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  • Qu’est-ce qui fait tenir Verhofstadt?

    En septembre et en octobre, nous avions écrit qu’une chute de la coalition violette était plus que probable. Depuis plusieurs mois, le gouvernement semblait à l’agonie. Tous les dossiers délicats étaient repoussés aux calendes grecques et la cacophonie régnait entre ses différentes composantes. Lorsque la CSC brandit cet été la menace d’actions de grève contre les notes d’orientation concernant les fins de carrière, le chant du cygne semblait tout proche.

    Els Deschoemacker

    Le VLD faisait 16% dans les sondages et était victime de dissensions internes. Seul le PS de Di Rupo avait des raisons d’être optimiste. C’était avant la série des scandales politico-financiers qui ont entamé cette euphorie.

    Di Rupo n’est pas seulement le président du PS mais aussi le ministre-président wallon. On ne saurait trouver de meilleure illustration de la faiblesse du plus grand parti du pays. De nouvelles élections représentaient une occasion unique de renforcer sa position dominante et d’emmener le CD&V en coalition pour appliquer les plans d’assainissement budgétaire du patronat sans rencontrer trop d’opposition syndicale.

    Le facteur le plus important, et la surprise de l’année, fut l’appel à la grève générale de la FGTB le 7 octobre, action dirigée contre le pacte des générations. Auparavant, la stratégie du «voir, entendre et surtout se taire» semblait caractériser la FGTB en ce qui concerne la discussion sur les fins de carrière. De toute façon, la CSC avait mis en avant un langage combatif et semblait prête à l’être.

    La pression émanant de la base de la FGTB l’emporta alors sur la direction qui fut rappelée à ses devoirs à l’occasion de réunions militantes. A la base, une résistance intransigeante a vu le jour contre la mise à mal de nos pensions. Avec son appel à la grève, la FGTB a mis le feu à la plaine. La grève fut bien suivie et ne porta pas exclusivement sur le pacte des générations. Il s’agissait plutôt d’une expression d’un mécontentement généralisé contre la politique néolibérale. Aux Pays-Bas et en France, ce mécontentement a été à la base du rejet de la Constitution européenne. En Allemagne, c’est ce même sentiment qui est à l’origine de l’émergence du Linkspartei. Après toutes ces années de coupes sombres sur le plan budgétaire, les travailleurs et leurs familles en ont assez.

    Le CD&V souhaitait faire tomber le gouvernement. Mais sûrement pas en s’alignant sur un mouvement de lutte contre le pacte des générations! Une lutte qui aurait conduit à la chute du gouvernement lui apparaissait comme un pas de trop dans son jeu de récupération politicienne. En effet une chute du gouvernement suivie d’élections aurait conduit de facto à un test sur toute velléité d’attaque contre les pensions. Et cela aurait placé n’importe quelle future coalition gouvernementale dans une position délicate…

    La direction de la CSC abandonna dès lors très vite sa rhétorique combattive. Elle entendait surtout apporter des corrections au pacte des générations mais partageait l’ambition d’augmenter le taux d’activité des aînés.

    Ces différents faits nous permettent de saisir le nœud du problème: l’absence de programme alternatif au sein de la direction syndicale qui tranche singulièrement avec la combativité de la base!

    Le gouvernement aurait pu tomber et, sur base d’une alternative claire, les travailleurs auraient renvoyé les néo-libéraux à leurs chères études. Les leaders syndicaux ont opté pour un atterrissage en douceur. C’est ce qui a permis le sauvetage du gouvernement.

  • Les lois anti-terroristes nous touchent tous!

    La classe dirigeante en Belgique comme ailleurs se dote de nouveaux moyens pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Les dirigeants capitalistes instrumentalisent à outrance la remontée des attentats terroristes pour instaurer un climat de peur et renforcer leur appareil répressif. Au-delà de l’inefficacité de telles mesures et de leur coût exorbitant, c’est bien d’une vague d’attaques contre nos droits démocratiques dont il s’agit.

    Stéphane Delcros et Cédric Gérôme

    Suite au récent attentat kamikaze perpétré par une Belge en Irak, la Ministre de la Justice Onkelinx tente de faire passer un avant-projet de loi renforçant les moyens policiers et judiciaires face à une menace terroriste. Le gel de certains comptes bancaires sera facilité, des perquisitions à toute heure et des écoutes par téléphone ou micro caché seront autorisées. Toutes les données récoltées par la police seront en outre confinées dans un dossier secret auquel ni l’accusé, ni l’avocat n’auront accès.

    La Belgique est loin d’être le seul pays à adopter des lois antiterroristes; le Parlement européen a adopté récemment une directive permettant la conservation des données téléphoniques et électroniques pour une durée de 6 à 24 mois et donnant plein droit à la police de les consulter.

    Après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient adopté le Patriot Act, loi antiterroriste d’exception qui décuple les pouvoirs de la justice et de la police. Adopté initialement pour une durée de quatre ans, le Patriot Act était en passe d’être reconduit indéfiniment, mais cette dernière proposition a été -temporairement, du moins- rejetée par le Sénat, suite aux nombreux scandales qui ont éclaboussé la Maison-Blanche et la mettes dorénavant sur une position défensive. On ne compte plus les abus policiers et judiciaires basés sur cette loi, notamment en matière de surveillance de la population. La mise sur écoutes de la population américaine et les pratiques d’espionnage du Pentagone ne sont cependant pas nouvelles: ce genre de mesures furent largement utilisées contre des groupes hostiles à la guerre du Vietnam et des organisations de défense des droits civiques dans les années ’70.

    En Grande-Bretagne, les lois antiterroristes prennent une ampleur démesurée. Plusieurs millions de caméras filment désormais les faits et gestes de la population. Après les attentats de Londres en juillet dernier, le gouvernement de Blair a encore durci son programme avec une nouvelle loi qui prévoit notamment la prolongation de la garde à vue à 3 mois pour les personnes suspectées de terrorisme.

    A la suite de l’explosion des banlieues, la classe dirigeante française a adopté puis prolongé pour 3 mois l’état d’urgence, se référant à une loi qui n’avait pas été invoquée depuis un demi siècle dans l’Hexagone. Le gouvernement peut ordonner à la police de procéder à des arrestations massives, interdire les manifestations et censurer les médias. La police est autorisée à perquisitionner et restreindre les mouvements des personnes sans devoir fournir de preuves ou de raisons justifiant de telles actions. Ainsi, 11 des 24 propositions du Front National en matière de justice et de police ont déjà été mises en application par le gouvernement français.

