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  • Italie: plus de 10 millions de travailleurs en lutte

    Le 25 novembre, à l’appel des trois principales fédérations syndicales, l’Italie a connu sa sixième grève générale depuis que Berlusconi est revenu au pouvoir en mai 2001. C’est la troisième année consécutive qu’une grève générale suit directement l’annonce du projet budgétaire annuel du gouvernement.

    Cédric Gérôme

    La proposition de budget pour 2006 prévoit d’accélérer les privatisations et de tronçonner 16,5 milliards d’euros des dépenses publiques. Malgré la volonté de la bureaucratie syndicale de limiter l’ampleur du mouvement, la grève a été massivement suivie. Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de dizaines de villes; usines, banques, administrations et postes étaient paralysées tandis que les hôpitaux n’assuraient que les services d’urgence et que les transports tournaient au ralenti. « Cette grève est absolument inutile » a déclaré Berlusconi. Cette arrogance reflète le manque criant d’un parti pour relayer la combativité de la classe ouvrière italienne sur le plan politique.

    L’Italie, « le malade de l’Europe »

    Récemment, l’hebdomadaire britannique The Economist a publié un rapport sur la situation économique en Italie. L’article explique que durant la dernière décennie, la part du revenu national revenant aux salariés a fondu de 10%. Quelques 40% des Italiens âgés de 30 à 34 ans vivent encore chez leurs parents, du fait qu’ils ne trouvent pas d’emploi ou ne gagnent simplement pas assez pour s’offrir un logement. L’Italie a le taux de natalité le plus bas de toute l’Europe et figure au bas des classements de l’OCDE établissant des études comparatives sur la qualité de l’enseignement. Ces 15 dernières années, la croissance économique moyenne du pays a été la plus faible de toute l’Europe tandis que sa part dans le commerce mondial est passé en 10 ans de 4,5 à 2,9%. L’Italie a la troisième plus grosse dette publique au monde et son déficit public s’envole à 4,3%, bien au-delà de la limite autorisée par le pacte de stabilité.

    « L’Union », remake de « l’Olivier »

    A l’approche des législatives d’avril 2006, les sondages créditent Berlusconi de 25%, alors que l’alliance de centre-gauche autour de Romano Prodi («L’Union») bénéficie d’une confiance de 54%. Une frange importante de la bourgeoisie italienne veut se débarrasser de Berlusconi et verrait d’un bon œil l’arrivée au pouvoir de Prodi, meilleur emballage politique pour poursuivre le démantèlement des acquis sociaux des travailleurs. Si Prodi joue sur une réthorique de gauche pour s’attirer la sympathie du mouvement ouvrier, le ton de sa future politique a déjà été donné. The Economist exprimait des doutes sur les capacités d’une coalition de centre-gauche à mener «les réformes radicales et douloureuses dont le pays a besoin». Et Prodi de les rassurer : «J’ai l’habitude des ces critiques, mais nous les démentirons dans les faits.» Il est clair que l’Union n’est qu’une nouvelle version de «l’Olivier» qui avait gouverné dans la deuxième moitié des années’ 90 et qui, par sa politique anti-sociale, avait ouvert la voie à Berlusconi et lui avait pemis de revenir au pouvoir.

    Il faut une alternative à la “loi du pendule” !

    En Italie, la “loi du pendule” exprime l’alternance de gouvernement de centre-gauche et de centre-droite se relayant au pouvoir depuis des années pour appliquer la politique néo-libérale. Si beaucoup de travailleurs et de jeunes comptaient sur le PRC (Partito della Rifondazione Comunista), il est à déplorer que sa direction poursuive la voie d’une droitisation forcenée et ne trouve aujourd’hui rien de mieux, au nom de « l’unité contre Berlusconi », que de se mettre à la remorque de Prodi, au point que la presse italienne surnomme Bertinotti, le secrétaire général du PRC, «Prodinotti»! Si le PRC participe au prochain gouvernement et que celui-ci entre en collision avec le mouvement ouvrier, il est à prévoir que cela déclenche une nouvelle crise au sein de ce parti.

