Category: Europe

  • Etat espagnol : Une grève générale étudiante historique !

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    Plus de 200.000 étudiants ont occupé les rues contre les “revalidations” franquistes

    Nous publions ci-dessous la traduction du premier rapport du (Sindicato de Estudiantes au sujet de la grève générale étudiante historique qui a frappé l’Etat espagnol ce 26 octobre. Le Comité pour une Internationale Ouvrières (dont le PSL est la section belge) a activement soutenu cet appel à la grève et a organisé des actions de solidarité dans une vingtaine de pays à travers le monde (dont en Belgique).

    Par des correspondants du Sindicato de Estudiantes (Syndicat des Etudiants)

    Ce fut un véritable tsunami. La grève générale étudiante appelée par le Sindicato de Estudiantes (SE) fut un succès d’ampleur historique. Près de deux millions d’élèves ne se sont pas rendus dans leurs salles de classe. Il était ne s’agissait toutefois pas seulement d’une énorme grève, soutenue à plus 90%. Plus de 60 manifestations organisées par le Sindicato de Estudiantes ont rencontré un succès massif. Plus de 200.000 étudiants ont défilé dans tout le pays. Les chiffres sont extraordinaires.

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    Le secrétaire générale du SE parle à la presse aux côtés de Claire, des Socialists Students (équivalent britannique d’EGA).

    Au Pays basque, plus de 10.000 personnes ont défilé à Bilbao, 5000 à Donostia et des milliers d’autres à Vitoria / Gasteiz et Iruña. En Catalogne, plus de 50.000 manifestants ont rempli les rues de Barcelone, pendant que des milliers d’autres manifestaient à Tarragone, Gérone et des dizaines d’autres villes. Presque 10.000 jeunes ont défilé à Valence, des milliers d’autres à Alicante. La manifestation de Madrid – forte de 60.000 personnes – a représenté la plus grande manifestation étudiante depuis des années. En Galice: 5000 personnes ont manifesté à La Corogne, 3.000 à Ferrol et des milliers d’autres dans d’autres villes. Il y eut encore 5000 personnes à Saragosse. En Andalousie, 15.000 personnes ont manifesté à Grenade, 10.000 à Séville, 7000 à Malaga, 2000 à Cadix et plus de 1000 à Almeria et Huelva… Des milliers de manifestants ont également marché ensemble en Estrémadure, aux îles Canaries et aux îles Baléares, à Murcie, à Castille et León , à Castilla La Mancha, à Cantabria,…

    Cliquez ici pour accéder à une galerie photo des différentes manifestations.

    Cette grève a été un véritable succès et une puissante démonstration de force qui a brutalement exposé au grand jour le caractère du gouvernement du PP et du ministère de l’Éducation. Les jeunes ont clairement exigé la suppression immédiate des “revalidations” franquistes et de la LOMCE (la précédente mesure d’austérité anti-démocratique instaurée dans l’enseignement). Ces deux mesures sont totalement inacceptables. Le Sindicato de Estudiantes exige la démission immédiate du ministre de l’Éducation, Iñigo Méndez de Vigo. Mais nous allons plus loin: nous exigeons la suppression de la LOMCE et de tous les autres décrets d’austérité, l’annulation de toutes les coupes budgétaires, l’augmentation drastique du budget de l’éducation publique ainsi que la réadmission des milliers d’enseignants licenciés ces dernières années.

    2610_barceloneLe gouvernement de droite du PP a déclaré la guerre à l’éducation publique. Dans ce contexte, nous considérons qu’il est tout à fait honteux que la direction du PSOE (le parti prétendument “socialiste”) ait capitulé devant lui qu’il se soit lâchement abstenu au Parlement pour laisser le pouvoir à Rajoy et au PP. Ces dirigeants ont tourné le dos à leur base sociale, à leurs électeurs, aux millions de travailleurs et de jeunes, au mouvement de l’éducation et à tous ceux qui luttent pour la défense de l’éducation publique. Nous ne pourrons jamais oublier ce vote qui sera responsable de nouvelles années d’un gouvernement du parti de la corruption et des coupes budgétaires.

    La grève a également reçu le soutien de la CEAPA (l’association nationale des parents), ce qui est très important. Malheureusement, l’attitude de la direction des syndicats CCOO, UGT et STE n’a pas été la même. Ce n’est qu’à Madrid qu’ils ont fait ce qu’ils appellent une grève totale des enseignants, ainsi qu’en Andalousie dans le cas de la STE. Cette attitude des dirigeants syndicaux n’a aucune justification. Pourquoi ne pas appeler les enseignants à la grève aux côtés des étudiants et des parents? Les enseignants ne souffrent-ils pas également des mêmes attaques antisociales? Les dirigeants syndicaux doivent corriger leur attitude de toute urgence et écouter la clameur de leurs rangs. Ils doivent se battre de toutes leurs forces et non se contenter de simples déclarations.

    Nous voulons affirmer haut et fort que la lutte n’est pas finie. La journée du 26 octobre fut un grand succès, mais nous ne nous arrêterons que lorsque la LOMCE et les “revalidations” seront de l’ordre du passé. Notre comité de grève de toute l’Espagne va immédiatement se réunir. Si le gouvernement intérimaire n’abandonne pas ces attaques pour le 31 octobre, nous appellerons à une autre grève – plus grande et plus forte – dans les semaines à venir, en appelant tous les syndicats d’enseignants et les parents organisés à la CEAPA à nous rejoindre.

    Enfin, nous tenons à remercier les milliers de militants du Sindicato de Estudientes de tout l’État qui ont fait de cette grande grève une réussite. Plus de 100.000 tracts ont été distribués et des dizaines de milliers d’affiches ont été collées. Nous voulons aussi saluer les plus de 2.000 nouveaux membres du syndicat qui nous ont rejoints ces dernières semaines. Ensemble, nous construisons une organisation étudiante plus grande et plus déterminée qui ne fuira aucune grève et ne cherchera pas à diviser le mouvement étudiant selon des lignes nationales ou sectaires. Nous croyons en notre propre force et en la capacité de la jeunesse de lutter contre le PP et ses coupes budgétaires ainsi que contre le système qui génère l’injustice sociale: le capitalisme.

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  • Actions de solidarité avec la grève de la jeunesse espagnole

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    A Bruxelles, plus d’une vingtaine des participants étaient présents ce mercredi 26 octobre au rassemblement des Etudiants de Gauche Actifs (EGA) en face de l’ambassade espagnole à Bruxelles. D’autres petites actions de solidarité ont également eu lieu à Anvers, Liège et Gand ce même jour. Ces événements prenaient place dans le cadre de la campagne internationale de soutien à la grève de la jeunesse espagnole initiée par le Sindicato de Estudiantes.

    Par Brune (Bruxelles)

    La lutte contre le système d’examens externes, les reválidas franquistas, ainsi que contre les coupes budgétaires et l’austérité en général dans l’enseignement en Espagne a pris un caractère de masse: plus de 60.000 personnes ont manifesté hier dans les rues de Madrid et plus de 50.000 à Barcelone ! Plus de 200.000 manifestants ont occupé les rues de l’Etat espagnol ! Au même moment, de multiples actions de solidarité ont pris dans une vingtaine de pays à travers le monde.

    Des slogans en faveur d’un enseignement public gratuit et de qualité ainsi qu’en défense de la solidarité internationale ont été scandé en français et en espagnol au rassemblement. Plusieurs étudiants du secondaire et du supérieur de l’ULB et d’écoles artistiques ont pris la parole lors du micro ouvert pour dénoncer la marchandisation de l’enseignement et le manque de moyens. Des militants d’Izquierda Unida, de Podemos et du PSL étaient également présent à l’appel d’EGA.

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    Gand, à l’université
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    Anvers, à l’université
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    Liège, face au Consulat honoraire d’Espagne
  • Répression politique contre les activiste en Irlande: "une recette du totalitarisme"

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    Un manifestant de Jobstown reconnu coupable – Il faut résister contre les attaques sur nos droits démocratiques de base

    Par une décision révoltante, un étudiant de 17 ans qui avait pris part à la manifestation de novembre 2014 contre la taxe visant à en finir avec la gratuité de l’eau en Irlande a été reconnu coupable d’avoir injustement “séquestré” la Première ministre d’alors et dirigeante du parti travailliste Joan Burton.

