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  • Nos salaires trop élevés?

    Après le volet des prépensions, d’autres attaques antisociales sont à prévoir. C’est au tour des salaires d’être dans la ligne de mire du gouvernement Verhofstadt II. Depuis novembre, les rapports officiels se multiplient et expliquent que l’augmentation des salaires en Belgique serait trop importante par rapport aux pays voisins.

    Xavier Dupret

    A l’agenda du patronat pour cette année figurent donc la modération salariale bien sûr, en prévision des Accords Inter-Professionels pour les années 2007 et 2008, une diminution des charges sociales, éternelle revendication patronale qui se fait sur le dos du salaire indirect des travailleurs, ou encore des attaques sur l’index, dont les fameux ALL-IN, qui signifient que si l’inflation prévue est dépassée, l’augmentation salariale est rognée en conséquence.

    L’index visé

    Pour tenter d’y voir plus clair, un retour sur l’histoire sociale récente n’est pas superflu. En 1989, la coalition PS/SP-PSC/CVP s’inquiétait déjà de la bonne santé de nos entreprises et adopta une loi prévoyant une procédure proche des pouvoirs spéciaux afin d’éviter tout dérapage salarial. En 1993, le Plan Global était adopté dans le but de satisfaire aux critères de convergence imposés par le Traité de Maastricht instituant l’Euro. Au départ, le gouvernement entendait mener à bien ces projets en négociant avec les syndicats.

    Très vite, il apparut que la base syndicale refusait l’application des dispositions du Plan. Un mouvement de grève générale s’en suivit. En dépit des mobilisations, le Plan Global fut adopté et ses effets ne tardèrent pas à se faire sentir.

    En 1994, les salaires des travailleurs belges étaient liés à un indice des prix excluant un certain nombre de produits de nécessité parmi lesquels les carburants. En 1995 et 1996, un système était aménagé afin d’éviter une croissance des salaires et traitements. Jusqu’au 23 janvier 1995 inclus, aucune nouvelle convention collective ou individuelle de travail et aucun autre accord prévoyant des augmentations de rémunération ou des avantages nouveaux pour la période 1995-1996 ne pouvaient être conclus.

    Pouvoir d’achat en baisse

    L’intense travail législatif des trois familles politiques traditionnelles belges au cours des deux dernières décennies se résume, en matière économique et sociale, à un ensemble de mesures destinées à réduire le pouvoir d’achat des travailleurs et à remettre en cause l’ensemble de leurs acquis sociaux. Pour nous faire avaler leurs couleuvres, la bourgeoisie et ses laquais nous assurent que la préservation de l’emploi passe inévitablement par un raffermissement de la profitabilité des entreprises. En y regardant d’un peu plus près, on peut soulever quelques objections.

    Baisse des salaires égale emplois?

    La littérature néolibérale nous répète que, vu la progression des échanges mondiaux dans le cadre d’un capitalisme globalisé il faut absolument baisser nos coûts salariaux. C’est à ce prix que l’emploi serait préservé dans nos pays.

    Et pourtant, la part occupée par les salaires dans le Produit Intérieur Brut belge n’a cessé de décroître. En 1980, elle équivalait à 78% pour atteindre 69% 20 ans plus tard. Cette baisse a été de 8% en moyenne pour l’ensemble de la Communauté Européenne. Mais entre-temps, le chômage a littéralement explosé.

    Autrement dit, chaque bourgeoisie nationale se sert des acquis obtenus par les travailleurs des pays voisins pour mettre la pression sur “ses” salariés et ainsi augmenter ses profits. Affirmer comme le fait le gouvernement que le maintien de l’emploi passe par le blocage des salaires est une parfaite aberration. Car la baisse des salaires dans le PIB signifie que les gains de productivité ne sont plus redistribués aux salariés, ce qui provoque la montée en puissance du secteur financier et une stagnation des investissements productifs.

    Pertes d’emplois et productivité en hausse

    Ensuite, concernant l’augmentation du chômage, en se référant aux statistiques disponibles, on voit clairement que les menaces de délocalisation ne représentent qu’une infime partie des emplois supprimés (à peine 1%). Les destructions massives d’emploi résultent essentiellement de l’augmentation de la productivité suite à l’introduction de nouveaux procédés de fabrication impliquant une plus grande pression sur les travailleurs. Ainsi, en Belgique, selon le Conseil Central de l’Economie, la productivité a augmenté au rythme de près de 4% par an entre 1980 et 2005.

    En d’autres termes, bien plus que les travailleurs des autres nations, ce sont les bourgeoisies nationales qui se posent en destructrices de l’emploi.

    Quelle réponse?

    Un nouveau Parti des Travailleurs qui revendiquerait clairement une réduction du temps de travail avec maintien des salaires et réviserait les règles fiscales afin d’imposer lourdement les plus-values mobilières, permettant ainsi de remobiliser les travailleurs et de sortir de cette spirale régressive. De cette façon et de cette façon seulement, l’histoire du Plan Global ne se répétera pas.

  • Bolivie. Un nouveau cauchemar pour Bush?

    Avec près de 54% des votes, Evo Morales, dirigeant syndical des cultivateurs de coca et porte-parole du Mouvement vers le Socialisme (MAS), a gagné haut la main les élections présidentielles du 18 décembre en Bolivie. Cette victoire a une double signification. Elle marque tout d’abord une nouvelle défaite électorale pour les partisans des politiques néo-libérales qui ont été menées partout sur le continent sous la pression du Fonds Monétaire International et des Etats-Unis pendant les années ’90.

    Jean Peltier

    Celles-ci ont permis l’énorme enrichissement d’une petite minorité de possédants mais se sont traduites par une grande montée de la misère et de la précarité pour la majorité de la population. En Bolivie plus encore qu’ailleurs, cela a produit une montée de la colère populaire et de grosses mobilisations qui ont notamment chassé les deux derniers présidents! D’autre part, Morales sera le premier président indien qu’ait jamais connu la Bolivie. Dans ce pays, un des plus pauvres d’Amérique Latine, 85% de la population est d’origine indienne. Celle-ci vit très majoritairement dans une grande pauvreté et a toujours été marginalisée et tenue à l’écart du pouvoir par la minorité blanche et métisse héritière de la colonisation. Au cours des dernières années, les indiens ont commencé à réclamer ses droits et à remettre en cause les discriminations de toutes sortes qu’elle subit.

    L’arrivée de Morales au pouvoir était sérieusement crainte à Washington. Si Morales aime à se présenter lui-même comme «un cauchemar pour les Etats-Unis», des journaux américains n’ont pas hésité à le présenter comme «l’Oussama Ben Laden des Andes» et le gouvernement américain le traitait de «narco-terroriste»! Morales a obtenu un large soutien en promettant la nationalisation des réserves de gaz (qui ont été privatisées il y a quelques années au plus grand profit de multinationales étrangères), la légalisation de la culture de la coca (qui sert de base à quantité de produits nutritifs et médicaux populaires et pas seulement à fabriquer la cocaïne) et la démocratisation du pays. Mais, au cours de la campagne, ses déclarations se sont faites moins précises, montrant qu’il souhaitait trouver des compromis avec les multinationales et les capitalistes locaux. Morales va-t-il devenir un nouveau Chavez ?