    Brandissant le prétexte de la menace terroriste, partout les gouvernements capitalistes consolident leur appareil de répression et restreignent les libertés publiques. L’interprétation des lois anti-terroristes étant extrêmement large, ces mesures s’avèrent très utiles afin de museler les mouvements sociaux.

    Dans les années 80 déjà, Margaret Thatcher s’était servi d’une loi antiterroriste pour réprimer une grève de mineurs. On se souvient également des déclarations de plusieurs dirigeants européens n’hésitant pas à assimiler les militants anti-mondialisation à des terroristes. Cette année, en France, les unités antiterroristes du GIGN sont intervenues deux fois contre des actions syndicales. En Belgique, l’actuel procureur fédéral en charge de la lutte contre le terrorisme est Daniel Bernard, qui avait mené l’accusation dans le procès contre les syndicalistes de Clabecq.

    Tout comme les actes de terrorisme servent de justification à la politique répressive de la bourgeoisie, cette dernière alimente le terrorisme et ne résoud rien. Les énormes moyens développés par la Grande-Bretagne dans son arsenal anti-terroriste n’ont pas empêché les attentats de Londres. Quant aux centaines de milliards de dollars investis par Bush dans sa " lutte contre le terrorisme ", ils n’ont pas permis d’endiguer le terrorisme mais ont au contraire stimulé son développement à travers le monde. Il est temps de sortir de ce cercle vicieux en construisant une véritable opposition qui combat le terrorisme en s’en prenant à sa racine : le système capitaliste qui le génère.

  • Scandales à répétition, froid avec la FGTB, sondages en chute libre,… Le PS peut-il remonter la pente?

    Scandales à répétition, froid avec la FGTB, sondages en chute libre,…

    En un an et demi, le PS est passé d’un score de 36% aux élections régionales de juin 2004 à des intentions de vote qui ne sont plus que de 28% selon les derniers sondages. Cela signifie que, sur dix électeurs du PS, plus de deux ont l’intention de se faire la malle.

    Jean Peltier

    La raison de ce désamour massif, c’est évidemment la combinaison détonante des divers scandales (la douche d’Arena, la Carolo et les autres sociétés de logements sociaux, Francorchamps,…) et du soutien actif et sans faille du parti au Pacte de soi-disant Solidarité entre les Générations concocté par le gouvernement Verhofstadt.

    Le PS peut-il se remettre d’une telle chute (qui n’est peut-être pas encore finie) ? Peut-il repartir comme si rien ne s‘était passé et espérer refaire un tabac aux élections communales de 2006 et fédérales de 2007? A première vue, cela paraît difficile… Pourtant cela s’est déjà produit plusieurs fois par le passé et encore tout récemment.

    A la fin des années ’90, le PS se trouvait dans une situation fort proche de la situation actuelle. Il a connu alors plusieurs reculs électoraux, dont le pire a eu lieu en 1999, payant à la fois son soutien au plan Global de 1993 (un plan d’austérité du gouvernement chrétien-socialiste de Dehaene qui avait mis les syndicats dans la rue pendant plusieurs semaines), la suppression par les ministres Di Rupo puis Onkelinx de 6.000 postes d’enseignants dans le secondaire (qui avait provoqué des mois de grèves, d’actions et de manifestations) et une série d’ « affaires » retentissantes (l’assassinat d’André Cools, les pots-de-vin d’Agusta qui avaient coûté leur carrière à Spitaels, Coëme et Mathot,…). A ce moment déjà, le PS avait été prestement enterré et les faire-part envoyés par de nombreux commentateurs. Et pourtant, à la faveur de la prise du pouvoir par Di Rupo et du changement d’alliance gouvernemental avec les libéraux et les écolos, le PS a réussi à se redresser électoralement et à faire de véritables cartons en 2003 et 2004.

    Alors, les problèmes actuels, juste un mauvais moment à passer ? Ce n’est pas sûr et pour, au moins, trois raisons.

    D’abord, pour beaucoup d’électeurs du PS, ce qui s’est passé à la rentrée est beaucoup plus grave que les « affaires » qui avaient plombé le PS dans les années ’90. A ce moment, des dirigeants du parti avaient contourné la légalité pour remplir les caisses du parti, sans en tirer un profit personnel. Aujourd’hui, des mandataires du parti se remplissent les poches en puisant de l’argent dans les caisses des sociétés de logements sociaux au détriment d’habitants à bas revenus.

    Ensuite, la «positive attitude» que Di Rupo espérait développer grâce à son Plan Marshall (« Tous ensemble pour relancer la Wallonie ») et utiliser au bénéfice politique du PS a pris une méchante décharge de chevrotine avec le scandale de La Carolo et les diverses révélations sur la manière dont les dirigeants locaux du PS utilisent le pouvoir qu’ils détiennent dans les administrations, les intercommunales et les sociétés de logement.

    Mais la raison la plus profonde qui fait douter de la capacité du PS à se relancer durablement, c’est la cassure de plus en plus profonde entre un nombre grandissant de syndicalistes FGTB et un parti qui, participant au gouvernement depuis bientôt 18 ans, a soutenu tous les plans d’austérité, vendu au privé la CGER, Belgacom, Cockerill et un paquet d’autres entreprises publiques, participé au remplacement de l’index par un index-santé truqué, mis en œuvre la «norme salariale» qui impose une modération salariale contraignante, appliqué les mesures de chasse aux chômeurs, avalé la réforme fiscale libérale de Reynders, réduit les impôts des sociétés et augmenté d’année en année les réductions de charges patronales,…

    Chez beaucoup de syndicalistes grandit l’idée que le PS n’est même plus un «moindre mal» face aux libéraux et au patronat mais un parti comme les autres qui a abandonné les travailleurs, les pensionnés, les chômeurs et leurs familles au profit des gens aisés et du patronat.

    Certes, faute d’alternative à sa gauche, le PS (comme d’ailleurs les autres partis sociaux-démocrates en Europe) peut certainement encore remonter dans les sondages et gagner des élections en agitant le danger de la droite et de l’extrême-droite. Mais la confiance et le soutien actif que lui ont apportés les travailleurs pendant des dizaines d’années s’évaporent de plus en plus vite. Et la possibilité de construire un nouveau parti qui mettrait au cœur de son programme et de son activité la défense des travailleurs grandit d’autant.

