Category: Europe

  • [INTERVIEW] Les Polonaises crient ‘‘Mon corps, mon choix’’

    poland

    Le 3 octobre, 150.000 Polonaises ont fait grève en faveur du droit à l’avortement. Dans le cadre de cet imposant mouvement de lutte, nous avons discuté avec Tiphaine, membre d’Alternatywa Socjalistyczna, notre organisation-sœur polonaise particulièrement active dans ce combat.

    D’où provient cette volonté de totalement interdire l’avortement et quelle est la situation générale des droits des femmes en Pologne ?

    Cela fait des années que l’Eglise et les groupes autoproclamés pro-vie parlent d’interdire complètement l’avortement. Il y a aussi une forte pression de la part de l’Eglise, pour qui c’est un moyen d’affirmer son interférence dans la politique polonaise. Maintenant, un groupe d’avocats a voulu profiter du gouvernement conservateur pour proposer ce projet de loi au parlement. Mais le parti conservateur a été élu sur base de promesses sociales et pas majoritairement sur base de son programme réactionnaire. Les groupes pro-vie l’ont forcé à soulever cette question beaucoup plus tôt qu’il ne le souhaitait en collectant assez de signatures pour soumettre leur projet. Pour l’instant, l’establishment n’a pas d’intérêt concret à interdire l’avortement – tout cela se fait sur base idéologique.

    La politique anti-avortement a un effet dramatique sur la vie des femmes. La loi actuelle sur l’avortement (qui ne le permet qu’en cas de viol ou d’inceste, de danger pour la vie de la femme ou de malformation du fœtus) ne signifie pas que les femmes n’avortent pas, mais qu’elles le font dans de mauvaises conditions. On estime qu’entre 80.000 et 200.000 Polonaises avortent illégalement chaque année, soit à l’étranger, soit clandestinement. Il faut ajouter à cela que la loi polonaise permet aux médecins de refuser de pratiquer un avortement légal ou de prescrire la contraception sur base de ses propres croyances.

    Plus généralement, la pression des éléments réactionnaires freine toutes les avancées possibles dans les droits des femmes. L’éducation sexuelle n’existe presque pas dans les écoles, mais il y a eu des cas de cours sur la contraception assurés par des prêtres qui disaient aux écolières que prendre la pilule faisait pousser la moustache ! Et il y a quelques années, le gouvernement polonais ne voulait pas ratifier la Convention Européenne de lutte contre les violences faites aux femmes parce qu’elle n’était pas dans l’esprit de la famille traditionnelle polonaise…

    Comment la résistance s’est-elle organisée et développée ?

    Principalement sur les réseaux sociaux et d’une manière très spontanée. Personne ne sait exactement qui a fixé la date de la grève des femmes et quand, ni d’où est partie l’idée de s’habiller en noir. C’est simplement la popularité d’une idée sur internet qui a assuré son adoption par tout le mouvement. Beaucoup d’initiatives sont parties de groupes de féministes déjà organisées, mais même le comité qui s’était créé après les manifestations d’avril (suite aux déclarations anti-avortement du Premier ministre) n’a pas joué de rôle dirigeant dans cette lutte.

    Dans plusieurs écoles, les écolières se sont mobilisées pour prendre des photos de groupe toutes habillées en noir et partir en groupe vers la manifestation. C’est très positif car il n’y a pas de tradition politique dans les écoles polonaises et les seuls à y afficher leurs idées politiques sont malheureusement les groupes d’extrême droite.

    La spontanéité de cette mobilisation montre l’énorme potentiel pour une lutte pour le droit à l’avortement sans restrictions. Mais le manque de structure et d’expérience du mouvement limite son contenu et ses possibilités : les initiateurs des mobilisations imposent souvent l’interdiction des signes politiques pour ne pas être ‘‘récupérés’’, mais ils laissent la tribune à des politiciens libéraux qui ont pris le train en marche et veulent que le mouvement s’en tienne à la défense du ‘‘compromis’’, c’est-à-dire à la loi actuelle.

    Y a-t-il eu des antécédents ?

    En 1993, quand la loi limitant l’avortement aux 3 cas évoqués plus haut est passée, il y a eu une mobilisation des femmes pour conserver leurs droits. Auparavant, depuis 1956, les femmes pouvaient avorter sur base de ‘‘raisons sociales’’, ce qui dans la pratique revenait à un avortement sur demande. Mais en 1993, l’énorme recul des idées de gauche suite à la chute du stalinisme ne permettait pas un mouvement aussi vaste que celui que nous connaissons aujourd’hui.

    D’où provient cette idée d’une grève des femmes ?

    Cela vient de la grève des Islandaises de 1975. Contre la double journée (le travail ménager en plus du travail rémunéré) et les inégalités salariales, elles avaient fait grève non seulement sur leur lieu de travail mais aussi à la maison en refusant de se soumettre aux tâches domestiques. 90% des femmes de tout le pays avaient participé !

    Cela a inspiré la journée du 3 octobre en Pologne, mais ce n’était quand même pas comparable. Les femmes étaient appelées à prendre un jour de congé pour participer à la grève. Les syndicats n’ont pas appelé à faire grève ni participé à la mobilisation, même si le syndicat OPZZ a officiellement soutenu le mouvement. La plupart des travailleuses n’ont pu se rendre aux manifestations qu’après leur journée de travail.

    Quel est le climat général des luttes sociales depuis la chute du stalinisme ?

    En l’absence d’organisations indépendantes de la classe ouvrière pendant plusieurs dizaines d’années, et suite à la trahison de Solidarnosc au début des années 90, le mouvement social était complètement à reconstruire à la chute du régime. Le mouvement syndical a toujours été présent, surtout dans les bastions de la classe ouvrière comme les mines. Ces dernières années ont connu de grandes manifestations syndicales, des grèves dures et des mobilisations fortes sur des sujets comme l’ACTA (Accord commercial anti-contrefaçon, qui visait à restreindre les libertés sur internet).

    Mais pendant longtemps, il était très difficile de parler d’alternative au système et il y avait un fort sentiment non seulement anti-parti mais aussi anti-politique en général. Cet état d’esprit a tendance à changer à mesure que les différents partis de la démocratie capitaliste ont été testés les uns après les autres. La nouvelle génération, qui n’a pas connu l’offensive de propagande capitaliste des années ‘90, a aussi tendance à être plus ouverte aux idées de gauche.

    Le gouvernement a semblé faire marche arrière. Est-ce vraiment le cas ?

    En voyant l’ampleur de la mobilisation, le parti conservateur (PiS) a été divisé sur la façon de s’en sortir. Kaczynski (ancien Premier ministre et actuel dirigeant du parti) était pour le rejet du projet de loi et la majorité des dirigeants du PiS l’a suivi. Mais dans la même période, le PiS a évoqué un futur projet de loi qui interdit l’avortement dans le cas de malformation du fœtus. Maintenant, des politiciens du PiS déclarent à la presse que ce qu’il s’est passé est immoral et que le projet de loi aurait dû être adopté. Il est sûr que le gouvernement va revenir un jour avec un projet de loi similaire quand son heure sera venue.

    Quelles sont les perspectives pour la suite de la lutte ?

    Une nouvelle journée de mobilisation est prévue, mais cette fois sans appel à la ‘‘grève’’. Si le gouvernement fait semblant d’avoir enterré son projet dans la prochaine période, et si la mobilisation reste limitée à l’opposition à l’interdiction totale, il est possible que le mouvement s’essouffle. Pour que le formidable élan de la grève ne soit pas gaspillé, il faut revendiquer la légalisation totale de l’avortement et lier cette question aux conditions des femmes sous ce système.