  • Conférence du MAS/LSP sur la question nationale en Belgique

    Ces 12 et 13 novembre, la conférence nationale du MAS/LSP a eu lieu à Louvain et a été consacrée à la question communautaire en Belgique et à la construction du parti. Un orateur du Cachemire et Peter Hadden, de notre organisation soeur en Irlande du Nord, ont renforcé la discussion par leurs interventions remarquables.

    Anja Deschoemacker

    La discussion a été préparée par une commission à laquelle ont participé des camarades de tout le pays. En sont sortis une série de textes consacrés au développement historique de la question nationale, en liaison avec l’histoire de la lutte des classes, ainsi qu’à des questions spécifiques (historiographie belge, Communauté Germanophone, chronologie des réformes d’Etat,…), sur base desquels la discussion fut très enrichissante.

    L’oppression des Flamands fut originellement niée par le POB (l’ancêtre du PS), laissant la petite bourgeoisie revendiquer la direction du mouvement flamand pour l’amener dans les rangs de la droite et de l’extrème-droite. Ensuite, la social-démocratie s’est penchée sur la question, mais de façon réformiste, se laissant ainsi aspirer dans le nationalisme bourgeois ce qui a finalement entraîné la scission du PSB.

    Pour la bourgeoisie, les "solutions" sont la division du pouvoir et des compromis entre élites qui mènent à de nouveaux conflits. Le développement inégal des régions sous le capitalisme est une règle, pas une exception. Le mouvement ouvrier doit aspirer à la plus grande démocratie possible, dans le respect des droits de chaque groupe ou minorité nationale. Mais il faut également lutter pour l’unité des travailleurs, nécessité cruciale pour maintenir et élargir nos acquis.

    Sur base de ces lignes générales, nous sommes arrivés à un programme centré sur le droit au travail et aux services dans sa propre langue. Analyse historique et programme seront publiés prochainement.

    Mais un programme doit être testé dans la pratique, peaufiné… Pour cela, la construction d’un parti révolutionnaire est primordiale, raison pour laquelle la deuxième discussion y fut consacrée. Durant les trois mois précédant la conférence, 40 camarades nous ont rejoint et toutes nos sections attendaient de nouvelles adhésions, pour la plupart concrétisées depuis lors.

    L’évaluation du travail de l’organisation a démontré que nos structures régionales mises sur pied au congrès de l’an dernier récoltent leurs fruits. La présence au congrès de bon nombre de militants syndicaux -FGTB et CSC – a mis en lumière la réussite d’un autre objectif du congrès de 2004, le renforcement de notre travail et de notre implantation dans les entreprises et les syndicats.

    L’enthousiasme des camarades a été visible lors de l’appel financier, qui a recolté pas moins de 10.000 euros, et lors du chant de l’Internationale concluant ces deux journées.

  • Néolibéralisme: 15,2% de pauvres en Belgique

    6,4% des travailleurs sont pauvres

    Selon une enquête de l’Université d’Anvers, le taux de pauvreté en Belgique est de 15,2%, ce qui signifie que cette proportion de la population dispose d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté, soit moins de 772,46 € par mois. Après analyse, deux faits fondamentaux sautent aux yeux.

    Xavier Dupret

    D’une part, le seuil de pauvreté défini par l’enquête est supérieur au montant des prestations pour certaines catégories d’allocataires sociaux (minimexés isolés et statuts cohabitants). L’importance croissante du risque de pauvreté en Belgique s’explique par le démantèlement de la protection sociale.

    Si l’on se réfère aux chiffres du GRESEA pour la période 1995-2005, le montant des cadeaux concédés par les gouvernements Dehaene et Verhofstadt au patronat est passé de 1,05 à 4,88 milliards € par an. Présentée à l’origine comme une aide à la création d’emploi, cette politique n’a bénéficié qu’au patronat. Pour mémoire, l’ONEM dénombrait 545.000 demandeurs d’emploi en septembre 1995 contre 591.000 dix ans plus tard.

