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  • Négociations salariales. Recul ou progrès ?

    Le 13 novembre, les partenaires sociaux ont commencé les négociations pour fixer la ‘norme salariale’ des deux prochaines années, c’est à dire l’augmentation maximale de nos salaires. Sera-ce un pas en avant, oui ou non?

    Geert Cool

    Les managers américains…

    Aux Etats-Unis, les salaires du 0,01% des travailleurs les mieux payés (qui sont en fait des managers) a connu une croissance de 617% entre 1996 et 2001, et pour le 0,1% de veinards les mieux rétribués, l’augmentation est « seulement » de 256%.

    Autre donnée intéressante, en 2005, un patron américain gagnait 10,5 millions de dollars par an, soit 369 salaires moyens d’ouvrier. En 1993, il s’agissait « seulement » de l’équivalent de 131 salaires, et en 1976, de 36!

    Qui gagne, qui perd?

    Les salaires des dirigeants des entreprises reprises dans l’indice boursier bege BEL-20 ont augmenté de 12% en une année seulement, de 2004 et 2005.

    Mais le Conseil Central de l’Economie (CCE) a pourtant dû avouer qu’en général le pouvoir d’achat réel des Belges a reculé de 1,3% au cours de chacune des quatre dernières années, notamment parce que certains produits ont été sortis de l’index, qui reflète donc moins la réalité. Une étude du Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs (CRIOC) dit même que le déclin du pouvoir d’achat a été en fait annuellement de 3%.

    Vers un accord interprofessionnel (AIP)?

    L’AIP est un accord général négocié tous les deux ans entre syndicats et patronat. Il traite entre autres des salaires et des conditions de travail des deux millions d’employés du secteur privé mais il concerne également les allocations sociales. De tels accord interprofessionnels sont conclus depuis le début des années ‘60. Il est toutefois frappant de constater que, depuis qu’une norme salariale (un plafond d’augmentation salariale à ne pas dépasser) a été imposée, la hausse autorisée des salaires a diminué (de 6,1% en 1997-1998 jusqu’à 4,5% en 2005-2006).

    Le CCE présente cette fois une norme salariale de 5,5%, supérieure à la norme salariale précédente. Pourquoi? Une raison importante est la montée de l’inflation (la hausse des prix et du coût de la vie) qui devrait être de l’ordre de 3,9% selon les prévisions pour les années 2007-2008. Cette inflation doit être déduite de la norme salariale.

    La Fédération des Entreprises de Belgique (l’organisation du patronat) affirme de son côté qu’il faudrait plutôt établir une norme salariale de 4,4%, les salaires belges ayant augmenté de 4,7%, plus rapidement donc (de 1,1%) que dans les pays voisins. Une spirale négative devrait par conséquent être entamée. Futur argument pour organiser des coupes budgétaires dans les pays voisins ?

    En fait, les salaires français et néerlandais ont connu une augmentation supérieure aux belges et ce sont surtout les salaires allemands qui augmentent moins vite que l’indice, ce qui traduit un véritable déclin concret pour les travailleurs et leurs familles de ce pays. Cela n’est pas une surprise quand on se rappelle les 250.000 manifestants qui ont défilé fin octobre contre la politique gouvernementale de la chancelière allemande Merkel. Le gouvernement de celle-ci veut même faire grimper l’âge de la retraite à 67 ans. Et c’est ce genre de politique qui nous attend si aucune résistance ne bloque les désirs du patronat.

    Comment les futures attaques seront-elles organisées?

    Les déclarations des cercles patronaux n’ont pas manqué ces dernières années pour réclamer que quelque chose soit fait à propos de l’index. Car une adaptation automatique des salaires à l’augmentation des prix, même partielle et faussée, dérange profondément les patrons.

    Cet indice a pourtant déjà été trafiqué. L’essence, par exemple, n’est plus prise en compte. L’impact des loyers est également sous-évalué : il ne compte que pour 6,2% dans le chiffrage de l’index alors que la majorité des familles bruxelloises consacrent plus de 30% de leur budget au logement et qu’en Wallonie et en Flandre, la moitié des locataires dépense plus de 20% de leurs revenus pour ce poste.

    Pourtant, pour la FEB, la suppression de l’index serait la «meilleure solution». Pour faciliter les attaques contre nos salaires, très certainement. Mais le patronat sait qu’il doit se montrer prudent. Il a, lui aussi, tiré les leçons du mouvement contre le Pacte des Générations. Avant de toucher à l’index, le patronat préfère lancer des attaques indirectes qui susciteront moins de remous.

    Les accords “all-in”

    La solution selon le patronat? Des accords par secteurs qui seraient autant de digues contre l’augmentation de l’index. Actuellement, 516.000 travailleurs (un cinquième du total) sont déjà sous une réglementation « all-in » ou des variantes de ceux-ci, comme les accords-solde.

    En voici quelques possibilités:

    – Supprimer une partie de l’augmentation salariale accordée quand l’index augmente « trop », comme cela existe déjà dans le secteur du métal.

    – Fixer un maximum général d’augmentation comprenant l’indexation, ce qui signifie que l’indexation est neutralisée si une augmentation trop forte se produit. Un tel type d’accord a été appliqué en octobre 2006 dans le secteur de la construction.

    – Arriver à un accord qui dit que les fortes augmentations seront réglées plus tard, dans des accords sectoriels.

    Quel est le problème avec nos salaires ?