    Matt Waine, Conseiller municipal de l’Anti Austerity Alliance (Alliance Anti Austérité (AAA)) et membre du Socialist Party

    En novembre 2014, une action spontanée a eu lieu contre la taxe sur l’eau à Jobstown (Dublin) quand il a été révélé que Joan Burton avait l’intention de venir prendre la parole dans une école. Elle s’est retrouvée bloquée quelques heures dans sa voiture alors que des activistes locaux du mouvement contre la taxe sur l’eau protestaient à l’extérieur. L’un d’entre eux était notre camarade le député Paul Murphy (Socialist Party, Anti Austerity Alliance) et parmi la petite foule se trouvait également un activiste âgé de 15 ans au moment des faits. Peu de temps après, une vingtaine de militant contre cette taxe ont subi une descente de police chez eux et ont été brièvement arrêté. Vendredi dernier commençait le procès du plus jeune arrêté.

    Presque 100 personnes s’étaient donc réunies vendredi dernier, très tôt, devant le tribunal de la jeunesse en espérant que, sur base des fort maigres preuves, le juge n’ait d’autre choix que de rejeter l’affaire. Les «preuves» dont il est question pour l’accusation de “séquestration” étaient les suivantes. 1) L’accusé aurait dit dans un mégaphone sur une scène « Joanie dans votre tour d’ivoire – faites face au pouvoir du peuple» 2) Il aurait déambulé sur les lieux du blocage. 3) Il s’est assis et a encouragé d’autres à s’asseoir eux aussi tout en agitant les bras. 5) Il a filmé Joan Burton en lui disant «parle-nous Joan».

    Le juge a reconnu le manifestant coupable mais a fait passer une “décharge conditionnelle”, ce qui signifie qu’il n’y aura pas de peine tant que l’étudiant se comporte bien pendant 9 mois. Cette décision est révoltante et devrait être annulée.

    Mais le précédent a été établi. Il est maintenant clair pour tout le monde que l’establishment se prépare aux procès de l’année prochaine, où le membre du parlement irlandais de l’AAA Paul Murphy et 17 autres feront face à des charges similaires. Ils préparent le terrain pour l’emprisonnement des manifestants. S’ils sont jugés coupables, il est probable que certains – si pas tous – risqueront l’emprisonnement. Si Paul Murphy est condamné à plus de six mois de prison, il sera démis de ses fonctions de parlementaire et perdra par la même occasion le siège qu’il a gagné au Parlement en tant que membre de l’Anti Austerity Alliance grâce à une vague de colère contre la taxe sur l’eau.

    Tout ceci touche aussi la question de la criminalisation du mouvement contre l’austérité et la taxe sur l’eau. L’establishment politique souffre d’avoir dû reculer sur un point clé de son agenda d’austérité, la taxe sur l’eau. Il veut faire passer un message : voilà ce qui arrive quand on sort du rang. Cela vient aussi de leur peur grandissante face à une gauche qui attire l’attention de centaines de milliers de travailleurs et de jeunes dégoûtés et en colère en conséquence de sa brutale politique d’austérité. L’establishment capitaliste essaye maintenant de dépeindre comme des casseurs ceux qui, comme l’AAA et le Socialist Party, se sont soulevés et ont organisé un mouvement d’opposition de masse. Comme l’a déclaré l’avocat au procès, c’est une «recette du totalitarisme.»

    Protestations contre la condamnation

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    Les députés de l’Anti Austerity Alliance – People Before Profit défendent le droit de mener des actions de protestation. Tout à gauche : Paul Murphy.

    La gravité de cette attaque ne peut être sous-estimée. Cette décision représente aussi une leçon importante pour les travailleurs et les syndicats. Ce dernier mois, le nombre de luttes industrielles et de grèves a sérieusement augmenté chez les conducteurs de bus et de trams ou encore chez les enseignants et à la police. Le gouvernement est sur la défensive. C’est le retour de flamme de leurs déclarations sur la reprise économique: les travailleurs exigent maintenant leur part de cette celle-ci. Les tribunaux et l’Etat recourront-ils à de telles actions en justice contre les grévistes ? Les travailleurs tenant des piquets de grève devant leurs sociétés vont-ils être jugés à tort coupables d’avoir séquestré leurs patrons ? Il faut répondre à cette attaque contre nos droits démocratiques de base par une sérieuse résistance.

    « Jobstown not guilty » a appelé à la tenue d’une journée de protestation à travers l’Irlande et à l’échelle internationale pour ce samedi 29 octobre en solidarité avec le jeune étudiant et les dix-huit autres manifestants dont le procès commencera l’année prochaine ainsi que pour revendiquer la fin de cette agression contre notre droit démocratique de manifester.

  • Les protestations croissantes bloquent le CETA. Continuons le combat contre la dictature des multinationales!

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    Le jeudi 20 octobre en soirée, avant même la fin de l’ultimatum de la Commission européenne, la presse internationale apprenait que le gouvernement wallon réitérait son opposition au Ceta (le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada). Sans cette approbation, c’est tout le projet qui vole à la poubelle. Et peut-être même plus… Inquiet, le président du Conseil européen Donald Tusk a fait valoir que ‘‘Le Ceta pourrait être notre dernier accord commercial si nous ne parvenons pas à convaincre les gens que nous négocions pour protéger leurs intérêts’’. La cheffe de l’Open-VLD Gwendolyn Rutten a trouvé une parade digne des libéraux en recopiant l’opinion du Voka (organisation patronale flamande) : ‘‘Le gouvernement fédéral doit approuver le Ceta. Et si cela conduit à une crise institutionnelle, tant pis.’’

    Par Nicolas Croes

    Qu’est ce qui bloque ?

    Commentant les négociations de dernière minute avec l’Union européenne et le Canada, Paul Magnette a expliqué au parlement wallon qu’il y avait ‘‘de nouvelles avancées significatives (…), notamment sur le dossier agricole. En revanche, il reste des difficultés pour nous, en particulier sur le dossier de l’arbitrage’’ (visant à déterminer l’issue de conflits entre Etats et multinationales) mais aussi concernant les services publics. Autre source de crainte légitime : le Ceta pourrait servir de ‘‘cheval de Troie’’ du TTIP, l’accord de libre-échange entre les USA et l’UE, dans la mesure où des entreprises américaines pourraient profiter du CETA via une filiale canadienne.

    Alors, pas d’accord concevable ? La seule possibilité serait, aux dires du ministre-président de la Région wallonne, de ‘‘rouvrir les négociations d’un traité qui est en train de se découdre de lui-même. Il faut prendre quelques semaines de plus pour analyser un traité qui va avoir énormément d’influence sur la vie de millions de citoyens, et ce pendant de très nombreuses années.’’ Dans le Soir de ce vendredi 21 octobre, une source désireuse de garder l’anonymat expliquait : ‘‘Quand on y pense, il est vertigineux de voir ce que la Wallonie a pu obtenir en quelques jours alors qu’elle répète son insatisfaction depuis plus d’un an. Raison de plus pour ne pas faiblir.’’ Jusqu’à parvenir à un compromis ? Cela reste à voir. Mais le gouvernement wallon semble bien décidé à ne pas céder.

    Non, sérieusement, qu’est ce qui bloque ?

    Dans La Libre, Corentin de Salle, directeur scientifique du Centre Jean Gol (MR), n’a pas manqué de saluer (non sans une certaine rage) le ‘‘long travail de sape (…) redoutablement efficace’’ et le ‘‘travail de propagande d’une admirable efficacité’’ des ONG, groupes de consommateurs et de petits producteurs, syndicats et organisations politiques. Cela, avec la pression électorale exercée par le PTB (devenu dans les sondages le 3e parti de Wallonie et de Bruxelles), aurait permis de pousser le PS et le CDH à opérer un virage étonnant au vu de leurs passivité passée face à l’Union européenne et son projet néolibéral. ‘‘Un chat coincé dans un coin peut faire des bonds étranges’’, comme on dit en Flandre. C’est vrai. Mais cela va beaucoup plus loin.