  • France. La droite dopée par la crise des banlieues

    Après deux semaines d’émeutes dans les cités autour de Paris puis en province, la droite au pouvoir a décrété l’état d’urgence sur base d’une loi datant le la guerre d’Algérie. Cette loi permet aux préfets (l’équivalent de nos gouverneurs de province) de décréter le couvre-feu là où bon leur semble, d’assigner des personnes à résidence, de prononcer des interdictions de séjour, de procéder à des perquisitions de nuit comme de jour, …

    Thierry Pierret

    Cette loi a été votée en 1955, en pleine guerre d’Algérie, afin de contrôler les Algériens qui vivaient en France. Le recours à cette loi raciste va de pair avec des mesures et des propos non moins racistes. Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a ainsi donné instruction aux préfets d’expulser administrativement tous les étrangers condamnés dans le cadre des émeutes.

    Il a mené délibérément une stratégie de la tension en qualifiant indistinctement de "racaille" les jeunes des banlieues. Des intellectuels et des politiciens ont incriminé la polygamie des Africains. Le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures contre l’immigration clandestine qui ne feront que renforcer l’économie illégale. La droite se sent confortée par les sondages selon lesquels une majorité de Français soutiennent les mesures du gouvernement.

    Les banlieues: un concentré de misère

    Les travailleurs et leurs familles ont été choqués par la frénésie destructrice des jeunes qui s’en prenaient non seulement aux véhicules individuels – jusqu’à 1200 voitures brûlées par nuit au plus fort des émeutes! – mais aussi aux équipements collectifs et aux entreprises. Des écoles, des hôpitaux, des dépôts de bus, des centres sportifs,… ont été dévastés. Il y a de quoi plonger dans le désarroi un militant de la gauche syndicale ou politique qui lutte au jour le jour pour plus d’équipements collectifs dans les cités. Des dizaines de travailleurs se sont retrouvés au chômage technique suite au saccage de leur lieu de travail. C’est cette indignation mêlée de stupeur qui explique le soutien temporaire au gouvernement. Les jeunes incendiaires ne sont pourtant pas les "voyous" sans foi ni loi dépeints par Sarkozy. La majorité des jeunes arrêtés sont très jeunes (il y en avait de 12 ans!) et inconnus des services de police. Les banlieues françaises sont un concentré de misère: le chômage y est le double du taux national, les infrastructures font défaut, les logements sociaux sont vétustes. Dans ces conditions, une partie de la population a été isolée du monde du travail et, par là même, du mouvement ouvrier. Les traditions de lutte collective et d’organisation du mouvement ouvrier se sont perdues chez les plus jeunes qui n’ont jamais vu leurs parents avoir un boulot fixe et qui n’ont aucun espoir d’en avoir un. D’où la rage (auto)destructrice contre tout ce qui représente "l’Etat" sans faire la différence entre l’appareil de répression et les services publics.

    Un programme d’urgence

    L’UMP de Sarkozy – le parti au pouvoir – a enregistré des dizaines de milliers d’adhésions pendant les émeutes. Sarkozy s’en sert maintenant comme d’un tremplin vers l’Elysée en jouant à fond sur son image d’homme d’ordre. Mais sa popularité sera plus éphémère encore que celle de Bush. La lutte des classes ne tardera pas à reprendre le dessus. Mais l’énorme combativité de la classe ouvrière française ne suffira pas à lui donner la victoire. Il lui faut aussi un programme d’urgence avec des revendications anticapitalistes claires pour guider son action. Un nouveau parti des travailleurs permettrait de populariser un tel programme dans toutes les couches de la classe, y compris la jeunesse des banlieues. Un tel instrument permettrait au mouvement ouvrier de reprendre pied dans les cités et de regagner la jeunesse aux traditions de la lutte collective.

  • Richesse et pauvreté en hausse. Une histoire de gagnants, mais surtout de beaucoup de perdants

    Les coulisses de ce monde résonnent de bruits de fête. Les esprits chagrins se trompent, qui pensent que ce monde n’est qu’une vallée de larmes. Une très petite minorité vit dans un luxe inouï, accumule des quantités incalculables de capitaux et détermine la vie du reste de la population. Un petit exemple: En Amérique Latine, les 26 multimillionnaires les plus riches possèdent autant que les 130 millions les plus pauvres.

    Bart Vandersteene

    Depuis sa naissance, le capitalisme est un système économique qui mène à une concentration de capital, de richesses et de pouvoir. Tandis que l’élite peut se procurer un GSM pour quelques dizaines de milliers d’euros à la foire aux millionnaires, plus de la moitié de la population mondiale n’a jamais donné ou reçu un coup de téléphone. Le capitalisme a toujours été une histoire de gagnants, mais surtout de beaucoup de perdants. Des perdants qui sont sans cesse confrontés aux contraintes de l’existence.

    Ce n’est pas seulement dans le lointain monde néocolonial que la misère détermine la vie de la majorité de la population. En Occident aussi, une frange sans cesse croissante de la population sombre dans la pauvreté absolue.

    L’économie mondiale à la traîne depuis des années

    Les médias publient régulièrement des articles euphoriques sur la situation économique. C’est de la pure propagande! Parallèlement à la croissance, nous voyons une baisse du pouvoir d’achat des travailleurs et de leurs familles. En 2004, la Belgique a connu une baisse du pouvoir d’achat de 0,5%.

    Les économistes les plus sérieux reconnaissent que la croissance des dernières années n’est due qu’à la hausse de l’exploitation, notamment en Chine, et à une stimulation inédite de la consommation. Celle-ci se base sur un taux d’intérêt historiquement bas qui rend le crédit particulièrement bon marché. On nous incite à acheter à crédit et à nous endetter. On incite donc les travailleurs à dépenser ce qu’ils n’ont pas.

    Aux USA, le taux d’épargne (la part du revenu qu’on épargne) se traîne à 1,5% depuis des années. C’est historiquement très bas et ça démontre qu’une grande partie de la population est submergée de dettes. Nombre d’entre eux ne pourront sans doute pas les rembourser.

    La situation économique actuelle n’est pas stable à cause de l’éclosion de bulles financières sur le plan de la consommation et du crédit ainsi que dans le marché de l’immobilier.