    La présence du PS et du SP.a au gouvernement n’aura finalement qu’affaibli la protection sociale dans un contexte de fort taux de chômage et de précarité croissante.

    D’autre part, en ventilant les résultats de l’enquête par catégories sociales, on peut relever que 6,4% des travailleurs vivent sous le seuil de pauvreté!

    Ce type de constat fait clairement ressortir l’absurdité du concept d’”Etat social actif” qui scelle l’union entre socialistes et libéraux au niveau fédéral et qui définit l’insertion sur le marché de l’emploi comme la seule forme de protection contre la pauvreté.

    Dans le contexte actuel de détricotage de la sécurité sociale, il va de soi que cette politique a conduit à une détérioration des conditions de vie des classes laborieuses.

    En effet, en laissant filer les allocations de chômage vers le bas (en Belgique, 30% des chômeurs sont pauvres), en organisant la chasse aux chômeurs tout en prônant plus de flexibilité, on a de plus en plus contraint les candidats à l’emploi à accepter n’importe quel job.

    En bout de course, le pouvoir d’achat de l’ensemble des travailleurs a baissé de 0,50% au cours de l’année 2003. En comparaison, à la même époque, les profits des entreprises belges ont grimpé de 15% …

    Pour mettre fin à cette situation inaxeptable, il faut tourner le dos à la politique néolibérale et anti-sociale mise en oeuvre depuis 20 ans. Seule une reprise des luttes peut amener ce changement plus que jamais nécessaire.

    Pour cela, la formationd’un nouveau parti des travailleurs résolument ancré à gauche est essentiel.

    En effet, comme ailleurs en Europe, la remise en cause des acquis sociaux en Belgique a été orchestrée par des formations politiques social-démocrates. Que la faillite du système soit aussi la leur!

  • La ville d’Ostende consacre 100.000 euros aux éclairages de Noël

    Le 3 décembre, Electrabel a exposé son projet d’éclairer les tours de refroidissement de 100 mètres de hauteur situées à Drogenbos avec 57 rampes d’éclairage. Cette fantaisie a coûté la bagatelle de 600.000 € et consommera annuellement autant d’énergie que 7 familles. Des familles à qui on n’aurait pas coupé l’électricité et qui ne seraient pas réduites à se débrouiller avec 6 ampères.

    Peter Ghyselbrecht

    A Ostende, on peut admirer les lampions de Noël. Presqu’un million de petites lampes au total. Le bourgmestre d’Ostende Jean Vandecasteele (SP.a) a déclaré: “Nous consacrons chaque année 100.000 € à notre éclairage de fin d’année et tous les quatre ans, le même montant est investi dans le renouvellement et l’entretien du matériel.”

    On a coupé l’électricité à 5.000 familles flamandes qui vivent avec des limitateurs de 6 ampères, ce qui n’est pas suffisant pour faire le repassage à moins de débrancher la radio ou la télévision. 45.000 familles éprouvent des difficultés pour régler leurs factures. Mais à Ostende, on a trouvé 100.000 € pour l’éclairage de fin d’année alors que le nombre de minimexés a augmenté de 71% au cours des trois dernières années.

    Tout ceci montre clairement quelles sont les priorités des communes et des villes. Pour des projets de prestige, on peut dégager des moyens. Les pauvres, eux, resteront dans l’ombre …au propre comme au figuré.

  • Coupures d’électricité dues à la politique néolibérale

    Le temps était bien hivernal ce samedi 26 novembre, et plusieurs régions du pays, ont connu des coupures d’électricité. Quelques quartiers de Saint-Nicolas ont été privés d’électricité pendant presque cinq heures. Selon Willockx (SP.a), bourgmestre de la ville, c’est «inacceptable en 2005», il n’y avait que cinq centimètres de neige et la vitesse du vent ne dépassait nulle part les 100 km/h.

    Jan Van Olmen

    Le gouvernement doit en tirer les leçons, dit-il encore. Il a aussi déclaré qu’Electrabel n’était pas prêt à être libéralisé.

