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  • « Le travail produit, la grève nuit » : La bourgeoisie se prépare à des temps plus difficiles

    Dans plusieurs pays européens, la discussion sur le droit de grève est à nouveau à l’agenda, sans bien sûr le clamer du haut des toits aux travailleurs. En France, par exemple, le Parlement a, sous la baguette de Sarkozy et de son gouvernement Fillon, voté tout une batterie de lois antisyndicales. Le vieux slogan du Vlaams Blok/Belang « le travail produit, la grève nuit » semble être adopté par bien des « démocrates »…

    En Allemagne, un tribunal a décidé d’imposer l’interdiction de faire grève au syndicat des machinistes. Le juge, soi-disant « impartial » comme de bien entendu, a annoncé que cette interdiction serait en vigueur jusque fin septembre.

    En Belgique, les atteintes aux droit de grève s’accumulent également, comme illustré par l’initative de l’avocat Cafmeyer qui veut rendre les grévistes de Zaventem personnellement responsables des dommages encourus par les voyageurs. En cause de cette première en Belgique: les actions du personnel de securité de l’aéroport du 13 avril dernier.

    D’autres nuages s’accumulent au-dessus du droit de grève. Ainsi, dans la deuxième version de la note de l’ancien formateur Yves Leterme, il est fait mention d’un service minimum garanti dans les secteurs publics. Comment, alors que les travailleurs ne font déjà pas facilement usage de la grève, peut-on encore faire usage de cet instrument ?

    Hélas, la direction de la CGSP a elle-même posé le ballon devant le but et n’a vraiment pas amélioré les choses. Aussi bien au sein de la direction de la FGTB que de la CGSP – toutes deux encore sous le choc de la giffle électorale encaissée par le SP.a et le PS – la crainte d’actions de grève spontannées est bien présente. Ils veulent à tout prix éviter un mouvement géneralisé comme lors des luttes contre le Pacte des génerations.

    Ce mouvement avait été stoppé de façon bureaucratique par le sommet hierarchique. Mais ce même sommet est-il encore capable de réaliser un tel coup d’arrêt contre un gouvernement orange-bleue à la politique durement et ouvertement néolibérale?

    En France, les travailleurs des transports publiques doivent présenter un préavis de grève 48h avant le début de celle-ci, ce qui laisse le temps à la direction de pratiquer quelques intimidations de la part des supérieurs tandis que les autorités peuvent organiser un service minimum. En d’autres termes : autant d’opportunités de casser la grève. Pire encore, Sarkozy et Fillon prévoient d’organiser après 8 jours de grève un vote sur sa continuation, selon les modalités imposées par la direction. Le gouvernemant français a déjà laissé entendre que cette loi pourrait être élargie à l’enseignement et à tout le secteur privé.

    Des grévistes qui doivent se denoncer eux-mêmes, sous menace de sanction, une direction qui organise des votes sur les grèves en lieu et place des syndicalistes, etc. Vraiment, le gouvernement Sarkozy est un modèle de la droite chaleureuse, comme le quotidien flamand soi-disant de gauche De Morgen l’a encore qualifié. Si ce journal représente officiellement la gauche, comment alors s’étonner que la Flandre vote tellement à droite ?

    Les attaques de la bourgeoisies européenne sur le droit de grève ne sont en rien dues au hasard. Nous sortons d’une période de croissance économique qui n’a donné aux travailleurs que quelques fruits amers (une plus grande fléxibilité, une baisse du pouvoir d’achat, une intensification de l’exploitation,…). La baisse du pouvoir d’achat fut si grave ces 25 à 30 dernières années que même des ménages à deux revenus se sentent menacés. La perte d’un revenu réduit un ménage à vivre juste au niveau, ou en dessous, du seuil de pauvreté.

    A peu près un tiers de la population belge est maintenant touchée par la pauvreté ou la précarité. Une nouvelle crise économique ou une récession (dont les signes avant courreurs sont d’ailleurs visibles sur le marché immobilier américain) touchera aussi les classes moyennes de la societé, cette couche qui jusqu’ici s’accommodait de la logique du patronat.

    Les travailleurs n’auront pas d’autre choix que d’entrer en action pour la défense de leurs conditions de travail et de vie. C’est parce que la bourgeoisie est bien consciente qu’en cas de récession elle sera poussée à lancer des attaques plus brutales sur les classe laborieuses qu’elle se taille déjà maintenant des armes pour parrer à toute résistance. Le filet de sûreté qu’était la sécurité sociale, après 25 ans de politique antisociale, a des mailles bien trop élargies.

    La bourgeoisie et ses propagandistes ne se rendent pas toujours ni assez bien compte qu’ils s’enfoncent plus profondément chaque jour dans l’ornière des mesures antidémocratiques contre les jeunes et les travailleurs. Dans les années ‘30, le fascisme a rempli cette tâche en liquidant les syndicats et les partis ouvriers. Aujourd’hui, ce sera plutôt le rôle de l’appareil d’Etat existant – les tribunaux, la police etc – d’accomplir la tâche d’opprimer et de limiter les droits démocratiques de la grande masse de la population.

    Sapper le droit de grève est un important test dans ce processus. Dans ce cadre, faire confiance aux dirigeants syndicaux qui font l’impossible pour éviter tout mouvement génrealisé, c’est aller droit au démantellement social !