    Il y a certainement de nombreux points communs entre les dirigeants de la Bolivie et du Venezuela. Mais les situations nationales présentent néanmoins deux grandes différences. Chavez peut utiliser les énormes revenus pétroliers de son pays pour mener des politiques sociales progressistes coûteuses (alphabétisation, amélioration de la santé publique, construction de logements, …) sans devoir pour cela s’en prendre directement aux intérêts et à la propriété des capitalistes vénézuéliens et étrangers. Morales ne dispose pas de telles ressources, sauf s’il nationalise rapidement les réserves et les installations gazières – ce qui signifie entrer en guerre ouverte avec les multinationales et leurs alliés locaux. D’autre part, le mouvement syndical et populaire est beaucoup plus organisé et militant en Bolivie qu’au Vénézuela et ses dirigeants ont déjà mis la pression sur Morales pour qu’il tienne rapidement ses promesses électorales. Un mineur interviewé par le magazine britannique «Observer» résumait bien cet esprit militant : « Le 18 décembre, nous écraserons les traîtres qui ont bradé nos ressources naturelles et menti au peuple. Morales est notre frère et nous lui faisons confiance, mais il a intérêt à ne pas oublier ses promesses…».

    Le nouveau président sera donc certainement amené à devoir choisir rapidement entre une radicalisation à gauche de sa politique et une capitulation devant les multinationales et les USA, en risquant alors d’être confronté à des explosions populaires et de connaître le même sort que les précédents présidents…

  • Le Mouvement Démocratique Socialiste (DSM) en Nigéria

    Le Mouvement Démocratique Socialiste (DSM), la section nigériane du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), a déjà une histoire de lutte de presque deux décennies. Formé par des activistes socialistes ouvriers et étudiants, nous avons eu notre conférence de fondation en 1986. Née dans l’ère de la dictature militaire notre organisation n’était que sémi-ouverte jusqu’à julliet 1998. Après, le DSM a été lancé comme organisation ouverte. Pendant la période de semi-illégalité, notre organisation était identifiée surtout par le nom de son journal: «Labour Militant» (1987-1994) puis «Militant» (1994-1998). Nous aspirons à la transformation socialiste de la société au Nigeria et nous sommes totalement opposés au pillage des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine par les puissances impérialistes.

    Democratic Socialist Movement, www.socialistnigeria.org

    La lutte contre la dictature militaire et pour un régime civil et des droits démocratiques était une des campagnes centrales du DSM dans les 13 premières années de son existence. Avec comme résultat que beaucoup de membres du DSM furent arrêtés et souffrirent des longues périodes en détention sans procès sous les régimes de Babangida et d’Abacha. Un point tournant dans notre implication dans cette lutte trouva lieu le 5 juillet 1993, lorsque les activistes du DSM ont vendus plus de 10.000 tracts dans les rues de Lagos pendant une révolte massive contre l’annulation des résultats des élections présidentiels par la junte du général Babangida.

    Depuis l’arrivée d’un régime civil en mai 1999, le travail du DSM a tourné autour des campagnes pour:

    · Un salaire minimum de 20,000 N par mois avec des augmentations régulières d’adaptation au degré d’inflation

    · Enseignement et soins de santé gratuits pour tous, une bourse de 20.000 N pour tous les étudiants dans l’enseignement supérieur

    · La propriété publique des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion ouvriers

    · Rétablissement des activistes étudiants ou ouvriers exclus de l’école ou licencié de leur boulot

    · La formation d’un parti indépendant de masse des travailleurs avec un programme socialiste

    Le DSM a aussi mené des campagnes contre:

    · Les hausses des prix du carburant

    · La privatisation des entreprises publiques et la commercialisation des services sociaux

    · Licenciements des travailleurs

    · La dette extérieure du Nigeria et le soi-disant plan de soulagement de la dette de 2005.

    Le DSM a joué un rôle important dans les grèves générales et les luttes massives contre les hausses des prix de carburant qui ont eu lieu de manière répétitive depuis 2000. Les membres du DSM ont joués des rôles importants dans LASCO, le Labour Civil Society Coalition, et dans JAF, Joint Action Forum. Nous y avons toujours argumenté pour agir de manière résolue afin d’arrêter les hausses de prix du carburant et pour une mobilisation plus large afin de remplacer le régime d’Obasanjo par un gouvernement des travailleurs et des paysans pauvres dont la mission est de réaliser la transformation socialiste du Nigeria.

    Les membres du DSM ont aussi étés actifs en aidant à construire le National Conscience Party (NCP) depuis sa fondation par Gani Fawehinmi en octobre 1994. Dès le début le DSM a argumenté pour la création d’un parti ouvrier de masse avec un programme socialiste. Dans les années ’80 on a appelé le NLC à actualiser son appel pour un parti ouvrier. Les membres du DSM ont été actifs dans le Nigerian Labour Party qui n’a vécu que brièvement en 1989. La défaite des dirigeants du NLC de sérieusement lancer un parti ouvrier a eu pour résultat d’orienter beaucoup d’éléments qui cherchent à changer les choses vers le NCP. Depuis 1994 le DSM a travaillé pour construire le NCP en argumentant qu’une politique socialiste est nécessaire si le NCP veut être capable d’atteindre son but « d’abolir la pauvreté ». Lors des élections entachées de fraudes de 2003, les membres du DSM qui étaient candidats sur les listes du NCP ont obtenus les plus hauts scores pour le NCP, gagnant officiellement plus de 77.000 votes (9%) dans le district sénatorial de Lagos West et 11.000 votes (14%) dans le collège électoral fédéral de Ifako-Ijaiye à Lagos. Aujourd’hui nous argumentons que Labour et les forces radicales, comme le DSM et le NCP, doivent mettre sur pied une plateforme des travailleurs en préparation des luttes à venir et des élections prévues en 2007.

    Parmi les étudiants le DSM a une longue histoire de lutte également. Quelques-uns de nos fondateurs ont dirigé NANS (National Association of Nigerian Students) dans les années ’80 et, plus récemment, nous avons dirigé fréquemment le NANS de la zone sud-ouest. Aujourd’hui, à coté des différentes luttes contre le minerval et des autres attaques, le DSM s’oppose aussi à la tentative des sections de la direction actuelle de NANS de transformer sa structure nationale en un front pro-gouvernemental.

    Finalement, avec la montée des tensions ethniques et religieuses dans le pays, le DSM mène campagne pour l’unité des travailleurs et des jeunes des différentes origines ethniques et religieuses tout en défendant le droit a l’autodétermination complète pour tous. Opposé à la lutte sectaire, l’organisation plaide pour des luttes menées par les travailleurs unis pour des meilleures conditions de vie et de travail et contre les attaques capitalistes sur l’emploi, les salaires, l’enseignement, les soins de santé et les autres services sociaux.

    Democratic Socialist Movement: Ce pour quoi nous luttons.

    Droits démocratiques:

    * Réhabilitation inconditionnelle et immédiate des ouvriers et syndicalistes renvoyés et brimés.

    * Jugement des responsables des abus contre les droits de l’homme sous le régime militaire.

    * Compensation pour les victimes.

    * Annulation immédiate de toutes les lois anti-démocratiques et anti-ouvrières.

    * démantèlement des services de sécurité de l’état (SSS) et de tous les organes répressifs de l’Etat.

    * Abolition de la discrimination à l’encontre les femmes. Droits politiques, civils, sociaux et de propriété égaux pour les femmes. A travail égal, salaire égal. Des dispenses d’impôt pour les femmes identique à ceux des hommes.

    * Liberté d’expression, de rassemblement et d’association. Indépendance et liberté totales pour les syndicats et organes étudiants sans interférence de l’Etat ou du gouvernement.

    * Opposition à la restriction de la presse.

    * Une authentique démocratie à partis multiples, où chaque groupe ou individu a le droit d’organisation en partis politiques sans inscription auprès du gouvernement. Droit de se présenter aux élections en tant que candidat indépendant.

    * Un parti politique ouvrier de masse indépendant avec un programme socialiste pour fournir une alternative aux partis capitalistes existants.

