Your cart is currently empty!
Category: Bpost
-
Une factrice retraitée : “Les facteurs sont mes héros !’’

Le coronavirus restera dans la mémoire de chaque facteur. En tant que factrice à la retraite, je tiens à dire : Chapeau à tous les facteurs qui travaillent ! Nous constatons aujourd’hui que le facteur remplit une fonction essentielle.
Par Roos, factrice pensionnée
Tout comme pour les infirmières, les pompiers ou les éboueurs, les postiers n’auront pas ménagé leur peine. Alors que les patrons de Bpost s’inquiètent de leur situation économique et de la panne d’une machine de tri et que les journaux rapportent fièrement que les services de colis fonctionnent mieux qu’à Noël, je m’inquiète pour le personnel. Surtout parce que le travail est effectué avec moins de monde. Parmi les facteurs, les gens tombent aussi malades. Ceux et celles qui travaillent s’inquiètent de rentrer chez eux en toute sécurité et surtout de ne pas être infectés.
Cette peur est normale. Même moi j’ai peur. Bien sûr, pour celles et ceux de la direction, qui restent derrière leurs bureaux, c’est différent. Ils n’ont pas besoin d’être sur la route tous les jours. Facteurs, n’hésitez pas : quand c’est dangereux, consultez vos délégués syndicaux et s’ils ne font rien, prenez les choses en main vous-même ! Exigez que toutes les normes de sécurité soient garanties : c’est votre sécurité qui est en jeu ! Sinon, pas de service postal !
Restez en sécurité et, une fois cette crise passée, il faudra réfléchir à la manière dont une profession essentielle comme celle de facteur peut être améliorée avec plus de collègues et de meilleures conditions de travail!
-
Bpost : Comment gagner la lutte ?
Lundi, les syndicats et la direction se sont réunis à Bpost. Dans l’après-midi, il a été annoncé que les grèves seraient annulées. De nombreux travailleurs en ont été informés par voie de presse mais, au début, il n’était même pas clair qu’il y avait un “accord” entre la direction et les syndicats. Lorsque la proposition d’accord est apparue, peu à peu, il est rapidement devenu évident qu’elle était insuffisante. La CSC a rejeté la proposition et la CGSP a également annoncé qu’elle proposerait l’accord aux membres mais qu’elle ne le défendrait pas.Il n’y a donc pas d’accord et les négociations se poursuivent, sans que de nouvelles actions aient été annoncées. Cependant, au début de la grève, la CGSP avait tenu des propos musclés : s’il n’y avait pas d’accord satisfaisant, il y aurait 5 ou même 10 jours de grève. Nous avons déjà défendu dans notre article précédent que négocier sans construire de relation de forces ne serait pas très bénéfique.
Depuis 20 ans, le personnel revendique des changements et exprime parfois son mécontentement à l’égard de la posture de négociation des syndicats. Beaucoup considèrent cette grève comme l’une des dernières occasions d’améliorer les salaires et les conditions de travail et de conserver les avantages de ce statut. Le personnel ne veut pas être conduit à l’abattoir avec cette nouvelle réforme. En plusieurs endroits, les grèves à la base se sont poursuivies, de manière spontanée comme le disent les médias. Au début, les syndicats ont affirmé qu’ils reconnaîtraient les grèves sans les initier eux-mêmes, mais quand les actions ont commencé à se développer plus vite que prévu, ils ont été activement appelés à ne pas faire grève.
On aurait pu s’attendre à ce que le mouvement s’éteigne par manque d’organisation. Mais c’est le contraire qui s’est produit : l’insatisfaction est si profonde que de nombreux membres du personnel sont prêts à aller plus loin. Les dirigeants syndicaux ont décidé d’appeler à la fin des grèves spontanées et à ce que les négociateurs fassent leur travail. Les actions et les négociations ne sont pas deux choses opposées comme le prétendent parfois le gouvernement et la direction : elles peuvent se renforcer mutuellement lorsqu’elles sont délibérément utilisées dans un mouvement.
Comment procéder ? De nombreux militants et délégués syndicaux ont de bonnes intentions et c’est en soutenant les éléments les plus militants que les actions peuvent mener au succès. Plus de démocratie est nécessaire : aucune action ou grève ne peut être déclenchée sans consultation du personnel concerné et sans vote sur les propositions. Afin de maintenir l’unité du mouvement, on peut choisir de mettre en place des comités de grève auxquels n’importe quel travailleur peut se présenter pour une responsabilité, qu’importe sa couleur syndicale, son contrat ou sa fonction syndicale. Ces comités de grève peuvent former des structures régionales, voire nationales, pour organiser des actions plus importantes que des piquets de grève, il suffit de penser à des manifestations. Ainsi, la compréhension et la solidarité entre les différentes fonctions peuvent être renforcées et tout le monde peut en bénéficier.
