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  • Attentat de Manchester: Unité contre le terrorisme, la guerre et le racisme

    Des jeunes en sortie se sont retrouvés confrontés à l’une des pires horreurs imaginables lorsqu’une bombe a explosé dans la Manchester Arena, la plus grande salle de concert de Grande-Bretagne. Vingt-deux personnes ont été tuées et au moins 59 blessées par cette explosion à la fin d’un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande.

    Par Judy Beishon, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et pays de Galles)

    Cette atrocité, que le Socialist Party condamne complètement, rappelle l’attaque commise dans la salle du Bataclan à Paris en novembre 2015. Dans les deux cas, des gens de tous horizons ont été abattus sans discrimination, en particulier des jeunes. Les premiers rapports ont suggéré que l’agresseur était un kamikaze mort sur les lieux. Il s’agit de la pire attaque terroriste en Grande-Bretagne depuis que 56 personnes ont été tuées lors de l’attentat de Londres en juillet 2005.

    Les habitants de Manchester ont rapidement réagi pour aider les personnes fuyant la scène, en proposant de les accueillir, de leur offrir un lit ou de les raccompagnez chez eux tandis que les chauffeurs de taxi n’ont pas fait payer leurs courses. Cette réaction faite de solidarité et d’entraide – ainsi que celle des travailleurs des services d’urgence et des hôpitaux – n’a rien de commun avec la réaction hypocrite des ministres du gouvernement conservateur qui expriment leur sympathie et leur chagrin alors qu’ils sont totalement responsables des politiques qui fournissent la base sur laquelle de telles atrocités sont commises.

    Les attaques terroristes dans les villes européennes sont de plus en plus fréquentes. En Grande-Bretagne, l’inquiétude touchera cette fois tout le pays, l’attaque ayant été perpétrée en dehors de Londres. Les raisons qui se trouvent derrière ces attaques semblent souvent être multiples et aucun événement ne ressemble exactement à un autre. Des liens ou une sympathie idéologique avec Daesh (l’Etat islamique) ainsi que la colère contre les interventions impérialistes occidentales au Moyen-Orient sont toutefois des caractéristiques communes.

    Il est essentiel de s’opposer à des organisations réactionnaires comme Daesh, qui soutiennent et commettent des actes barbares, mais aussi de s’opposer aux guerres impérialistes et d’appeler au retrait immédiat des forces militaires britanniques du Moyen-Orient. Nous devons également créer l’unité des travailleurs contre la stratégie visant à trouver des boucs émissaires en jouant sur le racisme et la division, en défendant les idées du socialisme comme seule alternative à ce système actuel qui ne peut pas et ne mettra pas fin à la pauvreté, aux guerres et au terrorisme.

    L’incapacité des conservateurs à contrer le terrorisme

    La Première ministre Theresa May tentera sans aucun doute d’instrumentaliser ces atrocités pour apparaître comme la championne des lois anti-terroristes et renforcer sa position dans la perspective des élections du 8 juin prochain. Ces deux dernières décennies n’ont cependant pas manqué de nouvelles législations antiterroristes et aucune d’entre elles n’est parvenue à empêcher de nouvelles attaques à l’instar de celle de mars dernier à Westminster ou du dernier terrible événement en date, celui de Manchester. Le Socialist Party n’a dès le début cessé de prévenir que ce serait le cas.

    Parallèlement, l’austérité implacable appliquée par les conservateurs au pouvoir rend chacun plus vulnérable lorsque survient un attentat. Après l’attaque de Westminster, nous avons attiré l’attention sur la façon dont les réductions budgétaires dans les services de secours, les hôpitaux et le personnel des transports réduisent inévitablement la rapidité des secours.

    Les victimes de l’attentat de Manchester auraient été soignées dans 8 hôpitaux des environs, certains d’entre eux doivent actuellement faire face à une diminution de leurs moyens et la fermeture des urgences 24 heures sur 24 est même envisagée. Cet attentat, commis en fin de soirée, expose la nature potentiellement dévastatrice de ces coupes budgétaires, que les conservateurs désirent par ailleurs encore approfondir.

    Au cours de l’actuelle campagne électorale, les conservateurs actuellement au pouvoir ont clairement démontré qu’ils entendent poursuivre sur leur voie austéritaire de manière tout à fait insensible. Ils ont suscité des réactions indignées en précisant qu’ils souhaitaient encore durcir leur politique à l’égard des bénéficiaires d’allocations sociales. A la suite de l’attentat de Manchester, les conservateurs vont tenter de se profiler comme les défenseurs de la population, cette manœuvre doit être exposée et combattue.

    La popularité des politiques anti-guerres

    L’attentat de Madrid en 2004, où 191 personnes avaient perdu la vie, a eu lieu au cours d’une campagne électorale. Le Parti populaire, qui était au pouvoir, a tenté d’utiliser ces atrocités pour stimuler sa campagne. Leur stratégie a toutefois échoué, la colère des masses s’était dirigée contre lui après qu’il ait essayé de faire porter la responsabilité de l’attentat aux nationalistes basques. Il est au contraire clairement apparu que les auteurs agissaient en sympathie avec le réseau Al-Qaida. Le rejet de la politique du gouvernement dans le cadre de la guerre en Irak a conduit à la victoire du PSOE, le parti social-démocrate espagnol.

    Dans l’actuelle campagne électorale en Grande-Bretagne, l’approche anti-guerre de Jeremy Corbyn (le chef du Parti travailliste) peut bénéficier d’encore plus de résonance et d’un puissant impact. Corbyn a longtemps été un adversaire conséquent des interventions de la Grande-Bretagne et d’autres puissances capitalistes occidentales dans les guerres d’Afghanistan, d’Irak, de Libye et de Syrie. Celles-ci ont causé une dévastation massive et d’innombrables pertes de vie tout en créant les conditions du développement de l’horrible violence terroriste dans ces pays et au-delà.

    Le Socialist Party s’est fermement opposé à ces guerres et a constamment prévenu que ce seraient les travailleurs et la population ordinaires au Moyen-Orient et dans le monde entier qui supporteraient le coût de cette politique, tant au niveau financier qu’à celui de de l’instabilité croissante.
    En même temps, nous condamnons (tout comme Jeremy Corbyn) l’idéologie et les méthodes odieuses des organisations réactionnaires de droite comme Daesh et Al-Qaida, qui cherchent à construire un califat semi-féodal et capitaliste hautement répressif, sans la moindre parcelle de droits fondamentaux ou de démocratie des travailleurs.

    La classe des travailleurs, en Irak et en Syrie, doit construire des syndicats, des organismes de défense non-sectaires démocratiquement dirigés, etc., pour lutter contre Daesh, avec le soutien des travailleurs à l’échelle internationale. Les puissances impérialistes n’interviennent que pour défendre leur prestige et leur influence ainsi que pour défendre les intérêts de leurs grandes entreprises.

    L’impérialisme britannique n’a pas fait exception, qu’il ait été représenté par les conservateurs ou par les blairistes du New labour avant eux. Par une coïncidence appropriée, le «briefing du matin» du Guardian suite à l’attaque de la Manchester Arena a commencé par l’attaque terroriste pour ensuite suivre avec le «soutien sans précédent pour l’industrie des combustibles fossiles» dans le manifeste électoral conservateur. Les dirigeants de l’industrie pétrolière ont en conséquence promis plus de £ 390.000 à la campagne de la première ministre Theresa May.

    Les élections générales du 8 juin offrent une opportunité d’expulser les conservateurs et de faire avancer la lutte du mouvement ouvrier contre les blairistes en plaçant Jeremy Corbyn au poste de premier ministre. Il s’agirait d’une étape très importante pour mettre fin à l’austérité, à la pauvreté et à la guerre inhérents au système capitaliste, qui porte également en lui la division, le racisme et le terrorisme.

  • Le manifeste travailliste de Corbyn, un pas important dans la bonne direction

    Mobilisons pour lutter en faveur d’un changement socialiste !

    Le dirigeant du Labour, le Parti travailliste, Jeremy Corbyn a présenté son manifeste de campagne vers les élections du 8 juin prochain en déclarant que le Labour était « un parti pour le plus grand nombre » (« party for the many ») alors que les Tories (les conservateurs) sont le « parti des riches ».

    Un projet préliminaire du manifeste avait fuité et les médias de droite avaient lancé d’impitoyables attaques contre Jeremy Corbyn, ce qui avait mis en pleine lumière les politiques défendues dans ce texte. Dans les médias sociaux, la discussion était enthousiaste. Le Labour a grimpé dans les sondages jusqu’à obtenir 32% selon Opinium et ORB, et 35% selon un sondage ComRes réalisé après la fuite.

    L’expérience des membres du Socialist Party (parti-frère du PSL) est qu’un nombre plus important de personnes sont désireuses de s’arrêter et de discuter en prenant un tract ou en achetant notre journal maintenant que le manifeste du Labour est arrivé dans la presse. Nous sommes confiants envers le fait que les grandes lignes politiques de ce texte peuvent être une source d’inspiration pour de nombreuses personnes.

    Un million de personnes supplémentaires se sont inscrites sur les registres électoraux pour participer au vote depuis que la tenue de ces élections a été annoncée, dont 42% de jeunes. Une des raisons qui explique cela est qu’une nouvelle génération atteint l’âge d’être électeur. L’introduction de ce système où il faut soi-même effectuer les démarches pour figurer sur les listes d’électeurs avait entrainé la chute d’un quart du nombre de jeunes sortant de l’école sur ces listes. Au moins une partie de cette couche s’inscrit cette fois-ci. Il est également probable qu’ils s’inscrivent afin de voter pour le programme défendu par Jeremy Corbyn, le Labour étant nettement en avance sur les conservateurs parmi les moins de 40 ans.

    Les médias de droite ont immédiatement lancé leur offensive. Sans surprise, le quotidien The Daily Mail a crié que le Labour nous ramènerait aux années 1970, ce à quoi de nombreuses personnes ont répondu que c’était déjà mieux que les conservateurs, qui veulent nous renvoyer en 1870 ! Les grandes entreprises et leurs représentants politiques remueront ciel et terre pour empêcher que Corbyn soit victorieux. La Première-ministre conservatrice Theresa May avait qualifié les fuites du manifeste travailliste de « politiques socialistes désastreuses ». Selon elle, les travailleurs ordinaires allaient être « consternées » en en prenant connaissance.