    Après l’effondrement du secteur des nouvelles technologies sur les bourses en 2000-2001, le capital est parti à la recherche de cieux plus cléments. Vu les taux d’intérêt historiquement bas beaucoup d’argent a été injecté dans le secteur immobilier. Cela a poussé le prix des maisons à la hausse ; le prix d’un logement moyen a crû cette année de 14% aux USA ! Une remontée des taux avec un crédit plus cher à la clé n’irait pourtant pas sans conséquences. Cela plongerait une partie importante de la population dans les problèmes financiers, ce qui peut mener à une hausse des ventes de logements et à un atterrissage brutal du marché de l’immobilier. Cela peut entraîner l’économie américaine dans une crise.

    Les dettes sévissent aussi chez nous

    La Belgique n’est pas épargnée non plus par une forte hausse du crédit. Les 6 premiers mois de 2005 ont ainsi connu un renchérissement du crédit de 14%. La moindre adaptation des taux d’intérêt a en outre des conséquences non négligeables pour ceux qui ont conclu un emprunt hypothécaire à taux variable.

    La Banque centrale européenne a décidé de relever les taux à 2,25%, soit une hausse de 0,25%. Cela signifie que quelqu’un qui a conclu un emprunt récent de 100.000 euros sur 20 ans doit rembourser 40 à 50 euros de plus par mois. Pour bon nombre de familles, il ne s’agit pas de chiffres abstraits mais d’une difficulté de plus à nouer les deux bouts.

    Le manque de logements sociaux, mais aussi, par exemple, la libéralisation du marché de l’énergie combinent leurs effets pour augmenter la pauvreté. C’est ce qui ressort d’une étude récente de l’Université d’Anvers. Le problème se pose avec le plus d’acuité parmi les plus de 65 ans (22,6% de pauvres) et les chômeurs (32%). La situation économique pourrait pourtant mener à une forte hausse du nombre de travailleurs pauvres (6,4% actuellement).

    Les profits des 30.000 plus grandes entreprises ont crû de 9% en 2004

    Le journal patronal Trends a révélé que les 30.000 plus grandes entreprises avaient enregistré un bénéfice net de 19,2 milliards d’euros en 2004, et cela sans compter Belgacom et les intercommunales. Cela correspond à une hausse de 9% par rapport à 2003.

    Avec 19,2 milliards d’euros, on pourrait donner du travail à temps plein (avec un salaire brut de quelque 25.000 euros par an) à 750.000 personnes. Cela résoudrait le problème du chômage en Belgique, diminuerait les dépenses de la sécurité sociale et rapporterait en outre 1 million d’euros de cotisations en plus à celle-ci.

    Mais les choses ne sont pas aussi simples. Les divergences d’intérêt entre capitalistes et travailleurs sont insurmontables. Les capitalistes n’admettront jamais que leurs bénéfices plantureux soient mis au service de la majorité de la population. Si le MAS lutte pour arracher tous les acquis possibles dans la situation actuelle, il ne saurait trop insister sur le fait que seule une société socialiste pourra garantir à tous une existence digne.

  • Après le pacte des generations. Continuons le combat

    Le mécontentement continuel du patronat et ses demandes ressemblent à la liste de Saint Nicolas d’un enfant gâté. La hausse de l’acier, du pétrole, de l’euro… sont autant de belles excuses pour justifier l’austérité imposée aux seuls travailleurs car les bénéfices des entreprises ne décroissent pas.

    Nicolas Croes

    Le pacte des générations n’était pas encore voté au Parlement que l’on parlait déjà lors du congrès du VLD d’une seconde attaque sur les fins de carrière. Cela ne pouvait que satisfaire le Fonds Monétaire International pour qui le Pacte, s’il va dans le bon sens, se caractérise surtout par sa «faiblesse». Mais, sans résistance, ce n’est pas seulement plus longtemps que les travailleurs se feront exploiter…

    Pour Guy Quaden, gouverneur de la Banque Nationale (et membre du Parti «Socialiste»…), il y aurait une croissance économique de 2,2% en 2006. Ce serait une amélioration par rapport à l’année précédente, mais dont ne saurait profiter assez le beau monde des entreprises pour cause de handicap salarial. Quaden poursuit en comparant nos salaires à ceux des pays voisins, moins élevés et surtout non-indexés. Et c’est pour lui évidemment là que se situe le problème, dont la solution serait un «Pacte de Compétitivité» impliquant modération salariale, remise en question de l’index et de nouvelles baisses de charges pour les patrons… Il est hors de question de son point de vue de prendre en compte la productivité supérieure des travailleurs belges, cette donnée est probablement réservée aux patronats voisins, pour qui cela peut servir d’explication pour les bas salaires pratiqués chez eux. Quaden ignore aussi le coût de la vie sans cesse croissant, comme vient encore de le démontrer la récente étude du Service Public Fédéral de l’Economie qui calcule ce fameux index dans lequel n’est toujours pas prise en compte la hausse du pétrole.

    La FEB est moins optimiste et prévoit une croissance de 2% (ce qui est toujours supérieur au 1,4% de cette année). Mais sur le fond, l’analyse est la même: nos revenus sont trop élevés. Les travailleurs sont doublement visés dans le rapport de la FEB qui demande aussi une diminution des dépenses publiques. Moins de services à la population, donc, et de nouvelles privatisations avec les conséquences que l’on sait.

    A cela, il faut encore ajouter les pressions du Conseil Central de l’Economie et la bonne volonté du gouvernement pour appliquer les plus infimes désirs du patronat, seule voix «raisonnable» dans la société.

    C’est la faiblesse qui attire les coups et pour stopper le racket, c’est par des actions résolues, massives, et unies que les travailleurs doivent répliquer. La logique du profit est aux seuls avantages des inustriels et autres exploiteurs. Nous ne l’acceptons pas!

  • Stop à la liberalisation des services publics

    La Poste a été vendue pour moitié à des entreprises étrangères. Les quelques services publics qui subsistent encore doivent se préparer pour la privatisation. Le secteur des chemin de fer, sur recommandation de l’Union Européenne sera, à l’avenir, scindé entre le propriétaire de l’infrastructure (INFRABEL) et le prestataire des transports (SNCB). Cette scission représente une étape supplémentaire dans le démantèlement total et la vente des chemins de fer belges.