    * Convocation d’une Conférence National Souveraine (SNC) élue démocratiquement comprenant des représentants élus de groupes sociaux tels que ouvriers, paysans, commerçants, éléments de base des forces armées et de police, professionnels et nationalités ethniques en relation avec leur force numérique, pour délibérer et décider du chemin à suivre par le pays et établir une nouvelle constitution.

    * Pour une fédération socialiste démocratique volontaire du Nigeria garantissant le plein respect des droits démocratiques, culturels et linguistiques de toutes les nationalités ethniques.

    CONDITIONS DE VIE ET DE RESPECT:

    * Education libre et gratuite à tous les niveaux.

    * Soin médicaux gratuits pour tous.

    * Assurance d’un logement publique décent et abordable.

    * Assurance d’allocation de chômage, maladie et pension.

    * Un salaire minimum de 20,000N avec des augmentations périodiques pour contrebalancer le taux d’inflation.

    * Opposition aux licenciements. Un travail pour chaque personne sans emploi.

    ECONOMIE:

    * Abolition du SAP. Arrêt des politiques capitalistes/impérialistes anti-pauvre de privatisation et commercialisation, licenciements des travailleurs, etc…

    * Propriété publique des vastes ressources et richesses du pays sous la direction et le contrôle démocratique des travailleurs.

    * Contrôle et direction démocratique des compagnies et paragouvernementales publiques par des commissions de représentants élus des travailleurs, consommateurs, syndicats, NLC et gouvernement.

    * Un programme massif de travaux publics pour construire des routes, habitations, voies ferrées, écoles et hôpitaux, pour fournir l’électricité, l’eau potable et les sanitaires ainsi que pour générer de l’emploi.

    * Rejet de la dette fictive étrangère, allié aux appels pour un support fraternel aux classes ouvrières des pays impérialistes.

    POLICES ET FORCES ARMEES:

    * Liberté pour les éléments de base des forces armées et policières de former des syndicats et de rejoindre le parti politique de leur choix.

    * Le droit des éléments de base des forces armées et policières de faire grève et de mener des actions pour protéger leurs droits.

    RESPONSABILITE:

    * Déclaration ouverte des possessions des autorités publiques avec un droit d’enquête de la part de la population et de recours en justice contre les officiels ayant de façon illégale acquis des fonds excédant leur revenu légal.

    * Confiscation comme fonds publique sans compensation de toutes les richesses acquises par corruption par l’élite militaire ou civile.

    * Direction démocratique de tous les départements publics, agences et compagnies. Comité de direction comprenant des représentants élus des travailleurs et du gouvernement, avec droit de révocation immédiat si le fonctionnement n’est pas satisfaisant.

    * Tribunaux publiques démocratiquement élus comprenant des représentants élus des travailleurs, paysans, étudiants, professionnels et le gouvernement pour déterminer les cas de corruption.

    UNE SOCIETE SOCIALISTE:

    * Un gouvernement d’ouvriers et de paysans pauvres basé sur un programme socialiste.

    * Une fédération socialiste d’Afrique comme étape vers une fédération socialiste mondiale pour endiguer la faim, la pauvreté, la guerre et la destruction de l’environnement.

  • AFRIQUE: OU LE SOCIALISME OU UNE BARBARIE SANS CESSE PLUS GRANDE

    L’Afrique est ravagée par un ouragan de pauvreté. C’est le seul continent devenu plus pauvre depuis 1980. Près de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour. La faim s’étend presque comme une maladie. Des millions d’africains sont mort faute de nourriture. Et l’avenir s’annonce plus triste encore. Le rapport de l’UNDP/UNICEF dit qu’en 2015 l’Afrique pourra nourrir moins de la moitié de sa population.

    Dagga Tolar et Peluola Adewale

    2015 est aussi l’année que les dirigeants du monde ont fixé comme date pour réduire la pauvreté et la faim de moitié entre autres « Objectifs du Millénaire pour le Développement » (OMD). Ces objectifs incluent également la réduction de la mortalité infantile de 75% et l’arrêt de l’extension de l’épidémie de SIDA/HIV. Cependant, la Banque Africaine de Développement a déclaré que l’Afrique est la région la moins prête à réaliser ces objectifs. Les Nations Unies ont exposés que si les indices de développement sociaux continuent sur leur voie, l’Afrique ne pourra rencontre les OMD qu’après 150 ans ! Plus de trois quarts des décès dû au SIDA se situent en Afrique sub-saharienne, et 65% des malades du SIDA vivent sur ce continent. Pour rendre les choses pires encore, l’histoire post-coloniale de l’Afrique est remplie des horreurs de la guerre qui ont pris la vie de millions de travailleurs.

    Les statistiques ci-dessus qui démontrent largement le sous-développement de l’Afrique sont horribles. Qu’est ce qui a bien pu se passer pour que la situation soit si épouvantable malgré des richesses stupéfiantes ? Les Socialistes disent que le capitalisme est coupable. Lénine le qualifiait d’horreur sans fin. Ce système basé sur les inégalités répand ses méfaits en Afrique plus encore que partout ailleurs. En terme de ressources naturelles, l’Afrique est peut-être le continent le plus riche au monde. Mais le capitalisme, à toutes ses étapes de développement, a extirpé du continent ses ressources, du commerce trans-Atlantique d’esclaves à travers le colonialisme à l’époque impérialiste. Les politiques néo-libérales d’aujourd’hui n’ont fait qu’empirer la situation des masses. Le continent est pillé de ses ressources pour financer son développement et pourvoir aux besoins basiques de la population. Les gouvernements comptent sur le capital étranger, pour la plupart sous forme de prêt avec des intérêts exorbitants qui sont autant de fardeaux étouffants.

    A présent, l’impérialisme mondial utilise la triade de la dette, de sa domination sur le commerce mondial et de la corruption des dirigeants africains comme armes pour forcer l’Afrique à se prosterner face au pillage impudent de ses richesses à travers les politiques néo-libérales.

    Les fardeaux de la dette et le néo-libéralisme

    En octobre 2005, l’Afrique avait remboursé 580 milliards de dollars à ses créditeurs (les nations et institutions impérialistes) pour une dette originale de 540 milliards de dollars, et il reste encore 330 milliards de dollars à payer. En luttant pour rembourser ces dettes, les gouvernements négligent l’éducation, la santé, l’approvisionnement en nourriture et autres besoins basiques des travailleurs. Les gouvernements ont pris le poison du Programme d’Ajustement Structurel (PAS) ou les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation, de libéralisation du commerce, de coupes dans les dépenses publiques, etc., comme conditions pour récupérer les possibles restes de la souffrance due à une dette largement fictive et odieuse.

    Ce n’est donc pas accidentel si l’Afrique a le plus haut taux de malades du SIDA. Africa Action a dénoncé qu’en 2003 les pays africains ont dépensés plus de 25 milliards de dollars en remboursement de dettes, et ce même si 2,3 millions d’Africains ont perdu leur vie à cause du SIDA. Cette année, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que 4,1 millions d’Africains touchés par la maladie ont un besoin urgent de médicaments anti-rétroviraux, mais seulement 50.000 personnes peuvent en avoir.

    Le capitalisme et les politiques néo-libérales sont les causes majeures de faim en Afrique. Craig Timberg, du Washington Post a écrit que, bien plus que les désastres naturels comme la sécheresse ou le changement de climat, la famine que connaît le Niger est principalement due à la politique de libre marché débridée appliquée par le gouvernement nigérien. A la demande de la Banque Mondiale, le Niger a abolit le contrôle des prix avec pour conséquence que les prix de la plupart des denrées comestibles sont maintenant au-dessus des moyens d’une large part des travailleurs. Les taxes imposées sur la nourriture ont menés à deux actions de protestation massives pour le seul mois de mars 2005. Tout cela dans la lignée des demandes de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International concernant les « Pays Pauvres Hautement Endettés », initiatives entraînant le néo-libéralisme. Ceci explique pourquoi les autres pays pauvres, comme le Burkina Faso, la Mauritanie, l’Ethiopie et le Mali sont dans la même angoisse face à la faim que le Niger et neufs autres pays africains, récemment assurés de l’annulation de leur dette extérieure après des années de soumission ininterrompues aux dictats du FMI et de la Banque Mondiale.

