Blog

  • Actions locales contre le chômage

    Dans le cadre de la mobilisation pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi, diverses actions et activités locales ont été organisées pour rendre la campagne concrète. Ainsi, le 11 février, il y a eu une action commune de Blokbuster, KAJ (la JOC flamande), les jeunes de la CSC et de la FGTB, où une quarantaine de jeunes ont manifesté à travers Turnhout.

    Ils sont passés par un bureau d’intérims, un lycée, l’ONEM et une crèche pour mettre en avant à chaque arrêt une des revendications de façon ludique. Ainsi, devant l’ONEm, on a proposé à la direction de trouver une épingle dans une botte de foin pour symboliser les difficultés d’un jeune chômeur.

    Début février, à Lokeren, ces quatres organisations ont mené une campagne publique devant les bureaux de pointage. Par terre, on avait écrit en lettres grasses : «Tu en as marre aussi? D’être jeune et au chômage? Alors viens à la Marche Jeune pour l’Emploi, le 19 mars à Bruxelles!». Une centaine de chômeurs se sont inscrits pour y aller.

    Ailleurs aussi, on a reçu de bonnes réactions aux bureaux de pointage. A Anvers on a vendu 55 journaux début février. A Liège on a participé à une manifestation de la campagne «Stop chasse aux chômeurs!», où 300 personnes sont descendues dans la rue.

    Si dans ta région, des activités sont organisées, envoie-nous un petit rapport !

  • Le gouvernement sauvé par les directions syndicales

    Le fait que le gouvernement fédéral ait pu imposer l’accord interprofessionnel sans trop de résistance lui enlève une grosse écharde du pied. Mais à présent vient le lourd dossier de la problématique des fins de carrière, les négociations dans les secteurs et évidemment le non-marchand qui continue à agir et à mobiliser pour obtenir ses revendications.

    Bart Vandersteene

    Le gouvernement n’est pas vraiment en bonne santé. Dans tous les sondages, les partis gouvernementaux reculent. Un avenir stable et durable est loin de leur être assuré…Mais pas de soucis, c’est dans le besoin qu’on reconnaît ses amis : la direction syndicale a sorti le grand jeu pour faire passer l’accord interprofessionnel et a ainsi pu dépanner le gouvernement.

    Verhofstadt n’avait pas encore fini sa conférence de presse -où il annonçait que le gouvernement allait appliquer intégralement l’accord interprofessionnel- que le patronat, avec le soutien de quelques ministres, annonçait déjà ses nouvelles attaques.

    Vande Lanotte a présenté un nouveau plan en douze points pour “impulser une nouvelle dynamique à l’Etat-social actif”. Enseignement, formation des travailleurs et transports publics, tels sont les thèmes à l’agenda du gouvernement pour la période à venir. L’essentiel de ce plan, c’est la “modernisation de la législation du travail”, à travers de nouvelles règles sur le travail intérimaire et la résorption du “handicap salarial” avec les pays voisins. Les salaires doivent donc baisser, les travailleurs être encore plus flexibles et leur sécurité revue à la baisse.

    La Fédération des Constructeurs d’Automobiles en Belgique a annonçé que, si les salaires dans le secteur ne baissaient pas de 10 à 12%, l’emploi, après 2010, ne pourra pas être garanti. Et ce malgré les profits monstrueux dans ce secteur en 2004: 3,55 milliards d’euros pour Renault, 716 millions pour Volkswagen. Les patrons veulent faire croire aux travailleurs que rien ne va plus. Pourtant, les entreprises américaines font leurs plus gros profits depuis 75 ans, tandis que les entreprises européennes réalisent les plus beaux chiffres depuis 25 ans. Les patrons et le gouvernement, ministres sociaux-démocrates en tête, chantent et rechantent sans cesse les mêmes refrains. La sécurité sociale: trop chère ; les salaires: trop hauts. On doit tous travailler plus et plus longtemps, etc. Il partent de l’idée que si on répète un mensonge 1000 fois et qu’il n’y a personne pour le contredire, la population va finir par l’avaler.

    On a besoin d’une représentation syndicale qui brise ces mensonges à chaque fois qu’ils montrent leur tête. Une représentation syndicale qui ne fonctionne pas dans la logique néolibérale et qui défende de façon résolue les intérêts des travailleurs. Une nouvelle génération de jeunes, avec le soutien de syndicalistes combatifs, va devoir se battre pour cela. Utilisons la Marche des Jeunes pour l’Emploi comme un premier pas dans cette direction.

  • Répression contre des activistes étudiants en Israël. Appel urgent à la solidarité.

    Des membres de Maavak Socialisti (notre organisation soeur en Israël) et d’autres étudiants de l’ Université de Jérusalem sont confrontés à une énorme répression parce qu’ils veulent participer aux élections pour la direction du syndicat étudiant.

    Les services de sécurité de l’université se sont chargés d’ empêcher qu’ un nombre de nos meetings n’aient lieu, nos tracts ont été confisqués et toutes les affiches ont été arrachées. Dans la pratique, cela signifie que seules les organisations étudiantes des partis du gouvernement peuvent avoir une activité politique à l’ Université.

    La liste "front social des étudiants" comprend des étudiants israéliens et palestiniens qui s’opposent à la direction droitière actuelle du syndicat étudiant. Un membre qui travaille sur le campus, dans un job etudiant a été licencié et ils ont refusé à un étudiant palestinien de la liste d’obtenir du temps supplémentaire pour son étude d’une deuxième langue, l’hébreu.

    Ceci est clairement une attaque sur le droit de s’organiser et également une manière pour intimider des étudiants palestiniens et d’ autres afin de les empêcher d’ être politiquement actifs contre la direction actuelle

    La campagne de nos camarades, avec laquelle ils mettent en avant la question du salaire des dirigeants actuels du syndicat, constitue apparemment une menace pour la manière dont la direction veut organiser le syndicat étudiant. La campagne reçoit une très bonne réaction sur le campus et jouit du soutien massif des étudiants.

    Nous appelons donc à protester contre la répression et pour le droit des étudiants de s’organiser . Envoyez des mails de protestation (anglophone) au recteur de l’ Université de Jérusalem : hannah@cc.huji.ac.il. Envoyez nous aussi une copie (via info@socialisme.be) pour que nous puissions avoir, sur le plan international, une vue globale.

