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  • Contribution à la discussion : Le CAP doit avoir comme objectif la création d’un nouveau parti des travailleurs

    “Une autre politique est nécessaire et possible”. C’est sur ce thème que nous nous sommes présentés aux élections du 10 juin. Le contenu revendicatif de ce slogan était développé dans notre programme électoral et était largement compris et accepté parmi les membres du CAP. Mais notre faible résultat électoral a montré que l’absence d’une prise de position claire dans notre nom et dans nos slogans – quelle est cette « autre » politique que nous voulons et avec quels instruments espérons-nous la mener – a joué contre nous.

    Depuis lors, les difficultés pour relancer le CAP ont, elles aussi, montré qu’il est plus que temps de préciser notre projet politique. Si le CAP veut avancer vers la formation d’un nouveau parti, il va devoir prendre position de façon claire et faire des choix afin de construire un outil solide.

    Sauver la solidarité… en lui donnant une voix politique

    Depuis le 27 septembre, des dizaines de milliers de personnes ont signé la pétition Sauvons la solidarité en réponse aux chamailleries communautaires entre les partis traditionnels. Mais ceux qui signent la pétition n’ont plus de parti qui porte clairement leur voix dans le débat politique.

    Quel parti défend – dans ses actes et pas seulement uniquement dans ses discours, au pouvoir et pas seulement dans l’opposition – des revendications comme un salaire convenable, des conditions de travail et de vie saines et sécurisées, une pension décente,… ? Quel parti défend encore les intérêts de la majorité de la population, celle qui vit d’un salaire ou une allocation ? Quel parti agit encore au niveau belge dans le sens de la solidarité entre les populations ? Aucun. Ce constat reste aujourd’hui tout aussi vrai que lors des luttes contre le Pacte des Générations et les licenciements massifs à VW et Opel.

    Beaucoup de ceux qui disent ne plus vouloir voter pour le PS et le SP.a expliquent que « ce ne sont plus des partis de gauche » et qu’ « on n’y écoute plus les travailleurs et les militants de base ». Seule une formation politique organisée sur le plan national qui défendra à nouveau clairement les intérêts de cette majorité de la population et qui fonctionnera sur une base démocratique et ouverte pourra rendre un espoir à ceux qui l’ont perdu, reconstruire une combativité qui s’est dégradée et construire une alternative, dans les luttes et dans les élections.

    Pour un nouveau parti des travailleurs et de la solidarité

    L’idée que les travailleurs – au sens large, c’est-à-dire en y incluant ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en n’ont provisoirement pas (en chômage, en maladie), qui n’en ont plus (prépensionnés et pensionnés) ou qui espèrent en avoir bientôt un (jeunes aux études) – ont de véritables intérêts communs et qu’ils doivent les défendre dans la solidarité a reculé au cours du dernier quart de siècle. Beaucoup de travailleurs ont perdu une vision collective de leur situation, de leurs problèmes et des revendications à défendre ; ils ont été amenés à penser que leurs problèmes ne sont pas ceux des autres, qu’il n’ont rien à attendre comme solidarité de la part des autres, qu’ils sont obligés de chercher des solutions individuelles,…

    Le CAP va devoir s’engager activement dans cette lutte des idées. Il va devoir prouver sur chaque question concrète que seul un point de vue basé sur les intérêts collectifs des travailleurs et sur la solidarité peut permettre d’organiser les actions efficaces qui puissent faire barrage aux projets du patronat et du gouvernement.

    Pour cela, le CAP devra :

    • être présent au quotidien dans les luttes, des « grandes batailles nationales » contre les plans gouvernementaux d’austérité aux « petits combats locaux » contre la fermeture d’un bureau de poste.
    • mettre inlassablement l’accent sur les intérêts communs que les travailleurs ont entre eux et avec les usagers des services publics, participer concrètement à l’organisation de ces luttes et de cette solidarité, et mettre en avant la nécessité d’un nouveau parti capable de redonner une voix aux travailleurs.
    • continuer à œuvrer, à travers l’action en commun et le débat politique, pour favoriser l’unité de tous ceux qui, à gauche, organisés politiquement ou non, se reconnaissent dans cette perspectived ‘un nouveau parti des travailleurs.

    C’est de cette manière que le CAP pourra grandir et devenir plus visible et plus efficace.


    Nathalie Dupont – tête de liste CAP Liège

    Bart Vandersteene – tête de liste Oost-Vlaanderen

    Gustave Dache – tête de liste CAP Hainaut

    Ludo Mommen – tête de liste CAP Anvers

    Hugo Matthieu – 4 place CAP Oost-Vlaanderen

    Simon Hupkens – 2 place CAP Liège

    Levi Sollie – ABVV délegué Bayer

    Jo Coulier – ABVV délegué VUB

    Katia Chikowski – secretariat CAP Liège

    Jean Peltier – secretariat CAP Liège

    Patrick Zeoli – 6e place CAP Liège

  • Conférence du CAP: Plus de clarté et élection d’une structure.

    Le Comité pour une Autre Politique a tenu ce 20 octobre une conférence nationale avec l’objectif d’adopter un profil plus clair et de renforcer les structure de l’initiative. Après les élections du 10 juin dernier, il était évident que cela était nécessaire. Alors que, jours après jours, nous constatons qu’il existe une énorme ouverture dans la société et que grandit la recherche d’une alternative, le CAP devait mener la lutte avec un profil assez vague et une organisation peu professionnelle. En attendant un rapport plus détaillé, voici quelques photos de cette rencontre.

    Photos par Florian Vallée

  • Les biocarburants, arnaque du siècle ?

    Gaz à effet de serre, trou dans la couche d’ozone, bouleversements climatiques,… L’écologie, selon un sondage de la Commission Européenne, est la première prio-rité des Européens et principalement des Belges. Non sans raison. Pour tenter de résoudre le problème, plusieurs projets ont été mis sur pied dont les biocarburants, véritable avancée scientifique pour certains, phénomène de mode pour d’autres.

    Par Florianne Meurant

    Ces biocarburants sont obtenus à partir de blé, de colza, de maïs ou de canne à sucre. Une fois produits, les biocarburants sont mélangés à de l’essence ou du diesel. L’intérêt est qu’ils permettent de réduire la consommation de pétrole et la quantité de gaz carbonique rejeté dans l’air.

