Category: International

  • [Rencontre-débat] Palestine : Comment mettre fin à l’occupation ?

    Les attaques de l’État israélien et sa brutalité barbare augmentent le nombre de morts d’heure en heure, notamment grâce au soutien militaire fourni et payé par les puissances occidentales. La voie diplomatique est une impasse. Seul un mouvement de masse en Palestine et au niveau international garantira la libération de la Palestine. Un changement socialiste révolutionnaire dans la région est nécessaire.

    Orateur : Eric Byl, d’Alternative socialiste internationale (ASI), qui suit et analyse la situation dans la région depuis de nombreuses années.

    Mardi 19 décembre. 19h30. Pianofabriek, 35 rue du Fort, Bruxelles

  • Manifestations contre les fabricants d’armes liés à la machine de guerre israélienne

    Alors que le massacre à Gaza a repris le 1er décembre après une brève “pause”, l’État israélien a considérablement intensifié son invasion brutale dans le sud de la bande de Gaza. Le nombre de morts est estimé à plus de 16.000, un record qui fait froid dans le dos.

    Par Tom Costello et Matt Hirst

    Les manifestations se poursuivent dans le monde entier. Une nouvelle campagne a été lancée, Workers for a Free Palestine (WFP), qui vise à développer l’action syndicale pour perturber la machine de guerre israélienne. Après les appels à la fermeture des usines d’armement au Royaume-Uni, plus de 1.000 personnes ont organisé des blocages le 7 décembre, avec la participation et le soutien total de Socialist Alternative (section d’Alternative Socialiste Internationale en Angleterre, Pays de Galles et Ecosse). Ce jour-là, les sites de BAE Systems dans le Lancashire et à Glasgow, d’Eaton Mission Systems à Bournemouth et de L3Harris à Brighton ont été fermés par des manifestations imposantes et déterminées. Dans d’autres villes, des manifestations locales ont été organisées pour perturber les fabricants d’armes.

    Le lancement de WFP représente une avancée majeure pour le mouvement de solidarité avec la Palestine. Ce que le Premier ministre britannique Sunak, le chef du parti travailliste Starmer et l’establishment belliciste craignent encore plus que les manifestations de masse dans les rues, c’est l’action de masse de la classe ouvrière sur les lieux de travail.

    Si les travailleurs des chemins de fer, des docks et finalement des usines d’armement s’organisent et sont prêts à faire grève pour stopper la fabrication et le transport d’armes, cela aura un impact majeur sur la capacité de l’impérialisme à faire pleuvoir la destruction sur le peuple palestinien.

    Les syndicats doivent maintenant agir

    Bon nombre des actions syndicales les plus puissantes ont été inspirées par l’appel lancé par les syndicats palestiniens en octobre pour “mettre fin à toute complicité, cesser d’armer Israël”. WFP a aujourd’hui la possibilité de faire pression sur les syndicats britanniques pour qu’ils suivent cet exemple et répondent pleinement à cet appel.

    Les syndicats Unite et GMB, qui représentent de nombreux travailleurs employés dans la production d’armes, doivent en particulier adopter une position forte et claire d’opposition à l’industrie de l’armement. Les motions de solidarité avec WFP, qui s’engagent à ne pas manipuler d’armes israéliennes, doivent ensuite être transformées en actions, à la suite des travailleurs de l’industrie et des transports d’Italie, d’Espagne, d’Afrique du Sud, de Belgique et d’ailleurs, pour refuser de fabriquer ou de manutentionner les armes pour Israël.

    Les travailleurs de ces secteurs, s’ils sont dirigés par les dirigeants syndicaux dignes de ce nom – ou plus vraisemblablement par des militants de la base puisque les dirigeants syndicaux continuent de refuser d’agir – pourraient être certains des alliés les plus essentiels du mouvement international de lutte contre le massacre à Gaza. Les travailleurs britanniques ont bien plus en commun avec les millions de Palestiniens qu’avec les patrons, qui réalisent des profits obscènes en temps de guerre, profitant directement de la mort de milliers de personnes.

    Commencer à soutenir WPF et faire en sorte que ses revendications soient prises en compte par le mouvement ouvrier au sens large pourrait également signifier l’organisation régulière de stands de campagne et des séances de distribution de tracts devant tous les lieux de travail liés à la machine de guerre israélienne.

    Protéger les emplois, stopper la machine de guerre

    L’action sélective des travailleurs pour empêcher la poursuite de l’armement de l’État israélien est la prochaine étape immédiate du mouvement. La classe ouvrière a le pouvoir d’arrêter la machine de guerre en refusant d’effectuer le travail qui la fait fonctionner. Une telle action montre également comment la classe ouvrière peut construire un avenir meilleur, où nos emplois ne dépendent pas d’une industrie conçue pour le massacre de masse des travailleurs dans d’autres pays.

    L’argument de certains dirigeants syndicaux est que si des entreprises comme Elbit et BAE cessent de produire des armes, les travailleurs perdront leur emploi. Des syndicats comme le GMB ont même lancé un appel honteux au gouvernement pour qu’il augmente les dépenses d’armement sur cette base !

    Parallèlement, de nombreux travailleurs des communautés voisines de ces usines s’inquiètent sincèrement des conséquences de l’arrêt de la production sur l’emploi local. Beaucoup de ces sites constituent la seule source d’emploi local réel pour de nombreuses personnes. Mais il ne s’agit pas d’un simple choix binaire entre les entreprises d’armement et le chômage des travailleurs. Il existe une alternative, mais seulement si notre mouvement se bat pour elle !

    Si, par exemple, les syndicats exigeaient la nationalisation de BAE Systems et d’Elbit, sous le contrôle démocratique des travailleurs, sans compensation pour les millionnaires, cela jetterait les bases d’un plan visant à répondre aux besoins des populations et de la planète. Grâce à un programme de reconversion garantissant des emplois bien rémunérés et protégés par les syndicats, les compétences et la technologie pourraient être utilisées à des fins réellement utiles.

    Ce type de transformation massive a été proposé chez Lucas Aerospace dans les années 1970. L’entreprise a été confrontée à des licenciements et à des réductions d’effectifs et le personnel a créé le plan Lucas, qui consistait à créer des produits hautement innovants, économes en énergie et faisant appel à des technologies vertes. Ce type de plan est absolument nécessaire compte tenu de la crise climatique que nous vivons et peut contribuer à mettre fin au massacre de vies palestiniennes et autres, tuées chaque jour dans le monde entier par les roquettes et les bombes des puissances impérialistes dans leur quête de profit au détriment de la classe ouvrière.

    L’héritage de l’action des travailleurs contre la guerre

    Bien qu’elle soit souvent occultée, la classe ouvrière britannique a une riche histoire de solidarité internationale face à la guerre. Les ingénieurs d’East Kilbride, qui ont refusé de réparer les pièces de l’armée de l’air chilienne de 1974 à 1978, après avoir vu les horreurs de la dictature de Pinochet, en sont un exemple frappant. Ce boycott particulier a été immortalisé dans le documentaire Nae Pasaran (2018) et doit être regardé par tous ceux qui veulent voir comment les travailleurs du monde entier peuvent jouer leur rôle pour mettre fin à la guerre et à la dévastation.

    Seule une action internationale de masse permettra de mettre fin à l’assaut brutal contre Gaza. Au sein d’Alternative Socialiste Internationale, nous nous organisons au niveau mondial – y compris en Israël et en Palestine – pour un avenir socialiste de paix et de libération, pour le peuple palestinien et tous les travailleurs et opprimés du monde. Rejoignez-nous !

    https://fr.socialisme.be/96748/liege-challenge-arme-israel-tas-du-sang-sur-les-ailes
  • France. La classe dirigeante accentue sa croisade islamophobe pour diviser et régner : une réponse combattive de la classe travailleuse est nécessaire! 

    Le régime israélien mène une guerre de vengeance brutale contre la population de Gaza. Une invasion qui, après une trêve de sept jours, est repartie de plus belle le 1er décembre. Le 9 décembre, l’armée israélienne avait déjà tué plus de 17.700 personnes, dont un enfant toutes les 10 minutes, et des milliers de personnes sont encore sous les décombres.

    Par Philipp

    Cette violence trouve son origine dans l’oppression profonde du peuple palestinien par le régime israélien, qui dure depuis des décennies. Suite à l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre, Macron s’est positionné et a positionné la France dès le début dans une alliance complète avec les États-Unis, l’Allemagne et d’autres puissances impérialistes occidentales, soutenant inconditionnellement Israël.

    Concernant la politique intérieure, cela signifiait que la classe dirigeante a tout mis en oeuvre dès le début pour interdire toutes les manifestations de solidarité avec la Palestine et que la répression contre les personnes musulmanes et/ou originaires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient passait à la vitesse supérieure.

    Une correction tactique dans l’intérêt de l’impérialisme français

    La pression du mouvement contre le massacre en cours et la nécessité de préserver les intérêts de l’impérialisme français en Afrique du Nord et au Moyen Orient ont contraint le gouvernement à adapter légèrement ses positions au fil du temps. Le premier jour de son voyage au Moyen-Orient, Macron a demandé que “la coalition internationale contre Daesh [“État islamique”] à laquelle nous [la France] participons lutte également contre le Hamas”. Un jour plus tard, il a dû faire une volte-face rhétorique en appelant à “la lutte contre le terrorisme en général, à l’aide humanitaire et à la reprise des discussions politiques, en vue de relancer la solution des deux Etats”.

