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  • Elections présidentielles en France : Sarkozy-Royal, un faux choix

    Interview d’Alex Rouillard, membre de la Gauche Révolutionnaire, organisation-soeur du Mouvement pour une Alternative Socialiste en France.

    Alternative Socialiste : En Belgique aussi, on parle beaucoup des élections présidentielles françaises. Vu d’ici, ou plutôt vu de la presse bourgeoise, on a un peu l’impression qu’il ne s’agit que d’un match Nicolas Sarkozy/ Ségolène Royal. On imagine que c’est un peu plus compliqué…

    Alex Rouillard : C’est au contraire plus simple. La france connaît un gouvernement de droite depuis plusieurs années. Une politique néo-libérale extrême a été menée qui a conduit à la résistance des jeunes et des travailleurs. dans ce contexte, il est logique qu’apparaisse une forte polarisation entre celui qui représente la continuation de cette politique et la recherche d’un ou une candidat capable de s’y opposer.

    AS : Ségolène Royal représente-t-elle cela ?

    AR : Malgré des tentatives, il n’y a pas de candidats capables de représenter les luttes passées en rassemblant autour de lui. Ségolène Royal capte l’anti-sarko mais pas par ses positions politiques. S’opposer à Sarkozy sur le terrain électoral est la question centrale de son programme.

    AS : Donc, Ségolène n’est pas assez à gauche. Mais en 2002, on avait dit la même chose de jospin et, affaiblit par l’extrême-gauche, c’est Le Pen qui est passé au second tour…

    AR : Si Jospin a fait si peu de voix en 2002, c’est parce que la politique qu’il avait menée n’était pas assez à gauche et les travailleurs ne lui ont donc pas apporté leur soutien. Le Pen a capté à l’époque une partie du mécontentement mais on a vu au second tour qu’il n’a pas plus progressé. A l’époque, l’extreme gauche a fait plus de 10 % mais n’a pas cherché à utiliser ce score pour construire une alternative. Aujoursd’hui, Royal ne se différencie pas de Jospin. La différence est que le gouvernement actuel est un gouvernement officiellement de droite qui porte donc le bilan des attaques menées ces dernières années. Ce qui manque face à ça, c’est un ou une candidate qui défendrait un programme anti-capitaliste et une perspective de rassemblement pour construire une alternative. Dans un tel cas, il ne serait pas certain qu’elle arrive à capter tout l’effet anti-Sarko, et ce ne serait pas Le Pen qui en bénéficierait.

    AS : La Gauche révolutionnaire ne se présentera pas à l’élection présidentielle.

    AR : Nous ne pouvons pas nous présenter pour une question de moyens. Nous sommes en faveur qu’un candidat rassemble les jeunes et les travailleurs contre la politique néo-libérale. Mais aucune force se réclamant de l’anti-capitalisme ou de l’anti-néo-libéralisme n’a cherché à le faire réellement. Le problème n’est pas celui d’une dispersion des voix à gauche de Ségolène, mais plutôt celui de l’absence d’une candidature qui rassemble ces voix. Elle aurait mis au centre de son action la préparation des luttes futures contre Sarkozy ou Royal. Chacun des deux au pouvoir mènera une politique d’attaques contres les acquis des travailleurs. C’est l’absence d’un nouveau parti des travailleurs qui permet à Royal et à Sarkozy d’occuper à ce point le débat politique.

    Ni la LCR (Ligue Communiste révolutionnaire), ni LO (Lutte Ouvrière) n’ont voulu d’un tel candidat. Pour autant, la question d’un maximum de voix se portant sur ceux qui sont perçus par les jeunes, les travailleurs… et les patrons comme anti-capitalistes est importante.

    AS : Vous allez donc appeler à voter pour la LCR et LO ?

    Oui, nous appellerons à voter pour eux au premier tour. En même temps, nous appellerons à transformer ce soutien électoral en un rassemblement pour les luttes futures qui vont nous opposer aux futures attaques néo-libérales du prochain gouvernement.

    Certains vont voter pour Ségolène Royal pour empêcher Sarkozy de passer. Nous comprenons largement ce souci et nous ne chercherons pas à faire le jeu de Sarko, nous ne sommes pas partisans de la politique du pire. Mais là aussi, la question centrale, quel que soit le scénario du second tour, sera de préparer les luttes des travailleurs. A travers elles il faudra défendre la nécessité d’un parti indépendant des travailleurs et des jeunes, et l’absence d’un tel organe de lutte est la grande caractéristique de ces élections.

  • Résistance ouvrière en Irak

    Le seul espoir pour les travailleurs irakiens est la reconstruction du mouvement ouvrier. Cela n’est pas un slogan creux, mais l’ampleur de cette tâche est immense, après plus de 40 ans de répression impitoyable contre ce qui furent autrefois un puissant mouvement syndical basé sur les industries pétrolières et l’un des plus grands partis communistes du monde arabe.

    Nicolas Croes

    Cette difficulté est encore accentuée par la participation du Parti Communiste Irakien à la coalition pro-américaine et au gouvernement qu’elle a mis en place ainsi que par la mainmise qu’exerce depuis lors ce même PCI sur la Fédération Irakienne des Syndicats (IFTU – qui a pris la place de l’ancien syndicat unique baathiste sous le régime de Saddam) qui a ainsi été neutralisée sur une ligne de soutien au gouvernement.

    Mais dès le début de l’invasion, on a pu assister à de premiers développements de cette reconstruction d’un mouvement ouvrier indépendant.

    Dès l’entrée des troupes coalisées en Irak, une vague de grèves a été déclenchée de laquelle est sortie la Fédération des Syndicats et Conseils Ouvriers en Irak (Federation of Workers Councils and Unions in Iraq – FWCUI) forte aujourd’hui de 350.000 membres et qui est active dans l’industrie (coton, cuir, bois, agro-alimentaire, transports) aussi bien que dans les services publics (administration, santé, banques). C’est aujourd’hui le principal syndicat libre d’Irak, à côté de la Fédération irakienne des syndicats, seule fédération à être reconnue par l’Etat.