    On peut toutefois se demander si les biocarburants sont aussi écologiques qu’on le prétend. Les processus de fabrication et de raffinage de certains carburants “verts” consomment ainsi autant d’énergie qu’ils ne permettent d’en économiser et favorisent la déforestation. La canne à sucre, dont le Brésil est le premier producteur mondial, peut servir de matière première aux biocarburants. Le problème est que la production ne permettra pas de répondre aux besoins actuels du marché : il faut non seulement la canne en tant que denrée alimentaire, mais aussi en tant que matière première pour les biocarburants et les terres cultivables ne sont pas illimitées. Il faut donc créer ces terres en rognant sur la forêt amazonienne.

    L’engouement pour le bioéthanol provoque aussi une hausse des prix du maïs qui se répercute sur toutes les denrées alimentaires. Si le prix du maïs s’envole, tous les produits à base de maïs subiront le même sort (il y a déjà eu des émeutes à Mexico suite à l’envolée des prix du maïs). En plus, les stocks de céréales n’ont jamais été aussi bas depuis trente ans. Si cette inflation ne s’arrête pas, cela constituerait une raison supplémentaire pour amener les banques centrales à relever leur taux d’intérêt. En 1972, il y avait déjà eu une crise semblable : la montée des prix de l’alimentation avait accompagné celle du pétrole, plongeant les Etats-Unis, suivis par l’économie mondiale, dans la récession économique.

    Les coupeurs de canne ont eux aussi du souci à se faire. Un travailleur brésilien produit 10 tonnes de canne par jour à lui seul. Pour le bioéthanol, on s’apprête à récolter un type de canne génétiquement modifié, plus légère car elle retient moins d’eau et, surtout, contient une plus grosse quantité de sucre. Génial! Oui, mais pas pour le travailleur. En effet, si la canne est plus légère, il devra en faucher le triple pour atteindre ses 10 tonnes journalières.

    C’est maintenant clair, les indus-tries de biocarburants se retrouvent face à un dilemme. Certains de leurs dirigeants commencent a reconnaître que les biocarburants ne sont pas la solution idéale et placent leurs espoirs dans les biocarburants de la deuxième génération. La différence est que ceux-ci sont fabriqués à base de cellulose, sont plus rentables et plus écologiques, bien que les problèmes soulevés ci-dessus soient à peine atténués. De plus, le développement de cette nouvelle génération n’est pas encore arrivé à son terme. Les industries de biocarburant proposent, en attendant, de fonctionner avec les produits à base de maïs. Mais un patron accepterait-il de fermer son usine après y avoir investi des milliards? Et ce simplement pour des raisons de type écologique ?

    On le voit, les biocarburants sont loin d’être la solution miracle au problème de la pollution automobile. Et, même si tous les problèmes qu’ils posent aujourd’hui étaient résolus et s’il est clair que rouler sans rejeter de gaz à effet de serre serait formidable, d’autres mesures essentielles s’imposent pour lutter contre la pollution et le réchauffement climatique. Il faut supprimer le commerce absurde des droits d’émission, rendre les services de transports publics gratuits et écologiquement propres, mettre en avant les réseaux ferroviaires ou maritimes pour le transport de marchandises, (les transports sont responsables de 14% de l’émission des GES, les gaz à effet de serre)… Mais surtout arrêter de culpabiliser le consommateur et plutôt s’en prendre aux industries (23% de l’émission de GES) et natio-naliser le secteur de l’énergie (24% de l’émission de GES).

    Tout cela ne sera pas faisable tant que nous serons dirigés par des hommes politiques qui s’aplatissent devant les patrons et les actionnaires…

  • Tragédie grecque. La politique de casse sociale enflamme les forêts !

    L’été a été bien chaud en Grèce. Pas moins de 75 personnes ont trouvé la mort dans les feux de forêts qui ont détruit plusieurs milliers d’hectares de bois, 150 villages et 1.500 maisons. Face au désastre, à coup de fausses rumeurs et de mensonges, le gouvernement a tenté de passer ses responsabilités sous silence.

    Par Eleni Mitsou, membre de Xekinima, notre organisation-soeur en Grèce

    Des incendies de la même ampleur se sont déjà produits par le passé. En juillet 2004, 198 feux se sont déclarés en 48 heures et, en 1998, 125 forêts se sont enflammées en moins d’une heure! Toutefois, jamais les destru-ctions n’avaient atteint une telle ampleur.

    Beaucoup de feux résultent d’accidents mais, dans les environs d’Athènes, le fait que des promoteurs immobiliers incendient les forêts pour gagner du terrain constitue un phénomène récurrent. En effet, depuis les années ‘70, les terrains brûlés peuvent servir à la construction. Et récemment encore, le gouvernement a voulu faciliter cette mesure !

    Le drame des incendies est devenu tragédie pour cause de politique d’austérité néolibérale : sapeurs-pompiers et protection des forêts ont en effet systématiquement reçu de moins en moins de moyens. Un représentant syndical de Sparte a ainsi déclaré que 70 sapeurs-pompiers font défaut dans sa région. Au lieu de quatre personnes par camion, un chauffeur et un sapeur-pompier « suffisent » aujourd’hui. En tout, 4.000 travailleurs du feu manquent à l’appel !

    L’infrastructure aussi a payé le prix des cadeaux gouvernementaux aux patrons (certains avions, dont la maintenance est négligée, ont plus de quinze ans) de même que la formation des volontaires (qui n’apprennent même pas les techniques préventives les plus élémentaires). Le gouvernement se plaint de manquer de moyens… alors même qu’il en est responsable !

    Les services de sapeurs-pompiers, pour un être optimaux, nécessitent des investissements massifs : nouvelles voitures, nouveaux hélicoptères et avions, plus de moyens pour l’entretien,… En outre, il faut former les communautés locales à gérer les incendies et la politique d’aménagement du territoire doit impérativement être revue pour empêcher les capitalistes de profiter des incendies.

  • Dérapage nationaliste au PS. La préférence nationale contre l’immigration choisie !

    Suite au récent accord sur l’immigration qui a eu lieu lors des négociations relatives à la formation du gouvernement, quelques réactions méritent d’être considérées. Tout d’abord, cet accord émanant de la dite orange bleue est un projet de droite, nous n’en n’attendions donc rien.