    Ce changement de cap est une réponse à la réaction des États d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient face à la proposition de coalition anti-Daesh de Macron et à son soutien inconditionnel à Israël. Le personnel diplomatique français du département Afrique du Nord et Moyen-Orient n’a franchement pas été “amusé” par la position initiale de Macron, qu’il a qualifiée de “rupture avec notre position traditionnellement équilibrée entre Israéliens et Palestiniens”. Après des semaines de violence déchaînée contre Gaza, Macron a ressenti la pression d’organiser une conférence humanitaire symbolique sur Gaza le 9 novembre sans la participation d’Israël ; et c’est seulement la semaine suivante qu’il a appelé pour la première fois à un cessez-le-feu.

    Ni le personnel diplomatique en désaccord avec Macron, ni le président lui-même n’ont agi pour des raisons charitables. Leur appel au cessez-le-feu est purement tactique, car ils craignent pour l’influence, les atouts et la sécurité de l’impérialisme français dans la région, en particulier après l’humiliante éviction des troupes françaises du Burkina Faso, du Mali et, plus récemment, du Niger.

    S’il est faux de prétendre que l’Etat français a traditionnellement eu une position “équilibrée” sur le sujet, force est de constater que contrairement à ses prédécesseurs, Macron vient d’adopter une approche plus unilatéralement favorable au régime israélien, dans la foulée du positionnement des États-Unis. Mais les préoccupations des ambassadeurs français dans la région ont tout de même plus à voir avec la défense des intérêts impérialistes qu’avec la défense de la population palestinienne en détresse : leurs craintes sont le reflet des masses en colère dans la région, et lié à cela le risque pour la classe capitaliste française de perdre en influence sur place. 

    La ligne principale en France reste essentiellement celle d’un soutien fort au régime israélien, tandis que les critiques à son encontre et le soutien aux Palestiniens sont rapidement dépeints comme de l’antisémitisme et une apologie du terrorisme, qui est lié à des attaques racistes et à une répression sévère.

    Racisme et répression pour empêcher la résistance contre la misère, l’oppression et le massacre de Gaza

    Le 20 octobre, deux syndicalistes – le secrétaire général et le secrétaire administratif de l’Union départementale CGT Nord – ont été arrêtés pour “apologie du terrorisme” en raison d’un tract de soutien aux Palestiniens. Samira [nom fictif], une mère franco-palestinienne vivant à Paris, a déclaré que son “fils a été battu et accusé de faire l’apologie du terrorisme à l’école pour avoir parlé du nombre de morts palestiniens et du blocus israélien de Gaza”.

    L’interdiction générale de toute manifestation pro-palestinienne n’a été levée que le 18 octobre par le Conseil d’État, alors que près de 3 500 personnes avaient déjà été tuées à Gaza par le terrorisme d’État israélien. Cette décision ne signifiait pas pour autant la fin de la répression. Le 28 octobre, 1 487 personnes ont été verbalisées et 21 arrêtées lors d’une manifestation pro-palestinienne à Paris. Par ailleurs, le 7 novembre, la présidence de l’université du Mirail a tenté d’empêcher la création d’un comité de solidarité avec la Palestine par le biais d’une loi vigipirate.

    Pendant ce temps, l’establishment politique et les principaux médias ont attaqué sans relâche La France Insoumise, Mélenchon ainsi que la gauche radicale dans son ensemble, les accusant d’antisémitisme et de complicité avec le terrorisme du Hamas. Le niveau d’acrobatie mentale auquel certains ont recours pour insinuer que la solidarité avec les habitants de Gaza et les Palestiniens est généralement suspecte de soutenir le terrorisme, a été bien illustré par le tweet de Caroline Yadan (députée de Renaissance, le parti de Macron). Le 9 novembre, elle a publié sur Twitter une photo d’un graffiti sur lequel on pouvait lire “Fuck antisemitism – Free Palestine – Fuck Apartheid” et a affirmé que le message était…. en fait antisémite. Les tropes racistes tels que l’”antisémitisme importé” et l’”islamo-gauchisme” sont également dans ce contexte aussi très populaires dans les rangs de la droite et l’extrême droite et dans la bouche de la plupart des journalistes des médias dominants.

    Tout cela est utilisé par la classe dirigeante pour dépeindre le RN comme “l’opposition raisonnable” et LFI comme radicale, dangereuse et proche du terrorisme, ce qu’elle a fait à de multiples reprises, et notamment lors du mouvement contre la réforme des pensions.

    Cette approche fait partie de la tactique “diviser pour régner” de la classe dirigeante. Dans le contexte de l’augmentation de la pauvreté et de la précarité, ils attisent le racisme pour détourner l’attention et empêcher la formation d’une résistance générale unie, contre la misère, l’oppression et le massacre de Gaza. C’est d’autant plus important pour les patrons et leurs représentants politiques que la classe ouvrière, bien qu’elle n’ait pas remporté de victoire concrète, a été considérablement renforcée par sa lutte contre la réforme des retraites.

    L’interdiction raciste et sexiste de l’abaya s’inscrit dans la même logique. Elle a servi à étouffer dans l’œuf la discussion sur les investissements dans le secteur de l’éducation publique qui sont une nécessité criante (les bâtiments ont besoin d’être rénovés, il n’y a pas assez d’enseignants et de personnel, ce qui crée inévitablement de mauvaises conditions de travail et d’apprentissage), à détourner l’attention et à semer la division. C’est avec la même intention que le gouvernement et les forces de droite ont cyniquement exploité l’attentat terroriste dévastateur contre Dominique Bernard. Darmanin a appelé à “l’expulsion systématique de tout étranger considéré comme dangereux par les services de renseignement”. En un mois, les expulsions d’étrangers condamnés ont augmenté de 30%.

    De plus, en suivant allègrement les propositions de LR, le gouvernement a encore durci la loi sur l’immigration, déjà fondamentalement raciste. Si cette loi, adoptée par le Sénat le 14 novembre, devait entrer en vigueur, elle constituerait probablement l’attaque raciste la plus grave en termes d’impact depuis des années. Elle prévoit la suppression de l’aide médicale d’État aux personnes sans papiers, le durcissement des conditions du regroupement familial, le rétablissement du délit de séjour illégal et la facilitation de l’expulsion des personnes sans papiers.

    Alors que le racisme, en particulier à l’encontre des musulmans et des personnes originaires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, atteint une nouvelle fois des sommets dégoûtants, le gouvernement et la classe dirigeante traitent la violence raciste et l’extrême droite avec des gants. Le policier qui a tué Nahel, 17 ans, le 27 juin à Nanterre, par exemple, a récemment été remis en liberté sous contrôle judiciaire ; selon Le Monde, “on ne sait pas si et quand l’affaire sera jugée”. La mère de Nahel a manifesté contre cette injustice le 19 novembre. En attendant, le policier, qui a assassiné Nahel, et sa famille vont pouvoir profiter de l’argent de cagnotte qui avait été lancée par des éléments d’extrême droite (1,6 millions d’euros ; 630.000 après déductions de frais et impôts).

    L’arme du racisme attisée par la macronie entraîne une normalisation de l’extrême droite 

    La classe dirigeante française resserre les rangs de la droite à l’extrême droite contre les personnes musulmanes, les personnes originaires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, et la gauche, afin de semer la division et de préparer les attaques économiques à venir contre la classe ouvrière et les opprimé.e.s dans leur ensemble. Ils ont hypocritement détourné le souhait sincère des gens de s’opposer à l’antisémitisme pour organiser des marches réactionnaires pro-israéliennes dans lesquelles ils ont défilé aux côtés des formations d’extrême droite de Le Pen et Zemmour.

    L’antisémitisme doit être combattu sous toutes ses formes. Il y a clairement une  augmentation des actes antisémites en France. Cependant, l’antisémitisme et toutes les formes d’oppression ne peuvent être combattus que contre l’extrême droite et la classe dirigeante, et non avec eux. Le 9 octobre déjà, des membres du Rassemblement national, parti d’extrême droite, ont pu participer à une marche à Paris en faveur d’Israël, à l’appel du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), connu pour ses positions pro-régime israélien, sans être expulsés. L’extrême droite a utilisé son soutien au régime israélien et à sa terreur d’État pour dissimuler son antisémitisme et promouvoir l’islamophobie et le racisme.

    Que ce soit avec ou sans la faible excuse d’un “cordon républicain”, la marche du 12 novembre à Paris marque un nouveau tournant dans la normalisation de l’extrême droite et de ses politiques racistes, antisémites, sexistes et totalement anti-ouvrières. Il est clair que cela enhardi les groupes d’extrême droite et les incite à plus de violence. Après le meurtre de Thomas à Crépol, 80 militants d’extrême-droite armés de barres de fer ont défilé le 25 novembre à Romans-sur-Isère près du quartier populaire de la Monnaie en scandant « La rue, la France, nous appartient ». Dans la soirée du 11 novembre, une 40 à 60 personnes du groupe “Guignol Squad” a attaqué une conférence sur le thème de la Palestine à Lyon avec des barres de fer et des mortiers, blessant 3 personnes. Lors de la marche contre l’antisémitisme à Paris, un manifestant qui dénonçait l’extrême droite – “Marine Le Pen, dégage ! Vous êtes une bande de fachos”. – a été violemment agressé par “une vingtaine” de militants de la Ligue de défense juive (LDJ), une organisation d’extrême droite, qui ont également frappé une personne scandant “Free Palestine” le long du parcours de la marche et criant “Mélenchon, salaud, les juifs auront ta peau”. Les manifestants portant des pancartes qui, en plus de s’opposer à l’antisémitisme, osaient dénoncer l’extrême droite et le racisme en général ont été insultés et chassés de la manifestation. Des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “RN/Reconquête = antisémites” ont été confisquées par la police. En Allemagne, l’approche est la même : le 22 novembre, la police de Cologne a confisqué une banderole de la SAV (ISA en Allemagne) pour “incitation à la haine”. La banderole se lit comme suit : “Gaza : Arrêtez le massacre. Pour l’unité de la classe ouvrière contre l’occupation, la pauvreté et le capitalisme”.