    Pour que les femmes puissent vraiment choisir, il faut également un accès suffisant à la contraception gratuite, un accès décent à la santé, un moyen de faire garder ses enfants, et aussi l’assurance que son enfant a un avenir dans cette société. On est loin de cela en Pologne. Etendre la lutte pour l’avortement libre et gratuit en soulevant cette question permettrait d’attirer encore d’autres couches dans le mouvement.

    Quelle a été l’activité de notre section du CIO ?

    Le 3 octobre, nous sommes intervenus avec des tracts et un supplément de notre journal appelant à ne pas se limiter à défendre le ‘‘compromis’’ mais à lutter pour l’avortement libre et gratuit. Mais nous avons été présents dans la lutte pour l’avortement depuis que nous existons, et depuis plusieurs mois, nous avons collaboré aux initiatives qui ont servi de relais entre les manifestations d’avril 2016 et le mouvement actuel.

  • Contre le PS, la droite, et le FN : la candidature Mélenchon peut-elle permettre de construire une opposition?

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    Fin octobre, un minuscule 4% des gens étaient satisfaits de l’action de Hollande. Aux yeux de millions de travailleurs, le PS a définitivement changé de camp, se révélant comme ce qu’il est bel et bien : un parti tout entier dévoué aux intérêts économiques et politiques de la classe des riches.

    Par Cécile Rimboud, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    La maison de « gauche » brûle : le PS va perdre toutes les prochaines élections, et l’entêtement du PCF et d’EELV a continué à chercher en lui un partenaire électoral, les feront suivre le même chemin. La crise politique de la base au sommet est gigantesque. Une opportunité énorme existe pour construire une nouvelle force politique des travailleurs et des jeunes. Les millions d’entre nous qui n’en peuvent plus de cette politique de corrompus au service des banquiers et des actionnaires, de la répression, du sexisme et du racisme… ont besoin d’une voix politique pour discuter de la lutte pour une nouvelle société, débarrassée de la misère et de l’exploitation.

    Une locomotive Mélenchon ?

    Clairement, à gauche, en l’absence d’un Besancenot ou d’un candidat issu des luttes, il n’y a pas mille possibilités. La candidature de Mélenchon et de la « France insoumise » est de fait déjà centrale. Dans les sondages, et ce n’est pas peu de chose, il bat Hollande systématiquement. Comparé à 2012 à la même période, il comptabilise déjà le double des intentions de vote. Dans les discussions avec les travailleurs et les gens ordinaires, Mélenchon est celui dont les idées sont le plus débattues.

    Dans sa campagne sont d’ores et déjà impliqués des militants et militantes, étudiants, syndicalistes… comme par exemple Lionel Buriello, délégué CGT d’ArcelorMittal. La campagne ne devra pas être seulement électorale mais devra servir de point d’appui et de relais pour les luttes : le rouleau compresseur capitaliste n’attendra pas avril 2017 lui. Ainsi, il est très positif que parmi les dix premiers points programmatiques de celle ci figurent l’abrogation de la loi « Travail », et l’augmentation du SMIC et des salaires. Il est également très positif que Mélenchon ait appelé à soutenir les Goodyear et se soit rendu à Amiens le 19 octobre pour leur procès.

    Un espace suffisamment démocratique ?

    Sur le fond politique, il devra y avoir des débats. Certaines choses se clarifieront « en marchant », d’autres ne pourront pas faire l’objet d’un consensus. Particulièrement sur le rôle qu’ont à jouer les travailleurs et leurs luttes. En effet, la référence régulière de Mélenchon au « peuple souverain » ne vaut que si on considère que les capitalistes et leurs valets ne font pas partie de ce peuple. Et que c’est bien la classe des travailleurs, à laquelle s’allieront la jeunesse et les couches populaires, qui permettra de changer cette société. Mais même avec ces désaccords, il faut comprendre la dynamique. Ce sont plus de 900 personnes venues de partout qui ont fait le déplacement pour participer les 15 et 16 octobre à la « convention de la France Insoumise », dans une ambiance très fraternelle et ouverte. Le fait que nous y ayons participé, en tant que Gauche Révolutionnaire, était pris comme une très bonne nouvelle, et nos tracts appelant à aller vers une force politique de masse contre le capitalisme étaient bien accueillis.

    Renforcer le programme

    Le discours de Mélenchon était très argumenté, que ce soit sur la planification de l’économie, le droit de vote à 16 ans ou la défense des services publics. Il a même pu revenir sur les erreurs qui avaient été faites, comme sur les travailleurs détachés où Mélenchon parlait de ne plus les laisser « rentrer sur le territoire ». Or ce qu’il faut dire (et ce qu’il a réaffirmé) c’est que quiconque travaille en France doit avoir le même salaire et les mêmes conditions de travail que les travailleurs français.

    Nous pensons que face à l’anarchie capitaliste qui exploite et détruit les travailleurs et la planète, il faut, oui, planifier l’économie. Mais cela ne sera possible que si on nationalise – sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la population – l’ensemble des grands secteurs de l’économie. La proposition de création d’un « pôle public bancaire » ne suffit pas. Ce qu’il faut c’est un organisme de crédit unique par la mise en propriété publique de l’ensemble du secteur financier (banques, assurances…). Ces discussions peuvent être posées et avancées avec des millions de travailleurs et de jeunes qui regardent vers la candidature Mélenchon. Il ne s’agira pas de mettre les divergences de côté mais bien de voir si la campagne Mélenchon permet de faire un pas dans la reconstruction d’une véritable force politique de lutte contre le capitalisme.

    C’est bien cela, la question qui est posée par la situation et le potentiel est là. Saisissons nous en!

  • Manifestation européenne contre Erdogan et le régime de l'AKP dans l'Etat turc

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    Des milliers de personnes sont venues aujourd’hui à Bruxelles à partir de divers pays d’Europe dans le but de participer à une manifestation européenne appelée par HDP (Parti Démocratique des Peuples, pro-kurde). Cette mobilisation fait suite à l’arrestation de plusieurs dirigeants du HDP dans l’Etat turc tandis que la répression continue de s’abattre sur les organisations de défense des droits humains, sur les journalistes et la presse, etc. et que plusieurs villes et villages du Kurdistan sont occupés par l’armée turque.

    Comme l’expliquent nos camarades turcs et kurdes de Sosyalist Alternatif : “Le HDP est dans la ligne de mire car il s’agit de la principale force d’opposition du pays qui ne s’est pas alignée sur le soi-disant ‘‘consensus national’’ qui a fait suite à la tentative de coup d’Etat militaire du 15 juillet dernier. Le HDP est perçu par Erdogan comme le principal obstacle politique sur la voie de la sécurisation des conditions nécessaires à l’instauration d’une dictature présidentielle. Après la tentative de coup d’État de cet été, un important contre-coup a eu lieu. Les attaques contre les droits démocratiques se sont intensifiées. Toutes les authentiques voix d’opposition sont ciblées : des universitaires, des journalistes et des militants politiques ont été arrêtés, des milliers de fonctionnaires ont perdu leur emploi et des médias critiques ont été arbitrairement fermés. (…) Parallèlement, la guerre prend de nouvelles proportions pour améliorer le prestige et les ambitions régionales d’Erdogan. Cela augmente le risque d’effusions de sang et d’insécurité pour tous les habitants de la Turquie, du Kurdistan et de la région en général.”