    Dès sa création, liée à la formation du Syndicat des Chômeurs d’Irak (UUI), la FWCUI s’est engagée pour le retrait des troupes d’occupation, de véritables droits sociaux, un système laïque, la pleine égalité hommes-femmes, la libre élection des délégués syndicaux et la revendication d’une nouvelle législation du travail. Les lois répressives de Saddam Hussein (code du travail de 1987) sont en effet toujours en vigueur : elles interdisent les grèves et les syndicats libres et n’autorisent l’activité que d’un seul syndicat, et uniquement dans le secteur privé (10% seulement de l’économie).

    A côté de la FWCUI existent également des syndicats de branches autonomes, notamment chez les enseignants et dans le secteur pétrolier.

    En 2003, c’est grâce à la mobilisation héroïque des militants et militantes des organisations du mouvement ouvrier renaissant (Fédération des Syndicats et des Conseils Ouvriers, Organisation Pour la Liberté des Femmes en Irak, Syndicat des Chômeurs d’Irak, Parti Communiste-Ouvrier d’Irak ) que la tentative du gouvernement pro-US d’imposer la loi islamique, la Sharia, fut mise en échec.

    Depuis, ce processus s’est développé par l’intermédiaire des luttes menées par les ouvriers du pétrole, les étudiants, les chômeurs (le chômage touche près de 70% de la population selon les estimations), pour les droits de femmes et des homosexuels,…

    Sur base de ces luttes, le 5 décembre 2006, plusieurs leaders syndicaux se sont rencontrés en vue d’organiser une conférence générale des travailleurs. Leur objectif est de discuter des problèmes essentiels des travailleurs dans la situation de guerre civile et de mettre fin à la division actuelle du mouvement ouvrier. Etaient présents la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak, la Fédération générale des travailleurs irakiens, le Syndicat de la construction, le Syndicat des ingénieurs en Irak, le Syndicat des ingénieurs du secteur pétrolier,…

    L’enjeu de ce processus est la création d’un mouvement ouvrier uni capable de mener la lutte pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et de la population, contre l’occupation américaine et son gouvernement fantoche, mais aussi contre les dangers de guerre civile et d’instauration de nouveaux régimes dictatoriaux par les milices et partis, qu’ils soient saddamistes, nationalistes, djihadistes sunnistes ou intégristes chiites.

  • Réchauffement climatique: et s’il était déjà trop tard?

    Un capitalisme écologique est-il possible?

    Les grands développements industriels sous le capitalisme se sont appuyés sur l’exploitation de ressources énergétiques non renouvelables, principalement le charbon et le pétrole, libérant quantité de gaz -dont le CO2- qui provoquent ce qui est appelé “réchauffement climatique”.

    Vincent Devaux

    Les conséquences des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre sont connues depuis des dizaines d’années. Ainsi aux USA, en 1979, le rapport Charney (du nom du météorologue du M.I.T.), commandé par le gouvernement, concluait déjà "Si les émissions de dioxyde de carbone continuent d’augmenter, le groupe d’étude ne voit aucune raison de douter que des changements climatiques en résulteront, et aucune raison de penser que ces changements seront négligeables" (1). Ce même rapport prévoyait l’augmentation de la température moyenne de la surface du globe… mais le capitalisme raisonne à court terme.

    Aujourd’hui on ne peut que constater à quel point ces experts et beaucoup d’autres avaient raison. Il est désormais admis par la grande majorité de la communauté scientifique – et même des politiciens – que le réchauffement climatique est la conséquence des activités de l’être humain et qu’il va entraîner de grands changements capables de remettre en question le bien-être de centaines de millions de personnes.

    Les effets de ce réchauffement sont multiples – réchauffement de l’atmosphère, réchauffement et acidification des océans, fonte des glaces maritimes, retrait des glaciers – et les scientifiques s’affrontent désormais pour donner une estimation de la gravité des effets et de leurs conséquences "secondaires". Dans les milieux scientifiques, on parle beaucoup de ‘rétroaction positive’, ce qui signifie que les conséquences négatives du réchauffement provoquent elles-mêmes d’autres aggravations; un peu comme en économie, les intérêts d’une dette importante amplifient la dette elle-même (l’effet "boule de neige"). Et comme le CO2 persiste des dizaines d’années dans l’atmosphère, le pire est à venir.

    Les conséquences directes pour l’homme sont d’ores et déjà importantes: modifications de la biodiversité, augmentation de maladies comme le paludisme et le choléra, famines, inondations, vagues de chaleur et de sécheresse, avancées de la désertification. Selon les perspectives de l’ONU et le récent Rapport Stern, il pourrait y avoir 50 millions de "réfugiés environnementaux" en 2010 et 200 millions en 2050 (2).

    Une prise de conscience?

    Si on suit l’actualité, on pourrait croire que les politiciens prennent désormais le problème à bras le corps (ils pourraient même le penser eux-mêmes). Le docu-film d’Al Gore, La vérité qui dérange, fait le tour du monde depuis le mois d’octobre. Du 6 au 17 novembre s’est tenue à Nairobi, capitale du Kenya, la 12e Conférence mondiale sur le réchauffement climatique et quelques jours plus tôt est sorti le Rapport Stern (3), du nom de l’ancien économiste de la Banque Mondiale, analysant en termes financiers les conséquences du réchauffement. Stern a évalué l’impact de celui-ci à 5.500 milliards d’euros d’ici 2050 et prédit que le réchauffement aura un impact comparable à celui des guerres mondiales ou à la crise économique de 1929.

    Toutes ces initiatives, si elles ont le point commun positif de populariser la problématique, ont également un point commun plus inquiétant: elles n’apportent pas de solutions à la hauteur du problème.

    Ainsi le Protocole de Kyoto, censé réduire l’émission de CO2 au niveau international, n’a, malgré ses objectifs limités, été ratifié ni par les USA qui sont le plus grand pollueur de la planète (4), ni par l’Australie. Le Canada – qui a augmenté ses rejets de CO2 de 30 % – parle de se désengager, la Russie ne doit le respect des normes qu’à l’effondrement de son économie après 1991. Beaucoup de pays occidentaux continuent à polluer plus qu’autorisé par Kyoto en "rachetant" des volumes de CO2 aux pays moins industrialisés.