    Nous devons reconstruire un nouveau parti des travailleurs pour donner aux syndicalistes combatifs, aux travailleurs et aux jeunes un instrument pour favoriser le rapport de force en faveur du travail, et non du capital, dans la societé. Le Comité pour une Autre Politique (CAP) peut devenir cet instrument à la condition de se construire dans les meilleures traditions combatives et socialistes.

  • Débat écologie.

    Nous avons reçu une lettre intéressante d’un de nos lecteurs qui conteste divers points du dossier écologie paru dans le numéro de juillet-août. Nous sommes heureux de publier ici cette lettre et notre réponse. Si vous aussi, vous voulez réagir à un article, apporter des informations ou donner votre point de vue sur le journal, écrivez-nous. Ce journal n’est pas seulement celui de notre organisation mais il veut être aussi une tribune et un lieu de débat pour ceux qui veulent lutter contre le capitalisme. Alors, à vos bics et à vos claviers !

    > Ecologie et capitalisme: Lutter pour l’un, c’est détruire l’autre


    Ne caricaturez pas la critique « écologiste » du système !

    Cher Nicolas,

    Je vous rejoins entièrement sur l’idée que sauver l’environnement sous le capitalisme est une ineptie (voir dossier écologie, AS n°123). Là où je ne vous suis plus, c’est dans la caricature que vous dressez de la critique « «écologiste » du système.

    Vous présentez le bio comme une arnaque qui « joue sur le sentiment d’insécurité alimentaire » (sic) pour faire un max de profits « sans que l’on sache ce qui est véritablement bio ou pas ». A vrai dire, il suffit de lire les étiquettes…

    Dans les faits, vous reprenez mot pour mot les arguments des tenants de l’industrie agroalimentaire (qui pensent, comme vous, que la chimie est « toujours une source de progrès considérables », adage qu’ils se plaisent à appliquer à grands de pulvérisations car, ô progrès, on récolte plus de blé quand il a poussé sous les engrais et les pesticides) dans un front commun inédit entre marxisme révolutionnaire et multinationales de la bouffe sous vide.

    Si, en attendant la révolution, vous ne voyez pas d’inconvénients à ingurgiter de la viande parfumée aux hormones, des poulets élevés en camps de concentration et des salades respirant des pesticides sous leur cloche en plastique, grand bien vous fasse. On peut se résigner à manger de la m… mais on peut aussi se battre pour que le bio devienne la norme et qu’il soit accessible à tous.

    Pour ma part, je trouve aussi important – oserais-je dire plus ? – de se battre pour manger plus sain que de dénoncer l’augmentation du prix des sacs-poubelles. Car l’augmentation du niveau de vie depuis 30 ans, c’est aussi le boom de la consommation, l’aliénation sur écran plat, les caddies qui débordent de boustifaille industrielle, les jantes chromées pour avoir l’impression de briller et les frites grasses les soirs de foot.

    Pas de niveau de vie sans qualité de vie et vice versa. Luttes économique et lutte politique. IL faut se battre sur tous les fronts. Le bio ne changera pas le monde mais les 32 heures sans perte de salaire non plus. Toute critique du système (de gauche s’entend) est bonne à prendre, encore plus quand des gens s’organisent pour la transformer en lutte. Plutôt que de faire de chaque contestation une impasse, voyez-y plutôt une porte ouverte… parce que, quand vous assimilez la logique des partisans de la décroissance à celle des gouvernements qui appliquent des politiques d’austérité, vous sombrez dans le sectarisme burlesque.

    Il ne s’agit pas seulement de prôner un nouveau parti des travailleurs sur papier, il faut surtout prendre des positions politiques concrètes qui vont dans ce sens. Il ne faut pas diviser artificiellement, il faut unifier.

    Au plaisir d’en débattre avec vous.

    Bernard MOCH,

    Prof et berger


    Nous ne pensons hélas pas le faire…

    Cher Bernard,

    Nous accordons bien évidemment une grande importance à la qualité de vie de la population et dénonçons donc l’utilisation irresponsable de produits chimiques dans l’alimentation. Mais pour nous, lutter pour une alimentation saine passe obligatoirement par le changement radical du système. Et il ne s’agit pas d’attendre celui-ci, il s’agit d’en favoriser l’arrivée le plus rapidement possible.

    Pour obtenir une « étiquette bio», il faut respecter les termes d’une charte dont différents organismes de contrôles assurent le respect. Même si des tricheries existent, elle semblent moins nombreuses que dans d’autres domaines, et c’est heureux. Mais derrière ce terme de bio, différentes réalités existent, du bio artisanal au bio industriel, du bio local aux produits suremballés ramenés de l’autre bout du monde pour seules raisons d’avantages financiers. Même des multinationales pharmaceutiques investissent maintenant dans ce marché devenu très porteur et rentable.

    De l’autre côté, si nous admettons bien qu’il existe toujours – dans le sens de « encore actuellement » et pas de « du début à la fin des temps » – des progrès apportés par la chimie, nous ne nous plaçons pas du même côté que les multinationales qui utilisent ce fait comme feuille de vigne pour cacher leurs pratiques dictées par la seule logique de profit. Pas de front commun inédit cette fois-ci, donc…

    Si nous sommes, vous et nous, d’accord sur l’absolue nécessité de sortir du capitalisme, la majorité des militants « bio » veulent convaincre les gens un à un d’une autre manière de s’alimenter, dans un système où les médias, l’éducation et la distribution alimentaire sont aux mains des capitalistes ou de l’Etat qui les protège. Pour beaucoup de ces militants, produire et manger bio est même devenue une fin en soi, qui rend superflue une véritable activité politique.