    Karel Mortier

    Les ministres européens des transports ont décidé en décembre de libéraliser totalement en 2010 le transport international des voyageurs. La libéralisation du transport national des voyageurs ne devrait pas suivre. Mais, vu la position centrale de la Belgique, il est clair qu’une libéralisation totale des lignes internationales aura un grand impact sur le transport national. Les investisseurs privés pourront, par exemple, circuler entre Ostende et Cologne, Anvers et Lille et vendre des tickets pour les trajets entre les gares sur ces lignes. Une grande partie des lignes nationales rentables sera donc libéralisée. Ce projet est également celui du PS et du SP.a au gouvernement. La libéralisation des liaisons internationales sera “bonne pour les gens”, déclare Renaat Landuyt (SP.a), ministre fédéral des transports. “Et cela n’aura aucune conséquence sur les lignes moins rentables”.

    Différents exemples à l’étranger ont plutôt démontré que la libéralisation du transport des voyageurs n’a pas conduit à une meilleure offre de service ou à une baisse des prix. Mais ce genre de détail est tout à fait négligeable pour les futurs investisseurs.

    Affirmer que la libéralisation des lignes internationales et nationales rentables n’aura aucun impact sur les autres est un mensonge puisque la mise sur pied des réseaux à haute vitesse s’est faite au détriment du réseau national. Les consommateurs pourront choisir à l’avenir entre plusieurs entreprises de transport, mais ce sera choisir entre la peste et le choléra.

    Après que l’énergie, la communication et la Poste aient été livrées aux aléas du marché, c’est maintenant le tour du transport public. La libéralisation de tous ces services est allée de pair avec la perte de dizaines de milliers d’emplois, une augmentation de la charge de travail et une détérioration des conditions de travail.

    A la Poste, les plans d’assainissement se sont succédés à un rythme plus que soutenu. A peine Géoroute 1 a-t-il été intégré que Géoroute 2 pointe le nez. En matière de fourniture d’énergie, on peut prévoir que des dizaines de milliers de familles passeront l’hiver sans chauffage ni électricité après qu’elles aient été virées par les fournisseurs privés d’électricité. Dans ces conditions, nous ne voyons pas qui doit payer pour les campagnes publicitaires par lesquelles les fournisseurs d’énergie essaient d’attirer de nouveaux clients.

    La libéralisation des services publics n’est pas encore une affaire entendue. La résistance à travers toute l’Europe des dockers contre la libéralisation de leur secteur et le démantèlement de leur statut prouve qu’une opposition est envisageable et que, de surcroît, elle donne des résultats. Chaque nouvelle tentative visant à libéraliser le marché du travail portuaire se heurte à des actions de résistance des dockers. Sans cette stratégie, la libéralisation de ce marché serait un fait accompli depuis belle lurette. Oser se battre, c’est oser gagner!

  • Expérience historique. La dynamique du Daensisme dans la formation d’un parti des travailleurs chrétiens

    Récemment, le prêtre Daens a obtenu la cinquième place dans l’élection du «plus grand Belge» du côté néerlandophone. Qui était Daens et quelle était l’importance du premier parti des travailleurs chrétiens indépendant?

    Geert Cool

    A la fin du XIXe siècle, la situation misérable des travailleurs et la montée du socialisme devenaient très inquiétantes pour beaucoup de catholiques. L’élite voyait alors sa position menacée et se devait de réagir. Certains catholiques déclaraient qu’il était nécessaire de prendre en compte la question sociale et d’organiser les travailleurs. Ils étaient renforcés par l’encyclique du pape Rerum Novarum.

    Dans la plupart des régions, les chrétiens-démocrates essayaient de défendre les travailleurs dans le cadre du vieux Parti Catholique. A Gand, notamment, les “anti-socialistes” réussirent à former une aile ouvrière dans le Parti qui, en 1890, commença à publier leur journal “Het Volk”.

    A Alost, un groupe de chrétiens-démocrates s’organisa autour de l’imprimeur Pieter Daens. Celui-ci avait toujours soutenu le Parti Catholique, mais en même temps, se souciait de la situation des travailleurs. Dans ses journaux “De Werkman” et “Het Land van Aels”’ il développait ses propres opinions.

    Daens voyait la montée du socialisme et la perte de terrain des catholiques dans la question sociale. L’extrême pauvreté et le fossé entre les travailleurs et l’élite francophone amenèrent Pieter Daens à la conclusion qu’il fallait un socialisme chrétien. « S’il n’y a pas de socialisme chrétien, le socialisme païen deviendra maitre. » (Het Land van Aelst, 4 janvier 1891). Daens trouva des partisans à Ninove, entre autre, et réclamait la création d’un parti populaire chrétien.

    Il ne le voyait pas comme un parti à coté du Parti Catholique et essaya pendant longtemps de mettre des candidats chrétiens-démocrates sur les listes catholiques. Le développement d’un parti ouvrier chrétien fut cependant accéléré par la haine intransigeante des conservateurs alostois. Tous les moyens possibles furent utilisés dans cette lutte, comme par exemple les punitions qu’imposa l’Eglise contre le prêtre Daens, le frère de l’imprimeur.

    En avril 1893, le Parti Populaire Chrétien fut fondé à Okegem. Le prêtre Daens proposa le programme du nouveau mouvement. En 1894 déjà, les Daensistes participèrent aux élections. A cause de la corruption et de la fraude électorale, un deuxième tour dut être organisé, duquel Daens sorti vainqueur avec un électorat comparable aux catholiques.

    La lutte pour un socialisme chrétien pouvait compter sur beaucoup de soutien parmi les travailleurs. Des syndicats rejoignirent le mouvement, entre autre les tailleurs de pierre de Boom et de Bruxelles (en 1897, ce syndicat avait 2000 membres). A Alost même, le nouveau Parti Populaire Chrétien avait le soutien actif de centaines de travailleurs, et des groupes étaient présents dans d’autres villes, comme Anvers, Courtrai, Bruges, Termonde,… Au parlement comme dans les usines, les Daensistes tirèrent la conclusion qu’ils étaient du même côté que les socialistes. En 1897, les travailleurs daensistes participèrent avec des drapeaux verts à la manifestation du premier mai à Alost.

