Category: Europe

  • Le plus grand procès politique en Irlande depuis des décennies: Soutenez les activistes de Jobstown!

    En Irlande, 19 militants sont actuellement menacés d’être condamnés à la suite d’une série de procès politiques. Parmi eux se trouve un député (Paul Murphy, Anti Austerity Alliance) ainsi que trois conseillers locaux de l’Anti-Austérity Alliance. L’establishment irlandais a subi une défaite dans la lutte contre une taxe visant à en finir avec la gratuité de l’eau, il cherche maintenant à se venger des dirigeants du mouvement de contestation. La solidarité internationale avec les accusés et les protestations contre ces procès politiques qui débuteront en avril sont très importants. Voici ci-dessous quelques explications ainsi qu’un exemple de lettre de protestation à envoyer en Irlande.

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    Protester n’est pas un crime ! Jobstown not guilty

    Dix-neuf militants sont actuellement aux prises avec une série de procès suite à leur implication dans l’une des centaines d’actions opposées à l’introduction d’une taxe sur l’eau en Irlande. Au cours de l’une d’entre elle, une action spontanée de novembre 2014, la voiture de la vice-Première ministre Joan Burton a été bloquée durant deux heures et demi. Des centaines de riverains avaient saisi l’occasion de sa venue dans leur quartier pour exprimer leur colère contre cet impôt qui s’ajoutait à toutes les mesures antisociales adoptées depuis la crise.
    Depuis lors, l’un des manifestants, un mineur âgé de 15 ans au moment des faits, a été reconnu coupable de “séquestration”. Il semble que ces procès visent à faire un exemple tout en essayant de criminaliser les militants dans la perspective de futures mobilisations.

    L’un des accusés est le député Paul Murphy, élu au parlement irlandais au point culminant de la lutte contre la taxe sur l’eau en tant que candidat de l’Alliance Anti-Austérité (AAA), une des organisations activement impliquées dans la lutte contre ce nouvel impôt aujourd’hui suspendu en raison des mobilisations. Tout d’abord assistant parlementaire de Joe Higgins, élu au Parlement européen en 2009, il a remplacé ce dernier lorsqu’il a remporté un siège au Parlement irlandais en 2011. Paul a notamment été membre du bureau du groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique. Il a participé à l’organisation de la solidarité avec de nombreuses causes internationales, notamment avec les luttes du mouvement des travailleurs grecs contre les Memoranda européens. En 2011, Paul Murphy a aussi participé à la « Flottille de la Liberté » qui visait à apporter des médicaments aux Gazaouis. L’armée israélienne avait pris d’assaut le navire à bord duquel il se trouvait et il fut arrêté et détenu, de même que plusieurs autres activistes. Il est le seul député européen à avoir séjourné dans les geôles israéliennes.

    Non à la criminalisation de la protestation

    Nous avons aussi vu en Belgique diverses tentatives de criminaliser les protestations, notamment en restreignant le droit de grève. Lors de la grève nationale appelée par la FGTB le 24 juin 2016, le secrétaire de la Centrale Générale Bruno Verlaekt avait été arrêté tandis qu’une impressionnante force de police avait brisé un à un les quatre piquets de grève organisés par la centrale générale dans la zone portuaire. Les politiciens de droite ne manquent pas de projets de loi visant à éroder le droit de grève. D’autre part, ces dernières années, les Sanctions administratives communales (SAC) ont sévèrement réduit la liberté d’action des jeunes et des activistes.

    La société néo-libérale est sous pression, sa seule réponse est l’intimidation et la criminalisation des mouvements sociaux naissants. Cela doit servir d’avertissement aux futurs activistes.

    Cette tendance est internationale, nous devons y répondre internationalement également sous le slogan «an injury to one is an injury to all».

    Les procès des activistes de Jobstown peuvent constituer un important précédent. Nous redoutons des condamnations de plusieurs mois et même plusieurs années d’emprisonnement. Ce ne serait pas une nouveauté. En 2003, des militants avaient déjà été emprisonnés un mois en Irlande pour avoir organisé des manifestations. Cette affaire représente un test important pour le gouvernement. Elle déterminera dans quelle mesure ce dernier pourra continuer à faire payer la crise aux masses. En Irlande et à l’étranger, elle déterminera dans quelle mesure les activistes pourront repousser ces attaques.

    Que pouvez-vous faire ?

    Vous trouverez ci-dessous un modèle de lettre de modèle protestation internationale à utiliser si vous estimez que le droit de protester, arraché par la lutte internationale du mouvement des travailleurs, est un des droits démocratiques les plus fondamentaux et qu’il doit être défendu en conséquence. Vous pouvez également faire parvenir cet appel à la solidarité à vos connaissances.

    Envoyez votre lettre à
    Frances Fitzgerald TD, Deputy Prime Minister and Minister for Justice and Equality, Ireland
    Dept. of Justice and Equality
    51, St. Stephen’s Green, Dublin 2, D02 HK52, Ireland
    Phone: 00353 1 602 8202
    Email: minister@justice.ie

    Avec une copie à
    JobstowNotGuilty : jngcampaign@gmail.com
    Socialist Party info@socialistparty.net

    Pour plus d’informations :

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    [Date]

    Exemple de lettre de protestation

    [Nom, Prénom]
    [Fonctions (éventuellement)]
    [Adresse Email]

    Frances Fitzgerald,
    Dept. of Justice and Equality,
    51, St. Stephen’s Green,
    Dublin 2,
    D02 HK52
    Ireland
    Phone: +353 1 602 8202
    Email: minister@justice.ie

    Chers Vice Premier Ministre et Ministre Fitzgerald,

    J’ai pris connaissance de la condamnation d’un étudiant de 17 ans pour séquestration de l’ancien Tanaiste Joan Burton TD. J’estime que cette condamnation ainsi que le fait que 18 autres personnes doivent être jugées l’année prochaine pour avoir protesté contre la taxe sur l’eau dans la communauté de Jobstown à Tallaght (Dublin) sont des erreurs judiciaires honteuses.

    Les actions de sit-in qui mettent en retard des politiciens font partie de la structure des droits démocratiques que la population a gagnée au cours des ans. Cette affaire est une très grave atteinte au droit de protester de la part de l’État et du système judiciaire irlandais. Il s’agit d’une « recette pour le totalitarisme», comme l’a expliqué l’avocat de l’étudiant déjà jugé, de même qu’une criminalisation des protestations et des communautés ouvrières.

    Il est scandaleux que des gens puissent subir de longues peines de prison et qu’un parlementaire démocratiquement élu puisse être renvoyé du Parlement. Je demande que la condamnation du jeune de 17 ans soit annulée et que les accusations contre les 18 adultes inculpés soient immédiatement abandonnées.

    [Signature]

  • France. Contre Fillon, le PS et le FN, votons Mélenchon

    Voici la déclaration de la Gauche Révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière) explicitant sa participation à la campagne de la France Insoumise et son appel au vote pour Mélenchon: Alors que des millions de personnes sont au chômage, se débattent avec les difficultés quotidiennes, que les services publics sont de plus en plus dégradés, le cirque médiatique autour de l’élection présidentielle de 2017 peut en dégoûter plus d’un(e). Pour nous, c’est surtout une raison de plus de se révolter et de s’organiser pour ne plus subir les politiques du PS, de LR et du FN, et de se rassembler pour se préparer à lutter.

    C’est vrai qu’il y a de quoi être écoeuré, et que certain(e)s pensent s’abstenir pour montrer leur rejet de cette parodie de démocratie. Mais en l’absence de manifestations de masse, ou de l’appel clair d’une force politique large des jeunes et des travailleurs, l’abstention reste surtout une protestation passive qui n’inquiète nullement les principaux dirigeants de la droite, du PS, ou du FN..

    PS, droite, FN : la promesse de nous pourrir la vie

    Ce n’est pas avec Fillon, Valls-Hollande, ou Le Pen, qu’on peut espérer que le monde va devenir meilleur et la société plus juste.

