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Category: Automobile
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Audi Forest. Et le personnel de la sous-traitance?
L’annonce de la fermeture prochaine de l’usine d’assemblage automobile Audi à Forest touche non seulement près de 3.000 ouvrier.ère.s de l’usine mais aussi des centaines de travailleur.euse.s occupé.e.s dans les firmes de sous-traitance sur le site même de l’entreprise.
Par Guy Van Sinoy
Les sociétés de sous-traitance concernées sont: DP World qui s’occupe de la réception des matières, de la gestion des entrepôts et des vidanges ainsi que de la préparation des commandes. Rhenus Automotive qui s’occupe de réceptionner les pièces et d’approvisionner la chaîne de production. Plastic Omnium en charge des équipements de carrosserie (pare-chocs, phares, radiateurs, etc.) Van Eupen Sesé, cette firme s’occupe de l’emballage. Des centaines d’ouvriers sont ainsi occupés sur le site par ces firmes de sous-traitance qui font partie intégrante du processus de production. À côté des métallos, il y a aussi le personnel du nettoyage ou des restaurants, essentiellement des femmes. Des 800 personnes qui travaillent dans la sous-traitance, il y en a environ 250 dans l’horeca ou le nettoyage. Autant dire que sans ce monde, aucun véhicule achevé ne sortirait des chaînes de l’usine de Forest.
Diviser… pour mieux exploiter
Le recours systématique à de la sous-traitance et aux travailleurs intérimaires (près de 300!) est une politique délibérée menée par Audi pour accroître le taux d’exploitation de la main-d’œuvre occupée. Car les conditions de travail et de rémunération ne sont pas les mêmes entre le personnel Audi et le personnel de la sous-traitance. Dans le mot « sous-traitance », un terme a son importance : le terme « sous ».
Quel sera le sort des ouvriers de la sous-traitance après la fermeture prévue en 2025 ? Nul ne le sait encore et c’est l’angoisse chez les ouvriers et ouvrières de la sous-traitance qui campent devant l’entrée de l’usine de Forest depuis plusieurs semaines.
La multinationale Audi prévoit de transférer la production de son modèle Q8 e-tron (prix catalogue en Belgique: 91.480 € TVAC) vers son usine de Puebla au Mexique (ouverte en 2026 et où les salaires sont plus bas qu’à Forest). Mais les frontières n’arrêtent pas la lutte des classes. En février dernier, les travailleurs et les travailleuses d’Audi Puebla ont arraché une augmentation de salaire de 7% et une augmentation des avantages sociaux pour 2024 de 3,2% après avoir mené une grève pendant près d’un mois !
Solidarité et unité
Les sous-traitants sont les oublié.e.s du conflit. Leur travail dépend à 100% d’Audi, mais ils ne sont pourtant pas pris en considération par la procédure de licenciement collectif de la loi Renault. En 2006, à l’époque de la grosse restructuration de ce qui était à l’époque VW Forest, les travailleurs sous-traitants ont obtenu beaucoup moins. Ici, quand la direction d’Audi a convoqué une assemblée du personnel fin août, le personnel des sous-traitants n’était pas convié. Cette division qui sert la direction doit être contrée par l’unité à la base : il nous faut un plan de bataille qui ne laisse personne de côté, ni chez Audi, ni chez les sous-traitants.
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Sombres nuages sur Audi Brussels
Début février, la presse a relayé les premières rumeurs d’une délocalisation vers le Mexique de la production de l’Audi Q8, pour l’instant assemblée à l’usine Audi Brussels à Forest. C’est l’ensemble de la chaîne de production du groupe Audi qui serait ainsi réorganisée. En octobre dernier, les travailleurs s’étaient déjà mobilisés face aux annonces d’arrêt de la production de la Q4 électrique (qui aurait dû commencer en novembre 2023). La récession en Allemagne et la crise de l’industrie rendent l’avenir des 3500 travailleurs d’Audi Brussels très incertain.
Par Julien (Bruxelles)
Le 7 février, lors d’un Conseil d’entreprise extraordinaire, la direction n’a pu ni confirmer ni infirmer les rumeurs, se contentant de dire qu’elle devait d’abord s’entretenir avec la direction allemande. Volkswagen a tardé à investir dans les voitures électriques, contrairement à d’autres constructeurs. Les mauvais chiffres ont alors poussé le groupe à arrêter ses usines allemandes de production de voitures électriques et à revoir son modèle. Pas de nouveau projet, baisse des volumes, révision de la chaine de production… l’avenir s’annonce sombre pour les travailleurs.