    Commerce inéquitable

    A travers le commerce inéquitable, l’Afrique a été pillée de ses énormes ressources. Entre 1980 et maintenant, la part du continent dans le commerce mondial a chuté de deux tiers, de 6% en 1980 à moins de 2%. Le prix de ses principales exportations ne cesse de plonger. Une étude a révélé qu’entre 1980 et 2001, les prix du café ont plongé de 85%, ceux du cacao de 67%, d’huile de palme de 60% et ceux du cuivre de 41%. Les autres exportations du continent à l’exception du pétrole, suivent la même tendance. Les pays impérialistes qui prêchent le dogme du libre commerce, libéré de tout subsides, etc. imposent des barrières artificielles aux produits africains et subsidient lourdement leurs riches fermiers. On estime que les pays développés dépensent 200 milliards de livres sterling par an pour subsidier leurs agriculteurs, soit 17 milliards de livres sterling en plus que le Produit Intérieur brut de l’entièreté des pays africains. La Banque Mondial déclare que si l’Amérique du Nord, le Japon et l’Europe laissaient tombés leurs barrières aux produits africains, les exportations africaines augmenteraient de 1,5 milliards de livres sterling par an.

    Mais pourquoi l’Afrique est-elle dans cette situation? Fondamentalement, la réponse est que l’économie mondiale est depuis longtemps dominée par les classes dirigeantes et compagnies des pays riches. Les 500 plus grandes compagnies internationales contrôlent 70% du marché mondial, alors que les 50 plus grosses banques et compagnies financières contrôlent 60% du capital global. Aujourd’hui, 300 multinationales et banques importantes effectuent 70% des investissements directs à l’étranger.

    Cette domination bloque le développement de rivaux indépendants de ces monopoles. Là où de nouvelles technologies et produits se développent, ils sont rapidement dominés par les pouvoirs impérialistes. Les exceptions à cette règle générale, comme la Corée du Nord ou la Malaisie, furent aidés par l’Ouest durant la guerre froide pour des raisons stratégiques. Dans le cas unique de la Chine, les bases économiques de son récent développement furent construites sur les avancées initiales dans l’infrastructure et l’éducation rendues possibles par une économie nationalisée et planifiée, malgré les effets de la direction anti-démocratique du stalinisme maoïste.

    Dirigeants corrompus

    La douleur de l’Afrique est combinée à la corruption caractéristique de ses dirigeants. Il est intéressant de voir que la corruption n’est en rien limitée à l’Afrique ou aux pays en voie de développement. La chute d’Enron, le géant américain de l’énergie, par exemple, démontre que la corruption est universelle sous le capitalisme. La plupart des ressources qui échappent au commerce inéquitable ou au remboursement de la dette sont volées par les dirigeant pro-occidentaux corrompus et placés dans des comptes privés en Europe et en Amérique du Nord. Ce vol montre aussi qu’ils n’ont aucune confiance envers le développement des pays africains sur une base capitaliste. Le capitalisme néo-libéral, philosophie régnante de gouvernance, a donné plus d’assises aux dirigeants africains pour le pillage, car ils n’ont plus à utiliser ses ressources pour les besoins basiques de la population. Les gains initiaux qui suivirent l’indépendance et avaient procurés des investissements relatifs de la part des gouvernements nationaux dans les services sociaux et entreprises publiques ont été érodés par les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation et de coupes dans les dépenses publiques.

    La guerre et la question nationale

    Le néo-libéralisme pousse la masse de la population vers la pauvreté et la marginalisation et ne peut résoudre les questions nationales, héritage du colonialisme, qui sont dans la majorité des cas aux racines des guerres qui ravagent le continent. La plupart des pays africains sont des créations artificielles des maîtres coloniaux pour leurs intérêts stratégiques et économiques sans regards pour les différentes nations, histoires, traditions et langages qu’ils ont réunis.

    Il est clair que l’élite bourgeoise africaine est incapable de résoudre la question nationale. Les sections mécontentes de l’élite dirigeante capitalisent le désenchantement des masses laborieuses pour asseoir leurs gouvernements et exploitent les différentes ethnies pour les mobiliser dans des guerres, qui sont en fait dirigées pour servir leurs seuls intérêts. Hors de ces conflits, ils tirent des avantages excessifs pour prendre directement le pouvoir ou négocier pour être intégrer dans la classe dirigeante, au détriment des masses laborieuses utilisées comme chair à canon. Ces guerres ont laissés des millions de travailleurs sans vies, blessés pour le restant de leurs jours, ou encore sans logements. Les statistiques révèlent qu’il y a eu 4 millions de morts au Congo, 2 millions au Soudan, et 1 million au Rwanda, sans parler du Sierra Leone, du Liberia, de l’Ethiopie/Erythrée, de la Côte d’Ivoire, etc. où les guerres ont récemment coûtés des centaines de milliers de morts.

    Seule les masses laborieuses peuvent résoudrent les questions nationales en supportant les droits des nations et minorités, en incluant l’autodétermination des peuples, tout en luttant pour des mouvements unifiés contre les ennemis communs. Une caractéristique d’un réel mouvement des travailleurs est de voir des personnes issues de différentes nationalités marchant côte à côte contre les attaques capitalistes contre leurs conditions de vie. Cela montre le potentiel pour construire des mouvements unifiés capables de transformer la société.

    Le rôle des travailleurs

    La descente actuelle de l’Afrique vers la barbarie est une expression de la faillite de l’impérialisme et des élites capitalistes locales à développer l’économie africaine et les standards de vie de la population. Pour toute la période qui suivit l’indépendance de l’Afrique, tant les militaires que les sections civiles de la classe capitaliste ont dirigés le continent avec les mêmes effets contre-productifs et ruineux. En terme de développement économique général et de niveau de vie des travailleurs, l’Afrique aujourd’hui est encore plus loin derrière l’Europe et les pays capitalistes avancés que ce n’était le cas il y 4 ou 5 décennies.

    Cependant, une infime partie de la population africaine est aussi indécemment riche que les capitalistes des pays développés. C’est le résultat du vol des budgets gouvernementaux, et de la collaboration avec l’impérialisme pour piller le reste des africains et les ressources matérielles.

    Il ressort de l’histoire du capitalisme, et en particulier de l’histoire limitée du capitalisme en Afrique, que seule la classe ouvrière possède le potentiel de mettre fin à ce système qui signifie la misère pour les masses à côté d’une abondance indescriptible.

    Les progrès de la civilisation moderne restent pour une large part une application des connaissances technologiques pour convertir les ressources naturelles en produits fini consommables. Sous la logique capitaliste qui prévaut actuellement, la plupart de ces connaissances technologiques et des ressources mondiales sont passées sous la propriété privée d’une poignée de corporations ou de propriétaires capitalistes. Et c’est là que ce situe la contradiction majeure. Alors qu’au niveau international et même dans plusieurs secteurs de l’économie, continents ou pays, il existe une abondance de connaissance techniques et de ressources pour donner une vie décente à toute personne sur terre, la nature d’égoïsme et de profit du capitalisme fait que dans la majorité des cas, ces potentiels sont irréalisés.

    Pourtant, le côté positif du capitalisme est le développement et l’existence de la classe ouvrière. C’est la classe sociale qui a en main les clefs des opérations journalières du système sans lesquelles rien ne peut se passer et qui est également capable d’actions collectives.