    Pour nous, c’est le processus de la lutte collective qui permet de créer les conditions matérielles pour intervenir sur les mentalités. L’éducation seule ou la petite production « éthique » à l’intérieur du capitalisme ne peut suffire à ronger jour après jour des habitudes entretenues par celui-ci.

    A ce titre, une revendication comme le partage du temps de travail entre les travailleurs et sans perte de salaire (les 32 heures) est un mot d’ordre qui nous semble bien plus capable de modifier le système dans la mesure où il met en lumière l’opposition entre les besoins pressants de la majorité et le droit de propriété d’une minorité.

    Je terminerai cette (courte) réponse en précisant que mettre en avant nos critiques est un gage d’honnêteté et non de sectarisme. C’est à notre sens une base plus saine pour envisager des actions en commun, en connaissance des positions de chacun. J’espère donc vivement vous retrouver bientôt dans les luttes à venir, côte à côte malgré nos divergences.

    Nicolas CROES

  • Wal-Mart: Le modèle US

    Si Carrefour, fort de sa présence dans 29 pays, est le n° 2 mondial de la distribution, la multinationale américaine Wal-Mart en est le n°1 incontesté et est même devenue en 2003 la première entreprise mondiale, toutes catégories confondues. Son chiffre d’affaires est aujourd’hui supérieur à celui de 150 pays dans le monde !

    Le premier magasin Wal-Mart est né en 1962 dans l’Arkansas, un des Etats ruraux et délaissés des USA. Pendant trente ans, la firme a assis son influence aux USA, écrasant méthodiquement ses concurrents, avant de partir en 1992 à l’attaque du Canada et de l’Amérique Latine, puis de s’implanter en Chine, en Allemagne et en Grande- Bretagne. Si Carrefour est présent dans plus de pays (29 au total), Wal- Mart dispose d’une « arme de distribution massive », à savoir ses 100 millions de clients aux Etats-Unis qui se reconnaissent dans son slogan « everyday low prices » (les prix les plus bas chaque jour).

    Et, de fait, ses prix sont en moyenne 14% plus bas que ceux des concurrents. Comment est-ce possible ? Grâce au « modèle « Wal-Mart » qui rend les concurrents malades de jalousie… et qui, surtout, est de plus en plus copié par les autres multinationales.

    Le point de départ, ce sont des salaires bas, pour les 1,3 millions d’employés de la firme aux USA et surtout pour ceux de ses innombrables sous-traitants. Car Wal-Mart sous-traite de plus en plus et délocalise de plus en plus loin. Une partie grandissante de sa production est réalisée en Chine (notamment pour l’électronique) et au Bangladesh (Wal Mart achète à elle seule 14% des exportations textiles de ce pays vers les USA !) dans des entreprises où les conditions de travail sont celles du 19e siècle européen.

    Si les économies ainsi réalisées sont importantes, le coût écologique de cette dispersion est évidemment colossal : transports aériens et maritimes incessants mais aussi ronde infernale des 7.000 camions géants de la firme qui roulent et polluent 24 h sur 24 pour remplir les rayons et les frigos de ses 5.000 hypermarchés. Mais c’est là visiblement le cadet des soucis de la firme.

    Et la clé qui maintient tout le système en place, c’est l’interdiction de toute présence syndicale dans l’entreprise. Régulièrement, des groupes de travailleurs sont licenciés pour s’être simplement syndiqués et plusieurs magasins de la chaîne ont été purement et simplement fermés pour « faire un exemple » et éviter tout risque de « contagion ».

    Ce modèle « Wal Mart » est comme un concentré du modèle américain ultra-libéral cher à Reagan et à ses successeurs. Et comme le disait le président George Bush père en 1992, « Le succès de Wal-Mart est le succès de l’Amérique ».

  • Au Carrefour du monde

    « En quelques années, le fonctionnement de la grande distribution a été chamboulé de fond en comble. Il faut comprendre ces changements et ce qu’ils impliquent pour pouvoir adapter notre propre stratégie de défense de l’emploi et des travailleurs ». C’est ce que nous a expliqué un militant syndical liégeois de Carrefour que nous avons rencontré récemment.

    Jean Peltier

    « Il est fini le temps où nous avions face à nous des groupes comme GB et Delhaize dont les patrons étaient belges et qui fixaient leur objectifs à Bruxelles. Aujourd’hui, la stratégie d’un groupe de grande distribution est définie centralement à New York, Londres, Berlin ou Paris pour des groupes multinationaux qui sont actifs sur tous les continents, à travers leurs magasins mais aussi leurs fabricants et sous-traitants. Dès lors, la question de la rentabilité ne se pose plus du tout comme avant au niveau de chaque magasin. D’une part, parce que les marchandises et l’argent circulent sans arrêt entre les magasins en fonction des demandes et, d’autre part, parce que ce n’est pas sur les ventes de laitues et de couches–culottes qu’un groupe comme Carrefour base sa stratégie et réalise ses bénéfices. La grande majorité des produits qui ornent les rayons servent principalement à fidéliser une clientèle locale vis-àvis de laquelle Carrefour à d’autres intentions.

    « L’ élément-clé de la stratégie commerciale du groupe, c’est le produit qui bénéficie de la superpromotion en première page du dépliant publicitaire que vous recevez deux fois par mois dans votre boîte aux lettres : écran plat d’ordinateur, TV numérique, cartable pour la rentrée,… Le choix de cet article n’est pas laissé à la direction d’un magasin ou même d’un pays : c’est une décision impliquant plusieurs pays qui concentrent leurs moyens sur cet article.