La crise industrielle
Déjà en 2020, l’industrie automobile a connu une récession. La période covid et les confinements ont exacerbé la crise. Le PDG de PSA déclarait fin 2020 : « Nous sommes entre 2020 et 2030 dans une période darwinienne de l’industrie automobile », en référence aux bouleversements du secteur dus au coronavirus et aux investissements imposés par les réglementations climatiques.
Nous assistons ainsi à une offensive anti-écologique. Dans les secteurs de l’industrie chimique et automobile ainsi que dans le secteur agricole, le patronat tente de détourner l’attention en pointant du doigt les normes environnementales. L’orientation de la production automobile vers le véhicule électrique n’est pas une demande du mouvement écologiste, mais, au contraire, la riposte du secteur automobile face à la crainte de revendications en faveur d’un transport public collectif. Voilà ce qui serait le pire scénario pour les constructeurs de véhicules individuels.
Le PSL défend l’expropriation et la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité des industries polluantes et non socialement utiles en vue de les reconvertir tout en garantissant l’emploi ainsi que l’amélioration des conditions de travail. Les besoins sociaux à combler sont gigantesques. Utilisons les connaissances et l’expérience des travailleurs de l’automobile ainsi que les infrastructures industrielles du secteur pour répondre aux nécessités sociales, à commencer par les transports en commun !
Les profits
L’économie allemande va mal et cela se ressent dans le secteur automobile. En impactant la chaîne d’approvisionnement, la guerre en Ukraine avait déjà perturbé le secteur. En cas de conflit militaire à Taïwan, l’impact serait plus catastrophique encore via le rôle central de l’État insulaire dans le marché des semi-conducteurs. Les travailleurs payent les différents aspects de la crise du capitalisme. Les actionnaires, eux, vont plutôt bien. Après des profits records pour les constructeurs automobiles en 2022, c’est une véritable pluie de dividendes qui a pris place en 2023. Selon un communiqué du gestionnaire d’actifs Janus Henderson : « Ford et Volkswagen ont représenté près d’un tiers des dividendes extraordinaires » entre janvier et mars 2023 et « les dividendes versés par le secteur automobile ont été dix fois plus importants » par rapport à 2022.
Le secteur européen de l’automobile n’a pas fait les investissements nécessaires à la fin des moteurs thermiques. Avec des aides massives de l’Europe et de plusieurs gouvernements européens, la transition vers le véhicule électrique se précipite, entraînant avec elle des pertes d’emplois et aucune véritable solution à la crise climatique. Seule une planification de l’économie via la nationalisation des secteurs clés de l’économie, dont les secteurs automobile et métallurgique, permettrait de réorienter la production vers les besoins sociaux, en plaçant l’environnement et les conditions de travail comme une priorité.
Organiser la résistance à la base
Le 8 février, le Premier ministre Alexander De Croo (Open-VLD) annonçait la mise en place d’une Task Force concernant l’avenir de l’usine. Cette dernière impliquerait la direction belge. Cette Task Force étudiera « différents scénarios » et De Croo aurait même convenu avec le CEO d’Audi, Gernor Dollner, de le rencontrer à Forest pour lui « montrer par lui-même les atouts du site belge ». De Croo ne se préoccupe pas des travailleurs. Il craint les réactions ouvrières et tente de les éviter en montrant qu’il serait prêt à « monter au front ». Si la restructuration se confirme, le gouvernement fera tout pour éviter une réponse collective en proposant des cellules de reconversion ou des primes de départs. En absence de solutions collectives et de discussions à la base, de plus en plus de travailleurs chercheront une solution individuelle. Les travailleurs d’Audi doivent organiser propre task force en impliquant tous les travailleurs de l’usine, du secteur et les syndicats !