Il est possible de remporter des victoires si notre lutte est bien organisée. Nous ne devons pas laisser cela aux seuls postiers : leur lutte concerne tout le monde. Il s’agit de conditions de travail décentes, d’un nombre suffisant de collègues, d’un bon service et de la lutte pour un service public digne de ce nom au lieu d’une machine à profit privée qui fonctionne au détriment du personnel et des utilisateurs.
-
Cinq jours qui construisent la résistance chez Bpost

Photo: Flickr/crosby_cj Depuis mars 2000, Bpost opère en tant qu’entreprise indépendante. L’Etat belge reste cependant l’actionnaire majoritaire avec 51,04% des actions. Tous les gouvernements depuis lors (quels que soient les partis impliqués), et bien sûr aussi les actionnaires privés, ne s’intéressaient qu’à une seule chose : le profit qu’ils recevaient. Peu importe que ce profit soit réalisé sur base de coupes budgétaires sur le dos des employés et sur les services fournis.
Pour réaliser ces économies, la direction a toujours divisé le personnel et a monté les uns contre les autres. À quelques reprises, elle y est allée brutalement, mais la plupart des économies ont été réalisées graduellement ou seulement sur les nouveaux employés. La charge de travail a été systématiquement augmentée. C’est ce qui explique qu’aujourd’hui, un tournant a été atteint. Les salariés en ont assez, non pas d’une mesure en particulier, mais de l’ensemble des politiques menées et de ce que cela signifie pour eux.
10% pour les actionnaires … et pour nous ? Travailler, suer et la fermer !
Le PDG Koen Van Gerven a garanti aux actionnaires un dividende de 10 %, quel que soit le chiffre d’affaires de Bpost. Si les bénéfices sont inférieurs à 260 millions d’euros (le dividende combiné de 10 %), qui fera alors le reste ? Les employés de Bpost le savent: cela proviendra d’économies sur le dos du personnel, notamment avec des licenciements collectifs et autres compressions qui minent les conditions de travail et augmentent la charge de travail, qui est déjà insupportable. Le personnel des bureaux de distribution et les centres de tri en font l’expérience au quotidien.
Si nous voulons mettre fin à la logique qui nous a menés à ce point, nous devons examiner chaque lieu de travail pour voir quels sont les besoins en personnel. Après tout, ce sont les employés qui connaissent le mieux le fonctionnement de leur entreprise, et non les gestionnaires qui regardent les chiffres et qui se préoccupent surtout de réaliser des bénéfices. Lorsque les employés se présentent aujourd’hui à leur supérieur hiérarchique avec des idées sur la façon dont les choses pourraient être améliorées, ils se heurtent à l’argument qu’il n’y a pas d’argent. Mais ceci ne devrait pas être au cœur d’un service public ; c’est un bon environnement de travail et des services de qualité pour la population qui devraient l’être.
Que la poste redevienne un service public digne de ce nom
Une lutte pour que le service postal redevienne un service public fort recevrait l’appui d’un grand nombre de personnes dans la société. Il suffit de voir comment Corbyn a rendu à nouveau populaire la nationalisation des chemins de fer en Grande-Bretagne. Une telle bataille sera nécessaire si nous voulons mettre un terme à la réduction sans cesse croissante des services, des salaires et des conditions de travail. Ce serait un exemple pour d’autres services publics mais aussi pour des secteurs qui sont aujourd’hui entre les mains du secteur privé mais qui seraient mieux placés entre les mains de la communauté comme l’énergie, les banques, les soins de santé, …
Ce ne sera pas une lutte facile. Chaque capitaliste et ses serviteurs politiques s’opposeront à ces propositions. Mais une attitude déterminée de la part du personnel et le soutien des syndicats, des partis de gauche et de la société civile peuvent briser cette résistance. Une conséquence d’une telle lutte serait aussi de se demander qui contrôle réellement les services publics : un gouvernement néolibéral ou la majorité des travailleurs et de la population ?
Ces actions peuvent être le début d’un mouvement dans cette direction, mais ne peuvent être un point final. Cinq jours pour exprimer notre mécontentement ne suffiront pas. Nous devrons nous organiser au sein des syndicats, que nous devrons à nouveau transformer en organisations démocratiques. Après les actions, nous pouvons organiser des réunions du personnel, où nous examinons les forces et les faiblesses de ces grèves. Ensemble, nous pouvons discuter de la manière avec laquelle nous pouvons impliquer encore plus de collègues et des revendications que nous pourrions formuler pour que l’opinion publique nous soutienne encore davantage.
-
Non à la privatisation ! Les services publics sont à nous !