    Alain. (Cet article a été rédigé par un sympathisant. Vous aussi, n’hésitez pas à envoyer à notre rédaction des articles, rapports d’actions, réflexions,…: redaction@lsp-mas.be)

    À épingler quand même, le recourt à l’immigration choisie (Sarkozy « l’homme au kärcher » est passé par là). Outre cela, quelques réactions sont autrement plus choquantes : les dirigeants du parti (dit) socialiste ont présenté leurs griefs contre ce plan. Mr Elio Di Rupo s’est dit inquiet par une telle ouverture des frontières (télétexte de la RTBF à la date du 09/10/2007) – j’ai dû m’y reprendre à deux fois pour être sûr de ce que je lisais. Les présidents des régions Wallonne et Bruxelloise, eux, prônent la préférence nationale : Le Pen n’aurait peut-être pas dit mieux !

    Il y a plusieurs façon d’envisager la question posée par les migrations. La manière socialiste de voir les choses se doit d’unir à travers les frontières linguistiques ou nationale, l’ensemble de la classe des travailleurs qui tous sont obligés de vendre leur force de travail aux capitalistes afin d’assurer leur survie et celle de leur famille. La question posée par l’immigration dans un pays quelqu’il soit est celle-ci : par leur présence physique, les sans-papiers, les immigrés nous posent la question de l’inégale répartition des richesses mondiales et plus précisément, la concentration de celle- ci de manière géographique et oligarchique. Les différentes réactions décrites ci-dessus, sèment la division des travailleurs sur des bases nauséabondes telles que la communauté linguistique et la nationalité.

    Il est important pour nous, marxiste révolutionnaire, de redire nos priorité pour ces questions : fermeture des centre fermés, légalisation de touts les sans papiers, arrêt des expulsions. Mesures qui vont dans le sens de l’intérêt des prolétaires. C’est la bourgeoisie et ses laquais (les Di Rupo, les Demotte et les Picquet) qu’il faut mettre dehors pas les immigrés.

  • Actions contre l’élargissement de l’aéroport de Londres

    En août, des écologistes ont organisé pendant une semaine un « climate action camp » à l’aéroport londonien de Heathrow pour protester contre l’élargissement annoncé de cet aéroport. La construction de la troisième piste d’atterrissage ferait en effet disparaître plusieurs villages voisins. Les actions ont connu leur apogée lors d’une manifestation le 19 août, sous une présence policière particulièrement renforcée.

    Par Eline

    Les médias n’ont pas manqué de rapporter ces actions, mais en prenant clairement position contre les militants.

    Un grand point positif a été la coopération réussie entre les militants écologistes et la population locale concernée. Cela a donné aux activistes la possibilité de discuter de leurs idées avec les habitants et a aussi donné un caractère plus large et plus représentatif à la manifestation, ce qui a laissé moins de latitude aux médias – et aux policiers – pour isoller les actions.

    En revanche, il régnait parmi les militants une grande confusion vis-à-vis des méthodes politiques et les revendications mises en avant étaient à la fois limitées et vagues. Aucun lien clair n’a été établi avec la responsabilité du capitalisme dans ce problème et tout dialogue avec le syndicat des pilotes a été rejeté.

    Comment résoudre vraiment les problèmes écologiques ?

    Partout, les gouvernements prétendent se pencher sur la question du climat mais cette préoccupation ne se concrétise vraiment que lorsqu’elle permet de dégager du profit. Par contre, chaque proposition visant à élargir les services publics est fanatiquement rejetée. Les autorités politiques et les grands patrons de l’économie sont sans aucun doute responsables de la quasi-absence de moyens et de planification face aux catastrophes naturelles ainsi que de la faiblesse des moyens accordés à la recherche d’alternatives non polluantes. C’est aux consommateurs (nous, donc) de payer la casse, au contraire des patrons qui possèdent pourtant les moyens de production et qui déterminent la manière de les utiliser.

    Résoudre ces problèmes exige des mesures collectives, ce qui ne veut pas dire que nous avons tous à payer le prix des « solutions », mais que ces solutions doivent être collectivement organisées pour faire payer les vrais responsables. Pour cette raison, nous tirons la conclusion que seul un contrôle démocratique des moyens de production par la population peut offrir une réponse conséquente aux problèmes environnementaux sur le plan international parce qu’il permettrait de réorganiser la production sur une base socialement et économiquement utile et non-polluante.

  • Deux révolutionnaires socialistes nigériens appréhendés.

    Deux membres du Democratic Socialist Mouvement (DSM, organisation-soeur du MAS/LSP au Nigéria) ont été appréhendés par la police armée ce jeudi à l’université de Obafemi Awolo Universtity (OAU) de Ile Ife. La police a pénétré sur le campus à la demande de la direction. Les deux membres du DSM arrêtés sont Taiwo Hassan Soweto (président de la section étudiante du DSM à la OAU) et Oletandu Dairo (responsable presse du syndicat étudiant). Le président du syndicat étudiant est lui depuis longtemps déjà en prison.

    Les deux révolutionnaires socialistes ont été arrêtés après que les autorités universttaires aient décidé d’encercler complètement le campus tout en donnant l’ordre aux étudiants de quitter leur chambre avant sept heures du matin. Les étudiants se sont révoltés contre cette décision et ont défendu leurs droits et intérêts.

    Le mardi matin, une réunion de masse s’est déroulée lors de laquelle a été décidé de boycotter les cours à partir du mercredi 17 octobre pour exiger la libération du président du syndicat, Akinola Saburi. Celui-ci est en prison depuis le 1er août après une campagne pour de meilleures conditions de vie et d’études sur le campus.

    Le 15 octobre, l’affaire doit être portée en justice à Osogbo. Les étudiants veulent y aller pour soutenir le président de leur syndicat.

    La direction a tenté de fermer le campus et a fait arrêter deux membres du DSM pour contre-carrer les protestations prévues cette semaine.

    L’année passée, les étudiants ont élu un président combatifs à la direction de leur syndicat. En étant élus, Akinola Saburi, comme président, et Olatude Dairo, comme responsable de presse, ont battu les candidats soutenus par la direction. Les étudiants ont élus ceux en qui ils avaient le plus confiance, ils ont élu des leaders radicaux capables de mieux défendre leurs intérêts. La direction a esayé d’imposer une direction de pacotille aux étudiants afin de limiter les protestations contre la politique néolibérale.

    Nous condamnons l’arbitraire de la direction, sous l’autorité du professeur Michael Faborede après l’élection de la direction radicale. Pour la deuxième fois en moins d’un an, l’université a été fermée sans raison sérieuse. De plus, la police a été deployée contre des étudiants qui qui ne faisaient que défendre leurs droits.