Il ne faut pas attendre que la direction du groupe décide du futur de l’usine et ne laissons pas le monopole de l’action à De Croo ! Mobilisons l’ensemble du personnel : travailleurs d’Audi, intérimaires et sous-traitants. Élargissons la discussion aux travailleurs solidaires. La première étape pourrait être d’organiser un piquet de grève devant l’usine et un appel à des visites de solidarité. Un appel à des grèves ou des actions de solidarité dans l’industrie métallurgique trouverait aussi un écho positif. Suites aux restructurations en rafales dans la métallurgie, de nombreux travailleurs du secteur se trouvent aujourd’hui dans l’industrie chimique ou pharmaceutique. Mobilisons tous ceux que nous pouvons pour défendre non seulement l’emploi, mais aussi un emploi de qualité.
Refusons qu’on touche à un seul emploi, ni chez Audi ni chez les sous-traitants, ni en Belgique, ni en Allemagne, ni ailleurs. N’opposons pas les travailleurs et le climat. Défendons la reconversion de l’usine vers les transports publics. Enfin, menons aussi le débat sur les cadences de travail. L’industrie automobile constitue le centre de recherche patronal sur l’intensification de la charge de travail via l’organisation scientifique du travail avec le Fordisme et le Toyotisme. La nationalisation sous gestion de la collectivité permettrait de discuter de la manière de diminuer la pression au travail. Pour renforcer ce combat, il faudra veiller à assurer l’implication et l’engagement du maximum de travailleurs et de sympathisants au travers d’un plan d’action en escalade élaboré à la base.
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Grève à Volvo Cars (Gand). ‘‘La réorganisation du travail, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase’’.

Ce lundi, une partie de l’équipe du matin a décidé de stopper le travail à l’usine Volvo Cars de Gand, en Flandre orientale. Les travailleurs des autres équipes se sont montrés solidaires et, finalement, c’est tout l’assemblage final qui a été à l’arrêt. A la base du mouvement se trouve le passage à l’assemblage d’un nouveau modèle de Volvo, qui rajoute une série de problèmes à d’autres déjà préexistants. Les syndicats négocient avec la direction pour dégager des solutions, mais aucun accord n’a encore été atteint. Nous en avons brièvement discuté avec un travailleurs de Volvo Cars.
Interview réalisée par Mauro (Gand)
D’où provient la colère des travailleurs ?
‘‘Cela fait déjà un certain temps que le mécontentement grandit. La pression au travail a systématiquement été augmentée, depuis longtemps, et les travailleurs ont dû être plus flexibles. Sur les postes de travail, les nouveaux modèles arrivent plus rapidement dans le processus de production entre les anciens modèles, alors que la formation laisse à désirer. De plus en plus d’heures supplémentaires sont exigées par la direction, alors qu’il est souvent difficile de prévoir comment récupérer celles-ci.
‘‘La dernière réorganisation du travail, ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En raison de la disparition d’un ancien modèle, tous les postes de travail devaient être réorganisés. La plupart des postes de travail ont reçu plus de temps, mais il était également attendu des travailleurs qu’ils effectuent du boulot en plus de manière souvent disproportionnée par rapport au temps accordé. Quelques centaines d’intérimaires ont également disparus alors qu’il est toujours difficile de récupérer des heures supplémentaires et qu’il est exigé de travailleur le samedi.’’
Quel est l’objectif des travailleurs avec cette grève ?
‘‘La charge de travail doit être revue à la baisse. La formation en vue de l’assemblage de nouveaux modèles doit être mieux organisée. Les travailleurs qui effectuent des heures supplémentaires doivent être en mesure de les récupérer plus facilement et les jours de travail le samedi doivent être limités.’’
Pourquoi cette grève a-t-elle démarré de la base, de façon spontanée ?
‘‘Les délégués syndicaux ne travaillent pas dans la production, ils en sont exemptés pour se rendre auprès des gens et faire état de leurs problèmes à la direction. Bien entendu, si cette dernière décide de ne rien faire, la colère s’accumule, lentement mais sûrement.’’
Entre-temps, la grève a été reconnue et un piquet de grève a été mis en place à la porte.