    Comment lutter contre l’oppression, l’exploitation et l’extrême droite ?

    La FI a eu raison de refuser de manifester aux côtés de l’extrême droite et d’appeler sa propre action “contre l’antisémitisme, les racismes et l’extrême-droite”. Toutes les autres forces du NUPES ont cependant participé à la marche à Paris, ce qui reflète une accélération et une consolidation de la dynamique de désintégration du NUPES ; une union de la gauche parlementaire que les forces à la gauche de Macron et à la droite de la FI n’ont jamais eu l’intention de construire, et n’y avaient été contraints qu’à cause du rapport de forces favorable à la FI. 

    Plus important encore, cela montre pourquoi la lutte contre l’antisémitisme, le racisme et l’extrême droite ne peut être menée avec succès avec la classe dirigeante, mais seulement contre elle. Nous avons besoin d’un large front uni des travailleurs, des jeunes et des opprimés, des syndicats, des partis de gauche ainsi que des organisations féministes, queer, antiracistes et climatiques pour lutter collectivement contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation.

    La déclaration du syndicat de l’éducation “CGT Educ’Action” après l’attaque terroriste d’Arras est un exemple très positif dans ce contexte. Ils ont déclaré qu’ils refusaient “que cette tragédie soit récupérée à des fins politiques et utilisée pour stigmatiser une partie de la population ou pour imposer une politique réactionnaire, autoritaire et sécuritaire en matière d’éducation”. Il est extrêmement important que des syndicats comme la CGT et SUD Solidaires aient soutenu le mouvement de solidarité avec la population de Gaza et que des comités soient mis en place dans les universités françaises. Dans de nombreux autres pays, les travailleurs et les jeunes ont également mené des actions contre le massacre de Gaza et l’envoi d’armes à Israël. Par exemple, en Belgique, les syndicats du secteur transports ont appelé à ne plus charger ou décharger du matériel militaire à destination d’Israël dans les différents aéroports du pays. Les dockers de Catalogne et de Gênes (Italie) ont fait de même. Ils répondent ainsi à l’important appel international des syndicats palestiniens pour refuser de fabriquer ou transporter des armes destinées à Israël. Et le jeudi 30 novembre, les docker.e.s et les travailleur.se.s portuaires en France et dans plusieurs autres pays européens se sont arrêtés de travailler pendant une heure en réponse à un appel du Conseil européen des dockers (European Dockworkers Council, EDC) pour des actions dans tous les ports de l’EDC pour la paix et contre l’oppression et l’inégalité. Ces actions du mouvement ouvrier organisé contre le massacre à Gaza étaient urgentes et nécessaires et doivent être généralisées et intensifiées, aussi dans d’autres secteurs, en France et partout dans le monde ! 

    Les comités démocratiques dans les écoles, les universités, les lieux de travail et les quartiers seront essentiels pour attirer davantage de couches ainsi que pour discuter du programme, de la stratégie et des actions. Sur cette base, nous pouvons également développer la lutte contre nos propres gouvernements pour qu’ils cessent de financer la guerre et mettent fin à tout soutien militaire et financier au régime israélien, ainsi que pour qu’ils mettent fin à la militarisation. Les milliards de dollars doivent être investis dans les services publics. Nous avons besoin de syndicats de lutte combatifs qui luttent chaque jour contre toutes les formes d’oppression et qui renforcent et construisent activement les liens mutuels avec les luttes pour des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail. C’est une nécessité cruciale pour construire un puissant mouvement de résistance contre le massacre de Gaza, l’oppression et l’exploitation, dont le potentiel a été démontré par les millions de personnes qui ont lutté contre la réforme des retraites, la volonté de la jeunesse particulièrement d’origine immigrée de lutter contre le racisme systémique et les violences policières et maintenant les travailleurs et les jeunes qui se tiennent en solidarité avec le peuple de Palestine.

    Qu’il s’agisse du massacre horrible à Gaza, de l’oppression des femmes et des personnes LGBTQIA+ ou de la lutte contre la crise climatique, l’inégalité et l’exploitation : Nous devons construire un mouvement de masse uni des travailleur.se.s, des jeunes et des personnes opprimées qui relie la lutte pour les améliorations les plus urgentes et les plus concrètes aujourd’hui à la lutte contre le système capitaliste violent et oppressif dans son ensemble.

    Avec la solidarité et l’action collective basées sur la discussion démocratique et un programme clair, nous pouvons changer le monde.

  • La rue est avec Gaza – Les régimes de la région sont en difficulté

    Aucun des régimes de la région n’a intérêt à une escalade du conflit. Même le régime iranien préfère encore se limiter à coordonner les faits d’armes symboliques de ses mandataires au Liban, en Irak et au Yémen. Tous les gouvernements arabes et musulmans favorables à la normalisation avec Israël sont inquiets. Plus le massacre à Gaza prend de l’ampleur, plus le statu quo est intenable. Mais les masses de la région ne partagent pas le cynisme de leurs dirigeants envers la cause palestinienne et exigent une réponse sans équivoque.

    Par Christian (Louvain)

    L’Égypte en crise

    L’Égypte traverse une profonde crise économique. En proie à une inflation record, en 18 mois la livre égyptienne a perdu 50% de sa valeur par rapport au dollar. En 2019 déjà, la Banque Mondiale estimait que près de 60% de la population vivait proche du ou sous le seuil de pauvreté. Des élections présidentielles auront lieu en décembre, et le président Abdel Fattah el-Sisi espère obtenir la légitimité nécessaire pour procéder aux mesures d’austérité exigées par le FMI ainsi qu’à une nouvelle dévaluation. Le résultat des élections, ne fait aucun doute, depuis le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir el-Sisi s’est déjà arrangé pour gagner deux élections avec 97% des voix.

    Le régime militaire égyptien reçoit une aide militaire états-unienne solide et collabore avec Israël dans le blocus de Gaza. Cependant, il ne peut pas ou ne veut pas accueillir un grand nombre de résidents gazaouis. Cela signifierait une nouvelle Nakba et ce serait extrêmement impopulaire. Un tel transfert de population présenterait aussi une situation sécuritaire insoluble. Le Sinaï deviendrait une nouvelle base pour des attaques contre Israël. Le Hamas est aussi lié aux Frères Musulmans, une organisation qu’el-Sisi a écrasé dans le sang en 2013 pour accéder au pouvoir (plus de 800 morts en une seule manifestation).

    Le régime s’est vu contraint d’autoriser des manifestations de soutien à Gaza. Les manifestations officielles essayent de canaliser la sympathie pro-palestinienne au profit du président et de ses positions sur la guerre contre Gaza. Toutes autres manifestations ne sont autorisées que dans un cadre très restreint. Dès que les manifestants dépassent le nombre prévu et que des critiques à l’égard du régime se font entendre, les forces de sécurité mettent un terme à la manifestation et procèdent à des arrestations. Certaines manifestations ont néanmoins pu déferler sur la Place Tahir, le cœur symbolique de la révolution de 2011 El-Sisi marche sur une corde raide au-dessus d’un volcan qui gronde.

    La non-autorité palestinienne

    Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne verrait d’un bon oeil l’extension de son illusoire autorité sur les décombres de Gaza. Mais à l’instar de l’Autorité Palestinienne dans son ensemble, il est plus discrédité que jamais. Il ne lève pas un doigt contre la « guerre de faible intensité » à laquelle les forces militaires israéliennes et les colons soumettent la Cisjordanie. A ceci s’ajoute la paralysie économique du territoire imposée par Israël depuis le 7 octobre. Dans les manifestations, des slogans comme “Le peuple veut la chute du président !” résonnent. L’effondrement complet de l’Autorité palestinienne est une possibilité réelle. Cela pourrait entraîner la dissolution des forces de sécurité d’Abbas, fortes de 50.000 à 70.000 hommes, principalement financées par les États-Unis, et auxquelles Israël a effectivement sous-traité une partie de l’occupation. Pour Israël ceci compliquerait considérablement l’occupation. Cela laisserait la porte ouverte à des organisations comme le Hamas. Dans un scénario plus positif, des comités de résistance populaire comme lors de la Première Intifada pourraient voir le jour. Dans l’ensemble, il existe une menace d’augmentation de la violence, accompagnée d’éventuels flux de réfugiés ou d’expulsions par Israël vers la Jordanie.

    Jordanie, fin d’une normalisation

    Le Premier ministre jordanien a récemment déclaré que les tentatives d’Israël d’expulser les Palestiniens vers les pays voisins seraient considérées comme « une déclaration de guerre ». La Jordanie est faible tant sur le plan économique qu’en termes de ressources naturelles (en particulier l’eau). Le pays a déjà du mal à accueillir les millions de réfugiés palestiniens, irakiens et syriens.

    En Jordanie, la moitié de la population est déjà d’origine palestinienne. Des manifestations quotidiennes rassemblent des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes qui crient des slogans tels que “Ouvrez les frontières !” et “Nous marchons pour libérer la Palestine, morts ou vifs !”

    Des mesures telles que le rappel par la Jordanie de son ambassadeur en Israël ou l’annulation de l’accord “Eau contre énergie” ne suffiront pas à calmer la colère suscitée par le massacre. En 2018, une grève générale a permis d’arrêter certaines coupes budgétaires et de renverser un premier ministre. La montée de la classe ouvrière jordanienne organisée pourrait également être décisive dans le développement d’une réponse de la classe travailleuse à la guerre contre le peuple palestinien.