    Si nous examinons les bénéfices des entreprises, on ne croirait pas qu’il y a tant de problèmes. Durant les seuls 9 premiers mois de 2006, Fortis a réalisé autant de bénéfices qu’en 2005, soit 3,6 milliards d’euros. Un cas isolé ? Certainement pas ! Ces 5 dernières années, les bénéfices des entreprises côtées en Bourse ont augmenté de 41%…

    De plus, la productivité des travailleurs belges augmente plus rapidement que leurs salaires. Pour la période 2003-2004, la productivité d’un travailleur en Belgique a augmenté de 3,1% et les coûts salariaux par unité produite de 1,4%. On produit davantage, mais si c’est invisible sur nos fiches de paie, cela se voit dans les bénéfices supplémentaires que le patronat accapare.

    Une autre façon d’augmenter les bénéfices est de réduire les contributions «patronales» à la sécurité sociale (en réalité, la part indirecte de nos salaires). Chaque année, la hotte de Saint-Nicolas pour les patrons se remplit un peu plus:

    • 2000 : 2.964.200.000 €
    • 2001 : 3.487.200.000 €
    • 2002 : 3.579.200.000 €
    • 2003 : 3.749.800.000 €
    • 2004 : 4.604.300.000 €
    • 2005 : 5.279.600.000 €
    • 2006 : 5.415.100.000 €

    Quel réponse syndicale?

    La position des sommets syndicaux semble très modérée et fait suite à la convention conclue avec le patronat en septembre, par laquelle les allocations ont été faiblement augmentées en contrepartie de nouvelles baisses de charges (entre autres sur les heures supplémentaires et le travail en équipes). A cette occasion, on s’est aussi pu se rendre compte que les directions syndicales avaient accepté l’idée patronale selon laquelle nos salaires ne peuvent augmenter trop fortement par rapport aux pays voisins. Aucune réaction n’est venue de leur part face aux déclarations des patrons.

    La base syndicale suivera-t-elle ses sommets ? Le mouvement contre le Pacte des Générations a démontré que la base ne suit pas nécessairement sa direction et ose parfois même s’y opposer : 58.000 membres de la CSC ont ainsi participé à la grève du 7 octobre 2005 alors que leur direction avait dépensé 140.000 euros pour la campagne «10 raisons pour ne pas faire grève ».

    Face aux propositions et exigences patronales, il faut construire un mouvement unifié et puissant, ce qui ne saurait être le cas en faisant systématiquement des concessions au patronat. Construisons un rapport de forces ! La base syndicale doit être informée et organisée pour plus tard pouvoir passer aux mobilisations. Un programme répondant aux préoccupations des travailleurs et de leurs familles renforcerait ce processus.

    • Non à la spirale négative de nos salaires ! Face à la concurrence pour la plus grande baisse du pouvoir d’achat en Europe, nous mettons en avant la nécessité d’une lutte commune pour augmenter réellement nos salaires
    • Non aux attaques contre l’index ! Pour un rétablissement complet de l’index, un index qui corresponde à la réalité
    • Non aux attaques indirectes contre l’index (accords all-in et autre)!
    • Pour une augmentation des salaires et des allocations sociales !
    • Pour un rythme de travail viable : non à l’augmentation de la flexibilité !
    • Pour une redistribution du travail au lieu du chômage ! Diminution du temps de travail, 32 heures de travail par semaine avec embauche compensatoire et sans perte de salaire !
  • Mexique. Le peuple d’Oaxaca lutte toujours

    Oaxaca: un des Etats du sud du Mexique, se trouvant juste à l’ouest d’un autre Etat devenu célèbre: le Chiapas, coeur du soulèvement zapatiste. Coïncidence? Sûrement pas. Tout comme au Chiapas, une population à majorité indigène, une population spoliée de tous ses droits, une population en révolte!

    Stéphane Ramquet

    En mai, les enseignants de la ville d’Oaxaca se sont mis en grève pour exiger des augmentations de salaire, occupant pacifiquement le centre de la ville. Le 14 juin, la police mexicaine a tenté de déloger les grévistes. Résultat: 8 morts et 15 disparus.

    Depuis lors, le mouvement n’a fait que se renforcer, se radicaliser et s’organiser. Les enseignants ont été rejoints par les étudiants, les fonctionnaires, des syndicats ouvriers, des organisations paysannes et indiennes, des associations de quartier,… qui, tous ensemble, réclament la démission du gouverneur de l’Etat (membre de l’ancien parti unique PRI) ainsi que la tenue de nouvelles élections. C’est ainsi qu’est née l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO), sorte de pouvoir alternatif soutenu par 340 organisations et organisant non seulement la lutte des grévistes mais aussi la vie quotidienne à Oaxaca.

    Plusieurs manifestations ont été organisées, dont une qui a réuni 500.000 personnes ! Pourtant, comme à leur habitude, le gouvernement mexicain, ainsi que la majorité des gouvernements et médias occidentaux, ont boycotté l’évènement, comme s’il n’avait jamais existé, dans la peur que cet exemple ne donne des idées à d’autres. L’APPO a été obligée de créer ses propres médias en s’emparant de la maison de la radio.

    Pour la défense de la ville face à la répression, le peuple d’Oaxaca a érigé des centaines de barricades, se rappelant des vieilles traditions révolutionnaires. Plus encore que la police, ce sont des bandes paramilitaires à la botte du gouverneur qui tentent de faire régner la terreur dans la ville. Depuis le début du mouvement, police et paramilitaires ont déjà tué 32 personnes.