    La droite ou le PS (et ses alliés) sont responsables du désastre social actuel. Fillon a été 1er ministre. Il a orchestré la casse des retraites en 2010. Résultat : des retraites plus faibles, et même souvent le chômage pour les travailleurs de plus de 57 ans tandis que les autres sont obligés de bosser jusqu’à l’épuisement. Il promet même qu’il va faire reculer le chômage en… supprimant 500 000 emplois dans les services publics, ou en obligeant à travailler plus en gagnant moins (39h payées 35), ou encore d’augmenter la TVA…

    Valls-Hollande, leur bilan, c’est 5 millions de chômeurs, soit 1,5 millions de plus qu’en 2012, et surtout des dizaines de milliards d’euros de cadeaux aux super riches et aux multinationales lesquelles continuent de supprimer des emplois (Air France, La Poste, Peugeot, SFR, Sanofi etc.) alors qu’elles font des milliards de bénéfices. Quant au FN, croire qu’il est différent sur le fond, c’est vivre dans l’illusion. Le Pen prétend parler au nom du «peuple» alors que sa famille est riche à millions. Tous les dirigeants du FN sont des politiciens arrivistes qui cumulent les positions électorales, comme à la droite et au PS. Et dans les villes que le FN dirige, c’est la chasse aux associations comme le «Secours populaire», la fin de la gratuité de la cantine pour les chômeurs,… Le FN ne parle même plus d’augmenter les salaires, et il ne veut surtout pas s’attaquer au capitalisme. Sa seule cible, ce sont les plus faibles : les migrants, les jeunes précarisés… Ce que le FN veut, c’est diviser les travailleurs et la population, au seul bénéfice des riches, exactement comme la droite et le PS.

    Exprimer notre révolte contre ce système

    Ce que ces partis au service du capitalisme craignent, c’est que notre révolte s’exprime sur un candidat qui s’oppose complètement à leurs politiques, qui refuse les suppressions d’emploi dans les services publics, ou qui est pour les augmentations de salaire, des aides sociales et des retraites et que celui-ci recueille des millions de voix. C’est pour cela que la Gauche révolutionnaire appelle à voter pour Mélenchon. C’est ainsi qu’on peut commencer à rassembler tous ceux et toutes celles qui en ont assez du capitalisme et de sa loi du profit et de l’exploitation.

    C’est cela qui est crucial y compris pour commencer à organiser une force d’opposition si c’est Fillon qui gagne ces élections. En défendant les intérêts des classes populaires et des travailleurs, la candidature de Mélenchon est aussi un réel moyen, à une échelle large, de contrer un vote Lepen basé sur la colère contre le PS et les Républicains.

    La candidature de Mélenchon peut être un point d’appui même si on a des désaccords avec lui. Il défend l’augmentation des salaires, la retraite à 60 ans, il refuse qu’on continue ainsi avec le désastre écologique et défend une organisation planifiée de l’économie qui tienne compte réellement des ressources naturelles au lieu de ne fonctionner que pour la loi du profit. Sa plate-forme est pour en finir avec cette Union Européenne qui ne sert qu’aux multinationales. La règle électorale des « insoumis » (le mouvement qui soutient Mélenchon) interdit le cumul des mandats électoraux. Le non cumul ou le droit de vote à 16 ans sont des points positifs et nous pensons qu’il faut également que les élus ne perçoivent pas plus que le salaire moyen d’un travailleur, et qu’ils puissent être révocables quand ils trahissent leurs engagements.

    Si des millions de voix se portent sur sa candidature, on pourra redonner confiance à tous ceux et toutes celles qui en ont assez de cette société injuste.

    S’attaquer à la finance et aux multinationales

    Il faudra aller plus loin pour s’attaquer au pouvoir des multinationales, des banques, des groupes d’actionnaires. La campagne électorale peut être un moyen de discuter de véritables revendications et propositions pour lutter contre le capitalisme. Contre la dictature de la finance, la Gauche révolutionnaire défend que l’ensemble du secteur financier (banques, assurances, compagnies immobilières…) soit nationalisé sans compensation pour les grands capitalistes, et regroupé en un organisme de crédit unique, sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la population. C’est ainsi qu’on pourrait financer les investissements pour créer des millions d’emplois dans les services publics, pour l’environnement ou les besoins sociaux.

    Le besoin d’une force politique de masse des travailleurs et de la jeunesse

    La lutte contre la loi travail l’a montré : nous sommes des millions à en avoir assez du capitalisme et de sa dictature du profit et de l’exploitation. Depuis le printemps, des millions de personnes ont relevé la tête et refusent de continuer à subir les bas salaires, les conditions de travail désastreuses, la dictature des petits chefs. Mais on a vu aussi que notre camp n’est pas assez organisé, nous n’avons pas obtenu le retrait de la loi alors que plus de 70% de la population était contre. Il faut une force politique de masse, un nouveau parti des travailleurs, des jeunes, des précaires, des retraités, pour aider à organiser les luttes et qui combat la propagande au service du capitalisme, qui refuse le racisme, le sexisme, et toutes les discriminations.

    C’est pour cela aussi qu’il faut utiliser la campagne et le mouvement autour de Mélenchon pour encourager les luttes sociales, environnementales et démocratiques, pour les soutenir et les aider à se construire. Car les centaines de grèves qui ont lieu chaque semaine ont besoin d’un soutien politique et militant.

    C’est tout cela que nous voulons porter dans cette campagne et que nous vous invitons à défendre avec nous. En face de Fillon et des autres, il faut qu’il y ait un camp déterminé à les combattre et à stopper toutes les mesures qu’ils chercheront à mettre en place. Et pour stopper ces plans, il faudra une vaste lutte, peut être une grève générale, qui montrera la force des travailleurs, des jeunes, quand ils luttent tous ensemble.

    En construisant la campagne de soutien à Mélenchon, nous pouvons avancer dans ce sens et commencer à construire une nouvelle force politique contre le capitalisme et contre les partis PS-LR-FN qui le soutiennent.

    Il n’y a pas d’issue dans le système capitaliste qui épuise les ressources de la planète, condamne des millions de personnes à la misère et à la précarité pendant qu’une poignée de super riches est toujours plus riche. Il n’y a pas d’issue dans ce système qui provoque des guerres pour le pétrole ou d’autres ressources et ensuite fait la chasse aux migrants qui tentent de survivre.

    Il faudra renverser le capitalisme, et le remplacer par le socialisme démocratique, pour permettre qu’enfin l’économie soit organisée pour la satisfaction des besoins de tous et toutes, pour enfin en finir avec les discriminations, pour que la jeunesse ait vraiment un avenir et pour construire une société réellement démocratique. C’est pour cela que se bat la Gauche révolutionnaire, rejoignez nous et menez campagne avec nous !

  • Etat espagnol. Congrès historique du Sindicato de Estudiantes

    Les 19 et 20 novembre dernier, 300 jeunes militants issus de pas moins de 26 villes espagnoles – accompagnés de dizaines de syndicalistes et de militants de la classe ouvrière – se sont réunis à Madrid à l’occasion du 18e congrès du Sindicato de Estudiantes (Syndicat des étudiants, SE). Divers membres et représentants du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), parmi lesquels le secrétaire général du Socialist Party Peter Taaffe, ont eu le privilège d’y assister. Cette rencontre historique pour tous ceux qui y ont participé fut une étape décisive dans la lutte contre le nouveau gouvernement minoritaire du Parti Populaire (PP). Une nouvelle grève générale étudiante avait été appelée par le SE pour le 24 novembre et, quelques jours plus tard, le gouvernement reculait quant à l’instauration des «revalidas» (voir notre article à ce sujet). Cet article a initialement été publié avant la tenue de cette deuxième grève générale étudiante.

    Fondé en 1986 et forgé dans la chaleur d’un autre mouvement étudiant historique qui a battu le gouvernement de Felipe Gonzalez, le Sindicato de Estudiantes est aujourd’hui à l’épicentre de la lutte de classe. Il a mobilisé et organisé la grève générale des étudiants du 26 octobre (26O) à laquelle deux millions d’étudiants ont participé tandis que plus de 200.000 d’entre eux défilaient dans les rues.

    Face à un gouvernement hésitant, la victoire à portée de main

    Le 26O a ouvert une brèche dans la situation, brisant la «paix sociale» étouffante des dernières années. Dans son discours d’ouverture, Ana Garcia, secrétaire générale du SE, a expliqué que la lutte contre les attaques antisociales dans l’enseignement et particulièrement contre les examens de «revalidation» anti-ouvrières est vite devenue le dossier le plus problématique du nouveau gouvernement. A la veille de la tenue de ce congrès, la presse parlait du retrait imminent des «revalidations». Même des ministres l’ont laissé.