    Cette manifestation était soutenue par diverses organisations kurdes mais aussi par le PSL qui y a distribué la déclaration de Sosyalist Alternatif en français, néerlandais, allemand et anglais. La très faible présence de la gauche belge (Vrede, Solidarity for all et le Comité Rojava en plus du PSL) dans ce mouvement laisse hélas plus d’espace pour une organisation telle que la N-VA. Plusieurs de ses représentants figuraient dans le cortège. Le “soutien” de la N-VA pour cette mobilisation contre la répression que subit la gauche en Turquie signifie-t-il que ce parti de droite populiste changera d’approche vis-à-vis des grévistes en Belgique ? Ou De Wever et ses amis continueront-ils d’envoyer la police forcer les piquets de grève à Anvers ou ailleurs ? Rappelons d’autre part que la N-VA soutient totalement l’accord conclu entre l’Union européenne et le régime turc concernant les réfugiés.

    Il semble que la N-VA n’ait participé à cette manifestation que pour des raisons qui lui sont propres, comme le mécontentement de sa base nationaliste flamande au sujet des accords avec Erdogan. Mais la politique gouvernementale de la N-VA reste bel et bien de soutenir ce type d’accords. Les protestations de ce parti se limitent aux belles paroles. Il n’en a d’ailleurs pas été autrement concernant l’attitude de la N-VA vis-à-vis de la Palestine. Ceux qui luttent pour un avenir débarrassé de l’oppression sociale ou nationale ne trouveront pas d’allié chez la droite réactionnaire. Plus que jamais, ce qui est nécessaire, c’est l’unité et la solidarité des travailleurs et de la jeunesse contre la répression, la terreur et la guerre.

    • Libération immédiate de tous les dirigeants et élus du HDP
    • Restitution de leurs postes aux maires destitués démocratiquement élus
    • Fin de l’état d’urgence et de toutes les persécutions contre les voix dissidentes
    • Droits démocratiques pleins et entiers, parmi lesquels celui de s’organiser et de protester
    • Liberté d’expression et de presse
    • Non aux guerres et aux occupations, que les soldats reviennent chez eux
    • Pour des actions de protestation unitaires en Turquie et internationalement, comme point de départ d’une riposte contre le règne d’Erdogan
    • A bas Erdogan et le régime capitaliste de l’AKP

    Photos: Emily

    Manifestation européenne contre Erdogan (1)

    Photos : Nico

  • La grève massive des étudiants espagnols fait vaciller le gouvernement

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    De nouvelles actions déjà prévues pour faire pression sur le gouvernement du PP (Parti populaire) – Rapport d’une participante

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    Ana Garcia (secrétaire générale du Sindicato de Estudiantes (à gauche) et Claire Laker-Mansfield, organisatrice nationale des Socialist Students.

    Une vague de protestation a balayé les rues et les places de l’Etat espagnol le 26 octobre dernier. Deux millions de personnes, principalement des élèves du secondaire, ont participé à une grève organisée par le Sindicato de Estudiantes (SE- syndicat des étudiants). Claire Laker-Mansfield, organisatrice nationale des Socialist Students (équivalent des Etudiants de Gauche Actifs en Angleterre et au Pays de Galles), a été invitée à y participer par Izquierda Revolucionaria, une organisation qui joue un rôle de premier plan dans SE. Voici son rapport.

    La grève a été forte – plus de 90% de participation. Mais les étudiants ne sont pas simplement restés chez eux. Plus de 200.000 jeunes ont rejoint les manifestations organisées dans plus de 60 villes. La journée fut une puissante expression de résistance. À Madrid seulement, 60.000 étudiants sont sortis dans les rues. L’atmosphère de la manifestation était un mélange de colère, de détermination et de puissance. Ce fut la première manifestation majeure pour des milliers de participants de même qu’une première expérience d’action collective.

    Au-delà de la colère, on pouvait aussi constater de la joie et de l’optimisme, sur base de la confiance renouvelée que l’austérité n’est pas un fait imposé, mais qu’elle peut être combattue et vaincue. La revendication la plus importante de la grève était d’abolir les «revalidations» introduites par le gouvernement. Celles-ci existaient déjà sous le régime du dictateur Franco, il s’agit d’une série d’examens obligatoires que les étudiants doivent passer à différentes étapes de leur scolarité. Les étudiants qui ne réussissent pas ces tests seront empêchés de progresser vers la prochaine étape de leurs études académiques.

    S’ils sont mis en œuvre de la manière prévue par le gouvernement, ces examens empêcheront des milliers d’étudiants, surtout ceux issus de milieux ouvriers, d’accéder à l’université. Pis encore, des milliers d’autres pourraient être forcés de quitter l’école plus tôt, avec presque aucune qualification formelle. En réalité, l’intention cachée est de marquer les jeunes comme étant des «échecs» et de limiter leurs attentes en termes de perspectives d’avenir.

    En réalité, c’est le capitalisme qui est en échec. Le taux de chômage des jeunes en Espagne s’élève actuellement à 45%. La grève des étudiants était aussi, en partie, une protestation contre les perspectives désespérées auxquelles sont confrontés les jeunes. En plus d’exiger la fin des «revalidations» franquistes, la grève était également contre le «LOMCE» – un décret du gouvernement qui inclut des coupes budgétaires croissantes dans l’enseignement.

    L’un des chants qui revenait le plus souvent était «Si Se Puede» : oui nous le pouvons ! L’utilisation de ce slogan, utilisé tout d’abord par le mouvement contre les expulsions de logements qui a traversé l’Espagne, a illustré la manière dont les étudiants grévistes se considéraient comme faisant partie d’un mouvement global contre l’austérité et ses effets. «Travailleurs et étudiants ensemble» a été chanté à plusieurs reprises pendant que la marche continuait. À Madrid, les enseignants étaient également en grève ce jour-là. Leurs syndicats ont soutenu la grève et ont appelé à une manifestation qui a continué dans la soirée. Mais cela n’a pas été répété ailleurs. Le caractère isolé de la grève des enseignants à Madrid n’est pas dû à un manque de colère ou de volonté de prendre des mesures parmi les travailleurs de l’éducation. Les dirigeants syndicaux ont peur de ce qui pourrait être ainsi déclenché. Comme en Grande-Bretagne, les dirigeants syndicaux de droite tentent de bloquer le développement de la lutte des masses

    Mais malgré les incohérences des dirigeants syndicaux, des dizaines de milliers de travailleurs se sont joints à la manifestation qui avait été appelée à Madrid ce soir-là. L’un des facteurs de succès de la grève a été le soutien de l’Association nationale des parents d’élèves (CEAPA). En plus de participer à la marche du soir et d’appeler à celle-ci, la CEAPA a également aidé des milliers de parents à garder leurs jeunes enfants hors de l’école pendant la journée de grève. C’était la première action d’une telle ampleur depuis un certain nombre d’années. Et cela a permis de libérer l’énorme mécontentement et la colère qui existe au sein de la société espagnole.

    Quelques jours plus tard, une manifestation de masse a eu lieu à Madrid contre la formation du gouvernement de droite du Partido Popular (PP). Les manifestants ont crié à plusieurs «traîtres» en faisant référence à la capitulation des dirigeants du PSOE (Parti social-démocrate). La majorité des députés du PSOE se sont abstenus lors d’un vote parlementaire pour élire le Premier ministre.
    Cette abstention a permis de donner le pouvoir au PP, en dépit de leur incapacité à obtenir la majorité dans les élections. Ainsi, le 26 octobre, la colère suite à cette trahison historique était énorme.