  • Région de Bruxelles-Capitale. Tarification trouble de l’eau potable

    L’Intercommunale bruxelloise des Eaux (IBDE) qui distribue l’eau potable dans l’agglomération bruxelloise a instauré depuis le 1er janvier 2005 un nouveau tarif,appelé «tarif solidaire». Il est tout sauf clair. Plus la consommation annuelle augmente, plus le prix au m3 augmente : 0,80 euro le m3 pour les 15 premiers m3 ; 1,39 euro le m3 pour les 15 suivants; 2,06 euro le m3 pour les 30 suivants et 3,06 euros au-delà. A première vue, cela semble juste : plus on consomme plus on paie, et le tarif progressif incite l’habitant à ne pas gaspiller l’eau.

    Mais les familles nombreuses consomment forcément plus (douches, lessives, vaisselles,…). Paieront-elles le m3 moyen consommé plus cher que le petit consommateur (isolé, couple sans enfants) ? «Non», répond l’IBDE, «nous pondérons cela par le nombre de personnes du ménage, selon le registre national». Oui, mais le registre national ne reflète pas toujours la situation exacte. Un étudiant qui kote à Bruxelles reste souvent domicilié chez ses parents. Comment se fait la pondération quand la composition du ménage change en cours d’année ?

    Mais il y a plus. En principe il y a un compteur par ménage. A Bruxelles il y a peu de maisons individuelles et la plupart des logements sont des immeubles à appartements. Or, la moitié seulement des logements à Bruxelles disposent de leur compteur d’eau individuel. Dans beaucoup d’immeubles, surtout les vieux immeubles des quartiers pauvres, il n’y a qu’un compteur pour tout le bâtiment. En général le propriétaire répartit les consommations d’eau entre locataires.Pour ces logements, la facturation sera encore plus opaque car la population de l’immeuble change souvent.

    Evelyne Huytebroeck, ministre (Ecolo) de la politique de l’Eau dans le gouvernement de la Région Bruxelles-capitale n’avait bien évidemment pas pensé à cela en instaurant la tarification «solidaire». On reconnaît encore bien là la patte des Ecolos: essayer de protéger l’environnement à coup de taxes sans trop se préoccuper de savoir sur qui elles tombent.

  • 8 MARS: JOURNEE INTERNATIONALE DES FEMMES. Sans emploi? Mal payé? Insécurité de travail? hyperflexibilité?Les femmes veulent un vrai emploi,pas de petits boulots ou de status précaires!

    8 MARS: JOURNEE INTERNATIONALE DES FEMMES

    Aujourd’hui, il est annoncé triomphalement que la lutte pour les droits des femmes est derrière nous. Des « féministes » nous disent que la dernière étape à franchir, c’est d’atteindre les fonctions supérieures. Le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS-LSP) pense que ce n’est qu’ une illusion . Sur bien des terrains, les femmes font face à des conditions pires qu’ il y a, par exemple, 20 ans. Pour beaucoup de femmes, la pauvreté, le chômage, la pénurie de logement, la violence conjugale, … ne sont pas un passé lointain, mais une réalité amère.

    ON VEUT DES SALAIRES PAS DE L’ARGENT DE POCHE!

    Le travail intérimaire, le travail à temps partiel, les chèques-service, les ALE, et toute sorte de boulots précaires,… toutes des conditions où la majorité des travailleurs sont des femmes. Souvent, ces emplois combinent les pires conditions de travail avec des salaires abominables. Dans la plupart des cas, ces emplois ne garantissent pas de sécurité de vie, ni une indépendance financière. Celles qui travaillent souffrent de stress, tandis que beaucoup ne trouvent pas d’emplois. La recherche d’un vrai boulot ne va pas de soi en ce moment. Si les chèques-service étaient transformés en véritables emplois, on pourrait créer de 4.500 à 5.000 vrais emplois. Mais en ce moment, la situation va dans l’autre sens.

    On peut bien travailler à temps partiel et avoir un salaire partiel – souvent on n’a pas le choix – mais évidemment on ne peut pas payer le loyer partiellement, ou donner partiellement à manger à ses enfants. Or, 41% de travailleuses ont de tel contrats. En 1966 les travailleuses de la FN ont fait grève et ont manifesté pour la revendication «à travail égal, salaire égal». Leur lutte est toujours d’actualité. En moyenne, les femmes gagnent encore 72% des salaires masculins. En partie parce qu’elles travaillent dans les secteurs sous-payés mais aussi parce qu’elles reçoivent moins de salaire pour le même travail. Cette situation s’explique par le fait que les femmes s’occupent de la majorité du travail ménager, non-rémunéré. Dans ces conditions, rares sont les femmes effectuant des heures supplémentaires ou du travail en équipe pour augmenter le salaire de base. Or aujourd’hui, il s’agit d’une condition primordiale pour obtenir ou conserver un meilleur salaire.

    >> NOUS REVENDIQUONS!

    > une hausse des allocations minimales vers 1000 euros

    > une hausse du salaire minimal vers 1250 euros

    > une reduction massive de la flexibilité qui soit determiné par la société non par les patrons

    > conversion de tous les status précaires, chèques-service, travail à temps partiel en emploi fixes à temps plein

    > 32h/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires

    ON VEUT AUSSI VIVRE AVEC NOS ENFANTS. STOP A L’HYPERFLEXIBILITE!

    La plupart des salariés ont le sentiment de devoir perpétuellement courir dans tous les sens. Les hommes parce qu’ils travaillent souvent à temps complet et parce qu’ils font souvent des heures supplémentaires, les femmes parce qu’elles portent encore régulièrement la responsabilité des tâches ménagères à côté de leur boulot. De plus, avec les enfants, il ne reste pas beaucoup de temps libre.

    Ces 20 dernières années la fléxibilité a énormément cru. Les heures supplémentaires sont devenues une affaire quotidienne et les horaires décalés, monnaie courante, sans parler du manque d’emploi. Tout cela au seul bénéfice du patronat qui nous rend la vie dure. Les femmes avec enfants, surtout quand elles vivent seules, ne peuvent pas remplir toutes ces conditions.

    Il y a pénurie de crèches et de garderie à prix démocratique, et si on se trouvait dans une situation contraire, le patronat utiliserait cela pour nous faire travailler selon des horaires encore plus pénibles.

    >> NOUS REVENDIQUONS!

    > la création des services publics qui autant que possible, reprennent les tâches ménagères.

    > un accueil d’enfant décent et gratuit.

    > la fin à l’hyperflexibilité et la réintroduction d’une journée de travail normal pour chacun.

    ON VEUT PAS DES INTIMIDATIONS SEXUELS. BAS-TOI CONTRE LE SEXISME!