    En septembre dernier, 320.000 personnes ont manifesté en Allemagne contre le TTIP et le CETA. Là-bas, seuls 20% de l’opinion est favorable aux traités de libre-échange. En France également, ces projets ne recueillent pas d’unanimité. En Belgique, alors que les précédentes mobilisations réunissaient autour du millier de personnes, plus de 10.000 personnes ont défilé à Bruxelles le 20 septembre. En Irlande, en Autriche, en Slovénie ou encore en Pologne, l’opposition de la rue se reflète également dans la frilosité de diverses institutions pourtant traditionnellement enthousiastes dès lors qu’il s’agit de chouchouter les intérêts des multinationales. Rappelons aussi qu’une pétition européenne a réuni plus de 3 millions de signatures, chose inédite jusqu’ici.

    Bien peu de gens sont convaincus que nous vivons réellement dans une démocratie. Mais le peu de conquêtes démocratiques que les luttes passées sont parvenues à arracher nous sont retirées les unes après les autres. Et la colère augmente. Ce qui s’est passé autour de ce dossier – que le gouvernement wallon plie finalement ou non – donne un aperçu du potentiel d’un activisme conséquent et de la mobilisation de l’opinion publique. C’est un encouragement pour construire une mobilisation sérieuse vers un rapport de force qui nous permettra non seulement d’en finir avec les traités néolibéraux mais aussi avec leur monde.

  • Rassemblements: Solidarité avec la grève des étudiants en Espagne!

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    Appel à la jeunesse à travers le monde : soutenez la grève étudiante espagnole en défense de l’enseignement public !

    Le 26 octobre, nous, les étudiants de l’État espagnol quitteront nos classes pour protester contre les politiques qui détruisent l’enseignement public. A l’instar de nombreux autres pays, notre gouvernement de droite a instauré des coupes budgétaires massives et a mis en place diverses contre-réformes qui visent à rendre l’enseignement uniquement accessible à ceux qui peuvent se permettre d’en payer le prix.

    Cet été, le gouvernement a adopté l’une de ses plus sauvages attaques: les «re-validations» franquistes. Il s’agit d’une série d’examens à passer à la fin de l’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire. Nos parents ont dû les subir sous la dictature de Franco. Elles étaient utilisées comme une sorte de filtre pour tenter de bloquer l’accès à l’université aux jeunes de la classe des travailleurs. L’objectif est de détruire l’enseignement public pour le soumettre au marché.

    Pour cette raison, le syndicat des étudiants appelle à une grève dans l’enseignement le 26 octobre. Plus de 70 manifestations sont déjà prévues. La grève a déjà gagné le soutien de la Confédération des associations de parents (CEAPA) et de nombreux syndicats d’enseignants. Nous appelons la jeunesse du monde à nous soutenir ce jour-là en organisant des rassemblements devant les ambassades espagnoles.

    La lutte de la jeunesse pour ses droits est une seule et même lutte à travers le monde !
    Non au système franquiste des re-validations!
    Pour l’accès à un enseignement gratuit et de qualité pour tous!

    • BRUXELLES : 26 octobre. 14h. Rassemblement devant l’ambassade d’Espagne à Bruxelles. Rue de la Science 19, 1000 Bruxelles (près d’Arts-Loi). 
    • LIEGE : 26 octobre, 17h, Rassemblement au Consulat honoraire d’Espagne à Liège, Avenue du Luxembourg n°11, 4020 Liège

    Pour signer l’appel: marisaz84@gmail.com.

    1er signataires:

    • Etudiants de Gauche Actifs
    • Parti Socialiste de Lutte
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    Photo de solidarité prise lors d’un meeting à Bruxelles
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    Photo de solidarité prise lors d’un meeting à Mons

     

  • Pologne. Plus de 140 000 femmes manifestent contre l'interdiction totale de l'avortement

    poland1Les femmes veulent avoir vraiment le choix

    Le projet d’interdire complètement l’avortement a provoquée une explosion de colère massive et incontrôlée en Pologne. Ce lundi 3 octobre, les Polonaises étaient appelées à se mettre en grève, suivant l’exemple des femmes islandaises qui ont mené une grève nationale en 1975. A Varsovie, plus de 50 000 personnes ont manifesté sous la pluie battante, 30 000 à Wroclaw et 25 000 à Cracovie. Des dizaines de milliers d’autres ont manifesté dans tout le pays. A Poznan, il y a eu des affrontements avec la police, tandis qu’à Kielce les manifestants ont détruit une exposition homophobe controversée. Même les estimations réticentes de la police parlent de 98000 manifestants répartis dans plus de 143 manifestations dans tout le pays. Le parti Razem estime par contre que plus de 140 000 personnes sont descendues en rue. Ce sont de loin les plus grosses manifestations en défense de l’avortement qui ont jamais eu lieu en Pologne, loin devant les manifestations de 1993, quand l’interdiction actuelle a été mise en application.

    Paul Newberry, Alternatywa Socjalistyczna (Comité pour une Internationale Ouvrière – Pologne)

    La première vague du mouvement a commencé au printemps avec l’annonce qu’un groupe de pression de droite avait collecté les 100 000 signatures (ils en ont finalement collecté 400 000) requises pour soumettre un projet de loi au parlement polonais visant à interdire totalement l’avortement et à condamner les femmes à des peines allant jusqu’à 3 ans de prison. Pour illustrer la barbarie des propositions, les fausses-couches seraient traités comme des suspicions d’avortement et seraient sujettes à une enquête criminelle.

    Cependant, la Pologne a déjà l’une des législations anti-avortement les plus contraignantes en Europe, ne permettant les avortements que dans les cas de viol, de risques pour la santé ou la vie de la femme, ou de déformation du fœtus. En pratique, même quand ces conditions sont remplies, l’avortement est souvent empêché par les médecins qui exploitent la soi-disant « clause de conscience » et imposent leurs propres croyances religieuses aux patients en leur refusant un traitement vital.

    Cette législation est passée de force au début des années 1990, quand la Pologne était en phase de restauration capitaliste : une contre-révolution économique et sociale accompagnée de quelques réformes démocratiques. Mais l’imposture des réformes démocratiques se révèlent par le fait que malgré l’opposition de la majorité écrasante de la société (plus de 70% de la population était contre l’interdiction de l’avortement et soutenait l’avortement « pour raisons sociales », ce qui signifiait fondamentalement l’avortement sur demande), la loi anti-avortement a été adoptée. A la même période, la religion a été introduite dans les écoles et le concordat a été signé, donnant à l’Eglise d’énormes privilèges matériels et politiques. Les politiciens de tous les partis ont appelé cela un compromis. Cependant, ce n’est pas un compromis mais une honte nationale et cela a créé un enfer pour les femmes.

    Enorme mouvement spontané au printemps

    En réponse à la proposition d’interdiction au printemps, un mouvement spontané massif s’est créé sur les réseaux sociaux. Un groupe facebook, Dziewuchy Dziewuchom, a rassemblé plus de 100 000 membres en moins d’une semaine. Les groupes informels et les initiatives se sont multipliés dans tout le pays. Cela a mené à un série de manifestations impliquant chacune plusieurs milliers de manifestants.
    Un des groupes a décidé de collecter plus de 100 000 signatures pour soumettre un projet de loi d’ « initiative citoyenne » qui libéraliserai la législation, autorisant l’avortement quelque soient les raisons jusque 12 semaines. Bien que beaucoup dans le mouvement n’appelaient qu’à défendre la législation actuelle extrêmement limitée, l’idée d’une initiative citoyenne a finalement été adoptée par l’ensemble du mouvement, qui a réussi à réunir plus de 250 000 signatures et à présenter son projet de loi au parlement.

    Après deux mois de pause pendant l’été, les manifestations ont repris fin septembre quand les projets de loi ont été présentés au parlement le même jour. Cette deuxième vague a commencé quand les « czarny protest » (manifestation noire) qui ont été organisées dans tout le pays. Hommes et femmes s’habillaient en noir en signe de deuil des droits des femmes. Des manifestations se sont déroulées dans beaucoup de villes et les gens postaient des photos d’eux-mêmes habillés en noir sur les réseaux sociaux avec les hastags #CzarnyProtest et #BlackProtest.