    Le 27 octobre, la police spéciale renforcée par des hélicoptères a repris le contrôle de la ville malgré la résistance de la population, démontant les barricades et arrachant les pancartes des grévistes. Les grèves ont été suspendues mais le mouvement de lutte continue. A la mi-novembre, l’APPO a repris le contrôle de certains bâtiments et a même réussi à tenir un « Congrès constitutif » fort d’un millier de délégués. Des Assemblées Populaires se sont aussi crées au Chiapas et même à Mexico.

    Après la rébellion des indigènes zapatistes du Chiapas, c’est donc une nouvelle vague qui vient secouer le pouvoir central et renforcer le vaste mouvement de mobilisation populaire en soutien à Lopez Obrador, le candidat de gauche qui a été privé de la victoire aux récentes élections présidentielles par une fraude électorale d’ampleur.

  • Manque criant de personnel à la SNCB

    Ces dernières semaines, le personnel de la SNCB a protesté contre le manque récurrent de personnel, l’augmentation de la pression au travail et de l’arriéré des jours de congé.

    Un correspondent

    Le nombre de voyageurs a augmenté par rapport à la première moitié de 2005 et le volume traité par le personnel de B-Cargo a lui aussi augmenté, tandis que la productivité s’est accrue de 8,5%.

    Au cours des dernières années, le personnel a été réduit de plusieurs milliers d’unités, et il y a même 1000 équivalents temps plein de moins que prévu par l’accord social. Quand bien même la promesse d’engager 2500 cheminots supplémentaires serait tenue, les départs à la retraite ne seraient pas compensés. Pénurie de personnel, encore et toujours…

    La procédure de recrutement et les formations exigent de plus un certain temps (de un à deux ans), prendre des jours de congé ou de crédit-temps sera donc encore plus problématique alors que l’arriéré de jours de repos et de compensation s’accumule.

    Mais la SNCB a par contre économisé de 40 à 50 millions d’euros sur notre dos en différant les recrutements…

    Cet argent revient au personnel, et les syndicats ont exigé compensation. Il y aura finalement deux chèques-cadeaux de 35 euros et une hausse de la valeur des chèques-repas de 0,30 euro. Les chèques-cadeaux sont fiscalement déductibles, et donc en partie financés par nos impôts, la hausse de la valeur du chèque-repas revient, elle, à quelque 60 euros de plus par an et par travailleur. Cela coûtera 2,2 millions d’euros à la SNCB.

    On économise aussi sur l’entretien et le remplacement préventif du matériel et des pièces de rechange. Le nombre de trains annulés, 23 par jour en moyenne, a donc augmenté de 20% par rapport à 2004, mais ne sont pas comptés dans les statistiques des retards. Ces dernières servent notamment à déterminer l’augmentation des prix des tickets.

    La nouvelle structure de la SNCB est un prélude à la privatisation. Aujourd’hui, 4 entreprises privées transportent déjà des marchandises. Trois entreprises ont introduit une demande et six autres ont fait savoir qu’elles étaient intéressées. Les firmes privées s’occupent des superstructures, de la pose des voies, du nettoyage,… Leur personnel travaille dans des conditions déplorables, voire en intérim. Cela entraînera des atteintes aux statuts du personnel de la SNCB.

    Les syndicats ont beau menacer d’actions généralisées, ils ne semblent pas prêts à les organiser. Le sommet syndical a signé l’accord avec la direction sans le soumettre à l’approbation des membres.

    Non seulement ce n’est pas démocratique, mais le problème du manque de personnel reste entier.

  • Des profits augmentés de 50,6% en 2005: ET NOS SALAIRES?!

    Le magazine Trends/Tendances a publié un rapport sur les résultats des 30.000 plus grandes entreprises belges en 2005 duquel quelques données intéressantes émergent. Le drame social ayant percuté de plein fouet le plus grand nombre de travailleurs s’est joué à La Poste. Le même gouvernement qui se déclarait « choqué » par VW-Forest a envoyé 2.255 travailleurs de La Poste à la casse en 2005. Au même moment, La Poste est devenue championne dans la catégorie « utilisation d’intérimaires ».

    Geert Cool

    Rien ne doit être espéré de ce gouvernement pour mener la lutte contre la flexibilisation et les pertes d’emploi. La réalité qui se cache derrière le terme de libéralisation est aussi apparue au grand jour : appliquée au marché postal, libéralisation a signifié : attaques contre les travailleurs (avec, entre autres, Géoroute) et contre les consommateurs (avec une croissance du prix des timbres).

    Les chiffres de Trends/Tendances contribuent à faire tomber les masques.

    Avec 34.586 travailleurs en 2005, La Poste est le plus important employeur (la SCNB étant scindée en différentes entreprises). En même temps, 1,01 millions d’heures sont prestées par des intérimaires. L’idée selon laquelle les travailleurs des services publics n’ont que des statuts fixes n’a plus de base réelle. Officiellement, le travail intérimaire est une exception, comme pour des périodes d’augmentation temporaire de la masse de travail. C’est en réalité plutôt la règle que l’exception. En 2005, le nombre d’heures effectuées par des intérimaires à La Poste a connu une croissance de 116% comparé à l’année précédente. La Poste a explosé la moyenne : dans les 30.000 plus grandes entreprises, le nombre d’heures prestées par des intérimaires a augmenté de 8,7%…

    Augmentation des profits…

    Les grandes entreprises n’ont aucune raison de se plaindre de 2005. La récolte a été fructueuse. Le volume des affaires traitées a augmenté de 9,3% pour atteindre 533 milliards d’euros tandis que les profits ont augmenté de 50,6% pour atteindre 39,6 milliards d’euros ! Malgré cette croissance vertigineuse de son argent de poche, le patronat affirme que les salaires sont trop élevés. Les attaques contre nos salaires ont comme seul but d’encore plus augmenter les profits réalisés : le travail intérimaire est meilleur marché, mais des attaques plus directes sur nos salaires sont encore désirées par nos exploiteurs.