    Le chef macho qui crache des remarques déplacées et qui pince les fesses n’est pas seulement un cliché, c’est malheureusement une réalité. En générale, les femmes n’osent pas réagir face aux harcèlements sexuels de peur de perdre leurs emplois et acceptent donc cette situation. Souvent, le comportement du chef crée une mentalité sur le lieu de travail, à laquelle participent les collègues. «Ce n’est quand même pas grave» disent beaucoup. Si c’est grave! Cela mine la confiance en soi et fait que beaucoup ne partent pas volontiers au boulot. De telles attitudes rendent encore plus difficile la possibilité pour les femmes d’être prises au sérieux.

    POURQOI LES FEMMES DEVRONT MOBILISER POUR LA MARCHE DES JEUNES POUR L’EMPLOI

    POUR UN AVENIR….IL FAUDRA LUTTER!

    La vraie solution de ce problème se situe dans une approche collective, au lieu de chercher des solutions individuelles. Dans la lutte contre le chômage, contre les bas salaires et les mauvaises conditions de travail nous devons aussi avancer la nécessité de lutter contre le sexisme et de convaincre nos collègues masculins qu’ils n’ont aucun intérêt à participer à la discrimination de la femme. Le seul qui en profite, c’est le patron, qui s’en sert afin de ‘diviser pour régner’.

    Les bas salaires et les mauvaises conditions de travail qui sont imposées aux femmes (ainsi que aux jeunes et aux immigrés) mettent sous pression les conditions de travail de tout le monde. Au sein de cette lutte, les syndicats ont un rôle important à jouer.

    LA LUTTE POUR LE DROITS FEMMES… EST-ELLE REVOLU?

    Leen (23) Turnhout: Dans les agences d’intérim ils disent qu’il n’y a du travail que pour les hommes. Des chômeuses qui doivent faire appel à une garderie ne peuvent travailler que pendant la journée, ne peuvent pas faire les équipes,… Au un contrôle d’ONEM, La femme qui m’a fait passer l’entretien a dit que je ne devais absolument pas répéter qu’il m’est difficile de trouver un emploi parce que je dois trouver d’abord une garderie. Elle m’a dit que normalement elle était censée noter cette remarque comme appréciation négative ! A l’ONEM, ils s’attendent à ce que tout le monde ait automatiquement une solution de garde pour les enfants alors qu’il y a un manque énorme de garderies. Ce n’est pas de ma faute si je suis au chômage! J’ ai fais connaisance avec le MAS, et maintenant j’organise le comité chômeur lokale.

    Les femmes immigrées: triplement opprimées!

    Les médias semblent nous faire croire que les femmes immigrées figurent parmi les seules femmes à encore être discriminées. La principale cause seraient due à leur culture ou à leur religion. Nous ne partageons pas cet avis. Les femmes peuvent être encore opprimées et discriminées parce qu’elles ne sont pas capables d’atteindre une indépendance financière à cause de leur mauvaise situation sur le marché du travail. Être indépendante, signifie, tant pour une femme immigrée que pour une femme belge, frôler le seuil de pauvreté. Nous sommes pour la liberté de culte et le droit de porter le foulard quand cela découle de leur propre choix. Bien évidemment, le MAS s’oppose aux mariages forcés (ce qui, par opposition à ce que les journaux en Belgique veulent faire croire, ne se passe que dans une minorité de cas), aux codes vestimentaires, etc. Mais la véritable liberté pour les femmes immigrées, tant que pour les femmes belges, se situe dans la lutte pour l’indépendance financière. Ce n’est que dans ce cas qu’ elles détiennent la capacité de faire leurs propres choix. Ici, les femmes immigrées doivent pouvoir compter sur notre solidarité: le droit aux logements sociaux adéquats, des investissements dans des maisons de refuge, un accueil décent et gratuit pour les enfants,… devraient être des services sociaux pour toutes les femmes.

    VERS UN MARCHE DES JEUNES POUR L’EMPLOI, UN ENSEIGNEMENT GRATUITE ET L’EGALITE

    Le MAS-LSP a pris l’initiative de proposer aux organisations de jeunesse des syndicats d’organiser une nouvelle marche des jeunes pour l’emploi. Avec cette initiative, nous avons voulu dénoncer la politique actuelle de démolition sociale et offrir un instrument de lutte aux divers groupes de jeunes et de travailleurs. Car les femmes ont toujours une position plus faible sur le marché du travail, qui les rend en moyenne plus pauvres et plus dépendantes que les hommes. A Bruxelles, une femme sur cinq en-dessous de 25 ans est à la recherche d’un emploi depuis deux ans. Sur base nationale, 15,7 % des femmes sont au chômage par rapport à 10,6 % d’hommes. En Wallonie, il s’agit de presque 22 % de femmes!A Bruxelles, seul une femme sous-qualifiée sur cinqa du travail! Entre-temps, presque 1/3 des travailleuses dans la région bruxelloise travaille dans le non-marchand. Nous avons donc tous et toutes intérêts à appuyer leur revendication syndicale des 25 mille embauches supplémentaires dans le non-marchand. Et avec la conversion des chèques-services vers des emplois décents et bien rémunérés, cinq mille personnes, surtout des femmes, pourraient sortir du chômage. Travailleuses et chômeuses ont donc toutes intérêt à défendre massivement leurs droits et à construire avec nous cette nouvelle Marche Jeunes pour l’Emploi, l’Egalité et l’Enseignement Gratuit. Aidez-nous à construire cette campagne, en contribuant à la mise-sur-pied d’un comité de mobilisation sur votre lieu de travail, lycée, quartier, près du bureau de pointage,…!

  • Soutenons les verriers de Splintex (AGC Fleurus)

    Suite à une rencontre avec des travailleurs de Splintex (AGC Fleurus), le 22 février 2005, un Comité de Soutien à la lutte des ces travailleurs verriers s’est constitué à Bruxelles. Ces verriers, en grève depuis le 2 décembre 2004, luttent contre l’exclusion et le chômage de 284 travailleurs que le patron veut remplacer par des intérimaires.

    Ils sont confrontés à un patronat agressif qui utilise les grands moyens de répression contre le monde du travail, en faisant appel à la police, aux tribunaux et aux astreintes (7.000 euros par personne!) pour casser le droit de grève et empêcher les verriers de défendre leur emploi. La presse, la radio, la TV mènent campagne contre ces travailleurs pour les isoler de la population et les diviser entre-eux.

    Nous appelons tous les travailleurs, la population, les militants syndicaux et progressistes à se mobiliser pour soutenir et populariser la lutte des verriers de Splintex (AGC Fleurus), et à renforcer le Comité de Soutien.

    Comment soutenir?

    En rendant visite au piquet de grève.