  • Stop au massacre! Stop à l’occupation! Renforçons l’action de masse!

    En un mois à Gaza, 2 Palestiniens sont morts pour 300 habitants. 20 morts par heure pendant un mois. L’horreur de l’impitoyable offensive de l’armée israélienne a culminé avec l’attaque contre l’hôpital Al-Shifa le 15 novembre. Hôpitaux, médicaments, communications, écoles, camps de réfugiés, routes et convois de réfugiés… rien ni personne n’est à l’abri du terrorisme d’État israélien dans la bande de Gaza.

    Par Michael Bouchez, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Les Palestinien.ne.s en fuite sont chassé.e.s comme du gibier et regroupés dans le sud. La pénurie de carburant et le manque d’électricité rendent non seulement inutilisables les équipements médicaux tels que les couveuses, mais ils paralysent également les pompes à eaux usées. Les médecins craignent l’apparition de maladies et d’épidémies faute d’espace, d’hygiène, d’eau potable et de médicaments.

    Entre-temps, la violence s’intensifie en Cisjordanie : plus de 200 personnes ont été tuées depuis le 7 octobre et des communautés entières ont été chassées par les colons.

    Pour un véritable cessez-le-feu

    Des millions de travailleurs, de travailleuses et de jeunes sont descendus dans la rue et ont participé à des manifestations allant de quelques dizaines à des centaines de milliers de personnes dans presque tous les pays. Des grèves étudiantes ont également eu lieu dans l’Etat espagnol, en Grande-Bretagne ou encore aux États-Unis tandis que des comités de solidarité ont été créés dans plusieurs universités françaises. Le mouvement ouvrier est elle aussi entrée en action avec des grèves et des actions de blocage. En Belgique, le front commun des syndicats du transport a appelé à refuser de prendre en charge le matériel militaire destiné à Israël dans les aéroports du pays. Des blocages ont été organisés par des dockers, des activistes et des jeunes en Catalogne, à Gênes, dans divers ports ou entreprises d’Australie, du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni, etc.

    L’indignation de masse et le rejet du massacre ont imposé à des gouvernements initialement unilatéralement favorables au gouvernement israélien à demander des pauses humanitaires. De telles pauses représentent un véritable soulagement pour la population gazaoui. Mais le passé a amplement démontré à quel point le régime israélien se moquait de tels accords. Pour les masses palestiniennes, la perspective de nouvelles attaques, de nouveaux bombardements et de nouveaux morts restent une dure réalité. Fin novembre, le PS a déposé une résolution dans l’hémicycle en faveur d’un cessez-le-feu total et de la reconnaissance de l’État palestinien. Cette résolution a été soutenue par le PTB mais honteusement boycottée par les élus de l’Open VLD, du MR et de Vooruit qui ne se sont même pas présentés au vote. Bon nombre d’entre eux appellent officiellement à une pause humanitaire, mais il ne s’agit que d’un intérêt de pure forme pour la souffrance des Palestiniens. Ils soutiennent dans les faits l’occupation israélienne et une forme plus “humaine” de carnage.

    Cette résolution était d’ailleurs essentiellement symbolique et à visées électorales pour couvrir le rôle hypocrite du PS vis-à-vis des livraisons d’armes de la FN Herstal, détenue à 100% par la Région wallonne et qui a encore livré des armes à Israël en 2022 selon Amnesty International. Et aujourd’hui? “Le Ministre-président ne s’exprime jamais sur la thématique de l’octroi des licences d’exportation d’armes”, a expliqué (sans rire) le porte-parole d’Elio Di Rupo.

    Face aux guerres qui menacent, opposons la lutte de classe !

    En fin de compte, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et sur l’escalade internationale des mobilisations, des actions de blocage et des grèves pour obtenir un cessez-le-feu complet et durable. De telles actions actions initiées et développées à partir de la base et autour de la force du mouvement ouvier entreront inévitablement en conflit avec les intérêts impérialistes et géopolitiques des entreprises belges et internationales.

    C’est par ce type d’actions que nous pourrons démasquer celles et ceux qui souhaitent avant tout éviter de se mettre en travers des intérêts des profiteurs de guerre. La guerre et la destruction sont des activités très lucratives. Les dépenses militaires mondiales ont atteint 2.240 milliards de dollars en 2022. Depuis début octobre, les grandes entreprises d’armement ont vu leur valeur augmenter de plusieurs milliards. Imaginez que ces fonds soient consacrés aux besoins de la population au lieu de tuer des enfants et de provoquer des massacres ! Cela garantirait immédiatement la sécurité et l’avenir du monde entier.

    La lutte pour la liberté de la Palestine est également une lutte contre l’impérialisme, le capitalisme et la société de classes. La lutte peut apporter des victoires sociales au sein du capitalisme, mais une transformation socialiste de la société est nécessaire pour élever le niveau de vie des masses palestiniennes et israéliennes au-dessus des meilleures conditions possibles dans le cadre du capitalisme.

    Pour former l’unité dans la lutte pour la transformation socialiste, il est crucial de reconnaître le droit à l’autodétermination de tous les peuples. Ce n’est que sur cette base qu’il sera possible de parvenir à une égalité totale des droits dans tous les domaines et de garantir une Palestine socialiste indépendante avec sa capitale à Jérusalem-Est. Avec une transformation socialiste d’Israël au sein d’une confédération socialiste volontaire du Moyen-Orient avec une garantie d’égalité des droits pour toutes les nations et minorités.

  • Victoire de l’extrême droite au Pays-Bas, signe avant-coureur pour les élections de 2024?

    Le PVV de Geert Wilders vient de largement remporter les élections parlementaires aux Pays-Bas le 22 novembre. Le BoerBurgerBeweging (BBB) qui avait remporté les élections provinciales en mars dernier semble être déjà de l’ordre du passé. Le nouveau parti d’Omtzigt, en tête des sondages jusqu’à un mois avant les élections, est maintenant en quatrième place.

    Par Geert Cool

    La situation politique est faite d’instabilité profonde, avec des changements brusques, sans qu’aucun parti traditionnel ne résiste. Dans le nouveau parlement, sept des huit élus les plus anciens seront des membres du PVV. Les scores élevés de l’extrême droite constituent en fait le seul élément de continuité. Le même scénario menace la Flandre en 2024 et, par extension, les élections européennes en France, en Italie, en Allemagne, en Suède, en Finlande et ailleurs.

    Wilders a commenté sa victoire en ces termes : “Les électeurs ont parlé et ils en ont assez !” Il a ajouté que les gens voulaient plus d’argent, plus de sécurité et plus de soins de santé. La dégradation des conditions de vie – avec une baisse des salaires réels de 8,3 % en 2022 – apporte de l’eau à son moulin. Puisque le mouvement ouvrier ne tape pas du poing sur la table pour aller chercher l’argent là où il est, l’extrême droite marque des points avec l’idée de récupérer les moyens alloués aux demandeurs d’asile et aux migrants. L’idée semble plus concrète qu’une lutte contre les capitalistes qui ont ammassé des profits records.

    Le VVD de Yesilgöz et le nouveau venu NSC (Nieuw Sociaal Contract) d’Omtzigt ont suivi le discours anti-migration et ont banalisé les idées de Wilders. Une participation de l’extrême droite au gouvernement est possible. En 2010, il y a déjà eu un gouvernement éphémère composé du VVD et du CDA avec le soutien tacite du PVV. À l’heure où nous mettons sous presse, aucun gouvernement n’est encore formé. Si Wilders en fait partie, cela ouvrira davantage la porte en Belgique à des coalitions au moins locales avec le Vlaams Belang après les élections communales d’octobre 2024.

    La méfiance a atteint un niveau fiévreux dans la société. Certaines personnes en sont presque asphyxiées, mais elles ne vont pas plus loin que l’action symbolique. Cela a un effet paralysant. En l’absence d’une conscience de classe et de puissantes organisations de classe (syndicats, partis politiques), il n’y a guère de contrepoids dans la société. Même les membres de la classe ouvrière sont sensibles à ce genre de sautes d’humeur.

    Cependant, la classe ouvrière dans toute sa diversité, avec les jeunes, les femmes et les personnes LGBTQI+ en tête, ne peut compter que sur elle-même pour mettre ses revendications et ses préoccupations sur la table et les défendre. Elle peut jouer un rôle actif et s’imposer dans le débat public par la lutte collective. Si les travailleurs et travailleuses ne le font pas eux-mêmes, d’autres le feront en leur nom, avec toutes les conséquences que cela implique. L’extrême droite y est déjà parvenue.

    Le néolibéralisme a transformé la société en cimetière social après 40 ans de domination. La jeunesse et les mouvements de lutte contre l’oppression doivent faire entendre leurs revendications spécifiques. Ces mouvements peuvent renforcer la voix de la gauche et construire le rapport de force nécessaire au sein de la société pour imposer leurs revendications.

  • Gaza. En finir avec la guerre et l’occupation par une mobilisation de masse et des grèves !

    Parallèlement à la mobilisation des parents des otages israéliens, des mobilisations internationales de masse sont parvenues à imposer une première trêve humanitaire de quatre jours avec échanges de prisonniers. Il est possible d’aller beaucoup plus loin en maintenant ces mobilisations, en les élargissant et en les accompagnant d’actions de grève de plus en plus importantes. Ce sont les méthodes de lutte du mouvement ouvrier : la clé non seulement pour stopper ce carnage, mais aussi pour mettre fin à ses racines : l’occupation, le blocus, l’expansion des colonies et la misère.