    Ana et d’autres, cependant, ont répondu correctement: “Nous n’en croyons pas un mot. Jusqu’à ce que cela soit officiel, nous continuons la lutte.” Le 24 novembre, le SE va de nouveau vider les salles de classe et remplir les rues avec une autre grève générale étudiante. Si le gouvernement commençait son mandat avec une nouvelle défaite face à la campagne de mobilisation du SE, cela aurait un énorme impact. Le message que la lutte menée avec des méthodes militantes est payante ne sera pas oublié dans les rangs du mouvement syndical. La politique de paix sociale et de collaboration de classe des dirigeants syndicaux n’a pas obtenu de tels résultats.

    Francisco Garcia, secrétaire général du syndicat des enseignants CCOO, de loin le plus important syndicat d’enseignants du pays, a pris la parole devant le congrès. Sa direction avait échoué à s’associer avec les étudiants pour faire du 26O une grève générale de tout le secteur de l’éducation, en dépit de l’intense pression exercée à cette fin. Il a toutefois été contraint de reconnaître le succès de la grève et de louer le rôle du SE en tant que principal représentant des étudiants en lutte. Il a également exprimé son soutien à la grève du 24 novembre mais, encore une fois, la direction du syndicat ne mobilisera pas les enseignants. À la suite de son discours, les camarades du SE ont salué ses paroles par une ovation massive, soulignant que le temps des mots est passé, qu’il est maintenant temps de lutter pour la défense de l’éducation publique et de notre avenir.

    Sa présence ainsi que celle du Président de la CEAPA (association espagnole des parents) et d’un membre de premier plan d’Izquierda Unida ont témoigné de la qualité du SE. Le caractère de classe du SE et le lien incassable qu’il entretient avec la classe ouvrière ont été soulignés tout au long du Congrès. Orateur après orateur ont rappelé qu’il ne s’agissait pas d’un simple syndicat étudiant avec mais bien d’un syndicat d’étudiants ouvriers, attaché à la lutte de la classe ouvrière dans son ensemble contre l’austérité et le capitalisme.

    L’atmosphère était électrisante tout au long du week-end. Les participants, dont beaucoup n’ont rejoint le syndicat qu’au cours des dernières semaines ou derniers mois, étaient remplis de confiance et de combativité. La colère contre la classe dirigeante, la tristesse de l’émigration de masse et la détermination à lutter pour un avenir ont été vivement illustrés.

    En dépit de leur jeunesse et du fait qu’ils étaient nouveaux dans la lutte, ils ont déjà organisé une mobilisation de masse victorieuse. Une des choses les plus visibles dans ce Congrès fut la manière dont de nouveau dirigeants de masses se lèvent parmi la jeunesse et la classe ouvrière, en particulier parmi les jeunes femmes.

    Des centaines de personnes célèbrent l’anniversaire du SE et d’Izquierda Revolucionaria / El Militante

    Le samedi soir, un rassemblement conjoint a été organisé pour célébrer le 30e anniversaire du SE et le 40e anniversaire d’Izquierda Revolucionaria / El Militante (IR), l’organisation marxiste révolutionnaire qui a formé le syndicat et qui continue de le diriger.

    Plus d’une douzaine d’orateurs ont pris la parole. Antonio Garcia Sinde, dirigeant syndical d’IR, a parlé de la naissance de Nuevo Claridad, une organisation trotskyste travaillant dans des conditions clandestines sous la dictature franquiste. Un petit groupe de jeunes révolutionnaires, a-t-il expliqué, a pris contact avec la Tendance Militant en Grande-Bretagne (devenue aujourd’hui le Socialist Party) et a développé les méthodes nécessaires pour construire une force puissante. Ils ont bientôt occupé une position dirigeante dans le mouvement ouvrier et socialiste au Pays basque et dans d’autres régions. Des représentants de COMUNA, une organisation de prisonniers politiques sous Franco, ont également salué le rassemblement.

    Des intervenants de toute l’histoire du SE et d’El Militante ont abordé l’histoire du syndicat de sa fondation au mouvement anti-guerre et à la lutte en réponse aux attentats terroristes de Madrid en 2004.

    Xaquin Garcia Sinde, syndicaliste de l’industrie des chantiers navals et cadre historique d’IR, a également parlé de l’histoire des deux organisations et du potentiel que peut atteindre une petite organisation armée d’idées, de tactiques et de programmes. Les représentants de la lutte héroïque des travailleurs de Coca Cola, qui ont mené une bataille militante depuis plus de deux ans, ont été salués comme des héros lors du rassemblement.

    El Militante / Izquierda Revolucionaria a été fondée comme une section du Comité pour une Internationale Ouvrière, mais une scission de nos forces a pris place au début des années ’90, ce qui a les conduits à parcourir un chemin différent pendant plus de 20 ans. Les racines communes des deux organisations ont été mises en lumière durant tout le week-end. Les références au Militant britannique, à la bataille de Liverpool dans les années 1980, etc. ont été multiples. La participation au week-end de camarades du CIO et de Peter Taaffe, représentant le Secrétariat international du CIO, a constitué un élément clé du processus de discussions et de collaborations dans lequel nous nous trouvons à nouveau. Sean Burns, du Socialist Party (section du CIO en Irlande du Nord) a également pris la parole au nom des jeunes camarades du CIO présents et qui étaient venus du Portugal, d’Irlande, d’Angleterre et du Pays de Galles, de Belgique et d’Allemagne.

    Peter a reçu une standing-ovation avant même qu’il n’ait commencé à parler! Il a salué le Congrès au nom du Socialist Party, héritier de l’héritage du Militant qui a vaincu Thatcher non pas à une, mais à deux reprises. Il a expliqué comment nos réussites passées et actuelles, ainsi que celles du SE aujourd’hui, démontrent la nécessité d’une direction révolutionnaire et de méthodes et tactiques adéquates, même dans la lutte pour arracher des réformes. La construction de l’unité entre le CIO et IR représente une étape importante dans la construction de cette direction socialiste révolutionnaire, qui sera la clé de la prochaine période internationale.

    La salle s’est de nouveau levée tandis que Peter expliquait que si le XXe siècle avait été celui de la lutte révolutionnaire, le XXIe serait celui de la victoire révolutionnaire. Paraphrasant les héroïques sans-culottes de la révolution française dont le mot d’ordre était «tremblez tyrans, les masses arrivent», il s’est adressé à Donald Trump en disant: «Trump, la classe ouvrière arrive».

    Juan Ignacio Ramos, qui fut le premier secrétaire général du SE lors de la bataille historique de 1986/87 et qui est actuellement secrétaire général d’IR, fut le dernier orateur. Son récit graphique de la façon dont un petit groupe révolutionnaire audacieux avait construit une rébellion de masse de la jeunesse contre le gouvernement Gonzalez, menant à trois mois de grèves étudiantes et d’occupations, était électrisant. Les victoires remportées par ce mouvement – y compris l’enseignement gratuit de deuxième niveau et la construction d’écoles – figurent parmi les droits défendus aujourd’hui par le SE.

    Juan Ignacio a détaillé toutes les tentatives du gouvernement Gonzalez : affrontement, tentative de corruption de dirigeants du SE naissant,… Tout cela fut vain. Le caractère incorruptible, audacieux et révolutionnaire est aujourd’hui encore bien visible de tous et ce Congrès en fut le parfait témoignage.

    Le SE et IR ont un énorme potentiel de croissance et de développement. Beaucoup d’étudiants présents ont pris la décision de rejoindre IR pendant le week-end, reconnaissant que combattre et être organisé est la clé, mais que ce n’est pas suffisant. Une direction politique socialiste révolutionnaire doit également être construite.

    Tous les membres du CIO qui ont assisté au congrès sont convaincus qu’IR est sur la bonne voie vers la construction d’un tel instrument politique.