    Des politiques populaires

    En réalité, les conservateurs et les riches qu’ils représentent sont terrifiés par la popularité de ces politiques. Les élections récentes en France et aux États-Unis de même que le référendum sur l’Union européenne ont été utilisés par les travailleurs et les jeunes pour exprimer leur révolte contre l’establishment capitaliste. Cette colère de classe basique va plus loin pour de nombreuses personnes qui sont à la recherche d’une alternative favorable à la classe ouvrière. C’est cela qu’a illustré le soutien monumental dont ont bénéficié Bernie Sanders aux USA et Jean Luc Mélenchon en France.

    Les sondages actuels montrent que si les gens soutiennent les politiques défendues dans le manifeste travailliste, ils sont sceptiques vis-à-vis de Jeremy Corbyn lui-même. Ce n’est guère surprenant, compte tenu de l’offensive dont il est victime à chaque minute. L’entourage de Corbyn se plaint des attaques des médias, mais ils ne réfutent pas suffisamment celles qui viennent de l’aile droite de leur propre parti.

    Malheureusement, le message anti-austérité de Jeremy Corbyn (qui l’a déjà porté à deux reprises à la tête du parti travailliste) n’a pas été suffisamment audible pour la majorité de la population au cours l’année écoulée. Les innombrables tentatives de trouver un compromis avec l’aile pro-capitaliste et blairiste du Parti travailliste ont étouffé sa voix. C’est un euphémisme. Ce scepticisme parmi la population provient également de la méfiance éprouvée envers les promesses de n’importe quel politicien.

    Une campagne audacieuse pourrait surmonter cela. Corbyn et ses soutiens syndicaux (au Royaume Uni, les syndicats choisissent le parti qu’ils soutiennent et lui versent une cotisation, NDT), comme le secrétaire général du syndicat UNITE (premier syndicat du pays)), Len McCluskey, doivent se présenter dans des rassemblements de masse et sur les lieux de travail en parlant de la riposte contre les riches et leur « système truqué », selon l’expression de Corbyn. S’ils défendent hardiment les emplois, les droits des travailleurs, le droit au logement et les services publics, ils pourraient défier les prétendus «experts» qui se prononcent contre le manifeste travailliste et l’emporter.

    Theresa May avait appelé à la tenue d’élections anticipées en pariant que, comme le laissaient entendre les sondages, elle serait en mesure de sérieusement accroître sa majorité parlementaire. Mais, comme le Socialist Party l’a expliqué dès le début, il s’agit d’une stratégie très risquée.

    La vidéo d’une femme issue d’un milieu ouvrier et affligée d’un handicap faisant face à Theresa May et critiquant les coupes budgétaires dans les allocations d’invalidité est devenue virale sur internet. Ces images en disaient beaucoup sur la vie réelle et l’atmosphère qui prévaut parmi la classe ouvrière.

    Theresa May reprend parfois à son compte des mesures politiques qu’elle a décrites précédemment comme « désastreuses », en version édulcorée, notamment au sujet des logements sociaux, des «droits des travailleurs» et des plafonds sur les prix de l’énergie. Concrètement, Corbyn a défini quel est l’ordre du jour politique. Le débat politique a été considérablement poussé vers la gauche.

    La presse conservatrice fait tout son possible pour discréditer Jeremy Corbyn au sujet de la défense. Mais lorsque ce dernier a parlé de l’échec de la stratégie du « bombarder d’abord, discuter ensuite » en expliquant qu’il s’agit d’une recette « pour augmenter, et non diminuer, les menaces et l’insécurité », il n’a pas seulement touché une corde sensible parmi la jeunesse, mais aussi auprès des millions de personnes qui s’étaient opposées à Tony Blair et à la guerre en Irak et qui avaient ensuite déserté le Labour. Corbyn a aussi déclaré s’opposer à toute nouvelle poignée de main avec Donald Trump, ce qui est à n’en pas douter également fort populaire auprès des centaines de milliers de personnes mobilisées contre le milliardaire raciste et sexiste.

    Malheureusement, ce manifeste illustre aussi que des concessions ont été faites à la droite du parti, dans l’espoir vain de parvenir à une unité. De nombreux partisans de Corbyn seront par exemple déçus que le manifeste s’engage à renouveler le programme de dissuasion nucléaire britannique Trident. Alors que la renationalisation des chemins de fer est très populaire, il est seulement question de renationaliser les sociétés ferroviaires au fur et à mesure que les franchises expirent. Bien que le manifeste spécifie qu’un certain nombre d’allocations sociales seraient revalorisées et que le système de sécurité sociale serait réformé, aucun engagement général n’existe quant au retour sur les précédentes réductions de budgets dans la sécurité sociale.

    Les militants du droit au logement sont déçus que le manifeste ne s’engage pas à abroger la Loi de 2016 sur le logement et l’aménagement du territoire (fortement critiquée notamment en raison de la réduction du nombre de logements sociaux que cette loi a impliqué, NDT). Corbyn avait initialement déclaré qu’un gouvernement travailliste construirait un million de nouveaux logements dont une moitié de logements sociaux dépendant des municipalités. La formulation du manifeste est beaucoup plus vague. Le Socialist Party affirme que nous avons besoin d’un million de logements sociaux ! De même, concernant le contrôle des loyers, le manifeste promet de contrôler les loyers à la place de fixer un plafond aux niveaux de loyer.

    Il s’agit de retraites concédées face à l’opposition blairiste. Mais la popularité d’autres mesures politiques et le virage de l’ensemble du débat politique vers la gauche en réponse à celles-ci, illustre qu’il n’a jamais été nécessaire d’accepter de pareils compromis avec la droite du Labour.

    Le Socialist Party soutient pleinement l’approche anti-austérité de Jeremy Corbyn. Depuis qu’il a été élu dirigeant du labour, nous avons fait tout notre possible pour soutenir le parti anti-austérité en formation dans sa lutte contre la droite du Parti travailliste.

    Les représentants de l’establishment capitaliste existent tant au sein du Parti travailliste qu’en dehors. Comme l’a montré le coup de l’été dernier tenté contre Corbyn, la grande majorité des députés travaillistes espèrent désespérément avoir l’occasion de l’abandonner. Contrairement à ce qu’ils clament, ces élus de droite n’agissent pas de la sorte parce que Corbyn serait «inéligible» mais précisément en raison de ses chances d’être élu.

    Nous avons défendu la démocratisation du Parti travailliste, la réadmission des socialistes expulsés et l’introduction d’une resélection obligatoire des députés (la possibilité par la base de mettre en cause la réinvestiture d’un député sortant, NDT). Si cela avait été effectivement appliqué, l’aile anti-austérité du Labour serait aujourd’hui dans une position bien plus favorable.

    L’aile droite ose prétendre représenter la clé d’un succès électoral alors qu’elle veut à nouveau appliquer les mêmes vieilles politiques d’austérité qui ont vu l’équivalent français du Labour, le PS, tomber à 6% des voix lors du premier tour des élections présidentielles. Après sept ans de misère conservatrice, les électeurs n’ont aucun intérêt à voter pour une version « light » de l’austérité et des politiques conservatrices dont les conséquences négatives rappellent le souvenir du temps où le New Labour était au pouvoir.

    Une personnalité de l’aile droite du parti a, sans honte, anonymement décrit le nouveau manifeste travailliste dans la presse comme ainsi : «tout cela se résume à une belle quantité de cadeaux pour tous les groupes spécifiques. Tout est concentré sur les «incapables pauvres» et rien ne s’adresse à la grande majorité qui travaille dur.»

    Le député bliriste Ben Bradshaw (Exeter) a déclaré qu’il n’avait rien à faire avec ce programme et qu’il produirait son propre manifeste, à l’image de ce grand nombre de députés de droite qui éditent des tracts locaux sans mentionner Jeremy Corbyn et les politiques qu’il défend. La députée de Walthamstow, Stella Creasy, affirme quant à elle sur ses tracts qu’elle a «combattu et remporté la bataille du domaine Butterfields», alors que c’est la lutte courageuse des locataires, soutenue par le Socialist Party, qui a mené à conduit à la victoire et a empêché leur expulsion. D’autres élus, tels que Wes Streeting et John Woodcock, déclarent ouvertement qu’ils ne vont pas soutenir l’accession de Jeremy Corbyn au poste de premier ministre.

    Jamais auparavant il n’a été plus clair que le Parti travailliste représente aujourd’hui deux partis en un: un parti pro-capitaliste blairiste et un nouveau parti anti-austérité en formation.

    En 2016, Tony Blair a déclaré que si Jeremy Corbyn devenait premier ministre, ce serait «une expérience très dangereuse» qu’il ne serait pas prêt à risquer. Il n’est pas surprenant qu’il fasse tout pour essayer d’empêcher cette victoire, en suggérant même que des électeurs travaillistes envisagent de soutenir les libéraux-démocrates ou les conservateurs s’ils sont favorables au maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne. L’aile pro-capitaliste n’abandonnera jamais son combat pour étrangler la formation d’un nouveau parti qui soit anti-austérité. Plus aucune concession ne doit lui être accordée ! Nous avons besoin d’un parti dévoué à la défense des intérêts de la classe ouvrière, pas à ceux des milliardaires!

    Le Brexit

    Un programme clairement anti-austérité – reposant sur les intérêts de la classe des travailleurs – devrait également préciser quelle est l’approche du Parti travailliste à l’égard du Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne). Les travailleurs qui ont voté pour le Brexit ont principalement agi de la sorte en raison de leur révolte contre toute la misère qu’ils ont subie au cours de cette dernière décennie. Le Socialist Party a soutenu que Jeremy devrait préciser qu’il se battait pour un Brexit dans l’intérêt de la majorité sociale, celle des travailleurs et de la classe moyenne.

    Le manifeste s’inscrit dans ce sens – en parlant de donner la priorité aux emplois et aux conditions de vie, de protéger les droits des travailleurs et de «toutes les communautés» – mais il fait encore des concessions à l’aile droite en ne précisant pas clairement le rôle de l’UE dans l’instauration de la politique d’austérité.