    L’opposition du monde politique et de l’Eglise poussèrent le Daensisme plus à gauche. S’y trouvaient des revendications pour le suffrage universel, les droits linguistiques des travailleurs flamands, les salaires et les conditions de travail,… De l’autre côté, la cassure avec les autorités de l’Eglise entraîna un manque de moyens qui, combiné audéveloppement très rapide du parti mena à une certaine frustration dans les rangs daensistes.

    En 1907, Adolf Daens décéda après son retrait de la vie publique. Le Parti Populaire Chrétien déclina, commença à se diviser et finalement la majorité des membres rejoignirent les socialistes tandis que d’autres se dirigèrent vers le mouvement flamand. Lors de l’enterrement de Daens, Vandervelde, président du Parti Ouvrier Belge, déclara à propos du Parti Populaire Chrétien : «Inévitablement, il devait pousser ses partisans vers le socialisme. C’est ce qui c’est passé.».

    La fondation d’un parti ouvrier chrétien fut un énorme pas en avant. La nécessité d’un instrument politique propre aux travailleurs chrétiens était présente à tel point que les Daensistes obtinrent immédiatement un élu après leur première participation électorale, un an seulement après la création du parti. Ce développement du Daensisme fut aussi rendu possible par l’attitude anti-cléricale des socialistes. L’Eglise était dévouée au pouvoir et défendait les intérêts du capitalisme, mais beaucoup de travailleurs ne voulaient pas rompre avec leur religion à cause de ça.

    Les socialistes ont tiré insuffisamment les leçons du Daensisme. La coopération ne laissa pas assez d’espace pour les accents et sensibilités spécifiques. Une opportunité fut donc manquée d’unir les socialismes rouge et vert, ce qui les affaiblit tous les deux.

    Aujourd’hui, parmi les syndicalistes verts et rouges émergent des discussions sur une alternative politique. Le Daensisme montre que le développement d’un parti ouvrier chrétien peut se produire très vite, mais que l’unité entre les socialistes rouges et verts est nécessaire pour utiliser ce potentiel et construire un nouveau parti ouvrier commun et fort.

  • Leçons de la lutte contre le pacte des generations. Un nouveau parti des travailleurs est nécessaire et possible!

    Leçons de la lutte contre le pacte des generations.

    FGTB et CSC ont rejeté la dernière version du pacte des génération, reflétant ainsi le mécontentement de la base. Si cela ne dépendait que de celle-ci, la grève aurait certainement duré jusqu’à la chute du pacte, si nécessaire celle du gouvernement, voire de tout l’establishment politique. Mais le mouvement n’est pas allé jusque là. Pourquoi? Les directions syndicales ont tout fait pour freiner la contestation. Avec ces directions, les syndicats ne disposent ni d’un programme pour sortir de la crise, ni d’un instrument – indépendant du patronat et de la bourgeoisie – pour traduire politiquement leurs revendications. La lutte contre le pacte des générations a dévoilé les grandes faiblesses du mouvement. Le MAS offre quelques propositions pour les surmonter.

    Eric Byl

    Les partis gouvernementaux, dont le PS et le SP.a, tiennent à leur pacte. Quant aux partis d’opposition, tous trouvent que le pacte n’est pas assez violent. C’est le cas du CD&V qui plaide pour une réduction des charges sociales de 3 milliards d’euros tandis que le Vlaams Belang va jusqu’à proposer 6 milliards d’euros. Aucun parti représenté au parlement, pas même un parlementaire ou un sénateur n’était prêt à défendre les positions syndicales. Voilà la «démocratie représentative». Deux syndicats organisant ensemble 2,8 millions de personnes, environs 70% des travailleurs et presque 50% des électeurs, ne trouvent aucun parlementaire prêt à considérer leurs points de vue. La Démocratie? Certainement pas pour nous!

    La social-démocratie ou de nouvelles formations?

    PS et SP.a sont au pouvoir depuis 18 ans. Durant cette période, le nombre officiel de pauvres a doublé jusqu’à 1,5 millions! L’index à été miné, les allocations réduites au minimum, la sécurité sociale pillée, les contrats de travail vidés, les entreprises publiques et les bâtiments vendus à bon compte aux investisseurs privés et/ou aux spéculateurs. Beaucoup de travailleurs continuent à voter pour ces partis, certains ayant toujours leur carte, mais ils les considèrent au mieux comme le moindre mal, et pas comme des instruments pour défendre leurs intérêts. Le personnel politique ne se sélectionne pas sur base de l’engagement ou du mérite, mais sur base de naissance (Fréderic Daerden, Alain Mathot, Philippe Van Cau…) ou de loyauté envers l’appareil.

    Mais la théorie du moindre mal a ses limites. De plus en plus de travailleurs décrochent. Certains deviennent fatalistes, d’autres, par manque d’alternative à gauche, tombent finalement dans la toile de l’extrême-droite. Ces 15 dernières années ont démontré que «le moindre mal» peut au mieux ralentir la croissance de l’extrême-droite, mais certainement l’arrêter. Ceci n’est possible que si la gauche offre une alternative conséquente et crédible à la politique de casse néo-libérale. Celui qui place ses espoirs dans le PS ou le SP.a, ou dans SPa-Rood, vit dans une époque révolue. Dans le cas hypothétique où le PS et le SP.a pourraient refaire un tournant à gauche, ce ne sera plus sous pression de l’intérieur, mais justement sous celle de l’extérieur.

    L’apparition de nouvelles formations comblant, au moins partiellement, le vide laissé par la capitulation totale de la social-démocratie est un phénomène mondial. Dans certains cas, de tels partis se créent à partir de scissions de la social-démocratie et/ou d’anciens partis communistes (IU en Espagne, RC en Italie, WASG en Allemagne, PSOL au Brésil). En général, ils attirent des couches précédemment inorganisées, et parfois la gauche radicale y joue un rôle dynamisant. Leur succès se base principalement sur des expériences de lutte, comme contre l’Agenda 2010 en Allemagne.

    Certains pensent que la balle est dans le camp de la gauche radicale, qui doit abandonner les débats et polémiques, rassembler ses forces et initier une formation de gauche massive. Le MAS n’est pas insensible à cette volonté d’unité. En ’99 nous avons invité toute la gauche radicale à faire une alliance. Cette dernière décennie, nous avons invité 3 fois le POS et une fois le PTB à se présenter avec nous. Nous avons déposé des listes communes avec le PC, le POS et Leef et aussi participé à Debout! Mais nous n’avons jamais eu l’illusion que de telles initiatives pourraient remplacer une nouvelle formation. La gauche radicale consiste principalement en des gens qui sont arrivés à des idées socialistes à travers un processus de pensée abstraite. La masse des travailleurs et des jeunes apprend sur base d’expériences concrètes. Ceci explique pourquoi des partis de masse se forment à travers des évènements de masse et pas uniquement en regroupant la gauche radicale.