“La privatisation de la SNCB n’est pas exclue’’, a déclaré Johan Van Overtveldt, ministre N-VA des Finances. Le gouvernement a décidé d’examiner toutes les participations de l’État fédéral dans les entreprises et Van Overtveldt a tenu à directement donner le ton.
Charles Michel l’a rappelé à l’ordre: une privatisation de l’ensemble de la SNCB ne serait pas encore à l’ordre du jour. Peut-être le gouvernement envisage-t-il de tout d’abord diviser l’entreprise pour en vendre les parties rentables non endettées à prix d’ami… Pendant ce temps, le statut du personnel du secteur public est également progressivement éliminé pour faciliter les privatisations futures. Une privatisation immédiate de la SNCB n’est pas discutée, la vente complète de Bpost et Proximus, elle, oui !
La privatisation revient à s’attaquer aux services publics, au personnel et aux usagers. L’argument de la réduction de la dette publique par la vente de sociétés publiques ne tient pas debout : les dividendes de Bpost, Proximus, Belfius et BNP Paribas ont rapporté 890 millions d’euros au gouvernement l’année dernière. Cependant, la diminution de la dette générée par leur vente ne permettrait d’économiser que 600 millions d’intérêts. L’édito du Soir des 26 et 27 août résumait : ‘‘Quel bon père de famille vendrait dès maintenant un appartement lui rapportant 900 euros par mois au seul motif d’en économiser 600 par ailleurs?’’ Il s’agit d’un choix politique conscient visant à en finir avec les participations d’État.
Les entreprises publiques ont le potentiel de permettre à la collectivité de financer ‘‘les PME s’agissant de Belfius, les investissements dans les infrastructures s’agissant de Proximus ou le service au citoyen s’agissant de Bpost’’ (Le Soir, même édition). Mais le service aux travailleurs et à la collectivité en général n’est pas ce que le gouvernement a à cœur. Alexander De Croo (Open VLD) n’a que le mot ‘‘efficacité’’ à la bouche, dans l’esprit des libéraux c’est synonyme de rentabilité financière. Entre 2008 et 2015, 7.000 emplois sur 30.000 ont été perdus chez Bpost. Sur cette même période, la moitié des 1300 bureaux de poste a disparu. Le prix du timbre a augmenté de 0,46 à 0,79 euro depuis 2006. ‘‘Efficacité’’? Pour les actionnaires et leurs représentants politiques, certainement. Mais pas pour le personnel, les usagers et la collectivité.
Lorsque la possible privatisation totale de Bpost et de Proximus a été discutée plus tôt cette année, De Croo proposait alors d’épargner la SNCB en raison des troubles sociaux que cela causerait. Pour la droite, s’en prendre au secteur public, c’est aussi un bon moyen de s’en prendre au mouvement organisé des travailleurs. En abandonnant les cheminots à leur sort lors des actions de grève spontanées du printemps 2016, seuls et divisés sur base communautaire, les dirigeants syndicaux ont perdu une bonne partie de la confiance de la base. La droite veut saisir l’occasion pour remettre sur table le service minimum et la privatisation.
La résistance s’impose. Il faut entrer en action non seulement de manière défensive contre le manque d’investissement qui prépare la voie vers la privatisation, mais aussi de manière offensive. Les transports publics sont d’une importance cruciale contre les embouteillages et afin de disposer d’une politique de mobilité écologique. Au lieu de sacrifier tout cela pour satisfaire la soif de profits du secteur privé, il faut au contraire augmenter les moyens du secteur public. Cela exige de se battre et de défendre une alternative politique qui se base sur les intérêts de la majorité de la population et qui vise à changer de société.
-
Bpost. ‘‘La charge de travail ne cesse d’augmenter pour cause de manque de personnel’’
Nous avons discuté avec un facteur des conditions de travail à Bpost, dont les travailleurs sont partis en grève le 13 juin dernier. La colère est grande et concerne toute une série de dossiers. À cela se sont encore ajoutées les négociations secrètes avec la PostNL. Parmi les membres du personnel, les craintes sont vives quant à une nouvelle attaque contre le statut et les conditions de travail.
Propos recueillis par Christophe (Keerbergen)
À quoi ça ressemble de travailler chez Bpost aujourd’hui ?
‘‘Je travaille depuis 43 ans pour la poste. C’est devenu très stressant. La charge de travail augmente continuellement à cause du manque de personnel. Beaucoup de gens qui partent en pension ne sont pas remplacés. Les nouveaux venus ne reçoivent pas assez de formation. Il y a aussi beaucoup d’intérimaires avec des contrats d’une semaine ou même d’un jour. La qualité du service recule donc et cela augmente la charge de travail du personnel plus expérimenté. Les postiers doivent se charger de leur propre travail et de l’accompagnement des intérimaires. Beaucoup d’expertise s’est perdue.’’