    Le manifeste contribue à défendre «les avantages du marché unique et de l’union douanière» sans expliquer le moindre rejet des règles néolibérales de l’Union européenne. Le manifeste parle beaucoup de la défense de la protection des travailleurs dans l’UE, mais il ne fait aucune mention de la législation européenne qui a conduit la course vers le bas en terme de conditions de salaire et de travail, à l’instar de la «directive des travailleurs détachés» ou des diverses directives de la privatisation des services publics. Le manifeste s’oppose par contre très clairement au racisme et défend les droits des migrants européens.

    Les politiques défendues dans ce manifeste pourraient transformer la vie de la majorité des gens (salaire décent, logement abordable, services publics décents et plus encore). Mais un parti anti-austérité socialiste doit aller plus loin pour résoudre tous les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs et leurs familles.

    Par exemple, l’actuel plan concernant l’énergie consiste à assurer le contrôle du gouvernement sur les réseaux de distribution par étapes au fil du temps et à «soutenir la création» de sociétés d’énergie publiques dans chaque région, opérant avec des entreprises privées. Cependant, continuer à fonctionner au sein d’un marché privé où domine la soif de profits rendra impossible de contrôler ce qui arrive à l’approvisionnement en énergie, à ses prix et à son impact sur l’environnement. Pour assurer un accès authentique à l’énergie tout en investissant dans un plan visant à l’expansion rapide des énergies renouvelables, il faudrait une nationalisation démocratique de l’ensemble du secteur.

    Les plans économiques du manifeste de Corbyn sur l’investissement impliquent un rôle significativement plus important de l’État dans l’économie par rapport à ce qui a été défendu pendant des décennies. Ces propositions sont toutefois extrêmement modestes pour défier la propriété privée des secteurs clés de l’économie. Les manifestes travaillistes de 1945, 1972 et 1983 comprenaient des engagements de nationalisation beaucoup plus élargis. Mais la différence est telle en comparaison de ce qu’a défendu le Parti travailliste sous la direction de Tony Blair et les conservateurs que ce manifeste a le potentiel de secouer toute la société de haut en bas.
    Ce manifeste affirme que les choses n’ont pas à être ainsi et c’est cela que craignent tant les conservateurs et les blairistes. Ce manifeste ouvre la porte à la discussion sur la manière dont pourrait être différemment organisée la société.

    Mener campagne en faveur du manifeste de Jeremy Corbyn signifie de s’opposer non seulement aux conservateurs mais également aux représentants du capitalisme à l’intérieur du Parti travailliste. Cela signifie de continuer à se battre pour un parti en mesure de réaliser ce programme. Cela signifie de mener campagne pour des politiques de type socialistes.

    Lorsque les conservateurs et les médias capitalistes attaquent ces politiques comme étant inabordables, ils expriment en fait que ces mesures sont préjudiciables aux profits gargantuesques de l’élite capitaliste. L’argent ne manque pas au Royaume Uni. Les mille personnes les plus riches de Grande-Bretagne possèdent 658 milliards £ – 83 milliards £ de plus en un an! Les mesures fiscales de Corbyn et McDonnell visent à prélever £ 48,6 milliards supplémentaires dans leurs poches.

    Nous soutenons les projets de Jeremy Corbyn de taxer les grandes sociétés et les plus riches. Durant la plupart des années 1970, les grandes entreprises étaient imposées à 52%. Mais ce pourcentage a été réduit jusqu’à 20% aujourd’hui. Même avec les augmentations de taxe prévues par Corbyn et McDonnell, les grandes entreprises seraient encore moins imposées en Grande Bretagne que dans les autres pays du G7.

    Mais il faut reconnaitre que les « marchés » – c.à.d le capitalisme – n’accepteront jamais docilement de voir l’imposition et la régulation des grandes sociétés et des riches considérablement augmentés, ni même que des entreprises privées soient prises sous contrôle public.
    Un système truqué

    Le « système truqué » dont parle Jeremy Corbyn est géré par et pour un petit nombre de riches et d’entreprises. Aujourd’hui, un petit groupe de personnes en Grande-Bretagne et dans le monde entier possèdent et dirigent les industries, la science et la technique dans le seul but de maximiser leurs profits.

    Au niveau mondial huit personnes possèdent plus de richesses que la moitié la plus pauvre de l’Humanité. Nous connaissons le plus grand fossé entre riches et pauvres qui ait jamais existé dans l’histoire humaine. Environ 125 grandes entreprises dominent complètement l’économie. L’infime élite qui possède ces entreprises et ses laquais sont déterminés à stopper l’arrivée de Jeremy Corbyn au pouvoir.

    Les milliardaires qui tentent déjà de bloquer la diffusion des idées défendues par Jeremy Corbyn feront tout leur possible pour saboter leur mise en œuvre s’il est élu. Même les modestes objectifs de ce manifeste vont trop loin à leur goût. Ils sont surtout terrifiés par l’effet que cela pourrait avoir sur les attentes de la classe des travailleurs, qui pourraient être grandies et qui pourraient pousser Corbyn à aller bien plus loin que ce qu’il imagine actuellement.

    Il faudrait s’attendre à des tentatives visant à démettre Corbyn de ses fonctions de premier ministre. Ils utiliseraient aussi le sabotage, avec des mesures telles que la grève des investissements et le retrait de leur argent des banques. L’énorme pression qui a été en son temps instaurée sur le gouvernement dirigé par SYRIZA en Grèce est un avertissement pour tout gouvernement disposé à remettre en cause les intérêts des plus riches.

    Voilà pourquoi la lutte pour les politiques défendues par Corbyn et autres nécessitent la mobilisation active et massive du mouvement des travailleurs. Cela signifie d’être prêt à aller plus loin en adoptant des mesures de type socialistes.

    Cela impliquerait de nationaliser les grandes banques et sociétés financières, avec compensation uniquement sur base de besoins prouvés. Une étape cruciale pour résoudre la crise économique serait de placer sous propriété publique démocratique les quelque 125 grandes entreprises qui contrôlent environ 80% de l’économie britannique. À la différence des nationalisations du passé, il faudrait cette fois-ci les placer sous contrôle démocratique populaire en impliquant les travailleurs, les syndicats et la collectivité.

    Ce ouvrirait la voie à la possibilité de développer un plan démocratique et socialiste de production et d’échange qui pourrait très rapidement transformer la vie de millions de personnes.

  • Macron, candidat des banquiers et des gros actionnaires est élu. La résistance doit s’organiser partout !

    Les élections ont montré un rejet historique des partis traditionnels avec l’élimination dès le 1er tour du PS au pouvoir avec Hollande et du parti de Sarkozy (LR) avec son corrompu de candidat, Fillon. La colère sociale a pu s’exprimer de manière claire avec les 7 millions de voix pour Mélenchon, pour un programme de rupture avec l’austérité et la dégradation des conditions de vie et de travail. Mais ce vote n’a pas été suffisant pour barrer la route à Le Pen et au FN relooké par Marine Le Pen, qui a pu accéder au second tour face à Macron, le candidat désigné des classes dirigeantes.

    Par Leïla Messaoudi, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    Finalement Macron a été élu avec 65,8 % des voix contre 34,2 % pour Le Pen. Les capitalistes ont donc leur marionnette pour poursuivre et amplifier leur politique d’austérité et de répression contre les travailleurs, les jeunes, les chômeurs et les étrangers. Mais la situation n’est pas aussi simple qu’il y paraît.

    Record historique du vote blanc.

    12% des votes sont des bulletins blancs ou nuls : c’est un record historique qui a obligé les médias à donner les chiffres des votes blancs, traditionnellement non comptabilisés. Si on y ajoute l’abstention, 34 % des électeurs soit 16 millions sur 47 millions d’inscrits (et environ 52 millions d’adultes) n’ont pas « choisi » entre Le Pen et Macron. Le signe clair que Macron a une base très faible pour gouverner et que les mois et années à venir vont être très instables. Derrière les pourcentages, la réalité est moins glorieuse : Macron reçoit 20, 4 millions voix et Le Pen 10,6 millions. En réalité, malgré la menace de Le Pen au pouvoir, Macron n’a regroupé que 43,6 % des inscrits. Et les enquêtes d’opinion à la sortie des urnes le montrent : 43% des électeurs qui ont voté Macron l’ont fait pour barrer la route à Le Pen, seul 16% d’entre eux ont voté par adhésion à son programme.

    Macron : une politique contre les travailleurs et les jeunes.

    Macron a une mission : poursuivre et intensifier les politiques menées depuis 15 ans par Sarkozy et Hollande contre les services publics, pour faciliter les licenciements et flexibiliser le marché du travail. Il l’a annoncé, il veut supprimer 120 000 emplois de fonctionnaires sur 5 ans. Et il va utiliser l’arsenal antidémocratique de la Vè république, comme Valls en son temps, pour faire passer des lois centrales pour les capitalistes. Il veut gouverner par ordonnance, c’est à dire éviter le parlement et les discussions sur les projets de lois. La 1ère, pour juin, juillet, est dans ses cartons à peine défaits, c’est celle sur le travail. Puis viendraient celles sur l’assurance chômage, sur la sécurité sociale…

    Le refus de cette politique est très massif et a été sanctionné dans la période électorale. Mais cette colère et ce rejet doivent trouver une expression sociale et politique défendant réellement les intérêts des travailleurs, des jeunes et de la majorité de la population. Car le risque est là que le FN va chercher à s’accaparer davantage le rejet des capitalistes et le détourner avec le racisme et les discriminations en tout genre.

    L’instabilité est grande pour les classes dirigeantes. C’est maintenant qu’il faut descendre dans la rue, pour dire clairement qu’on rejette ces politiques antisociales. Les directions confédérales syndicales ne peuvent pas rester muettes alors qu’on annonce des Lois Travail x10, alors même que la loi Khomri avait mis un million de personnes dans la rue, il y a un an à peine. Il faut s’organiser et montrer notre force collective sans attendre fin juin.

    Le Pen veut être l’opposition à Macron. Pas question !

    Pour Le Pen et le FN, la campagne n’a pas été si simple que cela. Ils espéraient surfer sur le ras-le-bol et étaient donnés premier parti dès le 1er tour mais la campagne de Mélenchon lui a mangé de l’espace. Elle réussit à recevoir au second tour 10,6 millions de voix, soit 3,5 millions de voix en plus entre les deux tours, probablement parmi la droite la plus réactionnaire qui avait voté Fillon et les souverainistes de Dupont-Aignan (1,7 millions de voix au 1er tour). Il y a certainement eu aussi des votes parmi ceux qui voulaient à juste titre dégager Macron le banquier en votant (de manière erronée) pour Le Pen qui reste une candidate capitaliste et la pire des ennemis des classes populaires.