    En versant un soutien financier au compte 001-4518516-41 avec la mention «Soutien aux verriers en lutte».

    Le Comité bruxellois de Soutien

    José Arango Menendez, Francine Dekoninck, Jean Flinker, Silvio Marra, Elisabeth Peeters, Ataulfo Riera, Nadine Rosa Rosso, Thierry Roucloux, Stef Salien, Fabienne Scandella, Jan Talpe, Françoise Thirionet, Jean Van Hees, Griet Van Meulder, Jean-Claude Vannieuwenhuyze, Guy Van Sinoy, Gary Vargas, Dominique Waroquiez.

    > Soutenons les verriers de Splintex (Word)

  • “A travail égal, salaire égal!” La grève des femmes de la FN de Herstal

    1966 (16 février – 8 mai)

    Le 16 février 1966 éclatait une grève qui allait devenir historique : celle de 3.000 ouvrières de la Fabrique Nationale d’Armes de Guerre (FN) de Herstal. Cette grève est devenue historique pour deux grandes raisons :

    1. Les grèves de femmes sont rares : celle de la FN fut la plus importante, car elle a duré 12 semaines, elle fut massivement suivie du début à la fin, elle s’est concrétisée dans un slogan (“A travail égal, salaire égal !”) pouvant être repris par toutes les femmes travailleuses et elle s’est terminée par une victoire (même si celle-ci ne fut que partielle)

    2. Elle a eu lieu à un moment charnière : 5 ans après la grande grève de l’hiver 60-61 contre la Loi unique (1 million de travailleurs au moment le plus fort de la grève) et 2 ans avant Mai ’68 qui a permis la relance d’un nouveau mouvement féministe dans la jeunesse. La grève de la FN a donc été marquée par la combativité issue de 60-61 et elle a servi de référence pour les toutes les femmes qui voulaient défendre et étendre leurs droits dans les années qui suivirent.

    Jean Peltier

    Quarante ans après, certaines idées fausses se sont parfois développées quant à cette grève, notamment l’idée que ce fut la première grève des femmes en Belgique et que cette lutte s’était heurtée à l’opposition des ouvriers.

    La revendication “A travail égal, salaire égal !” et le mouvement ouvrier

    Pendant la première phase de développement du capitalisme industriel en Belgique (1800-1870), les femmes et les enfants sont massivement intégrés à la production dans des emplois non qualifiés, surexploités et sans droits. Vers 1860, les femmes représentent 35% de la main-d’oeuvre, non qualifiée et surexploitée: le salaire d’une ouvrière représente en moyenne la moitié du salaire d’un manoeuvre masculin adulte. En 1900, après que la bourgeoisie ait décidé de “reconstruire” la famille ouvrière, les femmes représentent encore 26% de la main-d’oeuvre.

    Durant tout le 19e siècle, la grande majorité des hommes – les bourgeois mais aussi les prolétaires – ont une vision profondément sexiste, marquée par la religion : les femmes sont inférieures aux hommes, leur faiblesse est naturelle, leur place est à la maison pour s’occuper de l’entretien de la famille et des enfants.

    La création en 1885 du Parti Ouvrier Belge (l’ancêtre du PS) représente un grand pas en avant : la Charte de Quaregnon affirme que “le parti ouvrier est le représentant non seulement de la classe ouvrière mais de tous les opprimés sans distinction de nationalité, de culte, de race ou de sexe”. Le POB lutte donc pour l’égalité civique et le suffrage universel pour tous. Néanmoins, la position dominante au sein du parti reste que la place naturelle de la femme est au foyer pour s’occuper du ménage et des enfants. Mais comme on est encore loin de cette situation idéale (!) et que les femmes doivent travailler, il est juste que, à travail égal, elles touchent un salaire égal. L’objectif central reste pourtant que le salaire de l’homme devienne suffisant pour pouvoir se passer du travail de la femme et lui permettre de retourner à la maison.

    Après la 1ère guerre mondiale, le travail des femmes se développe en tant qu’employées dans les bureaux des usines et dans les administrations. L’agitation sociale grandit, les travailleurs obtiennent la journée des 8 heures et des hausses de salaires. Les femmes participent aux mouvements de grève et les premières grèves de femmes ont même lieu, notamment celles des ouvrières polisseuses sur métal de Liège et Herstal en 1920, des vendeuses de grands magasins en 1920 aussi et, en 1922, celles des ouvrières du textile à Verviers (qui dure 5 mois!).

    Le mouvement syndical (qui reste totalement dominé par les hommes) revendique “A travail égal, salaire égal” mais ne fait que très peu d’efforts pour imposer cette revendication dans la réalité. La patronat finit par accepter – en théorie – cette idée mais il la contourne dans la pratique, en imposant des petites différences entre les postes et les opérations de travail entre hommes et femmes qui font qu’il n’y a presque jamais de travail égal… et donc pas de salaire égal !

    Après la 2e guerre mondiale, les nouvelles institutions internationales comme l’O.N.U. et l’Organisation Internationale du Travail (O.I.T.) inscrivent dans leurs principes l’idée “A travail égal, salaire égal”. En 1957, le Traité de Rome, qui crée le Marché Commun (l’ancêtre de l’Union européenne) entre six pays dont la Belgique, reprend lui aussi le principe “A travail égal, salaire égal” dans son article 119. Bien entendu, ce principe n’est mis en oeuvre nulle part, mais l’application de l’article 119 deviendra la revendication centrale des ouvrières en grève de la FN.

    Pour le patronat belge, la revendication de l’égalité salariale entre hommes et femmes est un “luxe impossible”. Les arguments pour justifier cela sont déjà les mêmes que ceux qu’on entend à tout moment aujourd’hui : la concurrence internationale est trop forte, la mise en oeuvre du Marché Commun empêche de faire des “folies”. Pour le patronat, le salaire féminin reste un appoint et les femmes au travail sont trop instables et trop souvent absentes (maladies, accouchements, soins des enfants) pour qu’on puisse les considérer de la même manière que les hommes.

    Les femmes jouent un rôle actif dans tous les grands mouvements de grève en Belgique – en 1936, en 1950 lors de l’Affaire Royale et en 1960-61 – mais elles restent marginales dans le mouvement syndical (tant à la FGTB qu’à la CSC) tout comme dans le Parti Socialiste Belge.

    La F.N. de Herstal

    La F.N. est un fleuron de l’industrie liégeoise depuis 1886. Elle a une production variée : les armes surtout mais aussi les motos et même, pendant un temps, les autos. En 1966, elle emploie 13.000 travailleurs. C’est une entreprise florissante qui peut donc se permettre de payer des salaires élevés. Les femmes sont 3.900 à la F.N., soit 30% de l’ensemble des travailleurs. Il y a 350 employées pour 3.500 ouvrières.