Combien de temps cela prend-il pour bien former un postier ?
‘‘Cela peut prendre quelques mois. Le travail est varié entre les lettres ordinaires, les grandes enveloppes, les colis, les journaux et les toutes-boîtes. Au début, on ne connait pas les tournées. Cela rend la livraison du courrier très lente, avec des risques importants d’erreurs. Il faut plusieurs semaines pour commencer à bien connaitre sa tournée pour ne pas aller systématiquement regarder sur les listes pour voir où doit aller le courrier et pour que ça devienne automatique. Mais cela ne peut bien entendu jamais arrivé avec les contrats d’un jour ou d’une semaine. La direction exige de plus en plus de flexibilité, le personnel est déplacé entre différentes tournées et même entre différents bureaux pour prendre en charge tout le travail. Dans ces conditions, on apprend difficilement et on est sur les rotules, de sorte que le rendement est bien moindre.’’
Les lettres sont-elles automatiquement triées par machines ?
‘‘Oui, beaucoup de lettres et de documents sont triés automatiquement. Mais il y a aussi beaucoup de choses ‘‘rejetées’’ par la machine (= pas reconnu). Ces courriers doivent être manuellement collectés par des postiers et cela n’est pas compris dans la répartition des tâches. En théorie, les machines peuvent trier 99 % du courrier, dans la pratique, un tiers doit encore être trié à la main.’’
Avec les emails, n’y a-t-il pas beaucoup moins de courrier aujourd’hui ?
‘‘Il y a en effet une baisse du nombre de lettres ordinaires, mais il y a beaucoup plus de dépliants publicitaires et de colis via les achats sur Internet. Les paquets sont de toutes formes, tailles et poids, ce qui permet difficilement aux machines de les reconnaitre pour les trier. Le nombre de toutes-boîtes augmente et le facteur doit supporter plus de poids. Les tournées comprennent aussi plus de boîtes aux lettres de sorte que le surpoids est encore plus grand. Beaucoup de facteurs travaillent plusieurs heures par semaine gratuitement pour parvenir à finir leur tournée.’’
Avant, le facteur avait aussi une fonction sociale. Qu’en reste-t-il ?
‘‘Auparavant, les facteurs apportaient leur pension aux personnes âgées, ils entretenaient un contact social et pouvaient ainsi remarquer d’éventuels problèmes. Maintenant, les pensions sont versées uniquement aux personnes handicapées, au sinon elle est versée sur un compte. Ces paiements aux personnes à mobilité réduite sont calculés en secondes avec Georoute, le système de gestion chronométrée des tournées. Pour donner un exemple : les anciens facteurs étaient la référence pour les personnes qui demandaient leur chemin. Mais aujourd’hui, ils ne peuvent pas le faire, ils n’ont plus le temps pour cela. De plus, ce sont souvent des travailleurs intérimaires qui ne sont pas familiers avec le chemin à prendre.’’
Ce travail est donc moins attrayant qu’auparavant ?
‘‘Personnellement, je suis chanceux d’avoir été nommé fonctionnaire. J’ai ainsi plusieurs avantages que n’ont pas les nouvelles recrues comme facteurs auxiliaires, qui font pourtant le même travail. La direction fait une soupe avec les différents statuts pour arriver au travail le moins cher et le plus flexible possible. Il existe actuellement quatre catégories : les fonctionnaires classiques, les contrats barémiques (= contrat à durée indéterminée), les contrats non barémiques et les facteurs auxiliaires. Quatre catégories de postiers pour effectuer un même travail, mais pas au même salaire et pas avec les mêmes avantages. La direction sape ainsi en permanence les contrats de travail. Dans les faits, depuis longtemps, il y a une cinquième catégorie : les intérimaires. Et au plus le contrat est précaire, au plus le travailleur est effrayé d’affronter ses supérieurs à propos des problèmes quotidiens.’’
-
Les travailleurs de Bpost en action contre le libéralisation et la privatisation
13 juin – Journée de grève nationale de Bpost
Libéralisation et privatisation : Aubaine pour la direction et les actionnaires, enfer pour le personnel et le service
La FGTB et la CSC ont déposé un préavis de grève pour le 13 juin à Bpost. La raison immédiate, ce sont les négociations secrètes de ces trois derniers mois entre Bpost et PostNL. Même si elles ont échoué, la colère du personnel est énorme. Il craint une nouvelle dégradation du statut et des conditions de travail. Un très grand nombre d’autres dossiers sont encore en suspens.