    A Volkswagen cette attaque est très franche et la direction veut l’acheter par des primes de départ élevées. Beaucoup de travailleurs acceptent ces primes : pourquoi travailler plus longtemps à un rythme déjà fort soutenu quand il y a possibilité de partir avec une bonne prime ?

    Cette monstrueuse attaque est reconnue par le dirigeant pensionné de la FGTB Xavier Verboven qui déclarait dans un journal Flamand : « La situation peut être comparée avec les licenciements à Ford Genk il y a quelques années. Après-coup, ils ont engagé d’autres travailleurs meilleurs marché. Je pense que la même chose va arriver à VW. » 

    Le fil rouge de l’année 2005 a donc été une forte augmentation des profits, entre autres sur base d’une attaque contre les conditions de travail et les salaires. Les services publics sont parmi les plus visées, il est temps d’une autre politique !

     … mais la pauvreté augmente aussi !

    Les travailleurs connaissent aussi une augmentation … de la pauvreté ! D’après les chiffres du Conseil Central de l’Economie (CCE), 9% des travailleurs allemands sont pauvres. Plus de 4 millions d’Allemands n’ont qu’un «mini job». Est-cela que les patrons belges veulent nous donner comme futur en échange de leur avenir, doré à nos dépends?

    La croissance des profits et de la pauvreté va de pair. Si 2% de la population mondiale contrôle 50% de toutes les richesses et que le 1% le plus riche possède presque 40% de la richesse, au-même moment, 1 enfant sur 6 connait la pauvreté en Belgique.

    Le nombre d’enfants dans cette situation dans notre pays a augmenté de 12% en 2001 à 17% aujourd’hui… Et demain ?

  • Schaerbeek: Du rififi au PS

    L’opportunisme peut payer électoralement, mais il peut aussi se payer cher. Le PS de Schaerbeek est passé de 11% à plus de 25% le 8 octobre dernier. Laurette Onkelinx se voyait déjà bourgmestre en vertu d’un accord pré-électoral entre le PS, Ecolo et le CDH.

    Mais Ecolo lui a fait faux bond en s’alliant avec le MR. Isabelle Durant a justifié l’attitude d’Ecolo par le fait qu’une majorité de type olivier était trop courte (1 siège) et que certains élus PS n’étaient pas fiables. Elle visait Murat Denizli, lié à l’extrême-droite turque, qui a finalement renoncé à son mandat.

    Les déboires du PS ne devaient pourtant pas en rester là. Peu de temps après en effet, une élue communale PS, Sfia Bouarfa, a accusé certains de ses colistiers de fouler aux pieds les valeurs socialistes, certains candidats d’origine marocaine n’étant pas assez laïques à son goût.

    Elle regrettait aussi que, sur les 13 élus PS, seuls 4 sont des « socialistes traditionnels ». Comment en aurait-il pu être autrement avec une liste truffée de candidats sélectionnés uniquement pour leur capacité à faire des voix dans leur communauté ?

    Cet incident illustre à quel point le PS s’est coupé de sa base ouvrière pour lui substituer une base « populaire » moins contraignante qui lui permet de mener plus aisément sa politique néolibérale.

  • Communautaire : Cet article, lui, n’est pas une fiction…

    Ce mercredi 13 décembre, en soirée, la RTBF a réussi à faire croire à 89% des téléspectateurs (d’après un sondage effectué en cours de soirée) que le Parlement flamand venait de voter l’indépendance de la Flandre. La crédibilité de cette annonce se base sur un mythe relayé depuis longtemps par les partis politiques traditionnels et les médias: tous les flamands sont des flamingants (voire, parfois, de méchants nationalistes racistes).

    Stéphane Delcros

    Sous couvert d’humour, les «reportages» de la télévision «publique» francophone lors de l’émission spéciale qui a relayé l’intox étaient clairement orientés : un rassemblement de flamands au Sportpaleis d’Anvers acclamant la sécession, des manifestations de joies colorées de jaune et frappées d’un lion noir,… Les journalistes ont été jusqu’à poster, devant le Parlement flamand, des figurants venus applaudir la décision. Il ont très vite été rejoins par des militants flamingants, mais des vrais cette fois…

    S’il est vrai qu’il existe des nationalistes et des fanatiques (voire les deux en un) en Flandre (comme partout d’ailleurs), il est beaucoup moins vrai de dire qu’ils représentent la majorité des travailleurs et des jeunes. Comme en témoignent de récents sondages, la population flamande, en grande majorité (tout comme la francophone), se fout complètement du soi-disant important dossier de la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Halle-Vilvorde. Dans les faits, les dossiers communautaires suscitent peu d’intérêt chez les travailleurs, qui se rendent de plus en plus compte que l’existence de ces problèmes ne sert qu’à masquer le programme de démantèlement social prévu par les partis politiques traditionnels (du nord comme du sud). Les sondages démontrent au contraire que les sujets qui intéressent le plus les flamands sont ceux de l’emploi, de la sécurité sociale et du logement, et même que 84% de flamands et 92% de francophones sont pour le maintien de la Belgique.