    Les pays les plus pauvres attendent des mécanismes de solidarité de financement des pays riches qui n’arrivent pas (le cas de l’Afrique est flagrant). Les solutions – d’inspiration néo-libérale et néo-coloniale – comme les "quotas de CO2" et les "puits de carbone" sont douteuses et contre-productives. Ainsi le système consistant à faire payer par les pays industrialisés le financement de "plantations industrielles" dans les pays du Sud comme puits de carbone retarde la prise de décisions pour réduire l’émission de CO2 dans ces pays industrialisés; de plus, on ne fait qu’exporter le problème du rejet massif de carbone puisqu’un jour ou l’autre, le carbone accumulé dans ces végétaux sera libéré.

    Le nucléaire proposé comme alternative…

    Le protocole de Kyoto est désormais aussi utilisé comme prétexte pour justifier la construction de nouvelles centrales nucléaires, comme "seule alternative crédible au pétrole". Marc Verwilghen, ministre de l’énergie, s’appuie en cela sur le rapport de la commission "Energie 2030", commandé par ses soins sur les besoins énergétiques en Belgique. Ce rapport estime que "la Belgique devrait (…) garder l’option nucléaire ouverte et reconsidérer la fermeture des centrales" (5). Ce type de solution serait du goût du président de la Fédération des patrons d’industrie technologique Agoria et du groupe Umicore, Thomas Leysen, à la recherche d’énergie soit-disant bon marché. Ce n’est pourtant là qu’une manière d’échapper à bon compte à la vraie question qui est celle de financer la recherche et le développement d’énergies renouvelables. Car si on ne met actuellement pas de moyens conséquents permettant d’améliorer leur efficacité et ainsi d’assurer leur généralisation, c’est parce que beaucoup de ces moyens partent vers la recherche nucléaire, en dépit notamment des dangers que représentent les déchets nucléaires pour les générations futures.

    Au cours des 20 dernières années, les Etats membres de l’OCDE ont versé 160 milliards de dollars de subventions au secteur nucléaire rien que pour la recherche et le développement, et il faut à cela ajouter le coût du traitement des déchets et la sécurité. De plus, le projet de fusion nucléaire ne serait fonctionnel au plus tôt que dans…50 ans. De nombreuses questions seraient aujourd’hui résolues si l’argent consacré au nucléaire avait été utilisé en vue d’une politique durable pour développer des énergies respectueuses du cadre de vie des gens. Mais une telle orientation paraît douteuse dans la société de marché.

    Hypocrisie et "solutions" à court terme

    Celui qui apparaît actuellement sur les écrans comme le porte-drapeau de la cause environnementale – Al Gore – est à l’image des limites du système: n’avait-il pas – lorsqu’il était le vice-président de Clinton dans les années ’90 – autorisé le déversement de dioxine dans les océans, et conclut l’ALENA (6) qui définit les réglementations sur l’environnement comme des "distorsions de marché" illégales relevant des tribunaux (7)? Pourrait-il appliquer un programme environnemental radical en étant élu avec l’argent du secteur pétrolier? Pour paraphraser le théoricien socialiste allemand Engels (8), parlant du problème de l’hygiène dans les villes industrielles au siècle dernier, et qui vaut également aujourd’hui sur la question de l’énergie: la bourgeoisie n’a qu’une méthode pour résoudre la question de l’environnement à sa manière, c’est de la résoudre de manière que la solution engendre toujours à nouveau la question… La réponse de la bourgeoisie aux problèmes dans le mode de production capitaliste ne les élimine pas mais se contente de… les déplacer!

    Tant qu’une société permettra que les grandes orientations énergétiques soient aux mains d’actionnaires ne pensant qu’en termes de profits immédiats, dans un système basé sur la concurrence à outrance, nous perdrons du temps et nous aggraverons la situation. Les solutions doivent être trouvées afin de résoudre les problèmes environnementaux ET les problèmes sociaux et non pas les uns aux dépens des autres.

    Un processus transformant radicalement la manière d’utiliser l’énergie ne peut émerger que par la prise du contrôle de la société par les travailleurs conscients des problèmes, au travers de mouvements de luttes sociales et environnementales de plus en plus larges. Et cela en remettant le secteur énergétique, y compris les connaissances et des brevets en matière d’énergie durable, sous le contrôle des travailleurs.

    Ces mouvements vont s’amplifier de plus en plus et ils ne seront pas en reste dans les pays du Sud qui sont confrontés de manière plus aiguë au problème. Notre tâche est d’aller vers ces mouvements et d’y intervenir en défendant une solution socialiste. Cela implique de tisser des liens entre les mouvements environnementaux et les mouvements sociaux et de cristalliser ces luttes au sein de larges partis des travailleurs reprenant les revendications environnementales et se donnant les moyens d’abolir le mode de production capitaliste.


    1. Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The New Yorker " Dans l’arctique en plein dégel ".
    2. Le Soir, 18-19/11/06, " Une vague de réfugiés environnementaux "
    3. http://www.hm-treasury.gov.uk/independent_reviews/stern_review_economics_climate_change/stern_review_report.cfm
    4. Avec 5 % de la population mondiale, les USA rejettent 25 % du total mondial de CO2
    5. Le Soir, " Le nucléaire resurgit ", jeudi 16 novembre 2006
    6. Accord de Libre-Echange Nord Américain, conclu entre les USA, le Canada et le Mexique
    7. Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The Independant , juin 2006
    8. La Question du logement, Friedrich Engels
  • Théorie. La plus-value… ou comment devenir encore plus riche

    Contrairement aux idées reçues, on ne devient pas riche en travaillant mais en faisant travailler les autres. Voyons d’un peu plus près comment les patrons se font autant d’argent…

    Christophe Cusumano

    Au départ, ils disposent d’une certaine somme, un capital, qu’ils désirent augmenter. Pour ce faire, ils vont devoir produire des marchandises. Ils vont donc devoir investir leur capital de départ dans des machines, des bâtiments, des équipements de transport, des matières premières, de l’énergie… Avec tout cela, ils ne peuvent pourtant pas encore produire quoi que se soit.