Model 9 : Journal d’information et d’action de postiers combattifs // PDF
Le travail est invivable depuis Georoute. Les rondes sont trop déséquilibrées. La diminution du volume des lettres est compensée par une augmentation du volume des paquets. Avec l’acquisition de PostNL, les choses auraient encore été pires alors que le personnel manque déjà pour gérer correctement le volume actuel. Le courrier sans adresse, à l’instar des réclames (les dépliants hebdomadaires d’Aldi notamment), est nombreux.
Dès septembre, les horaires de nombreux bureaux de poste seraient encore réduits mais la flexibilité des guichetiers serait accrue avec des fermetures plus tardives. Les facteurs auxiliaires ne sont pas considérés comme du personnel à part entière, en gagnant moins ainsi qu’en bénéficiant de moins de congés et d’aucune prime linguistique. Le nombre d’intérimaires augmente. Pour les postiers, la charge de travail est double : faire son travail et assister de nouveaux intérimaires quasiment chaque semaine. La direction pensait augmenter l’efficacité du service en précarisant ainsi les contrats de travail, mais elle a frappé à côté de la plaque. Cette méthode nous a fait perdre trop d’expérience.
Avec les horaires irréguliers, de plus en plus de postiers doivent utiliser leur voiture pour se rendre au travail. Certains commencent à 3 ou 4 heures du matin. Les services de nuit sont modifiés afin d’être éliminés au fil du temps. Ce travail ne disparaît pas, il est déplacé vers les postiers. Ces derniers subissent une grande pression pour prester de nombreuses heures non rémunérées afin de finir leurs tournées. La flexibilité a également augmenté pour les conducteurs de camions Bpost, poussés à adopter des trajets qui évitent la taxe kilométrique.
Les nouvelles fiches de paie sont un désastre. Les régularisations arrivent avec un mois de retard. Par manque de calcul clair, le pécule de vacances est payé en mai, mais chez certains, les impôts et les cotisations sociales doivent être déduites avec un mois de retard. Il y en a qui se sont retrouvés en juin avec 100 ou 140 € de moins à cause d’erreurs dans ces calculs. La prime de productivité accordée au personnel est réduite, mais les actionnaires ont plus de dividendes. Ce sont pourtant les postiers – pas les actionnaires ou la direction – qui font le boulot dans des conditions qui se détériorent.
Le gouvernement et la direction ne manquent jamais de le souligner: depuis la libéralisation, Bpost est devenue très rentable. Des managers comme Johnny Thijs sont devenus très riches et les actionnaires peuvent chaque année compter sur de plus généreux dividendes. Aucune surprise si cela aiguise l’appétit des politiciens et des «investisseurs». Cela se fait au détriment des conditions de travail mais aussi des utilisateurs. Depuis Georoute, la fonction sociale du facteur n’existe plus que sur papier. Plus le temps d’aller voir nos aînés et de vérifier si tout est OK. Le nombre de personnes âgées isolées retrouvées plusieurs jours, voire semaines, après leur décès ne cesse d’augmenter. Le temps manque même pour remettre un colis ou un recommandé. Pour l’usager, la libéralisation signifie de prendre congé et de se rendre au point poste soi-même.
Pour faire un succès de cette grève, il faut organiser des réunions du personnel. Le personnel peut ainsi y être informé, mais aussi participer à la discussion sur les diverses problématique de nos lieux de travail. Il faut exiger des contrats de travail décents, plus de personnel, de meilleurs horaires avec les primes associées (sans début de service dans la nuit de dimanche à cinq heures du matin pour éviter de payer la prime), la participation à l’organisation du travail (en particulier lors des modifications) ! Les assemblées permettent aux syndicats de mobiliser pour le plan d’action. En plus de la grève des postiers du 13 juin, la FGTB appelle à la grève générale le 24 juin, avec le soutien de certaines centrales de la CSC. Les problèmes de Bpost ne sont pas exceptionnels mais similaires à ceux d’autres secteurs. La solidarité dans l’action contre ce gouvernement austéritaire est nécessaire!
-
Bpost: Il nous faut une lutte unitaire contre les attaques sur le droit de grève et sur le personnel
Depuis jeudi passé, des actions des actions de blocage et des arrêts de travail ont eu lieu dans divers centres de tris et bureaux de Bpost surtout à l’initiative de la CSC-transcom. En cause, la mise en place d’une nouvelle organisation de travail supprimant les avantages pour le travail du samedi. Jusqu’ici, les travailleurs devant prester les samedis voyaient leur temps de travail hebdomadaire réduit à 36h en place de 38h, disposition que la direction de l’entreprise entend supprimer.Par Simon (Liège)
-
Les postiers de Liège, en pointe contre la poursuite de la privatisation
Chez Bpost, l’annonce dans la presse du dépôt du projet de loi facilitant la vente des parts détenues par l’Etat par le ministre Alexander De Croo a bien sûr été fraîchement accueillie (voir notre précédent article à ce sujet). A Liège, la discussion s’est de suite engagée sur la stratégie à mettre en œuvre pour bloquer ce projet gouvernemental.