    Le SE (Syndicat des Etudiants) a déclaré que, à moins que le gouvernement ne réponde à ses demandes, notamment en dégageant les «revalidations» franquistes, une nouvelle grève étudiante aurait lieu en novembre. Compte tenu de la colère qui bouillonne, il y a toutes les chances que cela puisse être aussi grand, ou même plus, que la première. Tout au long de la journée, les dirigeants du SE, dont Ana Garcia, la secrétaire générale, ont été interviewés par les principales chaînes de télévision, les journaux et autres médias. Ana a pu exprimer la colère et la détermination intense de ses membres. Cela contrastait avec les dirigeants des principaux syndicats. Mais Ana a également été en mesure de soulever la nécessité d’une lutte généralisée – aidant à exercer une pression sur le sommet des syndicats pour que ceux-ci fassent leur « travail ».

    La solidarité internationale organisée par les socialistes et les syndicalistes du monde entier a grandement contribué à renforcer la confiance et la détermination des étudiants et des travailleurs.

    Au cours de la manifestation, je n’ai pu mentionner qu’un petit nombre des actions de solidarité organisées par le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et ses sections. Mais chaque exemple que j’ai donné a engendré d’énormes acclamations. L’action organisée par le CIO à Hong Kong – pendant laquelle le consul général espagnol a physiquement agressé et attaqué un manifestant – a servi à démontrer la crainte de l’establishment de mouvements comme celui-ci, ainsi que les conditions dangereuses dans lesquelles les socialistes travaillent dans de nombreuses régions du monde. Cette action a fait une impression particulière et a depuis été rapportée dans deux grands journaux nationaux en Espagne. Mais c’est aussi l’ampleur de l’effort de solidarité qui a aidé les gens à s’y intéresser. Il y a eu des manifestations dans plus de 20 pays à travers le monde !

    La grève qui a eu lieu le 26 octobre a donné aux travailleurs et aux jeunes d’Espagne un nouveau goût pour la lutte. Elle a rompu la paix sociale fragile qui existait et a ouvert la voie à une nouvelle phase dans la lutte contre l’austérité et le système capitaliste qui l’impose. Cette détermination à combattre ne s’arrêtera pas aux frontières de l’Espagne. Partout dans le monde, sur base du capitalisme, la prochaine génération est confrontée à un sombre avenir.

    Certaines des réactions les plus fortes lors des rassemblements à Madrid sont venues lorsque les orateurs ont soulevé la nécessité d’un changement socialiste de société. C’est un avant-goût des grands mouvements à venir, des mouvements qui lutteront pour la fin du système capitaliste et pour l’instauration d’une société socialiste dans l’intérêt des 99%.

    Ce n’était pas seulement à Madrid que des milliers d’étudiants se sont joints aux protestations. Voici quelques exemples des manifestations fantastiques qui ont eues lieu partout dans l’État espagnol. Au Pays Basque, plus de 10.000 personnes ont manifestés à Bilbao, 5 000 à Donostia et des milliers de plus à Vitoria, Gasteiz et Iruña. En Catalogne, plus de 50.000 personnes ont rempli les rues de Barcelone, avec des milliers de plus à Tarragone et Girona et des dizaines d’autres villes. Près de 10.000 personnes ont manifesté à Valence, avec des milliers d’autres à Alicante ; 5.000 en Galice, 3.000 à Coruña et des milliers d’autres dans d’autres villes. En Andalousie, 15.000 personnes ont manifesté à Grenade, 10.000 à Séville, 7.000 à Malaga, 2.000 à Cadix et plus de 1.000 à Almeria et Huelva … Des milliers ont également défilé à Extremadura, aux îles Canaries, aux îles Baléares, en Murcie, en Castille Y León, à Castilla La Mancha et à Cantabria.

  • Manifestation européenne contre le dictateur Erdogan ce jeudi à Bruxelles

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    Jeudi 17 novembre, 10h, Gare de Bruxelles-Nord

    Une manifestation européenne contre le régime dictatorial d’Erdogan en Turquie défilera dans les rues de Bruxelles jeudi prochain, à l’initiative du HDP, le parti de gauche poursuivi en Turquie (11 députés et les deux dirigeants du parti ont été arrêtés il y a peu – en savoir plus). La manifestation est soutenue par des organisations kurdes.

    Le PSL appelle à participer à cette marche de même qu’à soutenir la résistance contre le dictateur Erdogan. La Turquie glisse de plus en plus vers un Etat policier dictatorial réprimant violemment la moindre forme d’opposition. Parallèlement, l’instabilité augmente, tant au niveau régional qu’en Turquie. Erdogan et sa clique conservatrice de l’AKP sont clairement responsables de cette situation.

    La solidarité internationale jouera un rôle important dans la lutte contre le régime dictatorial d’Erdogan. Au Kurdistan, des villages entiers sont occupés par les militaires et la répression est croissante dans toute la Turquie, ce qui rend plus difficile d’organiser la résistance au sein même du pays. Il sera crucial d’y développer un approche capable d’attirer les travailleurs et la jeunesse turcs qui souffrent eux aussi de la politique capitaliste d’Erdogan, mais sont simultanément influencés par la machine de propagande du régime. Les problèmes sociaux tels que la baisse du pouvoir d’achat, le manque de travail et l’insécurité ne sont pas causés par les Kurdes mais par le régime anti-social d’Erdogan. Ce dernier est bien plus préoccupé par son pouvoir et son prestige que par la réalité vécue par les Turcs ordinaires.

    La diaspora de militants kurdes est importante en Europe. Elle prendra la tête de cette manifestation, mais voulons-nous laisser les Kurdes progressistes lutter seuls ? Le week-end dernier, une grande manifestation contre Erdogan a déjà eu lieu à Cologne, en Allemagne, ce sera au tour de Bruxelles ce jeudi. A Cologne, diverses organisations de gauche allemande avaient également pris part à l’événement, y compris notre organisation sœur allemande (le SAV). Nous espérons également voir des délégations et des représentants d’organisations et de partis de gauche belges jeudi prochain à Bruxelles.

    • Libération immédiate de tous les dirigeants et élus du HDP
    • Restitution de leurs postes aux maires destitués démocratiquement élus
    • Fin de l’état d’urgence et de toutes les persécutions contre les voix dissidentes
    • Droits démocratiques pleins et entiers, parmi lesquels celui de s’organiser et de protester
    • Liberté d’expression et de presse
    • Non aux guerres et aux occupations, que les soldats reviennent chez eux
    • Pour des actions de protestation unitaires en Turquie et internationalement, comme point de départ d’une riposte contre le règne d’Erdogan
    • A bas Erdogan et le régime capitaliste de l’AKP
  • Espagne : La direction du PSOE donne le pouvoir au PP

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    Un nouveau gouvernement a été formé et il sera d’un tout nouveau type. Mariano Rajoy a été élu premier ministre mais uniquement grâce à l’abstention des 68 parlementaires du PSOE qui ont ainsi trahi comme jamais à la fois les membres de leur parti et leur base sociale et électorale. Le nouveau gouvernement PP est faible et critiqué de toutes parts: sa tâche s’annonce difficile. Les développements autour de la formation du gouvernement illustre la profondeur de la crise du capitalisme en Espagne. Une nouvelle phase de la lutte des classes s’ouvre, marquée par le retour des mobilisations de masse.

    Décalration d’Izquierda Revolucionaria 

    Des convulsions dans le PSOE

    Dans diverses assemblées convoquées en urgence, une large majorité des membres du PSOE ont voté pour le NON au soutien de Rajoy, c’est aussi l’avis de 70 % des électeurs du PSOE, mais tout cela ne compte pour rien. Le comité fédéral du parti a fait la sourde oreille pour donner le pouvoir au PP, ouvrant alors les portes pour des coupes budgétaires et une austérité plus brutales. Ce fait restera dans l’histoire comme une des plus grandes trahisons de la social-démocratie espagnole.