    Pour ce faire, il faut qu’ils engagent des personnes en échange d’un salaire fixé dans un contrat pour transformer tout cela en marchandise. Si ce contrat stipule que la personne doit travailler huit heures par jour et si on considère que, pour chaque heure de travail, le salarié de notre entreprise crée 10 unités de marchandise, il aura ainsi, en fin de journée, produit 80 unités de marchandises. Mais son salaire est évidemment moindre que la valeur globale de ce qu’il a produit.

    S’il utilisait tout son salaire gagné suite à cette journée de travail, ce salarié ne pourrait, par exemple, racheter que 20 unités de ce qu’il a produit. Les 60 unités restantes constituent la plus-value. Par conséquent, on peut dire que le taux de plus-value – qui est le rapport entre la richesse qu’il a engendrée par son travail et son salaire et mesure donc le taux d’exploitation du travailleur – est de 400% (80 divisé par 20). Ce qui signifie que le salarié a produit quatre fois plus de richesses que ce qu’il gagne.

    Une partie de la richesse nouvelle créée par l’activité du travailleur est utilisée par le patronat pour amortir tous les coûts matériels (machines, matières premières, installations diverses, …). En continuant notre exemple, le capitaliste a amorti ces frais, pour une journée de travail, par la vente de 40 unités de marchandises.

    Même si cet exemple est schématique et doit être ajusté à la situation de chaque entreprise, un rapide coup d’œil sur les comptabilités des entreprises permet de constater que ces coûts sont bien supérieurs à celui du coût de la main d’œuvre. Plus l’entreprise est grande et plus cette différence est grande. Aux coûts matériels, il faut ajouter les charges patronales, mais ces dernières diminuent sans cesse : les réductions d’impôts pour l’année 2005 ont été de 5,4 milliards d’euros, dont la majeure partie (97%) a été destinée aux entreprises (voir Trends du 21/07/2005).

    Le reste des richesses produites va dans les poches du patron et constitue le profit. Celui-ci équivaut donc à la valeur de la production moins les coûts matériels, les charges patronales et les coûts salariaux. Dans notre exemple, cela correspond à 20 unités de marchandises (80-20-40).

    En faisant ce calcul pour tous les travailleurs d’une entreprise et en additionnant toutes ses valeurs, on a le profit patronal. C’est comme cela qu’on obtient une grosse fortune, en vendant la richesse produite par d’autres !

    Ce qui permet de comprendre comment un top manager d’une entreprise du Bel20 (20 grandes entreprises belges qui servent d’indice boursier pour l ‘économie belge) gagne de 1,5 million à 4 millions d’euros (voir Trends du 25/05/2006).

    On ne peut gagner une telle somme par son propre travail !

  • Transphobie ordinaire

    A Liège, le conseil communal est fier de pouvoir dire que sa police est plus présente et plus efficace qu’il y a quelques années. Un travail a effectivement été fait et on peut en voir les résultats sur le terrain. Ceci-dit, les choses sont loin d’être parfaites. Des agents efficaces, mais opérant parfois sur le mode du cow-boy plutôt que sur celui de gardien de la paix. Jugez plutôt.

    Laura est une travestie qui a l’habitude de faire la fête dans le quartier de la rue souverain-pont, quartier qui abrite une bonne partie de la faune nocturne liégeoise et qui jouxte le quartier à prostitution de cathédrale-nord. Il faut savoir que ces derniers temps, la police a intensifié les contrôles dans ce quartier: en période de fêtes et d’afflux de touristes à Liège, il serait inopportun de voir les prostituées s’adonner au racolage dans les artères commerçantes du centre-ville.

    Or, comme Laura rentre chez elle un soir en passant par ce fameux quartier de cathédrale nord, la voilà contrôlée par un policier. Obtempérant, Laura se plie au contrôle et l’agent (opérant seul, ce qui ne semble pas réglementaire) l’arrête pour racolage. Racolage? Laura est une travestie, pas une prostituée. De plus, Laura se trouve seule. Qui pourrait-elle bien racoler? Le policier n’en démord pas. Il appelle ses collègues: « j’en ai péché une, on va rire ». Laura est amenée au commissariat où elle est entendue.

    Là, les humiliations commencent: propos homophobes, tutoiements. Elle voit aussi le traitement réservé aux prostituées arrêtées: fouillées par des hommes en dépits du règlement et insultées. On refuse aussi de laisser les toxs prendre leur methadone. Transférée au commissariat central, menottée sur le trajet, elle passe 6 heures dans une cellule malgré les allégations des prostituées selon lesquelles Laura ne fait pas le trottoir mais aide les filles du quartier. 6 heures durant lesquelles elle n’aura droit qu’à un verre d’eau.

    Relâchée au petit matin, Laura pourra enfin rentrer chez elle sans bien sûr avoir pu obtenir une copie de son procès verbal.

    La police fait un métier qui n’est pas de tout repos, on le sait. Cela autorise-t-il de tels comportements? Aux dires des travestis, des évènements dans ce genre se produisent régulièrement. La police de Liège fait manifestement un amalgame et traque indifféremment travestis et prostituées (traque aux prostituées qui n’apparaît pas toujours légitime non plus, mais ceci est un autre débat). Peut-être manque-t-il un brin de formation sur le sujet? Mais peut-on admettre que les préjugés homophobes autant que les préjugés sexistes et xénophobes font partie intégrante du fonctionnement d’une certaine police?

    Un épilogue en guise de conclusion: en rentrant chez elle, Laura s’est fait agressée par un groupe d’automobilistes ivres qui ont tentés de la coincer. Elle a pu leur échapper par chance mais il n’est pas sûr qu’elle ira porter plainte…

  • Se prostituer pour payer ses études?

    Quel avenir nous prépare-t-on?