    Selon ELIA, gérant du réseau, les cables ont craqué à cause de neige, d’humidité et de températures exceptionnelles. Ce sont quand même les caractéristiques d’un temps pas si surprenant dans nos contrées.

    ELIA prétend beaucoup investir afin de satisfaire ‘les exigences de la clientèle’, comme l’extension du réseau. Mais en échange, l’austérité dans le maintien des équipes techniques se fait sentir. Alors que la population doit supporter d’être privée d’électricité pendant des heures, les services sont démantelés.

    C’est bien ce que signifie la libéralisation des services utilitaires et des services publics. Willockx a beau parler: entretemps, nous espérons pour lui qu’il n’y aura pas d’inondations dans sa région, car elles peuvent révéler un autre scandale: la libéralisation du réseau des égouts.

  • FN, Nation,… Où va l’extrême droite francophone?

    Il y a quelques mois, nous écrivions un article sur une énième implosion du FN dont la mainmise absolue de Daniel Féret sur le parti était la cause. Jusqu’ici, le Dr Féret s’est toujours débarrassé aisément de tous ceux dont l’ambition dépassait la construction d’un parti d’escrocs prêts à se remplir les poches par tous les moyens.

    Karim Brikci

    Malgré l’incapacité de l’extrême droite francophone à s’unifier dans une force politique sérieuse telle que le Vlaams Belang en Flandre, les derniers résultats électoraux du FN sont loin d’être négligeables dans une Wallonie socialement sinistrée. Cela n’a pas échappé à certains dissidents du FN. C’est pourquoi nous ne devons pas sousestimer la capacité de certains d’entre eux ou d’autres formations à faire ce dont Féret n’a jamais été capable.

    Un mouvement comme NATION qui se dit " national-révolutionnaire " (c-à-d. qu’il cache son programme violemment antiouvrier derrière une rhétorique anticapitaliste) a bien compris l’enjeu. Dans un article récent titré " Nettoyons devant nos portes ", Nation évoque les derniers scandales de détournements de fonds au FN et brocarde Féret comme le principal obstacle à la construction d’une force politique crédible. Ce groupuscule, qui se targue d’avoir construit ces dernières années un cadre sérieux, a fait état d’une hausse significative de ses activités et de ses interventions politiques.

    Nation déclare être en train de nouer des liens internationaux avec le MRS espagnol ou le NPD allemand, mais il développe aussi une approche pour construire l’unité dans l’extrême droite francophone, ce qui implique tout d’abord l’éviction de Féret.

    Beaucoup d’inconnues subsistent sur la capacité de l’extrême droite francophone à se construire sérieusement. Quoi qu’il en soit, une lutte efficace contre le racisme et les partis d’extrême droite devra s’appuyer sur la construction d’une véritable opposition de gauche à la politique antisociale des partis traditionnels. Le MAS pense en effet qu’il est urgent de remplir le vide à gauche et de mener la discussion sur la nécessité d’un nouveau parti de masse qui soit un instrument de lutte pour les travailleurs et les jeunes. Seul un tel parti sera capable de donner des perspectives à la population pour l’amélioration de ses conditions de vie et contre la casse de ses acquis.

  • Manifestation anti-NSV réussie, mais ternie par les anarchistes

    Le 1 décembre, le NSV a manifesté à travers Louvain. C’est une organisation néofasciste qui n’hésite pas à passer à la violence. Comme la tradition nous l’impose, nous avons organisé une contre-manifestation (cette année-ci avec d’autres organisations). Cette manifestation a réussi à stopper le NSV dans sa tentative de contrôler les rues de Louvain. En outre, nous voulions mettre en avant les difficultés du VB à se positionner vis-à-vis du mouvement contre le Pacte des Générations et, plus généralement, montrer que ce parti n’offre pas de solutions aux problèmes sociaux.