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Action syndicale à Toyota Motors Europe
Ce jeudi 21 mai, à l'initiative de la LBC rejointe par le SETCa, une action a pris place chez Toyota Motors Europe, centre européen des services de support (marketing, finances,…) de la marque. L'objectif était de dénoncer les pratiques anti-syndicales de cette entreprise. En effet, sa direction a pris l'habitude de licencier les délégués syndicaux les plus combatifs à la veille des élections sociales. Deux délégués avaient déjà été licenciés en 2012 et cette fois, ce sont trois militants syndicaux qui ont été remerciés à la veille des prochaines élections. Une manière d'essayer d'éradiquer l'action syndicale dans l'entreprise en faisant passer le goût aux éventuels nouveaux candidats et en montrant aux syndicalistes qui restent qu'il vaut mieux ne pas trop revendiquer. Pour ce faire, la direction ne rechigne pas à sortir des centaines de milliers d'euros pour les sanctions qui sont imposées en cas de licenciement d'un délégué (préavis plus longs). Un courrier a aussi été adressé à l'ambassade du Japon afin de l’interpeler face à ces pratiques scandaleuses.
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Louvain: soirée autour de la lutte chez Ford et les sous-traitants
Le 25 janvier, une soirée d’information et de discussion a eu lieu à Louvain au sujet de la lutte du comité d’action des sous-traitants de Ford. Leur position combative (droits égaux avec les travailleurs de Ford, maintien de l’emploi ou salaire jusqu’en 2020, participation aux négociations) n’a pas eu à faire face qu’à l’opposition des médias liés au patronat. Certains secrétaires syndicaux eux aussi ont clairement choisi le camp opposé aux travailleurs.
Par Peter Delsing
‘‘Nous avons été traités comme des pestiférés’’, a déclaré Patrick Trusgnach, délégué syndical et porte-parole de ce comité d’action qui s’est fait remarquer chez les travailleurs, à l’intérieur et à l’extérieur du syndicat, par sa combativité.
La discussion a fait part de l’incrédulité des travailleurs : comment une direction syndicale peut-elle rester sans réagir dans une telle situation ? Le comité d’action a été un excellent moyen de réunir les militants syndicaux qui disposaient d’une base réelle parmi les travailleurs. Le comité exige que les travailleurs des sous-traitants de Ford connaissent des conditions identiques aux travailleurs de Ford et qu’ils soient partie prenante des négociations. Le comité développe aussi ce qu’une véritable démocratie syndicale implique, avec un contrôle de la base, des réunions, des votes,… à chaque étape de la lutte.
Avec cette pratique de sous-traiter une partie de la production, des différences se sont créées entre les travailleurs de Ford et ceux des soustraitants. Cette question de l’unité est toujours un thème important dans les discussions. Cette unité ne peut être réalisée que par des syndicats qui impliquent leur base pour une lutte conséquente en défense de chaque emploi, sans laisser qui que ce soit sur le côté, par-delà les frontière entre entreprises.
La discussion lors de cette soirée a aussi beaucoup tourné autour de la revendication d’une nationalisation démocratique – sous le contrôle des travailleurs – des entreprises qui menacent de procéder à des licenciements collectifs. Aujourd’hui, à Ford, c’est encore un avis minoritaire. Pour beaucoup, un bon plan social est la seule chose envisageable. En liant cette lutte à celle d’autres entreprises (ArcelorMittal,…) cette revendication peut commencer à trouver un large écho.
Plusieurs orateurs ont parlé de l’énorme importance du comité d’action comme exemple de ce qui est possible de faire quand les travailleurs prennent leur propre lutte en mains. Au cours des prochains mois, une lutte peut éclater à nouveau.
La crise du capitalisme rend nécessaire la constitution de réseaux et de forums de discussion entre militants combattifs, activistes politiques et jeunes radicalisés. Les syndicats doivent se tourner vers les meilleures traditions du passé : celles de la lutte, de la démocratie et de l’implication active de la base militante dans le cadre du combat pour une société qui ne sera pas sacrifiée pour les profits !
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[INTERVIEW] Salvatore, l’un des incitateurs de la lutte des travailleurs des sous-traitants de Ford
Après l’annonce de la fermeture de son usine à Genk, Ford voulait à tout prix poursuivre la production de quelques milliers de voitures. Ce fut loin d’être évident, essentiellement grâce à la résistance des travailleurs des sous-traitants de Ford. Ils craignent qu’un plan social ne les laisse de côté et sont donc entrés en lutte pour le maintien de leurs emplois.
Par Els Deschoemacker
Depuis le 21 janvier, vous êtes retournés travailler, sous menace d’un huissier. Quelle est l’atmosphère dans l’usine ?