    Comme on pouvait s’y attendre, le parlement a rejeté le projet de loi libéralisant le droit à l’avortement, tout en autorisant le projet d’interdiction totale à être examiné en commission. En même temps, ils ont annoncé que la fécondation in vitro pourrait être également interdite de même que la contraception d’urgence. Cela a provoqué énormément de colère contre l’arrogance et le mépris des politiciens et de l’église envers les femmes et a impliqué des couches plus larges qu’auparavant dans les manifestations.

    Les femmes en grève

    A ce moment, suivant l’exemple de la grève des femmes de 1976 en Islande, l’idée d’organiser une grève des femmes a été soulevée. Aucun syndicat n’y appelait, l’idée est venue de l’intérieur du mouvement par des femmes qui n’avaient pas d’expérience syndicale ou d’organisation de grève préalable. Cependant, en raison des lois anti-syndicales et de la difficulté à organiser une grève légale même pour un syndicat, les femmes n’étaient pas encouragées à se mettre en grève réellement, mais plutôt à prendre congé le jour du Czarny poniedzialek (lundi noir). Malheureusement, beaucoup de femmes n’ont pas pu participer à la grève parce qu’elles travaillent sous des contrats précaires et n’ont pas droit à des congés sur demande.

    Finalement, le jour de la grève, OPZZ, l’une des trois principales fédérations syndicales, a exprimé son soutien et a demandé de défendre ses membres des représailles s’ils décidaient de prendre part à l’action. Grace à cela, beaucoup d’employés de l’administration publique, surtout dans les gouvernements locaux, ont pu faire grève. Un certain nombre de cinémas et de petites entreprises ont annoncé qu’ils fermeraient ce jour pour permette à leurs travailleurs de participer. Un nombre beaucoup plus grand de femmes qui n’avaient pas d’autre choix que de travailler se sont habillées en noir pour montrer leur soutien à la grève.

    Le soutien d’OPZZ a probablement aussi enhardi les professeurs, qui ont organisé des photos de groupe avec les écoliers – tous habillés en noir. Dans beaucoup d’écoles secondaires, les écoliers ont organisé leurs propres gréves, quittant l’école au cours de la première leçon, souvent avec le soutien de leurs professeurs. On rapporte que des jeunes femmes ont été menacées par des groupes d’hommes qui leur ont craché dessus à cause de leur participation à la grève.

    A Varsovie, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées tôt le matin devant les bureaux du parti dirigeant, Loi et Justice (PiS). Plus tard dans l’après midi, ils ont marché sous la pluie à travers le centre ville vers la Place du Château, où environ 50 000 personnes se sont rassemblées. C’étaient en particulier des jeunes femmes, des étudiants et des écoliers. Plus tôt, il y avait eu une initiative de peindre des larmes noires sur les visages des manifestants, mais cela n’a pas vraiment eu de succès. A la place, des milliers de ces jeunes femmes portaient deux rayures noires sur chaque joues comme des marques de guerrier. Il y avait une ambiance très colérique et vivante.

    Les manifestants avaient des pancartes faites-maison qui disaient « le gouvernement n’est pas une grossesse – on peut le supprimer », « La révolution est une femme », « Reprenons la Pologne des mains des fanatiques ! », « L’avortement en défense de la vie », « Mon corps, ma forteresse », « Mes ovaires, ce sont mes affaires », « Je ne suis pas un incubateur », « Je ne suis pas votre propriété », « Nous ne mettrons pas au monde si nous en mourrons », « L’enfer des femmes », « Il n’y a rien de mal à pouvoir choisir ».

    Malheureusement, les discours étaient dominés par des célébrités et les partis politiques, comme Nowoczesna, et le mouvement démocratique pro-libéral, KOD. Ce sont des organisations politiques qui ont pris le train en marche et essaient d’utiliser le mouvement en l’instrumentalisant pour leurs propres intérêts. Ils se sont opposés à appeler à l’avortement sur demande, disant que le mouvement devrait se limiter à défendre la législation anti-avortement actuelle. Scandaleusement, les représentant des organisations féministes et des groupes pro-avortement n’ont pas eu de plate-forme, malgré le rôle important qu’ils ont joué depuis des années dans la lutte pour le droit à l’avortement.

    Heureusement, les organisateurs n’avaient prévu qu’une manifestation d’environ 5000 personnes, donc la plupart des gens n’ont pas entendu les discours, de toute façon. Après un moment, les manifestants ont comencé à crier qu’ils devraient marcher vers le parlement, et bientôt la mer de parapluies s’est déplacée, laissant les organisateurs derrière elle. La marche était maintenant illégale, mais la police a sagement décidé de la laisser continuer, en ne faisant que régler la circulation à mesure que la manifestation traversait le centre ville, choisissant sont propre itinéraire et arrêtant tout le trafic pendant l’heure de pointe.

    Environ 10 000 personnes se sont rassemblées devant le parlement sous la pluie. Il n’y avait pas d’orateurs, mais l’ambiance était sonore et colérique. Il y avait des rumeurs que plusieurs milliers de manifestants marchaient vers Teatr Polski, le théâtre où Jaroslaw Kaczynski, le dirigeant du PiS, tenait un meeting.

    L’église a réagi à la Grève des Femmes Polonaises et à la Manifestation Noire en condamnant, la traitant de carnaval du diable, montrant à quelle point elle est en dehors de la réalité. Les évêques étaient dans tous les médias le lendemain, partageant leur connaissance experte du viol et de l’infetilité. Un évêque a déclaré qu’il était extrêmement difficile pour une femme de tomber enceinte suite à un viol parce en raison du stress ressenti par la femme.

    Cependant, le PiS a été complètement pris de court par le mouvement. Il n’avait pas prévu de changer la loi sur l’avortement, du moins pas cette année, mais a été forcé de prendre position par des éléments plus à droite et par l’église, qui ont organisé leur propre « initiative citoyenne ».

    Quelle suite pour le mouvement ?

    A cause de l’échelle du mouvement, le PiS a réagi en annonçant qu’il allait préparer son propre projet de loi en compromis, qui allait probablement autoriser l’avortement en cas de viol et de danger pour la vie de la femme, mais pas dans le cas de malformation du fœtus. Ce n’est bien sur pas du tout un compromis, mais représente une nouvelle restriction de l’interdiction en vigueur et est totalement inacceptable. Cependant, cela montre que le gouvernement commence à ressentir la pression.

    C’est un signe clair que la pression doit ptre maintenue et que la lutte pour le droit à l’avortement doit continuer. Cependant, Nowoczesna et Plateforme Civique (PO, néo-libéral), aidés par KOD, tentent de prendre le contrôle politique et de détourner ce qui a est un mouvement spontané. Les résultats du vote du parlement et les déclarations des représentants de Nowoczesna et de Plate-forme Civique, l’ancien parti au pouvoir, montrent qu’ils n’ont pas leur place dans le mouvement et doivent être stoppés. La stratégie de ne défendre que la législation actuelle doit être vigoureusement combattue.

    D’un autre côté, c’est une erreur d’appliquer une politique « no-logo » qui interdit à toutes les organisations politiques d’intervenir avec leurs drapeaux et leur matériel imprimé dans les manifestations, comme ce fut le cas dans beaucoup de villes. Cela permettra aux politiciens compromis d’entrer par la petite porte, tout en empêchant les organisations plus petites et plus radicales de partager leurs idées et leurs propositions pour le mouvement.

    La grève des femmes polonaises le Lundi Noir a été le climax, jusqu’ici, mais elle a libéré de nouvelles forces qui n’avaient pas encore été présentes dans le mouvement : des milliers de jeunes femmes en colère qui viennent seulement d’entrer en lutte et qui trouvent maintenant leur propre voix et gagnent en confiance. Une tâche immédiate du mouvement est de les aider à s’organiser.

    En ce moment, nous avons beaucoup d’initiatives et de groupes sur les réseaux sociaux très bons mais souvent concurrents. Cependant, souvent, les gens qui ont mis sur pied ces groupes à l’origine en sont les « propriétaires » et contrôlent les événements facebook, décidant s’il y a une politique anti-logo ou non. Souvent, ils censurent aussi les discussions sur les groupes facebook.