    La direction putshiste du PSOE conduite par les «barons» du parti et Felipe Gonzalez – et derrière eux la grande bourgeoisie et ses porte-parole médiatiques – a agit avec le plus grand cynisme en refusant aux membres le droit de décider démocratiquement au sujet d’une question de toute première importance. Ils ont par la suite exigé une discipline totale de la part des parlementaires. En dépit des menaces, 15 députés du PSOE, dont l’ensemble des élus du PSC (la partie catalane du PSOE) ont voté NON à Rajoy. Pedro Sanchez (l’ancien dirigeant du parti dégagé par le putsh de la direction) a démissionné de son poste de député pour s’opposer à la droite du parti.

    La décision de Pedro Sanchez de simplement démissionner est discutable. Il aurait pu jouer un rôle au sein du parlement pour lutter contre l’aile pro-capitaliste du PSOE et organiser les forces de ce qui pourrait devenir une future aile gauche. Malgré cela, dans les heures précédant la trahison du PSOE, il a appelé au parlement à un congrès du parti immédiatement et ce juste après avoir rejeté la politique de la direction. Il a aussi appelé à ”refonder le PSOE en dehors du PP” et pour ”rendre leur voix aux membres du parti”. Ces déclarations ont eu un énorme impact sur la base du parti.

    Pedro Sanchez s’est engagé à faire le tour des sections locales du PSOE afin de rassembler les forces et de se préparer à reprendre le poste de secrétaire général. Felipe Gonzales, Suzana Diaz & Co ne se sont pas encore opposés à ce que Sanchez tente de nouveau de se faire élire au poste de secrétaire général. La bataille sera longue et dure au sein du parti et ce sera un facteur important à considérer dans les perspectives à court terme.

    Une capitulation historique

    Le masque est tombé et toutes les déclarations démagogiques des dirigeants du PSOE ont été reléguées au passé. La vérité est concrète. Cette trahison est un programme politique en soi. Elle représente une décision stratégique aux conséquences énormes et démontre à quel point la direction du PSOE est liée à la classe dominante. Dans les faits, cela représente une forme de «coalition tripartite» entre le PP, le PSOE et Ciudadanos comme l’a correctement déclaré le dirigeant de Podemos, Pablo Iglesias.

    Cette abstention ne mènera pas à un «agenda réformiste» comme le prétendait le dirigeant du PSOE Juan Ramon Jauregui. En fait, elle permettra de poursuivre la politique d’austérité du PP et d’infliger de nouvelles souffrances à des millions de personnes. Les dirigeants du PSOE se sont révélés incapables de rompre avec les diktats d’austérité des banques et de l’Union européenne quand ils étaient au pouvoir, est-il seulement imaginable qu’ils le fassent maintenant ?

    La démarche actuelle de la bourgeoisie, même si elle a dû y réfléchir à 2 fois, est finalement d’accélérer la ”pasokisation” du PSOE (en référence au parti social-démocrate grec, le Pasok, atomisé après avoir soutenu la politique d’austérité, NDLA) afin de ruiner ce dernier au lieu de sacrifier le PP. Toutes les conditions d’une crise interne du PSOE sont présentes. Il s’agit de la plus grave des décisions de la part de la classe dirigeante. La direction du PSOE a joué un rôle crucial dans la garantie de la stabilité capitaliste en Espagne au cours de ces dernières décennies.

    Il est important de rappeler que Felipe Gonzalez et la direction du PSOE ont profité au cours de ces dernières décennies des énormes réserves sociales que le parti s’étaient construites sur base de la mémoire historique de millions d’hommes et de femmes qui ont souffert de la longue nuit de la dictature franquiste, mais aussi sur base de la croissance économique de la période post-transition. Ils ont également été aidés par le fait que l’aile droite traditionnelle suinte le franquisme par tous les pores.

    Mais plus de trois décennies passées à défendre les intérêts capitalistes tant en Espagne qu’à l’échelle internationale ont laissé leur marque. Les privatisations, l’entrée dans l’OTAN et l’UE, la répression brutale au Pays Basque, l’intervention dans les guerres impérialistes et les atteintes aux droits démocratiques,… La perte de crédibilité politique du PSOE s’est développée au cours de ces 10 dernières années et s’est même accélérée avec le déclenchement de la crise économique.

    Il est inutile de blâmer un ou l’autre dirigeant pour ce processus. La cause fondamentale de la crise actuelle du PSOE est politique: une époque de déclin organique du capitalisme. Les conquêtes sociales sont éliminées les unes après les autres tandis que l’austérité et les coupes budgétaires dominent. Les dirigeants sociaux-démocrates se soumettent à cela et à toutes les conséquences qui y sont liées. Nous l’avons observé en France avec Hollande, en Allemagne avec le SPD, en Grèce avec le PASOK et en Grande-Bretagne avec les Blairistes (les partisans de la ligne de Tony Blair lorsqu’il était à la tête du Parti travailliste, NDLR). En Espagne, la dynamique fut identique: coupes budgétaires, réformes constitutionnelles pour soutenir les banques, soutien au nationalisme espagnol (ce qui a conduit le PSOE à une position marginale au Pays Basque et en Catalogne), sans parler d’une arrogante défense de la «gestion» capitaliste. Tout cela a clairement situé le PSOE à la droite de l’échiquier politique. La raison fondamentale de l’explosion actuelle et de la crise du PSOE réside cependant dans la lutte des classes et dans son impact sur la conscience de millions de personnes.

    Réformes ou révolution ?

    Le glissement vers la gauche au sein de la jeunesse et de la classe ouvrière est le facteur le plus important dans la crise du capitalisme espagnol. Il a brisé le système des deux partis et rompu avec l’hégémonie du nationalisme espagnol. C’est un changement vers la gauche né de la mobilisation sociale extraordinaire des dernières années, dont l’ampleur n’a pas été vue depuis les grandes luttes contre la dictature de Franco dans les années 1970. Avec le mouvement «indignados», les grèves générales, les «marches pour la dignité», les mouvements pour la défense des soins de santé et l’enseignement, les luttes étudiantes et les manifestations de masse pour le droit à l’autodétermination en Catalogne,… des millions de travailleurs ont tourné le dos au PSOE et aux principales bureaucraties syndicales.

    Ces mouvements reflétaient des changements importants dans la conscience de masse. L’un des principaux facteurs présents était leur profond radicalisme et leur hostilité envers les appareils bureaucratiques de la social-démocratie et des grands syndicats qui ont maintenu leur stratégie de paix sociale qui offre de l’oxygène aux attaques antisociales du PP. C’est ce qui a créé l’espace pour l’émergence et le développement de Podemos, qui est devenu une alternative à la bureaucratie social-démocrate. La croissance explosive de la formation de Pablo Iglesias ne peut s’expliquer que par cette grande explosion sociale ainsi que par la tendance à la rupture avec le système que reflètent toutes ces mobilisations.

    Podemos, en remportant la moitié de la base électorale du PSOE, a illustré la profondeur de la crise de la social-démocratie. L’évolution de la situation a toutefois posé des questions plus intéressantes qui doivent être analysées.

    Après leur ascension fulgurante, les dirigeants de Podemos ont procédé à l’abandon de la lutte dans les rues. Ils cherchaient à occuper l’espace de la social-démocratie traditionnelle. Cela n’a cependant pas permis d’atteindre les résultats escomptés. Loin d’apporter le succès électoral, ce tournant vers «l’institutionnalisme» – avec la gestion de nombreuses grandes villes sans rompre avec les privatisations et la logique capitaliste, ainsi que l’abandon de certains aspects parmi les plus avancés de son programme – a sapé la base de Podemos parmi certaines couches de travailleurs et de jeunes.