‘‘Les discussions sont nombreuses. Beaucoup se demandent ce que l’on a vraiment obtenu. On a obtenu pas mal, sinon nous ne serions pas retournés au travail. Les journées de grève seront finalement payées comme du chômage technique, mais nous avons perdu deux jours de congé. Le sentiment est mitigé : on aurait voulu être payé avec un salaire normal. De cette manière, Ford ne paye rien.’’
‘‘Un autre élément c’est que les négociations ont finalement commencé alors que l’idée était d’abord de les entamer dans 6 mois. Un plan social doit être sur table pour la mi-février, sinon toutes les entreprises seront à l’arrêt. Ce n’est pas seulement notre revendication (celle du comité d’action des sous-traitants), mais celle de tout le monde au boulot. Tout le monde sait que nous voulons obtenir les mêmes conditions que celles des travailleurs de Ford. Nous travaillons tout de même pour Ford !’’
Comment pensez-vous pouvoir concrétiser la revendication de ‘‘maintien de l’emploi ou des salaires jusqu’en 2020 ?’’
‘‘En 2011, Ford a réalisé un profit net de 9 milliards d’euros. Pour payer tous les ouvriers et les employés, toutes primes incluses, il ne faut que 1,2 milliard d’euros. Trois semaines encore avant l’annonce de la fermeture, la direction nous disait encore que l’usine resterait ouverte. La clause ‘‘sauf si’’ dans le contrat de travail (selon laquelle le contrat ne compte pas en cas de problèmes économiques) est trop vague. Qu’est ce qui a fondamentalement changé au cours de ces trois semaines ? Ils nous ont menti pour reporter les mauvaises nouvelles après les élections. Leurs promesses doivent être tenues !"
Quels sont les prochains plans du comité d’action ?
‘‘Maintenant, nous sommes rentrés dans nos usines [le comité d’action avait réuni des travailleurs de quatre usines, NDLR]. Le plus grand danger est maintenant que le comité d’action s’évapore, que les délégués et militants se retrouvent isolés face à leurs patrons respectifs. Nous n’avons plus la même approche du combat : le plan social est maintenant discuté entreprise par entreprise. Nous devons poser collectivement nos revendications sur table.’’
Le comité d’action ne peut-il pas exiger la nationalisation de Ford, à l’instar du front commun syndical d’ArcelorMittal ?
‘‘La riposte syndicale chez ArcelorMittal parle à l’imagination, en effet. Notre direction syndicale appelait à une ‘‘bonne fermeture avec un plan social’’ quand la question de la fermeture n’était pas encore concrètement posée. La lutte pour le maintien des emplois n’a jamais été à leur agenda. Chez nous, cette revendication ne vivait pas, ça ne nous est pas venu à l’esprit. Nos idées doivent encore se développer, nous avons laissé les choses aux mains de la direction syndicale pendant trop longtemps. Mais maintenant, la nationalisation est mise en avant en France et en Wallonie.’’
‘‘Ce serait bien qu’il y ait une grosse manifestation à Bruxelles, pas seulement avec nous, mais également avec ceux d’Arcelor et tout ceux qui risquent de perdre leur travail. Je suis inquiet pour Volvo à Gand car, quand on commence à recourir au chômage technique, il faut s’attendre au pire…’’
Un des arguments pour la fermeture d’ArcelorMittal est la fermeture de Ford Genk. Ici, la fermeture touche les sous-traitants, les commerces locaux, toute la région,… C’est un domino de casse sociale. Un gouvernement au service de la population devrait nationaliser cette entreprise, et l’utiliser pour le bien de la société. Il y a une usine, il y a les terrains, il y a les travailleurs, il y a une université,…
‘‘L’université d’Hasselt a beaucoup travaillé sur les moteurs à hydrogène.’’
… Et il y a de l’acier à proximité. Résoudre le problème des pics de pollution avec des bus fonctionnant à l’hydrogène est possible…
‘‘Tout pourrait être fabriqué chez nous. Nous avons toujours dit aux médias que ce qu’ils sont en train de faire n’est pas juste. Nous sommes ceux qui veuillent travailler, qui luttent pour le maintien de nos emplois. Avec tous les moyens possibles !’’
Le retour à l’usine a été un désavantage, avec l’éclatement du comité d’action. Peut-on tourner cela en avantage avec l’organisation d’assemblées générales pour que le comité d’action se répande ?