Par Simon (Liège)
Dès le mercredi (12 mai), des actions de grève étaient entamées. C’est que chacun comprend le danger de cette proposition : il est clair que l’objectif de l’actuel gouvernement en bonne orthodoxie néo-libérale est, à terme, de totalement privatiser l’entreprise encore actuellement majoritairement détenue par l’Etat. Ceci serait bien sûr suivi d’un cortège de mesures managériales augmentant les rythmes de travail et supprimant le statut de fonctionnaires des travailleurs, déjà de plus en plus rares à être nommés.
Les postiers n’ont pourtant pas étés épargnés ces dernières années. L’entreprise est en restructuration continue depuis, au détriment des travailleurs comme des usagers. La fermeture de centaines de bureaux de poste ces 10 dernières années n’a évidemment pas fait l’affaire des habitants des quartiers tandis que, de plan géoroute en plan géoroute (la 7ème version du plan est actuellement en cours), la pression au travail s’est considérablement accrue pour les travailleurs. Au-delà de ça, les emplois de qualité ont étés constamment détricotés pour être remplacés par des sous-statuts. Un intérimaire anonyme témoigne ainsi : «Nous devons prendre notre vacation à 6 h 50 pour 800 boîtes aux lettres. Nous devons aussi préparer les toutes boîtes pour tous les autres facteurs ! Ensuite nous classons le courrier dans les spots nous relevons le courrier dans les bacs, nous préparons nos colis à distribuer, environ 30 par jours, ensuite nos recommande, environ 20 par jours, ensuite nous partons distribuer le tout aux clients. Start people nous paie 6,20 euros par heure de travail sous contrat activa avec 125 euros de compensation par l’Onem. Le salaire est vraiment minime, le travail est très physique. Tout le monde se plaint du salaire et du volume de travail abominable même les ancien facteurs !!!»
Les postiers de Liège sont actuellement en pointe dans le combat qui s’annonce contre la privatisation de leur entreprise. Nous avons rencontré, au piquet de grève de Liège 2, les deux délégués CGSP, Eric et Pascal. Postés dès avant 5h devant les portes pour un piquet filtrant, ils sont en fait en action depuis la veille au soir puisqu’avec leurs collègues, ils ont bloqué le dépôt de Liège X cette nuit. Peu après 7h, ils remontaient à Awans pour renforcer le piquet jusqu’à midi. Il faut encore oser dire qu’on fait grève pour se la couler douce…
«Nous avons réuni les affiliés, une cinquantaine sur Liège 2, pour expliquer le problème et la grève a été votée» nous dit Eric. «Elle est bien suivie même si on sent un certaine essoufflement à la gestion du précédent plan d’action. Mais on a réussi à mobiliser les collègues parce qu’on fait le boulot : on prépare les Assemblées Générales du personnel, on tient les gens régulièrement au courant, on passe les voir,…» Les deux délégués ont bien conscience d’entamer un combat de longue haleine. «Actuellement, nos permanents sont en réunion à Bruxelles pour tenter d’étendre le mouvement» continue Pascal. «On sent que les gens sont prêts à bouger» reprend Eric. «Même les employés dans certains bureaux ont prévu des arrêts de travail. Pourtant, c’est plus difficile de les faire bouger d’habitude. Les délégués doivent passer de bureaux en bureau et convaincre les collègues quasiment individuellement de rejoindre le mouvement.»
Comme les militants de ce piquet combatif, nous espérons au PSL que cette semaine d’action des postiers de Liège pourra servir d’élan et permette à leurs collègues des autres régionales de rejoindre la lutte.
Cela est aussi de nature à montrer aux travailleurs des autres entreprises concernées par le projet de loi, et plus largement à tous les salariés en Belgique, que tout n’est pas joué et que la lutte doit se poursuivre pour faire échec à l’agenda du gouvernement Michel. Quoi de mieux pour se faire que de préparer un nouveau plan d’action de l’ampleur de celui de l’automne dernier, mais sans perdre l’élan par la suite, en augmentant au contraire la pression ? Il est possible de balayer ce gouvernement des riches par la grève, mais le potentiel existant doit être correctement saisi et organisé.
-
Liège : Visite de solidarité auprès des grévistes de Bpost
La poursuite du processus de privatisation des «Sociétés Anonymes de Droit Public» Proximus (anciennement Belgacom) et Bpost, dans lesquelles l’Etat dispose encore de la majorité des actions, représente une grande menace tant pour les travailleurs que pour les usagers. Le conseil des ministres a approuvé vendredi dernier l’avant projet de loi qui vise à faire passer la participation de l’Etat dans ces deux entreprises sous la barre fatidique des 50%.