    « Une publicité de ce type, cela peut signifier 1 million d’écrans plats produits par une usine, souvent chinoise, avec laquelle traite le groupe. Comme cette production est colossale pour l’usine, Carrefour peut lui imposer des prix de vente très bas, en laissant aux patrons de cette boîte le soin de se payer sur le dos de leur personnel.

    « Chaque magasin a un quota de ce produit à vendre. S’il l’atteint, il reçoit immédiatement un nouvel arrivage provenant de magasins où la vente a été moins bonne. L’ensemble de la production peut ainsi être écoulée en deux mois, ce qui représente déjà un fameux bénéfice pour le groupe. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car, profitant de son poids, Carrefour a imposé une clause supplémentaire à son producteur chinois : celui-ci ne sera payé que six mois après la livraison du produit. Pendant ce temps, l’argent des ventes est placé en banque ou en Bourse, où il rapporte des intérêts conséquents qui viennent s’ajouter aux bénéfices réalisés sur la vente. Double profit donc et sur des sommes colossales !

    « Un tel fonctionnement multinational donne évidemment un rapport de forces bien meilleur à la direction de Carrefour vis-à-vis de ses travailleurs. Mais cette stratégie a aussi ses contraintes. Carrefour a besoin d’avoir un maximum de magasins qui sont autant de « vitrines » pour écouler ses propres produits (gamme N°1,…) et surtout ses « offres spéciales ». Dès lors, fermer des magasins, c’est perdre des clientèles locales et offrir à ses concurrents (qui agissent de plus en plus avec les mêmes stratégies) des possibilités de « capter » ces clientèles – ce que chaque direction veut par-dessus tout éviter.

    « A condition que les syndicats comprennent bien cette nouvelle réalité, ce qui est loin d’être toujours le cas, il y a là de nouvelles possibilités de lutte pour défendre l’emploi – y compris en impliquant les populations « clientes » et en mettant en cause l’ « image de marque » de ces groupes multinationaux. »

  • GB : 900 emplois menacés

    Fin juin, la direction du groupe Carrefour a annoncé sa décision de fermer 16 Supermarchés GB cette année (8 en Flandre, 1 à Bruxelles et 7 en Wallonie), supprimant ainsi d’un coup 900 emplois (dont 800 dans ces magasins).

    Jean Peltier

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    DU N°1 BELGE AU N°2 MONDIAL

    Le premier Grand Bazar ouvre en 1885 à Bruxelles, d’autres magasins sont ensuite ouverts à Liège, Anvers et Gand. Après la deuxième guerre mondiale, l’expansion est rapide : en 1958 naît la formule actuelle du supermarché ; en 1970, le groupe GB commence à se diversifier avec l’ouverture du premier Brico GB ; en 1974, GB fusionne avec Immo-BM- Priba et devient GIB. En 2000, GIB est absorbé par le groupe français Carrefour (devenu actionnaire à 100% de GIB).

    Le groupe Carrefour Belgium compte aujourd’hui 561 magasins en Belgique, dont 56 hypermarchés Carrefour, 280 supermarchés GB, 133 GB Contact, 91 GB Express et 1 Rob. Il emploie 17.000 personnes en Belgique dont 5.502 dans les GB intégrés et a réalisé en 2006 un chiffre d’affaires commercial de 5.380 milliards d’euros.

    L’ensemble des 78 supermarchés GB intégrés ont réalisé, sur les quatre premiers mois de l’année, un bénéfice de 9 millions d’euros, 15% de plus que pour la même période l’an dernier. Le groupe international Carrefour est le 2e groupe de distribution au niveau mondial. Il est présent dans 29 pays où il possède un total de 12.000 magasins et emploie 430.000 personnes.
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    La direction du groupe considère que « ces supermarchés sont structurellement non rentables » et qu’ « il est temps de stopper l’hémorragie si on ne veut pas risquer de mettre l’ensemble de la chaîne en péril ». Mais, derrière ces déclarations catastrophistes (alors que le groupe Carrefour Belgium de même que le sous-groupe des supermarchés GB en son sein réalisent des bénéfices confortables), il semble clair que Carrefour n’a pas l’intention de fermer définitivement ces magasins et encore moins de les revendre à la concurrence.

    UN RECUL SOCIAL PLEIN DE FRANCHISE

    En réalité, la direction du groupe a un objectif beaucoup plus vicieux : il s’agit de fermer des magasins intégrés au groupe pour les revendre ensuite à des gérants indépendants qui pourront les rouvrir dans le cadre d’une franchise – avec une convention collective moins favorable et sans représentation syndicale ! – en engageant du personnel plus jeune (le personnel des GB intégrés à en moyenne 17 ans d’ancienneté) à des salaires moindres (de l’ordre de 30 à 35%), des horaires de travail plus longs (38 heures/semaine au lieu de 35) et dans des conditions de travail plus dures (notamment avec des ouvertures le dimanche matin).

    A l’heure actuelle, 202 des 280 supermarchés GB sont déjà exploités par des franchisés. Et on peut redouter que Carrefour cherche à faire passer le plus rapidement possible les 78 magasins restants sous ce statut.