‘‘C’est l’idée. Nous organiserons chaque semaine une session d’information sur les négociations. Nous n’avons confiance qu’en le comité d’action. Il n’y a aucune raison pour que ce comité ne fasse pas partie des négociations. Ils nous entendrons encore !’’
Que pouvons-nous faire pour soutenir votre lutte ? Que pensez-vous d’une pétition destinée à chercher du soutien pour vos revendications (la reconnaissance du comité d’action par exemple) parmi d’autres délégations syndicales, dans la rue,… ? Ou pour collecter des fonds, car la lutte n’est pas encore finie, et un fonds de solidarité sera plus que nécessaire !’’
‘‘Bonne idée, je vais proposer ça !’’
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La police évacue le piquet de grève des fournisseurs de Ford Genk. Il nous faut une riposte syndicale!
La semaine dernière, les travailleurs des sous-traitants de Ford Genk ont fait grève et mené campagne contre la fermeture du site de Ford à Genk et la perte consécutive de milliers d’emplois. Cette action des sous-traitants a empêché le redémarrage de la production de Ford. Après que les dirigeants syndicaux aient critiqués les ”populistes” qui s’opposaient à la reprise de l’activité, une nouvelle étape vient d’être franchie : la police est venue casser un piquet de grève. Il s’agit d’un précédent très dangereux.
Ce matin, des dizaines d’agents de police se sont rendus au piquet de grève tenu chez les fournisseurs. Les travailleurs des sous-traitants craignent d’être totalement laissés de côté avec la fermeture de Ford, et la colère est grande après la tenue du référendum controversé sur la reprise du travail à Ford, où une courte majorité l’a emporté en faveur de la reprise. Les dirigeants syndicaux ont réagi en déclarant que les travailleurs des quatre fournisseurs qui poursuivaient leurs actions ne recevraient ni salaire, ni indemnité de grève. Cette réaction équivalait à donner carte blanche à la direction pour qu’elle aille plus loin, ce qu’elle n’a pas manqué de faire. Et ce matin, la police a été déployée contre le piquet de grève.
Rendre possible à la police de briser un piquet de grève met la totalité du droit de grève en danger. Le personnel des sous-traitants est interdit de mener ses propres actions. La direction de Ford veut que ses fournisseurs travaillent de façon à rendre possible son fonctionnement. Lorsque Ford a réparti des parties de sa production vers des sous-traitants, c’était pour économiser sur les frais du personnel, il n’était aucunement question de laisser aux travailleurs le droit de mener des actions et de mettre en danger toute la chaîne de production !
Aujourd’hui, une grande division existe parmi les travailleurs, des tensions se sont développées entre le personnel de Ford et celui de sa chaîne d’approvisionnement, entre ceux qui veulent continuer à travailler et ceux qui souhaitent que le trésor de guerre (ce qui est produit) ne disparaissent pas dans d’autres mains à l’extérieur de l’usine. Ces divisions ont pu se développer en conséquence directe d’une stratégie syndicale qui a évité l’implication maximum des travailleurs avec des assemblées générales démocratiques et une grande transparence, y compris lors du récent référendum. Les mots ont été rudes envers ceux – les ”populistes” – qui disaient refuser d’accepter la logique de Ford. Mais qu’il y a-t-il d’anormal à ce que ces derniers n’aient aucune confiance en une direction qui vient d’annoncer que la fermeture serait un bain de sang social ?
Il faut répondre aux provocations policières contre le droit de grève par une riposte syndicale basée sur la solidarité. Accepter cette situation signifie de laisser tomber une grande partie du droit de grève car le précédent sera utilisé pour justifier d’autres actions contre des piquets de grève. La faiblesse encourage à l’agression patronale. C’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui à Genk. A nous de construire un rapport de force plus favorable aux travailleurs.
Cela commence par la solidarité et l’unité dans une lutte constante et conséquente pour le maintien de l’emploi. Dans cette lutte, nous devons tenir compte de la méfiance et des tensions qui existent, et le meilleur moyen de surmonter ces difficultés est de construire l’implication maximale de la base par le biais d’assemblées générales démocratiques du personnel, où chaque étape du combat doit être ouvertement débattue et décidée.
Simultanément, cette offensive massive contre le droit de grève doit recevoir une réponse syndicale combative au niveau national. Les enjeux sont clairs: allons-nous laisser tomber le droit de grève ou le défendre ?