    Par Eric Byl

    Un déluge de mort et de destruction

    Rien ni personne n’est épargné par l’offensive israélienne sur Gaza. Au cours des trois premières semaines, plus de bombes y ont été larguées que sur l’ensemble de l’Afghanistan à l’époque. 18.000 tonnes de TNT au total, soit l’équivalent de la bombe atomique lâchée sur Hiroshima. Après 48 jours, le bilan est de 14.758 morts, mais il pourrait déjà s’élever à 20.000 car on estime que plus de 6.000 corps gisent encore sous les décombres. Au moins 6.000 enfants et 4.000 femmes ont été tués. Sur une population de 2,3 millions d’habitants, 1,7 million sont aujourd’hui à la rue, la plupart déplacés hors des camps de réfugiés où leurs familles s’étaient retrouvées après la Nakba de 1948.

    Plus de la moitié des maisons, soit 278.000, ont été détruites ou endommagées. Les survivants trouvent refuge dans les écoles et les hôpitaux dans l’espoir que le régime israélien respecte le droit international de la guerre. Entre-temps, 311 écoles et 87 ambulances ont déjà été endommagées, seuls 9 des 35 hôpitaux fonctionnent encore et 200 travailleurs de la santé ont été tués. La bombe qui a explosé sur l’hôpital Al Ahli Arab, puis le siège de l’hôpital Al Shifa et de l’hôpital indonésien ont illustré que rien ne peut consituer un abri. Au 22 novembre, 53 journalistes ont déjà été tués, dont 46 Palestiniens. Le régime israélien bloquant l’approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments et en carburant, la population doit utiliser de l’eau salée et polluée. Les maladies infectieuses et la famine menacent de devenir incontrôlables.

    C’est un tsunami de mort et de destruction que la machine de guerre israélienne déverse sur Gaza pour se venger de l’attaque surprise du Hamas du 7 octobre. Ce dernier présente celle-ci comme une lutte partisane contre le siège et le blocus, vision des choses aujourd’hui renforcée par les destructions massives causées par la machine de guerre israélienne. En réalité, il s’agit d’un horrible massacre planifié au cours duquel 1.200 Juifs, Arabes palestiniens et travailleurs migrants, y compris des enfants et des bébés, ont été tués. Dans le sillage de cette attaque, 240 otages ont été capturés. Ce faisant, le Hamas voulait contrecarrer le processus de normalisation des pays arabes avec Israël, une stratégie délibérée visant à faire tomber la cause palestinienne dans l’oubli. Le Hamas savait que le régime israélien riposterait durement. Son objectif n’était pas d’améliorer la situation à Gaza, mais de remettre la Palestine à l’ordre du jour.

    Le mouvement de protestation

    Le gouvernement de droite et d’extrême droite de Netanyahou avait été contesté pendant dix mois par un mouvement de masse contre son projet de coup d’État légal et ses politiques antisociales. Il s’est saisi de ce crime pour alimenter une vague de vengeance, de nationalisme et de racisme, tout en créant un semblant d’unité nationale et en cherchant à s’assurer le soutien de l’opinion publique internationale. Jamais auparavant ses alliés occidentaux n’avaient pris le parti d’Israël de manière aussi inconditionnelle et aveugle. Quiconque osait mentionner l’occupation et le blocus était accusé de soutenir le Hamas, le terrorisme voire l’antisémitisme. Des manifestations pro-palestiniennes ont été interdites et qualifiées de “marches de la haine”. Le port de drapeaux palestiniens ou du keffieh a été criminalisé, de même que certains slogans.

    Mais rapidement, le cycle du sang, de la destruction et de la punition collective à Gaza a éclipsé le crime du Hamas. Même la machine de propagande israélienne n’a pas pu l’ignorer. D’imposantes manifestations pro-palestiniennes ont eu lieu à travers le monde. Elles ont également exercé une pression énorme sur les régimes arabes favorables aux États-Unis. Aux États-Unis, on parle d’un fossé générationnel où les personnes de plus de 50 ans sont majoritairement favorables à Israël, alors que plus la population est jeune, plus le soutien aux masses palestiniennes est important, y compris parmi les jeunes de la communauté juive. Cela met à mal l’hypocrisie du bloc occidental en tant que gardien de la démocratie face aux crimes de guerre. Cela met même en péril la réélection de Biden. En Europe, de plus en plus de chefs de gouvernement ne peuvent s’empêcher de se prononcer en faveur d’une trêve des armes et d’une paix négociée.

    Le cabinet de guerre israélien qualifie son offensive vengeresse de “frappe défensive” visant à détruire le Hamas et à libérer les otages. Mais pendant ce temps, c’est toute la population qui est visée et toutes les infrastructures détruites. Israël ne parviendra pas plus à détruire le Hamas que les États-Unis ne sont parvenus à détruire les talibans à l’époque. En soutenant sans réserve la «guerre de défense» d’Israël, le bloc impérialiste occidental a voulu intégrer pleinement Israël dans son bloc de pouvoir et clarifier immédiatement à toute la région, ainsi qu’à la Chine et à la Russie, qui a le pouvoir militaire au Moyen-Orient. La présence de porte-avions américains visait à dissuader les milices pro-iraniennes au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen, l’Iran lui-même et d’autres pays arabes d’intervenir. Elle a immédiatement préparé le terrain pour qu’Israël puisse poursuivre ses activités à Gaza.

    Pour l’instant, l’impérialisme occidental reçoit son dû sur le plan militaire, mais au prix d’un affaiblissement politique, tandis que la Chine se positionne hypocritement comme un artisan de la paix et que Poutine abuse de la tragédie palestinienne pour justifier sa propre agression en Ukraine. Aucune des puissances impérialistes dominantes ne souhaite une extension régionale de la guerre, mais ce risque est ancré dans la situation. De plus, personne n’a de stratégie de sortie sérieuse et Israël et le bloc occidental sont dans une impasse stratégique qui pourrait finir par les miner militairement aussi. Plus la trêve durera, plus il sera difficile pour le régime israélien de reprendre les attaques. Mais ce gouvernement est le plus à droite du monde précisément parce qu’il maintient l’occupation.

    Stopper le carnage

    La première tâche, et la plus importante, consiste à stopper le carnage, à rétablir l’approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments et en carburant, ainsi qu’à procéder à un échange intégral de prisonniers, comme le réclament également les proches des otages. La meilleure façon d’y contribuer est d’élargir les mobilisations internationales. La spontanéité est une bonne chose, la création de comités de mobilisation dans les écoles et les universités en est une meilleure encore.

    L’appel des syndicats belges du transport pour empêcher le chargement et le déchargement de matériel militaire et de marchandises en provenance des colonies a trouvé écho en Catalogne et à Gênes. Dans plusieurs endroits, plusieurs centaines de militants ont bloqué la production et/ou le transport d’armes. Des actions de solidarité ont été menées dans les hôpitaux et par des journalistes du monde entier. Tout cela répondait à un appel lancé par les syndicats palestiniens.

    Le succès initial des mobilisations de masse et des grèves démontre que ce ne sont pas seulement les calculs géopolitiques des gouvernements capitalistes, mais aussi la lutte des classes qui peuvent en fin de compte contribuer à déterminer le cours de l’histoire. Des millions de travailleurs et de personnes opprimées à travers le monde montrent qu’ils et elles ne laisseront pas la classe dirigeante s’en tirer à bon compte avec ses crimes. La généralisation et l’intensification de l’action ouvrière peut réellement les stopper.

    La libération nationale par la libération sociale

    Le PSL, son parti frère le Mouvement de Lutte Socialiste en Palestine/Israël et leur internationale Alternative Socialiste Internationale sont engagés dans le développement du mouvement de solidarité internationale. Cependant, tant que les Palestiniens se verront refuser le droit à leur propre État, de nouvelles confrontations, encore plus horribles, éclateront. Sur une base capitaliste, la libération de la Palestine s’est avérée illusoire, que ce soit dans le cadre d’un seul État ou d’une solution à deux États. C’est précisément la raison pour laquelle la diplomatie et les forces internationales ne peuvent au mieux que retarder la prochaine confrontation.

    La libération nationale de la Palestine ne peut être séparée de la libération sociale. Elle ne peut être et ne sera pas imposée par une confrontation militaire, mais par la seule chose qui ait jamais pu forcer des concessions jusqu’à présent : une lutte de masse politique et sociale où la lutte armée est un outil sous le contrôle démocratique de la population. Nous appelons – en Palestine et en Israël – à la création de comités de lutte démocratiques dans l’esprit de la première Intifada (1987-1993) et de la Grève de la dignité (2021). Ce n’est que de cette manière qu’une Palestine indépendante avec une capitale à Jérusalem peut être mise en œuvre, en même temps que seule une Palestine socialiste peut apporter la prospérité en exploitant la richesse nationale au profit de la grande majorité de la population.

    Une telle Palestine socialiste serait un pôle d’attraction et une source d’inspiration pour les masses de tout le Moyen-Orient, une impulsion en faveur d’une confédération socialiste volontaire du Moyen-Orient. Reconstruire Gaza, sans parler d’une Gaza prospère, semble impossible aujourd’hui. Cela nécessiterait un plan Marshall, mais serait similaire ou plus dur encore que la reconstruction de l’Afghanistan ou, disons, de l’Irak. Une confédération socialiste volontaire du Moyen-Orient tirerait parti des vastes ressources de la région pour y parvenir.