    En France, selon les chiffres de l’Observatoire de la Vie Etudiante (OVE), 40.000 étudiant(e)s se prostituent pour payer les frais liés à leurs études (droits d’inscription, photocopies et syllabi, logement, transport,…) ! Un(e) étudiant(e) sur 57 ! Et ce chiffre est en-dessous de la réalité, nombreux sont ceux et celles qui n’osent pas le déclarer…

    Boris Malarme

    La politique néolibérale menée par les derniers gouvernements de droite comme de « gauche» ont appauvri une grande partie de la jeunesse. Toujours selon l’OVE, en France, 225.000 étudiants ont des difficultés à payer leurs études, 100.000 vivent sous le seuil de pauvreté et 45.000 d’entre eux vivent dans une situation d’extrême pauvreté.

    Vu la hausse énorme des loyers, le logement est la part du budget des étudiants qui a le plus augmenté. Pendant ce temps, le montant des bourses n’a, lui, pas bougé… L’accès réel aux études supérieures devient de plus en plus difficile. Un étudiant français sur deux se voit donc forcé de travailler pendant l’année à côté de ses études et la moitié des autres travaille durant ses vacances. Autant de temps qui ne peut être consacré à étudier et qui handicape la réussite.

    Un petit boulot de quelques heures par semaine n’est aujourd’hui plus suffisant

    En comparaison des petits jobs qui emploient la plus grande partie de la main d’oeuvre étudiante, l’industrie du sexe est plus attractive financièrement.

    De plus en plus d’étudiant(e)s, pour être à même de réussir leurs études, sont donc obligés de vendre leur corps dans des bars à hôtesses, des agences d’escort-girl, par annonces sur internet, en posant pour des photos pornographiques ou des webcam, en faisant le ménage en sous-vêtements, ou simplement en faisant le trottoir des grandes villes de France.

    Mais croire que ce processus est limité à la France serait une erreur. Il ne réflète que la situation qui se développe dans toute l’Europe. Aucune donnée n’est disponible pour la Belgique, mais l’exploitation, par l’industrie du sexe, d’étudiants confrontés aux mêmes problèmes ne fait pas de doute.

    Une étude récente de l’université anglaise de Kingston illustre les liens entre augmentation des frais d’inscription et prostitution. De 1998 à aujourd’hui, le nombre d’étudiantes forcées à recourir à l’industrie du sexe a doublé en Angleterre pendant que les droits d’inscription ont triplé (aujourd’hui 4.500 € par an en moyenne).

    Plusieurs personnalités issues du corps académique des universités francophones en Belgique, comme le recteur de l’UCL ou l’assistant de l’ancien recteur de l’ULB, ont déclaré récemment vouloir briser le plafond du minerval (aujourd’hui plafonné à 778€).

    Ils préparent ainsi consciemment l’opinion à une hausse de celui-ci, pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros ! Selon l’UCL, les frais pour une année d’études sont de 9.278 € en moyenne, ce qui correspond à près de 200 services de ménages en petites culottes. Mais qu’à l’avenir un plus grand nombre d’étudiant(e)s soient littéralement poussés à se vendre si les minervals augmentent n’émeut guère les recteurs, les patrons et leurs politiciens.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste et Etudiants de Gauche Actifs défendent l’idée d’un salaire étudiant suffisant afin que chacun puisse étudier. Cela mettrait fin au recours à des solutions individuelles extrêmes comme la prostitution.


    Pour en savoir plus

  • Referendum chez VW

    Aujourd’hui, les travailleurs s’expriment par referendum sur la question de la poursuite ou non de la grève. Ils le font sous une lourde pression, aussi bien des médias, que de la direction et une partie des délégations syndicales. Ils sont dans l’incertitude sur beaucoup de points.

    Eric Byl

    Cela est apparu clairement dans les commentaires des délégations syndicales ce matin, lors de la réunion du personnel organisée à la hâte avant le référendum. Les grandes lignes sont connues : le nombre d’ouvriers qui restent, le nombre de départs volontaires, et le nombre de prépensions. Le volume de production est également connu, mais pour le savoir, il n’est pas nécessaire de venir au piquet.

    Les délégations du personnel de VW ont manqué plusieurs fois d’élan ces dernières semaines. Ainsi, cette assemblée du personnel était seulement la 2ème sur six semaines de grève. Normalement, on en organise au minimum une par semaine, de telle manière que chacun reste concerné et reste informé de l’évolution de la situation.

    Il fallut une lutte farouche dans le comité FGTB de l’usine pour forcer cette assemblée du personnel et pour déterminer qui prendrait la parole. A défaut de quoi, on fonçait vers un référendum par courrier auquel les 1900 travailleurs qui ont déjà opté pour la prime de départ auraient participé. Normalement, on devrait attendre qu’une solution soit trouvée pour tout le monde, avant de proposer un plan au vote, auquel tout le monde devrait participer.

    En ouvrant la porte il y a quelques semaines à une prime de départ, on a brisé la solidarité. Il est évident que ceux qui ont signé veulent recevoir leur prime le plus vite possible et veulent en conséquence que la grève s’arrête. La grève concerne en fait surtout les conditions de départ à la préretraite et les conditions de travail de ceux qui vont rester. Il ne serait pas honnête de laisser ceux qui vont quitter le navire déterminer les conditions de travail ou de départ des autres.

    La réunion du personnel a été annoncée seulement deux jours avant la date, par e-mail et par sms ! Comme s’il nombre de participants à cette réunion n’était pas important. Nous ne connaissons pas meilleure manière d’inviter les travailleurs à rester chez eux… C’est un beau cadeau aux charognards de la presse et de la direction, de laisser l’impression que seule une petite minorité est encore intéressée.

    Heureusement, 2000 à 2500 travailleurs participèrent à cette assemblée. Les travailleurs n’ont reçu aucune information préalable à la maison, ce qui leur aurait permis de réfléchir à leur aise aux propositions, d’en discuter éventuellement avec leurs familles… Ils n’ont même pas reçu un tract avec les propositions, pendant ou même après l’assemblée générale. En plus, l’assemblée du personnel était à sens unique : il s’agissait d’une communication des syndicats vers le personnel, sans possibilité de poser des questions. Après la réunion, on a voulu procéder au vote. Mais étant donné que la liste de ceux qui avaient signé pour la prime de départ n’était pas encore disponible, cela a traîné, et beaucoup de travailleurs sont repartis sans avoir voté. Qui profitera de cet enlisement ?La direction, naturellement.