    Désormais, elle veut transformer l’essai et achever la mutation de son parti. Marine Le Pen dès dimanche a clairement annoncé son projet : la création d’un nouveau parti dans les mois à venir, qui permettrait de regrouper ceux et celles qui s’opposent à la politique de Macron. Mais ce n’est pas sans créer déjà des oppositions au sein même du FN, notamment parmi les partisans de Marion Maréchal-Le Pen, qui voient d’un mauvais œil le rapprochement avec certains secteurs de la droite classique. L’enjeu pour le FN, c’est de capitaliser sur la colère mais aussi de permettre à ses dirigeants de faire carrière. Les tensions vont être nombreuses surtout lorsque la véritable opposition à Macron, celle des travailleurs et des jeunes, se fera sur des revendications opposées au programme du FN…

    Législatives 2017.

    Les prochaines élections nationales sont dans un mois, les 11 et 18 juin 2017, pour élire les députés à l’assemblée nationale. Il est clair qu’il s’agira en réalité des 3ème et 4ème tours durant lesquels cette colère et la volonté d’en découdre vont chercher à s’exprimer.

    Plus que jamais, il est nécessaire que les travailleurs, les jeunes et les classes populaires aient une expression politique indépendante face aux partis gérant le capitalisme : En Marche, Les Républicains, FN, PS et EELV (qui cherchent déjà une alliance avec le parti de Macron). Dans le sens de la campagne de Mélenchon, il faut des candidats en rupture avec les politiques d’austérité. On ne peut plus accepter les accords avec les partis qui mènent des politiques d’austérité, comme le PS ou certains d’E.E.L.V. Il faut des candidats qui s’opposent aux licenciements comme à Whirlpool ou chez Tati, qui combattent le démantèlement des services publics, qui luttent contre la destruction de l’environnement, pour l’augmentation des salaires et des pensions, pour la baisse du temps de travail. Des candidats qui font la différence avec les corrompus et carriéristes d’en Marche, de LR, du PS ou du FN, en n’étant payés qu’au salaire moyen d’un travailleur qualifié.

    Nous sommes aussi pour des candidatures unitaires et uniques par circonscription autour de ce programme. Il devrait être possible de faire campagne pour un même candidat, qu’on soit du mouvement des Insoumis ou au Pcf, tout en gardant sa liberté d’ expression propre si on le souhaite. Il faudrait trouver un accord, si ce n’est pour une campagne commune, au moins de répartition des circonscriptions. C’est crucial. Mais si les exigences du PCF sont, comme cela semble être le cas, d’exiger d’être le candidat titulaire dans une écrasante majorité de circonscriptions et de ne laisser à la FI que les endroits où le score de Mélenchon a été plus faible, alors malheureusement aucun accord ne sera possible autre que celui que la France Insoumise a déjà proposé à savoir : 26 circonscriptions gagnables pour le PCF et 26 pour la FI dans lesquelles il n’y aura pas de confrontation entre les deux mouvements.

    Il ne faut plus attendre pour créer une gauche de combat !

    Face à la poursuite des politiques pour les capitalistes, la vraie gauche a une grande responsabilité et ne peut pas laisser le terrain au FN. Il faut poursuivre la dynamique enclenchée par la campagne autour de Mélenchon. Le vote Mélenchon a apporté de l’espoir aux classes populaires et un programme progressiste qui s’en prend aux vrais responsables de la crise : les super riches, les banques, les actionnaires… Il s’en est fallu de peu pour que Mélenchon double Le Pen, à la grande crainte des médias au service du capitalisme (9 milliardaires possèdent aujourd’hui 90% des médias en France). L’offensive déchaînée des journalistes et des classes dirigeantes contre Mélenchon, allant même jusqu’à l’assimiler à Staline, trahissait en fait leur peur que les masses se saisissent de son programme économique et social, et cherchent à l’imposer. Et hier soir après les résultats, certains se félicitaient d’avoir éviter un second tour Mélenchon Le Pen ou Mélenchon Macron qui aurait été très serré !

    Il faut créer une nouvelle force politique de masse capable d’organiser la colère et la résistance autour d’un programme économique et social qui désigne les vrais responsables : les capitalistes. Des centaines de milliers d’électeurs de Mélenchon ont envie de continuer. Ce qu’il a manqué dans les deux dernières semaines de la campagne, c’est que le mouvement des Insoumis soit plus structuré, plus capable de s’enraciner comme un mouvement militant et combatif face aux candidats pro-capitalistes. Il y a urgence à avancer dans ce sens, car les législatives vont demander une certaine organisation et surtout, la campagne électorale sera déjà un moyen d’empêcher Macron d’obtenir une majorité à l’Assemblée Nationale et de construire la lutte de masse contre sa politique, ce qui passera par des manifestations et des journées de grève.

    Nous sommes pour une telle force politique de masse et de lutte, un nouveau parti réellement démocratique rassemblant les travailleurs, les jeunes, et tous ceux et toutes celles qui en ont assez du capitalisme. Pour cela il n’y a pas 36 solutions, il faut se battre pour mettre fin à la dictature capitaliste en retirant les moyens de nuire aux capitalistes en plaçant en propriété publique, sous le contrôle et la gestion de la population les grands secteurs de l’économie. Une nouvelle force peut se construire avec les mobilisations de masse et en discutant d’un programme anti-austérité, mais aussi en défendant le socialisme démocratique contre le capitalisme et sa dictature du profit.

    Avec le score de Mélenchon et la campagne France Insoumise, un grand pas a été fait dans ce sens et nous pouvons dire que désormais, les capitalistes ont une véritable opposition face à eux, et que celle-ci va grandir et se construire.

  • Manifestations en Serbie : unité entre les étudiants, les travailleurs et les privés d’emploi

    En Serbie, des manifestations ou des rassemblements ont lieu quotidiennement dans les grandes villes (notamment à Belgrade et à Novi Sad) depuis l’élection, le 02 avril 2017, du Président Vu?i?, homme politique à la fois nationaliste et libéral, du Parti « Progressiste » Serbe (Srpska Napredna Stranka ; SNS). Cet ancien ultranationaliste lors des guerres des Balkans commence visiblement à concentrer tous les pouvoirs. Les manifestants parlent de régime autocratique, de dérive autoritaire. Les rassemblements ont commencé au lendemain de son élection, qui a eu lieu dès le premier tour. De véritables fraudes ont été constatées : selon le Courrier des Balkans, certains électeurs ont été appelés à voter à nouveau, les listes électorales comptaient plus d’électeurs que de serbes en âge de voter, etc. En dehors de la fraude, les conditions de l’élection de Vu?i? sont douteuses. Comme Emmanuel Macron en France, il a monopolisé les médias pendant la campagne. Les manifestants dénoncent également le contrôle du parti de Vu?i? sur les médias. Ceux-ci distribuent des autocollants « Drugi Krug » (« second tour » en serbe) car c’est bien ce qu’ils revendiquent : un second tour.

    Les manifestations sont très organisées et très unifiées. Si la presse (Courrier International, par exemple) se focalise sur le mouvement étudiant, à Belgrade, nous avons pu voir des manifestants de tous les âges, ce qui témoigne d’une réelle convergence entre étudiants, travailleurs (en emploi ou privés d’emploi) et retraités. Lors de celles-ci, la police est assez peu présente (hormis pour stopper la circulation ; rappelons que certains syndicats de policiers ont affiché leur soutien aux manifestants*) et une ambiance de solidarité règne. Le Courrier des Balkans indique qu’à Belgrade, ce sont les travailleurs de l’Usine de motos et de tracteurs, au chômage depuis plus d’un an, qui ont participé à la mobilisation.

    Le mouvement « Ne da(vi)mo Beograd » est également présent dans les cortèges car Vu?i? a passé des accords avec les Émirats arabes unis pour la construction d’habitations et d’un hôtel de luxe qui va dénaturer les rives de Belgrade (« Belgrade Waterfront »). Ce mouvement qui s’inscrit dans la durée va donc au-delà de la dénonciation de la dérive autoritaire de Vu?i?, pour protester contre un néo-libéralisme féroce, pour remettre au centre du débat les droits sociaux et les conditions de travail et pour plus d’égalité.

    *Veljko Mijailovi?, président du syndicat de la Police a par ailleurs déclaré que « le temps où les hommes politiques utilisaient l’armée et la police contre le peuple était révolu »

  • AUCUNE VOIX POUR LE PEN !

    Mais Macron n’est pas la solution.

    Les sondages avaient beau annoncer pareil deuxième tour depuis plusieurs mois, la réalité des faits n’en fut pas moins un choc terrifiant. Marine Le Pen est présente au second tour. Nous sommes des millions à avoir eu le sang glacé en voyant sur nos écrans sa silhouette s’afficher au côté de celle d’Emmanuel Macron.

    Par Nicolas Croes

    Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré !

    Depuis qu’elle est arrivée à la tête du Front National, Marine Le Pen n’a pas ménagé ses efforts pour donner une image plus ‘‘respectable’’ à son projet politique nauséabond. Mais le FN n’a pas changé de caractère. Toutes ses astuces n’ont été que de petites couches de vernis sur le même racisme, le même mépris, la même admiration des régimes forts et des dictatures. Un nouveau FN ? A d’autres ! Dans le beau costume de Jean-François Jalkh, qui a repris les rênes du parti dans l’entre-deux tours, on trouve un sombre personnage qui n’a jadis hésité ni à mettre en doute la réalité des chambres à gaz, ni à se rendre au 40e anniversaire de la mort du maréchal Pétain.

    Le FN reste cet outil de haine dont l’activité et le programme sont synonymes de danger pour tous ceux et celles qui, aujourd’hui déjà, sont les victimes de la crise et de l’austérité. Le FN, un parti populaire ? Souvenons-nous de Le Pontet, cette municipalité du Vaucluse (région Provence-Alpes-Côte d’Azur) contrôlée par le FN où la gratuité de la cantine scolaire pour les enfants des familles les plus pauvres a été supprimée. Pour quelle raison ? Pour une ‘‘gestion responsable’’ des finances publiques… alors que le maire frontiste s’était fait voter une augmentation de 44% de son salaire !