    Le régime israélien présente de fortes caractéristiques d’apartheid, mais avec une population juive elle-même déchirée par les divisions de classe et la discrimination. Contrairement aux régimes coloniaux précédents, cette population n’a pas de métropole en dehors de la région où aller. Le régime abuse de cette situation pour créer un sentiment de citadelle assiégée et instrumentaliser le désir de sécurité. Une Palestine socialiste, sans parler d’une confédération socialiste du Moyen-Orient, inciterait fortement la classe ouvrière israélienne à se battre également pour une transformation socialiste, surtout si cela s’accompagne de la reconnaissance de son droit à l’autodétermination et à la sécurité. Cela signifierait non seulement la fin de l’occupation, mais jetterait également les bases de la reconnaissance de l’injustice historique et d’une interprétation juste du droit au retour des réfugiés palestiniens. Nous luttons pour un État socialiste démocratique avec une égalité totale des droits en Palestine et un Israël démocratique et socialiste, avec les deux capitales à Jérusalem et une égalité totale pour toutes les minorités, dans le cadre d’une confédération socialiste régionale volontaire.

  • L’armée israélienne alimentée depuis la Belgique? Résistance!

    Le 16 octobre 2023, les syndicats palestiniens ont appelé leurs “homologues internationaux et toutes les personnes de conscience” à mettre fin à toutes formes de complicité avec les crimes du gouvernement d’Israël, en cessant de toute urgence le commerce d’armes avec cet État, ainsi que le financement de toute recherche militaire.

    Par Baptiste (Liège)

    Ce vendredi 1er décembre – rassemblement à 19h face à l’entreprise Challenge à Liège – Rue de l’Aéroport 76, 4460 Grâce-Hollogne, Belgique, à l’initiative du Collectif Liège Palestine Solidarité

    Cet appel n’est pas resté sans réponse. En Europe, les travailleur.se.s elles.eux mêmes ont pris spontanément l’initiative de tirer la sonnette d’alarme et de dénoncer l’envoi d’armes depuis leur lieu de travail. On a ainsi vu le front commun des syndicats belges du transport (CNE, UBT, Setca et CSC Transcom) appeler ses affilié.e.s à refuser de manipuler des armes destinées à l’État israélien. A Barcelone et à Gênes, des dockers ont refusé de charger les bateaux d’armes à destination d’Israël. Partout dans le monde, aux Etats-Unis, en Australie, au Canada, au Royaume-Uni, en Afrique du Sud des initiatives de syndicats et de la société civile sont prises pour freiner l’approvisionnement de matériel meurtrier destiné au massacre de la population palestinienne. Malgré le climat de haine dominant et la lâcheté des gouvernements, les travailleur.se.s lancent des actions courageuses sans attendre l’action des partis traditionnels.

    Pour assurer un cessez-le feu qui ne soit pas une caricature ainsi qu’un véritable embargo militaire contre la machine de guerre israélienne, ces actions doivent être renforcées et développées par l’organisation des travailleur.se.s sur leurs lieux de travail.

    La Belgique complice des massacres et de l’oppression

    Rien qu’en 2022, on estime que les entreprises wallonnes ont participé à armer les forces impérialistes dans le monde (dont Israël) à hauteur de 830 millions d’euros. La FN d’Herstal contribue par exemple à armer l’Arabie Saoudite, responsable du massacre de la population yéménite, une des plus grandes catastrophes humanitaires du monde.

    A partir de Liège, l’entreprise israélienne Challenge, anciennement CAL-LACHS, envoie explosifs et drones militaires à Tsahal, l’armée israélienne. Bien que le CEO de Challenge, Yossi Choukroune, déclarait le 8 novembre à La Libre que « Nous amenons des ambulances et de la nourriture vers Israël, pas des armes », un article du Soir du 21 novembre révélait que du matériel destiné à la confection d’explosifs provenant des États-Unis avait encore transité par Liège ce même 8 novembre! De plus, le 11 octobre, le ministère israélien de la Défense lui-même tweetait avoir reçu une livraison d’armes en provenance d’un avion-cargo immatriculé 4X-ICA appartenant à l’entreprise Challenge… qui avait décollé de Bierzet le 8 octobre à 17h06 !

    Cette entreprise fleurissante peut compter sur le soutien des autorités belges qui lui octroient régulièrement des permis de livrer du matériel électrique servant à la confection d’explosifs ou encore de balles en plastiques destinées à la police israélienne qui réprime aujourd’hui l’opposition au gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou. L’entreprise livre par ailleurs en Europe des marchandises extorquées aux populations palestiniennes des colonies, comme par exemple des tonnes de fleurs ayant bénéficié de l’appropriation des ressources aquifères des territoires palestiniens.

    Selon l’Association Belgique-Palestine, Challenge a pu développer sa filiale ACE à Liège sous l’œil bienveillant d’une délégation du gouvernement belge envoyée en 2017 en Israël, et menée par le premier ministre de l’époque, Charles Michel (MR). L’entreprise fait aussi partie d’un consortium (avec Instro, de nombreuses filiales d’Elbit, Motorola et d’autres entreprises) financé via le 7ème programme cadre européen (projet Idetct4All). Challenge bénéficie également de règles très flexibles, comme par exemple l’absence de contrôle en cas de non-transbordement des avions en transit se posant à Liège. Que transportent ces avions ? Des fleurs exotiques ou des drones ? Nous pouvons dès lors questionner la responsabilité du gouvernement actuel, qui se montre si partisan d’un cessez-le-feu, et qui se rend pourtant complice du développement d’une telle entreprise de mort.

    Le devoir de la classe travailleuse dans le conflit

    Force est de constater que ce sont les travailleur.se.s, directement au contact de ce matériel militaire, qui sont les mieux placé.e.s pour empêcher son envoi. La tradition anti-guerre du mouvement ouvrier est riche, pensons notamment à la révolution allemande de 1918 ou encore à la grève de 1949 organisée par la CGT à Marseille contre la guerre d’Indochine. Il a un rôle décisif à jouer dans la lutte contre l’impérialisme israélien.

    Le blocage du transport de l’armement ne peut pas être simplement laissé à l’initiative des travailleur.euse.s à titre individuel. Le mieux est de discuter de la meilleure manière de concrétiser l’appel des syndicats palestiniens en assemblées générales du personnel, autour des délégations syndicales. De multiples initiatives peuvent être prises, avec le soutien d’autres délégations syndicales et celui de comités de solidarité locaux, à l’image du Collectif Liège-Palestine Solidarité nouvellement créé.

    Dans les secteurs qui ne sont pas directement concernés, des motions de solidarité peuvent être votées pour assister l’établissement de la confiance vers de telles actions de blocage. Les délégations syndicales devraient aussi discuter de participer aux comités de solidarité locaux ainsi qu’aux manifestations et actions avec leurs banderoles syndicales, en tant que délégations d’entreprises.

    C’est une étape nécessaire dans la construction d’un mouvement de masse international en faveur de l’émancipation nationale et sociale du peuple palestinien ainsi que contre la militarisation grandissante de nos États et leurs politiques impérialistes. L’expropriation et la nationalisation du secteur militaro-industriel sous contrôle et gestion des travailleur.euse.s est l’unique solution pour abattre les prétentions des profiteurs de guerre et reconvertir les entreprises d’armement pour une production socialement utile. Les technologies actuelles permettent de le faire aisément. Les travailleur.se.s de Belgique ont aujourd’hui une occasion importante de se montrer solidaires du peuple palestinien dans le cadre d’un combat qui vise à mettre un terme au règne du capitalisme qui s’épanouit sur la haine, l’exploitation et l’oppression.

  • Les sœurs Mirabal et les origines de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

    La journée du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, fut instituée par une résolution des Nations Unies en 1999. Toutefois cette journée avait déjà une importance régionale bien auparavant, ayant été établie lors de la première rencontre féministe continentale d’Amérique Latine et des Caraïbes à Bogota en 1981.(1)

    Par Christian (Louvain)

    Le 25 novembre rappelle la date de l’assassinat des sœurs Mirabal, tuées en 1960 par la dictature de Trujillo en République Dominicaine. Aujourd’hui méconnue, cette dictature était à l’époque réputée parmi les plus ignobles des Amériques. Au début des années ‘80, à une époque où de nombreux pays de la région subissaient le joug de dictatures militaires, ce choix n’est pas fortuit. Les sœurs Mirabal ne peuvent être réduites à de simples victimes d’un crime abominable : c’étaient des militantes politiques en lutte pour les droits démocratiques.

    Il est particulièrement intéressant de se pencher sur cet épisode dans son contexte historique compte tenu du rôle moteur et des grands sacrifices faits par les jeunes femmes dans des mouvements de masses actuels tel qu’au Myanmar ou en Iran. Dans l’Amérique latine d’aujourd’hui, des militantes sont également encore souvent la cible de féminicides.

    Impérialisme et dictature

    Pour assurer le remboursement de la dette nationale, les États-Unis occupèrent la République dominicaine de 1916 à 1924. Haïti, voisine, subit une occupation des marines pour le même motif de 1915 à 1934. Cuba, le Nicaragua et le Honduras connurent également des interventions similaires. Les États-Unis maintinrent un contrôle direct sur les finances et les douanes de la République dominicaine jusqu’en 1940. Ils laissèrent le pays dans de bonnes mains. Trujillo, qui avait pris le pouvoir au début de la crise économique mondiale était l’homme qu’il fallait pour garantir la stabilité politique, l’équilibre budgétaire et les intérêts économiques américains.

    Tout comme le fondateur de la dynastie Somoza au Nicaragua, Rafael Leónidas Trujillo Molina (1891-1961), d’origine modeste, reçut une formation militaire des marines états-uniens lors de leur occupation du pays. Devenu chef de la garde nationale, Trujillo prit le pouvoir par un coup d’Etat lors des élections de 1930. Seulement deux fois officiellement président durant ses 31 années au pouvoir, Trujillo gouverna la plupart du temps en tant que figure militaire imposante derrière des présidents fantoches ; notamment son propre frère ainsi que l’intellectuel Joaquín Balaguer (1906-2002).