  • [Video] "Socialism 2016" à Londres: Meeting central

    Le week-end de discussion et de formation ‘Socialism 2016’ a récemment pris place à Londres. Le meeting central de cet événement très enthousiasmant a laissé une large place à des syndicalistes combatifs en résistance contre le gouvernement conservateur et l’austérité de même qu’à une campagne locale contre l’expropriation d’un quartier entier, celui de Butterfields. Darletta Scruggs, de Socialist Alternative, était également présente. Une de ses interventions sur Fox News est devenue virale il y a quelques mois, après qu’elle ait vertement remis à sa place le journaliste qui l’interrogeait. A Londres, elle a parlé de la construction de la résistance contre Trump. Peter Taaffe, secrétaire général du Socialist Party, a clôturé la discussion en abordant la guerre civile en cours à l’intérieur du Socialist Party ainsi que le rôle que doivent y jouer les marxistes.

  • La Turquie glisse vers la dictature

    Dans la nuit du 3 au 4 novembre, la police turque arrêtait Selahattin Demirta? et Figen Yüksekda?, les deux codirigeants du parti d’opposition de gauche pro-kurde HDP. À côté d’eux, 10 autres parlementaires du HDP ont été arrêtés. Ces arrestations furent un nouvel exemple de la manière dont le président Erdogan essaie d’écraser chaque opposition à sa politique autoritaire.

    Par Tim (Gand)

    Aux élections de juin 2015, il était devenu clair que l’hégémonie indiscutable du parti d’Erdogan, l’AKP, était désormais chose du passé. Pour la première fois depuis 2002, le parti perdait sa majorité absolue. Après plus d’une décennie d’attaques néolibérales de la part d’un régime autoritaire de plus en plus répressif à l’encontre du mouvement ouvrier et des autres forces d’opposition, et alors que les promesses d’amélioration des conditions de vie des couches plus larges de la population en restaient toujours au stade de paroles, l’autorité d’Erdogan c’est vue de plus en plus contestée dans l’État turc.

    La défaite électorale a servi d’avertissement. Erdogan a donc instrumentalisé les attentats commis dans son pays pour y limiter encore plus fortement les libertés démocratiques. Ce fut le cas après les attentats de juillet 2015 contre un groupe de jeunes socialistes à Suruç, mais aussi après les attentats d’Ankara et contre l’aéroport d’Istanbul en juin 2016. À l’aide d’un discours nationaliste, l’AKP a su récupérer une partie de ses pertes de voix aux élections de novembre 2015 et est parvenu à regagner une majorité absolue au parlement.

    Après le coup d’État raté de juillet 2016, la répression contre l’opposition s’est encore accélérée : des milliers de journalistes, d’académiciens et d’autres figures de l’opposition ont été emprisonnés. L’AKP a utilisé l’occasion pour reprendre en mains toute une série d’entreprises et de petits commerces qui étaient précédemment propriété du mouvement Gülen, accusé d’avoir organisé le coup d’État. Ces entreprises ont par la suite été vendues au rabais à des hommes d’affaires liés à l’AKP, une manœuvre visant à partiellement restaurer la base sociale fissurée du parti.

    La guerre qu’Erdogan mène contre la population kurde et ses organisations politiques constitue un élément spécifique de cette répression. Les dirigeants arrêtés du HDP sont accusés de ne pas suffisamment collaborer avec la police dans l’enquête contre les éléments terroristes du mouvement nationaliste kurde. Même si certains individus et organisations au sein du large mouvement nationaliste kurde recourent toujours aux méthodes de terrorisme individuel contre l’armée et la police turque, il n’y a aucun lien formel entre ceux-là et le HDP. Bien en contraire : le HDP a été créé comme une force de gauche dont l’objectif est de regrouper au-delà du mouvement national kurde. Si ce parti est très fort dans les régions kurdes, il obtient aussi beaucoup de soutien dans d’autres parties du pays, d’où son succès dans les élections de juin 2015.

    Les tentatives d’Erdogan de lier le HDP au terrorisme visent essentiellement à diminuer le soutien pour le parti, surtout dans les parties non-kurdes de l’État turc. Au Kurdistan, la répression a entretemps été intensifiée jusqu’à devenir une guerre civile directe contre la population kurde.

    L’AKP et Erdogan ne ménagent pas leurs efforts pour rester au pouvoir suivant la maxime de Tywin Lanniser : ‘‘Un lion n’est pas intéressé par l’opinion d’un mouton’’. Mais en dépit de tous ces efforts, le régime turc parvient de moins en moins à dépasser ses faiblesses intrinsèques : de moins en moins de gens se laissent diriger comme des moutons.

    Erdogan s’est montré très méritant par rapport aux dirigeants européens dans la crise de réfugiés. En échange de quelques milliards d’euros, il a transformé de larges parties de son pays en d’énormes ghettos pour réfugiés où son armée viole les droits humains à grande échelle des réfugiés syriens et iraquiens. Même si les dirigeants européens sont contents de son application à stopper l’afflux de réfugiés vers l’Union européenne et qu’ils ne condamnent pas son approche inhumaine et scandaleuse, l’attitude prudente des pays occidentaux durant le coup d’État de 2016 démontre que leurs relations avec le régime d’Erdogan ne sont pas au beau fixe.

    Malgré la répression, l’armée turque ne parvient pas contrôler les territoires kurdes au sud-est de l’État turc, et encore moins à avoir un pied à terre dans la guerre civile syrienne. L’armée turque est affaiblie. Elle ne parvient pas à remporter des victoires et le danger des nouveaux coups d’État n’est pas loin.

    Au même moment, l’économie turque continue à s’embourber dans une mauvaise passe. Les protestations sont quotidiennes contre la politique néolibérale et la répression. Le mouvement du parc Gezi et de la place Taksim de 2013 démontre le potentiel pour un mouvement de masse en Turquie. L’organisation sœur turque et kurde du PSL, Sosyalist Alternatif, défend la nécessité d’une telle action de masse contre la politique asociale et contre la répression d’Erdogan. Elle intervient dans ce mouvement avec un programme basé sur l’unité de classe entre les différentes populations dans la région et sur la nécessité du socialisme, seule manière d’utiliser les richesses de la région en fonction des besoins de la population entière, indépendamment de son origine ethnique ou religieuse. Ce n’est qu’ainsi qu’une paix durable et stable existera au Moyen-Orient.

  • Etat espagnol. Victoire du Syndicat des étudiants contre le gouvernement du PP!

    Des mobilisations historiques ont poussé le gouvernement à reculer

    Quelques jours après la dernière grève générale étudiante appelée par le Sindicato de Estudiantes contre les “Revalidas Fanquistas” (un système visant à limiter l’accès à l’enseignement qui existait à l’époque de la dictature franquiste), les faits ont démontré que nous avions raison : la lutte paie.

    Déclaration du Sindicato de Estudiantes (Syndicat des étudiants)

    Suite à une rencontre entre le ministère de l’Education et les représentants des régions autonomes, les revalidas – proposées par Wert, l’ancien ministre de l’Education – ont été abandonnées. Ces examens réactionnaires visaient à exclure des étudiants issus de la classe ouvrière des universités. Le nouvel accord garantit que la simple réussi du Bachillerato (en fin de secondaire) sera traitée de la même manière que le PAU (l’examen d’entrée à l’université). Les examens de réévaluation, les revalidas, qui devaient être dispensées à la fin de la dernière année du secondaire et de l’école primaire, ne seront plus obligatoires et n’ont aucune portée académique. Ces tests seront purement indicatifs. En d’autres termes, ils ne seront introduits que dans certaines écoles et comme des tests indicatifs.

    Cet accord signifie que nous avons réussi à vaincre les Revalidas Franquistas et, ce faisant, que nous avons empêché des centaines de milliers de jeunes d’être jetés hors des salles de classe !

    Cette victoire est le fruit de la lutte menée par des millions d’étudiants au cours de ces dernières années et est tout particulièrement due aux grèves étudiantes historiques de ces 24 octobre et 25 novembre, à l’initiative du Sindicato de Estudiantes.

    Ces grèves ont vidé les salles de classe et ont rempli les rues pour protester contre ces examens injustes et réactionnaires. Cette victoire a également été permise grâce à la présence à nos côtés des parents et des enseignants. Certains pourraient être tentés de revendiquer la victoire pour eux-mêmes, comme au PSOE (le parti social-démocrate), alors que ce parti a soutenu la formation du nouveau gouvernement de Mariano Rajoy!