    Quand Marine Le Pen parle des problèmes du système de santé et de Sécurité sociale, elle ne voit comme solution qu’une offensive contre les ‘‘arrêts maladie abusifs’’ et les soins aux étrangers. Pas un mot par contre au sujet des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises qui creusent le trou de la sécurité sociale et de l’avidité des entreprises privées du secteur des soins. Son objectif est de dévier la colère contre les travailleurs et les étrangers.

    Quand Marine Le Pen se défend de vouloir protéger l’emploi, elle a en tête de pilonner les droits syndicaux en offrant gracieusement de nouveaux cadeaux aux patrons. Dès lors qu’elle s’adresse à eux, sans trop faire appel aux médias dans ce cas, elle n’hésite pas à dire que son projet politique ‘‘vise à leur accorder une priorité dans toutes les politiques publiques’’. Peut-on être plus clair ? Sa défense de la ‘‘préférence nationale’’ en matière d’emploi ne sert qu’à monter les travailleurs les uns contre les autres pour que ce projet pro-patronal puisse mieux s’imposer.

    Toute la pratique du Front National – des municipalités aux votes de ses députés européens – démontre l’étendue de la calamité qu’il représente non seulement pour les personnes d’origine immigrée mais aussi pour les femmes (notamment en matière de droit à l’avortement), les travailleurs, les personnes LGBTQI, les allocataires sociaux, les syndicalistes, les activistes des droits humains,…

    Les ravages que causeraient une victoire de Marine Le Pen au second tour dépasseraient très largement les frontières de l’Hexagone. Tout récemment, nous avons pu constater le regain de confiance que la victoire de Donal Trump a donné à tous les Geert Wilders et autres Théo Francken de la terre. Cette assurance malsaine – qui élargit également l’espace pour les agressions à caractère raciste, sexiste ou homophobes dans la société – sortirait encore renforcée.

    Emmanuel Macron, le ‘‘moindre mal’’ & la cause du pire

    Nombreux sont ceux qui ont fait le parallèle entre ces présidentielles et celles qui ont porté Trump au pouvoir, tant Emmanuel Macron semble habillé des mêmes habits qu’Hillary Clinton, celui de bien piètre concurrent face à une candidature instrumentalisant la colère largement ressentie contre l’establishment. Emmanuel Macron est régulièrement passé pour une girouette indécise, mais il dispose d’un projet politique limpide : celui d’assurer que le patronat soit transporté d’allégresse.

    Macron veut d’un côté supprimer 120.000 postes dans la fonction publique. De l’autre, il entend réduire l’impôt sur les sociétés de 33% à 25% durant son quinquennat. Pour cet ancien ministre de l’économie de François Hollande, l’impôt sur la fortune (ISF) ne devrait pas être payé par les actionnaires car ‘‘ceux-ci financent les entreprises’’. Mais le contrôle des chômeurs serait par contre renforcé. Quel hasard y-a-t-il si l’on trouve parmi ses soutiens des personnalités politiques aussi peu sociales qu’Alain Madelein ou Manuel Valls ? Même Laurence Parisot (l’ancienne présidente du MEDEF, la principale organisation patronale française) s’est empressée de lui proposer ses services, un peu trop vite toutefois aux yeux de Macron.

    Durant le premier tour, Marine Le Pen avait encore face à elle des candidats qui, comme Jean Luc Mélenchon, la repoussaient vers les thématiques sociales qu’elle tenait par-dessus-tout à éviter. Après le 24 avril, elle a eu beau jeu de se présenter comme la candidate anti-élite. Face aux ouvriers de l’usine menacée de fermeture Whirlpool d’Amiens, elle a déclaré, sans honte : ‘‘je suis ici à ma place, je suis au milieu des salariés qui résistent à cette mondialisation sauvage’’. Le FN a instrumentalisé ce drame pour alimenter le mythe d’une candidate ‘‘du peuple’’ face à celui d’élites déconnectées de la réalité. Un mensonge passe mieux en comprenant un élément de vérité.

    Beaucoup d’électeurs se rendront aux urnes et voteront en faveur de Macron dans l’espoir de repousser le cauchemar d’une victoire frontiste. C’est compréhensible. Mais, avec son programme profondément néolibéral et antisocial, que représente-t-il si ce n’est la recette d’une future véritable croissance du populisme ? En réfléchissant à plus long terme, imagine-t-on pouvoir bloquer Le Pen en renforçant sa dynamique ? La gauche doit éviter de tomber dans ce piège, cela lui ferait porter une part de responsabilité dans l’application d’un projet politique qui lui sera plus tard reproché avec insistance.

    La France Insoumise

    Il y a à peine plus d’un an, le FN était seul à tirer parti du mécontentement populaire. Tout semblait lui profiter. Entre temps s’est développée la campagne énergique de la France Insoumise et de Jean Luc Mélenchon. Sans cela, le score de Marine Le Pen n’aurait pas été de 21 % mais de bien plus, comme le laissaient présager les sondages à l’époque. La France Insoumise a redonné espoir et réalisé une impressionnante percée parmi les chômeurs, les ouvriers ou la jeunesse, où Mélenchon fut, avec 30%, le premier candidat, loin devant Marine Le Pen et Emmanuel Macron. A Marseille, une ville où le Front National a prospéré ces dernières années, Mélenchon est arrivé en tête.

    Cette puissance potentielle dans le camp des travailleurs et de la jeunesse de toutes origines ne doit pas être affaiblie par le débat portant sur la consigne de vote pour le second tour. Avec son appel à une consultation des 450.000 membres (!) de la France Insoumise, Mélenchon a accentué ce processus d’unité tout en pointant du doigt deux éléments cruciaux : la percée de la France Insoumise à confirmer lors des législatives et la résistance sociale nécessaire pour affronter les conséquences du second tour. Que l’on ne se trompe pas, c’est précisément cela qui est ciblé par la campagne médiatique et politique dénigrant l’image de la France Insoumise. Les hypocrites dirigeants LR, PS et même le président François Hollande ont d’ailleurs, en fin de campagne, bien plus averti du ‘‘danger’’ de Mélenchon que de celui représenté par le FN.

    Action contre le FN à Bruxelles ce 24 avril.

    La gauche n’a aucune leçon à recevoir de la part de ceux-là même qui n’ont jamais hésité à jouer la carte du racisme, jusque dans les rangs du PS. Où étaient-ils alors que Mélenchon ne cessait de combattre l’extrême droite, y compris à Hénin-Beaumont en 2012, sur des terres considérées comme inévitablement acquises à Marine Le Pen ? C’est la politique des Sarkozy, Valls, Hollande & Co qui a contribué à faire monter le FN. S’y associer pour freiner l’extrême droite n’a jamais eu de résultat, si ce n’est d’alimenter le sentiment d’une conspiration des élites contre ‘‘le peuple’’, au point que même des personnes d’origine immigrées sont aujourd’hui séduites par Marine Le Pen. Laisser cette dernière seule contre tous, ce serait lui faire le cadeau dont elle rêve : celui de pouvoir personnifier l’opposition au ‘‘système’’.

    Et pour la suite ?

    Pour notre part, en France et ailleurs, nous nous sommes toujours opposés à l’extrême droite. Nous continuerons à le faire, en défendant de s’organiser, de se réunir, de débattre, de manifester tous ensemble en construisant le rapport de force social dont nous avons besoin. Certains électeurs s’abstiendront ou voteront blanc, contre Le Pen mais aussi contre le faux choix qui imposé, il s’agit d’une approche qui serait certainement la nôtre.

    La seule façon de réellement combattre le Front national, c’est de lui opposer un programme et une approche qui répondent aux déshérités broyés par l’austérité. C’est de cela qu’est issu le succès de la France Insoumise, qui a totalisé près de 20% des voix en s’attirant 7 millions d’électeurs. La formation est maintenant l’un des quatre grands blocs politiques. Il lui faut être à la hauteur de la situation en consolidant le formidable élan de la campagne.

    Ces élections constituent une illustration supplémentaire de la crise durable et profonde que traverse l’autorité des instruments politiques traditionnels de la classe dominante en France et ailleurs. Des deux partis qui ont rythmé la vie politique française ces quarante dernières années, aucun n’est parvenu à se hisser au deuxième tour, le PS s’effondrant même jusqu’à atteindre les 6%. Une profonde recomposition du monde politique français est à l’œuvre, la France Insoumise doit y prendre place en se structurant en un parti de masse des travailleurs et de la jeunesse, en une gauche de combat capable d’accueillir et d’intégrer démocratiquement toutes celles et tous qui veulent lutter contre le capitalisme et ses conséquences.

  • Présidentielles : succès de Mélenchon, mais faux choix Macron – Le Pen

    Ça se confirme, après avoir dégagé les figures les plus visibles des politiques d’austérité, de soutien au grand patronat, comme Sarkozy et Valls-Hollande, ce sont leurs partis traditionnels qui prennent une claque magistrale !

    Contribution de la Gauche Révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    De manière inédite, le second tour se fera sans candidat officiel du PS ou des Républicains. Fillon a reçu 19,9 % des voix, très loin des pronostics qui plaçaient la droite au-dessus des 30% à l’hiver dernier. Certes, les affaires d’emplois fictifs et de goûts de luxe (souvent au moyen d’argent public) ont largement entamé sa popularité. Mais il faut également se rappeler que c’est dès l’annonce de son plan de casse de la sécurité sociale et de hausse de la TVA en décembre dernier que Fillon avait commencé sa chute libre dans les sondages. Les candidats des deux grands partis responsables de toutes les politiques menées depuis plus de 30 ans ont donc bien été balayés, confirmant la vague de « dégagisme » dont parlait Mélenchon.

    Ce sont plus de 7 millions de voix, avec un jeune sur 3, qui se sont portées sur Mélenchon, il s’en est fallu de peu qu’il soit au deuxième tour. Au terme d’une campagne qui a rassemblé des dizaines de milliers de militants, organisant eux mêmes les choses, un véritable espoir a commencé à naître, une vague qui a déjà fait trembler tous les défenseurs du capitalisme, jusqu’au Washington Post qui titrait, paraphrasant la formule de Marx dans la manifeste communiste, « un nouveau spectre hante l’Europe, celui de Jean Luc Mélenchon ». Il s’en est fallu de peu pour que se qualifie au second tour un candidat rejetant les politiques d’austérité, refusant que la planète continue d’être saccagée par le capitalisme tandis que les travailleurs sont exploités pour les profits d’une poignée de capitalistes. Le mouvement des insoumis, auquel la Gauche révolutionnaire a participé, ne va pas s’arrêter là. Sept millions de voix c’est une force et un potentiel gigantesques pour affronter la politique au service des riches du probable vainqueur du second tour, le candidat des banquiers, Macron.