    Lorsqu’en février dernier, le patron de Carrefour Belgium, Marc Oursin, a annoncé la restructuration du groupe en 3 niveaux (les Hypermarchés Carrefour de très grande surface, les Super GB de taille moyenne et les petits GB Express de proximité), il avait aussi annoncé l’ouverture de 8 à 10 Supermarchés et 40 Express… tous sous franchise. Car les magasins sous franchise connaissent, grâce à la pression mise sur le personnel, une augmentation de leur chiffre d’affaires de 8%, alors que les magasins intégrés ne progressent guère.

    Voilà donc comment Carrefour compte augmenter encore plus ses plantureux bénéfices. Une fois de plus, c’est la logique du profit maximum en faveur des grands actionnaires qui s’impose au détriment des travailleurs, des clients et des habitants des quartiers.

    Car ce n’est pas un hasard non plus si la grande majorité des magasins visés sont installés dans des quartiers populaires et ont le plus souvent un grands nombre de clients fidèles mais qui ne sont plus considérés par Carrefour comme des clients privilégiés parce qu’ils ne dépensent pas assez !

    Et c’est encore moins un hasard si Carrefour a annoncé ce plan radical de fermetures et de licenciements juste avant les vacances, sachant très bien qu’il serait difficile de mobiliser le personnel pendant les deux mois d’été.

    Ces fermetures pourraient enfin n’être qu’un avant-goût : en décembre, la direction de Carrefour Belgium avait annoncé aux syndicats que la moitié des GB intégrés n’étaient pas rentables ou juste à l’équilibre. Cela veut dire qu’une vingtaine d’autres magasins pourraient aussi être menacés de fermeture par la suite !

    NÉGOCIER… MAIS SUR QUELLES BASES ?

    Devant le coup de force de la direction de Carrefour, les syndicats ont directement répliqué qu’il n’était pas question de discuter pendant les vacances. Les négociations doivent donc commencer à la rentrée de septembre.

    Dès l’annonce des fermetures, des actions spontanées de grève ont eu lieu dans certains magasins menacés, notamment aux GB de Quiévrain et Termonde. Des grèves de solidarité ont aussi eu lieu dans des GB qui ne sont pas directement menacés de fermeture, comme à Gilly, ainsi que dans des hypermarchés, comme ceux de Mouscron et Froyennes qui ont fait grève le samedi 30 juin en solidarité avec le GB de Tournai. Des actions de solidarité ont également eu lieu parmi les clients. Le Comité de Quartier de Rocourt a réuni plusieurs centaines de signatures contre la fermeture du GB. A Tournai, une manifestation locale de 500 personnes a réuni travailleurs du GB, habitants du quartier et syndicalistes d’autres entreprises.

    Malgré le choc provoqué par l’annonce des fermetures, le potentiel pour une forte réaction unissant travailleurs et clients existe donc. Malheureusement, la réponse des directions syndicales paraît jusqu’ici très limitée.

    Elles ont tout d’abord refusé d’organiser une journée nationale de grève contre les fermetures fin juin ou début juillet. Certes, le délai était court pour organise la mobilisation dans les GB et Carrefour mais une journée de grève au début des soldes aurait eu un impact énorme.

    La CNE et le SETCa se sont contentés d’organiser une mobilisation de quelques centaines de travailleurs le 2 juillet devant le bâtiment où se tenait le Conseil d’entreprise de Carrefour qui devait annoncer officiellement les fermetures. Pendant ce temps, une partie des GB menacés étaient ouverts, les gérants ayant fait appel à des étudiants et des intérimaires pour assurer un service minimum !

    D’autre part, le tract commun SETCa-CNE diffusé fin juin met l’accent sur deux exigences vis-à-vis de Carrefour : « des garanties sur un maintien du volume de l’emploi chez Hyper et chez Super » et le fait que « ce plan de restructuration ne pourra se traduire par des licenciements secs ». Il déclare aussi que « Le drame social ne doit pas reposer uniquement sur les épaules des travailleurs : la direction doit mettre sur table un vrai plan commercial susceptible de relancer l’activité des supermarchés de manière durable tant en garantissant des salaires décents et des conditions de travail acceptable pour le personnel (le même raisonnement vaut aussi pour les hypers…) ».

    Nulle part n’est avancée la revendication centrale du refus des fermetures qui est le seul moyen de réellement maintenir l’emploi ! Il semble que les directions syndicales se soient résignées à la fermeture des GB avant même de mener un vrai combat et qu’elles s’apprêtent à se concentrer sur deux objectifs minimum : reclasser le maximum de personnel dans d’autres GB et hypers et négocier de bonnes conditions de départ (notamment par la prépension) pour les autres . Or, en 1999, un plan de restructuration accepté par les syndicats prévoyait déjà de tels reclassements internes mais les syndicats se lamentent aujourd’hui de ce que la direction de Carrefour n’a guère respecté ses engagements. Si aucune lutte n’est menée contre les fermetures, la direction de Carrefour se sentira encouragée à mettre la pression dans les négociations et à ne pas mieux tenir ses futures promesses.

    Pour imposer le maintien de l’emploi, il faut que monte rapidement de la base l’exigence du refus des fermetures. C’est la seule base sur laquelle un combat efficace pourra être mené.


    Solidarité active avec le CAP

    Dès l’annonce de la décision de Carrefour, le CAP (Comité pour une Autre Politique) s’est mobilisé pour s’opposer à ces fermetures, réclamer le maintien de l’emploi et appeler à la solidarité des travailleurs de tout le secteur de la grande distribution et des clients.