    En réalité, la seule raison pour laquelle le gouvernement du PP a cédé sur cette question d’importance stratégique pour eux, c’est la mobilisation et la lutte dans la rue.

    Il s’agit d’une première victoire. La lutte doit continuer dans le but d’en finir avec la LOMCE (une réforme de l’éducation) de même que pour s’assurer qu’il ne reste pas la moindre virgule de cette contre-réforme franquiste.

    Nous avons déclaré au gouvernement et à leurs amis – Cuidadanos (le parti de droite des Citoyens) et les dirigeants du PSOE – que nous sommes conscients de l’importance de cette victoire. Nous ne leur permettrons pas de poursuivre leurs attaques contre l’éducation publique avec leurs dernières manœuvres sous la forme du «Pacte pour l’éducation». Nous leur avons dit qu’ils ne nous tromperaient pas et qu’il n’y aurait pas de pacte s’ils refusaient de reconnaître et de mettre en œuvre les revendications des millions de personnes qui ont lutté sans relâche dans le cadre de la Marea Verde (des protestations de masse en défense de l’enseignement qui ont pris place en 2011/12).

    Leurs revendications sont les suivantes : le retour des 7 milliards d’euros volés au budget de l’éducation publique; le réengagement des 32.000 enseignants licenciés; l’abrogation du projet LOMCE et des examens 3 + 2; la suppression des subventions publiques pour l’enseignement religieux et privé.

    Si le gouvernement décide de prendre le chemin qu’ils ont suivi ces dernières années, ils doivent être conscients d’une chose: nous allons à nouveau prendre la rue.

  • Lettre ouverte de solidarité avec Socialismo Revolucionário

    sr

    Le 29 novembre dernier, neuf militants du Bloco de Esquerda (Bloc de Gauche), qui appartiennent au collectif Socialismo Revolucionário ont été informé de l’ouverture d’une Enquête, décidé en réunion de la Table National quelques jours avant, « sur l’allégation d’infiltration de membres d’un groupe extérieur au BE sans aucun contact avec les instances légitimes du parti ».

    Il s’agit d’une accusation sans base statutaire, sans présentation d’aucune justification, qui est contraire aux principes du BE, inscrits dans son manifeste fondateur, Commencer à nouveau.

    Il y a écrit : “Le challenge que nous posons à la société portugaise, c’est celui de l’émergence d’une nouvelle initiative politique, Formellement, elle sera un parti pour pouvoir se présenter aux échéances électorales. En réalité, c’est d’un mouvement qu’il s’agit, capable de susciter, par ses propositions, l’adhésion de tous ceux qui se reconnaissent et d’associer à lui le soutien et l’engagement des courants organisés d’intervention politique ou social et de multiples autres opinions. »

    Au cours de l’année 2016, plusieurs militants du SR ont adhéré au BE, en intégrant la Motion R, s’associant à son projet de lutte pour un parti démocratique et des bases, enracinées dans les mouvements sociaux. D’ailleurs, des militants participant déjà à la Motion R ont rejoint SR après avoir adhéré au BE. Leur participation a toujours été ouverte et franche, sans jamais cacher l’appartenance à SR. Cette franchise a eu lieu aussi dans les réunions et événements publics du BE. Le 21 juin, une déclaration a été publiée qui explicitait clairement les objectifs et l’esprit dans lequel SR participe au sein du BE. On voit donc que l’accusation “d’infiltration” est complètement fausse et vide de sens.

    C’est seulement à partir d’octobre, après l’Assemblée National de la Motion R, où les militants du SR, après un débat fraternel, ont décidé d’abandonner la Motion, qu’a eu lieu le début d’organisation du SR en tant que tendance, comme c’est un droit inaliénable de tout adhérent, selon l’article 4º nº 1 alinéa d) des statuts ratifiés à la X Convention Nationale. Le 23 novembre 2016 a été publié et envoyé à la Table Nationale la demande de formation de tendance, accompagnée d’une demande de réunion. Alors, l’allégation de ne pas avoir contacté « les instances légitimes du parti » n’a aucune base factuelle.

    Tous les membres du SR ont suivis le processus d’adhésion au parti ou de ré-adhésion pour le camarade Francisco Raposo accompagné d’une déclaration publique en explicitant les raisons de son retour. La ré-adhésion du camarade a été refusée sans aucune justification politique !

    Ces accusations ne sont qu’une manœuvre politicienne sans aucun précédent dans le parti. L’Enquête est prise en charge en dépit des statuts et de son Manifeste, par une minorité qui a peur de la critique et du débat frontal d’idées, qui voit le parti comme sa propriété et utilise des méthodes bureaucratiques, contraires aux principes du BE, pour éliminer les voix qui se battent pour la démocratie et pour un programme socialiste dans le Bloco.

    Au moment ou toute la gauche et les mouvements sociaux devraient s’unir dans un front uni contre l’austérité et la précarité, en se construisant comme alternative socialiste ample et démocratique, la bureaucratie essaye d’entamer une purge des éléments de gauche dans le parti.

    Nous répudions ces manœuvres antidémocratiques Nous lançons un appel à toutes et tous, pour défendre lesroits démocratiques dans le BE, en partageant et en souscrivant cette lettre.*

    Nous faisons également un appel à toutes et tous les adhérents du parti pour qu’ils participent activement à la construction d’un Bloco pluriel et démocratique, car seul un parti vivant et dynamique peut combattre toutes les manœuvres de bureaucratisation et devenir une réelle alternative.

    Nous lançons un défi à la direction pour un débat public et frontal sur la stratégie et le programme dont nous avons besoin pour faire face à la crise.

    Non aux exclusions ! Non aux divisions ! Unité contre la Droite !

    *Les souscriptions doivent être envoyées à socialismo.revolucionario.cit@gmail.com, avec nom et prénom du souscripteur et, au cas où, nombre d’adhérents du Bloco de Esquerda ou mention de l’organisation ou groupe activiste auquel il appartient.

    Premiers souscripteurs:

    • Afonso Jantarada, BE Lisboa
    • Ana Garcia Rubio, secretária-geral do Sindicato de Estudiantes, Estado Espanhol
    • Alex Gomes, BE Lisboa
    • André Gomes, estudante da FCSH, Lisboa
    • André Menor, BE Lisboa
    • Ângelo Costa, BE Porto
    • Bruno Penha, BE Lisboa
    • Eliana Oliveira, BE
    • Eljeer Hawkins, activista do Black Lives Matter e membro do Socialist Alternative, Nova Iorque
    • Frederico Aleixo, SOS Racismo e campanha de solidariedade com o Sahara Ocidental
    • Francisco Pacheco, BE Porto
    • Francisco Raposo, dirigente da Associação Habita
    • Gonçalo Romeiro, BE Lisboa
    • Hugh Caffrey, dirigente do Socialist Party of England and Wales
    • João Carreiras, BE Lisboa
    • João Filipe Félix, Labour Party e University and College Union, País de Gales
    • João Gonçalves, colectivo Agora Pensa, Coimbra
    • João Pedro Santos, BE Setúbal
    • João Porfírio, BE Lisboa
    • João Reberti, BE Lisboa
    • Joe Baker, Labour Party and Momentum, Liverpool
    • Jonas Von Vossole, BE Coimbra
    • Jorge Branco, BE Lisboa
    • Kenza Soares, Nouveau Parti Anticapitaliste, França
    • Leonardo Costa, BE Porto
    • Kshama Sawant, vereadora da cidade de Seattle e membro do Socialist Alternative, EUA
    • Luciano da Silva Barboza, dirigente do PSOL no Rio de Janeiro e do Sindicato Estadual dos Profissionais da Educação do RJ
    • Lucy Redler, Comité Nacional do Die Linke, Alemanha
    • Luís Filipe Pires, BE Lisboa
    • Luís Melo, Colectivo Economia Plural
    • Luís Sombreireiro, BE Lisboa
    • Marcelo Badaró, Nova Organização Socialista, Brasil
    • Mark Evans, dirigente do sindicato Cymru Wales Unison
    • Manuel Botelho, BE Lisboa
    • Mariana Mourinho, BE Lisboa
    • Mariana Riquito, estudante da Universidade de Coimbra
    • Marianthi Kypridou, deputada de freguesia em Volos, Grécia
    • Mick Barry, deputado pela Anti-Austerity Alliance, Irlanda
    • Minerva Martins, BE Lisboa
    • Nikos Kanellis, vereador da cidade de Volos, Grécia
    • Paul Murphy, deputado irlandês pela Anti-Austerity Alliance
    • Paula Coelho, BE Setúbal
    • Pedro Viegas, Gauche Revolutionnaire, SNTRS-CGT, campanha presidencial France Insoumise
    • Rafael Pinheiro, BE Sintra
    • Ruth Coppinger, deputada pela Anti-Austerity Alliance, Irlanda
    • Samuel dos Reis, BE Lisboa
    • Tomás de Sá Nunes, BE Lisboa
    • Vânia Sanhá, Núcleo de Estudos e Estudantes Africanos, Faculdade de Letras de Lisboa
    • Vítor Gonçalves, BE Vila Franca de Xira
    • Wouter Gysen, dirigente do ACOD – Sindicato dos Ferroviários em Antuérpia e membro do Parti Socialiste de Lutte, Bélgica
  • [VIDEO] Débat entre Peter Taaffe et Michael Crick