    Le PS fortement sanctionné

    De l’autre côté, Benoît Hamon a reçu le plus mauvais score pour un candidat du PS, avec 6,35% des voix. Alors qu’il avait, à la satisfaction générale, battu Valls et son bilan désastreux lors de la primaire du PS, Hamon a été incapable de prouver que le PS pouvait changer. Alors même que Valls rencontrait Fillon en disant qu’il était « prêt à des compromis » avec lui s’il était élu, Hamon n’en a tiré aucune conclusion. Ne désavouant jamais la politique de Valls-Hollande (simplement critiquant quelques points), il a prétendu vouloir faire alliance avec Mélenchon sans jamais discuter du programme et n’ayant en tête que les prochaines élections législatives. Soi-disant partisan de faire « gagner la gauche », il a refusé aussi de se retirer et de soutenir Mélenchon, montrant de fait que le PS restait égal à lui-même, uniquement capable de penser en termes de cuisine électorale pour les prochaines élections. Mise à part sa proposition de « revenu universel », Hamon était bien incapable de dire publiquement s’il approuvait les mesures phare de Mélenchon comme la hausse des salaires, la baisse du temps de travail ou encore la retraite à 60 ans. Accroché à un vieux schéma politique (une alliance au sommet avec les Verts et le PCF) mais qui n’a pas marché cette fois-ci, Hamon aura également joué le rôle négatif qui arrange tant Macron. En effet, le vote pour Hamon a directement permis le maintien de Mélenchon derrière Le Pen et Macron, même si c’est de peu.

    Hamon recevra évidemment le prix de son attitude : une mise à l’écart complète après un score aussi faible et l’équipe de Valls et autres qui vont reprendre la main sur le PS et tenter de le transformer en parti du centre, afin d’aboutir à un accord avec Macron et son mouvement. Déjà, de nombreux élus PS ont soit obtenu l’investiture du mouvement de Macron pour les législatives, soit sont entrés en discussion avec lui.

    Macron le candidat de la finance

    La candidature de Macron a un rôle précis : celui d’assurer une continuité dans les politiques menées ces dernières années : lois de casse du droit du travail, des services publics, et politiques en faveur des multinationales et des groupes financiers.

    C’est avec le soutien discret mais réel de Hollande et de nombreux grands patrons que Macron a été lancé, comme un produit marketing, combinant un discours démagogique (chacun aurait sa chance de devenir millionnaire, sans expliquer pourquoi ils sont une si infime minorité dans la société alors que le nombre de pauvres continue d’augmenter) à une déclaration de guerre aux travailleurs mais bien masquée (fin des 35 heures, suppression de dizaines de milliers d’emplois publics). Soi-disant nouveau (par rapport à des Fillon, il est vrai qu’il n’est pas dur de paraître nouveau), il a même annoncé que 50% des candidats de son mouvement, En Marche, seraient des gens jamais élus jusqu’à présent. Reste à savoir s’ils seront sur des circonscriptions permettant d’être élus, rien n’est moins sûr… Et avec 23,8% des voix, son soutien dans la population n’est pas si fort que cela. Beaucoup seront rapidement déçus, et le réveil sera certainement colérique parmi les nombreux jeunes qui découvriront que Macron ne fait que continuer la politique de ses prédécesseurs.

    Le Pen au second tour sans élan

    Face à lui, Le Pen peut jouer à plein le rôle, bien pratique pour les capitalistes, de repoussoir : sa présence au second tour va favoriser le candidat qui a le soutien des super-riches, des banques, des groupes d’actionnaires, etc. Seule la candidature de Mélenchon était un obstacle à ce scénario idéal pour la bourgeoisie et la caste politicienne. Lui, au moins, dénonçait réellement la politique menée au service des super riches sans trouver des coupables parmi celles et ceux qui en sont pourtant les principales victimes, notamment les migrants ou les musulmans.

    Le Pen a en fait été sauvée de peu, n’ayant que 600 000 voix d’avance sur Mélenchon. Les zones rurales ont voté en premier lieu pour Marine Le Pen, de même que de nombreuses zones sinistrées par les fermetures d’entreprises et les politiques de casse des services publics. Mais les grandes et moyennes villes, notamment les villes ouvrières et populaires, ont souvent porté Mélenchon devant Le Pen : Le Havre, la Seine-Saint-Denis, Roubaix, Marseille, etc.

    Si le score de Le Pen est réellement haut (mais dans des proportions bien moindres que ce qui était annoncé dans les sondages), sa progression n’est pas irrésistible. Elle a gagné 1,2 million de voix depuis 2012 (passant de 6,4 millions à 7,6 millions), elle a raté son objectif (être en tête) et elle distance Fillon et Mélenchon de peu.

    Pas une voix des travailleurs et des jeunes pour Marine Le Pen !

    Le discours de Le Pen a pu attirer des jeunes, des travailleurs, des retraités, des chômeurs, qui subissent depuis plus de 15 ans les politiques antisociales des différents gouvernements par colère. Cependant dans la dernière période, elle a clairement dit aux grands patrons, lors de sa rencontre avec le MEDEF, qu’elle ne toucherait à aucun de leurs privilèges, ni même qu’elle n’augmenterait réellement les salaires. Sa posture sociale, qu’elle va renforcer durant ce second tour du fait qu’elle ne subit plus la pression de Mélenchon et qu’elle est face aux candidats des banquiers, Macron, est une escroquerie.

    Poursuivie pour détournement d’argent public, elle ne s’est protégée que par son immunité parlementaire, elle qui se prétend anti-système. De même, son parti est rempli de politiciens carriéristes exactement de la même manière que le PS ou les Républicains.

    Face à Macron qui est le candidat des multinationales et des banques, Le Pen recevra peut-être des voix de gens qui en ont assez de ces politiques au service des riches. Mais elle ne propose pas une autre politique, elle défend autant le capitalisme que Macron. Elle ne remet pas en cause l’exploitation ni la dictature du profit, bien au contraire, venant d’une famille de millionnaires, elle est dans le camp des riches.

    Beaucoup sont à juste titre en colère contre ce faux choix. Il est crucial que partout où cela est possible, on s’organise et on multiplie les initiatives de masse contre Le Pen, contre le capitalisme et le racisme.

    Le Pen ne passera pas !

    C’est par la mobilisation de masse que l’extrême droite sera stoppée. Et par la construction d’un parti de lutte et de masse qui défend réellement les intérêts des travailleurs, des jeunes, et de la majorité de la population. Le Pen reçoit ses succès électoraux parce que beaucoup sont désespérés et en même temps en colère, mais aussi parce que les partis comme le PS ou les Républicains, et tous ceux qui vont avec, mènent des politiques qui aggravent la situation sociale d’une majorité de la population.

    On peut comprendre que beaucoup iront voter pour Macron pour faire barrage au cauchemar que représente Le Pen et son parti. Pour notre part, nous nous sommes toujours opposés à Le Pen, et nous pensons qu’il faut continuer en appelant à s’organiser, à se réunir, à débattre et à manifester. Mais nous ne voterons pas pour autant pour Macron, dont la politique sous Hollande a été d’attaquer les travailleurs et qui va la continuer quand il sera élu.

    Les premières mobilisations ont un double objectif : montrer à Le Pen qu’elle ne passera, et préparer les jeunes, les travailleurs, par dizaines de milliers, aux luttes qu’il faudra mener contre les attaques antisociales de Macron et sa politique au service du capitalisme.

    L’absence d’une véritable force politique de masse et de lutte, d’un nouveau parti démocratique regroupant des dizaines de milliers de jeunes, de travailleurs, de retraités… a facilité les mensonges de Macron et de Le Pen aidés par la propagande des médias au service du capitalisme. Il nous faut un tel nouveau parti pour discuter, réfléchir, et décider collectivement de nos luttes et de nos revendications. C’est cela que la Gauche révolutionnaire défend, en lien avec un programme pour le socialisme démocratique et contre le capitalisme.

  • S’inspirer de la dynamique de la France Insoumise pour les combats à venir

    Cette campagne présidentielle française a bouleversé tous les repères politiques traditionnels. Un président sortant, François Hollande, qui refuse d’être candidat (une première sous la 5e République instaurée en 1958) ; des primaires à droites organisées pour la première fois d’où émerge contre toute attente François Fillon ; ce même candidat de la droite officielle dont la campagne s’est vue directement plombée par divers scandales ; une figure encore peu connue il y a quelques temps, Emmanuel Macron, propulsée avec la complaisance des médias sur le devant de la scène ; etc. Quant à nous, à l’instar de nombreux jeunes et travailleurs, nous retiendrons surtout la candidature de Jean Luc Mélenchon et la dynamique qui fut celle de la France Insoumise.

    Par Nicolas Croes, article écrit à destination de l’édition de mai de Lutte Socialiste, avant la publication des résultats du premier tour

    Au côté des intentions de vote où Jean-Luc Mélenchon a progressivement dépassé Benoît Hamon, puis François Fillon pour finir dans les vainqueurs potentiels du premier tour, il y a également eu l’extraordinaire affluence aux meetings de la France Insoumise, dont voici quelques dates clés. Le samedi 18 mars, 130.000 personnes s’étaient réunies à Paris pour commémorer l’anniversaire de la Commune de 1871. Le dimanche 9 avril, ils étaient 70.000 à Marseille et à nouveau 70.000 à Toulouse le 16 avril. Deux jours plus tard, en pleine semaine, 35.000 personnes ont assisté aux meetings simultanés de Dijon, Grenoble, Nancy, Clermont-Ferrand, Nantes et au Port (La Réunion) grâce à des hologrammes, tandis que 65.000 autres regardaient en direct la retransmission du discours. Les autres candidats ne pouvaient que rêver susciter un tel enthousiasme !