    En laissant traîner ses oreilles, on entend fréquemment parler des wallons fainéants qui volent l’argent des flamands, ou des flamands génétiquement égoïstes. Il ne s’agit que d’un reflet déformé du mécontentement que vit une population aux prises avec une société qui n’est pas orientée vers son intérêt. Les médias et les politiciens traditionnels surfent d’ailleurs habillement et avec enthousiasme sur ce sentiment.

    Le fait que le Vlaams Belang soit présenté en Flandre comme un parti comme les autres, voire comme le seul à ne pas être mouillé dans la politique antisociale d’un gouvernement (tout simplement faute d’occasion), n’est pas étranger à l’impression de montée en puissance du flamingantisme. Une autre raison réside aussi dans le fait que des partis comme la N-VA sont très médiatisés, bien qu’ils ne représentent pas grand-chose. Cette organisation est issue de l’éclatement de la Volksunie, incapable en son temps d’adapter son discours et sa pratique à la situation réelle : la Flandre est loin d’être la région la plus pauvre de Belgique et la domination francophone sur les flamands n’existe plus. Aujourd’hui, la N-VA ne peut plus survivre sans le CD&V surtout si elle veut intégrer le prochain gouvernement. C’est d’ailleurs pour «sauvegarder» ce cartel que l’aventurier ex-VLD Jean-Marie Dedecker (ancien Judoka et politicien de droite «musclé») a été exclu de ce parti nationaliste juste après l’avoir rejoins.

    Le Mouvement Ouvrier Chrétien a toujours rejeté ce cartel, preuve que les travailleurs flamands s’inquiètent peu des questions communautaires, mais beaucoup des questions sociales. Depuis le début de «l’alliance», il a multiplié les avertissements à son allié politique traditionnel. Il est vrai que, au contraire du CD&V qui parvient encore à «emballer» socialement son programme néolibéral, la N-VA ne cache absolument pas sa politique droitière.

    L’image mise en avant dans une émission comme celle de la RTBF est loin d’être une réalité. Ce n’est pas parce que les parlementaires flamands ont, en grande majorité, des discours nationalistes que les travailleurs (même s’ils ont voté pour eux) le sont forcément. En 2005, aucun parti parlementaire n’a défendu les droits des travailleurs face aux propositions du «Pacte des Générations». Peut-on en conclure que tous les travailleurs flamands étaient pour ce Pacte? Les piquets de grèves et la rue ont démontré le contraire, et les travailleurs flamands, bruxellois et wallons marchaient ensemble contre le gouvernement. Si les travailleurs continuent, encore aujourd’hui, à voter pour ces partis, ce n’est pas pour leur programme socio-économique (et encore moins pour leur programme communautaire), mais parce qu’il n’y a rien d’autre.

    Ainsi prise dans son contexte, l’émission spéciale de la RTBF de ce mercredi soir, volontairement ou pas, s’inscrit dans un climat de renforcement du «front politique francophone» en vue des négociations pour la prochaine réforme de l’Etat en 2007.

    Grâce à ces négociations, les partis traditionnels, qu’ils soient francophones ou flamands, tenteront à nouveaux de tromper TOUS les travailleurs en leurs faisant avaler la tartine d’austérité sous une couche de communautarisme aussi épaisse que possible. Ce ne sont ni les francophones, ni les flamands qu’ils défendent, mais bien les patrons, quelques soient leurs langues.

  • Les propositions d’Arena passent mal auprès des enseignants

    Le refinancement de l’enseignement, c’est un peu comme la comète de Halley : ça revient périodiquement, on en parle beaucoup mais personne ne le voit venir.

    Simon Hupkens

    Novembre a vu la reprise des négociations entre les syndicats des enseignants et les ministres Arena et Simonet (respectivement en charge de l’enseignement obligatoire et du supérieur) en vue de la conclusion de l’accord social 2007-2008. Mais, comme le disait récemment Michel Vrancken, dirigeant de la CGSP-Enseignement : « un accord sectoriel, c’est aller grapiller l’une ou l’autre chose tous les deux ans et non refaire le monde ». Marie Arena (PS) a présenté ses propositions en un texte de huit pages, dont cinq consacrées au récapitulatif de ce qui a déjà été fourni comme effort précédemment! Devant la maigreur du reste du document (qui propose surtout des aménagements techniques et un budget plus que chiche de 5 millions seulement), les délégués syndicaux ont fait grise mine.

    Ce qu’ils attendaient était surtout deux gestes de la ministre : un renfort de personnel au 1er degré du secondaire et la réduction du délai de remplacement des profs malades (10 jours actuellement).

    Pour mettre un peu de pression sur leurs patronnes, les syndicats enseignants ont organisé quelques actions locales et un arrêt de travail d’information le 16 novembre, ce qui a permis à tout le monde de revenir à la table des négociations avec un « petit plus » de la part des ministres : la Région wallonne serait prête à aider financièrement la Communauté française (dont l’enseignement est, de loin, la plus grosse dépense) si un accord aboutit. Les ministres avancent aussi un petit peu sur les revendications : 9 jours de délai pour les remplacements en septembre 2007 et 8 jours un an plus tard, léger renforcement du personnel au 1er degré. Pas de quoi faire des bonds de joie.