    Ce qu’il manque, ce sont des structures démocratiques sur le terrain au niveau local, impliquant les militants de toutes les initiatives différentes qui sont apparues. De tels comités démocratiques devraient se lier au niveau national pour coordonner les activités et planifier la prochaine grande action. Il devrait y avoir une pleine responsabilité démocratique des représentants nationaux de ces comités.

    Un programme de lutte est nécessaire

    Par-dessus tout, seul un programme clair peut être victorieux. Les dernières semaines ont montré que nous pouvons convaincre l’opinion publique, mais pas si nous devons commencer comme Nowoczesna par dire que nous sommes contre l’avortement. Cela équivaut à dire que les partisans de l’interdiction totale de l’avortement ont de bons arguments et signifie l’abandon de la lutte sans lutter.

    Si nous demandons avec assurance l’accès total à l’avortement sur demande et controns les arguments de la droite, nous sommes confiants que nous pouvons gagner les gens à notre côté. Nous devons expliquer le besoin du droit à l’avortement gratuit et sécurisé sur demande, qui sauverait les vies de nombreuses femmes. Cela devrait être lié à la lutte pour un système de santé gratuit décent et de bonne qualité, procuré par des professionnels de qualité et non par des religieux fanatiques qui bloquent les traitements.

    Beaucoup de grossesses non-voulues pourraient être évitées si la contraception est rendue plus accessible. De nos jours, la contraception est trop chère pour beaucoup de jeunes femmes. En même temps, les moins de 18 ans ne peuvent visiter un gynécologue qu’avec le consentement de leurs parents, ce qui les empêchent d’obtenir une prescription d’un moyen contraceptif. C’est pourquoi Alternatywa Socjalistyczna (section-soeur du PSL en Pologne) revendique l’accès universel à la contraception gratuite. Nous demandons aussi l’éducation sexuelle au lieu de la religion enseignée à l’école par des prêtres et des nonnes catholiques.

    Par-dessus tout, les femmes veulent avoir vraiment le choix – pas seulement d’avoir ou non un enfant, mais aussi d’avoir un enfant quand elles veulent en avoir un. C’est pourquoi nous soutenons le droit à la fécondation in vitro gratuite, mais aussi à une place garantie dans de crêches et des écoles maternelles gratuites et publiques pour chaque enfant. Mais des questions sociales et économiques plus larges affectent les choix des femmes. Il est nécessaire de lutter pour des logements sociaux d’Etat de bonne qualité et un salaire minimum décent, ainsi que pour la sécurité de l’emploi. Tous les contrats précaires devraient être abolis et remplacés par des contrats de travail permanents, pour que tomber enceinte ne signifie pas perdre ton emploi.

    Lutter pour ce changement demande de se lier à la classe ouvrière organisée dans les syndicats. Un bon point de départ serait de construire des liens plus étroits entre les syndicalistes de base, en premier lieu du syndicat de professeurs ZNP et de la fédérations OPZZ. Le mouvement devrait aussi atteindre les travailleurs de l’administration publique et de la santé qui ont soutenu la grève du Lundi Noir. Mais une telle lutte signifierait aussi une confrontation avec le système économique, le capitalisme, qui est incapable de garantir des logements et des emplois décents pour les travailleurs en général.

  • La Tendance Militant : ‘‘Better break the law than break the poors"

    militant-1988-rally-stageDes idées considérées comme dépassées ont faire leur retour dans les médias britanniques. On a pu lire des articles et assister à des débats au sujet des nationalisations, du socialisme,… mais aussi du trotskysme, en référence aux partisans du révolutionnaire Léon Trotsky. Il a notamment beaucoup été question de la Tendance Militant, le groupe autour duquel s’est constitué en 1974 le Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge) et qui se nomme aujourd’hui le Socialist Party.

    Ce courant politique fut fondé en 1964 autour du journal ‘‘Militant’’. Pendant des années, ce groupe représenta l’aile marxiste du Labour, à un moment où l’implication d’une base ouvrière pouvait mettre pression sur la direction du parti. Il devint la principale force révolutionnaire du pays à la fin des années ’70. Dans les années ’80, la Tendance Militant disposait de trois élus travaillistes au Parlement et d’une influence de masse auprès des jeunesses travaillistes, parmi certains syndicats et dans certaines localités, parmi lesquelles Liverpool.

    militantLa Tendance Militant a joué un rôle central dans la rébellion de la ville de Liverpool, qui est parvenue à arracher 60 millions £ du gouvernement de Thatcher pour construire 5.000 logements sociaux, ouvrir six nouvelles crèches, quatre collèges, six centres de loisirs et bien plus encore grâce à une approche audacieuse à l’intérieur du conseil municipal combinée à des manifestations massives, au secteur public en grève générale et à la grève des mineurs qui se déroulait en même temps. Margaret Thatcher a réagi avec brutalité, a engagé un bras de fer de cinq ans avec le conseil municipal, ponctué de grèves générales dirigées par la Tendance Militant et impliquant plus de 30 000 salariés de la ville. Thatcher a même un temps pensé envoyer l’armée. Finalement, c’est la trahison du Labour qui a été décisive. Mais c’est une campagne de boycott de masse d’un nouvel impôt (la Poll Tax) initiée par la Tendance Militant qui l’a poussée vers la sortie. 18 millions de Britanniques avaient suivi l’appel au boycott de la Poll Tax et le Parti conservateur décida alors de la laisser tomber. Comme le disait le slogan de nos camarades : ‘‘Plutôt briser la loi que briser les pauvres.’’

    Suite au virage à droite de la social-démocratie consécutif à la chute du Mur de Berlin et à une véritable chasse aux sorcières engagée dans le Labour, le Tendance Militant en est sortie pour constituer par la suite le Socialist Party qui, tout en défendant un programme basé sur la révolution socialiste, n’a jamais arrêté de défendre la construction d’un outil politique large pour les travailleurs et la jeunesse.

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    [MEETINGS] Révolte en Grande Bretagne – Le Parti Travailliste & Jeremy Corbyn

    corbyn_afficheLa lutte pour un parti de la classe des travailleurs – Quelle pertinence pour la résistance sociale en Belgique ?

    Meetings avec
    – Roger Bannister. Militant du syndicat Unison et du Socialist Party (successeur de Militant) à Liverpool.
    – Nicolas Croes. Rédacteur en chef de Lutte Socialiste

    => Plus d’informations

    • Ven. 14/10 Bruxelles – 19h, Pianofabrief, 35 rue du Fort, Saint Gilles (sur Facebook)
    • Sa. 15/10 Liège – 19h, Fédé, 24 place du XX Août (sur Facebook)
    • Di. 16/10 Mons – 14h, Etage du café Le Central, Grand Place (sur Facebook)

    Une initiative du Parti Socialiste de Lutte & des Etudiants de Gauche Actifs – Entrée: Donation libre

  • Soutenez la grève générale étudiante espagnole du 26 octobre !

    Appel à la solidarité lancé par le Sindicato de Estudiantes (syndicat étudiant) soutenu par le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    espagne_enseignementNous publions ci-dessous un appel à la solidarité du syndicat des étudiants espagnols (Sindicato de Estudiantes) qui a appelé à la tenue d’une grève générale étudiante le 26 octobre. Cet appel a déjà gagné le soutien des associations de parents et des syndicats enseignants. Le Comité pour une Internationale Ouvrière souscrit pleinement à cet appel et l’étend à toutes ses sections, ses camarades et ses sympathisants. Nous voulons organiser la solidarité internationale et faire appel à tous les socialistes, les syndicalistes et les jeunes du monde entier à faire de même.

    Envoyez vos messages, vidéos et photos de soutien de la part d’organisations étudiantes, de syndicalistes (en particulier du secteur de l’enseignement) et d’autres organisations à sindicato@sindicatodeestudiantes.net avec des copies au CIO via dannybyrnesp@gmail.com.

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    Appel à la jeunesse à travers le monde : soutenez la grève étudiante espagnole en défense de l’enseignement public !

    Le 26 octobre, les étudiants de l’État espagnol quitteront leurs salles de classe pour protester contre les politiques qui détruisent l’enseignement public. A l’instar de nombreux autres pays, notre gouvernement de droite a instauré des coupes budgétaires massives dans l’enseignement public et a mis en place diverses contre-réformes qui visent à rendre l’enseignement uniquement accessible à ceux qui peuvent se permettre d’en payer le prix.