    Il a ainsi organisé du lundi 25 juin au mercredi 27 juin une tournée à travers le pays de son Bus de la Solidarité avec, comme points d’étapes, neuf des GB menacés par la fermeture. L’équipe du bus et les groupes locaux du CAP ont ainsi pu participer à des Assemblées du personnel, discuter avec les clients et les habitants des quartiers. Une affiche a été diffusée largement et la pétition lancée par le CAP a recueilli plus d’un millier de signatures en trois jours. Le CAP était également présent le 2 juillet lors de la manifestation devant le siège de Carrefour. Vous pouvez trouver un résumé complet de cette « tournée » et des interviews de militants sur le site du CAP (www. autrepolitique.be) (documents postés le 1er juillet).

    La campagne de solidarité reprend début septembre. Le Bus de la Solidarité va repartir sur la route et des interventions sont prévues sur plusieurs GB avec la pétition. Pour plus de renseignements, pour recevoir la pétition, pour participer aux actions, contactez le CAP ou les militants du MAS.

  • Le fascisme en Russie : de la moisissure sur un système pourri !

    Avec l’implosion de l’URSS et la braderie des entreprises d’Etat qui a suivi, le capitalisme a refait son entrée en Russie. Bien que quelques oligarches sont devenus riches comme Crésus, pour les couches larges cela a surtout signifié une période de précarité et de luttes pour survivre. En bien des points, la vie est devenue plus difficile, même 16 après l’effondrement de l’Union Soviétique: l’espérance de vie a chuté de 10 ans et la tubérculose a fait sa réapparition, tout comme la prostitution, l’abus d’alcool et de stupéfiants.

    Amaury Vanhooren

    Comme nous l’avons déjà mentionné sur ce site, le fascisme se forme dans une situation de désespoir social profond. Après la chute du stalinisme – qui prétendait être le socialisme mais n’en était qu’une caricature – un grand désarroi idéologique dominait et le véritable socialisme ne fut pas vu comme la réponse à la crise. En conséquence, une marge de manoeuvre plus large existait pour un nationalisme violent et des groupes néonazis.

    Un mouvement dangeureux d’extrême-droite s’est enracinné dans cette misère sociale. Si les chiffres cités varient, il y aurait cependant en Russie près de la moitié des skinheads d’extrême-droite : ce mouvement y compterait 50.000 personnes, pour 60 à 70.000 dans le reste du monde.

    Ces skinheads néonazis sont particulièrement agressifs et dangeureux, tellement que plusieurs univésités recommandent à leurs étudiants étrangers (et surtout africains) de ne pas sortir le 20 avril (date de naissance d’Adolf Hitler). D’autres universités ont déjà annoncé la formation de groupes d’autodéfenses, ce qui est rendu nécessaire au vu du fait que les autorités ne s’activent que rarement pour rechercher ces skinheads. Quand on sait que 254 crimes ont été dénoncés en 2004, dont 40 mortels, cela ne peut que surprendre. Si un malfaiteur est arrêté, le motif de racisme n’est que rarement repris dans l’acte d’accusation. Plus sinistre encore : si ces néo-fascistes respectaient encore auparavant un certain « code d’honneur » (bien entendu restreint) en ne s’en prennant qu’à des hommes, aujourd’hui femmes, enfants et personnes agées peuvent être victimes d’agressions.


    Voici quelques actions « héroïques » de ces skinheads :

    • En septembre 2005, 12 skinheads ont attaqués un groupe de gitans tadjiks. Nilufar Sangbaeva (5 ans) est décédé sur place tandis qu’une fillette de 6 ans a succombé à l’hôpital.
    • Khursheda Sultanova, une fillette tadjiks de 9 ans, a été assassinée à St-Petersbourg.
    • En mars 2006, Lillian Sissoko, également agée de 9 ans, d’origine russo-africaine, a été assassinée.

    Nashi : un groupe néonazi lié au Kremlin

    Nashi peut se traduire par « Nous » ou « Les nôtres ». Un peu comme après un match de football : « Les nôtres ont gagné. » Mais si dans ce cas l’expression est relativement banale, dans la situation du nationlisme russe, ce « nous » est un exclusif, impliquant l’existence de « eux », les autres, ceux qu’il faut écarter ou éloigner.

    Même si le groupe Nashi n’a pas une passif d’actes de violence aussi long que d’autres groupuscules, sa fondation marque un pas de plus posé vers l’abîme fasciste. En effet, Nashi est directement lié au Kremlin et au président Poutine.

    Durant l’été 2007, Nashi a organisé un camp de plus de 3.000 participants qui n’ont rien dû payer grâce au financement du Kremlin. Au programme : exercices physiques et discours sur la grandeur de la Russie, la guerre en Tchétchénie, le président Poutine, entre autres louanges sur l’armée russe ou la famille. Un élément était particulièrement révélateur des liens entretenus entrer les autorités et le groupe Nashi ; il y avait à ce camp des fonctionnaires de l’Etat civil qui pouvaient marier des couples : 25 mariages y furent ainsi célébrés et légalement reconnus. Ceux qui pensent voir une certaine analogie avec les « Hitler jugend » sont nombreux : en introduisant ce terme en allemand, « Putin jugend », sur Google, on obtient 294.000 hits.

    Mais Nashi n’est pas seulement un mouvement de jeunes amoureux qui roucoulent en pensant à la grande Russie. Nashi est activement impliqué dans les attaques contre les ambassades de Suède et d’Estonie à l’occasion des troubles concernant un monument de soldats russes. L’ambassadeur britannique a également été physiquement attaquée suite à l’affaire Litvinenko. Au congrès fondateur du parti Yabloko, Ilya Yashin et Oleg Kashin, journalistes au journal Kommersant, furent pris à partie. En géneral, Nashi s’en prend aux opposants politique du Kremlin, provoque des charges de police sur leurs manifestations et sème divers troubles.