    Pour pourvoir aux besoins de tous, et non d’une minorité, la classe ouvrière, supportée par d’autres couches de pauvres, doit mener une révolution sociale. Cela entraînera la propriété commune et un contrôle démocratique des commandes de l’économie et des ressources avec une planification et une organisation centralisée vers l’utilité, et non le profit.

    Il est extrêmement important de remarquer que l’histoire contemporaine de l’Afrique est en elle-même très riche en mouvements de masses et de luttes. Uniquement l’an dernier se sont déroulées des protestations de masse contre les politiques néo-libérales et capitalistes au Mali, au Liberia, au Burkina Faso, au Niger, en Afrique du Sud, au Nigeria etc.

    Des années ’90 au début des années 2000, c’est la classe ouvrière qui a mené les protestations/luttes/révoltes qui aidèrent à la défaite des gouvernements capitalistes impopulaires de Kerekou en République du Bénin, et de Kenneth Kaunda en Zambie. Le Mouvement pour des Changements Démocratiques au Zimbabwe dirigé par Morgan Tsvangirai s’est initialement développé à partir des syndicats et de la résistance de la classe ouvrière contre le gouvernement de Robert Mugabe. En Afrique du Sud, seul le COSATU a mené des grèves et des manifestations de masse contre la politique anti-pauvre et néo-libérale du gouvernement capitaliste de l’ANC.

    Au Nigeria, l’actuel pro-impérialiste et anti-pauvre gouvernement du président Olusegun Obasanjo a été ébranlé jusqu’aux racines en plusieurs occasions par une série de grèves et de protestation massives menées par le mouvement syndical.

    Malheureusement cependant, toutes ces luttes, nombreuses et collectives, ont montré la faiblesse qui doit être dépassée pour passer de la protestation et de la défensive vers le changement du système. Cela requiert la construction d’un mouvement avec un programme clair et une direction n’ayant pas peur d’affronter le capitalisme.

    Les socialistes disent que l’Afrique sortira seulement du cercle vicieux de déclin en rompant avec le capitalisme et en prenant les ressources économiques du continent des griffes de l’impérialisme et des capitalistes locaux. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que les ressources seront utilisées dans les intérêts de la majorité de la population. Ce n’est pas l’ancien système où l’élite locale pille l’Etat et les entreprises nationalisées à leurs propres fins. Au contraire les socialistes luttent ils pour une nationalisation sous contrôle démocratique des travailleurs pour prévenir de la corruption et assurer que les ressources sont utilisées dans l’intérêts des masses laborieuses.

    L’Afrique n’est pas seule à avoir un avenir incertain sous le capitalisme. La santé de l’économie mondiale aujourd’hui est de plus en plus précaire. Internationalement, les travailleurs, y compris d’Europe et des USA, ne voient qu’un avenir fait d’attaques continuelles envers leur niveau de vie et leurs emplois. Dans cette situation si, même dans un pays africain, une cassure socialiste avec le capitalisme est effectuée, cela aura un écho gigantesque dans les autres pays africains et au-delà. C’est à travers cet impact international que l’isolement d’un pays en rupture avec le capitalisme pourra être dépassé. C’est sur cette base que les socialistes voient l’unité réelle des peuples d’Afrique.

    Mais pour faire cela, un programme et une politique clairement socialiste ainsi qu’une classe ouvrière disciplinée sont nécessaires. Sans cela, il y a le danger que les luttes ne mènent qu’à un simple changement du gang de voleurs au pouvoir. C’est ce qui s’est produit dans la Zambie de Chiluba, un gouvernement formé d’anciens activistes des syndicats, qui mène une politique néo-libérale. Bien sûr les travailleurs peuvent lutter aux côtés d’autres forces sociales dans certaines luttes, quand cela concerne des buts économiques, sociaux ou politiques. Cependant, à l’intérieur de ces mouvements, les socialistes défendront qu’un changement fondamental, la fin du capitalisme, est nécessaire pour rendre permanente n’importe quelle victoire obtenue lors de ces luttes partielles.

    En République du Bénin, les mouvements de masse de la classe ouvrière furent assez fort que pour mettre fin au gouvernement de Kerekou, mais par manque de leurs propres organisation et dirigeants, il n’y eu d’autre choix que d’investir Mr Soglo, un dissident de la classe dirigeante capitaliste, qui ne fit naturellement que continuer la politique antisociale au pouvoir.

    Tristement également, la tentative de créer un parti des travailleurs au Zimbabwe ne s’est soldée que par la fondation du parti pro-capitaliste MDC, ce qui a enlevé à la population une opportunité de combattre et de vaincre le parti capitaliste du dirigeant Mugabe. De façon similaire, c’est le manque d’alternative, de politique socialiste et de détermination pour chasser le gouvernement Obasanjo qui a permis que le très haï président du Nigeria soit capable de comploter pour s’assurer de revenir au pouvoir après la fin de sa législation, en mai 2007.

    Pour arrêter le déclin économique et les horreurs de la guerre qui ravagent l’Afrique, la création de mouvements politiques et d’organisations de luttes pan-africaines de la classe ouvrière jointes à la tâche ultime de l’abolition du capitalisme, la cause principale de l’inégalité sociale et des troubles. Cette tâche ne peut être transposée par les masses laborieuses africaines, les jeunes et les révolutionnaires.

    Rejoignez nous!

    “Tout spectateur est autant un lâche qu’un traître”– Amica Cabra. Si vous êtes mécontent des politiques anti-pauvres menées par les gouvernements africains pro-impérialistes et intéressés de lutter contre ces politiques, l’organisation à rejoindre est le Comité pour une Internationale Ouvrière. Le CIO (CWI en anglais) est une organisation socialiste internationale présente dans près de 40 pays et qui travaille à l’unité de la classe ouvrière et les peuples opprimés contre le capitalisme et pour lutter pour un monde socialistes. Le CIO a des sections au Nigeria et en Afrique du Sud.

    Pour plus de détails, écrivez au CIO/CWI, PO Box 3688, London, E11 1YE, Britain ou envoyez un e-mail à cwi@worldsoc.co.uk.

    Pour écrire au DSM au Nigeria, envoyez un e-mail à: dsmcentre@hotmail.com. Le site du DSM est: www.socialistnigeria.org et celui du CIO/CWI est: www.socialistworld.net

  • Régularisation immédiate de tous les sans-papiers!

    Depuis les régularisations de 1999, le nombre d’étrangers en séjour illégal a de nouveau augmenté. Cette réalité est due à la misère croissante dans les pays du Sud, organisée par les pouvoirs des pays occidentaux avec la complicité des dirigeants locaux. La solidarité avec les sans-papiers est nécessaire car, n’en déplaise à ceux qui pensent “qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde”, le sort des travailleurs belges et celui des illégaux sont indissolublement liés.

    Simon Hupkens

    Face à l’afflux de réfugiés en Europe et en Belgique, les partis traditionnels ne proposent que des versions plus ou moins édulcorées du repli identitaire et sécuritaire. Du flicage permanent à l’organisation de la précarité, le gouvernement met en oeuvre une politique entièrement dévouée aux intérêts de la bourgeoisie. Travail illégal, donc mal payé et dénué de toute protection sociale, est la seule alternative laissée à ceux qui, par nécessité, ont quitté leur pays pour venir chercher un avenir meilleur en Europe. Cette situation bénéficie en premier lieu au monde des entreprises qui se constitue ainsi un réservoir de main d’oeuvre bon marché et docile. Mais elle n’a pas de conséquences que pour les travailleurs illégaux. Elle permet aussi de faire pression sur les salaires et les conditions de travail des salariés belges. Certains secteurs sont réputés pour mettre en concurrence les travailleurs déclarés et les illégaux. C’est le cas de la construction, l’horeca ou encore l’agriculture.