    De l’audace, de l’audace, encore et toujours de l’audace

    Une des grandes leçons de la montée en flèche de la figure de Mélenchon, c’est d’avoir développé une image offensive, pugnace et audacieuse. L’image de quelqu’un qui rend coup sur coup. Qui ne cherche pas à être accommodant avec l’élite. Qui ne plie pas devant les médias. Qui a un objectif en tête et la ferme volonté d’y parvenir. Qui redonne confiance en une victoire possible contre le camp d’en face.
    La nécessité d’une telle approche avait déjà été démontrée de manière éclatante par la candidature de Bernie Sanders aux primaires du parti démocrate et son appel à la ‘‘révolution politique contre la classe des milliardaires’’, approche par ailleurs au service d’un programme politique résolument favorable au travailleurs et aux opprimés de toutes sortes.

    Tant Mélenchon que Sanders ont compris que les idées politiques ne doivent pas être limitées à ce qui semble raisonnable. Ils ont défendu des idées radicales (bien qu’ayant encore de nombreuses faiblesses) qui ont permis de bousculer le centre de gravité politique du débat global. Il fut un temps où Bernie Sanders aurait tout simplement été banni du débat politique national aux Etats-Unis. Aujourd’hui, il reste l’homme politique le plus populaire du pays en dépit de sa capitulation et de son ralliement à la candidature de Hillary “Wall street” Clinton. Mélenchon a, au contraire, gardé ses distances avec le Parti “Socialiste”, même lorsque que Benoît Hamon est sorti vainqueur des primaires de la “Belle alliance populaire”. Il a également défendu sans relâche la nécessité d’un projet de rupture avec les institutions actuelles de la Ve république. On peut déplorer que son projet de 6e république en reste au niveau de l’utopie d’un capitalisme domestiqué, mais l’on ne peut nier que la formule a l’immense mérite d’ évoquer un changement de régime et, peut-être, de société.

    L’utilisation des objectifs

    Un autre enseignement d’importance est celui de l’utilisation d’un plan de campagne soutenu. Il s’agissait d’abord de dépasser Benoit Hamon dans les sondages. Puis Fillon. Figurer enfin dans les sondages du second tour. Obtenir 300.000 abonnés à la chaine youtube de la France Insoumise pour le premier tour. Etc. Nous avons vu à l’œuvre sur le plan électoral une sorte de plan d’action crescendo à l’image du plan d’action syndical de l’automne 2014 contre le gouvernement Michel qui avait commencé par une manifestation de masse à Bruxelles pour finir après une tournée de grèves provinciales par la grande grève générale du 15 décembre 2014. C’était une manière de favoriser l’engagement actif dans la campagne, de répartir l’effort collectif en organisant la croissance de l’enthousiasme.

    Et pour la suite ?

    Il n’est d’ores et déjà plus seulement question de la désignation du chef de l’Etat. Divers commentateurs spéculent ouvertement sur la fin du PS. Quoi qu’il en soit, la France Insoumise est aujourd’hui dans une position de force pour prendre des initiatives hardies vers une recomposition radicale de la gauche. Selon nous, le mieux serait de s’orienter vers un nouveau parti de masse démocratique des travailleurs capable de rassembler pour organiser la lutte contre la classe capitaliste, dans la rue comme dans les urnes. Cela exigera d’approfondir le programme politique de la formation pour qu’il devienne un véritable programme de rupture anticapitaliste et socialiste.

  • Elections anticipées au Royaume-Uni: Corbyn doit se battre armé de politiques socialistes

    La Première ministre et cheffe du parti conservateur (Tory) Theresa May a convoqué des élections législatives anticipées le 8 juin et ce pour une seule raison : la faiblesse du gouvernement face à la colère qui se développe dans la société britannique.

    Déclaration du Socialist Party, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles

    Les travailleurs souffrent de la contraction la plus prolongée des salaires depuis le début du XIXe siècle ! Les réductions d’allocations sociales laissent des millions de personnes sur le carreau, sans disposer de suffisamment d’argent pour se nourrir eux-mêmes et leurs familles. L’année dernière, pas moins de 200.000 personnes ont été admises à l’hôpital pour malnutrition ! L’enseignement et le système de soins de santé (NHS) font face à des coupes budgétaires qui mettent en danger leur existence. La crise du logement atteint un degré catastrophique. Les nouvelles lois anti-syndicales ultra-draconiennes sont sources d’amertume et de frustration parmi les syndicalistes.

    Le gouvernement est loin d’être fort et, compte tenu de la très fine majorité des Tories au parlement, Theresa May craint d’être submergées de blocages au Parlement. Cela s’est déjà produit à 11 reprises au cours de la première année de son gouvernement. Theresa May avait jadis déclaré refuser d’appeler à la tenue d’élections anticipées, mais elle a ravalé sa parole. Cela ne fait qu’illustrer une fois de plus à quel point les politiciens capitalistes sont capables de changer les règles en fonction de leurs désirs.

    David Cameron (conservateur) et Daniel Clegg (libéral-démocrate) avaient dirigé le gouvernement issu des élections de 2010 (jusqu’en 2015). Ils avaient introduit le Fixed Term Parliament Act (1) pour tenter de renforcer le gouvernement de Coalition pendant cinq ans. Aujourd’hui, Theresa May veut passer outre pour essayer de renforcer son gouvernement conservateur en situation de faiblesse. En se basant sur les sondages actuels, elle parie l’emporter avec une majorité accrue. Elle serait alors plus à même de mener à bien son véritable programme, qui ne ressemble en rien à de la «gestion juste» mais s’apparente à l’austérité la plus vicieuse.

    Un pari risqué

    Le véritable sondage, ce sera celui du 8 juin. Beaucoup de choses peuvent se produire d’ici là. Elle considère partiellement ces élections comme un référendum sur le Brexit, en espérant que le tiers des électeurs conservateurs qui avaient soutenu le maintien dans l’Union européenne continuera tout de même à soutenir son gouvernement. Cela n’est toutefois pas garanti. Certains pourraient bien passer aux libéraux démocrates pour cette raison.

    Les conservateurs, détestés, sont très peu susceptibles de faire une percée importante en Ecosse. Le Scottish National Party (Parti national écossais) n’est pas encore pleinement exposé en tant que parti austéritaire et est susceptible de maintenir sa base électorale en grande partie. La victoire remportée par les conservateurs aux élections partielles de Copeland a probablement suscité l’espoir que les conservateurs puissent améliorer leur position dans le nord de l’Angleterre. Cette élection a eu lieu en février suite à la démission d’un député travailliste. Le candidat conservateur a remporté ce siège, une première pour un parti au pouvoir dans une élection partielle depuis 1982. Mais, dans les faits, les conservateurs ont surtout accédé à cette victoire parce qu’ils ont perdu moins de voix que les travaillistes. La nuance est importante.

    Une des leçons à tirer des récentes élections – des États-Unis, à la France en passant par les Pays-Bas – c’est que les électeurs veulent punir l’establishment capitaliste. Les partis et candidats qui se profilent comme étant opposés à cet establishment bénéficient d’un écho massif. Il suffit de regarder la campagne de Jean-Luc Melenchon en France. En se basant sur un programme de gauche, il a grimpé jusqu’à 19% dans les sondages d’opinion. Il est même possible qu’il soit présent au second tour. Jeremy Corbyn (dirigeant du parti travailliste, le Labour, élu sur un programme de gauche, dont l’autorité est contestée par l’appareil du parti, ancré à droite) a déjà déclaré que le Labour ne s’opposerait pas à la tenue d’élections anticipées. Il lui faut maintenant lancer une campagne électorale basée sur des politiques socialistes capable de satisfaire les besoins de la classe ouvrière.

    Des politiques pour un changement socialiste de société

    Il est clair qu’une grande partie de la cabale pro-capitaliste au sommet du Parti travailliste accueillera favorablement ces élections en secret en estimant que Jeremy Corbyn subira une défaite. Il pourrait ensuite être remplacé par un dirigeant pro-capitaliste et pro-austérité. Ils pourraient s’en mordre les doigts. Pour peu que Jeremy Corbyn se décide à lutter avec un programme socialiste clair – notamment en faveur d’un Brexit favorable aux intérêts de la classe des travailleurs et de la classe moyenne – il pourrait remporter ces élections

    Les politiques qu’il a défendues et qui l’ont propulsé à la tête du Labour constitueraient un excellent début: l’introduction immédiate d’un salaire minimum de 10 £ de l’heure, un enseignement gratuit pour tous, la construction massive de logements sociaux et la nationalisation des compagnies ferroviaires et énergétiques. A cela doit être combiné la fin immédiate de toutes les coupes budgétaires dans les services publics et un engagement à renationaliser immédiatement Royal Mail (la poste britannique).

    Jeremy devrait clarifier qu’il jetterait le secteur privé hors des services publics et de l’enseignement. Il devrait s’engager à instaurer un véritable système de soins de santé socialiste de haute qualité et bien financé, sous contrôle démocratique, et gratuit. Tout cela doit être lié à la nécessité d’un changement socialiste fondamental : en faveur d’une société gérée en fonction des intérêts de la majorité sociale plutôt qu’en fonction de la voracité d’une infime élite capitaliste.

    Une telle campagne électorale ne devrait pas être limitée aux discours et aux émissions électorales. Le secteur des soins de santé est entrée lutte et a connu une grande manifestation le 4 mars dernier. Jeremy Corbyn a pris la parole à cette manifestation. Maintenant, en collaboration avec le mouvement syndical et les militants du secteur, une deuxième manifestation doit être organisée, durant la campagne électorale, pour mobiliser des millions de personnes dans les rues contre les conservateurs et en défense du système de soins de santé.

    1) Le Fixed-term Parliaments Act de 2011 a été adopté dans le cadre de la coalition entre le Parti conservateur et les Libéraux-démocrates. La loi met fin à la prérogative royale concernant la dissolution du Parlement : le Parlement est automatiquement dissout 25 jours ouvrés avant la date d’une élection. La date de l’élection est fixée par la loi au premier jeudi de mai la cinquième année qui suit l’élection précédente.

  • La possibilité de dégager Le Pen, Fillon et Macron… Le 23 avril, VOTONS MÉLENCHON

    Mélenchon est la cible de tous les journalistes au service du système. Pourquoi ? parce qu’il propose de nous défendre : augmentation des salaires, des pensions de retraite, baisse du temps de travail pour embaucher, investissements publics pour créer des centaines de milliers d’emploi. Il défend que l’économie respecte la Nature et l’être humain, indispensable si on veut que le monde reste vivable.