    A la F.N., les ouvrières occupent le bas de l’échelle à tous les points de vue :

    – elles sont engagées comme manoeuvres spécialisées (le grade le plus bas) : elles font le gros oeuvre sur les pièces avant de les apporter aux ouvriers qualifiés (des hommes) qui font la finition.

    – elles n’ont pas suivi d’études préparatoires et apprennent donc leur métier dans l’usine;

    – leur travail se fait dans des conditions dégueulasses que montre très bien le documentaire TV (huile, bruit, manque d’hygiène, absence de vêtements de protection,…);

    – elles sont appelées les “femmes-machines” (elles ne sont que le simple prolongement de la machine qui leur dicte le rythme du travail).

    – L’encadrement est totalement masculin, du grand patron au régleur des machines en passant par les ingénieurs et les contremaîtres.

    – Les femmes n’ont aucun espoir de promotion : la F.N. organise des formations qui sont officiellement ouvertes à tous, hommes et femmes, mais réservées à ceux qui ont ont suivi à l’école des cours techniques de mécanique (ce qu’aucune femme n’a fait !).

    – Les inégalités salariales sont criantes : l’ouvrier le moins qualifié qui entre à la F.N. est payé directement en classe 4 et peut régulièrement progresser; par contre, les femmes se répartissent dans les classes 1 à 3 et ne peuvent espérer monter plus haut puisqu’elles ne suivent pas les formations internes à la F.N. !

    – enfin, dans la vie syndicale de l’entreprise, les femmes restent sous-représentées : si elles représentent 30% de la main-d’oeuvre, il n’y a que 6,5% de déléguées à la FGTB et 9% à la CSC.

    Chronologie de la grève des femmes de la F.N.

    8 nov. 65 : Début des discussions au niveau national pour l’établissement d’une nouvelle convention qui doit réduire les différences salariales entre hommes et femmes dans le secteur du métal. Le patronat fait traîner les négociations. A la FN, la direction refuse toute négociation dans l’entreprise tant qu’un accord national n’est pas signé.

    Janvier 66 : Nombreuses réunions syndicales dans l’entreprise sur le thème “A travail égal, salaire égal”. Le mécontentement augmente.

    9 février : Débrayage spontané des femmes. Après avoir tenu une assemblée où les délégations syndicales promettent de faire pression sur la direction de l’usine, elles acceptent de reprendre le travail.

    16 février : Après une assemblée syndicale où les délégations annoncent que la direction ne veut pas bouger, les femmes partent spontanément en grève contre l’avis des délégués. Les hommes manoeuvres (les moins bien payés) touchant 32 francs l’heure et les femmes 25 francs, elles réclament 5 francs/heure d’augmentation. Les femmes présentes à l’assemblée font le tour de l’usine pour lancer le mouvement. 3.000 ouvrières partent en grève.

    17 février : 1ère assemblée générale de la grève. 3.000 femmes partent en cortège de l’usine, jusqu’à la salle de réunion. Les permanents syndicaux demandent la suspension de la grève mais les femmes refusent. 1.000 ouvriers sont déjà en chômage.

    18 février : Un accord national est signé : il ne garantit que 1 franc/heure d’augmentation.

    19 février : La direction de la FN refuse d’aller plus loin que l’accord national.

    21 février : 2e assemblée générale. Les directions syndicales commencent à reprendre le mouvement en main. Ils reconnaissent la grève et dénoncent la présence d’éléments indésirables qui n’ont rien à voir avec la F.N. en visant les militants extérieurs à l’usine du Parti Communiste de Belgique (le PC officiel, pro-soviétique), du Parti Communiste Wallon (une scission du PCB, pro-chinoise) et du Parti Wallon des Travailleurs (scission de gauche du PSB dans lequel militent les trotskistes). Des ouvrières des ACEC à Herstal et de Schreder à Ans partent en grève en solidarité. Après l’AG, les ouvrières les plus combatives et les plus méfiantes vis-à-vis de l’appareil syndical, appuyées par le PCW, constituent un Comité d’Action pour élargir la grève et appeler à la solidarité. 28 février :

    3e assemblée générale : les directions syndicales affermissent leur contrôle sur la grève. Elles font voter la création d’un Comité de Grève de 24 femmes (18 FGTB et 6 CSC), moins pour diriger la grève (ce sont les permanents qui conservent l’essentiel des contacts avec la direction de la FN et les instances syndicales nationales) que pour éliminer les influences plus à gauche, comme le Comité d’Action. 3.000 ouvriers sont en chômage. Les premiers versements de solidarité avec la grève arrivent.

    Début mars: Une pétition de solidarité des hommes avec les ouvrières en grève circulent. La majorité de travailleurs de l’entreprise – encore au travail ou en chômage – signe cette pétition. Les syndicats et les mouvements féminins (liés au PSB, au PC et au Mouvement Ouvrier Chrétien) popularisent la grève. Le conciliateur social fait une proposition d’augmentation de 3 francs/heure en plusieurs étapes.

    3 mars : 4e assemblée générale : 2.500 ouvrières rejettent les propositions du conciliateur et votent la prolongation de la grève. Le Comité de grève est chargé de gérer la solidarité financière venant de l’extérieur et est tenu au courant de l’évolution des négociations par les syndicats. Son nombre de membres est porté à 29 et il intègre des membres du Comité d’Action dont l’influence va diminuer peu à peu.

    9 mars : 5e assemblée générale : la direction ne bougeant pas, la grève est prolongée. A la tribune se suivent interventions de solidarité de mouvements féminins et de délégations d’entreprises et lecture des premiers messages de l’étranger.

    Mars : Les difficultés financières grandissent mais la solidarité s’organise de mieux en mieux. Les commerçants offrent des produits, les délégations et les centrales syndicales organisent des collectes un peu partout, les quotidiens de gauche lancent des souscriptions de soutien, des dons arrivent de syndicats d’autres pays européens. Le Comité de Grève se réunit tous les jours pour organiser la remise d’argent et de colis aux ouvrières en grève et aux chômeurs en difficulté. Les ouvrières des ACEC-Herstal partent elles aussi en grève. Dans une autre usine de la région où les ouvrières sont parties en grève, la direction accorde une augmentation salariale substantielle aux femmes.