    Nous appelons tous les travailleurs, le personnel enseignant, les groupes de défense des droits de l’Homme, les organisations étudiantes, … localement et internationalement à exiger la libération immédiate de Taiwo Hassan, Akinola Saburi et Tunde Dairo ainsi que le respect de la direction élue du syndicat et des campagnes pour de meilleures conditions de vie pour les étudiants. Nous exigeons la réouverture immédiate du campus et la fin de la criminalisation et de la répression des activistes étudiants.

    Plus d’infos sur la situation à l’OAU ici (en anglais) : OBAFEMI AWOLOWO UNIVERSITY CRISIS et ATTACKS ON UNION GETS FIERCER.

    Envoyez vos protestations ( en anglais) à

    • Obafemi Awolowo University (OAU): registra@oauife.edu.ng
    • OAU Vice-Chancellor: mfaborode@yahoo.co.uk & mfaborod@oauife.edu.ng
    • Nigerian Federal Ministry of Education: enquiries@fme.gov.ng en te@fme.gov.ng.

    Envoyez aussi une copie au Democratic Socialist Movement au Nigéria via dsmcentre@hotmail.com.

  • La FEB de nouveau à l’attaque: Retraités et fonctionnaires dans le colimateur!

    Pour la première fois depuis vingt ans, les partis sociaux-démocrates (SP.a et PS) pourraient ne plus participer au prochain gouvernement. Malgré les loyaux services que la social-démocratie a rendu au patronat ces deux dernières décennies, les organisations patronales comme la Fédération des Entreprises Belges (FEB) espèrent que leurs revendications pourraient être encore mieux rencontrées par un gouvernement de “centre”-droite.

    Karel Mortier

    Ceux qui ont imaginé que les organisations patronales allaient stopper leur offensive sur les retraites après le Pacte des générations en sont pour leurs frais. Cette fois-ci, les fonctionnaires sont aussi menacés.

    Les fonctionnaires représentent la plus importante cible des organisations patronales. Celles-ci affirment que notre pays gaspille son argent en entretenant trop de fonctionnaires. Ainsi, une suppression de 25.000 fonctionnaires équivaudrait à une économie de 10 milliards d’euros, argent qui pourrait servir à une nouvelle diminution des charges patronales. Toujours selon les organisations patronales, les fonctionnaires continuent à coûter de trop même quand ils sont retraités, ce qui serait injuste par rapport aux personnes travaillant dans le secteur privé, où les retraites sont plus basses. Bien entendu, il est pour eux hors de question de rehausser les pensions du privé; alors, autant niveller par le bas à l’exemple des mesures annoncées par Sarkozy en France.

    Voici un exemple édifiant de la politique de diviser-pour-mieux-régner afin de pouvoir réduire les acquis des travailleurs dans notre pays en montant un secteur contre l’autre, qui plus est sous couvert de lutte contre « l’injustice » !

    Les retraites ne seraient d’ailleurs pas seules à être trop élevées chez les fonctionnaires. Pour le même travail, mais pour un salaire moindre, une bonne partie des emplois peuvent être remplacés par des travailleurs du privé. La cerise sur le gâteau est la possibilité pour les patrons de pouvoir de cette manière encore amplifier leurs bénéfices en « offrant » au gouvernement des services précédemment rendus par les fonctionnaires.

    Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Les organisations patronales revendiquent un nouveau calcul des retraites afin de diminuer également les retraites du privé ! Selon eux, il ne faudrait dorénavant plus prendre en compte les périodes où les travailleurs ne sont pas actifs pour diverses raisons. Cette réforme s’attaque principalement aux femmes qui sont plus enclines à stopper le boulot un moment pour l’éducation de leurs enfants.

    Les attaques sur les fonctionnaires et les retraites ne sont pas un phénomène propre à la Belgique. Partout en Europe, les gouvernements au pouvoir voient les fonctionnaires comme autant de proies pour l’application de leurs plans d’austérité. La discussion sur la réduction du nombre de salariés dans la fonction publique est en première instance pour le patronat une discussion sur les services publics à la population. Les acquis sociaux sont en péril et surtout les statuts des fonctionnaires nommés ainsi que les retraites, choses qui dérangent particulièrement les patrons.

    Les propositions de la FEB et autres organisations patronales ne servent aucunement à rendre les retraites payables par l’Etat, mais bien à financer une enième diminution de charges patronales. Les entreprises belges se rangent pourtant parmi les plus rentables en Europe, mais cela n’est visiblement pas encore suffisant.

  • 90 années après la révolution russe… Une expérience toujours d’actualité !

    1917-2007

    En ce mois d’octobre, nous commémorons le 90ème anniversaire de la révolution russe de 1917. Bien trop souvent, cet événement est présenté comme une « aberration de l’histoire » ou comme le résultat des sinistres desseins d’une poignée d’hommes malfaisants. Nous voulons au contraire profiter de l’occasion pour réaffirmer la légitimité historique et la portée gigantesque de ce qui fut la première révolution socialiste de l’histoire.

    Cédric Gérôme

    Le développement inégal et combiné

    Dans son livre La révolution permanente, Trotsky dira de la révolution d’Octobre qu’elle fut « la plus grandiose de toutes les manifestations de l’inégalité de l’évolution historique. » Au début du siècle dernier en effet, la Russie présente une situation historique pleine de contradictions. Réduit à un état semi-barbare, le pays est sous le joug d’un régime tsariste autocratique, tandis que l’immense majorité de la population ( 87%) vit dans les campagnes, le plus souvent dans un état de misère et d’arriération lamentable. Le sous-développement culturel est latent : l’analphabétisme atteint un niveau supérieur à celui existant en France au 18ème siècle avant la révolution ! Les tentatives de moderniser les structures de la vie nationale se heurtent aux lourdes survivances du féodalisme, à la faiblesse de la bourgeoisie nationale, au système archaïque de gouvernement et à la dépendance économique de la Russie à l’égard du capital étranger. Ce sont pourtant ces investissements de capitaux étrangers qui permettent, dans le dernier quart du 19ème siècle, un développement capitaliste accéléré et la formation de centres industriels importants. L’arriération du pays contraste dès lors avec l’apparition rapide d’un prolétariat moderne concentré dans de grosses entreprises, et dont la combativité n’a rien à envier au mouvement ouvrier occidental. Rien qu’entre 1865 et 1890, le nombre d’ouvriers d’usine double, passant de 700.000 à 1.430.000. A la veille de la révolution de 1917, ils sont 4,5 millions. Rosa Luxembourg, révolutionnaire allemande, en déduit : « La situation contradictoire de la Russie se manifeste par le fait que le conflit entre la société bourgeoise et l’absolutisme est déjà surpassé par le conflit entre le prolétariat et la société bourgeoise. » (1)