    Sven De Deken

    Lors de son congrès économique, le VB a proposé une série de remèdes comme des baisses de charges supplémentaires et autres cadeaux au patronat. Mener une autre politique serait, selon le VB, contre-productif car ce parti prétend toujours que les intérêts des salariés et des patrons sont identiques (c’est le solidarisme, la théorie économique classique du fascisme). Pour les antifascistes, il est d’un intérêt primordial non seulement de mettre en garde contre le VB, mais aussi de proposer une alternative. Une alternative qui, selon nous, consiste en la construction d’une opposition de gauche, laquelle appelle à un débat sur les méthodes d’action.

    Dans le passé, le MAS/LSP a mené des campagnes réussies avec Blokbuster et les Etudiants de Gauche Actifs (ALS/EGA), en se servant des différentes méthodes d’action et stratégies adaptées à chaque situation. C’est-à-dire que nous tenons compte de la perception de telle ou telle action par les couches plus larges de la population dont le soutien pour nous est une condition sine qua non. Chercher la confrontation avec la police, jeter des pierres ou mettre le feu sont des méthodes d’action incompatibles avec cette stratégie car elles font en sorte que le message des manifestants est passé sous silence.

    Nous regrettons dès lors qu’après la manifestation des bandes d’anarchistes soit passé aux émeutes. A la manifestation nous avons compté 1200 antiracistes. Mais cet énorme succès et le message politique de la manifestation n’ont pas été décrit dans les médias qui n’ont pas cessé de parler d’un “champs de bataille” entre l’extrème-gauche et l’extrème-droite. Les étudiants ont dû récupérer leurs vélos utilisés comme projectiles contre la police par les casseurs, et un policier a été envoyé aux urgences, touché par une pierre.

    Ceci a jeté une ombre sur la manifestation, mais pour les manifestants présents ce jour-là, il était bien clair que seule une infime minorité a opté pour cette tactique erronée.

  • Le Vlaams Belang se prononce contre les travailleurs et leurs organisations

    Manifestation contre le congrès économique du VB

    700 manifestants antiracistes ont affronté la neige et les températures hivernales ce 26 novembre lors de la manifestation organisée par Blokbuster. Vu le mauvais temps, le nombre de participants était un succès. Mais la manifestation a surtout été importante pour son contenu. Elle a montré comment on peut s’attaquer aux causes socio-économiques qui forment le terreau fertile de la montée électorale de l’extrème-droite..

    Boris Van Acker

    La manifestation a reçu le soutien des deux syndicats, résultat de la lutte sociale des derniers mois et du fait que le VB s’est retrouvé dans une position difficile à l’occasion de cette lutte. Des années durant, ce parti a grandi en parasitant le mécontentement de la population. Cela lui est devenu plus difficile maintenant car cette frustration s’est traduite en actions contre la politique néolibérale.

    En outre, le VB a montré qu’avec son programme économique libéral très poussé, il ne détient aucune réponse à apporter à ce mécontentement. Le mouvement contre le Pacte des Générations n’a eu aucun écho au Parlement, et certainement pas auprès du VB, malgré le fait que selon un sondage la majorité de ses électeurs a soutenu la grève du 7 octobre. Lors de son congrès, le VB a émis le souhait de pousser la politique de casse néolibérale encore plus loin.

    Le président du VB, Vanhecke, a déclaré que son parti ne prenait pas position pour ou contre la grève. D’autres furent moins subtils: le patron raté Freddy Van Gaever s’est demandé pourquoi la police n’avait pas été envoyée pour briser la grève. Au conseil communalde Gand, le VB a même déposé une motion allant en ce sens. Le parlementaire Wim Wienen a publiquement exprimé sa mélanconie du slogan "Faire la grève nuit, travailler rapporte".

    Rassurant envers les patrons, le VB a déclaré à son congrès économique qu’il ne "restait qu’une seule option pour ne pas faire dévier le budget : des coupes d’austérité" et à propos du Pacte des Générations: "Le résultat est négligeable. La CSC a calculé que grâce aux multiples exceptions, l’âge de la prépension demeure garantie jusqu’à 58 ans. (…) Un maigre résultat, surtout comparé aux pays voisins". Il préconise "l’introduction de la perspective de carrière c’est-à-dire, avec exceptions, une pension légale après 40 ans de carrière".