    Face à cette stratégie plus ou moins consciente du patronat, il importe que les travailleurs de toutes origines ne se laissent pas diviser mais, au contraire, resserrent leurs rangs pour contrer ses attaques contre leur niveau de vie. La fédération Liège-Huy-Waremme de la FGTB l’a bien compris et à commencé a travailler dans cette voie en lançant une campagne d’affiliation des sans-papiers. Continuer sur cette lancée implique d’exiger du gouvernement une campagne massive de régularisation de tous les sans-papiers sans distinction afin d’empêcher le patronat d’entretenir la division. Le mouvement social belge se trouve devant une tâche d’ampleur, plus difficile à réaliser encore qu’en 1999.

    A cette époque, l’occupation des églises par les collectifs de sans-papiers et l’indignation soulevée par l’assassinat de Semira Adamu, conjuguées à l’incapacité du gouvernement de gérer la multitude de dossiers, avaient abouti à une régularisation. Régularisation partielle, arrêtée à mi-chemin mais régularisation tout de même, qui avait permis d’améliorer le quotidien de près de 50.000 illégaux.

    Aujourd’hui, l’intransigeance du ministre de l’intérieur Patrick Dewael et le peu de mobilisation rendent les choses plus difficiles.

    Cependant des initiatives de terrain vont dans la bonne direction: la campagne de la FGTB mais surtout le développement de l’UDEP (Union de défense des sans-papiers), structure autonome créée par et pour les sans-papiers, qui rend possible une fédération du mouvement autour d’elle. Le mouvement n’a pas dit son dernier mot.

  • Sharon disparaît de la scène politique et laisse l’instabilité derrière lui

    Le 4 janvier, pour des raions médicales, Ariel Sharon a disparu de la scène politique, ce qui a renforcé l’instabilité en Israël. Ce fait sera, à coup sûr, déterminant quant à l’issue des élections en Israël et aura des conséquences sur toute la région.

    Kevin Simpson

    Ariel Sharon, un faucon de droite

    Dans sa jeunesse, Sharon faisait partie du Gadna (organisation militaire des jeunes) et plus tard de la Haganah (l’armée secrète juive) qui oeuvraient pour la protection des immigrants juifs mais en réalité, lancaient des opérations commando contre les villages arabes de Palestine et anéantissaient leurs opposants.

    Sharon était lié au parti Herout, le prédécesseur du Likoud, qui préconisait un état juif sans syndicats ni arabes. Sur base de son expérience militaire, Sharon fit une carrière éclair dans l’armée israélienne. En 1953, il prit la responsabilité d’une action punitive au cours de laquelle 69 arabes furent tués, la moitié d’entre eux étaient des femmes et des enfants.

    Comme ministre de la défense, Sharon lança une action en 1982 au Liban pour éliminer l’OLP. Le 16 février, un bain de sang fut commis par ses alliés de droite (les phalangistes chrétiens) dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila.

    Sur le plan politique, Sharon s’est toujours opposé à des accords de paix avec les Palestiniens. En tant que minsitre des Infrastructures, il a doublé le nombre de colonies dans les territoires occupés de Cisjordanie. En septembre 2000, la visite de Sharon au Mont du temple est la cause directe de la deuxième intifada (résistance palestinienne contre l’armée israélienne). Entre 2001 et 2003, on a dénombré environ 1000 Israëliens et 3000 palestiniens tués.

    Micha Teller

    Le chaos politique au sein de l’autorité palestinienne (AP) a été croissant à mesure que les élections de juin approchaient. L’AP, dominée par les dirigeants du Fatah, la principale fraction de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), est perçue comme corrompue et faible. Les islamistes du Hamas ont fait une percée électorale lors des élections municipales de l’année passée. Les différentes factions du Fatah et les milices dissidentes sont entrées plusieur fois en confrontation les unes avec les autres ces dernières semaines dans le sud de la bande de Gaza. La société est au bord de la désintégration totale après des années de direction corrompue de l’AP et des décennies d’oppression israélienne.

    Dans le passé, la classe dominante en Israël a été mise sous pression. Pression en provenance de l’impérialisme US mais également de l’impossibilité de s’imposer militairement en Palestine et de l’instabilité sociale au sein de la population juive. De plus, la population palestinienne croît davantage que la population juive d’Israël, ce qui signifie que la population palestinienne sera à terme majoritaire. C’est pourquoi Sharon et la majorité de la classe dirigeante israélienne ont dû réviser leur position historique concernant la mise sur pied d’un Grand Israël intégrant la bande de Gaza et les territoires situés à l’Ouest du Jourdain.

    L’autorité de Sharon a été renforcée au niveau local et international par le retrait de Gaza. Pendant ce temps, Amir Peretz a été élu comme président du parti travailliste. Il a remporté ce mandat sur base d’une rhétorique radicale (d’après les critères israéliens) promettant d’augmenter le salaire minimum de façon vigoureuse et d’introduire une pension pour tous.

    Ces évènements et la réorientation de la classe dominante furent les facteurs qui sont à la base du “Big Bang” du monde politique israélien. Sharon a démissionné du Likoud pour créer une nouvelle formation politique: Kadima (En avant).

    Selon certaines estimations, ce nouveau parti remporterait 40 sièges en cas d’élection. Ce n’est pourtant encore qu’un parti en construction dominé par Sharon lui-même. A l’heure actuelle, il semble bien que Kadima se présentera aux élections, même si ses figures dominantes craignent l’émergence de scissions. Cette situation pourrait être avantageuse pour Peretz du parti travailliste mais ce dernier a abandonné sa réthorique radicale après son élection.

  • Non aux centres fermés! C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes!

    es centres fermés sont camps où hommes, femmes et enfants étrangers sont enfermés faute de papiers en règle et traités de manière dégradante en attendant leur expulsion du territoire belge. Leur principe même renforce le racisme dans la société à travers l’idée que l’étranger est un délinquant.

    Julie Demulder

    Le premier centre fermé, le «127», fut créé en 1988. Depuis, 5 autres centres ont été créés: le centre INAD, situé dans l’aéroport de Zaventem et destiné aux passagers «inadmissibles» sur le territoire belge, les centres de Bruges, de Merksplas (au nord d’Anvers), deVottem (Liège), et le 127 bis, en bordure de Zaventem, destiné à rassembler les sans-papiers avant leur rapatriement. Leur coût global est de 25 millions d’euros par an..

    Tous sont gérés par l’ «Office des Étrangers» sous la tutelle du ministre de l’ Intérieur Patrick Dewael (VLD) qui a récemment déclaré vouloir imposer une carte à puce à tous les candidats réfugiés pour mieux les contrôler et pour qui toute personne aidant un sans-papier est condamnable!

    Les détenus peuvent passer un maximum légal de 5 mois dans ces prisons, mais le compteur peut être remis à zéro (notamment en cas de résistance à une expulsion). Le délai de détention peut donc être rallongé à volonté. Mais la première fonction assignée aux centres reste l’expulsion. Et les assistants sociaux engagés dans les centres ont pour tâche de faire accepter leur sort aux réfugiés et de les aider à « reconstruire » une nouvelle vie dans leur pays d’origine !

    Le patronat multiplie les appels pour que des immigrés « choisis » puissent venir travailler ici dans des emplois précis (informaticiens, camionneurs, aide-soignants…) parce qu’il veut « combler des manques » au niveau de l’emploi en engageant des étrangers à des salaires moindres. Mais, pour le reste, patrons et gouvernement veulent continuer à tout prix à rendre notre pays moins « attractif ». Le droit d’asile est de plus en plus réduit. Près de 90% des candidats se voient refusés le statut de réfugié. Soit ils acceptent l’expulsion, soit la seule solution pour eux sera de passer dans la cladestinité, sans revenu ni sécurité sociale et avec comme seules perspectives le travail en noir, l’insécurité et la peur. Car s’ils se font rafler par la police, ils seront jetés dans les centres fermés et ensuite expulsés.