    21 mars : 6e assemblée générale : la direction de la FN refuse toujours de négocier des augmentations supérieures à l’accord national. La grève est prolongée. Le nombre d’ouvriers au chômage atteint 4.000 et des secteurs entiers de l’usine sont à l’arrêt. A l’assemblée, une représentante de la CGT française reçoit une ovation extraordinaire et 2.500 ouvrières chantent La Marseillaise. Le journal télévisé de la RTB évoque la grève pour la première fois (après cinq semaines de grève !).

    24 mars : Une délégation des Comités d’Action des femmes de la FN et des ACEC-Herstal se rend aux ACEC-Charleroi pour appeler les ouvrières à partir en grève (des assemblées d’ouvrières des ACEC-Charleroi réclament une grève depuis des semaines mais elles sont bloquées par les permanents syndicaux); plusieurs centaines d’ouvrières des ACEC débraient et se rendent dans les sièges syndicaux pour engueuler les permanents.

    28 mars : 7e assemblée générale : les dirigeants syndicaux liégeois dénoncent à la tribune les tentatives de la direction pour briser la grève par des informations mensongères dans la presse… et condamnent publiquement la descente du Comité d’Action à Charleroi. Pour faire baisser la tension, les syndicats annoncent une manifestation à Herstal le 7 avril. La grève continue aux ACEC-Herstal et chez Schreder à Ans. A Charleroi, les dirigeants syndicaux imposent un nouveau délai avant un départ en grève.

    Fin mars : Intense activité dans les séances parlementaires et dans les couloirs du parlement autour de la grève de la FN et des revendications d’égalité salariale hommes-femmes. Mais rien n’avance.

    7 avril : Après 51 jours de grève, une manifestation se déroule à Herstal en présence de responsables syndicaux liégeois et de quelques parlementaires de gauche. Les cas de misère se multiplient (il est fréquent que plusieurs personnes de la même famille travaillent à la FN) tandis que la solidarité continue à s’amplifier.

    12 avril : Malgré l’opposition de l’appareil syndical, les ouvrières des ACEC-Charleroi partent en grève. Un Comité d’Action des ouvrières des ACEC-Charleroi se forme à l’initiative du PCW.

    15 avril : 8e assemblée générale : des négociations reprennent avec la direction mais rien n’avance. La grève est donc une nouvelle fois prolongée.

    19 et 23 avril : La grève se termine aux ACEC, d’abord à Charleroi puis à Herstal, sur des augmentations salariales de 2 francs pour les femmes et des engagements de révision des classifications.

    25 avril : 5.000 personnes manifestent à Liège sur le slogan “A travail égal, salaire égal” : les femmes de la FN forment le gros de la manifestation mais il y aussi des délégations d’entreprises de tout le pays ainsi que des délégations des Pays-Bas et de France.

    Fin avril : 9e assemblée générale : les propositions patronales, considérées comme insuffisantes, sont rejetées. Près de 5.000 ouvriers sont en chômage technique.

    4 mai : Syndicats et direction tombent d’accord sur un accord : 2 francs/heure à la reprise du travail et 0,75 franc au 1er janvier 1967.

    5 mai : 10e assemblée générale : la bureaucratie syndicale jette tout son poids dans la balance pour faire voter l’acceptation de l’accord devant une assemblée convoquée à la hâte et moins nombreuse que d’habitude. L’accord est finalement accepté au scrutin secret par 1.320 oui et 205 non. Beaucoup de femmes acceptent cet accord du bout des lèvres parce qu’elles sont épuisées financièrement mais elles trouvent son contenu insatisfaisant.

    Après la grève : Même si la rentrée est douloureuse et que beaucoup d’ouvrières sont déçues, la combativité des femmes permettra par la suite d’obtenir de nouvelles augmentations salariales à la FN, plus importantes pour les femmes que pour les hommes. Une nouvelle grève de trois semaines en 1974 permettra l’ouverture aux femmes d’une soixantaine de fonctions qui leur étaient fermées jusque là et de nettes améliorations en matière d’hygiène et de conditions de travail.

    Traits marquants et leçons de la grève des femmes de la F.N.

    1. Dès le départ, le mouvement a été massif et uni; c’était tellement évident pour tout le monde qu’il n’y a jamais eu besoin de faire un piquet de grève pour faire respecter la grève pendant les douze semaines !

    2. Dans sa première phase, le mouvement a aussi été spontané et radical. Les appareils syndicaux ont été débordés et placés devant le fait accompli de la grève. Des militant(e)s d’extrême-gauche (PCB, PCW, PWT) ont joué un rôle important dans le déclenchement de la grève et dans l’impulsion de la solidarité. Dès le premier jour, un Comité d’Action a regroupé les militantes les plus radicales pour ne pas laisser les appareils syndicaux enterrer un mouvement qu’ils ne souhaitent pas.

    3. Débordée par le déclenchement de la grève, la bureaucratie syndicale a montré une grande intelligence tactique. Elle a reconnu la grève au bout de quelques jours (elle ne pouvait pas faire autrement!) et elle a entrepris de la récupérer en créant un Comité de Grève officiel pour réduire l’audience du Comité d’Action.

    4. Les hommes ont été fortement aux côtés des femmes dès le début de la grève (la pétition de soutien aux femmes a été massivement signée et aucun homme n’a fait le jaune en acceptant de faire le travail des femmes !). Et ils sont restés solidaires même quand la moitié d’entre eux ont été réduits au chômage technique. Le sexisme n’a pas disparu mais il a reculé fortement devant le courage et la détermination des ouvrières grévistes.

    5. La solidarité de classe a été énorme : collectes réalisées par les délégations syndicales d’entreprises, dons des centrales syndicales, collectes réalisées par les partis de gauche (des secteurs du PSB, le PCB, le PCW, le PWT) et par des mouvements féminins liés aux syndicats et aux partis de gauche,… La solidarité est même venue de commerçants et de professions libérales d’Herstal et de la région, preuve que la classe ouvrière peut polariser autour d’elle des couches populaires plus larges quand elle lutte de manière décidée. Enfin, il y a eu une solidarité importante à l’étranger (France, Pays-Bas, Allemagne, Italie) venant des mêmes mouvements (syndicaux, politiques et féminins) qu’en Belgique.