    Mais pour obtenir plus, il faudrait que les syndicats se donnent un objectif un peu plus ambitieux que « grapiller l’une ou l’autre petite chose » et essaient de mobiliser en conséquence…

  • Des primes de départ jusqu’à 144.000 euro. VW: la direction achète la lutte, mais la pilule reste amère

    Plus de 1.200 travailleurs de VW ont décidé de quitter “volontairement” l’entreprise en échange d’une prime de départ exceptionnelle. Ainsi, le chant du cygne de VW à Forest, une des rares icônes restante du syndicalisme de combat, semble avoir commencé. Apparemment, les 1.500 primes de départ que VW veut bien accepter seront facilement dépassés les jours prochains. La hauteur des primes est due aux traditions de lutte au sein de l’entreprise.

    Eric Byl

    Mais il est regrettable d’avoir misé si tôt sur des primes de départ avant qu’il n’y ait de clarté sur l’avenir de l’entreprise et sans que le sort des nombreux emplois perdus chez les sous-traitants ne soit réglé. Voici une analyse critique et quelques suggestions pour l’avenir.

    Une réaction compréhensible

    La réaction de beaucoup de travailleurs n’est pas une surprise. Ces dernières années, les conditions de travail à VW sont devenues intenables et, de plus, l’avenir de l’entreprise reste incertain. Les larmes de crocodiles des dirigeants nationaux des syndicats n’ont pas été de nature à convaincre les travailleurs qu’ils allaient se battre de façon conséquente pour chaque emplois. Ne parlons même pas d’une mobilisation de l’ensemble de la classe ouvrière Belge…

    Le fait que l’assemblée du personnel du 22 novembre s’est terminée en renvoyant tout le monde chez eux avec le message qu’ils seraient informés par les médias était déjà un mauvais signe. L’absence totale de mots d’ordre à la fin de la manifestation de solidarité internationale du 2 décembre a confirmé le soupçon que la lutte pour chaque emplois était exclue avec de tels dirigeants. Qui peut reprocher dans ces conditions aux travailleurs de choisir la moindre douleur? Quelques dizaines de travailleurs nous ont expliqué pourquoi ils ont finalement signé.

    Bruno: “Cela fait 18 ans que je travaille à VW, la prime s’elève dans mon cas à environ 100.000 € brut. Même si après les taxes il n’en restera que 50.000 €, je devrais encore épargner pendant 20 ans 250 € chaque mois pour y arriver. Je considère comme exclu que VW puisse tenir encore 20 ans ici.” Son collègue, qui à 26 années de travail à VW déclare: “Je suis au maximum, je plains ceux qui vont rester, car ils vont souffrir.” Au café Le Cox, en face de l’usine, ceux qui n’ont pas (encore) signé font figure d’exception. Les travailleurs ont fait la part des choses, et ils savent compter, “ici vous voyez beaucoup d’argent”, nous raconte l’un d’entre-eux en souriant pendant qu’il regarde autour de lui “6 millions de franc belges, 4 millions, 3 millions, encore une fois 3 millions, 2 millions, et moi 4 millions”. L’ironie ne nous a pas échappé.

    Fermeture où scénario bien élaboré ?

    Ceci confirme ce que Jacques Guilmot nous avait raconté dans le bus de solidarité du Comité pour une Autre Politique (CAP) garé au picket. Jacques est un de ces délégués exemplaires qui jadis ont essayé de construire le caractère combatif de VW à Forest. Il avait abandonné son mandat syndical et retravaillait de nouveau à la chaîne ces dernières années, “afin de renforcer le contact avec la base”. Il le faisait parce qu’il “savait que des choses allaient se passer et que les délégués puisent leurs forces des travailleurs mêmes”. A VW, il y a environs 60 permanents syndicaux, le résultat d’accords dans l’industrie automobile, avec comme effet néfaste qu’un fossé s’est creusé entre beaucoup de délégués et la base.

    Jacques nous a raconté que selon lui VW n’avait pas du tout l’intention de fermer le site, mais de transformer l’usine à Forest “en modèle en termes d’assainissements sur les salaires et les conditions de travail”. C’est justement ce qui est sur table: allongement du temps de travail et au moins 20% d’économies sur les coûts salariaux. En attendant la possibilité d’attribuer la production de l’Audi A1 qui n’est encore qu’au stade de la table à desssin, trois scénarios sont mis en avant: plus de Polos, une partie des Golfs ou encore des Audi A3. La décision qui concernera les 3.000 travailleurs restants ne serait que pour plus tard dans la semaine. Selon nous, il aurait été mieux de faire dépendre l’accord sur les primes de départs de garanties sur les salaires et les conditions de travail des 3.000 qui restent, entre autres.

    Des temps difficiles

    Ce ne seront d’ailleurs pas que les 3.000 travailleurs qui resteront qui auront à souffrir. On estime que d’une prime de départ de 144.000 €, il n’en reste après taxation que 57.600 € (*). Agoria et les organisations patronales belges sont furieux. Ils n’osent pas imaginer que d’autres délégations syndicales et travailleurs puisse prendre ces montants comme référence. A Renault Vilvorde, en 1997, la prime pour un travailleur ayant 20 années d’ancienneté n’était que de 25.000 € brut (**), autant que VW est prêt à payer pour des intérimaires qui partent volontairement! A Imbev, plus tôt cette année, la prime, de nouveau pour un travailleur avec 20 années d’ancienneté, était de 42.100 € brut. Certains travailleurs de VW espèrent que le gouvernement va partiellement décharger les primes. Ce n’est pas totalement exclus, mais maintenant que la délégation a ouvert les portes et que beaucoup de travailleurs en ont profité pour partir, les relations de forces nécessaires pour arracher cela sont minées.