    Avec tout cela, la Russie est encore loin d’être un Etat fasciste, il y a par exemple encore des syndicats indépendants. Mais les premiers pas inquiétants sont franchis quand le gouvernement encourage la violence de rue contre les opposants politiques. Dans de pareilles conditions, le travail du mouvement ouvrier est évidemment souvent difficile. Mais petit à petit, la résistance des travailleurs et de leurs familles s’organise, surtout dans les centres industriels. C’est au sein de la classe ouvrière que se trouve la clef pour sortir de cette situation.

  • Droit d’asile. 766 Angélica enfermées en Belgique

    L’affaire Angélica a fait souffler un vent d’indignation à travers le pays cet été. L’Equatorienne Ana Cajamarca (28 ans) et sa fille Angelica (11 ans) séjournaient « illégalement » en Belgique depuis 2003.

    Emiel Nachtegael

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    UN LYCÉEN DE TURNHOUT RISQUE D’ÊTRE EXPULSÉ VERS LE TIBET

    Francesco Picqueur

    Alors que la majorité des lycéens profitaient encore de leurs vacances, Tenzin, un de mes camarades de classe et demandeur d’asile tibétain, a vécu ces dernières semaines un véritable enfer. Il a reçu un avis lui annonçant que sa demande de régularisation était refusée ainsi qu’un ordre de quitter le territoire.

    Cela fait trois ans que Tenzin séjourne dans notre pays comme candidat réfugié et qu’il suit les cours à Turnhout. Il a terminé sa 5e année en secrétariat et devait rentrer en 6e. Il parle couramment le néerlandais, aime l’école et est un élève studieux comme le montrent ses résultats. Mais, pour l’Office des Etrangers, il n’était qu’un numéro de dossier sans avenir dans ce pays.

    A la rentrée, nous allons organiose rune réunion avec les lycéens pour organiser une manif et une action de protestation. Nous espérons que l’école et la direction collaboreront avec nous et, au-delà, une solidarité aussi large que possible. Belge ou immigré, luttons ensemble contre cette politique antisociale !
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    Angélica avait de bons résultats scolaires et allait chez les scouts. Leur présence ne semblait gêner personne, jusqu’à la fin du mois de juin. Elles ont été arrêtées, emprisonnées dans un centre fermé et ont failli être expulsées vers l’Equateur.

    L’enfermement d’Ana et d’Angelica a suscité beaucoup de protestations. Même le nouveau président équatorien, Rafael Correa, et sa femme qui est de nationalité belge se sont prononcés nettement contre la politique répressive de la Belgique en matière de droit d’asile. La Belgique a d’ailleurs déjà été condamnée deux fois par la Cour Européenne des Droits de l’Homme parce qu’elle enferme des mineurs dans des centres et à cause de sa politique d’extradition. Selon le rapport du psychologue qui l’a suivie, Angélica, comme beaucoup d’autres enfants enfermés, souffre de dépression et de cauchemars suite à la détention et à la tentative d’expulsion.

    Quant aux circonstances de cette tentative d’expulsion, elles demeurent floues. Un médecin a constaté des contusions aux genoux et des blessures aux tibias et aux mains. Le 31 juillet, Ana a montré quelquesunes de ses blessures à la presse. Le Service de l’Office des Etrangers et la Police Fédérale ont nié les faits. La police a prétendu ne pas avoir touché Ana et sa fille.

    Apparemment, la détention d’enfants dans des centres fermés (c’est-àdire en fait des prisons), est une donnée normale dans ce pays. L’année dernière, 242 familles avec 537 enfants ont été enfermées dans le centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel (près de l’aéroport de Bruxelles National),. A Merksplas, ce sont 229 enfants qui ont été enfermés. Au total, il s’agit donc de 766 enfants en un an !

    A l’exception des Verts et d’une poignée de députés PS et CDH, aucun parti ne réclame clairement une modification sérieuse de la politique d’extradition et de régularisation (lorsque les Verts étaient au gouvernement, il n’y a du reste pas eu beaucoup de changements…). Ils préfèrent rejeter la responsabilité sur les demandeurs d’asile eux-mêmes. Ainsi, on a reproché à Ana Cajamarca de ne pas avoir introduit de demande d’asile. Mais les Equatoriens ont peu de chances d’être régularisés. Des quelque 8.000 Equatoriens dans ce pays, seuls 2.000 sont en situation légale. Nous revendiquons la suppression immédiate des centres fermés et des expulsions et nous défendons la régularisation de tous les sans-papiers.

    Aujourd’hui, certains patrons avancent l’idée d’ouvrir l’accès au travail à des demandeurs d’asile mais uniquement dans certaines catégories professionnelles parce que cela pourrait leur rapporter une main d’oeuvre bon marché et flexible. Nous revendiquons au contraire que chaque emploi soit un véritable emploi déclaré et qu’à travail égal, le salaire soit le même pour tous, étrangers ou Belges.

    Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra éviter qu’un groupe de travailleurs soit utilisé pour faire pression sur les conditions de travail et les salaires d’autre groupes.

  • Des gouvernements européens « modernisent » le droit de grève

    Le droit de grève est remis en question dans plusieurs pays européens. Deux attaques récentes en France et en Allemagne sont particulièrement inquiétantes.