    Nous – étudiants issus de familles ouvrières, la grande majorité des étudiants, avons souffert de la dégradation de nos écoles et de nos universités, de la pénurie d’enseignants et de moyens, de l’élimination de la bourse d’étude gouvernementale aux étudiants de plus humbles origines et de l’augmentation des frais universitaires (jusqu’à + 66 %). Ces réformes ont entraîné l’exclusion de dizaines de milliers d’étudiants des universités, un surpeuplement des salles de classe et l’imposition de l’étude de la religion catholique… Pendant ce temps, les gouvernements du PSOE (ancien parti social-démocrate) et le PP (droite traditionnelle) ont consacré des quantités incalculables d’argent public au sauvetage des banques et au remboursement d’une dette publique dont nous ne sommes pas responsables (plus de 250 milliards € ont été versés au cours des 6 dernières années).

    Comme si tout cela ne suffisait pas, cet été, le gouvernement a adopté l’une de ses plus sauvages attaques contre l’enseignement public: les «re-validation» franquistes. Il s’agit d’une série d’examens à passer à la fin de l’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire («bachillerato»). Réussir ces examens sera essentiel pour continuer à étudier et à recevoir la qualification correspondant à ce niveau d’éducation. Ces «re-validation» ne sont pas neuves. Nos parents ont dû les subir sous la dictature de Franco. Elles étaient utilisées comme une sorte de filtre pour tenter de bloquer l’accès à l’université aux jeunes de la classe des travailleurs.

    Les autorités veulent à nouveau imposer ce filtre qui pourrait voir des centaines de milliers de jeunes entre 14 et 16 ans prématurément expulsés des études sans qualifications académiques. Les motivations du gouvernement sont simples: si les jeunes issus des familles ouvrières n’ont face à eux qu’un avenir de précarité et d’exploitation au travail, pourquoi donc dépenser de l’argent pour leur enseignement? La situation est différente pour les familles disposant de plus de moyens. Elles ne souffrent pas de la même manière de l’impact des coupes budgétaires car elles ont accès aux cours particuliers, aux écoles privées et à tout le reste. Pour elles, passer ces nouveaux examens ne constituera pas un problème.

    Si cette attaque est couronnée de succès, nous allons revenir à une époque où l’enseignement était réservé à une minorité privilégiée. L’objectif de la contre-réforme est de détruire l’enseignement public pour le soumettre au marché et permettre ainsi aux patrons de l’enseignement privé de réaliser de gros profits. Le droit à chacun de bénéficier de l’enseignement a été remporté au prix de gros efforts et d’une lutte implacable. Nos parents et grands-parents se sont battus pour y parvenir et nous ne pouvons pas laisser cette conquête nous être retirée.

    Pour cette raison, le syndicat des étudiants appelle tous les jeunes de l’État espagnol à participer à une grève générale dans l’enseignement le 26 octobre, à vider les salles de classe et à remplir les rues. Plus de 70 manifestations sont déjà prévues dans tout l’État espagnol. La grève a déjà gagné le soutien de la Confédération des associations de parents (CEAPA) et de nombreux syndicats d’enseignants avec qui nous organiserons des manifestations conjointes dans l’après-midi du 26 octobre.

    Nous appelons la jeunesse du monde, qui souffre partout d’attaques antisociales et de coupes budgétaires causées par les gouvernements pro-capitalistes, à nous soutenir ce jour-là en organisant des manifestations devant les ambassades espagnoles, en envoyant des messages et des vidéos de solidarité, en montrant des expressions de ce soutien sur les médias sociaux, etc.

    • La lutte de la jeunesse pour ses droits est une seule et même lutte à travers le globe !
    • Non au système franquiste des re-validations!
    • Pour l’accès aux universités des fils et filles de la classe ouvrière !
  • Irlande/Pologne: MON CORPS, MON CHOIX, MA LIBERTÉ !

    Les mouvements pro-choix (qui défendent le droit des femmes de disposer librement de leurs corps) prennent de l’ampleur en Irlande et en Pologne, mais aussi ailleurs avec des actions de solidarités qui prennent place un peu partout et qui sont cruciales pour la réussite de tels mouvements. Ce samedi 24 septembre et ce lundi 3 octobre, nous avons participé à des actions de solidarité organisées contre les attaques réactionnaires sur le droit à l'avortement en Pologne ainsi que contre l'interdiction de ce droit en Irlande.

    Par Emily (Namur)

    En Europe, l’avortement est toujours illégal en Irlande et à Malte et extrêmement restreint en Pologne et à Chypre. En Espagne, un projet de loi supprimant quasiment le droit à l’avortement avait été approuvé en 2013, mais le gouvernement a dû reculer face aux importants mouvements pro-choix dans l’Etat espagnol et aux actions de solidarité ailleurs dans le monde.

    Irlande # Repeal the 8th

    reppealEn Irlande, nous avons une opportunité incroyable de participer à abrogation du 8ème amendement de la Constitution interdisant l’avortement et le sanctionnant lourdement. En effet, notre parlementaire Ruth Coppinger – élue pour la faction parlementaire Anti-Austerity-Alliance/People Before Profit et figure de proue du Socialist Party en Irlande, notre parti frère là-bas – a fait une proposition de loi en ce sens.

    Comme dans une multitude d’autres pays, une action a pris place à Bruxelles. Nous avons pu proposer aux manifestants le matériel de la campagne irlandaise ROSA (pour des droits Reproductifs, contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) du Socialist Party. Nous avons défendu la nécessité de lier la lutte pour les droits reproductifs et sexuels à la lutte contre la politique d’austérité et pour des investissements publics qui permettent un réel choix à chacun d’avoir ou non des enfants sans que le critère financier ne rentre dans la balance.

    Pologne # PolishWomenOnStrike

    pologne03La Pologne fait, elle, face à une attaque contre le droit à l’avortement. L’Eglise a profité de l’arrivé au pouvoir du parti conservateur PiS pour diffuser une lettre des évêques polonais plaidant pour l’interdiction totale de l’avortement. Le PiS a profité de cette occasion pour concocter un projet de loi dans ce sens. Spontanément, des rassemblements de plusieurs milliers de personnes s’étaient formés à Varsovie et Cracovie.

    Aujourd’hui, avec le projet de loi qui se précise, le mouvement s’est élargi. C’est pas moins de 50.000 personnes qui ont manifesté dans les rues de Varsovie et Cracovie hier et des dizaines de milliers d’autres qui se sont mis en grève pour le droit à l’avortement, pour le droit de décider librement de leurs corps. Comme dans des dizaines d’autres villes, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées en solidarité à Bruxelles, dans le quartier européen. Il s’agissait principalement de Polonais, mais on pouvait également trouver des Allemands, des Anglais et bien entendu des Belges, principalement travaillant dans ce quartier. Nous avons pu distribuer une centaine de tract écrit par notre section sœur en Pologne – Alternatywa Socjalistyczna – pour le droit à l’avortement libre et gratuit, tout en montrant en quoi le capitalisme n’offre aucune porte de sortie pour les femmes, mais utilise également leur oppression pour maintenir sa domination.

    24 septembre: pour la légalisation du droit à l’avortement en Irlande (Photos de Brune):

    3 octobre: contre l’interdiction du droit à l’avortement en Pologne (Photos d’Emily)

  • [DOSSIER] La révolte “Corbyn” : Retour vers le futur

    jeremycorbynLe Labour et Jeremy Corbyn: Vers une nouvelle force politique anti-austérité de masse ?

    C’est Margaret Thatcher qui doit se retourner dans sa tombe ! La ‘‘Dame de Fer’’, grande architecte de la contre-révolution néolibérale des années ’70 et ’80 aux côtés du président américain Reagan, considérait que sa plus grande réalisation était le ‘‘New Labour’’. Elle entendait par là la transformation du Parti travailliste en un parti ouvertement capitaliste sous la direction de Tony Blair, par la suite Premier ministre travailliste de 1997 à 2007. Le Labour est aujourd’hui déchiré par une guerre civile politique où s’affrontent d’une part l’appareil du parti ainsi que la majorité de ses élus et, d’autre part, le dirigeant du parti Jeremy Corbyn.