    Peter Taaffe est secrétaire général du Socialist Party. Michael Crick est l'auteur d'un livre consacré à Militant, le prédécesseur du Socialist Party actuel. Il est considéré comme "l'expert" de Militant et du Socialist Party. Sa principale critique est que Militant et le Socialist Party sont organisés car il estime que cela était de manière secrète. Le Socialist Party l'avait donc invité à venir débattre ouvertement à l'occasion du weekend ‘Socialism 2016’ organisé par nos camarades d'Angleterre et du Pays de Galles.

  • Le PS et le CETA : Une tempête dans un verre d’eau ?

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    Les présidents du Conseil européen et de la Commission européenne ont été soulagés d’être finalement en mesure d’accueillir le Premier ministre canadien Trudeau pour signer le traité de libre-échange avec le Canada le 30 octobre dernier, trois jours après l’annulation en dernière minute du sommet Union européenne – Canada en raison de l’incapacité de Charles Michel de signer le traité au nom du gouvernement belge. Paul Magnette et le PS ont joué un rôle de premier plan dans ces jours dramatiques qui ont causé panique et indignation parmi les dirigeants européens, y compris les ‘‘camarades’’ sociaux-démocrates de Paul Magnette.

    Dossier de Tanja (Gand)

    Conflits de libre-échange

    La crise du CETA figure sur la désormais fort longue liste des crises qui illustrent la tendance à la désintégration de l’Union européenne. Elle a mis en danger sept années de négociations. Il s’agissait d’ailleurs de bien plus : l’avenir de la politique commerciale européenne au service des grandes entreprises était mise en péril.

    L’establishment a laissé exploser sa colère jusqu’à la conclusion de l’accord. Pour le président de la Commission européenne Juncker, il ne fallait pas laisser plus de temps à la démocratie. Le président du Conseil européen Donald Tusk a averti qu’un échec du CETA signifierait que l’UE ne serait plus jamais en mesure de conclure un accord commercial international.

    Ces accords internationaux sont de toute manière sous une pression intense. Le TTIP (accord de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis) était déjà sur le point de mourir, du moins sous sa forme actuelle, ce à quoi est encore venue s’ajouter l’élection de Donald Trump. La majorité des adversaires du TTIP ne partagent évidemment rien de commun avec lui. Ceux-là ont fait campagne pour défendre les intérêts des travailleurs, de l’environnement, des droits des consommateurs,… toutes choses auxquelles Donald Trump est profondément opposé.

    Certaines parties de l’establishment se rendent bien compte que forcer le passage risque de verser plus d’huile sur le feu de l’agitation politique. Mais, parallèlement, le commerce international est au cœur du projet européen économique néolibéral qui vise à renforcer la compétitivité des économies européennes. Sans cela, certains représentants des grandes entreprises vont tout simplement se demander à quoi peut encore bien servir l’UE.

    La messe n’est pas dite

    À entendre les politiciens établis et leurs relais dans les médias de masse, plus rien ne peut être fait contre le CETA depuis le 30 octobre. Mais on manœuvre toujours bel et bien dans les coulisses. Guy Verhofstadt défend l’idée d’un CETA non plus considéré comme une ‘‘compétence mixte’’, mais comme dépendant exclusivement de l’Union, ce qui permettrait d’éviter que l’accord ne revienne à l’échelon national ou à celui de certains parlements régionaux pour être ratifié.

    Ce processus de ratification peut encore prendre des années. Les avocats les plus impatients du libre-échange débridé considèrent d’ailleurs que cela ralentit bien trop le flot de profits vers le sommet le plus riche de la société. À l’avenir, une simple décision de la Cour de justice européenne pourrait suffire selon eux.

    Pour l’instant, le CETA doit encore être ratifié par les parlements des États membres. Les choses ont changé après le référendum sur le Brexit du 24 juin dernier afin de combattre le déficit démocratique de l’UE. Ce déficit ne peut pas être nié, il suffit de penser aux agissements de la troïka en Grèce. Une concession a été faite pour sauver ne fut-ce qu’une apparence de démocratie, mais cela explose maintenant au visage de l’establishment européen.

    Le ‘‘non’’ au CETA issu du Parlement wallon a précipitamment fait connaitre ce traité en Belgique et même internationalement. C’est une bonne chose pour le mouvement social. Au plus ces accords sont connus, au plus la résistance se développe. Cela accroit pour le moment la pression sur tous les parlements des États membres de l’UE où ils devront prendre position.

    C’est pour cela qu’il est maintenant possible qu’un référendum soit organisé concernant le CETA aux Pays-Bas. Début novembre, 200.000 signatures avaient été collectées à cette fin, les deux tiers du nombre requis. Un tel référendum augmenterait considérablement les probabilités que le CETA finisse à la poubelle.

    La résistance du PS n’a pas conduit à des changements dans le CETA

    Dans l’édition précédente de Lutte Socialiste, nous expliquions ce qui a poussé le PS à agir de la sorte. Le caractère du PS n’a pas fondamentalement changé, mais Paul Magnette a semblé l’espace d’un instant être une sorte de David des temps modernes contre le Goliath du libre-échange. Le PS n’a toutefois pas tenu. Il reste un potentiel et fiable parti de gouvernement pour la classe capitaliste. Le politologue Dave Sinardet (VUB) a expliqué dans le magasine flamand Knack que ‘‘lorsqu’il était au gouvernement fédéral, le PS n’avait pas fait une affaire du CETA, surtout quand Elio Di Rupo était Premier ministre.’’ Le PS est aussi le parti le plus sous la pression des syndicats et il doit de plus faire face à la croissance électorale du PTB.

    Comme on le dit en Anglais: ‘‘la preuve du pudding, c’est qu’on le mange’’. L’opposition du Parlement wallon au CETA (confirmée le 14 octobre par 46 voix contre 16) n’a finalement rien changé au texte du CETA. L’Investment Court System (ICS), le système controversé de règlement des litiges entre investisseurs et États, fait toujours partie du CETA. C’était pourtant l’un des principaux problèmes soulevés contre le traité, un des points qui a focalisé l’opposition au CETA et au TTIP.

    Qu’en est-il de la déclaration interprétative?

    La résistance du PS n’a abouti qu’à un nouveau document, une déclaration interprétative signée avec le texte du CETA par l’UE et le Canada le 30 octobre qui devrait être juridiquement contraignante. Cette déclaration interprétative comprend des précisions sur l’ICS et pourrait potentiellement conduire à des règles plus strictes concernant ces tribunaux d’arbitrage. Mais cela ne répond pas à la revendication du mouvement qui s’oppose à ce que des multinationales puissent contester des législations devant une cour. Pour divers spécialistes, ce document est avant tout une tentative de calmer les esprits chez les adversaires du CETA. Ce texte visait également à amadouer des adversaires au CETA à l’intérieur du parti social-démocrate allemand (SPD).

    Une déclaration intra-belge négociée entre les différentes entités fédérées du pays est également venue rejoindre les 37 autres déclarations d’États membres et d’institutions européennes. Selon Guillaume Van der Loo (Centre for European Policy Studies), ces déclarations sont consignées dans le procès-verbal, mais ne sont pas juridiquement contraignantes. Toutefois, le fait que ces 38 déclarations existent avec leurs réserves et leurs interprétations met en évidence la pression instaurée sur les différents gouvernements.