    Tract de la Gauche Révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    En face : Fillon et ses affaires, les emplois fictifs de sa famille payés avec de l’argent public, sa promesse de détruire 500 000 emplois dans les services publics, de baisser l’impôt pour les riches mais d’augmenter la TVA qui touche les travailleurs et les personnes les plus modestes.

    Macron, ex-ministre de l’économie de Hollande : + 1,5 millions de chômeurs en 5 ans, la fortune des plus riches qui a continué d’augmenter pendant que 9 millions de personnes vivent dans la pauvreté. Lui aussi promet des centaines de milliers de suppressions d’emploi dans les services publics. Tract distribué par la Gauche Révolutionnaire pour ces derniers jours de campagne

    Révoltons nous ! Ne subissons plus la dictature des super riches. Votons Mélenchon !

    Fillon et Macron parlent de «sacrifices», mais jamais pour les riches. C’est toujours pour les milieux populaires, tout en augmentant toujours les impôts des classes moyennes. Quant à Le Pen, ses slogans sont toujours contre les «migrants », ou contre les musulmans. Elle n’a évidemment aucun mot contre les super riches et les capitalistes, alors que ce sont eux qui ferment les usines et sur-exploitent les travailleurs pour augmenter leurs profits. Elle se dit contre le système mais tous les dirigeants de son parti, le Front National, cumulent deux postes d’élus ! Son racisme ne vise qu’à nous diviser pour affaiblir nos luttes contre ce système.

    Aucun de ces trois là ne veut toucher aux causes réelles des problèmes. Par exemple, les 75 milliards d’euros de bénéfices faits, en 2016 par les 40 premières entreprises françaises. Cet argent suffirait largement à donner des emplois, des services publics (Santé, Education…) gratuits et de qualité à tout le monde, il faudra aller le récupérer.

    Il faut les dégager, tous les trois !

    Des dizaines de milliers de personnes participent à la campagne de Mélenchon, aux meetings. Après toutes ces années à subir les attaques sur les retraites, sur l’Education, sur les services publics comme la Santé (22 000 suppressions d’emplois depuis 2015), à subir la loi El Khomri de casse du travail, à voir les salaires baisser tandis que les riches sont toujours plus riches, nous avons la possibilité de dire «stop !» ! Nous sommes déjà des millions, et cela peut permettre de tout changer.

    Après la lutte contre la loi «travail», avec les centaines de luttes et de grèves actuelles, c’est un vaste mouvement qui s’est mis en route : on ne se laissera pas piétiner ! Voter Mélenchon -et peut être permettre qu’il soit au second tour- cela montre que le camp des travailleurs, des
    jeunes, des couches populaires se rassemble pour stopper les politiques anti sociales.

    C’est pour cela que la Gauche révolutionnaire mène campagne pour voter Mélenchon.

    Tant que ce système sera en place, avec sa dictature du profit, nous subirons le chômage, les bas salaires, et les politiciens corrompus à la Fillon qui continueront de venir exiger des sacrifices. Tout en soutenant Mélenchon, nous pensons qu’il faut s’attaquer aux racines mêmes du problème et lutter contre le capitalisme.

    Nous défendons la mise en propriété publique des multinationales, et de tous les groupes financiers (assurances, banques etc.) afin d’organiser l’économie démocratiquement, sous le contrôle des travailleurs et de la population, en fonction des besoins de tous et toutes. C’est cette lutte pour le socialisme démocratique que vous pouvez mener avec nous en nous rejoignant dès maintenant. Mélenchon au second tour ou pas, il faudra poursuivre le mouvement, se préparer à lutter, s’organiser.

    Nous avons besoin d’une force politique à nous, un nouveau parti, démocratique, capable de rassembler des dizaines de milliers de travailleurs, de jeunes, pour organiser la lutte contre les vrais parasites : la classe des capitalistes avec leurs banques, leurs super riches et leurs groupes d’actionnaires. La candidature de Mélenchon a permis de nous rassembler par millions, il faudra continuer !

    Le 23 avril c’est le choix : ou bien les politiques au service des riches et des grands capitalistes défendues par Fillon-Le Pen-Macron, ou bien une politique au service des jeunes, des travailleurs, et de la population comme le défend Mélenchon.

  • Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous

    Action de protestation à l’ambassade irlandaise, 23 avril 2017. Photo : Socialisme.be

    Parler de la répression d’Etat fait tout d’abord penser à des pays tels que la Turquie ou le Maroc, des régimes autoritaires qui persécutent quotidiennement leurs opposants. Mais la tendance des élites dirigeantes à renforcer leurs outils de répression pour faire face à la contestation sociale est bien plus générale. En France, la ‘‘Loi travail’’ avait poussé des centaines de milliers de personnes dans les rues à plusieurs reprises en 2016. La répression avait été féroce et, aujourd’hui, les procès de militants se succèdent tandis que les manifestations contre les violences policières s’enchaînent, notamment autour du cas du jeune Théo qui révélait sur BFMTV, début février : ‘‘Je l’ai vu prendre sa matraque : il me l’a enfoncée dans les fesses, volontairement’’.

    Par Nicolas Croes

    En Belgique, à l’occasion de la journée internationale contre les violences policières (le 15 mars), la Coordination des sans-papiers et la campagne ‘‘Stop Répression’’ s’étaient associées pour dénoncer la répression policière et le racisme d’État lors d’une manifestation. Le texte de plateforme dénonçait à juste titre la manière dont de nouvelles mesures sécuritaires adoptées par le gouvernement Michel sont utilisées pour criminaliser les sans-papiers et réprimer le mouvement pour leur régularisation.
    Ainsi, le 19 septembre dernier, l’évacuation du collectif la Voix des Sans Papiers à Molenbeek s’est déroulée avec des dispositifs policiers sans précédent, avec hélicoptère et armes lourdes, pour déloger quatorze personnes désarmées! La campagne posait très justement la question suivante : ‘‘Avec cette instrumentalisation de la notion de terrorisme, qui nous dit que demain un syndicaliste ne pourra pas être également condamné pour incitation au terrorisme parce qu’il s’oppose aux réformes injustes du gouvernement??’’ A ce titre, le procès contre les manifestants de Jobstown en Irlande peut constituer un dangereux précédent.

    Jobstown not guilty

    L’Irlande a récemment connu une lutte titanesque contre une taxe visant à en finir avec la gratuité de l’eau dans le pays. Comme l’expliquait le quotidien français Le Monde (10 février 2015) : « Alors que les premières factures doivent tomber en avril et coûteront plusieurs centaines d’euros par an aux ménages, les campagnes appelant au non-paiement sous le mot d’ordre ‘‘No way, we won’t pay’’ (‘‘pas question, on ne paiera pas’’), essaiment à travers le pays. Du jamais vu depuis l’indépendance en 1922. Pas même au plus fort de la crise financière. Car l’eau cristallise tout le reste. Coupes dans les dépenses publiques, baisse des salaires, augmentation des impôts : la rigueur budgétaire – dont le pays est officiellement sorti en octobre – a demandé trop d’efforts aux Irlandais. Le taux de chômage a certes baissé, mais avoisine toujours les 10,7 %. Et, alors que le gouvernement les serine avec la reprise économique, une grande partie des 4,5 millions d’habitants n’en ressent toujours pas les effets’’. ‘‘Les 99 % de gens ordinaires voient qu’on fabrique une reprise pour les 1 % de riches aux dépends du reste de la population qu’on continue à saigner’’, tance Paul Murphy. Le député a encore sa carte au Parti socialiste (trotskiste), qu’il a intégré à l’âge de 18 ans.’’

    L’article avait été publié au lendemain de l’arrestation excessivement musclée de Paul Murphy et de divers activistes opposés à la taxe sur l’eau le 9 février qui avaient participé à un sit-in devant la voiture de la vice Première Ministre, en 2014, dans la localité de Jobstown (près de Dublin). Avec leur détention provisoire, l’establishment irlandais visait à criminaliser le mouvement social et à affaiblir la résistance à la taxe sur l’eau. Depuis lors, les autorités ont été forcées de reculer et la loi a été suspendue. Mais l’establishment tient à sa revanche et ces activistes sont aujourd’hui inculpés de ‘‘séquestration’’ !

    L’un d’entre eux, âgé de 15 ans au moment des faits, a d’ailleurs été condamné à l’automne dernier. Les 18 autres, tous adultes, ont leur procès le 24 avril prochain. Ils sont menacés de longues années d’emprisonnement. Parmi eux, se trouve Paul Murphy, député irlandais de l’Alliance Anti-Austérité (AAA, devenue depuis lors Solidarity) et du Socialist Party, tout comme Mick Murphy et Kieran Mahon, conseillers municipaux de Solidarity.

    Le message est clair. C’est une tentative d’intimidation de toutes celles et tous ceux qui veulent résister à ses politiques et lutter pour une autre société : ‘‘courbez l’échine ou vous risquez la prison’’. S’il advenait qu’ils soient condamnés, ça serait un véritable recul des droits démocratiques à manifester en Irlande. Un pas supplémentaire pour faire taire le mouvement ouvrier et social et essayer de le briser. Mais ce serait aussi un précédent alarmant pour les luttes sociales à travers l’Europe.

    Une campagne de soutien, d’abord en Irlande, mais aussi au niveau international, s’est organisée autour de #JobstownNotGuilty (Jobstown non-coupable), rejointe depuis lors par Jean-Luc Mélenchon (candidat de la France Insoumise aux élections présidentielles), Angela Davis (militante des droits de l’homme, professeur de philosophie et militante communiste américaine), Noam Chomsky (linguiste et intellectuel anticapitaliste), Yanis Varoufakis (ancien ministre grec des Finances),…

    En Belgique, elle a été rejointe par Eric Toussaint (CADTM), Peter Mertens (président du PTB), Michel Genet (Directeur Politique d’ECOLO), Zoé Genot (députée régionale ECOLO, Présidente de groupe au parlement régional bruxellois), Muriel Gerkens (députée fédérale ECOLO), Rudy Janssens (Secrétaire fédéral CGSP Bruxelles), Silvio Marra (ancien délégué FGTB des Forges de Clabecq),…

     

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