    Le gouvernement aurait déjà fait des concessions sur le Pacte des Générations pour les plus de cinquante ans : ils pourraient partir en prépension à condition d’avoir tout fait durant 6 mois pour retrouver un boulot. Nous sommes curieux de savoir comment on pourra juger cela d’ici 6 mois. De toute façon, beaucoup de ceux qui partent doivent s’attendre à des temps difficiles. Qui retrouve un boulot devra accepter une réduction de salaire, probablement beaucoup plus que 250 € par mois. A VW, on est habitué à une force syndicale importante, ce qui sera généralement inexistant chez le nouvel employeur. Au cas où ils ne trouvent pas d’autre emploi, la prime sera vite dilapidée et quand ils seront interrogés par le service de chômage et devront subir les humiliations qui y sont fréquentes, beaucoup d’entre eux regretteront qu’aucune lutte pour la préservation de chaque emploi n’ait été menée.

    Les travailleurs des sous-traitants au placard

    Chez les travailleurs des sous-traitants, la frustration n’a fait que monter après le départ de beaucoup de travailleurs de VW. Certains d’entre eux travaillent depuis 20 ans au site de Forest. Leurs patrons ne seront jamais prêts à payer de telles primes de départ. Il parait que VW aurait prévu une enveloppe pour eux, mais il faut encore en négocier le contenu et les relations de forces pour cela sont minées. Durant tout le conflit, nous avons été frappés par l’habitude de la délégation de se réunir généralement à huis clos au lieu d’impliquer au maximum les travailleurs, comme lors de la lutte à Clabecq ou dans d’autres conflits. Encore pire, les délégations des travailleurs des sous-traitants n’ont pas pu participer à ces réunions et démeuraient donc en général dans l’incertitude sur les derniers développements. Maintenant que les travailleurs de VW sont partis, ils perdent leur plus puissant allié. En ce sens, il aurait été préférable que les délégations de VW attendent qu’une solution pour toutes les catégories de travailleurs, y compris ceux des sous-traitants, soit trouvée avant de lâcher les primes de départ.

    Aucun choix

    Beaucoup de travailleurs nous disent qu’ils ne pouvaient tirer qu’une conclusion après l’assemblée du personnel: “game over”. Le MAS est pourtant convaincu que ce n’était pas le seul scénartio possible. Avant l’été déjà, nous avions distribué un tract à VW sur la possibilité d’une restructuration et la nécessité de se préparer puisque “la faiblesse mène à l’agression patronale”. La délégation de VW, par contre, confirmait sa confiance dans la parole donnée par la direction. Nous pensons qu’une campagne de sensibilisation aurait été préférable. Lorsque la direction de l’entreprise chimique anversoise Lanxess, une scission de Bayer comprenant un bon millier de travailleurs, a annoncé le 17 octobre la scisson de l’entreprise en 3 unités, les délégations syndicales ont commencé une campagne d’information. Des calicots ont été placés dans l’entreprise, les délégations ont distribués à 5 reprises des tracts, ils ont pris la parole et organisés des grèves éclairs. Resultat: un bon mois plus tard, le 4 décembre, la direction à annulé son projet. Cela ne signifie pas qu’une telle stratégie aurait aussi à VW et mené à des résultats spectaculaires, mais du moins les travailleurs auraient été mieux préparés.

    Il est évidemment difficile de faire revenir en arrière une multinationale comme VW sur son plan industriel. Il est même exclu de réaliser cela sur base de la force seule des travailleurs de VW. Mais les travailleurs de VW ont une tradition de solidarité avec d’autres entreprises. Ce sont eux qui, en ’96, ont contribué au mouvement autour de l’affaire Dutroux en marchant vers le palais de justice. Cela n’est pas encore oublié et le sentiment de solidarité avec les travailleurs de VW était fort étendu. Une grève de solidarité de 24 heures dans tous les secteurs ou au moins des interruptions de travail aurait été acceuillie avec enthousiasme dans toute grande entreprise en Belgique. Il y avait un potentiel pour moboiliser toute la classe ouvrière et toute l’opinion publique et faire de VW-Forest un pôle d’attraction international qui aurait pu changer le rapport de force plus largement qu’à l’entreprise seule. VW-Forest avait le potentiel de signifier pour le mouvement ouvrier ce que la grève des mineurs en Grande-Bretagne en ’85 signifiait pour le patronat européen: le début d’une offensive contre l’agression du patronat européen.

    Il faut rompre les liens avec la social-démocratie et les sociaux-chrétiens

    Nous n’y sommes pas arrivé et ne pouvons le reprocher aux délégations syndicales de Forest. Nous ne savons pas ce qui a été discuté entre les délégations de Forest et les instances nationales. Ces dernières sont pieds et poings liés à la social-démocratie et aux sociaux-chrétiens qui sont, avec les libéraux, les principaux exécuteurs du néo-libéralisme. Pour forcer une multinationale comme VW à faire des concessions, il faut lui mettre l’épée dans les reins, non pas en exigeant la réstitution des subsides donnés, car la direction le compenserait au dépends des travailleurs VW à l’étranger et les monterait en même temps contre les travailleurs belges – ce qui reduirait la force de tous les travailleurs- mais si nécessaire par la nationalisation de l’usine et la reconversion de la production vers une production écologiquement justifiée.