    Le délégué principal CSC a commenté la situation : il y aura du travail durant les deux prochaines années pour 2200 travailleurs (et donc pas 3000), en deux équipes (la nuit et le week-end disparaissent), pour un volume de production de 84.000 voitures : 48.000 polos, 14.000 golfs et 22.000… encore à déterminer, sans doute l’Audi A3, mais nous le saurons quand nous serons au travail… Ce genre de « clin d’oeil », n’a pas été apprécié par l’assemblée : ni par les néerlandophones ni par les francophones qui ne devaient pas comprendre beaucoup de mots flamands pour comprendre qu’on leur faisait avaler des couleuvres. En outre, on travaillera 4 jours par semaine, pas le vendredi, ce qui signifie qu’il y aura du chômage économique pour une équipe, pour les autres un jour libre. Aucun mot sur les montants nets exacts qui se cachent derrière les chiffres bruts des primes (les impôts peuvent prélever quelque 70% sur deux ans…). Pas un mot non plus sur le fait que la contribution pour les prépensionnés tienne compte du pécule de vacances seulement pour les employés.

    Pas un mot non plus sur la question de savoir si les prépensionnés qui seront reçus dans les cellules de remises au travail se retrouveront seuls face aux fonctionnaires ou bien seront accompagnés et représentés collectivement par leurs syndicats.

    Cette intervention fut ensuite traduite, et puis ce fut au tour du délégué principal FGTB de répéter la même chose. Il ajouta que les travailleurs de nuit et de week-end pourraient compter sur leurs salaires complets durant la période réglementaire prévue par la loi Renault. Quant aux prépensions qui posent problème à l’esprit du pacte des générations, la mise en place de cellules de reclassement obligatoires fait en sorte que le pacte des générations est respecté à la lettre. Mais cela ne semble pas poser de problème aux dirigeants de la FGTB « vu qu’aucun patron ne va se précipiter pour embaucher un ancien ouvrier de VW, alors qu’il y a déjà quelque 500.000 chômeurs disponibles. Les amis du PS au gouvernement manieront-ils encore le spectre de la suspension ?

    Une autre représentante de la FGTB a ensuite pris la parole, et ce qu’on essayait de nous faire croire devenait clair. Elle insista sur le fait que les propositions qui avaient été présentées, étaient ce que la direction voulait donner, pas ce qu’elle pouvait donner. Elle a également précisé que la période à laquelle faisait référence son collègue à propos des primes de nuit et de week-end n’était que de 3 mois. Passé ce terme, adieu les primes… Elle a annoncé que si la grève était reconduite, une grosse assemblée serait tenue mardi prochain au piquet pour, enfin, mettre en place un plan d’action. Cette intervention a exprimé ce que les travailleurs avaient sur le cœur, comme en ont témoigné les différentes réactions.

    Le délégué principal des libéraux essaya encore une fois d’opposer les Flamands aux francophones.

    La plupart des Flamands étaient toutefois d’accord avec la plupart des francophones présents : laisser traduire le speech combatif de la déléguée principale FGTB par un le délégué principal libéral relevait de l’hypocrisie : plutôt pas de traduction qu’une « trahison » complète.

    La lutte chez VW est arrivée dans une phase cruciale. Selon les règles que les syndicats se sont imposées (de manière discutable), 66% des voix sont nécessaires pour que la grève puisse continuer. Après toutes les occasions manquées, après si peu de participation et en l’absence d’un plan d’action, il était presque exclu que 66% des travailleurs se prononcent pour la poursuite de la grève. En plus, la direction avait préalablement menacé : le résultat du referendum est crucial ! Car la décision sur l’Audi A1 en 2009, ou même la promesse du 3ème modèle pourraient être remises en question. Les médias ont préparé l’opinion du mieux possible avec leurs histoires sur les travailleurs de VW qui ont gagné au Lotto, de même avec les grosses primes de départ, dont il ne restera plus rien après quelques années. Nous pouvons et devons déplorer le déroulement de la lutte à VW. Mais nous devons surtout en tirer des leçons pour savoir comment nous devons mener la lutte syndicale et de quels instruments politiques nous avons besoin pour y parvenir.

  • Libéralisation de la poste: 275 bureaux en moins!

    Libéralisation de la poste: 275 bureaux en moins!

    Par voie de presse, il a été annoncé que La Poste voulait fermer environ 275 de ses 1.300 bureaux de poste l’an prochain. Et ce n’est qu’un début ! A terme, la direction veut en arriver à une situation où il n’y aurait plus qu’un seul bureau par commune. Il ne subsisterait donc que 589 bureaux.

    Un correspondent

    Plaintes en hausse sur la qualité du service

    En à peu près six ans, ce seraient donc deux tiers des bureaux de poste qui devraient disparaître, comme une bonne partie des conditions de travail du personnel et de la qualité du service, d’autant plus amoindrie que les boîtes rouges sont elles aussi en voie d’extinction.

    En remplacement, des points-postes devraient être installés dans des grandes surfaces, des librairies, des gares et des maisons communales pour n’offrir qu’un service minimum. Dans les bureaux restants, il faudra sérieusement prendre de quoi s’occuper en attendant d’être servi.

    Les plaintes, par contre, vont continuer à augmenter. 2006 promet d’être une année record sur ce plan, avec quelques 75.000 plaintes par mois, 20% de plus que l’an passé.

    La réduction du temps accordé pour effectuer les tournées, due à l’introduction des plans Géoroute 1 et 2, a augmenté la pression au travail et le nombre de plaintes.

    Hausse du prix du timbre

    Autre annonce, le timbre non prior, le moins cher, va disparaître. En échange, la direction promet que tous les courriers seront distribués le lendemain.

    L’utilisateur de timbres non prior payera 6 cents de plus (+12%). Cette hausse frappera surtout l’homme de la rue, les petits clients. En revanche, la Poste offrira des réductions aux gros clients pour les fidéliser après la libéralisation du marché postal en 2009. La suppression du timbre non prior entrera en vigueur fin mai, …soit après les élections fédérales.

    Pas assez de moyens ?