    Guillaume Van der Loo a noté que la déclaration intra-belge stipule que les gouvernements régionaux, à l’exception du gouvernement flamand, n’ont pas l’intention de ratifier le CETA sur la base de l’ICS ‘‘tel qu’il existait le jour où le CETA a été signé.’’ Ils ne le ratifieront pas à moins que leurs parlements ne le décident autrement. Le scénario de fin octobre pourrait donc être répété, mais avec cette fois-ci la mort du CETA. La pression sur le PS sera sans aucun doute encore plus forte. Les adversaires du CETA doivent contrer cela en construisant leur propre pression.

    Poursuivre la résistance !

    La commission du commerce international (INTA) du Parlement européen va probablement voter sur le CETA le 5 décembre, le Parlement européen au complet suivra plus tard en décembre ou en janvier. On peut supposer que le CETA y sera approuvé sans aucun problème majeur. Si le Parlement canadien fait de même, la voie serait libre pour son entrée en vigueur provisoire, probablement en mars 2017. L’élément controversé de l’ICS est en dehors de l’entrée en vigueur provisoire. Après à l’adoption du Parlement européen et du Canada commencerait alors le processus de ratification par les parlements nationaux. Si un seul parlement s’y oppose, cela devrait effectivement mettre en branle le processus visant à mettre fin à l’application provisoire. Cela signifierait la fin du CETA. Mais Juncker ripostera en essayant de ne stopper que les parties du traité qui relèvent de la compétence des États membres.

    Le processus de ratification peut prendre un certain temps, peut-être sera-t-il lancé en Belgique après que la Cour suprême allemande ait statué sur l’ICS ; cela introduirait des modifications qui pourraient servir à amadouer le PS. Il est dangereux de limiter la discussion aux éléments les plus symboliques du CETA, comme l’ICS. Nous devons lutter contre la totalité de l’accord.

    L’avenir de cet accord dépend de la pression construite par le mouvement social. La Commission européenne ne peut plus définir la politique commerciale derrière des portes closes. De plus en plus de gens remettent en cause la politique européenne et émettent de légitimes réserves quant aux réels bénéficiaires de ces types d’accords. Vingt ans après la conclusion de l’ALENA (l’accord de libre-échange nord-américain), il est clair que le libre-échange conduit à la désindustrialisation et à la disparition des bons emplois.

    L’inquiétude qui vit parmi de larges couches de la population est l’occasion de mener le débat et de construire un mouvement qui non seulement dénonce les aspects néfastes d’un tel accord, mais préconise également de changer de système économique. Il existe en Belgique un large front de syndicats, d’organisations environnementales, d’ONG, de réseaux anti-mondialisation et de partis comme le PTB ou le PSL. Poursuivons l’organisation d’actions afin de maintenir la pression sur les différents parlements en vue de la ratification du CETA !

  • [INTERVIEW] Les étudiants espagnols en première ligne contre le nouveau gouvernement

    anagarcia

    Entretien avec Ana Garcia, secrétaire générale du Sindicato de Estudiantes

    Une grève étudiante historique a eu lieu dans l’Etat espagnol le 26 octobre dernier à l’initiative du Sindicato de Estudiantes (SE). 200.000 jeunes avaient notamment défilé dans les rues de tout le pays. Cette lutte n’est pas terminée et une nouvelle grève étudiante prend place en ce moment-même. Nous en avons discuté avec Ana Garcia, Secrétaire générale du SE. Ana est également membre d’Izquierda Revolucionaria, une organisation marxiste de l’Etat espagnol avec laquelle le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et sa section sur place, Socialismo Revolucionario, établissent des liens étroits de collaboration politique et de solidarité.

    Félicitations pour votre réussite historique du 26 octobre! Peux-tu nous donner une idée de l’ampleur du mouvement?

    Pour nous, la force de cette grève du 26 correspondait tant à la gravité qu’à la brutalité de l’attaque du gouvernement contre l’éducation publique. Parmi les étudiants du secondaire, la participation à la grève était de 90% ! Elle fut encore plus forte chez les étudiants des dernières années, ceux qui ont le plus à perdre à court terme.

    Les manifestations étudiantes étaient phénoménales. Elles furent énormes dans les plus grandes villes, Madrid et Barcelone (où respectivement 60.000 et 50.000 personnes ont défilé). D’autre part, des mobilisations ont pris place dans plus de 70 villes grandes et petites dans tout le pays. La force des manifestations et de la participation à la grève était assez constante dans chaque région de l’État.

    À Bilbao, la plus grande ville du Pays basque, plus de 10.000 personnes ont défilé, ce fut la plus grande manifestation de la jeunesse depuis de nombreuses années. En Catalogne, la manifestation de Barcelone était d’une ampleur historique, mais des milliers d’autres jeunes ont également marché dans de plus petites villes catalanes. L’énorme force des mobilisations au Pays basque, en Catalogne et en Galice – en dépit de l’opposition de nombreuses organisations étudiantes nationalistes – est particulièrement significative.

    Dans tout le reste de l’État, de l’Andalousie à Murcie en passant par les îles Canaries, ces manifestations furent les plus importantes depuis des années, en général depuis les «marches pour la dignité» de mars 2014. À Madrid, là où des syndicats d’enseignants se sont joints à nous, plus de 60% des enseignants ne se sont pas rendus travailler. Cela démontre quel est le potentiel pour de nouveaux mouvements de grève généralisés. Une grève générale de l’enseignement est fermement à l’ordre du jour. Nous lutterons de toutes nos forces pour que cela devienne une réalité, notamment au travers de la nouvelle journée de lutte du 24 novembre.

    En réalité, notre grève symbolise l’ouverture d’une nouvelle phase de la lutte de classe en Espagne. Un scénario nouveau et explosif est apparu après une période où les espoirs et les attentes de beaucoup de gens étaient concentrés sur le plan électoral. Les crises qui ont explosé dans le PSOE (le parti social-démocrate) ainsi qu’au sein de Podemos dans une moindre mesure en témoignent également. Notre grève a coïncidé avec la trahison historique de la direction du PSOE, qui a remis le pouvoir au Parti Populaire (PP, droite).

    Nous sommes fiers d’avoir impulsé la première réponse de masse face à cette trahison. Cela a servi d’avertissement au nouveau gouvernement de Rajoy concernant l’avenir qu’il devra affronter, en confrontation des luttes des travailleurs et de la jeunesse.

    Peux-tu nous parler de la préparation de la grève? Pourquoi les enseignants se sont-ils joints à la grève à Madrid uniquement ?

    Les dernières attaques gouvernementales contre l’enseignement ont été annoncées de manière parfaitement lâche, pendant les vacances d’été, afin de tenter de prendre le mouvement par surprise et de profiter de la «passivité» de la période estivale.

    Nous (le syndicat des étudiants) avons immédiatement compris l’ampleur de ces attaques de même que la nécessité d’une réaction militante. Nous avons lancé en urgence une proposition de discussion sur la ‘‘Plate-forme pour la défense de l’éducation publique’’, une plateforme unitaire des syndicats d’enseignants, de parents et d’organisations étudiantes qui est née du mouvement de masse «Marea Verde» de 2012. Nous avons proposé l’organisation d’une grève générale dans le secteur de l’éducation.

    La réponse des dirigeants des principaux syndicats d’enseignants – CCOO, UGT et STEs – fut de dire qu’ils étaient d’accord avec nous sur la gravité de ces attaques et le danger qu’elles représentent. Ils ont toutefois refusé d’appeler à la grève. Cela correspond malheureusement à la ligne de conduite dominante dans le mouvement syndical en ce moment. Tout en s’opposant en théorie à l’austérité, la majorité des dirigeants syndicaux défendent en pratique une politique de paix sociale et de démobilisation. C’est l’un des facteurs qui profitent le plus à la bourgeoisie dans la situation actuelle.

    L’organisation des parents d’Espagne, le CEAPA, a toutefois adopté une approche différente en acceptant de soutenir notre appel à la grève générale de l’éducation et en participant à cet appel pour que les syndicats d’enseignants adhèrent à la grève. Leur soutien a sans aucun doute été un facteur important dans le succès de cette journée.