Il est jusqu’ici impossible au Gouvernement de se séparer de sa participation dans certaines entreprises. Mais la vente pourrait s’avérer juteuse… à court terme! Par contre, pour les acteurs privés, ce serait le jackpot. En cas de vente totale, l’Etat pourrait toucher un peu moins de 6 milliards d’euros dans le cas des actions de Proximus et environ 2,6 milliards pour celles de Bpost. Pour la CGSP, l’Etat belge donnerait ainsi au privé «les instruments qui régulent actuellement les deux plus importants marchés des communications.» L’emploi serait également menacé en cas de privatisation : «Au final, personne ne sort gagnant d’une telle stratégie. L’Etat belge perd ses dividendes annuels au profit d’un ‘one shot’; le citoyen risque de payer plus pour des services de moindres qualités et le personnel se retrouve dans une situation professionnelle incertaine.»
En région liégeoise, une grève a été lancée par la CGSP dès mercredi dernier afin de protester contre la possible privatisation de l’entreprise. L’action est menée par la CGSP, mais la CSC a décidé de couvrir ses affiliés désireux de rejoindre le mouvement. Nous reviendrons sous peu sur ce site sur les discussions que nous avons pu avoir en rendant visite à un piquet tôt ce matin.La menace de poursuite de la privatisation des entreprises publiques ne fait qu’illustre, s’il le fallait encore, que ce gouvernement de droite dure veut poursuivre son assaut antisocial. Il faut absolument tirer les leçons du mouvement anti-austérité de l’automne dernier ainsi que des hésitations qui ont prévalu depuis lors dans les sommets syndicaux (voir notre dossier à ce sujet) : nous avons su mener une lutte tous ensemble – privé et public, par-delà les frontières linguistiques et les couleurs syndicales – qui a fait vaciller le gouvernement, grâce à un plan d’action sérieux, allant crescendo, avec une grève générale bien préparée et annoncée suffisamment longtemps à l’avance. Poursuivons la lutte avec un nouveau plan d’action, plus massif et plus dur, jusqu’à la chute de ce gouvernement des riches!
Avec des amis comme ça…
Lorsque la question est arrivée à la Chambre jeudi dernier, la veille de l’approbation de l’avant-projet de loi par le Conseil des Ministres, Alexander De Croo a été interrogé par les députés. Il a notamment déclaré «Je suis quand même un peu étonné par la critique de la ‘gauche conservative’. Votre glorification de l’Etat est quand même un peu émouvante. Je vais paraphraser quelqu’un qui a dit ‘Je n’ai pas de blocage idéologique à ce sujet, je ne braque pas sur le maintien des 51%’ Qui a dit cela ?, c’était Paul Magnette le 12 janvier 2013. Chers amis du PS, je suis tout à fait d’accord avec monsieur Magnette.» L’opposition du PS est, il est vrai, profondément hypocrite!
Derrière la privatisation des entreprises publiques, on a souvent trouvé le PS… C’est notamment à Elio Di Rupo que l’on doit le principe des «consolidations stratégiques» et autres «entreprises publiques de droit privé» qui ont ouvert la voie à la privatisation! Quand il fut ministre en charge des entreprises publiques, il signa en 1999 l’arrêté ouvrant à la concurrence le secteur du courrier de plus de 350 grammes. SNI (Distrigaz), Belgacom, Sabena, SNCI et INCA (banques), Crédit Communal, CGER, BIAC,… Le PS a participé avec enthousiasme au gigantesque transfert des richesses de la collectivité vers le privé, au mépris des intérêts des travailleurs et des usagers.
Il nous faut lutter, oui, c’est vrai. Avec vigueur, en prenant base sur la manière dont l’élan vers la grève générale nationale du 15 décembre dernier avait été construit. Mais il est également grand temps de sérieusement réfléchir à la construction d’une alternative politique issue du monde du travail, capable de regrouper toutes les forces et les individus à la gauche du PS et d’Ecolo désireux de lutter ensemble contre la logique austéritaire au sein d’un instrument de lutte large et ouvert à tous, dans le respect des spécificités de chacun.
-
Conflit à Bpost : Visite du piquet de Woluwe
Mais jusqu’où vont-ils assainir ?
Depuis lundi les postiers ont débrayé à différents endroits à Bruxelles. Mercredi dernier Woluwe, Ixelles ou encore Laeken, entre autres, étaient bloqués. En cause : une nouvelle mouture du logiciel géoroute qui vise à supprimer 8 postes dans la distribution du courrier à Woluwe. Il s’agit de 20% des effectifs !