Photos d’une visite de solidarité au piquet le week-end dernier
Samedi, une équipe de militants du PSL (issus du Limbourg et de Gand) se sont rendus au piquet de grève de Genk. Voici quelques photos de cette visite.
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Ford Genk : Après la “Marche pour l’avenir”, la lutte doit aller de l’avant !
La fermeture de Ford a été annoncée le 24 octobre. L’incertitude et la confusion ont régné les semaines qui ont suivi. Mais le potentiel pour un combat déterminé afin de sauvegarder l’emploi était bien présent, illustré par les dizaines de milliers de personnes réunies pour la Marche pour l’avenir du 11 novembre. Mais si nous ne voulons pas que ce potentiel soit gaspillé, les syndicats doivent faire mieux que d’organiser une ‘‘promenade’’ et mettre au point un plan d’action offensif.
Par OK (Limbourg)
Après l’annonce de la fermeture, survenue en plein chômage économique pour les travailleurs, l’incertitude était grande. Comment s’opposer à cette annonce ? Certains ont suggéré qu’il valait mieux tout arrêter, d’autres ont pensé qu’il fallait reprendre le travail pour emmagasiner le plus gros ‘‘trésor de guerre’’ possible. La direction a fait une proposition de prime de départ qui a été rejetée, mais le travail a finalement repris le 15 novembre, avec la production normale de 1.000 voitures par jour.
Cette confusion a largement été aggravée du fait de l’absence de mot d’ordre clair. La manifestation du 11 novembre était une excellente occasion d’offrir une perspective à la lutte, avec la journée d’action européenne contre l’austérité du 14 novembre. L’occasion fut manquée et, pire, le travail a repris le lendemain après la période de chômage économique sans que rien ne soit mis en avant pour la lutte des travailleurs.
Les directions syndicales se sont limitées à donner pour seule perspective l’obtention de la prime de licenciement la plus élevée possible. Mais une prime, aussi conséquente soit elle, n’est pas une solution pour l’avenir des jeunes de la région. De plus, le personnel des sous-traitants passe à la trappe avec cette approche. Ces travailleurs, principalement des jeunes, se sont dès le début sentis laissés de côté, un sentiment menaçant l’unité d’action. Heureusement, les délégués syndicaux les plus combatifs ont restauré cette unité. Les revendications et les actions doivent avoir pour objectif de fermement unir les travailleurs de Ford et des sous-traitants.
Le Limbourg menace de devenir un désert social. Les dernières données affirment que la fermeture de Ford aurait pour répercussion la perte de 15.800 emplois au total ! Dans le passé, l’action du gouvernement s’est limitée à accorder la possibilité du chômage économique. A consentir à la création d’une véritable armée de chômeurs et de pauvres en somme…
Un groupe de 12 ‘‘experts’’ a été constitué pour se pencher sur un plan de relance pour le Limbourg. Après deux semaines, leur première idée est sortie : que les primes de licenciement ne soient pas payées individuellement, mais versées dans un fonds destiné à la reconversion du site. En clair, il s’agit de totalement briser la solidarité pour laisser les travailleurs à la rue sans rien en les faisant payer pour la reconversion ! Qu’est-ce que c’est que ce projet de misère ? Mais il n’y a rien d’autre à attendre de la part d’un gouvernement qui a organisé la dégressivité des allocations de chômage, rendu plus difficile de partir en retraite anticipée et qui s’est attaqué à notre pouvoir d’achat.
Luttons pour le maintien de chaque emploi !
Bien sûr, les syndicats travaillent à un bon plan social pour les travailleurs les plus âgés. Ils ont plus que mérité leur repos et leur retraite anticipée. Mais Ford a réalisé plus de 30 milliards de dollars de profit ces trois dernières années à travers le monde. L’année 2012 ne dérogera pas à la règle. Il n’y a absolument aucune raison de ne pas exiger de grosses indemnités de départ pour tous les travailleurs de Ford et les sous-traitants.
Mais cela ne règle pas une question plus fondamentale : tous les bons emplois disparaissent dans la région. Comment les jeunes générations peuvent- elles se construire un avenir ? Après la fermeture des mines du Limbourg, la présence d’une entreprise telle que Ford, qui engageait 17.000 travailleurs à l’époque, avait permis de relativement atténuer le choc. Mais aujourd’hui, il n’existe pas d’alternative.