    La crise du PSOE, et celle qui se développe au sein de Podemos, reflète le débat fondamental qui a toujours été présent dans le mouvement ouvrier : celui entre réformes et révolution. Pour la social-démocratie et pour beaucoup de dirigeants des nouvelles formations de gauche, rien n’existe en dehors de la charade parlementaire et institutionnelle. Ils rejettent le marxisme et affirment qu’il est incapable de répondre aux nouveaux «défis politiques» du 21ème siècle. Mais lorsqu’ils parviennent au pouvoir, ils capitulent rapidement devant la pression et les exigences des capitalistes. Ce fut le cas avec Alexis Tsipras (Syriza) en Grèce.

    Les vieux dilemmes du mouvement sont à nouveau à l’ordre du jour, car les anciens problèmes n’ont pas encore été résolus. En cette époque de récession mondiale, même une toute petite réforme favorable au peuple nécessite une lutte de classe majeure. Les discours parlementaires sont inutiles. Les négociations et un esprit de «consensus» sont incapables de forcer la main des capitalistes. Pour vaincre les attaques du capital, il nous faut un programme socialiste reposant sur la mobilisation des masses. Ces choses sont un tabou pour la social-démocratie officielle. Pour beaucoup de dirigeants de gauche qui veulent occuper son espace également.

    Construire une mobilisation de masse contre la droite

    L’élection de Rajoy, obtenue grâce à l’attitude du PSOE, donne à ce gouvernement un caractère frauduleux et illégitime, dès son entrée en fonction. La bourgeoisie, en déclenchant la crise au sein du PSOE, cherchait la stabilité pour appliquer son programme de coupes budgétaires. Le résultat final n’est toutefois pas celui escompté.

    Ce gouvernement sera extrêmement faible et devra subir le lourd fardeau d’avoir à tenir compte de Ciudadanos et du PSOE au sujet des aspects fondamentaux de son programme. Le PSOE est en crise profonde, sous le feu nourri des attaques de ses membres de bases et de ses électeurs, tandis que Pedro Sanchez défie la direction actuelle. C’est tout le contraire de la stabilité espérée. A cela s’ajoutent encore de sombres perspectives économiques.

    Pour rendre les choses encore plus compliquées, les choses sont en ébullition chez Podemos. Le changement de discours de Pablo Iglesias a été remarquable ces dernières semaines, mais ce n’est pas tellement une surprise. Cela reflète en fin de compte les processus à l’œuvre dans la lutte des classes ainsi que son impact sur une formation instable telle que Podemos. Iglesias a accepté pendant longtemps la stratégie de démobilisation. Il suffit de se remémorer ce qu’il avait déclaré à la suite des élections du 26 juin. Il avait alors souligné que le travail parlementaire devait être l’axe central de la stratégie de Podemos. Il a largement été prouvé que cette ligne ne favorise que la droite, à l’intérieur et à l’extérieur de Podemos.

    En refusant de défier les politiques du PP dans la rue, Podemos s’est affaibli et, par conséquent, Iglesias également. Cela a renforcé Iñigo Errejón, qui a été plus qu’heureux de diriger le tournant vers la “modération” social-démocrate. Il serait plus heureux encore de remplacer Iglesias à la direction. Voilà d’où provient le changement de ton opéré par Iglesias, sa remise en cause du «confort» du parlementarisme, son appel à un retour vers la lutte de la rue et le repositionnement de l’axe d’action de Podemos vers la défense d’une grève générale et vers une certaine autocritique de son attitude récente. Ce discours est une illustration de l’énorme pression exercée par les masses et de la peur du développement de l’aile droite de Podemos. Ce déclarations encouragent parallèlement la mobilisation sociale et mettent en évidence les énormes difficultés auxquelles Rajoy devra s’adapter.

    La tâche principale à l’heure actuelle est d’orienter l’action de la gauche vers la mobilisation et la lutte. La grève générale des étudiants et de l’éducation du 26 octobre dernier, organisée par le Sindicato de Estudiantes, dans laquelle les marxistes d’Izquierda Revolucionaria ont joué un rôle très actif, a été un événement décisif. Plus de 2 millions d’étudiants ont participé à la grève et 200.000 d’entre eux ont rempli les rues avec plus de 70 manifestations. Cela montre quelle est l’atmosphère parmi les masses, quelle est leur volonté de lutter et de combattre. Il s’agissait de la plus grande mobilisation depuis des années, en particulier depuis les Marches pour la dignité du 22 mars 2014. Cela illustre de quelle façon la situation évolue. Trois jours plus tard, la manifestation au Congrès a réuni 100.000 personnes dans les rues de Madrid. Cela prouve la nécessité de davantage développer le mouvement de masse.

    L’expérience de ces dernières années a eu un impact sur la conscience de millions de personnes. Le PP et les comploteurs du PSOE n’ont pas assez de crédibilité pour nous obliger à avaler une autre série d’attaques contre nos niveaux de vie. Leur marge de manoeuvre a été considérablement réduite, tout comme la marge de manoeuvre que la politique de paix sociale de l’UGT et de la CCOO leur fournit. Unidos Podemos a une chance historique d’émerger comme force dominante à gauche dans la prochaine période. Mais ces possibilités n’existent pas, elles doivent être saisies, comme le sait bien Pablo Iglesias.

    Si Unidos Podemos prend le chemin de la lutte, la situation pourrait rapidement se transformer en faveur des opprimés. Cependant, il ne suffit pas de faire des appels abstraits à la Déclaration des droits de l’homme, ni à la «démocratie» (capitaliste), ni gouverner les grandes villes dans les limites du système tout en frustrant les espoirs de millions de personnes. Unidos Podemos devrait également faire un virage vers la gauche dans le programme, en défendant un programme socialiste capable de faire face à la crise capitaliste.

    Cela exige la nationalisation des secteurs stratégiques de l’économie (y compris les banques), la défense de la santé publique et de l’éducation, le droit à la retraite à 60 ans, la fin du travail précaire, l’interdiction des expulsions, la défense des droits démocratiques et le droit à l’autodétermination du Pays Basque, de la Catalogne et de la Galice. Ce programme transformerait complètement le paysage politique.

    La lutte de classe en Espagne est entrée dans une nouvelle phase, beaucoup plus turbulente que la précédente. La crise du PSOE et de Podemos, l’illégitimité du nouveau gouvernement et la frustration des espoirs électoraux des masses sont une grande école politique pour la classe ouvrière. Cette école et les grands événements à venir, tant en Espagne qu’à l’étranger, offriront d’énormes opportunités pour construire une organisation forte armée d’idées marxistes.

  • [INTERVIEW] Espagne: un pays et une social-démocratie en crise

    GRA138. MADRID, 01/08/2014.- El secretario general del PSOE, Pedro Sánchez, ha comparecido hoy en rueda de prensa para hacer una revisión de la gestión del Ejecutivo en los primeros seis meses del año, en el que es su primer balance como líder de la oposición. EFE/Paco Campos

    Interview de Viki Lara de Socialismo Revolucionario

    La social-démocratie espagnole (PSOE) est plongée dans la crise. Les défaites électorales se sont succédées depuis 2011, une chute abyssale qui s’explique par le rejet de son soutien à l’austérité et aux réformes constitutionnelles au bénéfice des banques et de l’élite capitaliste. Début octobre, lors du Comité fédéral du PSOE, cette crise a éclaté aux yeux de tous. Son secrétaire général, Pedro Sanchez, a été forcé de démissionner suite à une manœuvre préméditée par plusieurs dirigeants régionaux et des figures historiques du PSOE.

    Propos recueillis par Marissa (Bruxelles)

    Quels sont les motifs de cette lutte interne?

    Le cycle de luttes et de mouvements sociaux que nous avons connu entre 2011 et 2014 s’est traduit par une crise du système des deux partis (PP et PSOE) et par un blocage institutionnel. Cela fait déjà plus de 300 jours que le gouvernement n’est pas formé. Au final, la décision de convoquer de troisièmes élections ou de faciliter l’arrivée d’un gouvernement minoritaire du PP (droite officielle) se trouvait dans les mains du PSOE. Le parti était divisé. Le coup d’Etat interne qui a forcé la démission de Pedro Sanchez a mis en évidence qu’une partie de la direction est prête à sacrifier sa propre organisation pour assurer la ‘‘stabilité’’, c’est-à-dire, la poursuite de la politique d’austérité budgétaire imposée par l’UE.

    Quel sentiment vit à la base du parti?

    Une couche importante de la base est issue de la classe ouvrière, en dépit de la bourgeoisification du parti. Elle rejette majoritairement les politiques du PP et désire un changement de gouvernement. Des mouvements ont eu lieu parmi la base avec des assemblées locales, des lettres ouvertes, etc. Une pétition pour la tenue d’un congrès exceptionnel du parti et de nouvelles primaires, pour confirmer Sanchez comme président, a recueilli plus de 80.000 signatures de militants. Mais il n’y a pas eu de vote au niveau fédéral jusqu’à présent.

    Peut-on comparer Pedro Sanchez à Jeremy Corbyn?

    Une partie de la direction ressent la pression de la base contre un nouveau gouvernement Rajoy. Pedro Sanchez reflète également l’attitude d’une partie de la direction, la plus consciente du danger de la pasokisation, en référence au parti social-démocrate grec, le Pasok, qui a été balayé du paysage politique pour avoir soutenu un gouvernement de droite. Mais Sanchez a très rapidement accepté sa chute. Plutôt que d’assister à une bataille interne, comme c’est le cas avec la campagne de soutien à Jeremy Corbyn dans le Parti travailliste britannique, il y a une mise en scène des contradictions internes du PSOE et de sa décomposition. Autre différence majeure avec le Royaume-Uni : les nouvelles formations politiques comme Unidos Podemos ont capté la moitié de l’électorat socialiste.

    Dernièrement, Pablo Iglesias (Podemos) a adopté un virage à gauche dans son discours. Qu’est-ce qui explique ce changement?

    Les dernières élections n’ont pas livré un résultat correspondant aux attentes. La gauche anti-austérité n’est pas parvenue à dépasser le PSOE et le PP était de nouveau le plus grand parti. Cela ne signifie toutefois aucunement que la société adopte un virage à droite. Les courants de colère sont profonds sous la surface. Une bataille politique prend également place au sein de Podemos. Le groupe représenté par le leader Pablo Iglesias estime que l’image de transversalité et de modération de la dernière campagne électorale n’est pas la voie à suivre. Récemment, Pablo Iglesias a souligné la nécessité d’une grève générale si le PP arrive au pouvoir. Il propose de la soutenir et d’aider à la préparer avec le parti, ce qu’il n’a jamais défendu précédemment. Ce développement est très positif. Il reflète la pression de la base de Podemos pour reconstruire la mobilisation dans la rue. Ce changement de de rhétorique est très intéressant, mais le facteur déterminant pour que ce changement n’en reste pas au stade de paroles, c’est l’ampleur de la lutte des travailleurs et des mouvements sociaux.

  • Turquie. Arrestation de dirigeants du Parti démocratique des peuples (HDP)

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    Appel urgent à la solidarité pour leur libération immédiate

    Dans la nuit du 3 novembre, les habitations de plusieurs dirigeants et députés du parti de gauche pro-kurde HDP (Parti démocratique des peuples) ont été attaquées par la police turque. Les deux coprésidents du parti, Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, ainsi qu’au moins neuf députés ont été arrêtés et placés en détention.

    Par Sosyalist Alternatif (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat turc)

    Le siège du parti à Ankara a également été violemment attaqué. Ces raids ont eu lieu au milieu de la nuit en combinaison du blocage des médias sociaux, une méthode habituelle de l’État pour empêcher les réactions de colère de se propager.

    Cela fait suite à la mise aux arrêts des deux co-maires HDP de la ville kurde de Diyarbakir dimanche dernier. Au cours de ces derniers mois, les maires kurdes démocratiquement élus ont été arbitrairement démis de leurs fonctions par le gouvernement et remplacés par des administrateurs nommés agissant conformément à la volonté du gouvernement central. Tout ceci se passe sous le couvert de la lutte contre le ‘‘terrorisme’’, un prétexte utilisé à la discrétion du régime pour faire taire toute voix d’opposition.

    Ces nouvelles arrestations, ciblant des personnalités influentes du HDP et du mouvement kurde représentent toutefois un précédent inédit. Cela marque une nouvelle étape dans la répression qui a lieu en Turquie contre tout ce qui se trouve en travers du chemin du président Erdogan et de son parti au pouvoir, l’AKP, dans leur volonté de renforcer leur emprise sur le pouvoir.

    Le HDP est dans la ligne de mire car il s’agit de la principale force d’opposition du pays qui ne s’est pas alignée sur le soi-disant ‘‘consensus national’’ qui a fait suite à la tentative de coup d’Etat militaire du 15 juillet dernier. Le HDP est perçu par Erdogan comme le principal obstacle politique sur la voie de la sécurisation des conditions nécessaires à l’instauration d’une dictature présidentielle.

    Après la tentative de coup d’État de cet été, un important contre-coup a eu lieu. Les attaques contre les droits démocratiques se sont intensifiées. Toutes les authentiques voix d’opposition sont ciblées : des universitaires, des journalistes et des militants politiques ont été arrêtés, des milliers de fonctionnaires ont perdu leur emploi et des médias critiques ont été arbitrairement fermés. Lundi dernier, le rédacteur en chef et plusieurs membres du personnel de ‘‘Cumhuriyet’’, l’un des principaux journaux d’opposition turcs, ont été arrêtés.

    Parallèlement, la guerre prend de nouvelles proportions pour améliorer le prestige et les ambitions régionales d’Erdogan. Cela augmente le risque d’effusions de sang et d’insécurité pour tous les habitants de la Turquie, du Kurdistan et de la région en général.

    Sosyalist Alternatif et l’ensemble des sections du Comité pour une Internationale Ouvrière condamnent ces nouvelles arrestations et exigent la libération immédiate de tous les représentants du HDP. Nous soutenons la mobilisation et les protestations populaires de masse et nous ne tomberons pas dans le piège de répondre aux provocations de l’État par des actions individuelles de violence. Une explosion de voiture a eu lieu ce matin à Diyarbakir, peut-être en réponse aux arrestations, tuant au moins huit personnes. Ce genre de réaction contre-productive ne fera que faciliter les visées de répression et de division du régime. Ces actes minent la construction d’un mouvement efficace d’opposition unitaire contre le régime d’Erdogan.

    Plus que jamais, ce qui est nécessaire, c’est l’unité et la solidarité des travailleurs contre la répression, la terreur et la guerre. Le mouvement ouvrier et étudiant ainsi que le reste de la gauche, des deux côtés de la fracture ethnique, doivent se réunir et discuter d’une riposte urgente face à l’assaut de l’Etat turc. Des manifestations de masse et des grèves devraient être organisées à travers le pays, assistées par des actions de solidarité internationale, afin de développer une lutte soutenue capable de défier les politiques d’Erdogan.