    1905 : la répétition générale

    En 1905, la Russie est traversée par une première onde de choc révolutionnaire. L’année débute par une grève à l’usine Poutilov à Saint-Pétersbourg, qui, rapidement, s’élargit. L’épisode du Dimanche Rouge, lorsque des milliers de travailleurs et leurs familles se rendant vers le Palais d’Hiver du Tsar pour réclamer une amélioration de leurs conditions de travail et davantage de libertés publiques se font accueillir à coups de fusils, de sabres et de baïonettes, au prix de centaines de morts, a pour effet de dissiper la confiance obscure de centaines de milliers de travailleurs dans le tsar, et enflamme le pays par une vague de grèves. Celle-ci atteint son apogée par la grève de masse du mois d’octobre, qui voit la constitution des premiers Soviets (conseils des députés ouvriers), véritables embryons d’un gouvernement ouvrier révolutionnaire. Mais le pouvoir d’Etat tsariste a finalement raison de ce déferlement révolutionnaire, qui, insuffisamment préparé et réduit à ses seules ressources, reflue à partir de décembre. Trotsky conclut : « Cet épisode n’a pas seulement montré que la Russie des villes était une base trop étroite pour la lutte, mais aussi que, dans les limites de la révolution urbaine, une organisation locale ne peut assumer la direction du prolétariat. La lutte du prolétariat au nom de tâches nationales exigeait une organisation de classe d’envergure nationale. » (2) Si la défaite de cette première révolution ouvre une ère de répression féroce qui pousse le mouvement ouvrier dans le repli pour plusieurs années, cette expérience révèle néanmoins pour la première fois le prolétariat comme une force avec laquelle il va falloir compter, et restera ancrée dans la conscience collective des travailleurs russes.

    Trois conceptions de la révolution

    Le caractère de la révolution en gestation fut l’objet d’âpres divergences au sein du mouvement ouvrier russe. Dès 1904, ces divergences aboutissent à la formation de deux tendances fondamentales : le menchevisme et le bolchevisme.

    Pour les menchéviks, la Russie devait passer par une révolution démocratique portant au pouvoir la bourgeoisie, laquelle développerait le capitalisme et instaurerait un régime parlementaire. Le rôle du parti ouvrier devait donc se limiter à « donner plus de vaillance à la bourgeoisie libérale » (3) pour l’aider à s’engager dans cette voie. « Les conditions historiques objectives font que la destinée de notre prolétariat est irrémissiblement de collaborer avec la bourgeoisie dans sa lutte contre l’ennemi commun » (4) , résumait le dirigeant menchévik Axelrod. La lutte pour le socialisme était ainsi renvoyée à un avenir indéfini, le contenu de la révolution étant d’avance limité à des transformations acceptables pour la bourgeoisie libérale. Cette perspective partait davantage d’une transcription mécanique, sur le sol de la Russie, du schéma suivi par la révolution française de 1789 que d’une analyse réelle des conditions sociales et politiques existant en Russie à cette époque.

    Jusqu’à un certain point, les bolchéviks admettaient également que la révolution aurait un caractère bourgeois. Lénine expliquait : « Nous ne pouvons sauter par-dessus le cadre démocratique bourgeois de la révolution russe… Pour le prolétariat, la lutte pour la liberté politique et pour la république démocratique au sein de la société bourgeoise est simplement un stade nécessaire dans sa lutte pour la révolution socialiste. » (5). La vision des bolchéviks se distinguait cependant de celle des menchéviks sur deux points : d’une part, ils ne renvoyaient pas la révolution socialiste aux calendes grecques mais voyaient au contraire la révolution bourgeoise comme un « stade nécessaire » vers la réalisation de ce but ; d’autre part, ils ne portaient aucune illusion quant à la capacité de la bourgeoisie russe à diriger jusqu’au bout sa propre révolution. L’existence de fait d’un prolétariat moderne contestant l’ordre capitaliste, ainsi que les attaches existant entre l’aristocratie foncière et la bourgeoisie, rendaient cette dernière incapable, selon les bolchéviks, d’entreprendre la moindre initiative sérieuse vers la conquête des droits politiques des travailleurs et la réalisation d’une véritable réforme agraire. L’évolution des rapports de forces pousserait tout au contraire la bourgeoisie vers un compromis avec l’absolutisme. C’est pourquoi, à la position des menchéviks préconisant une alliance entre le prolétariat et la bourgeoisie, les bolchéviks opposaient l’idée d’une alliance entre le prolétariat et la paysannerie. Cette position était résumée dans la formule de Lénine : « la dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie. »

    Léon Trotsky, quant à lui, n’adhèrait à l’époque ni à l’une, ni à l’autre de ces conceptions. Tirant le bilan de l’expérience de 1905, il élaborera dans sa brochure Bilan et perspectives, une analyse clairvoyante qui se verra brillamment confirmée par le développement ultérieur des événements révolutionnaires en Russie, analyse par la suite connue sous le nom de Révolution Permanente. D’accord avec les bolchéviks sur l’analyse qu’ils font du rôle du libéralisme bourgeois, Trotsky cernait néanmoins les faiblesses de la formule de Lénine. Il soulignait d’une part l’incapacité historique pour la paysannerie, de par son morcellement géographique et social, de jouer un rôle politique indépendant ; la passivité des villages et l’inertie des éléments paysans dans l’armée fut en effet une des raisons principales de l’écrasement de la révolution de 1905. Dautre part, il insistait sur l’impossibilité objective pour le prolétariat de se maintenir dans le cadre d’un programme démocratique bourgeois : « Il serait du plus grand utopisme de penser que le prolétariat, après avoir accédé à la domination politique puisse borner sa mission à créer les conditions démocratiques et républicaines de la domination sociale de la bourgeoisie. » Une fois au pouvoir, la classe ouvrière serait irrésistiblement poussée à entreprendre ses propres tâches, à savoir l’expropriation des capitalistes et la socialisation de l’économie. «La perspective des bolchéviks était incomplète; elle indiquait correctement la direction générale de la lutte, mais caractérisait incorrectement ses stades…La victoire complète de la révolution démocratique en Russie est inconcevable autrement que sous la forme d’une dictature du prolétariat appuyée sur la paysannerie. La dictature du prolétariat mettra inévitablement à l’ordre du jour, non seulement des tâches démocratiques mais aussi des tâches socialistes, et va en même temps donner une puissante impulsion à la révolution socialiste internationale. » (6)

