Suisse sur l’extérieur. Cette démagogie protectionniste dissimule pourtant mal les orientations néolibérales de l’UDC.
Son leader, le milliardaire Christoph Blocher, exige une baisse d’impôts pour les riches et s’oppose à l’intervention de l’état dans l’économie, même lorsqu’il fallait sauver Swissair et ses milliers d’emplois.
La polarisation gauche/droite sonne le glas du consensus à la suisse et met à l’ordre du jour la question d’un nouveau parti des travailleurs capable d’organiser la lutte contre la politique antisociale et de (re)gagner à la gauche les salariés et les petits indépendants séduits par la démagogie de l’UDC.
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Bolivie. L’insurrection populaire a chassé le président
Presque deux ans après le mouvement de lutte qui a contraint en Argentine quatre présidents successifs à démissionner, la Bolivie a suivi l’exemple pendant ce mois d’octobre. Un mouvement de grève générale de durée illimitée de la classe ouvrière à laquelle se sont ralliés les paysans pauvres et les peuples indigènes, a évincé le président détesté Gonzalo Sanchez de Losada.
par Andrés Aravena, membre de Socialismo Revolucionario (Chili)
"Le président déchu était détesté par les travailleurs et par les pauvres. C’est le patron fortuné d’une compagnie minière, éduqué aux États-Unis et parlant l’espagnol avec un accent américain. La Bolivie est le pays le plus pauvre du continent. 5,6 millions de Boliviens sur 8 millions souffrent de la pauvreté. Chaque heure, 20 Boliviens de plus viennent grossir les rangs des affamés. Alors que l’entourage du président roule en limousine, amasse fortune et séjourne fréquemment à Miami, le lieu de séjour huppé de l’élite latino-américaine. Gonzalo Sanchez a été incapable de résoudre le chômage et la question agraire. 3 millions de Boliviens n’ont pas accès à l’eau potable ni à l’électricité. La police a durement réprimé l’insurrection, tuant plus de cent personnes. La grève générale a été appelée pour le 29 septembre. Les revendications principales du mouvement portaient sur la nationalisation de l’industrie du gaz que le gouvernement voulait exporter aux USA, et la démission du président. Les autres revendications réclamaient l’arrêt des privatisations, la fin du rabotage des pensions et une réforme agraire.
Après la démission du président, le vice-président a pris la relève. La classe dominante reste donc au pouvoir. Tandis que certaines franges du mouvement, dont le MAS(*) de Evo Morales, ont provisoirement suspendu les actions pour tester le nouveau gouvernement, d’autres continuent la grève. Le nouveau gouvernement capitaliste s’est vite avéré incapable de résoudre la crise sociale. Il faut mettre en avant un programme révolutionnaire qui lui seul soit capable de donner une issue à la crise. Sinon, la lassitude s’emparera des activistes si le mouvement piétine. Ainsi, des comités de grève doivent être constitués, coordonnés sur le plan local, régional et national. Ils peuvent être l’embryon d’une Assemblée constituante révolutionnaire, composée des représentants des travailleurs, des paysans, des peuples indigènes, des soldats et des petits commerçants. Une assemblée capable de diriger le mouvement et de coordonner la lutte. Face aux illusions réformistes des directions syndicales et du MAS (par exemple, Morales a appelé à une médiation de l’ONU dans la question du gaz), nous devons avancer la nécessité d’une direction révolutionnaire du mouvement ouvrier pour se débarrasser du capitalisme. Une telle direction avancerait l’idée d’un gouvernement ouvrier et paysan qui en finirait avec la domination des capitalistes et des grands propriétaires fonciers liés à l’impérialisme. En entamant le processus de transformation socialiste du pays, il donnera une impulsion et la confiance en soi des classes opprimées latino-américaines qui soutiendront la lutte pour une Amérique latine socialiste, seule base sur laquelle le continent peut être unifié."
(*) Evo Morales est le leader des paysans cultivateurs de coca et ex-candidat à la présidence pour le Mouvement vers le Socialisme (MAS: Movimiento al Socialismo). Interrogé par le quotidien Le Monde pour savoir si le MAS soutenait la passation de pouvoir au vice-président, Morales déclare «soutenir cette solution, mais le nouveau gouvernement devra défendre le gaz de la nation, convoquer une Assemblée constituante (ce que le gouvernement va hésiter à faire, NDLR) et suspendre les programmes d’éradication de la coca.»