    Dans les centres, en plus d’être privés de liberté et coupés de tout contact vers l’extérieur, les détenus sont souvent victimes de violences sans pouvoir protester sous peine de voir leur expulsion accélérée.

    Ces centres avaient été imaginés surtout pour enfermer des adultes mais, de plus en plus, on y parque des familles entières, y compris des enfants et des bébés. Pour l’instant, seul le «127bis» est équipé pour les recevoir mais bientôt les centres de Vottem et Merksplas ouvriront leurs cellules aux familles.

    Cette politique d’expulsion génère la clandestinité et donc le travail en noir et l’exploitation. Les patrons ne s’en plaignent pas – ils ont sous la main des travailleurs sous-payés et sur-exploités et qui contribuent à faire pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de tous les autres travailleurs. D’ailleurs aucun patron utilisant ces pratiques n’a jamais été sérieusement inquiété par la justice.

    Afin de nous opposer efficacement à l’exploitation des illégaux et au traitement inhumain des candidats réfugiés, nous défendons la solidarité et de l’unité de classe des travailleurs au niveau international. On ne devient pas réfugié pour le plaisir mais pour échapper à une misère et à des geurres engendrées par le système capitaliste lui-même. En conséquence, nous estimons qu’il vaut mieux s’attaquer aux multinationales plutôt qu’à leurs victimes.

    > Suppression de tous les centres fermés et arrêt des expulsions !

    > Régularisation immédiate de tous les sans-papiers!

    > Du travail pour tous par la réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire !

    > Annulation de la dette des pays du Tiers-Monde et aide aux mouvements de lutte de ces pays!

  • Victoire des dockers contre la libéralisation du travail portuaire

    Le 16 janvier, 9.000 dockers de toute l’Europe ont manifesté à Strasbourg contre la nouvelle tentative de la Commission européenne pour libéraliser le travail portuaire. Trois jours plus tard, le Parlement européen a rejeté cette proposition.

    Depuis 1997, la Commission multiplie les propositions de libéralisation de ce secteur. Elle veut permettre aux armateurs de faire assurer le chargement et le déchargement de toutes les marchandises à bord des bateaux par les équipages de ceux-ci et non plus obligatoirement par les dockers. Or ces équipages sont de plus en plus constitués de marins recrutés dans les pays pauvres et qui sont mal payés. Le but des propositions de la Commission est donc évidemment de réduire les coûts et de faire augmenter les profits du patronat. Mais des intérimaires ou des hommes d’équipage affectés au chargement ou au déchargement n’ont pas la même compétence professionnelle que des dockers agréés et ils subiraient davantage la pression des armateurs et des firmes.

    La mise à l’écart des dockers professionnels mènerait inévitablement à une multiplication des accidents de travail et à une dégradation de la sécurité dans les ports.

    Même si cette victoire n’est sans doute que temporaire (la Commission avait déjà essayé de faire voter la même proposition en 2003 et elle a annoncé qu’elle allait faire rapidement de nouvelles propositions), les dockers viennent de montrer qu’une résistance déterminée contre les attaques est payante.

    Les dockers, sur base de luttes anciennes, ont arraché un bon statut. Et c’est encore par la lutte qu’ils l’ont jusqu’à présent conservé. Cela peut constituer un exemple pour tous les autres travailleurs. Le fait que leur lutte a été menée à un niveau international et que des actions, dont des grèves, ont été mises sur pied dans une dizaine de pays de l’Union Européenne a permis d’empêcher que les patrons puissent monter les travailleurs les uns contre les autres. Ce qui n’a pas empêché, à Anvers, le patronat de déclarer que les actions à Rotterdam avaient été moins dures et que cela risquait de porter atteinte à l’image du port d’Anvers…

  • C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes ! NON aux centres fermés !

    A Vottem, il existe une prison où on enferme des hommes et des femmes qui n’ont commis aucun crime – sauf ne pas avoir des papiers en règle. Et aujourd’hui, le gouvernement veut y enfermer aussi des enfants !

    Depuis des années, les gouvernements successifs affirment que la Belgique “ne peut pas accueillir toute la misère du monde”. Cette affirmation est ridicule (seuls 5% des réfugiés du monde se dirigent vers l’Europe). Mais pourtant, plus de 85% des étrangers qui demandent le statut de réfugiés en Belgique sont rejetés. Six « centres fermés » ont été créés pour emprisonner ces personnes en attendant leur expulsion. Et maintenant, le gouvernement veut faire aménager de nouveaux bâtiments à Vottem pour «accueillir» des familles entières.

    Les conditions de vie à l’intérieur de ces centres sont pires que dans les prisons : l’isolement des détenus est total, les violences fréquentes, aucun recours judiciaire n’est possible (de plus, toute plainte entraîne une accélération de la procédure d’expulsion), les difficultés dues à la diversité des langues sont énormes,… en plus de la crainte qu’ont les détenus d’être renvoyés dans des pays où c’est souvent la mort qui risque d’être leur unique avenir.

    Ces pratiques sont contraires aux Déclarations Européenne et Universelle des Droits de l’Homme, à la Convention des Droits de l’Enfant, à la Convention de Genève,… pourtant signées par la Belgique.

    Comment dès lors expliquer que de tels camps de détentions existent en Belgique?

    C’est que le pouvoir et la justice, si celle-ci existe bien, sont toujours du même côté, et ce n’est pas celui des opprimés ! Une véritable justice reconnaîtrait qu’en soutenant dans le Tiers-Monde et à l’Est, des régimes dictatoriaux et des multinationales qui exploitent les populations, nos gouvernements portent une grande responsabilité dans les guerres et la misère qui forcent les gens à fuir par millions.

    Une véritable justice refuserait de laisser criminaliser des innocents sous le seul prétexte qu’ils sont étrangers, renforçant ainsi le racisme dans la population.

    Une véritable justice s’indignerait de l’exploitation vers laquelle ce système pousse les demandeurs d’asile qui sont rejetés dans la clandestinité. Car les illégaux rapportent de juteux bénéfices en étant obligés de travailler au noir pour des patrons sans scrupules (dans la construction et le travail saisonnier entre autres).

    Cette justice dont nous rêvons ne saurait exister tant que nous vivrons dans un système basé sur le profit qu’une petite minorité de patrons et de banquiers peut accaparer au détriment de tous !

    Au delà des centres fermés, c’est le capitalisme et sa logique de guerre et de misère qu’il nous faut dénoncer !

    * Suppression de tous les centres fermés pour étrangers et arrêt des expulsions !

    * Régularisation immédiate de tous les sans-papiers !

    * C’est aux multinationales et aux gouvernements qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes: annulation de la dette des pays du Tiers-Monde et aide aux mouvements de lutte de ces pays !

    Rejoins nous dans ce combat !

  • Après le mouvement contre le pacte des generations. Un réseau pour un syndicalisme combatif et démocratique est nécessaire!

    Après le mouvement contre le pacte des generations.

    Le mouvement contre le Pacte des Générations a montré qu’existait une énorme combativité chez les travailleurs et qu’un mécontentement plus large existait contre les attaques néolibérales continuelles sur nos conditions de vie et de travail. Malgré cela, le mouvement s’est éteint sans victoire. Pourquoi?