Par Nico M. (Bruxelles)
En discutant avec les travailleurs sur le piquet, on peut appréhender ce que la direction de La Poste, devenu Bpost, a entrepris durant les dernières années : une réduction conjuguée des effectifs et des conditions de travail. Certains postiers expliquent qu’au début de leur carrière, le nombre de tournées dépassait les 50 pour un bureau donné. Aujourd’hui, dans ce même bureau, avec les plans successifs, on se retrouve avec une vingtaine de tournées. On comprend mieux la colère accumulée depuis toutes ces années. La direction a détruit peu à peu les conditions de travail des facteurs (avec notamment une surcharge). Géoroute, qui a été présenté comme un progrès pour la distribution du courrier, n’est que l’instrument qui a organisé ce saccage.
On ne s’arrête pas là : la surcharge de travail s’est accompagnée de l’élimination progressive des anciens statuts de facteur plus avantageux (salaires, protection,…). Au piquet, les facteurs encore nommés ne sont plus majoritaires et sont côtes-à-côtes avec les nouveaux facteurs, les ‘‘remplaçants’’. Ceux-ci font exactement le même boulot mais sont moins payés et ne reçoivent pas les divers avantages des nommés (les chèques-repas par exemple).
On réduit les effectifs, on casse les statuts, on ne nomme plus les travailleurs : on organise le service public comme une entreprise privée. C’est de toute façon cela qu’ils prévoient : la libéralisation totale de la distribution du courrier. Cette politique de privatisation est payée en première instance par les travailleurs qui font concession sur concession. Ensuite, comme c’est le cas avec l’énergie par exemple, on présentera la facture aux usagers en augmentant les prix : rien n’arrête la soif de profit.
… et quand allons nous mettre en place un plan d’action?
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
Une victoire à Woluwe
A la sortie de la réunion de concertation pour le bureau de Woluwe, les nouvelles étaient bonnes. En effet la direction est revenue sur le plan de suppression de 8 postes et elle garantit le maintien de toutes les tournées.
Ces trois jours de grève ont été cruciaux et déterminant pour obtenir cette victoire. Nous devons saluer l’action coordonnée des postiers de Woluwe et des bureaux d’Ixelles ou Laeken venus en solidarité.
Cette victoire illustre la capacité des travailleurs à remporter des victoires significatives. Cela donne aussi la direction à prendre pour récupérer les conditions de travail mises à mal durant toutes ces années.
[/box]Sur le piquet, la colère s’accompagne de combattivité. Ce mouvement de grève est spontané, il illustre la possibilité d’organiser la lutte. Ce mercredi matin, les syndicats rencontraient la direction de Bpost pour une concertation autour des problèmes à Woluwe. Les conclusions de cette réunion ne sont pas encore connues (voir le cadre ci-contre, NDLR) mais il y a peu de chances que Bpost revienne en arrière et recule d’elle-même sur ses attaques. Au mieux elle ne supprimera pas 20 % mais un peu moins. Or au même moment, dans le Hainaut, les postiers sont aussi en grève : en cause l’absence de clarté sur la notion de ‘‘norme’’ censée régir la charge de travail. Dans ces deux cas, la question du manque de personnel est centrale, les plans de restructuration successifs ont supprimés des milliers d’emplois.
Il est urgent d’organiser à la base, dans chaque bureau dans chaque dépôt, des discussions qui posent la question de structurer ces luttes. Par exemple, au piquet, la question de géoroute est un point mais les conditions de travail des ‘‘remplaçants’’ constituent aussi un des sujets discutés.
Les syndicats devraient organiser ces débats rapidement et collectivement mettre en place un plan d’action capable d’unifier tous les travailleurs du secteur autour d’un carnet de revendications. Un tel plan permettrait de donner aussi confiance aux travailleurs qui n’ont pas encore débrayé en illustrant qu’il s’agit d’une lutte collective pour les conditions de travail de tous.
Une lutte unifiée de tout le secteur est plus que nécessaire. Mais si on se remémore les questions brûlantes que vivent les cheminots avec leur propre calendrier en vue de la privatisation du rail, il n’y a qu’un pas à franchir pour mettre à l’ordre du jour une lutte collective entre ces deux secteurs. Au même moment, ce mercredi matin pendant que nous étions au piquet à Woluwe, une réunion à Genk entérinait la fermeture complète du site de Ford pour 2014. La question d’une lutte généralisée en Belgique pour la défense de l’emploi doit être mise à l’ordre du jour. Ne négocions pas chacun dans notre coin mais luttons tous ensemble pour nos emplois, pour nos conditions de travail et contre l’austérité !