    Nous ne voyons pas comment un Vande Lanotte, un Vandenbroucke ou un Di Rupo et une Onckelinkx pourraient y être poussés. Cela nécessite un nouveau parti, véritablement du côté des travailleurs. Le MAS y travaille, en collaboration avec Jef Sleeckx entre autres, au sein du Comité pour une Autre Politique.

    Préparer le match retour

    La direction de VW a réussi son coup. 2.800 des 5.800 emplois sont supprimés et les travailleurs restants perdront beaucoup de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Les travailleurs ont marqués un but avec des primes de départ sans précédent, probablement calculées à l’avance par la direction. Le match est à 2 contre 1. Mais il faudra encore jouer beaucoup de parties et nous ne pouvons pas nous démoraliser. Il faut tirer les leçons de la lutte précédente et préparer celles à venir. Les travailleurs de VW ont une tradition de lutte, gardons-la pour ceux qui travailleront encore demain à VW et introduisons surtout avec quelques milliers des anciens travailleurs de VW cette tradition chez les futurs employeurs. Construisons ensemble dans le Comité pour une Autre Politique une force politique tout à fait indépendante du patronat et renforçons le MAS pour que, pas à pas, entreprise après entreprise, nous puissions construire une force qui dévoile la stratégie des patrons et qui soit capable d’y répondre.


    (*) selon le cotidien “Het Volk” du 10/12/2006 “Voir d’abord ce qui en reste”

    (**) un ancien de Renault qui travaille aujourd’hui à la STIB nous raconte qu’après taxes, il lui restait 300.000 frb de cette prime.

  • Une direction à l'écoute des syndicats…

    Nos lecteurs ont l’habitude de voir dans nos pages patrons et gouvernants critiqués pour l’absence d’attention pour les revendications syndicales. Voici un exemple où un directeur s’est mis à l’écoute de ses délégués… au sens propre, en faisant placer du matériel digne d’un film d’espionnage!

    Nicolas Croes

    L’histoire se passe à Nannine, sur les hauteurs de Namur, où se trouve le Centre de prêt de matériel de la Communauté française.

    En juin 2004, le directeur fait appel à un de ses employés pour acheter et installer du matériel d’écoute téléphonique dans le bureau syndical, copier les mots de passe de l’ensemble des ordinateurs du centre, et faire un double des clés individuelles des bureaux.

    Entre-temps, l’ambiance s’était considérablement déteriorée au Centre, et 4 employés ont été licenciés en janvier de cette année, abusivement selon les syndicats. Pris de remords, l’employé en question a pris contact avec un des délégués qu’il avait mis sur écoute, début novembre, pour lui révéler l’affaire.

    Manque de chance pour la direction, il avait assuré ses arrières en gardant factures, mails échangés avec le directeur,… ce dernier est maintenant suspendu et une enquête est ouverte. Son identité et sa couleur politique n’ont pas été révélée dans la presse, mais s’il est membre du PS, ce serait pour une fois une affaire touchant la bande à Elio où il n’y a pas de corruption…

  • Pinochet sera mort sans jugement

    Augusto Pinochet est mort ce 10 décembre à Santiago du Chili, celui qui dirigea d’une main de fer le Chili de 1973 à 1990 est mort sans jugement, en tout impunité.

    Stéphane Ramquet

    Le 4 septembre 1970, Salvador Allende avait été élu président du Chili, avec un programme clairement orienté vers les travailleurs et les paysans pauvres du pays face aux candidats de droite.

    Dès son élection il réalisa une série de réformes allant dans le sens du socialisme, notamment la nationalisation de la gigantesque industrie du cuivre, l’augmentation des salaires de 40 à 60%, le blocage des prix et l’amélioration du système de santé.

    Il ne s’engagea pas sur la voie révolutionnaire, mais ces réformes défiaient tout de même de plein front le capitalisme et firent trembler la bourgeoisie chilienne. Celle-ci s’allia à l’impérialisme américain pour éviter que les masses chiliennes ne finissent par sortir réellement du cadre du capitalisme.

    De la même manière que la « démocratie » est défendue par la bourgeoisie lorsque celle-ci ne menace pas son pouvoir absolu, la bourgeoisie n’hésite pas à utiliser la force lorsque la « démocratie » ne penche pas en sa faveur; c’est ainsi qu’un coup d’Etat fût organisé pour éliminer ce début de socialisme.

    Salvador Allende refusa d’armer les ouvriers et les paysans qui le soutenaient, organisés en milices, et appela au calme. Ce geste menna à son suicide pour échapper à la réaction, le 11 septembre 1973.

    Le général Pinochet fut choisi par la bourgeoisie afin de diriger le pays et la répression contre les opposants: utilisant le stade national comme prison à ciel ouvert contenant 40.000 personnes, sa répression fera 27 500 torturés, ainsi qu’au moins 2279 assassinées ou disparus.

    Pinochet menera une politique économique libérale apauvrissant le petit peuple auquel Allende avait donné l’espoir d’une vie meilleure en utilisant les Chigaco Boys (économistes américains) comme conseillers.

    Des années plus tard, une fois le pays remis au pas du capitalisme, une transition « démocratique » fut opérée pour rendre le pouvoir aux partis bourgeois civils qui n’organisèrent aucune forme de condamnation à l’encontre de leur sauveur le général Pinochet protégé par son immunité de sénateur.

    Le dictateur sera mort sans jugement, mais le juge le plus sévère reste l’histoire et les travailleurs chiliens sauront à terme rendre justice en achevant ce qu’il avait brisé dans l’oeuf: le Socialisme au Chili!

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