    Geert Cool

    Allemagne: VW achète la direction syndicale

    En Allemagne, un scandale a éclaté à l’occasion des voyages luxueux de la direction de VW. Les dirigeants se sont rendus au Brésil et y ont plongé dans les plaisirs du champagne, de la prostitution,…

    Parmi les dirigeants de VW figuraient également Peter Hartz, un conseiller de l’ex chancelier Schröder (SPD, les «socialistes» allemands). Il a reçu pas moins de 300 euros chaque jour, ce qui équivaut à une allocation de chômage par mois en Allemagne, garantie par une des réformes incluse dans le programme d’austérité de Hartz 4. Le manager du personnel de VW a dépensé 780.000 euros en deux ans sans faire de déclaration sur ce à quoi l’argent allait servir.

    Parmi les voyageurs figurait Volkert, président du Conseil d’entreprises, qui recevait 360.000 euros par an. Volkert était le chef de IG Metal, le syndicat du métal. Evidemment, Volkert n’était pas critique et combatif envers l’entreprise qui lui fournissait le paradis sur terre. Mais pour les salariés, le temps de travail a été augmenté et une série de détériorations des conditions de travail et de salaire ont été imposées.

    Centrale des métallos FGTB: Danger de scission communautaire

    Dans la Centrale des Métallurgistes de la FGTB se discute la scission entre les ailes néerlandophone et francophone. La discussion s’est enflammée après que le périodique énonomique Trends/Tendances ait révélé le passé au VMO (organisation flamande d’extrême-droite) du président de la centrale, Herwig Jorissen. Nous avons beaucoup de critiques à l’égard de Jorissen, mais nous sommes d’avis que le passé de Jorissen est utilisé à mauvais escient contre l’unité du syndicat. Face à ces divisions communautaires, il faut l’unité! Nous nous opposons donc à cette scission.

    La direction syndicale a fait atterrir le mouvement

    Le fil rouge à travers tout le mouvement a été l’attitude de freinage des directions syndicales (ou au moins d’une bonne partie d’entre elles). La FGTB fut isolée lors de la grève du 7 octobre, après laquelle on a beaucoup tardé à planifier la journée d’action suivante, le 28 octobre seulement. Lors de cette manifestation importante de la FGTB et de la CSC, aucun plan d’action n’a été formulé, mais que ce plan verrait le jour après les négociations avec le gouvernement. Evidemment, ce fut en novembre, et il était limité aux actions dans la distribution et dans le non-marchand.

    Ce n’était visiblement pas un plan d’action, mais plutôt un scénario d’atterrissage. Afin de le justifier, il a été mis en avant que pas mal de concessions ont été conquises durant les négociations, et aussi que la FGTB était prête à continuer, mais pas la CSC. A Liège, on même pu entendre que si cette volonté de continuer la lutte existait en région liégeoise, ce n’était pas le cas en Flandre. La faiblesse du plan d’action a mené directement à une attitude agressive de la part du gouvernement et du patronat, et a aussi laissé l’espace pour insister sur ce qui divise les travailleurs.

    La force du mouvement contre le Pacte résidait justement dans le fait que l’unité à la base face aux attaques visant notamment les prépensions a permis de surmonter les dvisions.Voilà pourquoi Cortebeeck, président de la CSC, a été rappelé à l’ordre à deux occasions par sa propre base qui exigeait un changement d’attitude du syndicat.

    Cela s’est avéré également lors des réunions d’information organisées sur les fins de carrière. Le 5 septembre, Xavier Verboven a présenté de manière “neutre” les réformes proposées. Cela a provoqué pas mal d’interventions depuis la salle mettant en avant la nécessité d’actions. Ailleurs aussi se sont déroulées des réunions similaires qui ont contraint la FGTB à entrer en action.

    Du côté de la CSC la direction était déjà bien décidée, avant le 7 octobre, à défendre le Pacte d’une manière ou d’une autre. Après cette date, chaque concession du gouvernement a été accueillie de manière positive par la direction du syndicat chrétien. La base a pourtant fait entendre une opinion totalement différente, et a continuellement appelé à un plan d’action sérieux. La direction de la CSC a dû adapter sa position d’une façon foncièrement étrangère à ses habitudes.

    Une victoire était-elle possible?

    Malgré l’énorme pression de la base, donc, aucun plan d’action conséquent pour en finir avec ce Pacte des Générations n’a été élaboré. La question que se posent les militants combatifs est de savoir comment renforcer cette pression de la base. Dans le mouvement contre le Pacte des Générations, les réunions interprofessionnelles des militants ont joué un rôle important. Lieux privilégiés pour les échanges d’expériences, à chaque fois le poids de la base a été renforcé. Lors d’une de ces réunions d’information, le 5 septembre à Anvers, il a été demandé à juste titre d’organiser de telles réunions interprofesionnelles pour prendre les décisions, attente demeurée sans réponse.

    Le manque de démocratie interne et d’implication de la base lors de la prise de décision provoque de plus en plus de mécontentement et fait apparaître une méfiance croissante envers la direction.

    Un autre facteur qui a freiné le mouvement contre le Pacte était le lien entre les syndicats et leurs «partenaires privilégiés» au niveau politique. Tous les partis traditionnels sans exception ont défendu la logique d’austérité du Pacte qui a provoqué tant d’actions de protestation.

    Un Plan d’action à long terme, rédigé sur base d’une implication large des syndicalistes, aurait pu mettre le gouvernement à genoux. C’est ce que nous apprend l’expérience de la Colère Blanche du secteur non-marchand. Celui-ci a mené des actions 14 mois durant après qu’une plateforme de revendications ait été établie en décembre 2003 avec la participation active de 15.000 salariés du secteur. Les actions qui ont suivi ont permis d’obtenir 100 millions d’euros. On aurait pu obtenir encore plus, mais pour la première fois, des droits précédemment acquis n’ont pas simplement été maintenus, mais élargis! L’implication directe des salariés a eu une importance cruciale.

    Un réseau de syndicalistes combatifs

    Les syndicalistes combatifs se trouvent souvent isolés. Il n’existe pas de structures nationales et souvent même pas de liens avec d’autres syndicalistes combatifs. En outre, il existe souvent un manque criant d’informations et d’arguments. Nous ne pouvons pas compter sur les médias traditionnels et les publications syndicales ne sont pas des instruments attractifs avec lesquels travailler.

    Afin de renforcer la position de ces syndicalistes combatifs, il sera nécessaire d’échanger les expériences. Un instrument intéressant en ce sens est, entre autre, le site web en néerlandais pour syndicalistes créé à l’initiative d’un secrétaire de l’alimentation d’Anvers. Il serait bien que les deux syndicats intègrent ce site sur le plan national afin de créer une source d’information large et forte où les points de vue des délégations et des centrales peuvent être diffusés plus largement.

    Mais un contact plus direct s’impose aussi au niveau régional et national. Au niveau régional, nous sommes en faveur de réunions fréquentes, avec des discussions sur l’actualité et les développements syndicaux. Cela peut renforcer la position des syndicalistes sur les lieux de travail ou dans les centrales. Une attention particulière doit être prêtée à la nouvelle génération de militants syndicaux fortement impliquée dans le mouvement ces derniers mois. Une structure nationale de syndicalistes combatifs se développera au moment où les réseaux régionaux auront suffisamment pris de corps.

    Le MAS veut collaborer à un tel réseau pour un syndicalisme démocratique et de combat. Nous le faisons en ce moment en intervenant au sein des syndicats et sur les lieux de travail. Nous y avançons des points de vue sur la lutte syndicale et la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. Avec nos forces restreintes, nous répandons les informations et nous essayons de mettre en contact les syndicalistes entre eux. Des campagnes comme la pétition pour un nouveau parti des travailleurs offrent un instrument supplémentaire afin de travailler plus largement.

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