    Comme cela a toujours été le cas ces dernières années, le refus des dirigeants syndicaux de mener une lutte sérieuse a provoqué un mécontentement généralisé. Comme nous le souhaitions, notre grève est devenue un point de référence pour les activistes du mouvement syndical, non seulement dans le domaine de l’éducation mais aussi ailleurs. En fin de compte, sous pression de la base, les enseignants de Madrid et les syndicats de l’éducation ont tous appelé à faire grève. En Andalousie, l’un des plus grands syndicats d’enseignants a suivi. Beaucoup d’autres syndicats sont venus déclarer leur soutien, sans toutefois appeler à la grève.

    Bien entendu, la préparation la plus importante pour la grève a été menée chez les étudiants eux-mêmes. Pour commencer, nous avons organisé des distributions massives de centaines de milliers de tracts et d’affiches informatives, expliquant ce qui était en jeu dans la lutte et en présentant notre proposition de grève. Sur cette base, nous avons organisé des assemblées et des comités de grève dans des centaines d’écoles.

    Des dizaines de milliers d’étudiants ont assisté à des centaines d’assemblées organisées dans les semaines ayant précédé la grève. Ils ont discuté de son organisation et voté en masse pour y participer. Nous sommes intervenus directement dans près de 600 écoles en prévision de la grève. Dans ce processus, nous avons recruté des milliers de nouveaux militants pour le syndicat le SE.

    Au lendemain de la grève, Rajoy a annoncé quelques changements concernant les “revalidations franquistes”. Qu’est-ce que cela signifient en réalité?

    Absolument rien. Ses déclarations visaient à semer la confusion et à démobiliser le mouvement. Ce qu’il a effectivement dit, c’est que les ‘‘revalidas’’ (un système de validation des études qui vise à exclure un grand nombre d’étudiants) prendront bien place cette année, sans avoir de ‘‘conséquences juridiques’’. C’était déjà ce qui était prévu! L’objectif est d’introduire les ‘‘revalidas’’ et de les établir comme faits sur le terrain avant de leur donner des conséquences juridiques et scolaires l’année prochaine.

    Notre réponse est claire: nous demandons un retrait immédiat de cette attaque.

    La campagne internationale de solidarité et de soutien du Comité pour une Internationale Ouvrière a-t-elle eu un impact sur la grève?

    Cela a eu un impact énorme, surtout sur le moral de ceux qui luttaient pour construire la grève. Nous avons été impressionnés par la quantité de messages de soutien et de solidarité, les vidéos, les photos et les lettres qui arrivaient constamment de militants, de syndicalistes et de combattants de la classe ouvrière et des jeunes du monde entier.

    Recevoir un soutien actif et la solidarité de plus de 25 pays a eu un énorme impact, cela souligne également le caractère international de notre lutte. Les coupes budgétaires et la privatisation de l’éducation ont constitué un élément stratégique important de la politique capitaliste à travers le monde. Les mouvements de la jeunesse et d’étudiants que nous avons vus en témoignent. Voir des jeunes de ces pays – le Chili, la Grande-Bretagne, la Grèce, l’Italie, le Québec, là où des mouvements étudiants massifs nous ont inspirés ces dernières années – se mobiliser en solidarité avec NOTRE grève a été une expérience fantastique !

    Le cas de Hong Kong, où le consul général d’Espagne a attaqué les membres de Socialist Action (section du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong) alors qu’ils organisaient une manifestation de solidarité a eu un impact particulier. Cela a été relayé par les médias espagnols, à la télévision nationale, et dans les principaux quotidiens capitalistes comme El Pais et El Mundo.

    Le jour de la grève, une représentante des Socialist Students (équivalent des Etudiants de Gauche Actifs en Angleterre & au Pays de Galles), Claire Laker Mansfield, était présente à Madrid et s’est adressée à la manifestation. La liste des villes et des pays du monde qui se joignaient à nous pour protester ce jour-là a eu un impact électrifiant sur la manifestation. Nous tenons à remercier le Comité pour une internationale Ouvrière et tous ceux qui ont participé à cette campagne

    Pouvez-vous nous en dire plus sur le SE, son histoire et son rôle?

    Le SE est une organisation d’étudiants et de jeunes organisant des étudiants à tous les niveaux. Nous nous définissons comme combatifs, anticapitalistes et révolutionnaires. Nous nous considérons non seulement comme un syndicat étudiant (ce que nous sommes bien sûr), mais aussi comme une union d’étudiants de la classe ouvrière qui, en réalité, sont ceux qui ont vraiment à lutter pour un droit d’accès à l’éducation. Par conséquent, nous avons toujours considéré notre lutte comme étant liée à celle de la classe ouvrière contre le capitalisme.

    Le SE a été fondée dans les années ‘80 par des membres de l’organisation “Nuevo Claridad” (qui est devenu plus tard “El Militante” et qui est maintenant Izquierda Revolucionaria). Il est né dans la chaleur d’un mouvement populaire de masse contre les politiques du premier gouvernement ‘‘socialiste’’ dirigé par Felipe Gonzalez, en 1986. D’énormes espoirs avaient été placés dans ce gouvernement par la classe ouvrière et la jeunesse. Mais sa politique fut opposée à leurs intérêts.

    Il y a donc eu un massif mouvement de grèves et d’occupations en opposition à la politique de Gonzalez concernant l’enseignement. Cette lutte a arraché des gains importants, notamment la mise en œuvre d’un enseignement gratuit dans le secondaire, la construction de centaines de nouvelles écoles publiques dans tout le pays et le droit légal de faire grève pour les étudiants. Nombre de ces conquêtes restent encore de mise aujourd’hui. Mais il nous faut lutter pour leur défense. Le SE est resté un représentant dynamique de l’organisation et de la lutte des jeunes depuis cette date.

    Qu’est-ce que l’avenir réserve au SE et à la lutte de classes dans l’Etat espagnol ? Comment considérez-vous la situation politique actuelle ?

    Nous travaillons déjà tous pour le succès de notre prochaine grève le 24 novembre en renforçant la conscience et la construction du mouvement. Nous devons consolider la croissance importante de manifestants que nous avons constatée pendant la grève ainsi que les milliers de nouveaux militants du SE pour construire une grève encore plus grande et plus puissante.

    Il n’y a jamais de garantie de succès ou de dépassement du niveau de notre dernière grève. Cependant, nous croyons que le 26 octobre, ainsi que la manifestation de masse qui a eu lieu au parlement contre la formation du nouveau gouvernement, a montré le désir de lutter contre celui-ci, en particulier parmi la jeunesse ouvrière.

    Nous continuerons à lutter pour une grève générale de masse dans le secteur de l’éducation ainsi que pour la construction de manifestations militantes de masse et d’actions de grève à travers le mouvement ouvrier et la gauche pendant la prochaine période. La crise du PSOE et le glissement vers la gauche dans les discours du leader de Podemos, Pablo Iglesias, sont autant d’éléments qui expriment et accentuent la profonde radicalisation et polarisation dans cette nouvelle situation.

    Ce nouveau gouvernement, illégitime et corrompu, aura une tâche difficile à relever pour mettre en œuvre les mesures d’austérité exigées par le capitalisme et l’Union européenne. Il sera confronté à une classe ouvrière mobilisée orientée à gauche et qui résistera farouchement. La gauche et le mouvement ouvrier doivent se préparer d’urgence pour une nouvelle période de lutte dans les rues et sur les lieux de travail.

    Je suis membre d’Izquierda Revolucionaria (gauche révolutionnaire) parce que je crois que pour mettre fin à l’austérité, le mouvement doit être armé d’une perspective et d’un programme socialistes et révolutionnaires.

    L’expérience de la crise a jusqu’ici exposé la faillite du crétinisme parlementaire et des appels naïfs à un ‘‘compromis’’ avec la classe dirigeante. Dans l’éducation, comme dans tous les autres secteurs, nos droits ne peuvent être réellement satisfaits que par une rupture totale avec les politiques capitalistes. Seules les politiques socialistes, la propriété publique et le contrôle démocratique de la richesse et des ressources peuvent garantir une éducation publique de qualité à la classe ouvrière.

    Les mouvements de masse de la période à venir remettront à l’ordre du jour la perspective d’un changement révolutionnaire de société, seul chemin capable d’offrir un avenir décent à notre génération.

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