    La guerre mondiale : la trahison historique de la social-démocratie

    En août 1914, la nécessité latente pour les Etats impérialistes d’engager un nouveau partage des marchés et des colonies éclate en une puissante conflagration mondiale. Les belles résolutions contre la guerre de l’Internationale Socialiste sont d’un seul coup rangées au placard : presque tous les partis sociaux-démocrates capitulent devant la guerre, en s’alignant sur leurs gouvernements respectifs et leurs discours bellicistes. Le 4 août, le groupe parlementaire social-démocrate allemand, unanime, vote les crédits de guerre. Les députés socialistes français les imitent avec enthousiasme. Lorsqu’en Belgique, le roi Albert se présente devant les Chambres et que le gouvernement catholique demande le vote de crédits militaires, les députés socialistes du POB applaudissent le souverain et, à leur tour, se rallient à l’union sacrée en votant les crédits de guerre. Emile Vandervelde, alors président de l’Internationale, part, sur la demande du roi, haranguer les troupes sur le front de l’Yser. Celui que l’on considérait comme « le père du marxisme russe », Plékhanov, comme la majorité des menchéviques, se rallie au discours de « la guerre jusqu’à la victoire ». De tous les partis sociaux-démocrates de l’époque, les bolchéviques seront les seuls à rejeter l’effort de guerre de façon radicale et conséquente. Rosa Luxembourg qualifie l’Internationale de « cadavre puant » (7). Lénine affirme : « Dès aujourd’hui, je cesse d’être social-démocrate et deviens communiste. » (8)

    Si, dans un premier temps, la vague de chauvinisme entraîne tout sur son passage et terrasse des millions de travailleurs, la guerre deviendra par la suite un puissant catalyseur de la colère ouvrière, qui se répandra comme une tempête sur tout le continent. La combativité des masses, enfouie sous la boue et le sang des tranchées, remontera à la surface avec d’autant plus de vigueur. « La première vague des événements a élevé les gouvernements et l’armée à une puissance jamais encore atteinte. D’autant plus effrayante sera la chute des dirigeants, quand le sens réel des événements se révélera dans toute son horreur », commentait Trotsky dans La guerre et l’Internationale.

    Février 1917 : l’explosion

    Un peu partout, la prolongation du massacre impérialiste excite les sentiments de révolte. La discipline se relâche parmi les troupes, le mécontentement gronde dans les quartiers ouvriers. En Russie, la crise éclate en février 1917 : le 23 de ce mois, à l’occasion de la journée internationale des femmes, des ouvrières du textile de Saint-Pétersbourg débrayent et défilent dans des manifestations de masse en criant : « Du pain ! Du pain ! » Cet événement met le feu aux poudres ; le lendemain, la moitié du prolétariat de la capitale -200.000 ouvriers- a cessé le travail. Le 25, la grève devient générale. Rapidement, le conflit prend un caractère insurrectionnel ;les mutineries des soldats, entraînées par la marée révolutionnaire, sonnent le glas du régime impérial. Ce dernier, incapable de faire obstacle au soulèvement des masses, ne pouvant s’appuyer sur des troupes sûres, vole en miettes. Le 27 au soir se tient la séance constitutive du Soviet des députés ouvriers et soldats de Pétrograd. Le 2 mars, le Tsar Nicolas II, lâché par ses alliés de la veille, abdique. Le même jour les députés de l’opposition libérale constituent à la hâte un gouvernement provisoire présidé par le prince Lvov, grand propriétaire terrien : les classes possédantes, paniquées, cherchent à rebâtir un appareil d’Etat capable d’endiguer la révolution des masses ouvrières. L’Eglise orthodoxe, pourtant vieille complice du tsarisme, voit dans la chute du régime « la volonté de Dieu » et invite les fidèles à « soutenir le gouvernement provisoire » (9). Loin d’être un aboutissement, la révolution de février ne marque pourtant que le début d’un processus de révolution et de contre-révolution qui verra se défier sur l’arène politique deux prétendants à la direction de la société.

    Les soviets : organes de pouvoir d’un type nouveau

    La révolution a fait naître une dualité de pouvoir : à côté du gouvernement provisoire bourgeois s’érige et se développe un autre type de pouvoir : les Soviets des députés ouvriers, élus dans les usines et les quartiers ouvriers. « La dualité de pouvoirs se manifeste là où des classes ennemies s’appuient déjà sur des organisations d’État fondamentalement incompatibles – l’une périmée, l’autre se formant – qui, à chaque pas, se repoussent entre elles dans le domaine de la direction du pays (…) Par sa nature même, une telle situation ne peut être stable… » (10) En effet, une société ne peut pas plus avancer sous la houlette de deux pouvoirs opposés qu’un train ne peut avancer s’il est guidé par deux conducteurs voulant chacun aller dans des directions opposées !

    Dès le début mars, des soviets surgissent dans toutes les principales villes et les centres industriels du pays ; la révolution commence à gagner les campagnes, tandis que les soviets de soldats se multipient dans l’armée pour contester le diktat des officiers. Lénine affirme très justement : « Les parlements bourgeois ne sont jamais considérés par les pauvres comme des institutions à eux. Tandis que, pour la masse des ouvriers et des paysans, les soviets sont à eux et bien à eux. » (11). Ces soviets, organes d’auto-organisation des masses opprimées, véritables parlements ouvriers, reprennent en main la gestion de tâches normalement dévolues à l’appareil d’Etat officiel (ravitaillement, ordre public, armement des travailleurs…) et contribuent à engager les larges masses de la population laborieuse dans le débat et l’action politique, loin des basses manoeuvres et des intrigues des bourgeois. Pourtant, et c’est là ce que Trostky appelle le « paradoxe de février », les soviets sont initialement composés d’une majorité de délégués des partis menchévik et socialiste-révolutionnaire, qui n’ont pas la moindre intention de renverser le gouvernement provisoire, appuient la poursuite des hostilités sur le front, et s’évertuent à freiner les revendications sociales. « Non seulement dans les soviets de soldats, mais également dans les soviets ouvriers, les bolchéviks disposaient généralement de1-2%, au mieux 5%. Les menchéviks et les prétendus ‘socialistes-révolutionnaires’ s’assuraient le soutien de 95% des travailleurs, des soldats et des paysans engagés dans la lutte » (12)