    Les 5 nouveaux centres de tri seront aussi opérationnels après les élections. Gand X est maintenant établi à Wommelgem. Le centre de tri est aussi grand que 18 terrains de football et a coûté 250 millions d’euros (10 milliards de francs belges). Au total, quelques 1250 millions d’euros seront investis dans les 5 centres de tri.

    Il y a deux ans, l’argent n’était pas disponible pour tenir les engagements pris en convention collective sur la semaine des 36 heures pour le personnel ni pour maintenir la retraite anticipée. Et voilà qu’il y a soudain 1250 millions d’euros… D’où viennent-ils ? On dirait un projet de surinvestissement, comme à la Sabena. Cela explique peut-être aussi la scission de mail (distribution du courrier) et de retail (service financier), qui permettra de vendre l’un des deux.

    Au-delà des investissements, 10 millions d’euros vont chaque année au nouveau partenaire anglo-danois qui s’est offert 49% des actions pour 300 millions d’euros.

    Les restructurations signifient des pertes d’emploi

    Restructuration après restructuration, des 44.000 emplois il y a 10 ans, il n’en reste que 35.000. Après avoir accepté une flexibilité accrue, la modération salariale, le travail du week-end, … plusieurs milliers d’emplois disparaîtront encore. Pour l’usager, la « libéralisation » du marché, ce sont des prix plus élevés, pour des services diminués.

    La voilà, l’Europe néolibérale !

  • Politiciens, vous êtes tous conservateurs! Pourquoi le cacher?

    Le nouveau jeu à la mode parmi les politiciens est de traiter le plus souvent possible ses opposants de "conservateurs" en se présentant soi-même comme un grand "progressiste". La médaille du plus culotté revient sans aucun doute à Bart Somers. Après la lourde défaite du VLD aux élections communales, le président des libéraux flamands a annoncé un grand tournant. Fini d’essayer d’aller pêcher dans l’étang des électeurs du Vlaams Blok: l’avenir est désormais au centre et au "progressisme".

    Anja Deschoemacker

    Il s’agit maintenant de montrer que le VLD est le parti des" réformes" et donc du "progrès". Pourtant, le contenu des nouvelles propositions – limitation des allocations de chômage dans le temps, abolition de l’impôt progressif selon le revenu,… – reste exactement le même qu’avant. Mais l’étiquette sur l’emballage a changé, donc tout est changé…

    Côté francophone, les libéraux attaquent de plus en plus souvent le "conservatisme" du PS et surtout de la FGTB qui freineraient les "réformes" du marché du travail et de la sécurité sociale. Car pour les libéraux, s’opposer, même timidement, aux "progrès" de l’arbitraire patronal et vouloir défendre les salaires et les allocations, c’est faire preuve d’un effroyable "conservatisme". Et quand il est trop difficile de s’en prendre ouvertement aux syndicats d’ici, on cherche des "conservateurs" ailleurs, comme l’a fait la bourgmestre MR de Forest, Corine de Parmentier, qui a osé dire que "ceux qui ont lâché les travailleurs belges, c’est le syndicat ouvrier allemand". Comme si c’étaient les syndicats allemands qui licenciaient et pas des patrons multinationaux…

    Face à eux, Di Rupo a facile de dénoncer à propos de VW, "les conservateurs, les partis de droite qui partout dans le monde empêchent la régulation de l’économie". Ce n’est évidemment pas faux, mais c’est un peu court. Car, quelques jours avant, la grande majorité des députés socialistes du Parlement européen ont voté en faveur de la directive Bolkestein "nouvelle mouture" qui libéralise une grande partie des services. Et, chez nous, il est bien plus facile de citer vingt mesures de cadeaux au patronat votées par le PS que d’en citer UNE SEULE qui limiterait la toute-puissance des sociétés multinationales comme VW.

    Si le PS, le SP.a et les sommets syndicaux avaient réellement une stratégie pour conserver nos acquis sociaux, ils mettraient en avant une véritable lutte pour conserver l’emploi à VW au lieu de limiter la perspective à négocier un "plan social" un peu moins maigre que ce que souhaite la direction de l’entreprise.

    Le petit jeu des politiciens n’a rien à voir avec la réalité. Sous des formes variées, tous les partis établis mènent bel et bien une même politique conservatrice. Ce qu’ils veulent, ce n’est pas "rénover" la société mais lui faire faire marche arrière. Pour eux, le "problème" en Belgique n’est pas la pauvreté croissante, le chômage massif et les fins de mois difficiles de tant de gens, mais le fait que le patronat n’a pas encore assez les mains libres pour détricoter la protection sociale que les travailleurs avaient réussi à conquérir au fil des ans et des luttes.

    Ceux qui veulent une alternative vraiment progressiste pour les élections qui viennent, nous les invitons à construire avec nous le Comité pour une Autre Politique.

  • De l’argument d’autorité

    Aujourd’hui lors de débats sur différents sujets, de différente importance, les journalistes aussi bien que les contradicteurs utilisent soit tels quel, soit en filigrane, un argument. Celui d’autorité. Démonstration, déclaration d’experts, statistiques et force des chiffres sont autant de preuves irréfutables avancé par ces derniers. Tout un panel de méthodes est mobilisé pour convaincre : l’auditeur, l’électeur, le consommateur.

    Ali (L’article qui suit a été rédigé par un sympathisant, si vous aussi voulez écrire pour notre site, n’hésitez pas à envoyer vos propositions à redaction@lsp-mas.be)

    La seule chose dont on est souvent convaincu, c’est l’arrogance de ces messieurs et mesdames. La nomenklatura médiatique et intellectuelle, réfléchit à notre place, pour des questions qui concernent nos vies et ils s’attendent, bien sûr, à avoir notre assentiment sur leurs développements.

    Dans le domaine de l’économie politique cela tend a justifier la société comme elle est actuellement et à nous préparer au changement que, ces messieurs et mesdames, ont élucubrer pour nous. Le but de ces quelques lignes est de remettre en perspective se genre de démarche pour pouvoir remettre le débat véritablement sur la place publique.