    Le ‘Generalissimo’ établit un culte de la personnalité à son profit. Reconstruite après un tremblement de terre, la capitale Santo Domingo fut rebaptisée Ciudad Trujillo. Une province et le plus haut sommet du pays furent également renommés en son honneur. Son règne, celui d’un caudillo aux tendances fascistes, fut marqué par la terreur. Son service secret, le Servicio de Inteligencia Militar (SIM), était connu pour traquer ses opposants jusque dans leur exil. Le bilan de ses 31 années au pouvoir pourrait s’élever à 50.000 morts.

    La pire atrocité orchestrée par Trujillo fut le massacre des migrant.e.s haïtiens en 1937. La quasi-totalité de la population d’origine haïtienne fut soit tuée (entre 17.000 et 35.000 personnes) ou forcée de fuir. Dans le contexte de la crise économique, la main d’œuvre haïtienne était moins recherchée. De plus, Trujillo voulait consolider son contrôle sur la région frontalière. Trujillo justifia le bain de sang ultérieurement par la thèse d’un antagonisme national (voir racial) entre les deux peuples, une thèse basée entre autres sur le fait que Haïti avait occupé son voisin durant la première moitié du 19ème siècle.(2)

    En revanche, pour améliorer sa mauvaise réputation et surtout afin de « blanchir » la population dominicaine Trujillo se montrât ouvert aux migrant.e.s venus d’Europe et même du Japon. La République Dominicaine fut un des rares pays à accepter des réfugié.e.s juif.ve.s. Des milliers de réfugié.e.s espagnol.e.s furent également accueilli.e.s. Nombre d’entre elles et eux finirent toutefois à leur tour assassiné.e.s par le régime dominicain.(3)

    Les sœurs Mirabal

    Propriétaire d’une ferme et de plusieurs commerces, la famille Mirabal était de classe moyenne aisée et habitait une région côtière au nord du pays. Elle comptait quatre filles : Patria (1924-1960), Bélgica Adela « Dede » (1925-2014), Minerva (1926-1960) et Maria Teresia (1936-1960). Dede s’est tenue à l’écart de la politique et fut la seule à voir de vieux jours. Elle s’occupa des orphelin.ne.s et a défendu la mémoire de ses sœurs. Chose exceptionnelle à l’époque, Minerva et Maria Teresia eurent l’opportunité de poursuivre des études universitaires. Minerva, la plus politiquement engagée, fut la première femme du pays à terminer des études de droit.

    A l’université, Minerva rencontra son futur mari Manolo Tavárez Justo (1931-1963). Fils d’un riziculteur de taille moyenne et étudiant en droit il était un fervent ennemi de l’impérialisme américain. Le couple vint à admirer Fidel Castro. Il est à noter que jusqu’en 1961, Fidel Castro poursuivit essentiellement une politique de démocrate radical qui envisageait certes des réformes sociales mais aucunement des bouleversements plus profonds.

    En 1949, Minerva fut personnellement confrontée à Trujillo. Lors d’une fête à laquelle sa famille (et surtout elle) fut contrainte d’assister elle refusa les avances sexuelles du tyran. La famille quitta les lieux. Cet affront à Trujillo, machiste et prédateur sexuel notoire, ne fut pas sans conséquences pour Minerva et sa famille. Son père fut emprisonné et Minerva ne put jamais exercer son métier d’avocate.

    En juin 1959 une expédition armée composée majoritairement d’exilés dominicains fut envoyée par Fidel Castro qui avait renversé le dictateur Batista seulement quatre mois plus tôt à Cuba. L’aventure s’est terminée en moins d’une semaine par une déroute totale. Les quelques survivants furent torturés puis fusillés. Le Mouvement du 14 Juin (MJ14), mouvement dédié à mettre fin à la dictature de Trujillo, fut établi en honneur de ces martyrs. Le mari de Minerva devint le président du mouvement et le mari de Maria Teresia son trésorier. Dès le début, les sœurs ont occupé une place de premier plan dans la lutte clandestine sous le nom de code « mariposas » (papillons). Patria offrit sa maison pour des réunions, tandis que Minerva et Maria Teresa cachèrent des armes et fournirent abri et nourriture à ceux qui fuyaient la répression. Plus que cela, ces dernières étaient activement impliquées dans la planification de la lutte. Aussi, toute la famille fut-elle mobilisée dans la distribution de tracts dénonçant les crimes du régime. Le mouvement attira ainsi de nombreux.ses jeunes dominicain.ne.s issu.e.s de la classe moyenne y compris des étudiant.e.s.

    Plus d’une centaine de membres du MJ14 finirent par être arrêté.e.s y compris Minerva, Maria Teresia, leurs maris respectifs, ainsi que le mari et le fils de Patria. Leurs propriétés furent confisquées et la maison de Patria incendiée. Torturées et condamnées à cinq ans de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État » Minerva et Maria Teresia furent toutefois relâchées. Fort conscientes du danger qu’elles courraient, les trois sœurs continuèrent néanmoins à tenir tête au régime.

    Trujillo ne pouvait admettre que des femmes lui soient dangereuses, d’où leur sortie de prison. Toutefois, leur refus obstiné de se soumettre était un défi particulièrement cinglant. Elles représentaient une subversion des rôles de genre dans une société encore profondément traditionnelle et machiste.(4)

    Le dictateur finit par faire recours à un traquenard pour se débarrasser des Mariposas. Deux des trois maris détenus furent transférés à une prison plus lointaine. La route pour aller leur rendre visite était longue et peu fréquentée. Le 25 novembre 1960, des agents du SIM interceptèrent les trois femmes et leur chauffeur. Tou.te.s furent battu.e.s à mort. Le SIM a tenté de simuler les assassinats par un accident de voiture, ce qui n’a trompé personne. Ce crime odieux ne fit qu’alimenter l’indignation contre Trujillo.

    La fin de Trujillo et la défaite de la gauche

    Au moment de l’assassinat des sœurs Mirabal, les choses allaient déjà mal pour Trujillo. En juin 1960, Trujillo avait tenté de faire assassiner le président vénézuélien Betancourt. Celui-ci avait oser accueillir des opposant.e.s dominicain.ne.s. Par la suite, le Venezuela obtint des sanctions contre Trujillo via l’Organisation des États américains (OEA). Alors que Washington résistait aux pressions visant à imposer des sanctions économiques (notamment concernant l’importation de pétrole) sur la République dominicaine, Trujillo devint un obstacle diplomatique aux efforts américains visant à obtenir un consensus autour de l’isolement de Cuba. L’emprise personnelle croissante du dictateur sur l’économie dominicaine (par exemple 60% de la culture sucrière) devenait également un obstacle aux investisseurs États-uniens. Tant donné le mécontentement croissant, les autorités américaines s’inquiétaient aussi concernant le type d’opposition qui pourrait prendre le pouvoir.(5) Il fallait absolument éviter à tout prix un autre Cuba.

    Le 30 mai 1961, Trujillo mourut dans une embuscade sous une pluie de balles. Ses assassins appartenaient à son propre appareil de sécurité et avaient reçu des armes de la CIA. Ramfis, le fils du dictateur, massacra les conspirateurs presque jusqu’au dernier. Une lutte pour le pouvoir opposa Ramfis à ses oncles. Finalement, tous furent forcés de quitter le pays et le pouvoir tomba aux mains de Joaquín Balaguer, président jusque-là fantoche. Une grève générale de 12 jours en novembre-décembre 1961, grève reprise janvier 1962, força la démission du Président Balaguer du pouvoir et la tenue d’élections démocratiques en décembre 1962.(6)

    Juan Bosch (1909-2001) et son parti de centre-gauche, le Parti Révolutionnaire Dominicains (PRD), remportèrent aisément les élections avec près de 60% des votes. Une nouvelle constitution libérale devait garantir les droits démocratiques et syndicaux. Il était question de séparation entre l’Eglise et l’Etat, d’une forte restriction du rôle politique des forces armées, de droits civils et d’une restriction des droits de propriété par rapport aux droits individuels, de réforme agraire. Le danger pour l’ordre établi ne résidait pas dans la radicalité du gouvernement de Bosch mais dans l’espoir qu’il risquait de produire au sein des masses. La droite dominicaine et les USA accusèrent Bosch de complaisance envers le communisme.

    Le 25 septembre 1963, après seulement 7 mois au pouvoir, Bosch fut renversé par un coup d’État et remplacé par une junte. Manolo Tavárez Justo, veuf de Minerva, relâché de prison en 1961, avait apporté un soutien critique au gouvernement Bosch. Son Mouvement Révolutionnaire du 14 Juin ouvrit plusieurs fronts de guérilla pour résister au putsch. Ce recours à la lutte armée fut assez désastreux. Tavárez Justo fut exécuté en décembre 1963 ensemble avec plusieurs compagnons après s’être rendu. En avril 1965, il y eut un soulèvement plus large de civils et militaires, dit «constitutionnalistes», en soutien à Bosch. Cette fois, les combats ne furent pas confinés à de lointains maquis mais furent concentrés dans les rues de la capitale. Le soulèvement connu un certain succès ce qui entraîna une intervention des marines. Il s’agissait de la première intervention militaire directe des États-Unis dans l’hémisphère depuis 30 ans.

    Joaquín Balaguer, l’ancien protégé de Trujillo gagna les élections présidentielles de 1966. Bosch, son adversaire, s’était limité à une campagne discrète par crainte de la répression militaire. Ses trois premiers mandats (1966-1978) furent marqués par la poursuite de la terreur d’État, causant des milliers de morts supplémentaires. Le PRD social-démocrate parvint enfin au pouvoir en 1978 mais finit par trahir la classe travailleuse et imposer des politiques d’austérité.