    Un dossier de Nicolas Croes tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste. Cet article a été écrit avant de connaître le résultat du vote. Pour en savoir plus : Jeremy Corbyn réélu à la tête du Labour à une large majorité.

    Tout commence il y a un an. Le parti travailliste britannique doit alors élire son nouveau chef de parti peu de temps après les élections de mai 2015 marquées par la pire défaite travailliste depuis 1987. Le Parti Conservateur (Tory) rempile alors pour un nouveau mandat. Les 5 années précédentes, le gouvernement de David Cameron avait mené une politique d’austérité des plus sauvages : coupes drastiques dans les budgets sociaux, mise en place de la ‘‘Bedroom Tax’’ (un impôt sur les logements possédant une chambre vacante), précarisation accrue du travail (notamment au travers des contrats ‘‘zéro heure’’), augmentation des frais d’inscriptions aux universités jusqu’à 9.000 livres l’année (environ 10.500 euros) ou encore durcissement de la politique migratoire. Résultat : près d’un million de personnes dépendent des banques alimentaires pour nourrir leurs familles tandis que les travailleurs ont souffert de la plus sévère contraction salariale depuis l’ère victorienne !

    Pour l’écrasante majorité des commentateurs, un seul constat s’impose: les Britanniques sont résolument passés à droite et, pour reprendre un titre du Financial Times : ‘‘Miliband [figure de proue du Parti travailliste à l’époque] paie le prix de son virage à gauche.’’ Nos camarades du Socialist party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles) défendent au contraire que ‘‘Les travaillistes n’ont pas perdu pour avoir été trop à gauche, mais parce qu’ils ne l’ont pas suffisamment été et qu’ils ont refusé de défendre une alternative à l’austérité. Ils se sont limités à soutenir une «austérité-light».’’ En comptant l’abstention, le conservateur David Cameron ne recueille effectivement que 24,4% des voix…

    Un effet boomerang qui ne manque pas d’ironie

    Face à la défaite de son parti, Miliband remet sa démission. Mais un facteur inattendu s’invite dans la campagne pour la désignation de son successeur… En 2014, la direction du parti avait revu son système électoral interne selon le modèle des primaires américaines afin d’amoindrir le poids des syndicats sur le parti (ce sont les syndicats qui ont créé le parti en Grande-Bretagne, contrairement à la Belgique). N’importe qui peut donc participer aux élections en payant la somme symbolique de 3 livres sterling. L’establishment travailliste était à ce moment à mille lieues d’imaginer le raz-de-marée de 2015. Le nombre d’adhérents au Labour passe de 190.000 membre en août 2014 à près de 300.000 en septembre de l’année suivante !

    La candidature de Jeremy Corbyn déchaîne un enthousiasme inédit. Il promet une politique anti-austérité, ce qui le distingue complètement de ses trois challengers (Andy Burnham, Yvette Cooper et Liz Kendall). Il reçoit le soutien des principaux syndicats, sa campagne crée la surprise. Chez les héritiers de Tony Blair, c’est la panique. On s’arrache les cheveux. Corbyn était censé n’être rien d’autre qu’une candidature de folklore et voilà qu’il attire une foule de jeunes et de travailleurs ! Les ‘‘barbares frappent à la porte’’ ! Yvette Cooper parle des élections comme d’une ‘‘bataille pour l’âme du parti’’. Elle et Liz Kendall appellent ensuite à voter pour ‘‘n’importe qui, sauf Corbyn’’. Tony Blair entre lui-même dans la danse et crie qu’une victoire de Corbyn entrainerait la ‘‘déroute, peut-être l’annihilation’’ du parti. Les médias dominants ne restent pas spectateurs et lancent une affolante campagne de dénigrement et de calomnies. En vain.

    Le 12 septembre 2015, c’est le scénario de cauchemar de l’appareil du parti qui devient réalité. Corbyn remporte les élections – dès le premier tour – avec 59,5 % des voix. La majorité des trois collèges d’électeurs – les membres du parti, les adhérents des syndicats et les sympathisants qui pouvaient voter après avoir payé 3 livres sterling – le plébiscitent. Le 13 septembre, le parti annonce que 15.000 membres supplémentaires ont rejoint le parti depuis l’annonce de la victoire de Corbyn.

    Pour le Premier ministre britannique David Cameron :‘‘le Labour représente maintenant une menace pour notre sécurité nationale, pour la sécurité de notre économie et celle de votre famille.’’ Rien que ça ! Des députés travaillistes qualifient l’élection de ce gauchiste antimilitariste comme un ‘‘putain de désastre’’. Pour Michael Meacher (ministre du gouvernement travailliste entre 1974 et 1979 et à nouveau sous Blair de 1997 à 2003), il s’agissait du ‘‘plus grand bouleversement non-révolutionnaire de l’ordre social dans la politique britannique moderne. Après 20 ans de fanfaronnades capitalistes, les gens ont dit ‘‘assez’’ et le Labour en revient maintenant à ses valeurs et principes réels.’’ (The Guardian, 13 août 2015) L’avenir ne s’annonçait pas aussi simple.

    La guerre est déclarée

    Une année durant, l’appareil du parti et la majorité des élus tentent de saboter Corbyn. Finalement, le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, le Brexit de juin dernier, donne à l’aile droite l’occasion de tenter un ‘‘coup d’Etat’’. Corbyn est accusé de ne pas avoir suffisamment mené campagne pour le ‘‘Remain’’ (le maintien dans l’UE) et la plupart des membres du ‘‘cabinet fantôme’’ du Labour (sorte de gouvernement fictif de l’opposition) démissionnent. Ils appellent Corbyn à quitter la direction du parti. 80 % des députés travaillistes (172 députés sur 230) votent une motion de défiance contre Corbyn. Mais Corbyn refuse de démissionner. Les principaux syndicats lui renouvellent leur soutien et 10.000 personnes se rassemblent en vitesse devant le Parlement pour le soutenir. De nouvelles élections sont provoquées, dont le résultat sera annoncé le 24 septembre (peu de temps après que ce journal ait été envoyé à l’imprimeur).

    Pour la droite, l’été devient l’occasion d’une purge massive de militants soupçonnés de soutenir Corbyn. Son personnel épluche les comptes Facebook et Twitter des adhérents pour y déceler des preuves de manque de loyauté. 130.000 personnes ayant rejoint le Labour depuis janvier sont exclues du vote, tout comme 50.000 des 180.000 sympathisants inscrits. Un seul candidat de droite se présente contre Corbyn, Owen Smith, qui tente de se profiler à gauche. Bien peu de gens sont toutefois dupes de la manœuvre : il est considéré comme une marionnette de l’establishment et des héritiers de Blair. Pendant ce temps, Corbyn accumule les meetings de masse. A Liverpool, le 2 août, 10.000 personnes viennent l’écouter. Au final, plus de 600.000 personnes doivent se prononcer et les derniers sondages pronostiquent une victoire éclatante de Corbyn à plus de 60%. Selon les chiffres officiels, le Labour a gagné 300.000 nouveaux adhérents grâce à ‘‘l’effet Corbyn’’. Une catastrophe pour l’establishment épouvanté du parti. Un riche donateur du parti, Michael Foster, perd ainsi son flegme et compare dans la presse les alliés de Corbyn à un commando de ‘‘stormtroopers nazis’’.

    Ce n’est toujours qu’un début

    Jeremy Corbyn semble bien être en route vers une nouvelle victoire, mais il ne peut y avoir aucun compromis avec les représentants du capitalisme au sein du Labour. L’ancien conseiller de Tony Blair, John McTernan, a carrément déclaré : ‘‘Les révolutions sont inévitablement sanglantes et, n’ayons aucune illusion, reprendre le Parti travailliste des mains de Jeremy Corbyn et John McDonnell nécessite une révolution.’’ Ce politicien a encore récemment appelé les conservateurs à ‘‘écraser les syndicats des cheminots une bonne fois pour toutes’’ (The Telegraph, 10 août 2016).