    La rhétorique antisyndicale a été reprise par la direction du VB, qui a répété son point de vue selon lequel les syndicats ne sont pas les bienvenus dans les PME. Le VB exige aussi que les syndicats adoptent une personnalité juridique et rendent public leur comptabilité (et donc aussi le montant des caisses degrève), afin de leur couper les ailes.

    Avec ce congrès, les dirigeants du VB ont voulu dire au patronat que leur parti est prêt à se présenter comme un partenaire fiable dans des coalitions. C’est une démarche à propos de laquelle le VB ne souhaite pas trop attirer l’attention: pour la majorité de son électorat populaire, le VB a d’autres positions en poche.

  • Le gouvernement n’est pas impressionné par les Saint-Nicolas syndicaux

    Actions des 2, 6 et 8 décembre

    Le 29 novembre, un mois après la manifestation réussie à Bruxelles, la direction syndicale a présenté son ‘plan d’action’. Ainsi, le 6 décembre, trois Saint-Nicolas, respectivement rouge, vert et bleu, ont rendu visite à Yves Leterme, ministre-président de la région flamande. Le gouvernement peut se féliciter que seule une pièce de théâtre et non une mobilisation de rue a été organisée.

    Luk Janssens

    Le 2 et le 8 décembre, des actions régionales et sectorielles ont été menées. Ces actions étaient relativement restreintes, mais là où ces actions étaient organisées, la combativité de la base restait remarquable.

    Avant l’annonce d’un plan d’action, une tournée d’information a été organisée dans les entreprises. Plusieurs se sont mises en grève à cette occasion: Duferco, VW à Forest (suivie par 90% des salariés),… Chez Picanol et Bekaert, les votes organisés ont démontré sans ambiguïté une volonté d’action. Chez Picanol 88,43% ont voté contre le Pacte de Solidarité dont 81,3% se sont prononcés en faveur d’une poursuite des actions. En dépit de cela, Cortebeeck a maintenu qu’il n’existait pas de base pour de nouvelles actions de grève.

    2 décembre. Plus de 2500 manifestants à Mons et à Liège

    De nombreuses délégations ont suivi l’appel de la FGTB Liège-Huy-Waremme à une concentration. Chez pas mal de militants régnait la déception envers le Plan d’action proposé, mais le fait que des militants sont venus de toute la province et de toutes les centrales a renforcé la confiance des travailleurs et la discussion sur la nécessité d’une nouvelle grève nationale fut débattue. Dans leurs discours, Thierry Bodson et Marc Goblet ont fait référence aux mensonges de ceux qui ont défendu le Pacte des Génération et ont sévèrement critiqué l’attitude vacillante de Cortebeeck (critique reprise par les quelques militants CSC présents).

    A Mons aussi, plus de 2500 militants sont descendus dans la rue. Contrairement à Liège, la CSC était bien représentée. Freddy Matthieu de la FGTB-Mons et Raymond Coumont, président de la CSC, ont tous les deux déclaré que le Pacte était inacceptable et que la lutte devait continuer.

    Le ministre bruxellois de l’emploi, Cedexhe, et le ministre-président bruxellois ont eu la visite de 300 militants syndicaux.

    6 décembre. Saint-Nicolas chez Leterme

    Quelques militants syndicaux se sont réunis à la Place des Martyrs à Bruxelles. Trois Saint-Nicolas (un rouge, un vert et un bleu) ont rendu visite au ministre-président flamand Yves Leterme. Bien comique, mais la question est de savoir si le gouvernement et le patronat ont été mis sous pression suite à cette action ludique. Tandis que les discussions sur un deuxième Pacte sont en cours, les syndicats se sont décidés à envoyer trois Saint Nicolas.