    6. Sous la pression de la combativité des femmes et malgré leur faible représentation dans les syndicats (à la FN et ailleurs), la grève a été organisée d’une manière partiellement démocratique. Les points positifs principaux ont été : des assemblées hebdomadaires où la poursuite de la grève était chaque fois discutée et mise au vote, les interventions de solidarité de délégations d’entreprises, de centrales syndicats, de mouvements féminins, l’élection d’un comité de Grève,… Mais cette organisation a rencontré des limites dues au contrôle réel exercée par la bureaucratie syndicale : les A.G. ont été dirigées par les permanents (de l’entreprise et de la régionale), les négociations nationales et avec la direction sont restées le privilège des dirigeants syndicaux, le Comité de Grève n’a pas dirigé celle-ci mais a été essentiellement cantonné à la gestion de tous les problèmes sociaux (une tâche essentielle mais limitée),…

    7. L’extension du mouvement n’a pas été facilitée par les appareils syndicaux. Le meilleur moyen de faire pression sur le gouvernement et le patronat était d’élargir le mouvement né à la FN et suivi par les ACEC et Schreder par un appel à la grève dans d’autres entreprises à forte proportion de femmes. Les bureaucraties syndicales de Liège n’ont pas suivi cette orientation. Pire encore, l’appareil des métallos FGTB de Charleroi (soumis au PSB) a tout fait pour empêcher la grève aux ACEC-Charleroi (et la casser une fois qu’elle a eu démarré). Les ouvrières de la FN se sont donc trouvées très seules dans un conflit qui n’aurait sans doute duré douze semaines si les syndicats avaient élargi rapidement le mouvement.

    8. Les deux manifestations sont venues très tard : celle de Herstal après 7 semaines et celle de Liège après 10 semaines ! Et encore, les syndicats n’ont organisé la manif de Herstal que parce que les femmes les plus combatives essayaient d’étendre le mouvement par elles-mêmes (en envoyant des délégations à Charleroi) et qu’il fallait détourner l’énergie des ouvrières vers quelque chose de moins dangereux pour la bureaucratie. De plus, les syndicats n’ont pas essayé de mobiliser massivement pour ces deux manifs (5.000 personnes à Liège pour une manifestation de solidarité avec une grève qui dure depuis dix semaines, c’est très peu).

    9. Les mouvements féminins ont joué un rôle positif en élargissant la solidarité et en menant une campagne idéologique bienvenue contre les idées réactionnaires telles que “la place de la femme est au foyer et pas en usine” ou “le salaire de la femme n’est qu’un salaire d’appoint” encore bien vivantes chez les hommes (et même chez une partie des femmes !) à l’époque. Mais, étroitement liés au PSB et aux syndicats, ces mouvements féminins n’ont pas pu, ni voulu remettre en cause la direction exercée par les bureaucraties syndicales.

    10. Les “petits” partis de la gauche radicale (quelques centaines de membres tant au PCW qu’au PWT, c’est plus de membres et surtout plus de travailleurs membres qu’au PTB et au MAS aujourd’hui !) ont joué un rôle actif et positif pour développer la solidarité mais aussi l’initiative autonome des femmes. Mais le sectarisme stalinien du PCW l’a souvent isolé dans l’action.

    11. La combativité des femmes de la FN a été extraordinaire et la solidarité a montré qu’un large courant dans la classe ouvrière se reconnaissait en elles et était prêt à les soutenir. Ce qui a manqué pour que leur combat se termine par une victoire éclatante plutôt que par une demie-victoire, c’est, comme souvent, l’existence d’un courant syndical combatif solidement organisé et d’un parti révolutionnaire implanté dans les entreprises qui auraient pu les aider à contrer le réformisme et le contrôle pesant de la bureaucratie syndicale et du PS sur le mouvement ouvrier.


    Pour en savoir plus :

    – “La grève des femmes de la FN en 1966” un livre de Marie-Thérèse COENEN paru en 1991 aux éditions Pol-His du CRISP (il est toujours disponible en librairie)

    – “La première grève féminine d’Europe. les leçons de la grève de la FN”, article paru dans le numéro d’octobre 1966 de “Lutte de Classe”, la revue de la section belge de la Quatrième Internationale (voir Francine pour plus de renseignements)

  • Une bombe à retardement sort des urnes irakiennes

    Les élections du 30 janvier peuvent apparaître à première vue comme un succès pour l’Administration Bush avec un taux de participation honnête (59%) et un nombre limité d’attentats. Pourtant, à y regarder de plus près, le verdict des urnes irakiennes est lourd de menaces pour la stabilité de l’Irak et du Moyen-Orient.

    Thierry Pierret

    Les Arabes sunnites ont largement boycotté le scrutin et leur représentation dans l’Assemblée nationale sera quasiment anecdotique. Le haut taux de participation des Arabes chiites et des Kurdes est tout aussi lourd de menaces. En effet, les uns et les autres ont toujours été minorisés politiquement, non seulement dans l’Irak moderne, mais même depuis des siècles. Les premiers n’ont pas voulu manquer l’occasion de traduire leur majorité numérique en majorité politique dans l’Assemblée nationale. Les seconds se sont mobilisés pour donner un maximum de poids à leurs revendications autonomistes. Les Kurdes organisaient d’ailleurs un référendum parallèle sur l’indépendance de leur région…

    Le résultat des élections confirme ces tendances lourdes. L’Alliance irakienne unifiée, qui regroupe plusieurs partis chiites et qui est parrainée par le Grand Ayatollah Ali Sistani, obtient 48,01% des voix et la majorité absolue dans l’Assemblée nationale. Le cartel des deux grandes formations kurdes, l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), arrive en seconde position avec 25,7% des voix. La liste du Premier ministre sortant Iyad Allaoui essuie un échec cuisant avec seulement 13,8% des voix. Le gouvernement intérimaire est donc désavoué et ne pourra être reconduit. Le poste de Premier ministre devrait échoir à l’Alliance irakienne unifiée dont les représentants seront moins dociles envers les Etats-Unis. Il n’est pas exclu qu’ils prônent un rapprochement avec la Syrie et l’Iran que les Etats-Unis viennent pourtant de classer parmi les « avants-postes de la tyrannie ».

    Le résultat des élections provinciales, qui avaient lieu simultanément, n’annonce rien de bon pour la stabilité du pays. Le cartel kurde du PDK et de l’UPK a obtenu 58,4% dans la province de Taamim dont Kirkouk est le chef-lieu. Si on sait que Kirkouk fait l’objet d’une lutte intense entre Kurdes, Arabes et Turcomans (minorité turcophone d’Irak) pour son contrôle, on mesure mieux le caractère explosif de ce résultat. Les Kurdes vont invoquer ce résultat pour exiger le rattachement de Kirkouk à leur région autonome. En effet, un tiers du pétrole irakien est produit dans les régions de Kirkouk et Mossoul (que les Kurdes revendiquent également).