    • Libération immédiate de tous les dirigeants et élus du HDP
    • Restitution de leurs postes aux maires destitués démocratiquement élus
    • Fin de l’état d’urgence et de toutes les persécutions contre les voix dissidentes
    • Droits démocratiques pleins et entiers, parmi lesquels celui de s’organiser et de protester
    • Liberté d’expression et de presse
    • Non aux guerres et aux occupations, que les soldats reviennent chez eux
    • Pour des actions de protestation unitaires en Turquie et internationalement, comme point de départ d’une riposte contre le règne d’Erdogan
    • A bas Erdogan et le régime capitaliste de l’AKP

    Envoyez des lettres de protestation au Ministère turc de la Justice à : info@adalet.gov.tr, avec des copies à cwi@worldsoc.co.uk

  • Deux députés irlandais du Socialist Party réagissent à l'élection de Donald Trump

    Ruth Coppinger et Mick Barry ont pris la parole au Parlement irlandais au sujet de l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Vous trouverez les vidéos de ces interventions (en anglais) ci-dessous. Ruth et Mick sont membres du Socialist Party (section irlandaise du Socialist Party) et de l'Anti Austerity Alliance (une organisation politique plus large à l'intérieur de laquelle travaille le Socialist Party).

  • France. Ni PS, ni droite, ni FN ! Pour une force politique de masse contre le capitalisme

    manif_france

    Ces derniers mois, les milliers de luttes et de mobilisation, et centralement la lutte contre la loi La lutte contre la loi El Khomri, avec ses millions de manifestants et de grévistes, sa participation massive des lycéens et des étudiants, son immense soutien dans l’opinion… montre la colère profonde que la grande majorité ressent contre cette société folle et injuste.

    Tract édité par la Gauche Révolutionnaire (CIO-France) pour la Convention de la France insoumise (candidature de Mélenchon 2017) à Lille les 15 et 16 octobre 2016

    Elle démontre qu’une grande majorité de la population ne veut plus continuer comme cela. C’est une colère qui se transforme peu à peu en révolte contre les politiques de Valls-Hollande mais également contre tout ce système. Il manque une véritable force politique de masse pour lutter contre le capitalisme et enfin changer cette société.

    PS, LR, FN, mercenaires des capitalistes

    Aujourd’hui, encore plus avec la loi « travail » (et les lois Macron, les plans de cadeaux par milliards aux grandes entreprises tel le CICE) c’est la dictature patronale renforcée, la sur-exploitation, le chantage à l’emploi, le harcèlement dans les entreprises et les services (combien de suicides et de tentatives de suicide de La Poste à Renault en passant par les Universités ou la Santé ?), de dégradation des conditions de travail, de salaires gelés, de privatisations, de plans de licenciements…

    L’unique objectif de leurs politiques, c’est d’assurer le maintien des bénéfices pour les multinationales et les grandes entreprises, et les milliards de dividendes pour les actionnaires. Cyniquement, alors que sous sa présidence, il y a eu au moins 1,2 millions de chômeurs en plus, Hollande prétend que la « France va mieux » et la droite promet de faire encore pire tout en agitant sans cesse le clivage raciste, jouant sur le même terrain que le FN.

    Toute l’horreur devient « normale » : la précarité est devenue normale, les suicides au travail un fait divers, les migrants qui meurent pour fuir la misère et la guerre n’émeuvent plus ni les journalistes ni les politiciens. L’horreur et l’injustice de cette société qui fabrique la misère alors que les riches n’ont jamais été aussi riches, voilà ce qui nous révolte par millions, voilà pourquoi aujourd’hui il faut se battre non seulement contre les attaques de tous ces valets du capitalisme mais aussi pour changer la société.

    Mais nous avons relevé la tête, nous nous sommes unis contre cette politique, nous avons déclenché des centaines de grèves : raffineries, Ports, Propreté, SNCF, RATP, Amazon, personnels communaux, employé(e)s des cantines scolaires et des crèches… Beaucoup de ces grèves sont victorieuses. Durant les luttes du printemps, nous avons également montré que le débat politique n’est pas la propriété des politiciens, qu’il est dans la rue et dans la lutte, et que son objectif doit être de combattre le capitalisme et de ne plus accepter cette course folle imposée par la dictature du profit et de l’exploitation. Il aurait fallu que Mélenchon soit plus présent, qu’il serve de point d’appui à l’extension de la lutte et à l’appel à la grève générale qui était indispensable pour battre la contre révolution sociale qu’est la loi « travail ».

    Transformer cette révolte en force politique

    Il manque aujourd’hui une véritable opposition politique à tous ceux qui servent le capitalisme : PS et ses alliés, droite, FN… Que certains veuillent encore discuter avec le PS dans le cadre de « primaires », voire pour négocier les législatives de juin 2017, ou trouver un candidat type Montebourg qui a tant accompagné la politique de Hollande, ce n’est pas acceptable. Nous n’avons rien à voir avec ce parti qui est dans le camp de la classe capitaliste. Et les élections ne sont utiles que si nous présentons des candidats issus des luttes et à leur service, s’en faisant l’écho et défendant les revendications des travailleurs et des couches populaires.

    Nous pensons que Mélenchon a eu raison de refuser la « primaire », tout comme il a raison de se placer en opposition directe au gouvernement. Mais ce qu’attendent également des millions de personne d’une telle candidature, c’est qu’elle soit dès maintenant un point d’appui, une force politique, pour s’opposer à tous les partis qui ne promettent que des sales coups contre la grande majorité de la population. Ce n’est pas seulement l’élection présidentielle qui importe, mais redonner confiance à des millions de personnes dans leur possibilité de s’organiser tous ensemble pour réellement changer cette société.

    Les campagnes autour de candidats comme Bernie Sanders aux USA, ou récemment celle pour soutenir Jeremy Corbyn dans la lutte contre l’aile capitaliste du Labour en Grande Bretagne, montrent ce n’est pas qu’en France : des millions de personnes partout dans le monde cherchent une voie pour construire une organisation de masse pour défendre leurs intérêts et leurs aspirations.

    Rendre plus claires certaines propositions

    Nous ne partageons pas par exemple, qu’il dise que l’objectif n’est pas de « nationaliser l’économie ». Au contraire, la vraie puissance, ce sont les multinationales qui l’auront tant qu’elles sont la propriété d’une poignée de super riches et de groupes d’actionnaires. Il n’y aura pas de vraie démocratie tant que tous les jours, des millions de travailleurs et travailleuses devront se vendre pour un patron qui amassera des millions sur leur dos. Et il n’y aura pas non plus d’agriculture et d’industrie respectueuses de l’environnement, tant que régnera la loi du profit.

    Défendre les revendications de hausse des salaires, d’amélioration des conditions de travail, mais également de mise en propriété publique des principaux secteurs de l’économie, à commencer par le secteur financier (banques, assurances etc.) en monopole public, sous la gestion démocratique des travailleurs et de la population,… tout ceci est indispensable aujourd’hui. Tout comme dire haut et fort qu’on refuse le racisme, le sexisme, l’islamophobie, et toutes les discriminations, et que nous voulons construire un monde ouvert et tolérant. C’est en avançant vers une société réellement démocratique et fraternelle, vers le socialisme authentique, que nous pouvons en finir avec cette société de haine et de misère.

    Pour un véritable outil de masse pour discuter d’un tel programme, démocratiquement et collectivement, pour redonner une voix politique aux 90% de la population qui n’en peuvent plus de la dictature des grands patrons, des super riches et des actionnaires, et des politiciens et médias à leur service. C’est la construction d’un outil de masse et de lutte contre le capitalisme, un parti démocratique des travailleurs et des jeunes, qui doit être discussion.

    C’est que nous défendons, viens en discuter avec nous !

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