    8 décembre. Grève dans la distribution

    La journée d’action du 8 a été limitée au secteur de la distribution et au non-marchand. Quelques 300 supermarchés ont arrêté le travail suite à la grève. Un millier de travailleurs du non-marchand ont manifesté à Bruxelles. A La Louvière étaient présents 2700 manifestants. A Gand, des centaines de militants ont manifesté vers le sécretariat local du SP.a. Dans la région liégoise, la FGTB a lancé un appel à la grève générale. C’étaient surtout les secteurs qui étaient les plus forts à se mobiliser dans la lutte contre le Pacte qui s’étaient mobilisés. Dans le secteur métallurgique et de l’acier, aux TEC… la grève était complète tandis que dans les services publics comme La Poste et la SNCB la grève était plutôt restreinte. Les directions syndicales ont tout fait pour convaincre les militants que lors des négociations, plusieurs concessions importantes ont été acquises. Elles ont également mis en avant que Liège ne peut pas continuer seule la lutte.

    Fedis, la fédération patronale de la distribution, a déclaré que la grève n’était pas un succès. Mais paradoxalement elle a dû admettre que la grève a coûté à leurs affiliés plus de 16 millions d’euros. Les trois quarts des Carrefour étaient fermés ainsi que la moitié des Super GB, des Delhaize et des Colruyt…

    Malgré la faible mobilisation du non-marchand (beaucoup de militants nont été mis au courant de la grève que la veille), plus de 1000 militants étaient présents. Il y avait également des délégations d’autres secteurs et malgré le fait que cela n’était pas prévu, la manifestation s’est dirigée vers le sécretariat du VLD.

    Il est clair que le Plan d’action était un plan d’atterrissage. Aujourd’hui, les deux syndicats déclarent qu’il n’y a plus de combativité pour continuer la lutte. Là où nos militants sont intervenu il était pourtant clair que les militants de la base étaient déçus par… le plan d’action.

  • Jeunes des banlieues: le bourgmestre vous parle

    Depuis sa construction à Liège, le MAS est attentif à la situation dans les quartiers où réside une bonne part de la population jeune en situation de précarité. Un certain nombre de nos militants habitent le quartier de Droixhe, mis sur le devant de la scène il y a quelques années comme archétype de la « banlieue à problème ». En fait de quartier chaud, on a évidemment affaire à une zone de pauvreté aigüe qu’il est plus facile de stigmatiser dans les médias bourgeois que les communes de riches comme Embourg ou Chaudfontaine.

    Simon Hupkens

    Depuis les émeutes en France, le conseil communal a un peu flippé, ce qui est à la source d’une petite opération marketing dans le quartier de Droixhe de la part du bourgmestre (PS) Willy Demeyer. Celui-ci invitait il y a peu les habitants a une conférence-débat sur le thème « Etre jeune aujourd’hui à Droixhe et à Bressoux ». Un débat d’ampleur, approfondis à la grosse louche et s’apparentant largement à la discussion de comptoir comme on va pouvoir le constater.

    Arrivé avec une demi-heure de retard, Mr Demeyer subit d’abord de bonne grâce son hagiographie par le représentant PS local avant de commencer à flatter le quartier, qu’il connait bien, y étant né, etc…: Il s’agit d’un quartier important et il abrite un grande proportion de jeunes qui ne sont traités dans la première partie de son exposé qu’en terme de « problématique ».

    Il vante les mérites des infrastructures qu’il a mis à la disposition des habitants: terrain de basket et maisons de jeunes avant d’avouer que ce qui préoccupe le plus la jeunesse, c’est d’avoir un job.

    Pour répondre à cette demande, Mr Demeyer prévoit carrément d’implanter dans le quartier une antenne de l’ONEM. Tant mieux pour les chômeurs en fin de droit, ils auront moins à se déplacer pour se faire sanctionner! Quand aux autres qui n’auraient pas trouvé les emplois fantasmés par le gouvernement, ils auront toujours la possibilité d’obtenir un job de vacance à la ville, privilège exorbitant attribué aux 200 jeunes les plus méritants du quartier car « il va falloir faire un choix, bien entendu ». Pour le reste, les jeunes s’orientent mal dans leurs études: il faudrait plus de carreleurs et moins d’universitaires. Le bourgmestre n’a pas trop à s’inquiéter de cet état de fait: les recteurs belges font tout pour virer les plus pauvres du cursus universitaire.