    Un bilan

    Dans les vies des sœurs Mirabal se retrouvent des éléments féministes tels que le dépassement d’obstacles professionnels ou sociaux ou encore des éléments de « MeToo ». Toutefois, sur l’ensemble, la lutte des sœurs Mirabal s’inscrit moins dans les différentes phases du mouvement féministe mondial que dans la lutte démocratique et par extension anti-impérialiste de l’Amérique latine et des Caraïbes. L’histoire des ‘Mariposas’ est aussi emblématique de l’apparition des femmes comme agents historiques dans une société encore profondément patriarcale et machiste.

    Si elles avaient échappé aux sbires de Trujillo, les sœurs Mirabal seraient-elles allées plus loin dans leur poursuite de l’exemple Castriste? Fidel Castro, poussé par les masses et l’impérialisme américain, finit par adopter le modèle de Moscou, le modèle d’une économie socialisée mais dont la planification était bureaucratique plutôt que démocratique.

    Une des tragédies de l’histoire dominicaine fut l’état relativement moins développé de ses traditions de lutte ouvrière, de ses traditions socialistes. Cuba avait déjà connu la grève générale en 1935, avait un parti communiste depuis 1920, une opposition trotskiste depuis les années ‘30. En contraste, le mouvement ouvrier dominicains ne semble avoir pris son essor qu’après la mort du tyran. Des exilé.e.s espagnol.e.s n’y fondèrent un parti communiste qu’en 1944. Celui-ci fut sévèrement réprimé. Sans une intervention décisive de la classe ouvrière, des luttes démocratiques et anti-impérialistes de type-guérilla avait peu de chance de succès et les réformistes étaient moins contraint à prendre des mesures réellement révolutionnaires.

    Les ‘Mariposas’ restent un exemple de lutte courageuse face à l’oppression dictatoriale et patriarcale. Aujourd’hui les femmes qui rentrent en lutte ont le bénéfice des vagues féministes successives qui les ont précédées et ainsi que d’une classe travailleuse plus forte. Il y a de quoi bâtir un féminisme socialiste et révolutionnaire à la hauteur des défis de notre époque.

    1) https://www.cairn.info/journal-actuel-marx-2007-2-page-36.htm%C3%82%C2%A0

    2) https://clacs.berkeley.edu/dominican-republic-bearing-witness-modern-genocide     

    3) https://albavolunteer.org/2010/07/dominican-republic-commemorates-arrival-of-spanish-refugees/

    4) https://www.csustan.edu/sites/default/files/groups/University%20Honors%20Program/Journals/mendoza.pdf    

     5) https://www.archives.gov/files/research/jfk/releases/2018/176-10033-10152.pdf     

    6) https://nvdatabase.swarthmore.edu/content/dominican-citizens-general-strike-free-democratic-elections-1961-1962

  • La résistance au massacre à Gaza continue de se développer !

    La manifestation de ce samedi à Bruxelles fut massive. La police a parlé de 21.000 participants, une sous-estimation parfaitement ridicule. Si certains partis au pouvoir s’orientent vers une critique prudente des violences commises à l’encontre du peuple palestinien, les autorités en tant que telles continuent de prendre clairement parti. Le flot de manifestants n’a pas cessé d’affluer. Pendant plus d’une heure, nos stands à la gare de Bruxelles Nord ont été débordés. Des centaines de manifestants sont venus y chercher un tract, acheter un badge et/ou un journal. Nous étions sans doute plus de 50.000 manifestants.

    L’approche internationaliste du PSL/LSP et d’Alternative Socialiste Internationale a été appréciée, tandis que la nécessité d’un changement de système était largement soutenue. Ce système trouve des milliards pour la destruction et la misère, alors que ces ressources sont nécessaires pour construire un véritable avenir pour nous toutes et tous. Comme nous le disions dans notre brochure : “En temps de guerre, les moyens semblent inépuisables. Ils donnent une idée de ce qui peut être utilisé pour assurer le bien-être de chaque personne dans la région avec l’expropriation des gigantesques profits de guerre et du secteur bancaire et leur prise en charge publique sous contrôle et gestion démocratiques.”

    Les mobilisations ont été très importantes dans plusieurs endroits du monde. À Londres, plus d’un demi-million de personnes ont manifesté. Même en Israël, des milliers de manifestants ont demandé un cessez-le-feu. La protestation continue à prendre de l’ampleur, les tentatives d’y mettre un terme par la répression n’aboutissent plus. Les politiciens traditionnels sont pressés de dénoncer ce qu’ils appellent la violence “disproportionnée”, comme s’il existait aussi un terrorisme d’État “proportionné”. À partir de combien d’enfants assassinés devient-on “disproportionné” ? Seules la droite et l’extrême droite continuent à soutenir hardiment le régime belliciste israélien. Bart De Wever a déclaré précédemment que seul le « camp des lumières et de la démocratie » pouvait être choisi. Il pense peut-être trop aux Romains, en particulier à Tacite. Ce dernier écrivait : “Voler, assassiner, piller, c’est ce qu’ils appellent avec un mensonge ‘gouverner’ et là où ils font des ravages, ils parlent de ‘paix’”.

    L’ampleur de la manifestation n’est pas sans rappeler le mouvement qui a précédé le début de la guerre en Irak en 2003. Nous avons alors assisté à la plus grande journée internationale de protestation de l’histoire, le 15 février 2003, avec des millions de manifestants à travers le monde. Nous étions alors 100.000 à Bruxelles. Cette protestation s’est accompagnée de grèves dans les écoles et chez les étudiants et de grandes manifestations locales le jour où la guerre a commencé, le jour X. Aujourd’hui, la guerre est déjà en cours. Cependant, le potentiel de mobilisation dans les écoles, les campus et de nouvelles actions locales est important.

    Ce qui a manqué en 2003 pour stopper la guerre, c’est un boycott conscient et bien organisé de tout effort de guerre par la classe travailleuse. Le mouvement ouvrier est capable d’arrêter les guerres, car ce sont les travailleurs qui sont responsables de toutes les opérations de production et de logistique. L’appel du front commun des syndicats du secteur transports – CNE, UBT, Setca et CSC-Transcom – pour ne plus charger ou décharger du matériel militaire à destination d’Israël dans les différents aéroports du pays est très important. Les dockers de Catalogne ont fait de même. Ils répondent ainsi à l’appel international des syndicats palestiniens pour refuser de fabriquer ou transporter des armes destinées à Israël. Les syndicats des autres secteurs doivent suivre cet exemple !

    Un tel mouvement renforcerait la classe ouvrière palestinienne, les pauvres et les personnes opprimées. Il mettrait l’accent sur des méthodes déjà familières dans la lutte pour l’émancipation nationale et sociale palestinienne : les grèves et les manifestations de masse, comme lors de la première Intifada (1987-1993) ou lors de la récente grève de la dignité en mai 2021.

    Comme à l’époque, des comités populaires démocratiquement élus peuvent être mis en place. Ceux-ci peuvent prendre en charge les mesures de sécurité du mouvement et l’autodéfense lors des manifestations contre les bombardements, l’occupation et les colonies. C’est aussi la base d’une lutte pour les ressources nécessaires à un droit de retour digne pour tous les réfugiés, à la reconstruction des quartiers détruits, à l’assistance médicale et psychologique pour toutes les victimes du conflit…

    Cette autre voie est nécessaire face aux méthodes désespérées reposant sur la violence aveugle au lieu de l’auto-organisation des masses et de leur action. La stratégie de violence aveugle et désespérée du Hamas n’offre pas d’issue. Sa violence s’exerce d’ailleurs aussi contre les masses palestiniennes : il y a peu, il a réprimé les manifestations à Gaza contre la crise énergétique et les prix élevés, tout comme l’Autorité palestinienne a réprimé en Cisjordanie les manifestations contre l’offensive israélienne à Gaza.

    Comme nous l’avons noté dans notre tract, Il faut saisir toutes les occasions de briser le cycle de la haine et de la violence. Le Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij (PSL/LSP) est la section belge d’Alternative Socialiste Internationale, qui comporte également une section en Palestine-Israël : le Mouvement de Lutte Socialiste. Nos membres sur place participent par exemple activement à la résistance sur les campus israéliens contre les tentatives de l’extrême droite d’expulser des universités celles et ceux qui expriment leur soutien aux Palestiniens. Comme toujours en situation de guerre, la cherté du coût de la vie augmente à vue d’œil, de même que les profits d’une petite clique de parasites capitalistes (grandes entreprises de l’armement, distribution, etc.) : cela assistera la compréhension des véritables mécanismes derrière cette logique d’occupation et de massacre. »

    La lutte pour l’émancipation palestinienne est également une lutte contre l’impérialisme, le capitalisme et la société de classe. La lutte pour les besoins sociaux des travailleuses et travailleurs peut arracher des conquêtes sociales dans le cadre du capitalisme, mais une transformation socialiste de la société est nécessaire pour élever le niveau de vie des masses palestiniennes et israéliennes au-dessus des meilleures conditions permises par la société d’exploitation capitaliste.

    Parvenir à l’unité dans la lutte pour une transformation socialiste exige de reconnaître le droit à l’autodétermination de tous les peuples. Ce n’est que sur cette base que l’on pourra obtenir une égalité totale des droits dans tous les domaines et que l’on pourra assurer une Palestine socialiste indépendante avec sa capitale à Jérusalem-Est et une transformation socialiste en Israël dans une confédération socialiste volontaire du Moyen-Orient, avec une garantie d’égalité des droits pour toutes les nations et minorités.

    Reportage-photos par Pol

    Photos de Philip et Nico

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