    La phrase «Celui qui regarde à gauche du PS et du SP.a voit le PTB» n’est que du verbiage. Comme si les travailleurs tiraient massivement des conclusions révolutionnaires de la lutte contre le pacte de générations, ou encore suivaient le stalinisme! Bien des travailleurs ont compris que le PS et le SP.a sont des freins pour leur lutte. Certains recherchent une formation qui n’est plus un frein. Une petite minorité adhère au MAS trotskiste ou au PTB stalinien, mais la grande majorité de ces travailleurs n’est pas encore prête à choisir un courant spécifique.

    Le MAS le comprend et veut aider à réaliser une nouvelle formation, mais insiste parallèlement sur la nécessité de pouvoir garder son identité. Nous pensons que cela sert au mieux les travailleurs.

    Les possibilités de création d’une nouvelle formation

    La capitulation de la social-démocratie et le tournant encore plus à droite de la démocratie chrétienne ne sont évidemment pas des nouveautés. Les liens de la CSC/ACV avec le CD&V et de la FGTB/ABVV avec le PS et le SP.a expliquent pourquoi patronat et gouvernement sont capables d’appliquer leur politique anti-sociale. Un gouvernement de droite, sans rapports privilégiés avec les syndicats, serait tombé depuis longtemps. Casser les liens avec la social-démocratie est devenu aujourd’hui une condition pour sauvegarder nos acquis et vaincre la démoralisation.

    Depuis ’95, le MAS plaide pour un nouveau parti des travailleurs. Cela était à ce moment déjà une nécessité objective. Mais la conscience des travailleurs suit en général la réalité avec un certain retard et se développe par bonds sous la pression des évènements concrets. Pendant la lutte contre le pacte des générations, le fossé entre la base syndicale et le PS, le SP.a et le CD&V est devenu palpable. Nos militants sont tous revenus des piquets du 7 octobre avec des rapports semblables. En conséquence, le MAS a décidé de lancer une pétition (www.partidestravailleurs.be), de concentrer son intervention le 28 octobre autour de trois stands avec à chaque fois une cinquantaine de militants, surmontés de calicots qui appelaient la FGTB/ABVV à casser avec le PS et le SPa et la CSC/ACV à casser avec le CD&V (et pour autant que cela ne soit pas encore fait, avec le cdH) et de mena une campagne pour un nouveau parti des travailleurs.

    Evidemment, la création d’une telle formation et la cassure avec la social-démocratie ne se fera pas du jour au lendemain. Le ton dénigrant utilisé par la presse lors de l’action syndicale au congrès du SP.a à Hasselt était frappant. Les journaleux se sont réjouis de l’arrogance de Vande Lanotte lorsqu’il a déclaré que celui qui tourne le dos au SP.a regarde vers la droite, et ont tourné au ridicule l’action syndicale aux portes du congrès. SPa-Rood par contre, une initiative pourtant très limitée, a été gonflée jusqu’à des proportions incroyables afin de ramener les militants syndicaux dans le giron du SPa.

    Mais, à la base, monte la grogne. La délégation FGTB d’Agfa Gevaert a fait un communiqué de presse appelant explicitement le sommet syndical à se retirer du bureau du SPa. A la CMB de Liège la discussion sur la rupture avec le PS dure depuis plusieurs semaines.

    Des secrétaires et des délégations ont signé la pétition. Dans le Limbourg, des délégués, entre autres de Ford et de Sappi, se sont réunis avec l’ancien parlementaire SP.a, Jef Sleeckx afin de tâter le terrain pour une nouvelle initiative et il en a été de même à Gand. A Anvers, les délégués de la Chimie se sont réunis avec Sleeckx. Ils veulent organiser un grand débat sur les liens entre les syndicats et le SP.a et le CD&V. Si cela s’avère un succès, il faudra organiser des débats semblables à Liège, Bruxelles, Gand et Charleroi.

    Selon Sleeckx, et le MAS le rejoint sur ce point, une nouvelle formation devra être organisée au niveau national et non pas sur base communautaire. Toujours selon Sleeckx, elle devra s’ouvrir tant aux travailleurs de la CSC qu’à ceux de la FGTB, tant aux Belges qu’aux immigrés, aux anciens et qu’aux plus jeunes,… Les travailleurs de la chimie d’Anvers ont décidé à juste titre de tenir leur débat en terrain neutre. Ainsi espèrent-ils ne pas effrayer les syndicalistes de la CSC.

    Selon le MAS, une nouvelle formation aura besoin dans un premier temps d’une structure fédérative, dans laquelle divers courants pourront collaborer sur base de consensus. Ceci est nécessaire afin de créer une relation de confiance et d’éviter qu’un ou l’autre courant se sente limité dans ses droits. C’est un message aux travailleurs chrétiens, la garantie qu’ils seront écoutés.

    Un programme de gauche conséquent qui rompe avec la politique néo-libérale

    Jef Sleeckx veut un mouvement où la base décide. Le MAS est complètement d’accord. Les débats politiques ne peuvent, comme c’est le cas dans les partis classiques, être limités à un petit groupe de patrons de parti, mais chaque travailleur doit avoir la possibilité de contribuer aux discussions. Nous pensons qu’il faut partir des besoins concrets des travailleurs et de leurs familles. Pour résorber le chômage, les partis traditionnels ne plaident que pour des baisses de charges sociales et une flexibilité extrême. Nous pensons par contre qu’il vaut mieux répartir le travail disponible entre tous, évidemment sans perte de salaire sans quoi le pouvoir d’achat et donc l’économie seraient minés.

    La libéralisation et la privatisation n’ont rien apporté aux travailleurs. Ce sont les patrons qui se sont enrichis. A la Poste et à la SNCB, la libéralisation revient à fournir moins de services à un prix plus élevé, avec moins de personnel. Le statut de fonctionnaire public se dégrade. Le succès de Belgacom s’est fait au détriment de 10.000 emplois et ave un rythme de travail destructeur pour ceux et celles qui ont eu la chance de rester. Les profits sont énormes puisque nous, contribuables, avons pris en charge le coût social. Le MAS veut mettre fin aux libéralisations et aux privatisations et renationaliser tous nos anciens services publics, mais cette fois sous contrôle des travailleurs et plus sous celui des managers qui ne font que du sabotage dans l’intérêt du secteur privé.