    Les thèses d’avril : la révolution permanente en pratique

    Dictée par leur ancienne analyse des tâches de la révolution, l’attitude initiale de la direction nationale du parti bolchévik, en ces premiers mois de révolution, est sujette à maintes hésitations et confusions. Staline et Kaménev, à la tête du parti en l’absence de Lénine exilé en Suisse, adoptent une position de soutien critique au gouvernement provisoire et de rapprochement avec les menchéviks. La conférence bolchévique qui se tient à la fin du mois de mars décide par exemple, sous proposition de Staline, que le rôle des Soviets est de « soutenir le gouvernement provisoire dans son action aussi longtemps qu’il marche dans la voie de satisfaire la classe ouvrière. » (13). Fort heureusement, le retour de Lénine, le 3 avril, va retourner la situation dans les rangs bolchéviques. S’adaptant à la nouvelle réalité au lieu de s’accrocher aux vieilles formules, il rejoint implicitement la perspective avancée par Trostky : « La formule inspirée du ‘vieux bolchévisme’, comme quoi ‘La révolution démocratique bourgeoise n’est pas terminée’, a vieilli : elle n’est plus bonne à rien (…) Le trait distinctif de la situation actuelle en Russie consiste en la transition de la première étape de la révolution, qui remit le pouvoir à la bourgeoisie à cause de l’insuffisance de la conscience et de l’organisation prolétariennes, à sa seconde étape, qui remettra le pouvoir aux mains du prolétariat et des couches les plus pauvres de la paysannerie. » (14). Lénine formula sa position dans les Thèses d’Avril, véritable réquisitoire contre le gouvernement provisoire et plaidoyer en faveur du pouvoir des Soviets « seul pouvoir révolutionnaire viable » (15). Par un travail patient et tenace, soutenu par la radicalisation du mouvement révolutionnaire, il parvient à ressaisir le parti. Trotsky, quant à lui, ralliera formellement les bolchéviks au mois d’août

    Les journées de juillet

    Les 3 et 4 juillet s’opère un tournant décisif : les ouvriers et soldats de Petrograd manifestent leur impatience en exigeant des dirigeants du soviet qu’ils prennent le pouvoir. Les bolcheviks s’opposent à une insurrection, qu’ils estiment prématurée et suicidaire : la capitale est en avance sur le reste du pays, et les larges couches de travailleurs et de paysans ne sont pas encore prêts à soutenir activement le renversement du gouvernement provisoire. Ce n’est pas parce que l’avant-garde est gagnée au programme révolutionnaire que la situation est déjà mûre pour la prise du pouvoir. N’ayant pas réussi à contenir le mouvement, les bolchéviks ne tournent pas le dos aux travailleurs déterminés à descendre dans la rue : ils descendent avec eux tout en leur expliquant le caractère aventuriste de l’opération. Karl Radek expliquera par la suite : « En juillet 1917, nous avons de toutes nos forces retenu les masses, et, comme nous n’y avons pas réussi, nous les avons conduites au prix d’efforts inouïs, vers la retraite, hors d’une bataille sans espoir. » (16) Les désordres qui s’ensuivent font des centaines de victimes, et une vague de répression s’abat sur le parti bolchévik.

    Le putsh de Kornilov

    Le reflux de juillet semble rétablir un certain équilibre entre les classes antagonistes. La polarisation des classes est à son comble, et la base sociale du gouvernement provisoire, emmené par le socialiste-révolutionnaire Kérenski, s’évapore sous ses pieds. Le dirigeant Mililoukov, du parti cadet (le parti de la bourgeoisie) affirme : « La vie poussera la société et la population à envisager l’inéluctabilité d’une opération chirurgicale ». Il ajoute : « le pays n’a le choix qu’entre Kornilov et Lénine » (17).

    Les classes possédantes, en effet, face à l’apathie du gouvernement provisoire et des partis conciliateurs, sentent venu le moment de frapper à la tête le mouvement révolutionnaire : c’est le généralissime ultra-réactionnaire Kornilov qui est choisi comme sauveur suprême, l’objectif étant d’organiser une marche punitive vers Petrograd afin d’écraser la révolution dans le sang…mais le coup d’état s’effondre en quelques jours. Face à l’incapacité du gouvernement provisoire à organiser la résistance, les bolcheviks prennent en main la défense de la capitale. En définitive, même les soldats des troupes de Kornilov se mutinent contre leurs officiers et se rallient à la cause de la révolution : le complot se décompose sans combat. Fouettées par la tentative de la contre-révolution, les masses se radicalisent davantage encore : cet événement a pour effet de renverser la situation en faveur des bolchéviks, qui relèvent la tête et gagnent un prestige, une audience et une confiance parmi les masses jusque-là inégalés.

    Octobre : la prise du pouvoir

    Le 31 août, le soviet de Petrograd vote une résolution réclamant tout le pouvoir aux soviets et, tout comme 126 soviets de province, accordent la majorité aux bolcheviks. Les uns après les autres, les soviets des grandes villes alignent leur position sur celle du soviet de la capitale. « Avant septembre, l’avant-garde des masses était plus bolchévik que les bolchéviks. Après septembre, ce sont les masses qui sont plus bolchéviks que l’avant-garde. » (18) Lénine, quant à lui, parle de la « rapidité d’un ouragan incroyable » (19). Dès la mi-septembre, il martèle : « L’Histoire ne nous pardonnera pas si nous ne prenons pas le pouvoir dès maintenant. » (20) L’irrésistible ascension des bolchéviks culmine finalement dans l’insurrection et la prise du Palais d’Hiver, qui ont lieu dans la nuit du 24 et 25 octobre 1917 sous la direction de Trotsky, et ce presque sans effusion de sang. Le 26 du même mois, le deuxième congrès pan-russe des soviets ratifie le premier Etat ouvrier de l’histoire.