    1. l’université

    L’argument d’autorité classique se fonde sur l’invocation d’une autorité ou institution qui a au regard de tout le monde un certain crédit. En ce sens l’université est une des institutions qui fourni le plus d’expert. Il faut donc analyser quelle est la validité de l’argument d’autorité lorsque celui-ci invoque un expert universitaire. Pour cela il est utile de considérer les trois missions essentiels des universités : l’enseignement, la recherche et le service à la société.

    Pour ce qui est de l’enseignement, l’université est une énorme bibliothèque ou est rassemblé l’ensemble des connaissances. Les professeurs sont là pour aider les étudiants à trouver la partie qui leur permettra de développer un panel de connaissances et de compétences qu’ils pourront valoriser. Mais la méthode universitaire est assez exigeante sous différents aspects, d’abord financier, mais aussi et surtout au niveau de la difficulté des épreuves. Il en ressort une institution assez élitiste, d’où les ressortissant après avoir passez quelques années de dur labeur mais aussi de vie universitaire vont constituer par définition une élite.

    La recherche est une autre mission de l’université : élargir le cercle de la connaissance est un des buts de cet institution. On ne peut y voir malice. Mais la recherche, nécessite des moyens, et la provenance des fonds n’est pas innocente. Ce qui reviens à poser la question : la recherche,oui mais pour qui et pourquoi ?En effet la recherche et l’innovation sont des objectifs du capital qui est toujours à la recherche de nouveau marché. Et on voit de plus en plus une marchandisation de la chose universitaire, seule façon pour l’institution de se maintenir en vie.

    Le service à la société : ici on touche très certainement l’un des points les plus critiques. Quel service, pour quelle société ? On a pris l’habitude de prendre l’exemple de la médecine où le citoyen voit concrètement les résultats. Mais dans les domaines tels que la communication, la science politique ou la science économique, si le service est d’optimiser le système actuel, même si les universitaire sont généralement de bonne volonté, alors la mission de service à la société est une mission de service pour pérenniser le capital et l’exploitation du même nom. Pour aller plus loin dans la critique, on peut dire que l’analyse d’un économiste sur les réformes à effectuer, pour sauver les pensions par exemple, ne valent pas mieux que l’analyse de l’arbitrage d’un supporter de foot fanatique : bien intentionné mais totalement subjectif.

    2. la dilution du pouvoir

    La classe politique d’aujourd’hui a une espèce de vocabulaire, d’argot, qu’il est de bon ton d’utiliser si l’on veut paraître comme un dirigeant responsable. Je veux pour exemple les termes de « synergies », de « partenariat public-privé », d’ « assainissement des dépenses publiques », d’ « épuration de la dette publique », de « diminution de la pression fiscale »,…

    La politique de « bonne gestion » est dans cet ordre d’idée ainsi que la « modernisation de l’économie ». Pour compléter le tableau, je finirais en citant les termes de « flexisécurité », on rentre dans le carrément « hype » et la réforme est alors complètement « trendy ».

    Il justifie l’ensemble de leur prise de position non pas leur idéologie (beurk quel terme vulgaire) mais bien par la nécessité. Les études ont montré que le modèle anglosaxon a prouvé ceci, la troisième voie par ci, ou la réussite des norvégiens par là. Nos politiciens ne sont plus des idéologues mais bien des techniciens (ou technocrates c’est selon) qui gèrent en étroit contact avec les développement récents des rapports scientifiques ou des commissions d’experts.

    Pour aller plus loin, on entendra que le capitalisme est dans la nature humaine, les politiciens sont donc des mains de la main, des régulateurs qui oeuvrent à l’intérêt général.

    Il faut mettre un holà car tout ceci est faux : toute décision politique résulte d’un choix délibéré d’un politicien. Choix qui est le reflet du positionnement idéologique et idéologie qui est la synthèse de l’intérêt d’une partie de la population. Souvent, les capitalistes de ces temps-ci sont privilégiés à ces petits jeux au détriment de l’intérêt de la classe populaire. Mais ce que je dis est complètement old fashionned parce que depuis longtemps les experts de tout acabit ont dépassé la lutte des classes. Les prolétaires pas encore apparemment…

    3. peut on faire pire ?

    En guise de conclusion on peut se demander si il ne serait pas préférable de laisser le pouvoir au gens qui ne sont ni experts, ni diplômés de grandes écoles, ni des puits de sciences. Nombreux sont ceux qui, parmi l’élite, et cela est normal pour eux, doutent du bien fondé de cette proposition. Beaucoup aussi à gauche et même à la gauche de la gauche (de droite…) doutent, ce qui est moins normal. En effet, l’ouvrier et sa descendance est notoirement raciste, peu écolo et hostile à tout sentiment d’esthétique au dessus de la star académy. Pour tous ceux qui pensent cela, je les invite à lire cet excellent passage de Rosa Luxemburg : « la connexion intime du mouvement socialiste avec l’essor intellectuel se réalise non pas grâce aux transfuges qui nous viennent de la bourgeoisie, mais grâce à l’élévation de la masse prolétarienne. Cette connexion se fonde, non sur une affinité quelconque de notre mouvement avec la société bourgeoise, mais sur son opposition à cette société. Sa raison d’être est le but final du socialisme, la restitution de toutes les valeurs de civilisation à l’entièreté du genre humain. » (Titre de l’article : masse et chef).

    Quand on voit l’état du monde, et je ne voudrais pas ici refaire la litanies de malheurs qui accablent notre terre, et l’état de nos sociétés occidentales : pertes du pouvoir d’achat, violence accrue notamment sur les femmes, déstructuration des liens sociaux (suicides et dépression), mode de vie mortifère (désordre climatique), mais aussi dans nos société pauvreté (même pour les travailleurs), peur de l’autre,…

    Quand on voit que tant de cerveaux, d’énergie de plan d’ajustement structurels, de réforme, de privatisation n’ont eu que pour seul effet d’accroître la richesse des capitalistes et des patrons, alors je me dis non pas qu’ils sont incompétents, loin de là, très loin de là, je me dis qu’ils n’ont pas les mêmes intérêts que moi, que les travailleurs, que le prolétariat et c’est dans ce sens que je me dis que non, on ne peut pas faire pire comme société.

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