    Peter Delsing

    SERVICE MINIMUM ET INTERDICTION DE GRÈVE

    En France, la majorité parlementaire de droite a approuvé cet été une loi qui risque d’affaiblir dangereusement les grèves dans les transports en commun. Les travailleurs grévistes devront « s’annoncer » à la direction 48 heures avant le début de l’action. Ceci donne évidemment d’énormes possibilités aux patrons pour intimider les grévistes et permet aussi au gouvernement d’organiser plus facilement un service minimum. Bref, tout est fait à l’avance pour casser les futures grèves. Sarkozy et Fillon prévoient aussi un vote obligatoire – organisé à des conditions qui peuvent être fixées par la direction – au cours de la grève pour déterminer si celle-ci doit continuer ou pas. Et le gouvernement français a déjà laissé transparaître qu’au-delà des transports en commun, la nouvelle loi pourrait aussi s’étendre à l’enseignement ainsi qu’à tout le secteur privé.

    Des grévistes qui doivent « s’annoncer » à leur direction, des « sanctions » lorsque cela ne se fait pas, des votes organisés non pas par les membres des syndicats mais par la direction de l’entreprise… : il semble que les patrons et leurs politiciens veulent remonter la pendule des droits sociaux de plus de cent ans !

    En Allemagne, le tribunal de Nüremberg a décidé, début août, d’interdire au syndicat des machinistes GDL de lancer une grève quelques jours plus tard. Ce même « juge impartial » a pu aussi décidé que cette interdiction restait valable jusqu’à la fin septembre. La force de frappe des syndicats allemands a été fortement affaiblie par la tendance à « décentraliser » la concertation sociale du niveau national au niveau des régions et des entreprises. Ceci a contribué à une baisse du pouvoir d’achat de la classe ouvrière allemande et à un net recul du nombre de syndiqués.

    Ainsi, l’Etat essaie d’affaiblir la lutte des travailleurs en les divisant et, lorsque certaines sections combattives des syndicats passent quand même à l’action, on leur reproche, comme en Allemagne avec le GDL, de ne pas être « représentatifs ».

    LE DROIT DE GRÈVE GÊNE LA POLITIQUE NÉO-LIBÉRALE

    Les attaques contre le droit de grève ne sont pas un hasard. Nous sortons d’une période de croissance économique qui a pourtant amené aux travailleurs bien des fruits amers (davantage de flexibilité, moins de pouvoir d’achat, plus d’exploitation,…). Dans une situation où une nouvelle crise ou une récession économique est possible, le « filet de la sécurité sociale » sera de moins en moins efficace pour protéger les travailleurs. Les patrons pourraient bien se heurter à nouveau à une opposition plus large et plus déterminée.

    A l’heure actuelle, aucun gouvernement n’est certain de disposer d’un soutien durable dans la population, même pas ceux de Sarkozy et de Merkel. La bourgeoisie ressent cette instabilité et prépare donc ses armes pour étouffer la résistance des travailleurs. Et l’arrogance des patrons et de leurs représentants se nourrit du manque de réaction des dirigeants syndicaux.

    Ces tentatives de saper le droit de grève sont un test important. Les travailleurs ont dû lutter pour chaque droit démocratique et social qu’ils ont conquis. Ils devront encore le faire pour les conserver et briser la spirale vers le bas qu’on veut nous imposer.

  • Le syndrome de Stockholm d’Herman De Croo

    Connaissez-vous le Syndrome de Stockholm ? C’est le fait qu’après une longue cohabitation forcée, les vicitimes d’une prise d’otages en viennent souvent à éprouver plus de compréhension voire même de sympathie pour leurs gardiens ou ravisseurs que pour les policiers qui les ont libérés.

    Herman de Croo a rencontré ce Syndrome. Il pense même avoir grâce à lui trouvé la solution pour les négociations gouvernementales difficiles : simplement continuer à négocier.

    Il l’a expliqué le 6 août au Standaard : « Lors de ces négociations, il arrive quand même un moment où apparaît le syndrome de Stockholm. On mange ensemble, on demande comment vont les enfants, la tenue vestimentaire n’est pas toujours aussi formelle,… à la longue, cet espace de négociations devient un deuxième chez-soi. Ce facteur d’habitude provoque un rapprochement des différentes parties et alors il est temps de passer à la deuxième phase du processus mental : la prise de distance vis-à-vis de sa base. »

    La base est donc prévenue. Les bons négociateurs sont donc ceux qui, entre la poire et le fromage, cocufient leur électeurs et leurs militants avec le chef du parti d’en face. Notons que cela fait longtemps que les patrons jouent à ce jeu avec les permanents syndicaux…

  • Louvain. 2 euros le sac poubelle !

    Le 21 mai, la ville de Louvain a décidé d’augmenter les taxes pour l’eau de 0,66 à 1,06 EUR le m³. Le 25 juin, le prix des sacs poubelles a également été porté de 1,49 EUR à 2 EUR.

    Ces augmentations viennent après la diminution des impôts des personnes physiques, qui sont passés de 8% à 7,5%.

    Le résultat est que les taxes qui dépendent des revenus diminuent pendant que des taxes qui sont indépendantes de ceux-ci revenus augmentent. Les riches paieront donc moins tandis que les plus pauvres devront payer plus. Rappelons que Louvain est dirigé par une coalition socialiste-chrétienne et a comme bourgmestre l’ancien ministre socialiste Louis Tobback.

    La section locale du CAP mène campagne contre ces mesures antisociales avec tracts et affiches.

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