    Le Financial Times a publié le 24 juillet dernier un article indicatif de la détresse de la droite du parti, sous la plume du député Jon Cruddas, qui défendait que le ‘‘parallèle historique le plus proche (…) ne se trouve pas dans [au Parlement], mais à Berlin en 1918’’, au moment de la révolution allemande. Il compare les députés anti-Corbyn à ‘‘Friedrich Ebert [qui] a dirigé le parti social-démocrate (SPD)’’ et le mouvement en faveur de Jeremy Corbyn aux révolutionnaires ‘‘Spartakistes, dont Rosa Luxemburg et Karl Kautsky, [qui] qui ont reçu [leur légitimité] du mouvement des travailleurs, des comités d’usine et des comités ouvriers.’’ Il ajoute que ‘‘Ebert a finalement lâché les Freikorps contre les dirigeants de l’insurrection’’, ce qui a conduit à l’assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. Aucune complaisance n’est de mise avec ces gens-là.

    L’une des possibilités est que la droite finisse par scissionner du parti pour constituer une nouvelle formation. Le challenger de Corbyn, Owen Smith, a lui-même a déclaré : ‘‘Je pense qu’il y a toutes les chances que le parti se divise si Jeremy remporte cette élection.’’ Il est cependant toujours possible que la droite hésite et entretienne l’espoir de renverser Corbyn à l’avenir, où que certains quittent le parti tandis que d’autres y restent. Certains espèrent que la nouvelle Première Ministre, Teresa May, appelle à des élections anticipées en comptant qu’une victoire des Conservateurs pour contraindre Corbyn à démissionner. Il est peu probable qu’elle soit capable de poursuivre son mandat jusqu’à son terme en 2020, mais l’extrême faiblesse de son gouvernement ainsi que les profondes divisions qui existent également chez les Conservateurs la poussent à hésiter devant le risque d’élections anticipées.

    Ce qui est essentiel, c’est qu’à la différence de la première victoire de Corbyn en 2015, il n’y ait plus de tentatives de la gauche de trouver un compromis avec les blairistes. Le mouvement autour de Corbyn doit au contraire être organisé et construit afin de consolider et d’accroître les gains jusqu’ici obtenus. Un programme anti-austérité sans équivoque doit être adopté et les députés travaillistes doivent y souscrire comme condition préalable pour siéger comme membre du parti. A gauche, certains redoutent une scission de la droite du Labour. Mais l’empêcher, cela revient à capituler devant les éléments pro-capitalistes du parti. Ces deniers ne condescendront à s’entendre avec l’aile gauche que si on leur laisse le champ libre, si leurs carrières est protégée et, plus important encore, si le Parti travailliste se limite entièrement au cadre capitaliste.

    Refonder le Labour

    socialistpartyL’élection de Jeremy Corbyn offre l’occasion de créer un parti de masse de la classe ouvrière, que ce soit ou non sous l’appellation de ‘‘Labour’’, capable de regrouper sur une base fédérative des Verts, des organisations socialistes anticapitalistes, des syndicats actuellement affiliés ou non au Labour, des organisations de quartier,… pour lutter ensemble contre l’austérité tout en conservant leurs identités propres. Jeremy Corbyn semble globalement en accord avec cette approche des choses, comme il l’a exprimé en déclarant: ‘‘Nous ne pouvons gagner une élection générale qu’en gagnant des gens qui ne votent pas ou qui votent pour un autre parti. Si quelqu’un a politiquement évolué au point de rejoindre le Parti travailliste, qu’il ait été autrefois membres des Lib-Dems, des Verts ou d’autre chose, c’est très bien. Bienvenue à bord.’’ Interrogé sur la possibilité que le Socialist Party (le parti-frère du PSL en Angleterre et au Pays de Galles) s’affilie au Labour, il a ajouté: ‘‘Je me réjouis d’avoir une conversation avec Peter [Taaffe, secrétaire général du Socialist Party] à un moment donné.’’

    Un groupe de députés, même très limité, menant campagne sans relâche contre l’austérité et en défense des travailleurs en lutte, ferait beaucoup plus pour la lutte contre les Conservateurs que 232 députés ‘‘travaillistes’’ favorables à l’austérité, aux privatisations et aux guerres. Un Parti travailliste anti-austérité pourrait rapidement engranger des gains électoraux de façon similaire à ce qu’a connu Syriza en Grèce lors de sa victoire de janvier 2015 en défendant à l’époque un programme anti-austérité. Un tel parti pourrait rapidement gagner du terrain électoralement en offrant une alternative aux coupes budgétaires sans fin, aux privatisations et à la misère croissante.

    L’élément crucial serait toutefois de soutenir les luttes extra-parlementaires. C’est la grève Ford Dagenham qui a imposé la Loi sur l’égalité salariale entre hommes et femmes. C’est la menace d’une grève générale qui a forcé la libération des dockers emprisonnés en 1972. Ce sont les 18 millions de personnes qui ont refusé de payer la Poll Tax qui ont mis fin au règne de Margaret Thatcher et qui ont forcé le gouvernement de John Major à abolir la taxe.

    Imaginez si, après presque une décennie de coupes budgétaires brutales qui ont laissé les budgets municipaux exsangues (en moyenne de 40% moindres à ceux de 2008), un certain nombre de conseils – même une poignée – refusaient de mettre en œuvre les réductions budgétaires (à l’image de la ville de Liverpool dans les années ’80) et se soutenaient les uns les autres. Imaginez si ces conseils disposaient du soutien sans faille du parti de Jeremy Corbyn au Parlement, quel que soit son nom. Une telle lutte – étant donné toute la colère accumulée contre l’austérité – serait très populaire. Il serait non seulement possible de gagner, mais aussi d’organiser la lutter contre les conservateurs pour forcer la tenue de nouvelles élections à partir desquelles serait posée la possibilité de l’arrivée au pouvoir du parti de Corbyn. Il s’agit juste d’un exemple de la manière dont un parti de gauche au Parlement, même avec tout d’abord un petit nombre de députés, pourrait agir en tant que porte-voix de la classe ouvrière et du mouvement anti-austérité, déplaçant ainsi la balance de forces dans la société dans le sens de la classe ouvrière.

    Renverser le capitalisme

    Nos camarades du Socialist Party soutiennent Jeremy Corbyn tout en cherchant à pousser le mouvement encore plus vers la gauche et en avertissant des retraites qui peuvent, à un stade ultérieur, conduire à des défaites. Les capitalistes résistent avec véhémence à un plus grand rôle de l’Etat et à l’augmentation des taxes. Pour mettre en œuvre le programme, même modeste, de Jeremy Corbyn, ‘‘l’action extra-parlementaire’’ sera cruciale, ce qui signifie la mobilisation active de la classe ouvrière en soutien aux politiques d’un gouvernement de gauche.

    Le programme actuel de Jeremy Corbyn représente un véritable pas en avant par rapport aux politiques pro-capitalistes des précédents dirigeants travaillistes. Mais il est encore trop timide. L’expérience de SYRIZA en Grèce, où la direction d’un parti anti-austérité a capitulé sous la pression des grandes entreprises et appliqua actuellement lui-même l’austérité, démontre que vaincre l’austérité est lié à la lutte pour une rupture anticapitaliste et pour le socialisme. Cela nécessite d’exiger la renationalisation totale de secteurs comme les chemins de fer ainsi que la nationalisation des secteurs clés tels que la finance ou la sidérurgie afin d’élaborer la production économique selon une planification démocratique, dans laquelle la population jouera un rôle de décision central.

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    [MEETINGS] Révolte en Grande Bretagne – Le Parti Travailliste & Jeremy Corbyn

    corbyn_afficheLa lutte pour un parti de la classe des travailleurs – Quelle pertinence pour la résistance sociale en Belgique ?

    Meetings avec
    – Roger Bannister. Militant du syndicat Unison et du Socialist Party (successeur de Militant) à Liverpool.
    – Nicolas Croes. Rédacteur en chef de Lutte Socialiste

    => Plus d’informations

    • Ven. 14/10 Bruxelles – 19h, Pianofabrief, 35 rue du Fort, Saint Gilles (sur Facebook)
    • Sa. 15/10 Liège – 19h, Fédé, 24 place du XX Août (sur Facebook)
    • Di. 16/10 Mons – 14h, Etage du café Le Central, Grand Place (sur Facebook)

    Une initiative du Parti Socialiste de Lutte & des Etudiants de Gauche Actifs – Entrée: Donation libre

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