    Mr Demeyer conclu qu’on peut être fier de la jeunesse du quartier qui, bien que fauteuse de troubles, (trafics de drogues, vandalisme et insécurité seraient de son fait) s’est plutôt bien comportée durant les émeutes en France. Seuls quelques dégâts matériels sont à déplorer. Pour rassurer les plus craintifs le bourgmestre a quand même précisé que l’ordre veillait au grain les soirs les plus chauds: un hélicoptère de la police fédérale a survolé la ville toutes les nuits.

    Viens le traditionnel tour de questions: au milieu des inquiétudes des habitants touchant à la détérioration des abris-bus, le débat dérape un peu. Ce sont d’abord les militants associatifs, dont le bourgmestre a vanté les efforts, qui dénoncent la fin de leur subventionement. Le maillage associatif était pourtant au coeur du discours de Mr Demeyer. Mais ces décisions(qu’il regrette) ne sont pas de son fait.

    Ce sont ensuite les locataires des immeubles vidés qui insistent sur leurs conditions de logement. Le problème est le suivant: La ville a décidé il y a quelques années de vider en partie les tours de Droixhe jugées insalubres afin de les rénover. On a appelé comme bailleur de fonds un groupe privé hollandais. Celui-ci n’entendant pas faire que du social, il a été décidé de rénover une partie des appartement pour en faire des logements de standing, politique justifiée par le bourgmestre comme instauration d’une mixité sociale dans le quartier. En fait de mixité sociale, il s’agit surtout de virer les bas-revenus des buildings. C’est d’ailleurs la croisade de Mr Demeyer depuis quelques années à Liège: il faut en faire un ville de riche qui payent beaucoup d’impôts. Donc il s’agit d’évacuer le problème de la pauvreté en évacuant les pauvres.

    Les locataires, pour en revenir à eux s’inquiètent: les charges communes s’alourdissent puisqu’ils sont moins nombreux dans les bâtiments, il y fait plus froid et surtout, comment pourront-ils assumer l’augmentation des loyers qui surviendra une foi les travaux finis? Sur ces questions, pas de réponse claire du bourgmestre. Il ne connaît d’ailleurs pas l’ensemble du dossier leur avoue-t-il jovialement.

    Je risque à mon tour une intervention (puisque je suis à peu près le seul jeune dans la salle et que ce débat me concerne au premier plan comme habitant et travaillant à Droixhe): les jeunes sont ils réellement coupables de tous les maux qu’on leur attribue? Mon impression (confirmée par plusieurs habitants) est plutôt que les trafics de drogue sont le fait d’adultes extérieurs au quartier. Réponse pour le moins poujadiste du bourgmestre: ce ne sont sûrement pas les pensionnés qui brûlent les voitures! (de quelles voitures parle-t-il? Les seules détruites l’ont été à l’autre bout de la ville…)

    Après quelques dernières interventions de complaisance, le débat en reste là et Mr Demeyer repart satisfait.

    Que peut-on conclure de cette soirée quand on est un jeune anticapitaliste?

    Que la politique clientèliste du PS fonctionne bien dans le quartier. Le bourgmestre appelle deux ou trois personne par leurs prénoms, il a donné un job de vacance à quelques jeunes qui le lui rendront bien en votant pour lui.

    Que la politique sécuritaire fonctionne aussi bien: Mr Demeyer stigmatise les jeunes sauvages (mais attention, hein: y en a qui sont biens!) et aux inquiétudes suscitées chez les riverains, il répond que la police fait son boulot, et même mieux qu’avant.

    Que les locataires des logements sociaux ont par contre bien compris qu’il n’y avait pas grand chose à attendre de la ville pour défendre leurs intérêts.

    Qu’il y a encore du boulot pour susciter une conscience de classe combative chez les habitants même si on perçoit un certain ras-le-bol.

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