    Le rôle du Parti Bolchévik

    La révolution d’Octobre n’aurait jamais pu aboutir sans l’existence d’un parti capable, comme le disait Lénine, de « concentrer toutes les goutelettes et les ruisseaux de l’effervescence populaire qui suintent à travers la vie russe en un seul torrent gigantesque. » (21). La progression numérique du Parti Bolchévik est saisissante : ne comptant guère plus de 3.000 membres en février 1917, le parti, qu’on qualifiait encore en juillet d’une « insignifiante poignée de démagogues », verra en quelques mois ses effectifs exploser, atteignant en octobre le quart de millions d’adhérents. L’éducation politique des masses s’effectue à travers leur propre expérience ; dans le feu de l’action d’une période révolutionnaire, la conscience des masses évolue à la vitesse grand V. Le Parti Bolchévik a, mieux que les autres, su exprimer les aspirations profondes de la population laborieuse de Russie, et formuler les moyens concrets pour les mettre en œuvre. Un monarchiste moscovite de l’époque reconnaissait sobrement : « Les bolchéviks sont le vrai symbole du peuple. » (22). La construction d’un parti à même de grouper et d’organiser les masses ouvrières, et de les amener avec audace jusqu’à la prise effective du pouvoir, tel fut et reste le mérite et l’apport essentiel du bolchévisme dans l’histoire.


    1. Rosa Luxembourg : Grève de masse, parti et syndicat (1906)
    2. Léon Trotsky : Le conseil des députés ouvriers et la révolution (1906)
    3. Jean-Jacques Marie : Lénine 1870-1924 (2004)
    4. Léon Trotsky : Bolchévisme contre stalinisme (1939)
    5. Ibidem
    6. Ibidem
    7. Rosa Luxembourg : La crise de la social-démocratie (1915)
    8. Marcel Liebman : Le léninisme sous Lénine : 1.La conquête du pouvoir (1973)
    9. Ibidem
    10. Trotsky : Histoire de la Révolution Russe : 2.Octobre (1932)
    11. Jean-Jacques Marie : Lénine 1870-1924 (2004)
    12. Trotsky : Histoire de la Révolution Russe :1.Février (1932)
    13. Pierre Broué : Le Parti Bolchévique : Histoire du P.C. de l’U.R.S.S. (1962)
    14. Ibidem
    15. Ibidem
    16. Jean-Jacques Marie : Lénine 1870-1924 (2004)
    17. Jean-Jacques Marie : Lénine 1870-1924 (2004)
    18. Marc Ferro : La révolution russe (1976)
    19. Pierre Broué : Le Parti Bolchévique : Histoire du P.C. de l’U.R.S.S. (1962)
    20. Ibidem
    21. Lénine : Que faire ? (1902)
    22. Jean-Jacques Marie : Lénine 1870-1924 (2004)
  • 23-25 novembre. Conférence Nationale du MAS/LSP

    Fin novembre 2007 aura lieu la Conférence Nationale du MAS/LSP. Celle-ci s’organise tous les deux ans, entre deux Congrès Nationaux. C’est pour nous l’occasion de discuter dans toute l’organisation d’un thème spécifique.

    Par Els Deschoemacker

    Cette année, 90 ans après la Révolution russe, nous aborderons le thème du rôle d’un parti révolutionnaire. A cette occasion, un orateur du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le MAS/LSP est la section belge) sera présent. Nous reviendrons également sur les événements politiques majeurs de l’année écoulée ainsi que sur les pers-pectives du Comité pour une Autre Politique (CAP) ou des nouvelles formations de gauche dans nos pays voisins. Des camarades de France, d’Allemagne et des Pays-Bas seront donc également invités. Sur base de cette Conférence sera publiée une nouvelle brochure qui comprendra une brève histoire du MAS/LSP et une explication du rôle de notre parti, de notre programme et de nos méthodes de fonctionnement.

    La Révolution russe demeure une étape primordiale dans l’histoire du mouvement ouvrier. Si aujourd’hui un socialiste reste toujours associé à la lutte pour les droits des travailleurs, la confusion règne à ce propos. D’un côté, dans les pays de l’ancien bloc stalinien, de nombreux travailleurs et jeunes vomissent – à juste titre – le soi-disant «communisme» qui y a été appliqué, malgré les nombreuses avancées que l’économie planifiée a permis dans ces pays. De l’autre, en Europe occidentale, les politiciens de la gauche caviar qui se laissent corrompre avec plaisir par la bourgeoisie ne se distinguent que très légèrement des libéraux.

    La Révolution russe, et plus généralement les idées du socialisme, défendait quelque chose de totalement différent: une révolution de la classe ouvrière qui ait pour but la construction d’une société sans classes, sans oppresseurs ni opprimés. Cette révolution a réussi à en finir avec un des régimes les plus réactionnaires de son temps et a longtemps ébranlé le monde bourgeois. L’histoire du parti bolchevique – qui a réussi à ga-gner la majorité de la population à son programme révolutionnaire – fournit une riche expérience encore et toujours d’actualité. Le 90ème anniversaire de la Révolution russe nous offre une excellente opportunité d’en rediscuter et ainsi d’en retirer bien des leçons.

    Lors de notre Conférence, nous discuterons de la situation politique du pays, des perspectives pour les mois à venir et de ce que cela impliquera pour notre travail et celui du CAP. Malgré l’enthousiasme vécu durant la campa-gne électorale, les résultats du CAP ont suscité beaucoup de questions chez nos membres et sympathisants. Si le potentiel était et reste très clairement présent, le CAP – encore très jeune – n’a pas été capable de l’utiliser complètement. Le 20 octobre, le CAP se réunira à nouveau nationalement pour faire une évaluation commune et un plan de campagne pour poursuivre sa construction. Le MAS/LSP poursuivra son engagement à 100%.

    Nous terminerons notre Conférence en nous penchant sur la construction du MAS/LSP. Entre février 1992 et octobre 2007, notre parti a décuplé son nombre de membres. De nouvelles sections et structures se sont constituées partout dans le pays, permettant ainsi un meilleur épanouissement de l’enthousiasme et de la volonté de cons-truction de nos membres tout en amplifiant les expériences déjà présentes. La brochure qui sera écrite sur base de notre Conférence nationale ne manquera pas de souligner toutes ces expériences acquises au fil du temps et de la construction de notre parti révolutionnaire.

    Nous appelons tous nos membres et sympathisants à participer à cette conférence, n’hésitez pas à prendre contact si vous êtes intéressés via info@lsp-mas.be, le 02/345.61.81 ou encore nos responsables locaux.


    Quelques lectures…

    La proposition de texte sera distribuée quatre semaines avant la conférence dans toutes les sections pour permettre une discussion préalable entre tous les membres. Après la Conférence, le texte amendé sera publié comme brochure. A côté de cela, nous conseillons la lecture d’un texte général sur le parti révolutionnaire et d’une brochure de Trotsky :

  • – Judy Beishon: Changer le monde : Le rôle du parti révolutionnaire.
  • – Léon Trotsky: Classe, Parti et Direction.
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