Comment sauver l’emploi ? Les travailleurs de Ford avaient accepté de perdre 12% de leur salaire, mais ça n’a pas suffit. Faut-il en arriver aux salaires des pays de l’Est, d’Inde ou du Vietnam ? D’autre part, il est irréaliste d’attendre l’arrivée d’un repreneur, le secteur automobile mondial est en surproduction. Répartir la production entre les différents sites peut sembler positif, mais la question des pertes d’emploi restera toujours posée si on laisse le patronat décider : ce sera une répartition de la misère.
Nationalisation et reconversion
La seule solution à long terme, c’est la nationalisation du site. Divers gouvernements européens ne se sont pas gênés pour nationaliser les banques ou pour leur lancer des milliards. Si les autorités ont sauvé les spéculateurs, pourquoi ne pas sauver l’emploi et la production ? Mais si on laisse le gouvernement et les patrons décider, une nationalisation ne sera que temporaire, avant d’être bradée au privé par la suite. Pour eux, il est toujours question de nationaliser les pertes et de privatiser les profits.
C’est pourquoi nous sommes pour la nationalisation de l’entreprise, mais sous le contrôle et la gestion démocratique de la collectivité. Ainsi, les capacités du site pourraient être utilisées au bénéfice de la collectivité. Ford Genk est une entreprise puissante avec une grande richesse en termes d’expérience et de savoir-faire. L’usine est tellement flexible qu’il y est possible de construire n’importe quoi avec des modifications minimes. Pourquoi ne pas utiliser tout ce potentiel pour aider au développement d’un bon service de transport en commun, abordable et écologiquement responsable ?
Continuons le combat !
Une telle nationalisation ne tombera pas du ciel, cela dépend de la volonté de lutte des syndicats. C’est une question de rapport de forces. Les 11, 14 et 15 novembre ont été autant d’occasions manquées. Mais il n’est pas trop tard. Les syndicats doivent de toute urgence clairement défendre le maintien de chaque emploi par la nationalisation du site et construire un rapport de force avec un bon plan d’action.
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Plus de 15.000 personnes à la "Marche pour l'avenir" à Genk (3)
Plus de 15.000 personnes ont participé ce dimanche à la manifestation pour l’emploi et contre la fermeture du site de Ford à Genk. Cette annonce de fermeture intervient dans un contexte particulier: le mois de novembre a connu un nombre de faillites record tandis que les annoncent de licenciements et de restructurations s’abattent sur les travailleurs aux quatre coins du pays. Ripostons ensemble avec un bon plan d’action combatif : nous sommes perdus si nous restons chacun dans notre coin ! Opposons aux multinationales et au patronat le mot d’ordre de la nationalisation des entreprises qui opèrent des licenciements collectifs, sous le contrôle des travailleurs, sans rachat ni indemnités ! Prochaine étape: ce mercredi 14 novembre avec la journée européenne d’action contre l’austérité. N’en restons pas là, il nous faut discuter de la suite de la lutte à organiser contre la crise, ses responsables et ceux qui cherchent à nous en faire payer le prix.
Par Jean-Marie
- Tract distribué par le PSL (PDF)
- Ford Genk. Pas de funérailles mais un plan d’action ! Nationalisation et reconversion du site !
- Industrie automobile européenne : Une autre crise est en cours…
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Plus de 15.000 personnes à la "Marche pour l'avenir" à Genk (2)
Plus de 15.000 personnes ont participé ce dimanche à la manifestation pour l’emploi et contre la fermeture du site de Ford à Genk. Cette annonce de fermeture intervient dans un contexte particulier: le mois de novembre a connu un nombre de faillites record tandis que les annoncent de licenciements et de restructurations s’abattent sur les travailleurs aux quatre coins du pays. Ripostons ensemble avec un bon plan d’action combatif : nous sommes perdus si nous restons chacun dans notre coin ! Opposons aux multinationales et au patronat le mot d’ordre de la nationalisation des entreprises qui opèrent des licenciements collectifs, sous le contrôle des travailleurs, sans rachat ni indemnités ! Prochaine étape: ce mercredi 14 novembre avec la journée européenne d’action contre l’austérité. N’en restons pas là, il nous faut discuter de la suite de la lutte à organiser contre la crise, ses responsables et ceux qui cherchent à nous en faire payer le prix.
Par Tycho
- Tract distribué par le PSL (PDF)
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