    Le MAS s’oppose à la régionalisation de la sécurité sociale puisque celle-ci conduira à une compétition entre les régions, dans laquelle celle qui assainira le plus obtiendra les investissements. Cela mènera, tant en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles, à la casse de nos acquis sociaux. Nous sommes par contre en faveur d’un programme massif de construction de logements sociaux afin de combattre l’augmentation étouffante des loyers et des prix d’achat des habitations.

    Le MAS pense que ces mesures, ou toutes autres semblables, se heurteront à la résistance du patronat et de son appareil politique, juridique et médiatique. Seule une société où les travailleurs et leurs familles détiennent ces leviers de commande, une société socialiste, peut répondre à leurs justes besoins. Le MAS veut apporter ces points de programme et d’autres dans une nouvelle formation, non pas en tant qu’ultimatum, mais comme contribution avec celles d’autres courants et individus.

  • La faillite de l’impérialisme. Les élections en Irak ne sauveront pas la face de Bush

    La faillite de l’impérialisme.

    Le 15 décembre, la majorité des Irakiens se sont rendus au bureau de vote pour élire un nouveau parlement. Ces élections avaient pour but de remplacer le parlement provisoire qui fut élu en janvier. Cette fois, il n’y a pas eu d’appel au boycott de la part des partis sunnites -la minorité sur laquelle l’ancien dictateur Saddam se reposait. Seuls quelques groupes terroristes, parmi lesquels le groupe d’Al Zarqaoui, s’opposent aux élections et brandissent la menace de nouvelles violences.

    Peter Delsing

    Bush se sert naturellement de ces élections afin de redorer son blason. Il parle de l’Irak comme de la “première démocratie dans le monde arabe”. Mais ces élections ont un contenu beaucoup plus ambigu que Bush ne le pense. Selon des estimations provisoires, environ 3 Irakiens sur 4 sont allés voter. Beaucoup voient sans aucun doute ces élections comme une des premières occasions où ils ont la possibilité de faire entendre leur voix après des décennies de dictature.

    Il y a quand même 1 électeur sur 4 qui est resté chez lui. Cela reflète en partie le mécontentement régnant contre le gouvernement – composé majoritaiement d’une coalition de partis religieux chiites – qui n’est pas en mesure de recréer des emplois, un minimum de sécurité et des infrastructures sérieuses. Il est clair que ces problèmes, liés à une baisse du niveau de vie pour la masse de la population, ne vont pas disparaître. Ils alimentent les divisions religieuses et ethniques déjà existantes, manipulées par les politiciens bourgeois, qui risquent de s’envenimer et même, à terme, d’exploser.

    Néanmoins, beaucoup d’Irakiens s’opposent au scénario d’une division ethnique et religieuse,et surtout d’une guerre civile. Ce refus a trouvé partiellement une expression dans la campagne du chiite laïc Allawi, malgré son manque de véritable réponses. On constate aujourd’hui une augmentation sensible des conflits sur base des différentes fractions armées, qui disposent de leur propre relai dans l’appareil d’état. La milice d’Al Sadr soutient la grande alliance chiite, mais se trouve de plus en plus violemment en conflit avec la milice de Badr inspirée de l’Iranien Sciri (laquelle fait pourtant partie de cette même alliance électorale!).

    Le sentiment de rejet des troupes d’occupation est maintenant largement répandu. Il y a peu de doutes sur le fait que beaucoup d’Irakiens expriment, à travers ce vote, le souhait d’un retrait rapide des troupes. Même certaines franges de la coalition régnante, comme les troupes d’Al Sadr, sont activement impliquées dans les attaques contre l’occupant impérialiste. Une partition ethnique de l’Irak représente à terme une menace probable, avec les risques d’un combat sans merci pour les meilleurs morceaux. A la place d’un “modèle de démocratie”, nous allons assister à une lutte entre les différentes fractions capitalistes qui vont se partager le pouvoir et la richesse sur le dos de la masse de la population. Seule une alternative socialiste multi-ethnique pour les travailleurs et les jeunes peut endiguer un tel scénario.

    Bush sous le feu des critiques

    Bush doit admettre ouvertement que les raisons qui ont servi de prétextes pour envahir l’Irak – la présence d’armes de destruction massive et les liens du régime de Saddam avec le terrorisme – étaient faux. Il reconnaît aussi que “30.000 victimes irakiennes” sont tombées pendant la guerre et l’occupation. Selon un récent sondage, 70% des Américains pensent que Bush n’a aucun plan pour le retrait des troupes de l’Irak. 52% veulent que les troupes rentrent immédiatement au bercail.

    Le vent qui tourne contre Bush aux USA met la pression sur son gouvernement et son parti. L’administration Bush reconnaît maintenant – en paroles – les déclarations des Nations Unies contre la torture. Ils se sont “excusés” par rapport à l’histoire de l’Allemand d’origine libanaise qui fut par erreur arrêté en tant que “terroriste”en Macédoine et maltraité en Afghanistan, après son enlèvement par la CIA. Récemment, le Sénat américain, dans lequel figurent bon nombre de Républicains, a refusé de proroger le “Patriot Act” (voté juste après les attaques d’Al Qaeda aux USA). Par les temps qui courent, les atteintes aux droits démocratiques sont même perçues par beaucoup de Républicains comme une politique invendable aux USA.

    La combinaison du mouvement anti-guerre et de la lutte des travailleurs autour des questions économiques peut prendre un caractère explosif. Depuis l’ouragan Katrina, le régime de Bush est en chute libre, de sondage en sondage. Seuls 36% des Américains sont confiants quant à la politique économique de Bush. Depuis novembre 2001, la fin officielle de la dernière récession, 80% des salariés aux USA ont subi une diminution de leur salaire réel. Malgré cela, la consommation interne continue à monter, grâce à l’ouverture des robinets du crédit et le sentiment présent chez beaucoup d’Américains qu’ils vont, en dépit de la baisse des salaires, devenir “plus riches”.

    Mais ils pourraient déchanter assez vite.

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