    Le rattachement de Kirkouk et de Mossoul à la région autonome kurde fournirait la base économique à un futur Kurdistan indépendant. Les velléités indépendantistes kurdes se heurteront à la volonté des Arabes irakiens de maintenir l’intégrité territoriale du pays, mais aussi aux minorités non-kurdes du Kurdistan qui craignent pour leurs droits dans un Kurdistan indépendant. La Turquie, qui redoute plus que tout un tel scénario et qui convoite les richesses pétrolières du Kurdistan irakien, pourrait prendre prétexte de la défense des Turcomans pour intervenir militairement.

    Le Parti communiste irakien n’obtient que trois sièges dans l’Assemblée nationale. C’est largement dû à des décennies de répression sanglante de la part du régime baasiste qui ont démantelé ce qui fut le plus puissant parti communiste du Moyen-Orient dans les années cinquante et soixante.

    Mais c’est aussi dû à sa stratégie réformiste qui l’a amené à participer aux institutions intérimaires mises en place par les Etats-Unis. Le PC y a perdu ce qui lui restait de crédit parmi les travailleurs et les paysans. Faute d’alternative de gauche crédible, l’Alliance irakienne unifiée a vu s’ouvrir à elle un boulevard dans ce Sud irakien qui était jadis un bastion du PC.

  • Splintex. Les travailleurs décident de poursuivre la grève

    Ce mercredi 17 février était un jour crucial pour les travailleurs en grève de Splintex. Ils devaient, après 11 semaines de grève, se prononcer sur un préaccord négocié entre la direction, le conciliateur social (ministère de l’Emploi) et les syndicats. Ce préaccord, présenté aux ouvriers pour «sauvegarder l’outil à long terme» était une sinistre farce: 248 pertes d’emplois et la prépension à 50 ans, rien même sur d’éventuelles primes de départ.

    Vincent Devaux

    De plus, pour faire passer plus facilement la pilule, en divisant les travailleurs, la direction a voulu un vote à bulletins secrets sur le préaccord. Mais l’assemblée générale en a décidé autrement. Non seulement elle a rejeté cette proposition de vote secret, mais elle a voté à l’unanimité le rejet de ce préaccord funeste. 350 mains courageuses se sont levées pour la poursuite de la grève après 79 jours de pressions patronales, après l’intervention des huissiers et de la police, après les calomnies dans la presse, bien que dans chaque famille de gréviste l’argent manque,… Le directeur a eu le culot d’annoncer à la presse que le vote en assemblée n’était pas légitime. Cela montre qu’en plus, il est mauvais perdant.

    Au fil des semaines la combativité n’a pas faibli. Elle s’est même colorée d’une nouvelle conscience au travers de cette expérience de lutte. Les directions syndicales freinent l’action et ne veulent pas lancer un appel à une grève régionale de solidarité. Lors de cette assemblée, des ouvriers ont proposé l’occupation de l’usine et ont relancé l’idée d’une grève générale régionale: une proposition déjà émise lors d’une assemblée interprofessionnelle. Les directions syndicales ne peuvent se défiler. Il est de leur responsabilité de donner toutes les facilités pour élargir cette lutte. Un élargissement de la lutte à d’autres usines exercerait une pression terrible sur la bourgeoisie. Elle permettrait de faire reculer un patronat hargneux et prêt à tout.

    La résistance magnifique des ouvriers de Splintex est un cinglant démenti face aux affirmations des menteurs, des cyniques et des affabulateurs en tous genres qui proclament que les travailleurs ne veulent plus se battre. Nous entrons dans une nouvelle période de luttes où la classe ouvrière va se forger une nouvelle expérience. Ce qu’il faut à la classe ouvrière, c’est une avant-garde syndicale à la hauteur de ses espoirs, une gauche syndicale organisée et cristallisée au sein de délégués combatifs, dotés d’une conscience socialiste. Ce qu’il faut aussi, c’est un nouveau parti des travailleurs, capable d’organiser – à une échelle de masse – le soutien matériel et politique aux ouvriers en lutte. Un parti capable de mettre le holà à la régression sociale et d’orienter les travailleurs et la jeunesse vers une lutte pour la transformation socialiste de la société.

  • France. 500.000 manifestants contre Raffarin

    La resistance se fait de plus en plus dure à chaque tentative de la bourgeoisie et de ses laquais politiques d’imposer des contre-réformes aux travailleurs et aux jeunes. Les syndicats, sous la pression de leur base, avaient appelé à manifester ce 5 février. Déjà le 20 janvier, plus de 328.000 travailleurs du secteur public ont manifesté pour défendre les salaires et le niveau de vie.

    Vincent Devaux

    Ce 5 février, il était principalement question de protester contre la volonté du gouvernement Raffarin de liquider la loi sur les 35 heures afin d’imposer des heures supplémentaires. Il ne resterait de cette loi des 35 heures que l’augmentation de la flexibilité. Pour le reste cette mesure est un cadeau fait au Medef (le patronat) et justifié avec une hypocrisie écœurante par Raffarin: "En finalisant la réforme des 35 heures, je souhaite permettre aux salariés qui le souhaitent de travailler plus pour gagner plus et aux entreprises de trouver un dynamisme qui les incite à embaucher". Il est notamment question d’augmenter le nombre légal d’heures supplémentaires, de passer de 180 heures à 220 et donc d’en revenir aux… 40 heures par semaine, voire plus. En outre, le prétendu "choix" pour les salariés d’accepter ou pas des heures sup’ est un leurre; la baisse du pouvoir d’achat et les pressions patronales ne le permettent pas.

    500.000 personnes, surtout du secteur public, ont donc répondu à l’appel dans 118 villes de l’Hexagone, pour défendre les 35 heures, l’emploi et les salaires. Cette journée cristallisait le mécontentement accumulé ces derniers mois contre toutes les attaques antisociales et privatisations. D’autre part, nombre de CGTistes arboraient l’autocollant "Non à la Constitution Européenne!". En queue de manif, les lycéens, très combatifs, qui ont depuis lors montré à plusieurs reprises leur détermination à lutter contre le "Projet de loi sur l’avenir pour l’école" de François Fillon. Le 8 février, ils étaient plus de 100.000 à exprimer leur rage dans la France, le 15 février rebelote.

    Les protestations tant du côté des travailleurs que des lycéens vont s’amplifier dans l’Hexagone. La coordination nationale lycéenne à appelé à manifester tous les mardis et à participer à la manifestation des enseignants prévue au mois de mars. D’autre part, la CGT, FO et la CFTC appellent à manifester ce 10 mars pour défendre à nouveau les 35 heures, l’emploi et les salaires. Le printemps s’annonce chaud!

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop